[9/09] Si on reconsidère les dimensions...

Armée d'un mètre ruban et d'un long bâton en bois gradué de deux mètres, Viconia fit irruption dans le hall. D'un air décidé, lunettes sur le nez, elle considéra l'entrée de l'Institut avec un regard analyseur.
Elle était, pour une fois, habillée convenablement : chemise bleu cyan et pantalon blanc. A priori, elle n'était pas sortie aujourd'hui, sinon elle aurait été maculée. Elle ne sentait même presque pas le détergeant.
Le fait est qu'elle avait travaillé sur la sculpture qui trônait dans sa chambre toute la journée et qu'elle s'était changée entre deux, sa salopette irradiant. De l'amas pailleté qu'elle avait façonné toute la matinée ne restait en séquelles que quelques paillettes dans ses cheveux et ses sourcils ainsi qu'autour de l'oreille droite.

Décidée, la jeune fille commença à prendre différentes mesures aux quatre coins du hall : portes et fenêtres, un carré au centre de la pièce au sol, hauteur de plafond.
De temps en temps, elle sortait un petit bloc de sa poche et y griffonnait quelques chiffres en fronçant le nez et le sourcil gauche.

Si elle envisageait un plein pied, alors oui, elle pourrait passer par la porte principale.
Mais si elle voulait faire passer la numéro quatre en ne la penchant pas pour éviter que la boucle treize ne morfle, alors il allait falloir envisager le biais... Ou bien la dissection ?
Viconia se redressa et frissonna de tout son long. Plutôt mourir. Plutôt les faire venir à elle plutôt que d'aller à eux si cela lui coûtait une dissection. Le tout était par définition un tout, il ne fallait pas pousser. Elle leur laissait une marge pour la critiquer, mais elle ne saccagerait pas ses productions pour leurs notes arbitraires et plus que contestables.

Dans son flux de pensées préoccupées, Viconia n'avait pas perçu que Carrie l'observait. Elle avait certes vaguement conçu le fait qu'une forme était passée par son champ de vision, mais sans plus. Absorbée par son idée de proposer un cadre de porte plus large à la direction, elle ne s'attendit pas à l'ouverture conversationnelle de son professeur.
La jeune fille sursauta donc, et faillit donner un coup de toise à la référente Justixienne.
Au souvenir de la dernière fois où leurs chemins s'étaient croisés, heureusement que son bras se figea dans le mouvement.

Elle mit le mètre ruban autour de son cou et s'appuya sur la toise comme sur un bâton de pèlerin.
« -Ne vous en faites pas, Madame. J'essaie simplement de clarifier mes possibilités d'accès. Certains de mes travaux ont des dimensions peu amènes, et nos escaliers sont si exigus... »
Prise d'une inspiration soudaine, la jeune fille ressortit son carnet et y griffonna quelques indications en finnois, le tout suivit de trois points d'exclamation.

Remettant son crayon dans son chignon qui laissait retomber la moitié de ses cheveux, la jeune fille indiqua la porte et tenta d'expliquer à la professeur psychorigide.
« -Vous voyez, si je veux faire passer une quinze par trois par la porte d'entrée, cela risque d'être douloureux... Si l'on omet bien sûr qu'il faille qu'il fasse beau pour une transhumance de travaux... Mais enfin. »
Le temps était pourri sans discontinuer récemment. Les jurys approchant, la jeune fille commençait à s'impatienter. Il allait bien falloir tracter Cérébra...
En y repensant, la finnoise eut une pensée pour Yanis, membre du troupeau de la Pastoresse Marcin, et se souvînt de leur Secret Project.

Changeant d'attitude faciale pour prendre celle de l'élève buvant avec délectation les paroles de son maître vénéré, la jeune fille s'appuya sur sa toise et se lança, un grand air interrogatif sur le visage.
« -Dites, Madame Marcin. Je me posais une question... »
Inutile d'impliquer Yanis, a priori la prof la considérait déjà comme une désaxée, autant exploiter le filon.
« - Où se trouve le coeur de Cérébra ? Je veux dire... Elle est partout dans les murs et les dépendances de l'Institut via les hologrammes. Mais il doit bien y avoir un endroit où tout est stocké, où elle élabore les informations... Où elle se rétracte si elle est déprimée. »

S'appuyant toujours sur sa toise et attendant la réponse de Carrie, le regard de Vic effleura la pièce. Qui avait eut l'idée de mettre là un lustre aussi laid et espaçophage ?!

Saut temporel

Mina venait d'effectuer un petit survol de l'institut comme elle en avait l'habitude pour garder sa "flottaison" sur l'air mais aussi en profiter pour se détendre. C'était une sorte de rituel qu'elle accomplissait quasi-quotidiennement.

Cela lui permettait également de repérer des "encas", ayant nouvellement quittés le monde des vivants, ce qu'elle raffolait le plus. Enfin depuis que Lars n'était plus, pour lui elle avait mis de côté ce petit plaisir du palais pour des raisons de confort.

