[X-Rays 4.7]Mode jeu : Jeleznogorsk, la centrale atomique

Il avait fallu une semaine à Adam pour finaliser les quelques papiers nécessaires au voyage de ses élèves jusqu'en Sibérie, dans un trou perdu au nom imprononçable, mais ils étaient maintenant bel et bien partis. Par les lignes commerciales jusqu'à un aéroport qui semblait avoir une piste trop courte, puis par un engin étrange posé sur rail qu'Adam appela un train.

Arrivés sur place après un voyage un peu tape-cul, les élèves constatèrent avec déplaisir que là où le printemps était de retour à l'Institut, Adam les avait semble-t-il condamnés à un hiver éternel... Ceci expliquait toutefois pourquoi il avait pris des vêtements très chauds, et chaussé des moon-boots, et leur avait conseillé d'en faire tout autant.

La ville était un exemple type de ce qu'était l'architecture soviétique... Du style classique qui pourrait être joli, au milieu de la neige, mais des lignes droites, des rues larges, ruinaient un peu la cohérence. D'autant que la ville était déserte, et semblait abandonnée. Il y avait tout de même, sur place, un minibus, à la disposition de la petite équipe.

Pendant tout le voyage, Adam avait raconté rapidement l'histoire de la ville : l'expansion du nucléaire en Russie, la guerre froide, et cette ville qui avait été fondée et maintenue secrète, avec son usine de production de plutonium qui servait à fabriquer des bombes atomiques.

D'ailleurs, c'est à cet endroit même qu'ils se rendaient, prenant une large route rectiligne traversant la forêt enneigée. Là, étrangement, ils croisèrent un petit camion qui roulait à vive allure sur la neige. Adam tourna un instant la tête, surpris, puis continua à rouler. Au loin, on pouvait apercevoir la centrale, ainsi que son portail d'entrée. Il y eut alors un flash lumineux provenant du portail, qui fit sursauter tout le monde, puis une explosion sur la route juste devant eux. Adam perdit alors le contrôle de la voiture, qui termina dans une congère sur le bord de la route.

"Pas de blessés ?"

Fort heureusement, il n'y avait pas de bobos, mais Adam semblait prodigieusement agacé. Pour une fois qu'il avait des vacances...

"Et voilà qu'on nous tire dessus à coups de canon ! J'en ai marre de ces conneries ! Mais il est temps que les X-Rays reprennent les choses en main ! On continue à pied, et on va tirer cette affaire au clair. Je n'aime pas du tout l'idée que des gens qui canardent avec la grosse Bertha soient dans une centrale qui fuit. Parce que d'ici à ce qu'ils l'aient rallumée..."

Il montra la forêt, puis ordonna.

"On passe à couvert. Anna, tu ouvres le chemin. Trouve ce qu'ils veulent, et ce qu'ils font ici. On va récupérer cette poubelle atomique, et botter le cul à ces gens, quels qu'ils soient."

C'est sans trop de mal, même à cette distance, qu'Anna parvint à identifier le commando : des chinois, et pas animés de bonnes intentions. Adam avait vu juste : ils avaient rallumé la centrale, et s'en servaient pour produire du combustible militaire.

Après près d'une heure de marche épuisante dans la neige, l'équipe arriva en vue de la centrale : un gros bâtiment cubique, un gros bâtiment rond, des tuyaux allant dans un bassin d'eau qui, bizarrement, n'était pas gelée. Tout autour, des grillages surmontés de barbelés. À l'entrée, une sorte de canon, probablement ce qui avait tiré sur leur voiture... Anna ne détecta pas énormément de gardes, mais ils fonctionnaient par paire, et faisaient des rapports réguliers.

Une partie de plaisir...

Anna s'efforçait de garder le sourire et de ne pas se laisser aller à râler sur tout et n'importe quoi. Et il avait pourtant de quoi. Ils avaient quitté l'institut alors que la douce odeur de printemps commençait tout juste à se répandre. Des heures et un coccyx fêlé plus tard, ils se retrouvaient à nouveau les pieds dans la neige et la tête dans le brouillard givrant. Emmitouflée dans ses vêtements chauds, la jeune femme avait l'impression d'être un vrai bibindome. Certain disent que ce n'est pas la destination qui compte, mais le voyage en lui même. Cette conception que la télépathe avait trouvé assez juste venait de trouver sa limite. Elle avait juste envie d'arriver à cette usine pour arrêter de se faire balloter dans tous les sens. La nausée n'était d'ailleurs pas loin. Elle réussit cependant à trouver de la tranquillité lorsqu'ils traversèrent la forêt enneigée. Paysage qu'elle affectionnait tout particulièrement. Jusqu'à ce qu'un flash vienne la sortir de sa contemplation suivit immédiatement d'une embardée violente de la camionnette qui se planta dans un amas de neige sur le bord de la route.
Il fallut quelques secondes à Anna pour lâcher la poignée de la porte et le bord de son siège et jeter un oeil à ses coéquipiers. C'en était trop !

