Chambre de Pablo

Hall

Tim arriva directement du hall suivi par deux nouveaux élèves et Pablo. Toujours en train de parler de chacun des mutants, de leurs dons, Tim, ravi d'avoir un public aussi attentif, ne se lassait pas de parler. Une fois arrivé dans le couloir, il montra d'un doigt une aile, réservée aux filles et les emmena dans l'aile opposée : celle des garçons.

Tim se dirigea sans l'once d'une hésitation vers la chambre qu'il avait indiquée plus tôt aux deux garçons. Il l'ouvrit, certain qu'elle serait vide et laissa entrer les deux élèves qui le suivait. Une fois les deux rentrés, il jeta un dernier regard dans le couloir avant de fermer la porte.

( La porte de Franck et Léo est toujours ouverte. Mouleder est encore là..)

Il secoua légèrement la tête et rentra à la suite des deux garçons. Même si cette chambre, prévue pour deux, n'allait pas être le foyer désigné des deux jeunes hommes, ils seraient au moinstranquilles pour discuter un peu.
Tim, sans plus aucune retenue dans l'Institut se dirigea jusqu'à la fenêtre pour ouvrir les rideaux qui plongeaient la pièce dans la pénombre. Il regarda un instant par la fenêtre avant de déclarer :

" Qu'est ce que vous en pensez ? Elle est bien, non ? Bien sur, vous êtes pas obligé de vous y mettre tous les deux ! Mais si l'un d'entre vous la trouve à son gout.."

Il sourit à Nan', puis à Pablo avant d'ajouter :

" D'ailleurs, si l'un de vous préfère.."

Il hésita une seconde avant de continuer :

" Mon colocataire est parti de l'Institut il y peu.. Donc si vous voulez, il y a de la place chez moi..."

Parler des départs de certains élèves à des nouveaux était toujours délicat, mais, après tout, l'Institut ne convenait pas à chacun. Il était normal que les nouveaux sachent que cette école était loin d'être une prison, aussi dorée fut-elle.

Il tourna sur lui-même pour contempler la chambre avant de s'effondrer sur un lit.

" Alors ?"

[ HJ : Vous me donnez la réponse que vous voulez, je modifierai le titre du sujet selon votre bon vouloir, Messieurs..]

Hall

Lorsque la main de Tim s’approcha de son bras, Pablo resta stoïque. Là où n’importe qui aurait eu un mouvement de recul, le Colombien se retrouva comme paralysé. La mâchoire pendante, il avait du mal a y croire, et pourtant la main du jeune homme à côté de lui émettait bien une chaleur intense. « Les mutants de l‘Institut Xavier ». Ce nom commençait à devenir un terme un peu moins obscur et Basilic se rendait compte de l’immense pouvoir que possédaient - et devaient posséder - certains pensionnaires. Pour le moment, il n’en connaissait que deux : celui d’Anna et celui de Tim ; l’une télépathe, et l’autre « radiateur sur pattes ». Tout simplement incroyable. Voilà ce qu’était réellement le pouvoir de ceux que l’on appelait les mutants. Pas étonnant dès lors que le gouvernement et l’opinion public ne craignent ces êtres dotés de facultés paranormales ! Pablo comprit pourquoi les Geller (cf Amérique) l’avaient avertis et mis en garde ; être un mutant étaient dangereux. L’adolescent aux cheveux blancs savait à quel point son pouvoir représentait une menace pour la société, mais il n’imaginait pas que d’autres personnes pouvaient à ce point personnifier le rêve destructeur de l’homme moderne. Etre télépathe, contrôler la chaleur…il devait en exister qui volait, qui crachait du feu, ou encore qui avait des capacités physiques hors normes ! Pablo se mit à imaginer tout ce qu’un mutant pouvait être capable d’accomplir. Bien évidemment, le jeune homme était loin de s’attendre à la complexité des nombreux dons que le gêne X pouvait offrir à ses possesseurs.