Elle finit par se poser, et pénétra dans le hall de l'institut. Elle vit son amie Viconia et le professeur Marcin. Viconia était bien habillée contrairement à son habitude, mais la fraicheur de ces extravagances était tellement rafraichissantes pour tout le monde à l'insititut. Elle avait un bloc note et paraissait en réflexion bien qu'elle était en discussion avec le professeur.

Mina avait eu le temps de capter le nom de CEREBRA.

"Coucou Viconia, comment ca va?... Bonjour professeur..."

Georgia s'était levée de bon matin. Et s'était réveillée à l'aide de grandes claques. Aujourd'hui c'était le jour. J. J comme dans "J'y vais, j'me lances". Bref, un jour à marquer d'une pierre blanche dans son jardin intime. Ou, selon le résultat, à attacher une lourde pierre (peu importe la couleur) autour de son cou avant de sauter dans la rivière...

L'opération ravalement de façade avait été prenante, compte tenu de l'inexpérience de la blonde pour ces choses là. Puis, ça avait été le tour des cheveux. A laver. Démêler. Soigner. Le résultat n'avait rien de spectaculaire... Mais au moins, ça témoignait de la bonne moralité de la New Yorkaise : si ses intentions n'avaient rien de pures au moins était-elle de la meilleure foi.

Avant de quitter sa chambre, elle avait considéré une dernière fois la robe vert pâle qu'elle avait acheté l'autre fois sur les bons conseils de Juliette. Elle fit la moue. C'était pas mal mais... Était-ce pour autant suffisant ?

Georgia se mira dans le miroir qu'elle avait reçu sans rien demander. Et vit son reflet sur la maigre surface de la psyché non encore occupée par des photographies de ses stars préférées. Il faudrait qu'un jour elle pense à grandir. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui c'était une autre paire de manches.

Et équipée de ballerines aux pattes, elle avait filé à travers l'Institut... Non sans avoir envoyé un petit message à son aide de vie :

"C'est le jour J pour moi, ma belle. Croise tous tes doigts pour moi"

Puis, elle déboula dans le hall.

"Salut les filles" lança-t-elle l'air de rien.

Il y avait un truc à demander... Un truc important. Et ses mains dans le dos, tout à fait moites et fébriles, Georgia s'approcha de Viconia :

"Dis... Tu fais de la peinture sur robe, toi ou pas ? Parce que..."

Elle se passa la main dans les cheveux. La langue sur les lèvres. Et joua encore machinalement avec ses mains qu'elle tenait toujours cachées. La série intégrale des tocs donc.

"En fait, j'aime bien cette petite robe mais... Je la trouve pas artistique... C'est ton rayon, non ? J'aimerai la customiser pour qu'une certaine personne me remarque et... Enfin, j'te fais pas de dessin, moi quoi. Bref, ça serait pour une bonne cause"

Georgia avala sa salive et reprit sa respiration. L'art de l'ergonomie amoureuse était difficile. Et périlleux. Qui de mieux placée que la finnoise pour lui apporter aide et support en la matière ?

"C'est de l'art éthique en somme. Carte blanche pour toi"

« -La fenêtre oui, j'avais envisagé cela... »
Elle repensa à Yanis et son idée de tout défenestrer. Elle ne doutait certes pas qu'il arriverait à balancer Cérébra s'il le décidait. Mais elle n'aurait pas toujours Yanis pour ses travaux et ne pouvait pas transformer son bras en treuil... Aussi prenait-elle des mesures pour éviter de se retrouver coincée.

Lorsque Carrie évoqua Cérébra, elle écouta avec attention, saluant Mina d'un signe de tête signifiant par là qu'elle allait parfaitement bien.
Cela faisait un moment qu'elle n'avait pas eut de tête à tête avec la harpie. Quand on y repensait, elles avaient évité le traumatisme en faisant des parties de cache-cache arboricoles improbables tandis que l'Institut sauvait Génosha. Elles avaient parlé, passé des jours ensemble... Et puis la nouvelle du décès de Lars était venue frapper la jeune fille en pleine face. Échec et Mat.

Depuis, obnubilée par ses travaux, ses pétages de cables et sa nouvelle mission, Vic n'avait pas aménagé de temps pour la jeune fille, c'était un tord.

« -Sauvé la situation... » Le jeune fille avait été mise au courant de l'attaque des professeurs. Tragédie en son temps qui avait, telle le drame de Genosha, appauvri drastiquement les effectifs de l'Institut.
« -Justement, Madame, je me posais la question. Lorsque l'on définit une « intelligence artificielle », on sous entend la création d'une nouvelle forme de raisonnement. Mais crée-t-on de même un noyau émotionnel et des potentialités affectives ? »
Très intéressée, la jeune fille fixait Carrie en attendant sa réponse. Après tout, celle-ci faisait partie de l'équipe pédagogique, qui de mieux placée pour répondre à sa question claire et concise ?

« -Dans ce cas, l'incompréhension et la séquestration interactionnelle ne deviendrait-elle point une forme de maltraitance ? …
C'est un nouveau sujet de réflexion sur lequel je travaille actuellement. »

Et sur ces paroles et ce sujet numérique, Georgia fit une entrée... Georgienne. Venant lui demander, telle une fleur, si elle versait dans le stylisme.

