[18 mai] Entre la névrose et la nécrose, il faut choisir !

La blonde était assise, confortablement, sur le canapé du salon. Un vieil Eastern News sur les genoux, le feuilletant distraitement et faisant la moue sur certains articles, Georgia attendait...

... mais quoi ? qui ? Elle n'en savait plus vraiment rien, nerveuse comme elle l'était. Ce jour là était décisif. C'était celui où elle avait décidé de s'ouvrir à la gothique. Bref, elle était en plein déluge cérébral et avait du mal à focaliser son attention sur quoi que ce soit d'autres.

Les mots. Les mots, elle les avait répété encore et encore dans sa vieille caboche mais elle avait peur, au moment venu, de faire encore le coup de l'esquive. C'était pas évident de régler la trajectoire étrange de sa vie. De faire de son existence, quelque chose de cohérent, en adéquation avec ses sentiments.

Parler avec Elly avait été nécessaire mais était-ce pour autant suffisant ?

Passer une heure dans la salle de bains pour se coiffer, se pomponner... Rester, interrogative, devant sa penderie pour finalement choisir la robe que Juliette lui avait conseillé bien des mois auparavant...

Tout cela était bien beau. Tout cela faisait partie de ses efforts de conquête. Tout cela...

Elle se mordilla la lèvre. Si elle se mangeait un râteau... Si...

Elle tourna la page et se maudit intérieurement. Georgia était la fille avec le plus beau palmarès de roulage de patins à l'Institut et elle s'effondrait dès qu'il s'agissait de sentiments ? Lamentable... Elle reprendrait bien du café dans l'attente...

Europe

Le seuil passé, Brieuc ne recouvrit la vue que devant les grilles clôturant le parc d'une belle propriété. Et cette belle propriété, c'était l'Institut Xavier !

Un hologramme apparut devant lui.


"Signature mutante confirmée. Bienvenue à toi. Je vais te guider à l'intérieur"

A peine la dame bleue eut-elle finie de parler que les grilles s'ouvrirent... Elle conduisit, comme elle l'avait annoncé, Brieuc à travers un beau jardin... Le jeune mutant se retrouva à l'intérieur de l'Institut pour finalement arriver dans un salon occupé par une jeune fille blonde qui lisait distraitement un journal. Puis l'apparition se volatilisa...

Encore sous le choc des derniers événements qu’il venait de vivre, Brieuc s’immobilisa sur le seuil de la porte. Tout se bousculait encore dans sa tête. Il revoyait en boucle ses dernières minutes passées à Merdrignac, l’explosion des androïdes, la mort de son grand-père puis son passage dans le jardin de la Sentinelle de l’Occident. Les choses étaient allées bien trop vite pour le jeune garçon qui avait été violemment projeté hors de l’enfance en l’espace de quelques heures.

Le regard hagard, l’adolescent parcourut des yeux le salon et fixa son attention sur la seule occupante des lieux, une jeune fille installée tranquillement dans un fauteuil en train de feuilleter un journal.

"Euh, bonjour… Je… Excusez-moi de vous déranger… Il faut… Il faut que je voie un des responsables… Vite, s’il vous plaît."

Il y avait nettement mieux comme entrée en matière auprès d’une aussi jolie personne du sexe opposé, un peu vieille certes, mais ravissante malgré tout. Mais Brieuc était complètement déboussolé et il avait hâte de vider son sac, de délivrer le message qu’il détenait. En espérant qu’il ne soit pas déjà trop tard, que cette horrible menace n’ait pas encore surgi.

Le Breton avait conscience que son apparence n’était pas des plus flatteuses. Sous ses cheveux châtains en bataille, son visage gardait encore les traces des combats qu’il venait de livrer. La poussière et le sang mélangés par les larmes maculaient toujours ses joues enfantines. La chemise déchirée par endroit avait souffert de ses dernières transformations et baillait sur la poitrine nue de Brieuc. En short et pieds nus sur le parquet, le mutant se sentait empoté, en position d’infériorité par rapport à la première occupantes du salon. Il avait peur de faire trop petit garçon et de ne pas être pris au sérieux.

