New-Delhi, entre débris et ambassade

[Bonjour et bienvenue sur AX !]

Tandis que Catherine se recueillait dans les ruines du lieu qui - quelques temps auparavant - servait à guérir le malade et soulager le souffrant, elle remarqua parmi les silhouettes errant aux alentours un homme.


Il n'avait l'air ni triste, ni même troublé et encore moins indien. Il avait plutôt la tête de celui qui cherchait quelque chose. Très grand, plutôt musclé, il fumait une cigarette en examinant les décombres. L'homme échangeait quelques mots rapides avec les badauds présents. C'est donc tout naturellement...

... qu'il vint se planter devant Catherine. D'une voix puissante et grave, il lança :

"Excusez-moi, mais êtes-vous la célèbre médium Nuala O'Finn ?"

L'homme tira à nouveau sur sa cigarette et précisa :

"Je m'appelle Johan. Mon employeur m'a envoyé ici quand il a appris qu'un de ses salariés était mort dans cet... accident. Et il aurait souhaité recourir à vos services, Mademoiselle"

[ Merci, ravie d'être parmi vous ! ]

Cet homme, contrastant totalement avec le décor de désolation et de pauvreté, venait de-ci, de-là, parler avec les personnes présentes sur le site. Mais son visage est totalement inconnu à la jeune fille. Il n'en fallait pas plus pour attiser sa curiosité et le suivre du regard, facile avec un physique pareil. L'homme supplantait facilement les indiens d'une tête ou deux, enfin pour Cath, il semblait louche, et que peut-il bien raconter ? Si il cherche quelque chose ici, il ne trouvera que des gravats et de la poussière à volonté, cette satanée poussière oui, Cath en a avalé au moins une tonne en exagérant beaucoup ( mais vraiment beaucoup ! ), une cure a la poussière et on en crache ses poumons encore fréquemment.

Cath se battait justement avec sa gorge pour contenir une quinte de toux, toujours quand on y pense que ça vient ces choses là. Et une voix forte l'a troubla à la limite de l'étranglement, à peine qu'elle releva la tête et se retrouve nez-à-nez ( à quelques dizaines de centimètre près ) avec l'homme blond. Il lui adressa la parole avec une question simple, mais pourtant un rien déconcertante. Il faut dire, c'est pas un " salut, tu vas bien ? ", " Je suis le représentant français, on va te rapatrier.", voir un " Ho quel jolie hématome sur ton front ".

Cath, un peu hébétée, laissa l'homme tirer sa clope et poursuivre, un certain Johan, il l'a prenais vraiment pour la médium, étrange tout de même. D'accord Nuala est un nom qu'elle à entendu, mais elle ne l'a jamais vue pour autant. Plus étrange encore, c'est cette histoire de salarié, Cath le connait probablement, au moins de vue cette fois. Mais pourquoi utiliser un médium avec un mort ? On nage dans les séries TV américaines ? Bon quoiqu'il en soit, autant éviter tout malentendu pour commencer.

" Désolé monsieur, je suis la fille du docteur Levalle, Catherine. Et je suis loin d'être médium. Je connais juste Nuala de réputation mais de là à savoir à quoi elle ressemble."

Cath en haussa les épaules et détourna les yeux sur les ruines avant que la curiosité reprenne le dessus.

" Le salarié de votre employeur, c'est quoi son nom ? Je le connaissais peut-être..."

Mais elle abaissa le regard avant de finir sa phrase, car elle est sans doute bien qu'involontairement, responsable aussi de cette mort.

"Hum... Elle devrait être là, pourtant" commenta l'homme, un peu agacé.

Puis, il jeta son mégot au sol, avant d'ajouter :

"Je suis navré pour votre père, Mademoiselle Levalle. J'ai lu dans la presse qu'il faisait parti des victimes. Ce doit être horrible. Et sachez que mon employeur compatit à votre malheur et se propose de financer la reconstruction de cet hôpital"

Johan fouilla son pantalon et en sortit un paquet de cigarettes ainsi qu'une photographie. Il s'alluma une nouvelle clope et montra le cliché à la mutante.


"Il s'agissait de cet homme" précisa-t-il, d'une voix neutre.

Catherine l'avait vu. D'ailleurs comment l'oublier ? C'était le seul étranger parmi les malades. Si elle n'avait pas retenu son nom, tout du moins se rappelait-elle qu'il souffrait de diverses brûlures, d'anciennes blessures suspectes mal soignées (comme des impacts de balles) et d'autres plus récentes et très inquiétantes. Visiblement, il avait été poignardé quelques jours avant le tremblement de terre.

Interrogé par son père, elle se souvint qu'il avait expliqué être un touriste qui avait fait une mauvaise rencontre. D'où le coup de couteau. Mais pour le reste, il était resté muet...

Avant que Catherine ne puisse ajouter quoi que ce soit, elle se rendit compte qu'ils étaient observés... Sur un tas de débris se tenait une grande dame rousse.


"Bonjour, vous m'attendiez ? Je suis la médium"

Bien que pour Cath, la reconstruction de l'hôpital ne lui donne aucun sentiment particulier, si ce n'est un léger malaise. Elle n'en oublia pas la politesse et feint la gratitude pour le geste de son employeur. Après tout, s'était l'œuvre de son père ce tas de ruines.

" Merci, mon père aurait apprécié cela, cet endroit représentait tant pour lui. "

Pendant qu'elle parlait, Johan avait sorti une photographie de l'homme qui lui a valu son déplacement. Et en effet, elle le reconnu facilement. C'était le touriste rentré quelques jours avant le séisme. Oui une affaire de coup de couteau dans les bas quartiers, Cath s'en souvient particulièrement bien puisque son père lui avait demandé d'apporter le rapport médical au poste de police. Mais impossible de revenir sur son nom, il était pas bien bavard ce type. Enfin, voila ce qui se passe quand on se balade dans des endroits peu balisé pour les touristes, ça devait pas être la première fois vue l'état de son corps et ses nombreuses cicatrices. Y a pas à dire, oui s'était un bien drôle de touriste.