Haussant un sourcil circonspect, la finnoise fixa son amie (qu'elle avait également pas mal délaissée ces derniers temps) des pieds à la tête. Sa première réponse éventuelle aurait été une question : et elle, s'était-elle mise au théâtre ?

Avec une température et un temps du genre, Georgia donnait simplement l'impression dans sa robe verte de mourir d'envie d'aller batifoler dans les prés, il ne lui manquait que les fleurs dans les cheveux. Peut-être que Ken et ses nouvelles affections politiques pourraient se charger de les lui fournir...

Quoiqu'il en soit, Viconia se retînt de répondre de but en blanc, pour la simple et bonne raison que la blondinette avait l'air particulièrement constipée.
Viconia détectait les mouvements parasites habituels, mais de manière exacerbée, révélateurs d'une santé mentale sous-jacente relativement instable.

De l'art éthique...

La finnoise fit un rapide calcul mental, fronçant le nez pour remonter ses lunettes.
Entre Cérébra, le sommeil pour cuver le retour de mission, les rapports pré-jurys et cette pluie diluvienne, que faire des auditions de Georgia ?
Elle se représenta Yanis et l'aide inestimable qu'il apportait à son travail. Si la blonde avait simplement besoin d'une robe customisée pour impressionner un de ses profs de théâtre, alors quelle amie ne lui donnerait pas un coup de main ?
Le problème était qu'elle n'avait aucune idée du thème de la pièce... A priori, vu la couleur, cela devait certainement être de celles qui impliquaient une petite maison et une prairie...

« -Ce que je peux te proposer, c'est de mettre à ta disposition mon atelier et mes matières premières. Tu pourras t'exprimer sur ta robe avec tout ce que tu veux. Je pense que c'est la meilleure solution, toi seule sait dans quel sens tu veux impressionner... »
La jeune fille fit une pause en se représentant le tas de paillettes s'accumulant dans sa chambre.
« -Quel est l'effet recherché ? »
Fallait-il qu'elle passe pour une jeune paysanne effarouchée ? Ou la rivale qui s'était faite évincer par le chasseur ? Ou la princesse déguisée par ses marraines ?

Viconia était certes perplexe, mais elle était au fond plutôt satisfaite que la new-yorkaise ait décidé de s'impliquer dans une activité artistique qui lui allait comme un gant.

Carrie se demandait sérieusement pourquoi tant d'élèves croyaient que l'intelligence centrale et artificielle de l'Institut pouvait être en manque émotif. C'était une machine après tout. Une intelligence artificielle et rien de plus. Elle n'avait pas parlé de coeur artificiel ou de reins artificiels, aussi se demandait-elle pourquoi les élèves restaient toujours sur le fait qu'elle puisse avec besoin d'amour, mais non qu'elle puisse avoir besoin d'une toilette artificielle ou même de chips artificielles. L'avocate dévisagea Viconia sans grande surprise, mais un peu d'agacement. Elle répondit simplement:

"Cérébra n'a pas besoin d'affection, elle n'a pas de capacité émotionnelle ou sentimentale. Ce qui serait franchement inutile, voire même nuisible. Cérébra est un ordinateur très sophistiqué...Elle n'est pas isolée puisqu'elle est partout. Son noyau est dans les sous-sols, mais elle surveille l'Institut en entier."
Carrie réfléchit un moment et soupira:

"Je suppose que votre relation - amicale - avec Monsieur Elbaz est la cause de cette interrogation. Mais je puis vous assurer que Cérébra n'est en rien comme Monsieur Elbaz qui est composé de machines. Au contraire, il n'y a rien d'humain chez Cérébra sinon l'hologramme qu'elle utilise pour se représenter."

Foyer.

C’est un peu remonté que Lucas arriva dans le hall d’entrée, quittant le foyer et ses deux portes de prison. Carrie s’y trouvait, en compagnie de Géorgia, Viconia et Mina. Un groupe de filles, donc – de femmes, pardon – qui discutait chiffon, vraisemblablement. Enfin une discussion digne d’intérêt, dans une certaine mesure. Et ça soulagea un peu le cœur de Lucas, qui décida d’éradiquer de sa pensée sa mauvaise expérience avec Yanis et Keyah. Enfin… qui essaya de le faire du moins, malgré la remarque de Carrie qui semblait faire tout pour qu’il se rappelle l’homme-robot. Et qui doutait des paroles de la professeur JustiX quant à l’humanité du susnommé. Non non non, il ne voulait plus en entendre parler pour l’instant, et préférait ardemment la conversation chiffon de Georgia et Viconia. Veillant bien à n’interrompre personne, ni à se montrer offensant d’aucune sorte, il attendit un moment de silence pour manifester sa présence dans la pièce, pourvu d’un sourire à moitié naturel. À moitié seulement, car s’il était heureux de voir ses collègues de l’institut, il gardait toujours au fond de la gorge un arrière goût désagréable. Mais qu’à cela ne tienne, il ne voulait plus y penser, et espérait que son sourire deviendrait bien vite totalement naturel et insouciant…

« Bonjour tout le monde ! »

Et une petite note respectueuse pour la prof des environs, accompagnée d’un signe de tête révérencieux.