« C’est dingue… »

C’est tout ce que Pablo trouva à dire, alors que lui et Nan’ suivaient Tim jusqu’à un couloir où plusieurs portes laissaient deviner qu’il s’agissait de l’endroit qui rassemblait les chambres. L’ancien de l’institut ouvrit une porte, faisant entrer les deux jeunes nouveaux.
La chambre était propre, spacieuse, silencieuse, et s’illumina quand Tim ouvrit les rideaux. Ça avait l’air vraiment confortable.
Le jeune « radiateur » ambulant vanta les mérites de la chambre avant de s’affaler sur un lit. Pablo s’assit à son tour sur l’autre lit. Cette baraque…c’était un paradis ! Autant de place, de luxe, c’était du jamais vu pour le Colombien, lui qui avait partager un minuscule appartement avec sa mère toute sa jeunesse se retrouvait ici, dans ce vaste institut. C’était d’ailleurs la première fois que sa condition de mutant lui apportait quelque chose de positif.
S’allongeant un peu pour tester le moelleux du matelas, Pablo sourit bêtement

« ouai…on est bien ici ! »

Son regard couleur or se posa sur Tim, un peu gêné de refuser la proposition du jeune hôte

« c’est sympas de proposer, mais j’pense m’installer là…le temps de m’acclimater…»

Il conclu par un léger sourire, puis, il tourna la tête vers Nan’

« ...à moins que tu ne veuilles rester tout seul…c'est comme tu veux »

Pour le moment, Pablo pensait poser ses affaires ici ; bien évidemment, la présence de Nan’ ne le dérangeait pas du tout, mais il n'osait pas s’imposer dans la chambre d’un autre, préférant trouver ses marques dans un endroit vierge, et il verrait bien par la suite comment se passeraient les choses. En tout cas, l’attitude de Tim l’avait mis en confiance. Il avait l’air d’être quelqu’un de bien, et comme Wood précédemment, il l’avait accueilli avec le sourire, s’arrangeant pour le mettre à l’aise, et ça, Pablo en était reconnaissant…

Hall

Nan' avait observé Tim, qui fit part de son pouvoir à Pablo. Il écouta leur échange, puis monta avec les deux autres jeunes hommes dans l'escalier. Il avait écouté Tim parlé en observant furtivement les alentours, enregistrant le plus d'informations qu'il pouvait, et surtout comme retourner à l'extérieur. Cet endroit était décidément vaste. Tim leur désigna les deux ailes, et lorsqu'ils pénètrèrent dans celle des garçons, le coeur de Nan' s'arrêta de battre un instant. Il y avait, ici aussi, une quantité phénoménale de portes. Plus encore que dans le hall. Mais comment parviendrait-il à se retrouver dans un tel établissement, si immense. Ils marchèrent dans le corridor, passant devant une porte ouverte.

Il entra ensuite dans la chambre modèle que leur proposait Tim. L'algonquin n'avait, de toute sa vie, vu que la chambre de Terry, beaucoup plus petite et obscure, avec ses murs de bois rond et ses minuscules fenêtres.

C'était donc ici que les blancs dormaient. Sur ces matelas sur lesquels Tim et Pablo venaient de prendre place, alors que Nan', debout près de la porte, observait les lieux en se demandant s'il ne pourrait pas coucher à même le sol. Dans son village, les enfants dormaient tous dans la même pièce, sur des paillasse de feuilles et d'herbes, mais ici la coutume était différente et Nan' se plia à un adage de son peuple : "En huronie, on vit comme les hurons". Si Tim, Pablo, Shannon et tous les autres parvenaient à dormir sur ces lits, pourquoi Nan' n'y parviendrait-il pas?

Maintenant, il devait choisir dans quelle pièce il devrait dormir. Mais comme elles étaient toutes semblables, il comprit que la question insistait davantage sur le colocataire à choisir. Mais comment faire, alors qu'il ne connaissait personne ici.
Apparement, Pablo aimait bien évaluer les gens, les connaître jusque dans leurs plus profonds détails, alors que Tim, de son côté, ne cessait vraisemblablement jamais de parler. Cette particularité orienta la décision de Nan', qui était d'un naturel plutôt discret et n'aimait pas parler, et surtout pas de lui. Il répondit donc finalement à Tim, en jetant son regard d'acier dans les yeux de l'élève plus âgé :

-Je préfèrerais partager ma chambre avec toi, Tim.
Puis, se retournant vers Pablo en lui offrant un sourire timide, car il avait peur de blesser l'autre nouvel arrivant par sa décision :
-Cependant, ne pense pas que tu m'importunes. Si j'avais préféré être seul, j'aurais demandé une autre chambre. Il y en a tellement ici, que l'on pourrait loger mon village entier.