Cath releva la tête de la photographie et s'apprêtait à acquiescer et parler de ce qu'elle savait sur cet homme, mais une silhouette se dégageait au sommet d'un petit tas de pierre non loin d'eux. Une grande ( facile avec ses talons ) rousse dans un tailleur noir impeccable se présenta comme étant la fameuse médium. Et vue que Johan tirait encore sur sa clope, Cath prit directement la parole.

" Oui, cet homme vous cherchait Miss O'Finn, il aurait besoin de votre aide."

* Mais ça vous le savez surement vue que vous êtes médium..."

Cath restait tout de même plantée là, tant qu'on ne lui disait pas de partir, elle continuerait à écouter, de plus elle n'a rien d autre a faire et cette histoire de médium, d'employeur et d'agression, on se croirait vraiment dans un film.

La rousse s'approcha un peu plus du duo. Un grand sourire sur les lèvres.

"Vous devez être Johan" lança-t-elle d'un air mystérieux.

L'homme opina du chef.

"Je me déplace rarement. Mais... Votre coup de téléphone à mon hôtel m'a intriguée"

Elle regarda tout autour d'elle, comme si elle cherchait quelque chose qui n'était pas visible. Puis elle examina Johan et Catherine.

"Monsieur, vous ne portez pas le deuil. Je dois en conclure que vous n'étiez pas présent lors de la catastrophe. J'aurai donc du mal à accéder à votre requête..." trancha-t-elle d'une voix neutre.

L'homme grommela. Et répliqua :

"Je vous rappelle que mon employeur est prêt à payer 100.000 dollars pour ce travail. C'est de la plus haute importance"

La femme ricana d'un air condescendant.

"Mon pauvre Monsieur, l'argent ne fait pas tout... Surtout en matière d'esprits. Je ne peux rien faire si je n'ai pas l'aide de quelqu'un présent lors du drame"

Elle scruta du coin de l'oeil Catherine.

"Mademoiselle, je compatis à vos souffrances. Vous avez du perdre quelqu'un de très cher. Cela se voit sur votre visage"

La conversation prenait un air surréaliste, non pas qu'elle soit indiscrète ( juste un peu ), Cath écoutait attentivement sans trop y croire. Il faut dire que la somme de 100 000 dollars pour un travail c'est déjà " Whoaaaa " mais si en plus la rousse refuse en lui riant au nez en plus, ça y va fort. C'est là qu'on plongea en plein délire avec une histoire d'esprit. Elle avait peut-être bien des vrais dons de médium alors, en tout cas assez de dons pour valoir les 100 000 billets verts. De moins un chèque.

Cath est bien la seule à trouver tout cela impressionnant, de plus, l'homme a fait tout le voyage pour se voir dire non au dernier moment. L'affaire dépasse de loin la jeune Cath mais malgré tout, quelque chose lui dit de rester. Nuala lui adressa la parole, et lu en Cath comme dans un livre ouvert pour apporter son soutien quant aux événements et à la perte de son père.

* J'espère qu'elle ne va pas lire en moi jusqu'a ce qu'elle découvre que je peux exploser en face d'eux *

" Merci, c'est vrai. J'étais avec mon père dans l'hôpital et on à pas eu la même chance."

Un brin de désespoir teintait sous la voix de la jeune fille, aux antipodes de l'allure contrarié de Johan dont sa requête allait échouer. Ce qu'il fallait au médium s'était une personne ayant assisté à la catastrophe ? Cath en à bien croiser deux ou trois là où elle fut soigner après être sortie des décombres, mais ils sont tous sortis avant elle et peuvent être n'importe où en ville voir dans un autre hôpital. Par contre, elle-même pourrait peut-être faire l'affaire. Ca lui permettra de ce déculpabiliser un peu et de se changer les idées.

" Euhh moi j'étais présente. Je sais pas trop ce que vous allez faire mais si je peux être utile, ce sera plus simple que de chercher quelqu'un d'autre non ? Enfin pas si c'est dangereux non plus euhh... Le médecin m'a dit d'éviter tout geste brusque pendant un petit temps. "

D'accord sur le dernier point elle ment, mais Cath ne tient pas à prendre le moindre risque non plus, si on découvre qu'elle est une de ces mutants dangereux ça craint.

Nuala eut un nouveau sourire à l'attention de Catherine.

"Voilà qui est intéressant. Cela pourrait-il vous convenir M. Johan ?"

L'homme ne cilla pas. Et prit quelques instants pour préparer sa réponse qu'il donna sur un ton neutre :

"Mon employeur est indifférent quant aux moyens à employer pour atteindre son objectif. Comme vous pourrez le voir par vous-même, il est actuellement en face d'autres problématiques. Si cette jeune fille est nécessaire à l'exercice de votre don, ainsi soit-il. Et comme je le rappelais : l'argent n'est pas un problème. Vraiment pas"

La médium opina machinalement du chef et reporta son attention sur la mutante.

"Non ce n'est pas physiquement dangereux. En revanche, mentalement, cela ouvre de toutes nouvelles perspectives... Et les contacts avec l'au-delà sont... Généralement déstabilisants pour les non-initiés"

Elle conclut d'une voix claire :

"Nous pourrons procéder ce soir à mon hôtel"

Ce fut au tour de Johan de ricaner.