Alors que Adam hurlait, de son côté Anna faisait la même chose.

"Raah ! Je le savais ! Je le sa-vais ! Explosa-t-elle en français alors qu'elle s'extirpait du véhicule. On est dans le trou du cul du monde et il faut que l'on se fasse tirer dessus ! Non mais vous y croyez vous ? On a vraiment un karma pourri ! Et vous .... Je vous retiens avec vos voyages culturel !" Finit elle par lancer à son professeur en le menaçant de ses moufles.

Elle se débattit quelques instants dans l'épaisse neige pour pouvoir rejoindre la route plus praticable. La jeune femme ne se fit pas prier pour voir ce qu'il se passait dans l'usine. Des militaires. Parfait ! Ils ne pouvaient pas tomber pour une fois sur des petites frappes sans expériences avec pour seule arme un couteau de cantine ? Et ces crétins avaient rallumé tous le système. Savaient-ils au moins qu'il y avait une fuite quelque part ?

Sans véhicule, c'était avec leur propres moyens qu'ils allaient devoir se rendre à l'usine. Et cette contrainte fut la cerise sur le gâteau qui dégouta une fois pour toute Anna de la Russie. Seule l'idée du voyage retour aussi désagréable que celui de l'allée l'empêchait pour l'instant de faire demie tour. Son postérieure avait besoin de repos.

L'usine en question n'était pas autant gardée que la forteresse de Génosha, mais la vision du canon lui faisait un peu peur.

"Dites, je suggère que l'on rentre là où il n'y a pas de gardes et de gros engins explosifs. A l'arrière ou sur les côtés, discrètement. Joachim ou Adam, vous pourriez nous faire un passage en désintégrant le grillage, non ?"

Si certains préférait la confrontation directe, Anna choisissait la discrétion.

L'objectif étant d'arrêter ce trafic, Anna chercha dans l'esprit des gardes où était le chef des troupes et où ils trouveraient la salle qui pourrait remettre en arrêt l'usine.

Le chef des troupes était actuellement en train de se déplacer, de la salle de contrôle, jusqu'au réacteur, qui avait été rallumé. Il se congratulait lui même du fait que le premier convoi de plutonium s'était bien passé, et qu'il s'était débarrassé des gêneurs. Il fallait attendre que les opérations de déchargement soient finies pour qu'il lance le deuxième convoi.

Quel voyage éprouvant! Harald n'avait jamais été bien loin jusqu'à sa venue à l'Institut, et il avait l'impression désormais d'avoir été trimballé plus qu'à son tour. Néanmoins cela restait un événment peu banal, et Harald goûta à chacune des expériences qui lui étaient offertes. Jusqu'à la nausée parfois...
L'avion, il connaissait déjà. Mais il était toujours stressé à l'aterrissage, moins qu'au décollage à bien y réfléchir puisque l'anxiété s'emmagasinait dans l'attente. Un vrai supplice pour le Norvégien si l'on considérait que le vol lui était aussi pénible. En clair le meilleur moment était la sortie de l'aéroport en Russie.
Harald scrutait les alentours pour faire le plein d'images nouvelles. Le coin de Russie qu'ils visitaient avait l'air suranné. Arriéré convenait mieux, mais le Norvégien, trop poli, chassa le mot de ses pensées. Le train était une véritable curiosité, et cela plut au jeune homme blond qui passa l'essentiel du trajet à arpenter les couloirs des wagons pour passer de fenêtre en fenêtre en poussant de petits soupirs satisfaits. Ce qui lui valut d'épargner son arrière-train contrairement à ses compagnons de voyage.

Vêtu très chaudement, Harald se félicitait d'avoir conserver ses vêtements hivernaux qui constituaient sa garde-robe à Borgund. Il arborait un petit sourire discret quand il voyait ses camarades qui souffraient quelque peu de la température en chute libre. Au moins pour l'instant, il ne se couvrait pas de ridicule dans leur petite escapade.
Le Norvégien écouta Adam débiter un condensé de l'histoire de la région et autres joyeusetés, tout d'abord avec intérêt, puis Harald commença à piquer du nez. Il n'avait pas fermer l'oeil dans l'avion et le train, et il le payait à présent. D'autant plus dur de résister au sommeil alors bercé par les doux cahots du véhicule, la chaleur de son anorak en plume d'oie, et le parfum léger d'Anna. A moins que ce fut celui de Jen?