Nan' avança finalement dans la pièce et frôla les rideaux de ses doigts avant de mettre la main sur la vitre glacée de la fenêtre. Il se dirigea ensuite vers une commode vide et la tâta un instant avant de comprendre qu'il devait tirer les tiroirs, vides, qu'il ouvrit un à un. Finalement, il demanda, à brûle-pourpoint :

-Où sont vos enfants?

Puisque les deux jeunes hommes étaient légèrement plus âgés que Nanikana et que la tradition algonquine voulait qu'un homme d'une année ou deux de plus que Nan' ait un enfant avec une femme d'environ l'âge de Nan', la question lui semblait naturelle et normale.

[HJ : J'ai essayé de justifier le mieux que j'ai pu la décision de Nan'... mais je l'ai orienté parce qu'il me semble plus logique qu'il fasse partie des X-rays avec Tim si ils vivent plus souvent ensemble.]

Tim observa la réaction des deux jeunes mutants avec une satisfaction non feinte : ils avaient l'air réellement impressionnés par la chambre dans laquelle Tim venait de les faire entrer. Il ne savait pas vraiment d'où chacun d'eux pouvait venir, mais il se doutait, à leur allure générale, qu'ils ne devaient pas avoir l'habitude de ce genre de choses. Pour sa part, Tim n'y voyait aucun inconvénient, avait lui-même été grandement impressionné par sa chambre.

Souriant largement sur le lit sur lequel il s'était rapidement redressé pour s'assoir finalement sur le bord, Tim écoutait avec attention les choix de chacun concernant leur future chambre. Pablo, préférant sans doute un peu d'intimité pour faire le point, avait décliné l'offre de Tim pour lui annoncer l'option qu'il prenait sur cette pièce. Tim hocha la tête d'un air compréhensif pour lui signifier qu'il n'avait pas à s'en faire.

La réponse de Nan' fut un peu plus longue à venir. Le jeune homme était resté près de la porte et semblait observer chaque recoin avec une attention particulière. Tim, anxieux de voir que le nouveau avait un peu de mal à s'acclimater, attendait sa réponse avec crainte. Mais quand celui-ci décida enfin, Tim lacha un petit soupir de soulagement. Il rebondit immédiatement et s'exclama :

" Ah nickel ! Un nouveau compagnon de chambrée ! "

Il se leva, visiblement ragaillardi par l'annonce de cette nouvelle. Comment ne pas s'en réjouir, il faisait d'une pierre, deux coups : il se trouvait un colocataire pour une chambre qui lui paraissait bien vide et il pouvait aider Nan' à s'adapter, non seulement à l'Institut, mais plus généralement à la vie moderne.
Nan', loin d'être aussi extatique que Tim, continuait son analyse de chaque meuble. En le voyant découvrir la commode, Tim ne put que se dire :

* Ah, quand même ! Eh ben, c'est pas gagné...*

Il ne laissa rien paraitre de son désarroi jusqu'à ce que le jeune algonquin leur pose une question plutôt surprenante :

"-Où sont vos enfants?"

Tim laissa échapper un "huh" de surprise accompagné d'yeux tous ronds avant de répondre, sous le coup de l'émotion :

" Hum, des enfants ? Je.. n'ai pas encore pris le temps d'y penser..."