"Vous savez... Si mon employeur est prêt à mettre autant d'argent dans cette aventure, il attend tout de même que vous veniez à lui. Je suis chargé de vous ramener à sa résidence privée pas loin de New York. Une fois ceci fait, nous vous paierons en supplément ce qui sera nécessaire pour rallier la destination de votre choix..."

Nuala n'émit aucune objection. Et se retourna vers Catherine pour voir s'il en était de même pour la jeune femme.

Mais qu'elle idée de ce porter volontaire là-dedans ? Encore une histoire invraisemblabe en perspective. Si on avait dit à Cath qu'en l'espace d'un mois elle allait vivre un séisme, perdre son père, passer deux jours sous les décombres et découvrir qu'elle est genre une mutante comme dans les infos, ce serait la première à prendre celui qui lui dirait tout ça pour le dernier des cons. Alors maintenant si on rajoute le monde des esprits, pourquoi pas après tout.

Heureusement la séance ne se déroule pas dans l'immédiat, ça laissera le temps à Cath de retourner à l'hotel essayer de prendre une connexion internet et se renseigner un peu sur les pratiques. Il y aura bien des tas de pages google avec la recherche Nuala O'finn, sinon comment on pourrait l'a contacter pour 100 000 dollars ?

* 100 000 dollars et un aller pour New-York en plus. Où l'argent et les moyens de le dépenser en une semaine. Mais c'est le descendant de Bill Gates son employeur ou quoi ?*

Mais perdue dans ses pensées vénales situées dans les boutiques New-Yorkaise, Cath en oublia presque de répondre alors qu'on attendait ça confirmation.

" Oui, oui d'accord ! Pas de problème pour ce soir alors. Envoyez-moi un taxi à l'hotel en face de l'ambassade de France en soirée."

Si l'argent n'est vraiment pas son problème autant en profiter pour éviter la marche à pied ou les transports bombés de la capitale.

Avec la réponse de Catherine, l'affaire était entendue ! Johan irait chercher dans la soirée la mutante à son hôtel puis, en compagnie de la médium, ils s'envoleraient dès que possible dans le jet privé de son mystérieux employeur, en direction des États-Unis.

*
**

De retour à son hôtel, la mutante put, en plus de préparer ses affaires, se renseigner via la connexion internet de sa chambre sur la médium.

Il n'y avait pas à dire, Mademoiselle Nuala O'Finn était discrète ! En fait, la mutante trouva en tout et pour tout deux articles...

Le premier avait été publié quelques mois auparavant dans une revue de spiritisme, "L'œil du temple d'or" et ne tarissait pas de louanges sur les pouvoirs paranormaux de la médium. Le discours était néanmoins flou et les propos relativement décousus : la publication s'adressait, en effet, à un public d'initiés.

L'autre article provenait d'un quotidien d'informations généraliste irlandais. C'était plus un entrefilet qu'autre chose, faisant le compte rendu d'une démonstration de spiritisme accomplie par Mademoiselle O'Finn l'année dernière à Dublin. Le journaliste, quoi que sceptique, insistait bien sur le caractère tout à fait incroyable de ce qu'il avait vu. En effet, il mentionnait l'entretien qu'il avait pu avoir avec son grand-oncle défunt à l'occasion de cette performance. S'il suspectait une quelconque astuce, tout du moins s'admettait-il avoir été particulièrement impressionné par la médium.

*
**

Quelqu'un toqua à la porte de la chambre de Catherine. Il était un peu tôt pour que ce soit Johan. Alors ?

Cath ne passa pas beaucoup de temps à surfer sur le net, ses recherches sur la medium n'ont pas été vraiment convaincantes, deux maigres articles assez évasifs et même pas un seul réseau social la mentionnant. C'est peu, il faut bien l'avouer. La jeune fille entreprît alors de boucler ses valises... Sauf que sa prit encore moins de temps, vue que toutes ses affaires sont encore sous quelques tonnes de gravats, l'ambassade et l'hôpital lui ont fourni quelques biens élémentaires ainsi qu'un peu d'argent de poche en attendant les trois jours de son rapatriement.

Que faire alors ? La question ne se pose évidement pas, sur le reste de la journée, Cath est partie faire les marchés dépenser cet argent inutilisable dans tout autres pays. En un rien de temps, Cath se refit une garde-robe digne de son égo. Que de la marque, le tout en contrefaçon, on noie sa tristesse comme on peut après tout. Ensuite elle repassa encore une fois à l'ambassade prévenir qu'elle retournerait par ses propres moyens et tant pis pour leurs paperasses.

En une après-midi, la jeune fille en oublia presque ses explosions intempestives au moindre chocs et pour la première fois normalement depuis le jour du séisme. Même les histoires d'esprits se sont envolées jusqu'au soir.

De retour dans sa chambre en tout début de soirée, Cath savait très bien que le plus dur allait venir. Coincer tout ses vêtements dans une seule valise... Exploit réussi au bout d'innombrables efforts et de problèmes de physique de l'espace résolus. Hélas pas le temps de souffler que quelqu'un frappait à la porte. Cath regarda l'horloge coincée dans un recoin de la chambre pour trouver cela étrange. Johan est là bien en avance. Enfin rien d'étonnant ce dit-elle, avec les aéroports et tout, les heures fixes sont difficiles à tenir, le vol doit avoir de l'avance.

" C'est bon, j'arrive ! "

Juste le temps de trainer sa valise jusqu'a la porte, et Cath ouvrit la porte.

Nuala O'Finn se tenait sur le seuil. Toujours habillée impeccablement de sa robe noire et de ses talons hauts, la femme entra avant que la mutante n'ait le temps de l'inviter à le faire.

Elle fit quelques pas dans la pièce puis se retourna pour faire face à la jeune fille.

"Vous voilà prête pour un grand voyage !" lança la médium, l'air de rien.