"Vite mademoiselle, la pressa-t-il encore. Je dois absolument voir un responsable. C’est une question de vie ou de mort…

Asie

Le taxi déposa Anjali, toujours en sari, toujours pieds nus, devant les grilles de l'Institut Xavier !

Un hologramme apparut devant la jeune mutante.


"Signature mutante confirmée. Bienvenue à toi. Je vais te guider à l'intérieur"

A peine la dame bleue eut-elle finie de parler que les grilles s'ouvrirent... Elle conduisit, comme elle l'avait annoncé, Anjali à travers un beau jardin et jusqu'à un petit salon occupé par une jeune fille blonde et un jeune garçon attifé n'importe comment. Puis l'apparition se volatilisa...

Georgia, surprise par l'arrivée de Brieuc, reposa son journal à côté d'elle et se redressa.

"Tu sais, je dois pas être bien plus vieille que toi... On pourrait peut être se tutoyer, non ?"

Elle sourit. Finalement, elle l'avait le truc pour lui changer les idées. Rien de tel que l'accueil d'un nouvel arrivant pour faire le ménage dans sa caboche.

"Il a du t'arriver une drôle d'aventure, vu ta dégaine... Mais quand tu parles de question de vie ou de mort ?"

La blonde fronça les sourcils puis tendit la main au nouveau.

"Moi c'est Georgia. Et toi ? Tu peux peut être m'expliquer tes problèmes avant qu'on aille déranger un responsable... Et puis, tu sais, avant d'arriver à l'Institut, on a tous vécu des trucs pas forcément jolis, jolis... Je suis sure que parler t'aidera"

L'arrivée d'une seconde nouvelle se produisit. Une fille en sari. Décidément, c'était le jour ! Georgia sourit à la nouvelle arrivante et désigna le petit garçon du doigt :

"Toi aussi, tu dois être nouvelle. Je m'appelle Georgia et le gars là... C'est un nouveau comme toi. Installe-toi, on va discuter"

Anjali s'immobilisa sur le seuil de la pièce, elle se sent honteuse de débarquer pieds nus mais n'a guère le choix vu sa situation actuelle. elle remonte le pan de son sari et vérifie qu'elle n'est pas trop décoiffée.

Une jeune femme blonde la prit à parti, assise dans un fauteuil du salon. Elle l'invitait à s'asseoir pour parler avec elle et le jeune garçon qui était dans un sacré état.

"Bonjour, je m'excuse de débarquer sans prévenir..." fit-elle en jetant un coup d'oeil sur l'autre nouvel arrivant. elle n'était pas la seule à débarquer à l'institut dans un sale état, ce qui la rassénère un peu.

Elle s'assied sur un canapé face à la jeune femme et se tait, toute timide d'un coup. elle ne savait pas quoi raconter étant donné sa mission. Devait-elle dire la vérité ou se taire là dessus?

S’étant avancé de quelques pas dans le salon, le jeune Breton avait toujours l’air choqué. Visiblement, il avait du mal à coordonner ses idées et les paroles d’apaisement de Georgia semblèrent le calmer légèrement.
Brieuc respirait à fond pour retrouver ses esprits avant de réponde lorsqu’une nouvelle venue entra à son tour. Effectivement, vu l’allure de l’Indienne, il n’était loin d'être le seul à débarquer brusquement, à la suite de circonstances quelque peu mouvementées.

"Euh… Oui… Oui. Vous… Euh… Tu as raison."

Bégayant un peu, l’adolescent s’avança vers les fauteuils mais, se refusant à s’asseoir, il resta debout, planté devant les jeunes filles.

"Brieuc, Brieuc de Folcoat" se présenta-t-il rapidement. "J’arrive… Euh… Juste là, c’est du jardin de la Sentinelle de l’Occident… Mais j’étais à Merdrignac, c’est en France, juste avant…"

Le flot de paroles se fit plus véhément.

« Il faut voir un responsable… Je suis sérieux… C’est même Aza Chorn, la Sentinelle qu’a dit qu’on avait un grave problème… C’est l’autre là… L’androïde… C’est l’esprit de Cornélius van Damme… Il a essayé de voler la clochette… Et… Et, il a tué mon grand-père… »

La voix de Brieuc se brisa. Ravalant ses larmes, le garçon essayait de ne pas craquer. Il regarda Georgia avec attention, la fixant de ses yeux bleus. Convaincu par l’importance et l’urgence de son message, il cherchait à en persuader son interlocutrice. Faisant une pauvre grimace d’excuse à l’attention d’Anjali, conscient de son impolitesse envers la jeune fille, il insista néanmoins.