Des trois jeunes gens présents dans la pièce, le plus intriguant était Nanikana. Autant Pablo était impressionné par l’espace et le grand standing de la chambre, autant l’algonquin semblait surpris par les choses les plus simples, comme le mobilier. La première impression de Pablo avait été la bonne ; Nan’ n’avait certainement pas grandi dans un milieu urbain, et avait encore moins la culture occidentale. D’où pouvait-il bien venir ?
L’impénétrable étranger accepta la proposition de Tim qui, vu son hospitalité et son ouverture d’esprit, pourrait aider Nan’ à s’accoutumer à cette façon de vivre si particulière qu’ont les Américains. Comme pour se justifier, Nan’ se tourna vers Pablo

"Cependant, ne pense pas que tu m'importunes. Si j'avais préféré être seul, j'aurais demandé une autre chambre. Il y en a tellement ici, que l'on pourrait loger mon village entier."

Pablo fit un petit mouvement de tête et sourit à son tour, il était normal qu’un nouvel arrivant un peu perdu dans une culture qui n’est pas la sienne se tourne vers l’élève le plus ancien et surtout le plus loquasse des deux ! La question qui allait suivre l’interpella un peu plus

"Où sont vos enfants?"

Des enfants ?
Dans ses souvenirs, Pablo revoyait certains jeunes gaillards de son quartier devenir père par inadvertance ; comme la Colombie était un pays très catholique et que cette même religion interdisait les pratiques d’interruption de grossesse, il n’était pas rare que des jeunes de 16 ou 18 ans se retrouvent père du jour au lendemain. Cependant, cela restait des cas assez rares ; par ailleurs, la question avait été posé avec un tel naturel, qu’il semblait presque acquis, aux yeux de Nanikana, que Tim et Pablo soient pères de famille.
Tim sembla quelques peu décontenancé par la question; le Colombien répondit à son tour, assez spontanément

« Moi non plus, j’ai pas encore de gamin…pas qu’ je sache en tout cas. »

Pablo finit sa phrase par un petit sourire gêné avant de regarder le sol en se grattant le cou comme pour se rassurer. Il releva vite la tête, et regarda les deux élèves avant de s'adresser à eux, en insistant plus particulièrement sur Nan' dont il se demandait d'où il pouvait être originaire.

« Vous êtes pas Américains, nan ?…vous venez d'où ? »

Généralement, il ne s’aventurait pas à connaître les origines, la vie, ou les goûts des gens qu’il venait de rencontrer, mais ces inconnus avaient un côté vraiment singulier qui troublait Pablo. L’endroit se prêtait également plus à la rencontre ; contrairement à la cuisine quelques minutes plus tôt qui était surpeuplée, à l’étage tout était calme. Timide et discret, les seuls moments où Pablo faisait connaissance avec les autres étaient dans ces moments « privilégiés », les instants où il se retrouvait seul avec une ou deux personnes ; dès qu’il y’avait trop de monde qu’il ne connaissait pas, il se renfermait.
A moitié allongé sur son lit, le Colombien faisait connaissance avec ces deux adolescents qui, comme lui, n’étaient encore que des mômes ; des mômes normaux, possédant le gêne X…

Nan' fut surpris de leur réponse et, par les réations des deux autres mutants, se rendit compte, un peu trop tard, qu'une fois encore, leurs cultures avaient des valeurs fort différentes. Il ne rougit cependant pas, comme l'aurait probablement fait quelqu'un d'une culture différente à la sienne. Il se contenta de hocher la tête en signe de compréhension, les yeux à nouveau en direction de la fenêtre. Pablo voulut savoir d'où ils venaient, Tim et lui. Nan' lui répondit sans vraiment attendre, pour la enième fois aujourd'hui, quelles étaient ses origines. Il récita donc, comme il l'avait appris à l'école élémentaire une dizaine d'années plus tôt :

-Je suis Algonquien, du Village de Pikogan, en Abitibi. C'est au québec, une des provinces du Canada, qui est au nord des États-Unis. Chez moi, il est normal d'avoir des enfants vers 17 ou 18 ans. Et j'ai bien hâte de revoir mes frères et mes soeurs. Ainsi que mon neveu.