Elle considéra un instant Catherine, avant d'ajouter :

"Croyez-vous dans les forces de l'esprit, Mademoiselle ?"

Une petite pause fut marquée pendant laquelle la rousse eut l'air de méditer une quelconque pensée.

"Johan nous attend en bas. Il semble plus pressé que prévu. Il a simplement dit que son employeur ne pouvait attendre... Je lui ai dit de patienter dans le véhicule. Car je voulais que nous ayons l'occasion d'échanger... en privé"

Elle fit un clin d'oeil. Avant de terminer :

"Êtes-vous courageuse, Mademoiselle ? Car c'est dans une drôle d'aventure que vous venez de vous embarquer... J'aurai eu mauvaise conscience de vous laisser partir en Amérique, sans vous avoir prévenu..."

A sa grande surprise, ce n'était pas Johan qui était planté derrière la porte mais Miss Nuala. Le plan de la soirée avait donc changé. Et il ne faudra pas compter sur les bras de Johan pour descendre cette satanée valise d'une tonne.

Nuala prit ensuite Cath de court avec une question pas évidente. Peut-on croire aux esprits ? Il faut dire qu'elle n'y avait jamais pensé auparavant. Il y a 24h ce serait un non catégorique, ces trucs zarbs n'existe que dans les séries Z. Mais il faut sacrément y croire pour débourser 100 000 dollars à l'autre bout du monde. Donc la réponse de Cath fut plutôt confuse.

" Euhhhh oui, quoique non, je sais pas trop quoi penser enfaite.

Un rien mal à l'aise, il faut dire que la présence de la rousse était assez impressionnante. Un mélange entre un psy et une nonne peut-être, sur que ça donne un médium ce genre de cocktail. Enfin c'est sympa de discuter sans le cerbère de service un peu. C'est vrai que Cath n'a pas vraiment réfléchi avant de s'engager dans ce délire. Mais elle ne fait jamais marche arrière.

" Courageuse ? Peut-être, je ferais n'importe quoi pour quitter cette ville, pour moi elle symbolise l'enfer à présent. Et je sais pas pourquoi mais je me sens un peu responsable de la catastrophe, alors je veux aider si j'en suis capable."

Et puis qui ne voudrait pas connaître le fin mot de cette histoire louche. Cath va justement profiter du vol pour les assailler de questions...

"Très bien... Si telle est votre volonté" trancha la médium d'une voix mystérieuse.

Un coup de klaxon se fit entendre dans la rue. La rousse sourit légèrement :

"Votre volontarisme fait chaud au cœur. Allons-y. Johan n'est pas homme à patienter"


Nuala et Catherine, armée de sa lourde valise, rejoignirent dans la rue l'homme de main, à bord d'une grosse voiture noire.

Ils se dirigèrent ensuite vers l'aéroport où sur une petite piste les attendait un jet privé.


En montant dedans, Catherine remarqua le symbole qui figurait sur le fuselage de l'appareil. Une bien étrange pyramide...

Le jet était confortable. C'était même le grand luxe. Digne des appareils des chefs d'état ou des capitaines d'industrie. Bref, quelque chose de complétement inespéré...

A peine furent-ils installés que l'appareil s'envola dans les airs... Un long voyage les attendait. Un bien long voyage.

Johan semblait plus détendu. Il entreprit même de sourire. S'en expliquant, il dit :

"Mon employeur en temps normal ne supporte pas l'échec. Alors imaginez sa patience quand les circonstances sont exceptionnelles..."

Une fois dans la voiture, Catherine laissa son regard planer sur la ville. Un petit pincement au cœur mais aussi beaucoup de soulagement de quitter ce lieu de malheur, difficile de se remémorer en effet les moments joyeux dans tous ses malheurs. Aurait-elle du dire aux autorités que l'éboulement était en partie de sa faute ? Non, elle en a déjà payé le prix assez chère, et de toute façon, cela n'aurait rien changé. La réalité est la, l'hôpital est en ruines et les victimes repose en paix. Sauf peut-être une ou deux que mademoiselle O'finn va déranger.

Une fois à l'aéroport, pas question de prendre un des vols prévus, mais sur une piste un peu plus éloigné, un jet les attendaient fièrement. Le logo décorant l'avion ne lui disait rien du tout. Etait-ce le logo de l'employeur ou simplement de la société de transport prêtant le jet ? Aucune idée mais au premier abord, on en croirait presque celui d'une secte religieuse. D'où les histoires d'esprit ? Peut-être mais elle gardera ses question pour après le décollage. Ce qu'elle voulait avant tout, c'est dire au revoir à New-Delhi.

L’intérieur de l'avion ressemblait presque à un hôtel quatre étoile tellement le luxe est présent. Ce serait même pas étonnant de voir une hôtesse avec une bouteille de champagne et des cigares dans les tiroirs prêts des sièges. Tout pour se détendre même si les cigares et le champagne attendront sa majorité. Johan aussi se montrait un peu moins pressé qu'a son habitude, avec son patron qui ne supporte pas l'échec, de quoi mettre la pression sur les épaules de la jeune fille. Le moment était donc bien choisi pour ce mettre en mode chiante...euhh non en mode question.

" Hi monsieur Johan, maintenant qu'on a embarquer, vous pouvez me dire ce qu'on va faire ? Pourquoi on fait tout ça et surtout pour qui on travail ? C'est qui ce mystérieux employeur ? Le FBI ? CIA ? Services secret ? Les illuminés de la lune en pyramide ? Les martiens ? Les templiers ? Mon prof de math ? "

Postée face à l'homme imposant, et le regardant avec des grands yeux remplis d'innocence, Cath espérait bien recevoir quelques informations sur toute cette histoire...