Harald fut tiré sévèrement de sa confortable torpeur par une explosion suivie d'une sèche embardée qui entraîna le véhicule dans une congère. Le Norvégien cligna des yeux, hagard, peinant à se débarasser de ses songes, pourtant très bien partis quand le jeune Scandinave songea aux corps entrelacés d'Anna et Jen, vêtues de sous-vêtements en fourrure de loup blanc de Sibérie. Les cris, surtout des jurons excédés, de ses camarades le ramenèrent définitivement à la réalité. Il sortit du minibus, silencieux, encore sous le choc. Il comprit qu'on leur avait tiré dessus à l'artillerie lourde. Harald n'en croyait pas ses yeux. S'était-il vraiment réveillé? Le petit trajet en forêt lui fit récupérer son sang froid, et il redoubla de vigilance.
Des Chinois en Sibérie? Ils avaient réactivé l'usine et se servaient en catimini de larges portions de matière nucléaire? Ca sentait vraiment mauvais!

"Cette histoire peut avoir de terribles répercussions. Si le camion que nous avons croisé contenait bien du plutonium, nous devons prévenir les autorités pour stopper ce premier convoi chargé de mort en tube avant qu'il ne soit trop tard. Et puis l'usine... Chaque chose en son temps, vous me direz..."

Harald s'approcha du grillage et le toucha du bout des doigts, l'esprit en effervescence.

"Peut-être que si j'arrive à oxyder suffisament cette partie du grillage, nous pourrions nous frayer un chemin en enfonçant cette maille rouillée et friable. Pour le reste, je suis partisan de la discrétion. Qu'en pensez-vous?"

Le jeune australien n'aimait pas, mais pas du tout la Russie. Il s'était douté aux dires des autres qu'il ne ferait pas chaud,mais là c'était beaucoup trop pour lui. Heureusement qu'il avait réussi à dégoter tout ce qu'il avait pu trouver de vêtements chauds. de ce fait, il semblait un peu plus gros que la moyenne et plus habillé que les autres. Lui qui venait d'une pile ne supportait pas vraiment le froid. Cela ne gênait pas énormément sa marche et sa condition physique était bonne. Ephram avait passé le seuil du claquement intempestif de mâchoire et même s'il lui arrivait de temps en temps à frissonner cela n'avait plus d'importance. L'architecture du pays n'était pas des plus remarquables, alors il se rabattait sur l'ordre de mission: assister le Pr Zachary.

C'était vite dit, car après un voyage pas très agréable, puis un autre jusqu'à la centrale, leur engin fut renversé et eux avec! Le jeune homme s'était cramponné et n'eut pas à souffrir de contusion. Il pesta cependant en sortant du bus faisant attention à ne pas se vautrer dans la neige. Selon Adam on leur avait tiré dessus. Pourquoi cela ne l'étonnait-il qu'à moitié? Parce qu'ils étaient des mutants? Parce qu'ils étaient dans un pays au passé trouble et tumultueux? Il n'aurait su le dire, mais étrangement la perspective d'une mission ralluma pleinement une flamme en lui, qui avait commencé à s'essouffler.
Il resta alors sur ses gardes et se mit en marche avec les autres, jusqu'à arriver devant le complexe nucléaire. Phasm écouta es remarques des uns et des autres en acquiesçant, et ce que la télépathe captait.

Il fallait qu'ils passent le grillage. Si plusieurs d'entre eux étaient capables de l'ouvrir, il fallait voir s'il n'y avait pas de système de sécurité quelconque sur ou autour, histoire de ne pas se faire plus repérer que de raison.

Le jeune homme s'approcha un peu du grillage sans être trop proche et scruta un moment ce qu'il y avait dessus par terre et aux alentours. Il voulait vérifier s'il n'y avait pas de caméras à raz le sol, un panneau électrique ou encore différents dispositifs notamment des capteurs près du grillage. s'il en trouvait il demanderait à Anna de le transmettre -le froid l'empêchant un peu d'écrire correctement.

Pourquoi donc chaque fois qu'il se passait quelque chose, les élèves exigeaient de lui qu'il crache le morceau ? C'était une habitude assez détestable qu'ils avaient prises, de croire qu'il avait réponse à tout, alors qu'il était dans le fond dans la même galère... Il regarda un instant le complexe nucléaire, tâchant de se rappeler les plans particuliers de ce genre de centrale.

"C'est un complexe nucléaire, donc il n'y a qu'une seule entrée, qu'il est possible de bien surveiller, et qui est munie de sas. Elle est dans le bâtiment scientifique et technique." Il montra le bâtiment carré.