Nan' continua d'observer la pièce, se souvenant de la lampe que Terry avait allumée puis éteinte, à Val d'Or. Les lampes dans la chambre devaient avoir la même fonction, mais comment fonctionnaient-elles, Nan' n'en avait aucune idée. Il ne s'agissait sûrement pas de magie, par contre, c'était l'évidence. En repensant à tout ce qui s'était produit depuis son arrivée, Nan' s'aperçu que personne ne semblait pressé de lui rendre la réponse à sa question, ce qui lui aurait permis de retourner chez lui. Il restait convaincu que cet endroit n'était qu'un escale sur le chemin de la maison... Il pensa même :

*Je me demande bien pour combien de temps je vais rester ici...*

salon

Ernest n'etait pas mécontent d'avoir quitté le salon qui devenait un peu trop envahissant.

" Pauvre Jay...Ernest continua a marcher , une main derriere le dos un sourire affiché aux levres Je te laisse en bien médiocre compagnie ..."

Mais Ernest dû bientot se taire, il venait d arriver dans une allée ou une rangée de portes s'alignait les unes sur les autres, derriere l'une d'elle il put reconnaître la voix de Tim Lekdo

* Tsss, monsieur Lekdo et son incomparable gentilesse ... il semble avoir etez choisit pour présenter et installer les éleves dans leur noubeau nid...et bien soit *

Ernest se dressa tel une statue , son regard vide, les sourcils légerement froncés, arborant une attitude sûre et fiere; il frappa de deux doigts la lourde porte.

Tim ne put s'empêcher de pouffer à la remarque et à l'attitude de Pablo face à la question de Nan'. Cependant, il se calma bien vite pour ne pas froisser le jeune algonquien, qui leur expliquait déja les moeurs de son village en matière de parentalité. Tim se fit immédiatement le plus rassurant possible :

" Oh, t'inquiètes surtout pas, Naninaka. Je peux comprendre que tout le monde n'ait pas les mêmes...conceptions dans le monde entier.."

Il avait dit ces derniers mots en mesurant le poids de chacun d'eux. Il connaissait le pouvoir des mots et l'effet qu'une mauvaise formulation pouvait avoir dans les relations entre deux personnes. Il faisait donc tout son possible pour que ce qu'il dise soit le reflet exact de ce qu'il pensait. Il continua :

" Quebec ? Ok, je m'en souviendrai..."

Il se caressa le menton, comme si un tel geste pouvait l'aider à retenir les origines de Nan' et se tourna vers Pablo qui, de plus en plus à l'aise, s'était allongé sur le lit. Ravi d'une telle initiative, Tim n'en laissa cependant rien paraitre, il se contenta de répondre au jeune Colombien :

" Moi, Américain ? Tu rigoles.."

Il toussota un peu avant de dire, histoire de se donner un peu de contenance et dit très clairement dans sa langue d'origine :

" Je suis français.. "

Il reprit immédiatement son explication en anglais, pour se faire comprendre des deux élèves et commença à s'étendre, avec bien plus d'enthousiasme que Nan' sur sa vie :

" Je suis né dans le Nord de la France, et j'ai grandi avec mes parents, mon frère ainé et ma soeur cadette. Et, je dois avouer que moi aussi, il me manquent un peu. "

Il réfléchit un peu avant de continuer, l'air pensif :

" Ca fait d'ailleurs un petit moment que.."

Un toc se fit entendre à la porte. Tim stoppa net et se rendit calmement jusqu'à l'entrée de la chambre pour ouvrir. A sa grande surprise ( et à sa grande déception ) il découvrit Ernest, toujours aussi suffisant. Tim, cachant à peine l'ennui qu'il éprouvait de voir Ernest, dut se faire violence pour lui répondre sur un ton agréable :

" Oui, tu peux choisir une des chambres qui sont dans ce couloir.."

Il pointa de l'index les chambres au bout du long couloir :

" Celles au fond sont libres. Et, chose qui, je pense, devrait te convenir, elles sont uniques.. Enfin pour la plupart... Le mieux, c'est que tu rentres et que tu fasses ton choix.."