« Mademoiselle Marcin. »

Il regarda alors tour à tour les trois autres jeunes mutantes. Quelque chose était presque agréable, parmi elle : Viconia n’était presque pas bizarre, seulement parsemée de quelques paillettes, Mina avait l’air de bonne humeur et souriante, et Georgia rayonnait, malgré une attitude ostensiblement stressée. Carrie, quant à elle… ben Carrie était Carrie, on ne la changerait pas… Et c’était bien comme ça !

« Vous êtes toute jolies, dis donc, il y a une sortie prévue ? »

En termes de sortie, les habits adéquats auraient plus été un ciré et des bottes que leurs vêtements clairs, mais bon, il se comprenait… Il attarda plus amplement son regard sur Georgia, qui semblait réellement excitée de cette journée. Ça faisait du bien à voir, et ça lui mit un peu plus de baume au cœur.

"Hum..."

Question délicate. Georgia se mordit la lèvre et agita le pied, dubitative... Elle cogita : comment présenter la chose pour obtenir l'aide concrète de la rousse et non pas un simple accès à un atelier et à des instruments qu'elle serait bien en peine d'utiliser ?

Une petite lueur vint éclairer les yeux de la blonde.

"En fait, l'effet est de... Enfin, j'veux dire..."

Nouvelle crise de confusion en approche. Elle devait faire attention au caractère décousu de ses propres paroles. Georgia devait être comme l'eau de roche. Ni plus. Ni moins.

"Cette robe doit illustrer la sincérité, la pureté et le bienfondé de mes intentions, qui sont amoureuses, et ce d'une manière à la fois abstraite, conceptuelle et artistique"

C'était un essai de communication interculturelle. Peut être que la finnoise pigerait. Ou pas. Mais peu importait. Il fallait continuer.

"Moi je suis habile de ma langue mais pas de mes mains..."

Elle tendit à Viconia ses mains, comme pour illustrer son propos.

"Et pis comme j'ai juste fait de la peinture avec mes nichons ben... Je te propose de faire de la peinture sur nichons... Euh... Sur robe"

Un léger sourire qui se voulait attendrissant aux lèvres, Georgia tenta de terminer comme on se rattraperait aux branches pourries :

"C'est super super important. J'ai même écrit un poème pour l'occasion. Mais la robe ne va pas. Alors si la robe ne va pas, rien ne va. Je vise rien de moins que la perfection... Tu comprends ?"

La New Yorkaise se passa la main dans les cheveux et tenta de dire un truc impressionnant sur Cérébra. Mais rien de très malin ne sortit de sa bouche :

"Cérébra, elle est bleue mais pourquoi, Madame Marcin ? J'veux dire, elle est tout le temps bleue... Qui a décidé qu'elle devrait être bleue ? On lui a demandé son avis parce que... Les machines ont peut être des sentiments. Sinon ça serait trop triste... J'veux dire, de vivre toute seule, sans possibilité d'aimer et..."

Elle s'interrompit. Georgia faisait un transfert sur l'intelligence artificielle de l'Institut. Et ça, ça relevait de la psychiatrie. Elle imaginait de plus en plus les portes du pénitencier psy s'ouvrir devant elle...

L'arrivée de Mina fut rafraichissante. Georgia en prit acte pour se rattraper de sa lamentable sortie :

"Moi aussi ça me fait plaisir de te voir. Trois NeXus présents au même endroit, ça rappelle des souvenirs... Manquerait plus que notre serbe acerbe déboule..."

Elle plissa des yeux. Iacobo était son pote. Ils se prenaient le bec de temps à autre. Mais ils avaient fait deux équipes ensemble. Et... Le temps passait tellement vite.

"Pas de sortie prévu, mon ami Pierrot... Euh... Lucas. Je suis amoureuse et j'en profite. Voilà tout. J'ai même écrit un poème"

Georgia avait envie de le crier sur tous les toits. L'heure de la grande révélation était proche. Et son petit cœur en frémissait d'impatience.

Une fois la ligne de pensée de Carrie établie, Viconia ne chercha pas à discuter d'avantage son idée d'affectivité artificielle. A priori, la professeure avait son idée pré établie et pas grand chose ne la ferait changer d'avis, ni même revenir sur les possibilités infimes.
Quoiqu'il en soit, elle avait noté l'essentiel : les sous-sols et Kitty.
Pour ce qui était de sa relation -amicale- avec monsieur Elbaz, la finnoise ne jugea pas nécessaire de s'attarder sur leurs travaux communs et le fait qu'elle lui avait déjà affirmé elle-même qu'il n'était pas une machine type mixer-blender incapable de toute émotion ou mieux, création.
Après tout, le projet de rattrapages de Viconia ne devait concerner qu'elle et son orgueil blessé, même si maintenant un algérien fort peu expressif y était impliqué.