"C'est dans ce bâtiment qu'on trouve le centre de contrôle du réacteur, et c'est donc là qu'il faudra aller si on veut l'arrêter, ou savoir où ils en sont. Je pense que cet endroit est particulièrement bien surveillé."

Il montra le bâtiment rond.

"Le réacteur en lui-même est là, à moitié enterré. Vu qu'ils veulent récupérer du combustible, ils devront le décharger, et cela se fera dans ce bâtiment. On y accède via cette passerelle, depuis le bâtiment administratif. Les opérations de chargement se font sur place, et le combustible est transporté via un tunnel, qui donne sous le bâtiment scientifique. L'entrée camions doit être de l'autre côté de notre position."

Il montra alors le bassin et les tuyaux

"Ce bassin sert à refroidir le réacteur. Vu que l'eau n'est pas gelée, cela signifie sans doute que le réacteur tourne, ou a tourné récemment. Les tuyaux sont remplis d'eau, et il tournent en circuit fermé. On ne peut donc pas rentrer dans les tuyaux."

Anna lui proposait d'ouvrir le grillage, il aurait pu, mais il secoua la tête.

"Non... Je ne veux pas utiliser mes pouvoirs tant que nous ne sommes pas au sec."

L'équipe put alors constater que seul le visage d'Adam dépassait de sa grosse capuche cerclée de fausse fourrure. Tout le reste était couvert d'anoraks, gants, pantalon, bottes... Histoire d'être hermétique. Il devenait alors étrange de s'imaginer qu'Adam avait pu faire autant de missions en Russie vu les conditions...

Il montra tout de même le grillage.

"Harald, je ne préfère pas que tu y touches, s'il est électrifié, ce ne serait pas très bon. Jen découpera le grillage, pour que nous puissions entrer dans le complexe. Il ne sert à rien de chercher à être particulièrement discrets : l'espace entre la forêt et le complexe est à découvert, et même invisibles, nous ne pourrons pas cacher nos empreintes dans la neige."

Adam guetta le départ des gardes qui faisaient la ronde, puis fit signe à ses élèves d'y aller. Il fallut moins de deux minutes à Jen pour couper le grillage, puis, une dizaine de mètres plus loin, ils étaient regroupés contre la paroi grise et froide du bâtiment réacteur.

Anna put alors sentir que les deux vigiles revenaient, mais ils n'avaient pas encore remarqué l'ouverture dans le grillage. D'ici quelques secondes, ils pourraient les voir.

Adam leur expliqua l'organisation de la central. C'était finalement assez simple, au niveau orientation ils n'auraient donc pas à s'inquiéter. En revanche, les probabilités pour qu'ils rencontrent un maximum de gardes étaient assez grandes. Ça, c'était beaucoup plus angoissant, puisque ce n'était pas de simples petits vigiles qui se contentent de garder un oeil sur les vidéos surveillances et l'autre sur un magazine un peu douteux. Mais de véritables militaires ayant reçu une réelle formation avec tout l'équipement qui va bien. Et l'équipe était amputée à moitié d'un de ses membres puisque le petit soucis que connaissait Adam avec l'eau l'empêchait d'utiliser dehors son pouvoir toujours bien utile.

Quoi qu'il en soit, ils rentrèrent dans la base par une petite porte improvisée et se retrouvèrent plaqués contre le mur de ce que leur professeur avait désigné comme le bâtiment où se trouvait le réacteur en question. Et accessoirement, où se faisaient les chargements de plutonium. Et il faillait qu'ils rentrent par l'autre bâtiment si ils voulaient y jeter un coup d'oeil.
Tout cela assez rapidement puisque les deux vigiles revenaient et la position dans laquelle l'équipe était, ils allaient certainement les voir.

"Il faudrait aller là-bas, dit elle à demie voix en montrant le bâtiment cubique. Et au trot parce que les deux vigiles arrivent."

Anna prit alors la tête de la file en longeant le mur en direction opposée des gardes qui venaient reprendre leur poste. Elle avait l'impression de commencer une partie de cache cache.

Alors qu'elle avançait, elle se concentra pour sonder le chemin qu'ils s'apprêtaient à prendre pour savoir si il n'y avait pas d'embûches et pour connaître le nombre de militaires sur lesquels ils allaient à coup sur se casser le nez à l'entrée du bâtiment, quelle était leur position et si ils étaient lourdement armés ou pas.