"Rien de tout cela, Mademoiselle" répliqua Johan d'un ton égal. "Mon employeur est très riche comme vous avez du le comprendre. Même s'il préfère la discrétion, certaines circonstances impérieuses l'ont amené à recourir à vos services Mesdemoiselles. Pour ne plus ménager le suspens plus longtemps, il s'agit de Monsieur Cornelius van Damme, principal actionnaire de la Société Pyramid. Vous voyagez à bord de son jet privé"

Nuala ne cilla pas. Si elle était étonnée, tout du moins, elle dissimulait son émoi avec brio.

"Monsieur van Damme a besoin que vous organisiez une séance de spiritisme d'un genre un peu particulier. Le prix offert devrait vous motiver, Mademoiselle O'Finn. Mais, ce que nous vous demandons d'accomplir n'est pas seulement de rentrer en communication avec l'esprit de son salarié mais bel et bien de pouvoir le rencontrer..."

Là, la médium manqua de s'étrangler. Une lueur de panique apparut dans ses yeux qui pourtant étaient, l'instant d'avant, absolument impassibles.

"Ne vous inquiétez pas, un homme de la fortune de Monsieur van Damme dispose de moyens dont vous pouvez à peine rêver. Tout sera mis à votre disposition pour que vous puissiez lui fournir la réponse à la question ultime : qu'est ce qu'il y a après la mort ?"

Johan ricana. Visiblement, sa petite révélation et la réaction de la médium l'amusaient au plus haut point. A chacun ses mystères...

[ désolé, oublié de prévenir d'une petite absence plus longue que prévue ]

Le nom de ce mystérieux employeur révéler, Cath ne su que dire. Et pour cause, ce nom ne lui disait absolument rien, de même que la société Pyramid. Il faut dire qu'elle ne lisait que rarement les presses spécialisées de ce domaine. Tout au plus, elle se souvenait d'histoires belge avec un nom pareil, mais new-York c'est pas voisin avec Bruxelles donc il ne devait pas y avoir beaucoup de rapport. Johan semblait tester les réactions de Nuala, en prenant un malin plaisir.

Pourtant impassible jusque la, la médium failli s'étrangler en apprenant le but de sa venue. Rencontrer un esprit ? Difficile à suivre pour Cath qui ne voyait pas la différence entre communiquer et rencontrer. Si ce n'est quelques films d'horreurs du cinéma genre "paranormal activity 16". Un petit frisson parcourra d'ailleurs son corps tout entier. Les derniers mots de Johan attirèrent pourtant la jeune fille. "Qu'est ce qu'il y a après la mort ?"

Catherine se retourna vers Nuala, toute paniquée semble-t-il. Pas dans l'idée de la réconforter, mais justement d'aller dans le sens de Johan.

" Oui, il y à quoi après la mort madame ? Tout les gens mort sous les décombres, ils sont dans une sorte de paradis ? "

Tout le monde s'est déjà posé ce genre de question. ais personne n'a un médium à porter de main après tout. Les morts nous observent-ils ? Est-ce que le père de Catherine peut-il être encore présent quelque part, repose-t-il en paix ? Sans que la jeune fille ne puisse lui dire un adieu et des excuses ? Haaaa des tonnes de questions arrivent dans la tête de Catherine en même temps, presque à en devenir folle. Elle se secoua la tête pour faire le vide, puis regarda nuala avec ses grands yeux innocents, attendant une réponse aussi.

Nuala prit un air pincé. Elle ouvrit la bouche, puis se ravisa. Enfin, son visage reprit une expression normale. Et c'est sur un ton mystérieux qu'elle se contenta de commenter :

"Je vois que M. van Damme croit également dans les forces de l'esprit..."

Le sujet n'alla pas plus loin. Et c'est dans un silence royal que le reste du voyage s'accomplit.


Une limousine les attendait à l'aéroport de New-York. Catherine n'étant pas versée dans la géographie du coin, elle ne sut pas vraiment où ils allaient... Néanmoins le paysage se fit finalement moins urbain, plus résidentiel. C'était sur : leur destination se trouvait dans un coin plutôt sympathique, du genre de ceux qui étaient inaccessibles au commun des mortels.


Quand le véhicule prit la petite route longeant le mur d'une propriété, elle ralentit sensiblement...

Arrivé devant les grilles d'une propriété, le véhicule s'arrêta, le temps que les gens présents dans le poste de sécurité actionnent les portes automatiques.

Au fur et à mesure que Catherine découvrait la résidence de M. van Damme, elle se rendait bien compte que ce dernier était immensément riche et ne lésinait pas sur les moyens pour assurer sa propre sécurité.


Johan invita les deux femmes à descendre et à le suivre à l'intérieur d'un "petit" bâtiment. La propriété était bien plus vaste mais ce serait ici qu'elles pourraient rencontrer le Maître des lieux. Les hommes en arme saluèrent Johan et laissèrent entrer le trio.

A l'intérieur, tout était luxueux. C'était même une débauche de moyens et de belles choses.

Ne prêtant pas attention à ces choses là, Johan conduisit les deux femmes dans une petite chambre qui contenait un lit sur lequel était allongé un vieillard, ainsi que divers appareils médicaux. Rien que dans la maison, Catherine avait compté pas moins de 10 gardes.


Apercevant le trio, l'homme tourna la tête péniblement vers Catherine et Nuala et dit d'une voix faible :

"Le centre s'écroule et tout se décompose"

Puis, anticipant la perplexité de ses invitées, il ajouta :

"Je sens l'incompréhension. C'est une sensation... étrange. Mais, vous connaissez la raison de votre présence. Je... Je veux savoir"

Il avala sa salive péniblement. Johan poursuivit à sa place :

"M. van Damme est mourant. Son médecin personnel ne peut plus que le maintenir en vie. Mon employeur souhaiterait, tout simplement, Mademoiselle O'Finn que vous l'aidiez à découvrir le grand mystère. Pas par vos habituels tours de passe-passe, mais d'une façon tout à fait concrête..."