« Vite… Tu vois… C’est sérieux… Faut prévenir… »

"Salut, Brieuc !" lança Georgia avec un peu d'entrain. "Et notre nouvelle copine, elle s'appelle comment ?" ajouta-t-elle à l'attention de la jeune indienne.

Puis elle écouta l'histoire du garçon. Se contentant d'opiner du chef de temps à autre pour montrer qu'elle comprenait, même si au fond beaucoup de choses ne lui disait rien. La blonde répliqua finalement :

"Y a pas mal de trucs dans ce que tu me racontes là qui me disent rien. Désolée. Mais..."

Elle se pinça les lèvres, un peu mal à l'aise avec un certain nom.

"Cornelius van Damme, ça je connais. Mais il est mort ? Enfin... Je crois bien que l'équipe d'Esther Kofman l'a tué, il y a quelques temps..."

Observant la jeune indienne, elle nota mentalement pour plus tard de lui dire qu'elle était plutôt jolie mais...

"Merdrignac ? Ça serait pas le bled dont venait un ancien de chez nous.... Alixtide Pitre, ça te dit quelque chose ?"

La blonde se passa la main dans les cheveux puis rougit. Elle avait oublié un truc assez important dans les paroles de Brieuc

"Enfin, je suis surtout désolée pour ton grand-père... Finalement, t'as eu moins de chance que moi avant d'arriver là. Je savais pas. Je..."

Elle se leva pour se dégourdir les jambes et trancha :

"Je pense qu'il faudrait que tu ailles voir Esther Kofman dans son bureau. Comme je te disais, c'est elle qui a géré le dossier Cornelius van Damme. Et..."

Nouvelle pause pour réfléchir. Ces deux jeunes gens dépenaillés semblaient arriver de nulle part. La blonde termina :

"Mais pour l'heure faudrait peut être te trouver une chambre, déjà. J'imagine que t'es là pour rester, non ? Et toi..."

Elle venait de se tourner vers Anjali.

"Toi aussi, j'imagines que t'as vécu des trucs pas glop. Si tu veux, avant de te filer une chambre, on peut passer par la mienne pour que je te prête des fringues. Je suis pas sure d'avoir des gouts aussi traditionnels mais... si tu aimes le cuir, ça devrait faire l'affaire"

Anjali se mordit les lèvres en entendant la triste histoire du jeune Brieuc, il n'avait pas été gâté ce pauvre petit. Tout le récit ne lui disait rien, ne connaissant pas les protagonistes qu'il mentionnait.

Elle se recouvre la tête d'un pan de son sari, formant une sorte de capuche en guise d'humilité et de respect du deuil récent du nouveau venu.
Avant de se présenter, elle s'accroupit face au garçon et le regarde dans les yeux, puis lui dit gentiment:
"Je suis désolée pour ton grand père, j'imagine bien la douleur que tu ressens."

Puis elle se tourne vers Georgia et dit:
"Je m'appelle Anjali Devgan, Je viens de Benarès en Inde. Ma famille m'a rejetée car je ne répondais pas aux attentes du futur époux que mon père avait choisi pour moi. De plus comme je ne voulais pas l'épouser, un homme, le professeur Ravier, est venu me trouver et me proposa d'étudier dans son école avec l'accord de mon père."

Anjali se tut, prenant une petite pause pour réfléchir comment présenter les choses.
Elle ne pouvait tout révéler tant qu'elle n'avait pas encore compris les motivations de chacun, préférant éviter les problèmes si elle disait toute la vérité. Elle se tordait les mains dans les pans de sa jupe, pour cacher sa nervosité.

"Suite à une attaque de son ennemi juré, le professeur a préféré m'envoyer ici pour me protéger vu que je suis inexpérimentée et ne sais pas me battre avec mes... mes dons. Et il ne pouvait offrir l'enseignement que je recherche pour les maîtriser."