Tim se mordilla la lèvre inférieure. Il avait désigné les chambres au fond pour éloigner Ernest le plus possible de la sienne et il n'était même pas fichu de les lui désigner avec gentillesse. Pris par les remords, il proposa à contre-coeur :

" Mais, si tu veux, tu peux te joindre à nous. On discute de tout et de rien.. Rien de follichon, mais si le coeur t'en dit..."

Il s'écarta un peu, laissant à Ernest la place pour rentrer s'il le souhaitait.

Ce faisant, il trembla légèrement. Le sol tremblait, chose pourtant plutôt inhabituelle à Salem. Le regard de Tim se fit tout de suite plus sérieux. C'était son premier tremblement de terre et, même si ce n'était qu'une petite secousse, il n'était pas rassuré du tout.

[ HJ : Je me suis permis d'intégrer dans mon post le petit tremblement de terre de Chloé Graham qui, si je ne m'abuse, à atterri à Salem. Si ca ne va pas, vous pouvez tout simplement supprimer le paragraphe, ô, courtier !]

Ernest plissa les yeux, Lekdo etait en train de le jeter comme un malpropre...Jusqu a maintenant personne n'avait parler ainsi a Ernest. Les gens l'évitait au pire mais ils restaient poli et distant avec lui. Tim apparaissait comme quelqu un de tres gentil , tres simple , trop gentil au gout d'Ernest, trop fraternel. La chute n'en fut que plus douloureuse...


"Je vois ...dit-il une main derriere le dos en jetant un coup d oeil au chambre que lui désignait Tim. Les chambres au fond, individuel , bien en retrait pour les personnes associables ou .. indésirables."

Il jetta un coup d'oeil aux autres bien installés lorsque Tim lui proposa, sans réel joie de se joindre a eux


"Non merci, Monsieur Lekdo, je ne voudrais pas d'avantage vous importunez, ma présence jette visiblement un froid depuis mon arrivé... Je ne resterai pas longtemps rassurez vous. Une chambre dans le fond me conviendra en effet parfaitement félicitation.. vous avez vu juste...Je vous souhaite une agréable fin de journée messieurs."


Ernest pris soin de refermer la porte a hauteur de Tim et s en alla d'un pas stressé vers les chambres du fond. Sans doute de colère il se mordit la levre inférieur, et serra le poing

Pablo ne se s’était pas trompé ; Nanikana dévoila ses origines en débitant un espèce de speech qu’il avait l’air d’avoir répété toute sa vie. Un petit village du Québec. C’était de là que venait l’étrange élève, et cela expliquait bien des choses. Pablo ne connaissait rien du Canada, il avait juste lu deux ou trois choses, des généralités ; venant d’un pays d’Amérique latine aux mœurs particuliers et à la météo plutôt douce, il n’avait jamais vraiment été attiré par ce pays nordique qui devait pourtant offrir de superbes paysages, si on en croyait les clichés qui illustraient cette région.

Alors que Tim racontait à son tour un peu de son histoire, un petit bruit sourd résonna ; le jeune homme s’interrompit et alla lui même ouvrir la porte. Pablo leva les yeux vers la personne qui venait d’apparaître et reconnu vite l’élève qu’il avait rencontré dans le jardin quelques minutes auparavant. Le regard ainsi que la façon de s’exprimer de ce jeune homme étaient vraiment atypique ; d’autre part, comme l’indiquait l’emploie du vouvoiement et certaines de ses manières, il ne devait pas venir du même monde que Pablo.
Malgré tout ça, le mutant aux yeux dorés ne voulait pas être le prototype du jeune issu d’un milieu défavorisé qui dénigre ceux venant de « la haute » ; d’ailleurs, les seuls représentants de milieux aisés qu’il avait croisé étaient, pour la plupart, des touristes qui visitaient la Colombie, et même si son expérience lui avait appris à profiter du porte-feuilles gracieusement garnis de ces privilégiés, il ne voulait pas juger les gens sur leur apparence…on ne sait jamais ce que peut cacher un individu.