Anna et l'équipe se dirigeaient vers l'arrière du réacteur, à l'opposé de l'entrée du complexe, vers tous les tuyaux. Il n'y avait personne dans cette direction, vu que cela menait au bassin de refroidissement. Mais avant qu'Adam ait pu faire remarquer cette observation, des cris se firent entendre, en chinois : les vigiles avaient trouvé le trou dans le grillage, et s'apprêtaient à donner l'alerte.

Préférant une confrontation directe plutôt que de leur laisser le loisir d'appeler des renforts, Jen grilla leurs radios. Les soldats ne les avaient, semble-t-ils, pas encore repérés, mais il leur suffirait de se tourner pour cela.

Les jeunes mutants étaient passés un par un à travers le trou pratiqué dans le grillage par les pouvoirs de Jennifer et se ruaient vers le mur pour essayer de passer inaperçu. Harald, le souffle court, était un peu stressé par les événements. D'abord le tir d'artillerie, puis ensuite la course éperdue au devant des dangers : une centrale nuclaire remplie de soldats chinois peu conciliants.
Le Norvégien se déplaça cassé en deux dans une pathétique impression de se faire le plus discret possible. Arrivé au mur, il poussa un soupir de soulagement. Pour l'instant les Chinois ne les avaient pas repéré.

Des cris retentirent, et le sang de Harald se glaça. Il s'était réjoui bien trop vite. Il vit les deux sentinelles et pesta intérieurement. Tu parles d'un baptême du feu, ça allait être du gateau pour l'ennemi!
Paralysé par la stupeur dans un premier temps, l'intervention de Garcia lui fit recouvrir ses réflexes. Sans réfléchir, il se laissa choir et se tassa contre le mur, en priant qu'un de ses camarades puisse faire quelque chose. Son impuissance le rendit amer.

Au vu de la situation assez critique, Adam fit signe à ses élèves de se baisser, tout en s'avançant. Après tout, s'il se faisait tirer dessus, cela ne lui coûterait que son anorak fétiche... Mais Jen avait rapidement pris l'initiative, rendant tout le monde invisible, et intimant l'ordre de la boucler et de ne pas bouger entre ses dents.

Grand bien lui avait pris, car les deux gardes s'étaient retournés, pour chercher d'éventuelles traces qu'ils ne manquèrent pas de trouver dans la neige, les menant droit vers le groupe de X-Rays. Ils se trouvaient juste là, à deux mètres, en train de regarder dans la neige. Ils firent alors demi-tour, décidant qu'il valait mieux faire un rapport.

Ce n'est que quand ils eurent disparu que Jen se décida à relâcher son pouvoir, et que le groupe recommença à respirer.

"On l'a échappée belle... Il n'y a rien de ce côté-ci Anna, nous arriverions au bassin de refroidissement. Longeons plutôt le bâtiment réacteur de ce côté-ci."

Rasant le mur du bâtiment réacteur, l'équipe s'avança vers les ennuis : Anna pouvait sentir qu'il y avait plus de monde : 8 gardes, par équipes de deux : les deux qui faisaient le tour de leur côté de la centrale, deux autres qui faisaient le tour de l'autre côté, deux au portail principal, et deux à l'entrée du bâtiment administratif. Plus un sur une tourelle arme automatique...
Il y avait également des gens dans le bâtiment. Peut-être une dizaine de personnes.

Adam pointa du doigt une zone plus sombre, entre le bâtiment réacteur et le bâtiment administratif, où l'équipe alla se placer.

"Les passerelles sont en dessous de nous. Ce sont elles qui permettent la communication entre le réacteur et le reste du complexe. La salle de contrôle est également enfouie. Dans tous les cas, nous devons entrer dans ce bâtiment là."

Il montra alors des fenêtres, ornées de grilles en fer, et barrées de plaques en bois pourri. Ce serait leur porte d'entrée...

Tellement persuadée qu'elle prenait la bonne direction et que c'était le mieux à faire qu'Anna ne pensa ni ne vit autre chose. Même pas les gardes qui venaient d'apercevoir le trou dans le grillage par lequel les X-Rays s'étaient faufilés. Ce n'est que lorsqu'elle se retrouva le nez dans la neige et Garçia sur elle qu'elle comprit que quelque chose n'allait pas. Elle imita ses coéquipiers et ne bougea pas, retenant sa respiration et maudissant son coeur qui battait à tout rompre, à tel point qu'elle avait l'impression que tout le monde pouvait l'entendre.

L'alerte passée, elle se releva et regarda Garçia un peu gênée

"Merci ... Et pardon."

Il y avait des jours où il ne valait mieux rester chez soit. Et malheureusement, celui là en faisait partie. Si la journée n'avait pas commencé trop mal, elle n'avait fait qu'empiré. Qu'est ce qui les attendait pas la suite ? L'image de l'usine explosant et elle au milieu lui effleura l'esprit. Au pire, ils mouraient. Bref, perspective réjouissante et habituelle.