Nuala eut l'air indignée mais van Damme la fit taire d'un seul regard noir. Puis, regardant Catherine, il lança :

"Nous allons procéder. Tout de suite. Du moins dès que mon assistante sera arrivée. Je l'ai faite appeler. De quoi avez vous besoin Mademoiselle O'Finn ?"

La médium, tentant de se remettre de ses émotions, exposa :

"J'ai besoin que Mademoiselle Levalle m'indique les dernières choses dont elle se souvient. Et que chacun se mette à l'aise. Dans la position, la tenue et l'état d'esprit qui assureront la meilleure réceptivité de tous... Mais..."

Le vieux Cornelius eut un rictus pervers et mystérieux :

"Je m'occuperai du reste"

Le restant du vol laissa un gout de trop peu pour Catherine. Finalement, elle n'aura eu aucune réponse, ça valait le coup de se poser mille questions sordides dans sa tête. Elle avait bien remarqué pour la première fois, un air assez décontenancé chez la médium, ce qui présageait donc bon nombre de surprises encore dans ce périlleux voyage.

* Dans quoi je me suis encore foutue moi....*

...

Dés la sortie du jet, à l'aéroport de New-York, pas le temps de visiter ou de prendre une photo. Le luxe ne les quittait pas et c'est à bord d'une limousine que le voyage se poursuivait. Les gens se retournent dans les rues en apercevant une telle voiture, croyant reconnaitre l'une ou l'autre star du moment à travers les vitres teintées. Cath s'amusait bien de cette situation mais les grandes rues laissèrent place à un quartier résidentiel, voir même un quartier fréquenté que par des riches plein aux as. Cela lui rappelait un peu sa villa dans la banlieue de Nice, mais elle déchanta directement quand la voiture passa une sorte de contrôle de sécurité. Plus tous ces gens armés de la tête au pied, plus rien à voir. L'argent en fait des choses, et ce n'était pas pour rassurer la jeune fille.

* Tain, c'est le baron de la drogue ou quoi ? J'ai pas intérêt à exploser même du doigt de pied là *

La démesure du pavillon où ils sont rentrés et égal au reste. Tout n'est que luxe même pas caché. Si Mr VanDamme est un jeune héritier beau et célibataire, c'est un bon partie à coup sur ce dit la jeune fille. Mais les rêve de fortune tout frais payé s'envolent quand elle fut présentée à un vieil homme mourant. C'est donc pour lui qu'on se retrouve à l'autre bout du globe. Je comprends pourquoi toute cette précipitation maintenant, il peut clamser du jour au lendemain le petit père. Pas étonnant qu'il veuille savoir où il ira une fois l'arme à gauche. D'ailleurs il a raison de ce dépêcher car ses premiers mots demeurent incompréhensible pour Cath, peut-être une expression ricaine.

En tout cas, cette ambiance met de plus en plus mal à l'aise la jeune fille. Elle n'est pas la seule car Nuala aussi à l'air de perdre pied. Ce petit vieux est effrayant, d'un regard il sait ce faire respecter. Maintenant Cath maudissait le monde intérieurement pour que l'assistante ai un accident providentiel qu'on reporte tout et qu'elle s'enfuie en hurlant dés que les gardes seront en pause. Bien sur ça ne se passera pas comme ça. Allez du courage.

" Moi je suis prête, c'est pas le genre d'événement qu'on oublie facilement de toute manière "

* Une maison à détruire ? Un éboulement de villa ? Contactez Catherine Levalle sur www .jedetruistout .com *

Catherine communiqua donc les derniers événements dont elle se souvenait à la médium. Johan avait l'air mal à l'aise et M. van Damme paraissait toujours aussi souffrant, sa respiration se faisant haletante par moment, comme le souffle diabolique d'une créature qui ne veut, décidément, pas rendre l'âme.


Finalement, l'assistante en question arriva. C'était une jeune femme distinguée à l'air renfrognée que M. van Damme présenta brièvement comme étant Ève, l'une de ses nombreuses avocates.

Au bout de quelques minutes, tout le monde était assis autour du lit, sur des coussins provenant d'autres pièces.

Nuala était en tailleur, les yeux fermés, juste à côté de M. van Damme.

Johan quant à lui était de l'autre côté du lit, l'air peu rassuré, serrant un révolver dans ses mains.

Ève était la plus proche de Catherine. La jeune avocate avait retiré ses escarpins et semblait être, également, dans un état de concentration et de nervosité intense.

Soudain, tout le monde parut plus détendu. La mutante, elle-même, ressentit une profonde vague de bien être. Comme si le monde avait paru, en cet instant précis, un endroit plus formidable qu'il ne l'était.

"Mademoiselle O'Finn, Ève, veuillez procéder !" ordonna Cornelius van Damme de sa voix qui faisait qu'on ne pouvait rien lui refuser.

La médium jeta un dernier coup d'œil aux personnes l'entourant. S'arrêtant plus particulièrement sur Ève qu'elle considérait avec méfiance. Et puis...


Ce fut soudain un flash de lumière blanche qui vint frapper le regard de Catherine. Complètement aveuglée, elle se sentit projetée dans un ailleurs. Hors de toute notion de temps ou d'espace. Au-delà de la sensation de son corps qu'elle n'avait plus. Et une voix retentissait dans sa tête encore et encore, frappait ses oreilles qui n'entendaient plus : "Rien ne sert de paniquer. Seule la peur est à craindre".

Elle aurait pu jurer qu'il s'agissait de la voix du vieillard !