Lucas fit son entrée sur ces entre-faits, et elle le salua d'un signe de tête. Il fallait croire que dès qu'elle ne se baladais pas en tenue de travail (et avait un rendu propre) elle donnait l'impression d'aller au bal. En un sens, elle était satisfaite, cela signifiait qu'elle n'aurait pas grands efforts à faire lorsqu'il faudrait s'habiller cérémonieusement pour quelque raison.
Elle hocha la tête négativement :
« -Pas que je sache, Lucas. Par ailleurs, il fait un temps à se lover devant une cheminée avec un poncho en poils d'élan sur les épaules... »

Au vu de l'enthousiasme de Mina à les voir, la blonde et elle, Viconia lui renvoya ce qui pouvait s'apparenter à un sourire affectueux, accompagné d'un doigt sur ses lèvres, à la manière d'une information qu'il faudrait passer sous silence, un secret.
Bien sûr, elle irait dégoter Yanis dans le coin où il devrait certainement se trouver, immobile, son regard interrogateur et mutique posé alentours avec désinvolture. Ensemble ils devaient enquêter sur Cérébra. Mais certaines opinions seraient toujours bonnes à prendre le moment venu...

Vic se tourna ensuite vers Gigi et sa requête particulière. Tandis que la jeune fille s'empêtrait dans ses justifications bancales et ses affirmations floues, le sourcil gauche de Viconia était de plus en plus ascensionnel.
La jeune fille tentait tant bien que mal de saisir ce que Georgia voulait. Elle était partie sur un aspect champêtre, mais au final, il semblait que cela n'avait rien à voir.
Sincérité, pureté des intentions amoureuses... De manière artistique, rien que cela.

Si Viconia admettait sans soucis d'être une quiche dans un domaine, c'était bien celui des sentiments personnels et amoureux.
Dans ce genre de champs de mines hautement dangereux et délicats, elle levait sans hésitation la main pour passer son tour. Elle avait d'autres choses plus importantes à faire que de poser un pied sur ce genre de bombes à retardement.
En y repensant, voir sa compagne nexusienne désirer s'y jeter la tête la première ne la surprenait pas outre mesure.
Ce qu'elle admirerai toujours chez Georgia était son courage et son manque d'hésitation à l'approche de situations potentiellement nuisibles... Était-ce là une extension de son pouvoir ou bien une faculté qui précédait l'apparition de celui-ci ? Peut-être un peu les deux.

Il y eut un blanc de deux minutes où les mains de Georgia furent à deux centimètres du nez aquilin de la rouquine, puis elle se décida.
« -Bon, d'accord, si c'est pour la bonne cause... Donne-la moi, je vais voir ce que je peux faire. »
Tendant la main en s'attendant apparemment à ce que la New-Yorkaise lui confie ses oripeaux dans la seconde, Viconia nota intérieurement qu'elle venait probablement de faire ce qui s'apparentait à se noyer dans un pédiluve : elle n'avait strictement aucune idée de ce qu'elle allait pouvoir faire de cette robe.

Avec un léger sourire, elle ajouta :
« -Mais en contre partie, je veux entendre ce poème quand je te la rendrai ! »

Sur ces mots, elle empoigna son bâton, et la robe de Georgia si elle décidait de la lui confier, et repartit en direction de sa chambre, l'esprit en ébullition, telle un pèlerin en quête de révélation.
En fait, c'était de Claire et de son goût indéniable pour les vêtements dont elle avait besoin...

Xmas break

[Je valide juste la sortie de Viconia avec la robe de Georgia...]

La New Yorkaise afficha une mine ravie : ainsi on voulait entendre son poème qu'elle avait composé à base d'images décousues, de bric et de broc ! Georgia acquiesça vivement du chef. Puis, elle comprit ce qu'impliquait cette proposition...

... Carrie était là...

... et elle avait promis à Juliette qu'elle se comporterait bien à présent.

La blonde haussa les épaules : il s'agissait, après tout, d'un cas de force majeure et non d'une lubie supplémentaire.

Elle précisa néanmoins à l'attention de Carrie alors qu'elle commençait à s'extirper de la robe :

"C'est pour une bonne cause. Je suis amoureuse, donc ça va. C'est un cas de nécessité impérieuse"

Et, une fois de plus en (très) légère tenue, Georgia tendit la robe qu'elle venait d'enlever à la finnoise qui s'en allait...

Carrie regarda silencieusement Viconia et nota ses quelques réactions qu'elle jugea un petit peu plus étranges qu'à l'habitude lorsqu'elle parla de Cérébra. Cette dernière ne semblait vraiment pas convaincue que Cérébra n'était qu'une machine...Eh bien, qu'elle aille pleurnicher à Adam que Cérébra manquait d'amour, l'avocate ne voulait plus entendre parler de ces sotises. Toutefois, elle nota dans un coin de sa tête qu'elle devait garder un oeil sur la jeune femme excentrique et bizarre...Si elle retrouvait cette dernière dans les sous-sols, elle lui en ferait voir de toutes les couleurs. Surtout après qu'elle lui ait clairement indiqué que les sous-sols étaient hors limite aux élèves. Son regard se posa lentement sur Lucas qu'elle salua très brievement. Elle allait continuer son chemin lorsque la jeune mademoiselle Beccaria enleva - encore - ses vêtements et commençait à lui expliquer pourquoi.