Adam les remit dans le droit chemin et cette fois-ci, Anna n'avait pas l'intention de refaire les mêmes bourdes. Elle repéra ainsi rapidement la localisation des militaires hors de l'usine ainsi que ceux qui étaient restés à l'intérieur des bâtiments. Ils ne formaient pas une véritable armée, mais ils étaient assez pour leur mettre des bâtons dans les roues et leur permettent d'avoir quelque montée d'adrénaline.
A présent planqués dans une zone sombre, des fenêtres condamnées désignées par leur professeur seraient leur moyen d'infiltration. Suffisait juste de les dégager, sans se faire remarquer.

"Shadow et Phasm, surveiller l'arrivée des militaires. Nova, Alchimist et Rot, voyez si vous ne pouvez pas vous occuper d'une fenêtre ... dit elle à demi voix d'un ton sûr avant de prendre un air un peu plus incertain. Ça vous va comme ça ?"

Après le cafouillage d'avant, sa toute relative confiance en elle s'était encore un peu plus estompée.

"Attendez, je vais tout de même voir ce qu'il se passe derrière ... "

Reprenant le sondage télépathique, elle chercha à savoir si derrière les fenêtres il y avait du monde à proximité susceptible de les voir et d'entendre quelque chose.

Il n'y avait, fort heureusement, personne dans cette partie du bâtiment. à l'étage en dessous oui, mais pas là.

Harald attendit un long moment avant de risquer un coup d'oeil en dehors de la couche de neige dans laquelle il avait plaqué son visage. Il fut soulagé, et l'espace d'un battement de coeur, interloqué de voir ses coéquipiers se redresser, en pleine forme. Les deux gardes étaient partis sans les voir!
Le Norvégien se redressa et se donna des petites tapes pour déloger la neige de sa parka. La figure encore rouge par la morsure du froid, Harald partit d'un petit rire silencieux et nerveux. Ils l'avaient échappé belle, mais les sentinelles allaient bientôt faire leur rapport préoccuant à leur hiérarchie. A présent il allait falloir être rapide et efficace.

Alchimist suivit la petite troupe qui s'arrêta près d'une fenêtre condamnée qui serait leur point d'accès au batiment. Anna lança ses directives, la mine soucieuse. Elle devait un peu se sentir responsable du risque mortel qu'ils avaient encouru, et pourtant personne n'avait trouvé à redire. Harald lui sourit, il décida de lui faire confiance.

Chargé d'un tout nouvel objectif, Harald s'approcha de la fenêtre barricadée. Il recevrait la collaboration de ses camarades, mais il voulut s'atteler à la tâche sans attendre, une fois que la télépathe leur apprit que la voie était libre derrière la fenêtre. Le souvenir des gargouilles de bois de l'église de Borgund réduits en morceaux de charbon friables lui traversa l'esprit. Cela serait parfait s'il pouvait rééditer l'exploit.

Alchimist toucha bois et métal qu'il avait fortement envie de transformer grâce à son pouvoir : le bois en charbon qui se désagrège facilement, et rouiller à l'extrême le métal pour le fragiliser et le rompre.

Il ne se produisit pas exactement l'effet escompté : les grilles de fer se mirent à couler comme de la guimauve. Mais après tout, elles étaient dégagées... Restaient le bois et la vitre.

Adam assena le coup de grâce à la fenêtre, en appuyant sur le haut pour la faire basculer, et la rattraper. Il se contenta alors de l'ouvrir, puis se hissa dans la pièce, qui était un simple bureau. La pièce sentait le renfermé, et était très poussiéreuse. Deux vieux bureaux en métal, avec des fauteuils semblant particulièrement inconfortables et sentant vaguement le moisi se trouvaient là, comme s'ils n'avaient pas bougé depuis le siècle que la centrale s'était arrêtée.

Le temps que l'équipe se hisse dans la pièce, Adam s'isola dans un coin, puis son apparence devint un peu floue, et au bout d'une minute environ, il revint, habillé en civil, avec un sac à dos, qui contenait vraisemblablement ses véritables habits de neige. Il semblait d'ailleurs assez soulagé à l'idée d'être à nouveau opérationnel.

Anna ne détecta pas de présence dans les environs immédiats. Sans doute cette partie du bâtiment ne contenait-elle que des bureaux, et n'était donc plus d'aucun intérêt pour qui ne faisait que passer à la centrale. Les personnes les plus proches qu'elle put localiser se situaient dans la salle de contrôle, qui était au sous-sol : deux opérateurs, et des gardes. D'autres gardes se trouvaient à un autre endroit du bâtiment, gardant le passage vers le réacteur.