Quand, Catherine recouvrit la vue et ses autres sens, elle était ailleurs. Dans le couloir froid et humide d'un hôpital mal éclairé. Était-ce celui de son père ? Non ! Il n'existait plus...

Il flottait comme un air d'irréel dans cet endroit. Comme si quelque chose, quelqu'un, n'était pas à sa place. Comme si ce qui s'offrait aux yeux de Catherine n'aurait jamais du exister...

A ses côtés, Ève, tremblante, déchaussée et perdue qui marmonnait :

"Ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible..."

Et devant les deux jeunes femmes, une silhouette féminine s'éloignait à pas lents vers le fond du couloir...

[ sorry pour la musique, mon bien-aimé pays ne l'autorise pas ^^ ]

Légèrement mal à l'aise tout en se serrant les poings, Cath raconta tout ce dont elle se souvenait des événements de la catastrophe. De la première secousse jusqu'au bloc de pierre la percutant pour finir par un trou noir sous les décombres de l'hôpital. Tous les détails ? Non il manquait tout de même la partie plus explosive dont elle en est la source. Le bâtiment ce serait-il écroulé si il n'avait pas subit plusieurs explosions ? Nul ne le saura jamais...

Entre-temps l'assistante, miss Eve, était arrivée. La séance pouvait dés lors commencer. Chacun a ça façon d'appréhender cette rencontre du 4ème type ( le 3ème type étant toujours copyrighté ). Cath, elle s'inquiétait surtout de savoir si ne pas avoir tout révéler aura une quelconque incidence sur le déroulement. Le trip si elle se voit jugée par un tribunal d'esprit au moment où elle fermera les yeux.

Mais soudain, bizarrement, toutes ses craintes se dissipèrent. L'assemblée se trouva dans un état de béatitude " peace and love ", tout le monde il est beau et rien ne peut troubler la paix intérieure du corps et de l'esprit. Seule la voix de macchabée venait troubler cet état pour donner le signal du début de la séance.

...

Sans prévenir, un flash aveugle la jeune fille. Même en mettant ses mains prés de ses yeux le flash persistait. Puis elle se sentit voler, non propulser même. Comme dans un de ces grand huit de parc d'attraction mais en puissance 1000. Ce sentiment étrange dura aussi bien un instant que des heures, Cath ne saurait le dire mais elle n'hurla pas comme au parc. Non, une voix dans sa tête l'en empêchait.

* Paniquer ? La peur est à craindre ? Mais je flippe totalement là !!! *

...

Une fois de retour sur terre, ou dans une autre galaxie lointaine qui sait. Cath ouvrit avec difficulté les yeux encore éblouis du flash. Ses sens reprenant peu à peu le dessus, elle reconnu un couloir à tous les coups celui d'un hôpital mais impossible de dire si elle l'a déjà vue ou non auparavant. Non, les deux seuls qu'elle à vue sont ceux de Nice où le luxe ne ressemble pas du tout à ça et celui de New-Delhi, et pour ce qui en reste...

Par contre un frisson de peur l'a traversée de tout son corps. Un couloir étroit et sombre ainsi... Rien n'est fait pour la rassurer quand on sait qu'elle a survécue sous des décombres deux jours, ce genre de situation peut vite céder à la panique. Heureusement que la présence d'Eve, bien qu'elle aussi perdue, apaise assez Cath pour ne pas flancher.

Devant les deux jeunes femmes, une silhouette féminine avançait dans le couloir, droit vers la lumière.

" Euhhh Miss Eve... On devrait la suivre non ? "

Prenant sur elle, Cath fit les premiers pas en direction du fond du couloir, mais son assurance est trahie par ses jambes tremblotantes. Elle se répétait la phrase du vieux a mi-voix pour se donner du courage.

" J'ai pas peur et je panique pas. J'ai pas peur et je panique pas. J'ai pas peur et je panique pas... "

* Bordel j'ai la trouille, où je suis ? *

Ève était terrorisée. Elle agrippa le bras de Catherine :

"Je ne la SENS pas. Ce n'est pas possible. Ce n'est VRAIMENT pas possible"

Quand la mutante se mit à avancer en direction de l'apparition, Ève la suivit, deux pas en arrière...

Mais l'apparition continuait à avancer, vers le fond du couloir...

Arrivées finalement devant une porte, tout au bout du corridor, Ève et Catherine la franchirent.

Il s'agissait d'une petite pièce. Très sombre. Humide. La température était beaucoup plus basse qu'ailleurs. Et quelque chose était tapi là. Quelque chose...

"Ce n'est pas humain" trancha Ève, d'une voix rapide et apeurée.


En tournant le regard vers la gauche, Catherine vit... L'apparition ! Fantomatique, indistincte, vacillante... Ève la vit et poussa un cri de terreur avant de tourner de l'oeil et de tomber violemment au sol.

[ désolé de mettre un peu de temps, des semaines pas faciles en stages et en transports ]

Cath, pourtant si sure d'elle commençait aussi à flipper, après tout la panique est contagieuse et Eve tremblotante l'avais agrippé par le bras, encore un peu plus fort et elle frôla l'explosion, mais tout cela est-il bien la réalité, est-ce possible ? En tout cas si c'est du faux, c'est bien imité et pas besoin des lunettes 3D à rendre à la sortie pour avoir sacrément les pétoches.

" Tu ne la sens pas ? Mais qu'est ce que tu sens pas bordel ?"

C'est pas bien de s'énerver, perdre son calme et paniquer mais c'est bien la seule manière de pas devenir dingue. Chaque pas fait vers la silhouette est une victoire sur la peur. Arrivée à la fin du couloir, une porte grinçante devenait le dernier rempart entre les deux jeunes femmes et l'inconnu. Après avoir regardé dans les yeux Eve qui bredouillait encore d'une voix apeurée à laquelle Cath ne répondit pas. Elles pénétrèrent ensemble dans la pièce. L'ambiance de celle-ci était à glacer le sang. Un long frisson désagréable parcourra même son corps.