Carrie la regarda, tout simplement, sans rien dire. Puisqu'il n'y avait rien à dire. N'aurait-elle pas pu simplement plier la robe et l'apporter dans ses mains, portant d'autres vêtements sur elle? Biensur qu'elle aurait pu! Mais c'était Georgia Beccaria...Toute réflections logiques et sensées étaient à discarter lorsqu'on avait affaire avec elle. La journée n'aurait pas pu tourner pire que cela. Elle avait déjà une migraine et les élèves allaient la rendre complètement folle. Elle soupira, roula les yeux et, tournant les talons, s'en fut silencieusement.

Oui...L'Institut allait la rendre complètement folle. Les élèves allaient lui faire perdre les plombs.

Mais...comment s'en passer?

[ ailleurs]

En guise de poème, Lucas n'eut pour seule réponse qu'un coup de sonnette dans les oreilles, suivie par l'ouverture immédiate de la porte, et l'entrée d'une femme sur le perron qui ne manqua pas de fermer son parapluie, et s'ébrouer rapidement, avant de tourner son regard vers les trois élèves présents... Mina, Geogia, Lucas...


Elle décida de s'adresser à Lucas : il semblait plus âgé que les autres, et peut-être un peu plus responsable ?

"Bonjour... Je m'appelle Serena, de Ganymède, je dois voir le Dr. Zachary... Ou bien M. Ivanovic."

Elle lui adressa ensuite un radieux sourire, histoire de se faire paraître plus engageante.

"Bonjour tout le monde."

Lentement, Ken avait descendu l'escalier, se tenant le flanc droit. Il grimaçait parfois de douleur quand ses gestes étaient brusques et essayaient d'en faire le moins possible. Il n'avait pas encore envie de changer son pansement pour cause de saignement ou d'autre chose tout aussi passionnante.

"Ca va ?"

Mina, Georgia, Lucas et quelqu'un d'autre étaient présents. Il leur fit un sourire chaleureux, eux qu'il connaissait et appréciait ; même si sa relation avec Georgia n'avait pas toujours été aisée, il la respectait sincèrement et admirait en elle tout ce qu'il n'était pas. Il n'était pas toujours d'accord avec elle, mais au moins savait-il qu'on pouvait compter sur elle en cas de problème.
Il s'avança donc à nouveau lentement, essayant de ne pas aller trop rapidement après sa blessure lors de sa première mission avec les LateX. Tant de temps chez les JustiX et presque rien, et là paf! première mission, première vraie blessure...c'en était presque rageant. Du temps était passé et la plaie par balle cicatrisait bien, mais il préférait jouer la prudence et ne pas en faire de trop. Il essayait aussi de se sociabiliser, d'où sa présence ici.

A peine arrivé, O'Connell décida de laisser Lucas gérer l'étrangère ; après tout, c'était à lui qu'elle s'était adressée, il ne voulait pas lui enlever le plaisir de la guider à travers l'Institut.

[Pour m’occuper de la visiteuse !]

Les éventuels élans bucoliques de Georgia furent réduits à néant par l’arrivée impromptue d’un tonitruant coup de sonnette. Coup de sonnette qui laissa rapidement place à une séduisante jeune femme munie d’un parapluie détrempé, qu’elle ferma et qu’elle secoua rapidement avant de se tourner vers les trois élèves présents dans le hall… Elle sembla les toiser un instant, comme si son apparition avait créé un climat de latence chez les mutants présents. Lucas la regardait avec curiosité, sans trop savoir à quoi s’en tenir… Une nouvelle arrivante ? C’aurait été totalement possible, au vu des récentes arrivées massives. Mais elle le dénia au moment où elle consentit à ouvrir la bouche et se présenter, s’adressant au jeune franco-suédois. Sur le coup, il fut presque surpris de se voir ainsi abordé par une mystérieuse (et plaisante) inconnue, mais après un quart de seconde de réflexion, il se dit que c’était peut-être normal… La demoiselle n’avait peut-être pas l’habitude de traiter avec des mutantes ailées à l’apparence déconcertante, ou avec d’autres jeunes femmes en petites tenues.

Il la regarda donc, les pommettes un peu rouges, et répondit à sa demande : elle souhaitait rencontrer Adam Zachary… Ou Milan. Ne connaissant pas encore très bien le professeur des LateX, et puisqu’Adam était le directeur, et précisa avec une surprenante coïncidence sa position dans l’institut aux mutants du hall, le choix de Lucas fut vite fait.

« Bonjour ! Heu… Oui je vous emmène directement chez le professeur Zachary. »

Elle avait affirmé venir de Ganymède, et s’appeler Serena. Lucas avait beau retourner ses souvenir concernant cette organisation, il ne se rappelait pas d’avoir entendu le nom de la jeune femme. Il fallait dire qu’il n’était pas très à la page pour tout ce qui concernait Ganymède…

« Suivez-moi ! »

Il envoyé un regard désolé à Georgia. Il comptait bien entendre la composition de son poème plus tard, lorsqu’il en aurait fini avec Serena. Il s’avança donc vers les escaliers, la demoiselle à sa suite.