Elle espérait que sa semi-vérité passerait auprès de la jeune femme blonde et baissait les yeux, honteuse, peu habituée de cacher des choses aussi importantes.
Elle se souvient qu'elle avait oublié que la jeune femme lui proposait de lui prêter des vêtements.

"Je veux bien des vêtements propres et me doucher si possible mais euh... vous avez vraiment que du cuir????"

Tremblant nerveusement, Brieuc faisait de gros efforts pour se contrôler et ne pas s’effondrer devant les deux jeunes filles. Il n’allait quand même inaugurer son premier jour dans une nouvelle école en se trouvant mal devant témoins. Bonjour la réputation après…

Machinalement, après avoir écouté le récit d'Anjali, il répondit aux dernières questions de Georgia.

"Alixtide Pitre ? Euh, non. Enfin, si, ça me dit quelque chose. Mais j'connais pas, j'ai juste vu son nom sur un cahier. Mais, j'y pense. J'dois encore l'avoir sur moi…"

Fouillant dans sa poche, le jeune Breton sortit le cahier d'écolier passablement tâché, trouvé dans la chambre, enfin la porcherie plutôt, d'Alixtide.

"Enfin, c'est quand même à cause d'elle que j'ai été à Merdrignac. C'est elle, la Gardienne de la Lumière, non ? C'est pour trouver la clochette qu'on a été là-bas. Mais c'est pas la Gardienne qui l'avait, c'est Maître Ferraille, le Prophète. C'est lui qui la gardait…"

Sensible aux paroles de condoléances qu'il devinait sincères, Brieuc remercia les deux filles d'un sourire un peu triste en inclinant la tête.

"Oui… J'pense que t'as raison. Faut que j'aille voir celle que tu dis là, Esther Kofman. Mais… C'est où son bureau ?"

Prenant soudain conscience de son état, l'adolescent rougit violemment.

"Et, euh, ouai… Je vais rester. Enfin, j'crois… J'crois aussi qu'une douche ça s'rait pas du luxe avant d'aller expliquer… Et… Euh, j'pourrais aussi avoir de quoi me changer avant ? Et, c'est où pour avoir une chambre ?"

Gêné, Brieuc regardait ses pieds nus sur lesquels étaient encore accroché du sable provenant du jardin hors de l'espace et du temps, là où l'avait conduit la clochette. Il sentait toute la fatigue, tant physique que nerveuse, accumulée au cours des dernières événements, lui tomber brusquement sur les épaules. C'est sûr qu'une douche ne serait pas de trop pour se remettre un peu les idées en place et, en nettoyant les traces de sang et de poussière, redonner un visage plus avenant au jeune garçon.

Visiblement les deux mutants avaient pas mal bourlingué avant d'arriver à l'Institut et, une fois de plus, la blondinette les écouta en silence, tiquant juste au moment où Brieuc exhiba la cochonnerie de cahier d'Alixtide. Connaissant bien le larsouille, elle n'osa y toucher et crut le garçon sans sourciller.

"C'est bien l'écriture d'Alix" lâcha-t-elle. "Il a quitté l'Institut, y a un petit moment et... Il a toujours eu les idées un peu troubles. Je suis contente de savoir que certaines choses ne changeront jamais et qu'il se prend toujours pour la Gardienne de la Lumière"

Elle sourit. Se souvenir d'Alix l'avait amusée. Pour le reste...

"Franchement, c'est un peu du chinois ce que tu me racontes là, Brieuc. Mademoiselle K devrait certainement pouvoir t'aider mais moi... ça me dépasse"

Georgia se dirigea vers le seuil de la porte.

"Bon, je crois qu'on va te mettre avec Derek. A mon souvenir, il est seul dans sa piaule. Quant à toi, Anjali..."

Elle ferma les yeux et se concentra. Les ouvrant à nouveau, elle décida :

"Avec Miyabi. Ouais, ça devrait le faire... On passe juste à ma piaule pour te récupérer des frusques, on montre à Brieuc où est le bureau de Kofman et je te montre ta chambre... Ouais, on va faire ça..."

Bureau d'Esther Chambre de Georgia Chambre de Miyabi (avec Anjali)