La jeune mutante parcourait la pièce du regard, ces yeux ayant du mal à s'habituer à l'obscurité. Etrangement toute cette ambiance lui rappelait le jour de la catastrophe en Inde... Le jour et les deux qui ont suivi ensuite. Cette obscurité, et ce lieu qui semble rétrécir à vue d'œil. Sa respiration devenait de plus en plus saccadée et malgré le froid ambiant, elle avait de plus en plus chaud, presque de la sueur.

Elle remarqua ensuite un mouvement sur sa gauche, le temps de tourner la tête dans sa direction pour tomber nez-à-nez avec une forme indistincte mais pourtant en quelque sorte humaine, un visage immatériel. Suivi deux seconde après par un boom.

" Merde encore une explosion, c'est dingue...trop dingue..."

Non c'était juste le bruit de la chute d'Eve, dans les pommes suite à cette vision inquiétante. Scotchée sur place, comme paralysée, Cath ne s'attarda même pas sur le cas d'Eve, ce qui se passe devant elle est d'autant plus captivant mais surtout flippant qu'elle ne saurait s'en détourner des yeux. D'une voix timide et pour pas un sou assurée s'adressa un peu dans le vide.

" Nuala ? Nuala vous êtes là ?

Puis en s'adressant à cette étrange manifestation fantomatique, prenant son courage à deux mains pour soutenir un peu le ton, malgré le fait qu'elle ne semble pas remarquer leur existence. Un truc dingue, entrer en conversation avec une sorte d'esprit.

" Qu...Qu'êtes vous ? Un esprit ? Vous me comprenez ? Or do you speak French ?

[No soucy ! Bon jeu ! ]

Un long moment de silence glaçant se passa avant que l'apparition ne réponde d'une voix presque chuchotée :

"Non pas Nuala. "a". Je suis "a", l'objet de ton désir. L'objet de tout désir. Le signifiant manquant à la chaîne de tes envies"

Elle mit un doigt devant ses lèvres vacillantes.

"Certaines choses ne seront jamais oubliées. D'autres ne seront jamais sues. Il est des vérités qu'il n'est pas bon de connaître"

La respiration de Ève aux pieds de Catherine se faisait régulière. Comme si la jeune femme était plongée dans un profond sommeil.

"Il est utile de bien choisir ses compagnons de route. Certains sont mauvais. D'autres seulement perdus sur le chemin de la Vérité. Les tiens ne font pas exception à ces catégories"

L'apparition tourna son visage vers celui de Catherine. C'était si étrange. Être en tête à tête avec un esprit. Ce dernier sourit. D'une manière grinçante.

"Je suis ta fée clochette. Ton lapin blanc. Tu devras passer par les flammes de l'enfer si tu veux rejoindre l'antichambre de Swedenborg... Là, il te faudra choisir : la connaissance ou le retour à ton ancienne vie. C'est le seul passage..."

Elle posa sa main sur le mur. Celui-ci s'ouvrit en deux pans, comme par magie, laissant apparaître un couloir plongé entièrement dans les ténèbres. Néanmoins, une vive lueur était visible tout au bout du corridor... Et cette sensation pesante qu'il faisait soudain plus chaud était fort désagréable.

"Voici la Voie. La Vérité, tu la trouveras en chemin. Et la Vie... Ce sera pour plus tard"

L'apparition s'estompa et Ève reprit conscience.

"Bordel c'était quoi ?" maugréa cette dernière.

L'apparition de la mort désincarnée face à la jeune fille achevait la scène de désolation obscure de cette pièce. Un instant mystique impossible à décrire au commun des mortels extérieurs à ces pratiques sous peine d'être irrémédiablement prise pour folle. Alors là est la question, comment expliquer à Eve, revenue à elle peu après la disparition de l'apparition ( vive le paradoxe ), ce qui vient de se passer à l'instant ? Si l'adulte était sa meilleure amie, pas de doute que chaque détails y serait passé mais ce n'est pas le cas. Non, Eve est une parfaite inconnue et l'apparition l'a bien mise en garde sur son entourage et le choix de ses compagnons.

" Je ne sais pas, j'ai parlé avec la fée clochette, en fait elle se nomme "a" et elle est bien plus grande que je le croyais et puis..."

Cath marque un point d'arrêt. Scrutant le couloir plongé dans les ténèbres dont juste l'extrémité lointaine semblait offrir une lumière douce et mystérieuse. La peur parcourait les guibolles tremblotantes de la jeune fille mais celle-ci s'aventure tout de même de deux pas sur ce long chemin avant de se retourner vers Eve.

" Je dois suivre le lapin blanc, j'ignore pourquoi tout est floue mais il faut que je le fasse. Vous feriez mieux de rester ici mademoiselle Eve, la quête de la vérité est un long chemin dangereux et semé d'embuche, restez ici et tout redeviendra normal. Moi je dois savoir..."

Et sans attendre plus longtemps, Catherine continue d'avancer pas à pas. Comment une jeune fille au bord de la peur et de la folie a-t-elle pu sortir une tirade si censée en pareil moment ? Ne cherchez pas trop loin, c'est parfois au bord du gouffre qu'on relativise et qu'on retrouve son calme. A moins qu'il s'agisse juste d'un bluff rassurant alors qu'elle n'a jamais tant flippée de sa vie qu'elle en devient philosophe ? Peut-être, quoi qu'il en soit, c'est en prenant son courage à deux mains qu'elle s'aventure aux frontières du réel...