« Moi c’est Lucas. Vous… Vous venez pour une raison précise ? »

Il espérait qu’elle lui explique les tenants et aboutissants de sa visite sur le trajet vers le bureau d’Adam. Il croisa Ken, à qui il adressa un sourire et un signe de tête en guise de salut.

Bureau d’Adam

"Vous êtes bien aimable...", se contenta-t-elle de répondre, avant d'envoyer un sourire radieux à Georgia, Mina et Ken, puis embrayer le pas de Lucas.

"Une assez sombre affaire. Il y a des projets au Sénat dont je me dois d'informer l'Institut. Vous êtes probablement beaucoup plus à même que nous d'y faire quelque chose..."

Mina regarda partir l'inconnue précédée par les pas de Lucas. Décidement des gens mystérieux passaient par l'institut, mais là il s'agissait peut être de quelqu'un d'officiel.

Avant de jeter de nouveau un oeil sur Ken.. Qui semblait toujours un peu souffrir de sa blessure..

"Comment ça va Ken? Tu tiens le coup? N'hésite pas si tu as besoin d'aide?... On est une équipe maintenant.."

[HRP : désolée, pas très inspirée sur ce coup là..]

Georgia, toujours en sous-vêtements, assista à l'arrivée de la belle inconnue, un air complétement béat sur les lèvres. Elle était si belle et si... Ganymède ?

La blonde ne s'était jamais réellement intéressée aux pérégrinations de l'organisation de Midas, néanmoins l'irruption de cette splendide inconnue dans son champ visuel avait de quoi relancer son intérêt pour la question.

Elle voulut dire quelque chose. Peut-être lui demander comment elle faisait pour être aussi belle ? Ou tâter la fermeté et la perfection de ses membres ? Mais la blonde n'en fit rien.

D'un parce qu'elle était dorénavant fidèle. Et trahir son amour avant de se révéler aurait été quelque peu... inapproprié.

De deux parce que Lucas ne lui en laissa pas le temps. Georgia fit la moue : l'instant d'avant, il voulait entendre son poème et maintenant... Le ladre décarrait dès la survenue de la première femme parfaite à proximité. Il y avait quelque chose de vexant et sa poitrine chétive et malingre se souleva de rage.

Ne restaient plus que Mina et Ken. Du bout de sa ballerine, Georgia traça un demi cercle imaginaire sur le sol, les mains croisées dans le dos.

"Salut, Ken" lança-t-elle, la tête dans les nuages. "Alors t'as été blessé ? T'as pas trop mal ?"

Elle se gratta la tête.

"Ça a un rapport avec la visite de la jolie femme, là ? Elle est sénatrice des USA ou quoi ?"

Georgia disait n'importe quoi. Pour amuser la galerie. Pour passer le temps. Finalement, avalant sa salive, elle reprit :

"Enfin, j'imagine que Rachel doit être aux petits soins avec toi... Ça doit être cool d'avoir quelqu'un..."

Elle baissa les yeux. Toujours absorbée par ses infâmes chaussures féminines. Puis, un sourire malicieux aux lèvres, elle termina :

"Dis-moi, Ken. C'est toi qui a... Euh... Fait la cour à Rachel, j'imagine. Tu t'y es pris comment ?"

Ce jour serait à marquer d'une pierre noire finalement. Celui où la blonde avait demandé un quelconque conseil à Ken. Sa plus grande histoire d'amour commencerait peut être sur cette requête honteuse... Mais tant pis. La fin justifiait bien les moyens, non ?

* What the fuck...? *

Ken savait que lui et Georgia avaient décidé de signer un traité de non-agression, éventuellement de paix. Depuis leur interview, ils avaient tous deux découverts que l'autre avait des qualités et lui avait décidé de tout faire pour éviter d'énerver la jeune femme et pour ne pas réagir à son naturel. Il s'était même surpris à apprécier certaines de ses folies et à vouloir en apprendre plus sur elle. Seulement, l'existence folle de l'Institut ne lui avait pas permis de se rapprocher de Georgia.
Seulement, même s'il était conscient qu'ils étaient tous deux sur la bonne voie, il n'aurait jamais imaginé qu'elle vienne 1) prendre de ses nouvelles et 2) lui demander conseil ! Il eut une seconde de stupéfaction avant de se reprendre, souriant légèrement par réflexe.

"Oui, j'ai été blessé en mission avec les LateX. J'ai jamais rien eu avec les JustiX et ma première mission avec les LateX se solde par une blessure...à croire que Carrie Marcin était plus gentille avec ses élèves que Milan, ce qu'on dirait pas, hein ?
Je me suis pris une balle, en fait, mais ça ira. Je m'en suis sorti avec seulement une plaie assez propre et aucun organe touché. Ca tire encore et ça gêne quelques mouvements mais ça va pas plus loin, c'est déjà ça. Rachel m'aide mais je veux avant tout m'en sortir par moi-même. C'est toujours bien d'avoir quelqu'un pour t'aider, mais...je sais pas, quand tu te fais tirer dessus ou blessé, t'as l'impression ou en tout cas j'ai eu l'impression d'avoir pas été assez bon pour éviter la balle. M'en sortir un peu tout seul, c'est comme retrouver mon indépendance et un peu de confiance en moi, en fait.
Je dis pas que je déprime à cause de ça, hein, mais disons que ça fait pas plaisir alors que j'ai quand même quelques missions au compteur. Rachel m'aide mais je veux surtout réussir tout seul à dépasser ça. Et je sais pas si cette femme a quelque chose à voir avec ça...si c'est le cas, on le découvrira bien assez vite."