Adam réunit ses élèves autour d'un bureau, puis fit un vague dessin dans la poussière :

"Nous sommes dans une aile de bureaux. Un endroit non stratégique de la centrale, ce qui explique sans doute qu'il ne soit pas protégé. Ce qui nous intéresse est en sous-sols, dans une section dont l'accès est protégé par un sas. Mais ça ne devrait pas poser de problèmes : soit ils l'ont détruit pour passer, soit ils l'ont laissé, mais j'ai les accès."

Une sorte de corne de brume se fit alors entendre dans tout le complexe. L'alarme ? Adam leva les yeux, en attendant que ça passe, puis expliqua.

"Une opération est en cours sur le réacteur. C'est une alarme automatique. Nous devons nous dépêcher."

Adam se dirigea vers la porte, et l'ouvrit légèrement, jetant un coup d'œil rapide dans le couloir, puis fit signe aux élèves de le suivre. Après quelques minutes de déambulations dans des couloirs rectilignes se ressemblant tous, Adam s'arrêta.

"Le sas est à l'angle de ce couloir. Il est devant un grand espace à découvert. Il va nous falloir l'investir."

L'intérieur de l'usine était exactement comme l'avait imaginé Anna. Crade, glauque et puant. Elle avait du mal à s'imaginer comment cela avait pu être lorsque l'usine était encore en activité. Certainement tout aussi sordide, mais peut être avec l'odeur de moisi en moins.

Après avoir retrouvé son air décontracté, Adam leur dessina un rapide plan de l'usine. Le centre des opérations se faisaient aux sous-sols et c'est là qu'ils allaient devoir se rendre. Bonne nouvelle, ils n'auraient pas à s'inquiéter des codes, mots de passes et autres qui ne les auraient que retardé et surtout énervé.

Si à cette nouvelle Anna se détendit légèrement, une alarme dont le bruit était tout aussi sinistre que le reste la fit sursauter, déplaçant ainsi des petits monticules de poussières autour d'elle. Regardant avec inquiétude son professeur, celui ci leur expliqua pourquoi l'alarme s'était mise en marche. Tout n'allait donc pas exploser dans les secondes qui allaient suivre. Seulement dans quelques minutes si ils ne se dépêchaient pas.

Direction les sous sols. Ils traversèrent des couloirs qui déprimeraient n'importe qui, même Rachel. Adam semblait bien se repérer, comme si il connaissait par coeur l'usine. Les complexes nucléaires devaient tous se ressembler.

Ils finirent tout de même par s'arrêter. Juste avant les ennuis.

Comme d'habitude, Anna fit un repérage des personnes présentes :

Il y avait deux personnes de l'autre côté du sas, ainsi qu'une personne de leur côté, qui était chargé de l'actionner. Ils s'ennuyaient un peu, mais étaient en même temps particulièrement exaltés par leur mission. Ils étaient armés d'armes de guerre.
Deux autres gardes se tenaient à une autre extrémité du grand hall, tournés vers l'extérieur.

Il fallait croire que de tous les X-Rays, il n'y avait que Jenifer qui était presque contente que la ballade tourne au grabuge. Enfin pas de là à en être vraiment joyeuse, le shaker dans la voiture et les gardes qui avait bien faillit les repérer n'était pas vraiment une partie de plaisir, mais l'adrénaline avait quelque chose d'enivrant. L'intérieur de la centrale lui rappelait vaguement l'astéroïde : austère et poussiéreux. Et dire que des gens avaient travaillé là... bon certes le ménage devait être fait plus régulièrement que ces derniers temps !

Jen envoya un sourire à son professeur après son changement de tenue, elle aussi soulagée de pouvoir compter sur lui et son don toujours aussi efficace. Elle écouta attentivement ses explications sur la géographie de l'usine. Un sas... surement pas un truc ultra sophistiqué vu l'âge de la centrale ! Le petit détail qu'il oublia de préciser était qu'il devait être gardé, qu'il soit ouvert de force ou encore en état.

L'alarme fit sursauter Nova qui jeta un regard circulaire. Mais il ne s'agissait pas d'une alarme d'intrusion ou parce qu'ils avaient été repérés, c'était déjà ça, par contre cela signifiait tout de même que le temps était compté. Pas de temps à perdre donc, même s'il ne fallait pas se jeter dans la gueule du loup, Jen suivit son professeur dans le dédale des couloirs jusqu'à ce qu'il s'arrête pour leur expliquer que le sas était non loin de là, derrière le coin.