O'Connell lui fit par la suite un sourire rassurant. Il se doutait bien qu'elle devait faire un immense effort sur elle pour lui parler ainsi et aborder un sujet aussi fort. En arrivant, il avait vaguement entendu parler d'un poème...Georgia s'apprêtait-elle à faire une déclaration d'amour ? Tout semblait converger en ce sens, même si sa tenue n'était peut-être pas forcément la plus appropriée, surtout par ce temps.

"Avec Rachel, ça a été assez compliqué. Elle a été la première personne avec qui j'ai accroché à l'Institut et avec qui j'ai créé des liens. On a été amis avant d'être plus, mais j'avais depuis déjà quelques temps d'autres sentiments pour elle, que j'arrivais pas à comprendre et à montrer. On s'est mis ensemble le soir du concert des divas, et je dois bien avouer qu'on a mis du temps pour accepter ce qu'on ressentait et faire le premier pas. Je suis pas l'homme le plus fort du monde pour ça, mais j'ai quand même embrassé Rachel en premier.
En fait, je lui ai pas fait la cour et elle non plus. On ressentait peu à peu quelque chose de fort et peu à peu, il y a eu des gestes, des regards, des impressions...ça s'est fait peu à peu, et quand plus aucun ne pouvait tenir, ça s'est fait, tout simplement."

Ken n'avait jamais vraiment pris le temps de se remémorer tout ça, et le faire lui laissa un petit sourire au coin du visage et le regard rêveur. Pendant quelques secondes, il se rappela ses doutes, ses peurs, cette sublime soirée et tout ce qu'il avait vécu depuis...et ça lui plaisait. Il aimait cette fille et il savait qu'ils allaient passer un gros bout de chemin ensemble. Grâce à elle, il était heureux et avait appris à s'accepter - et c'était le plus beau cadeau qu'elle avait pu lui faire.
Cependant, il se souvenait aussi que Georgia était là et qu'elle avait besoin de toi. Il stoppa donc le flux de souvenirs romantiques pour se concentrer sur elle.

"Je pense que le mieux, quand t'es sûr de toi, c'est de coincer la personne, de lui dire ce que tu penses et d'essayer de l'embrasser. Pas avec force, hein, avec douceur et tendresse, bien sûr. Mais faut se lancer, se jeter dans le bain. Sinon, il y aura que des regrets et des remords. La déception et le chagrin partent à un moment...les regrets sont éternels."

O'Connell lui fit un sourire rassurant et gentil. Sincère, surtout.

"T'as pas froid, au fait ?"

Il portait un jeans et un pull, avec en-dessous un t-shirt à manches longues. Malgré la douleur de sa blessure, il enleva son pull beige et le tendit à Georgia, une grimace sur son visage et son t-shirt blanc légèrement tâché à l'endroit de sa blessure. Le sang maculait encore parfois le pansement et traversait lors de lourds efforts.

Bureau d’Adam

Après ce petit voyage par le bureau du directeur en compagnie de la charmante et charmeuse Séréna, Lucas s’empressa de rejoindre ses compagnons du hall. Mina et Georgia s’y trouvaient toujours, ainsi que Ken, qu’il avait croisé avant son ascension des escaliers. Le jeune homme était en train d’énoncer un discours fourni dont Lucas, arrivant en pleine conversation, ne comprit pas grand-chose, n’entendant que la moitié des mots, sans vraiment y prêter attention. Il avait vu le LateX proposer son pull à une Georgia toute dénudée, dévoilant un pansement taché de sang. Lucas ouvrit de grands yeux à cette vue : il est vrai qu’il avait entendu que Ken avait été blessé en mission, par balle, lui semblait-il. Il voulut compatir avec, mais ne savait pas si Ken n’avait pas plutôt envie qu’on ne lui rappelle pas sans cesse sa blessure, sa faiblesse… Il n’avait jamais vraiment eu de relation intime avec des garçons, préférant nettement la présence féminine à son côté, aussi se trouvait-il toujours maladroit avec la gent masculine. Il préféra ne pas aborder le sujet, au cas où Ken le prendrait mal…

Il se tourna donc vers Georgia avec un sourire : il espérait qu’elle veuille bien lui réciter son poème, et lui rappela son envie pressante de l’entendre.

« Me revoilà. Pas très bavarde, la demoiselle. Enfin… Revenons à nos moutons… Nous parlions d’art et de sentiments, si je ne me trompe ? »

Il regarda Georgia avec intérêt, attendant surtout une réponse de sa part…

Bon bon bon, se disait Mina qui était passée au second plan. Je vais les laisser entre eux puisqu'ils semblent m'avoir oubliés. le moment était venu d'aller grignoter quelque chose.

"bon, bin a plus tout le monde!"

cuisine