Anna localisa plusieurs gardes, au moins on savait que la voie n'était pas dégagée. Par contre il manquait une vue du sas et ça Jen pouvait s'en charger.

** Je jette un oeil, si tu peux les voir tous tu pourrais les immobiliser... **

Nova se rendit transparente et s'avança pour voir de plus près comment les gardes étaient placés, vers où ils regardaient tous, s'il n'y avait pas d'autre danger, s'ils avaient tous leur arme prête, voire se qui pourrait servir de diversion (cigarette, radio, ...).

Cf. plan pour le placement des gardes : un entre les deux sas, près de la console d'activation. Deux derrière chaque sas, qui étaient ouverts de leur côté, deux à l'extérieur de la pièce, dos tourné. Les armes en bandoulière, le doigt sur la gachette, et l'équipement habituel des militaires prêt. Pas de cigarette.

Puis elle fit un rapport mental à Seel.

Et voilà ils étaient à l'intérieur, prêts à affronter d'autres périls, toujours plus loin, au plus près du coeur de l'enfer. Leur entreprise pouvait paraître suicidaire, mais les jeunes mutants X-Rays avaient le devoir d'arrêter ces soldats chinois aux desseins peu recommandables. Pour le salut de milliers de vie. Pour le salut de leurs propres âmes.

Harald songea à nouveau à l'ouverture de la fenêtre. Le métal avait coulé comme du fromage fondu, mais le bois n'avait pas bougé. Heureusement que Joachim avait pu s'en occuper grâce à son pouvoir. Visiblement il ne pouvait pas encore transformer plusieurs matériaux à la fois, il devrait s'entraîner là dessus. Si jamais ils s'en sortaient.

A présent que les X-Rays étaient à l'intérieur, la détermination du Norvégien se raffermit. Bien sûr il avait sursauté comme les autres quand l'alarme du réacteur retentit, mais ils étaient tous prêts à l'action. Le plan était simple : Jen s'occuperait de la logistique, tandis qu'Anna, au centre du dispositif mis en place, prendrait le contrôle des gardes derrière le sas. Les autres allaient déguster. Harald serra les poings et ferma les yeux pour grapiller quelques secondes de sérénité. Il ferait de son mieux.

La reconnaissance qu'avait faite Anna et Jen troublait Adam : ces gens là n'étaient pas des amateurs, et vu le temps nécessaire pour traverser le sas, il y aurait forcément quelqu'un pour donner l'alarme, ou pour se débarrasser d'eux... Une situation très périlleuse.
Il jeta un œil à ses élèves, et mit une croquette sur la tête de Garcia pour le faire taire, et lui retirer immédiatement ses velléités suicidaires. Ils n'étaient pas des combattants. Même avec leurs pouvoirs... S'avancer dans ce hall était une mauvaise idée.

Adam claqua alors des doigts pour attirer l'attention de ses élèves, et pointa le couloir, rebroussant chemin, puis il s'arrêta à l'embranchement de deux couloirs, regarda un instant d'où il venait, puis jaugea l'endroit à sa convenance pour son plan...

Il fit alors signe aux élèves de se reculer légèrement dans le couloir transverse, puis posa ses mains sur le mur, écartant les bras. Ses mains entrèrent alors littéralement dans le mur. Il ne se passa rien pendant deux minutes qui parurent être une éternité, puis une sorte de cube en pierre se détacha du haut du mur, qu'Adam vint récupérer, et qu'il posa délicatement sur le côté sans faire de bruit. Avec l'aide des autres X-Rays, le mur découpé fut rapidement évacué, et les élèves purent constater avec effroi que le hall, de l'autre côté du sas, était bien visible. En se penchant légèrement dans l'encadrement de la "porte" nouvellement découpée, on pouvait même voir les gardes qui protégeaient les sas, ainsi que leur propre commande pour l'actionner.

Avant que ses élèves ne paniquent, Adam transmit, par l'intermédiaire d'Anna :

*Ils ne peuvent pas nous voir. J'ai laissé un "rideau" de l'autre côté, qui mime l'apparence du mur. Il nous faut agir de ce côté-ci.
Anna, perturbe ces gardes : bagarre, dispute, ou qu'ils se tirent dessus...
Jen, fais en sorte que le sas ne puisse pas être activé pour qu'ils ne nous suivent pas.
Ephram, protège toi comme tu peux avec les briques.
Harald, remonte le mur ici.
Garcia et Joachim, aidez-le.*

Adam montra à Harald, Garcia et Joachim le couloir donnant vers le hall qui leur était inaccessible, et qu'il voulait murer.