Le Français, lui, ne fit pas dans la demi-mesure et ne fit pas non plus abstraction de ses sentiments vis à vis d’Ernest. Son invitation n’était pas franchement flatteuse, et cela se ressentait.
L’élève à l’attitude si noble se retira aussi rapidement qu’il était apparu en saluant la chambrée, certainement vexé par cet accueil on ne peut plus froid.
Nanikana était resté silencieux ; observant la scène, regardant tour à tour les deux élèves qui étaient avec lui et préférant ne rien dire qui puisse froisser quelqu'un. Les yeux dorés de Pablo se posèrent sur Tim ; sans porter de jugements, il constatait juste

« J'crois qu'tu l'as vexé. »

Puis, il haussa les épaules et donna son ressenti sur Ernest de façon très naturel

«Il est bizarre…il a pas l’air méchant…juste qu’il regarde bizarrement. Nan ? »

Il est vrai qu' Ernest avait une façon bien à lui de poser les yeux sur les autres, et Pablo était assez sensible à ce genre d’attitude. Encore une fois, son vécu lui avait appris à ne pas « agresser » les gens du regard ; dans les favelas de Bogota un tel comportement pouvait aisément entraîner la mort. Purement et simplement. Sans avertissement. De plus, depuis qu’il avait découvert son pouvoir cet aspect s’était, à juste titre, un peu plus amplifié chez lui.

Il n’y avait rien à ajouter.
Voilà ce à quoi Pablo devait s’attendre à vivre chaque jour : la vie en communauté, et cohabiter avec des personnes qui ne se sont pas choisies. Pas facile pour tout le monde ! Pablo avait traîné toute sa jeunesse avec des gamins de son quartier ; seule l’école l’avait mis en relation avec des individus qui venaient de milieux un peu différent et il n’avait pas l’habitude de côtoyer une population si éclectique dans un lieu si restreint ; chacun avait son propre vécu, ses propres préjugés, sa propre réaction vis à vis de l’autre…

Tim regarda avec peine la réaction qu'il avait déclenché chez Ernest Magguire. Il l'avait traité comme un malpropre et celui-ci, évidemment vexé, se dirigeait vers sa chambre d'un pas décidé. Il avait claqué la porte juste devant Tim. Ce dernier avait alors sentit se poser sur lui les regards des deux nouveaux avec lesquels il avait eu un comportement diamétralement opposé.

Ses joues montèrent rapidement en couleurs et, comme un enfant, il ne put que poser son regard par terre, n'osant pas croiser celui des deux nouveaux. Au bout de quelques instants, il rouvrit la porte violemment et cria :

" Attend ! "

Mais personne ne se retourna vers lui. Tim rentra à l'intérieur de la chambre de Pablo, caressa son front de sa main droite, avant de redescendre vers ses paupières fermées. Il soupira longuement avant d'annoncer aux deux mutants qui, semblait-il, ne le jugeaient pas le moins du monde :

" Des fois, je me pose-là, comme gros boulet..."

Il agita la tête en signe de dénégation :

* Et dire que cette école est censée être un remède à l'exclusion qu'on peut rencontrer..*

Mais il était trop tard maintenant. Tim essaya de se reprendre un peu, pour faire face à la situation. Il esquissa un sourire avant de continuer, comme si rien de tout ça n'était arrivé. Il enchaina tout de suite sur la secousse qu'il avait ressenti pour ne pas avoir à répondre à la remarque de Pablo sur la façon de se conduire d'Ernest :

" Vous avez senti cette secousse, vous aussi ? C'est bizarre.."

Il se caressa encore une fois le menton et ajouta, d'un air concentré :

" Je ne me souviens pas qu'on en ai déja eu un, ici..."

Il haussa les épaules et conlut :

" Bah, j'ai peut être juste eu de la chance. Après tout, c'est vrai qu'aux States, ils en ont plus que chez moi !"

La tentative du jeune Français pour rattraper Ernest échoua ; par ailleurs, il souligna avec justesse qu’une secousse sismique venait d’avoir lieu. Les causes pouvaient être naturelles mais étrangement, Pablo s’imagina immédiatement quelles étaient l’œuvre d’un mutant. L’Institut Xavier abritait des jeunes gens aux pouvoirs si surprenants qu’il ne serait pas impensable qu’un mutant soit responsable du léger tremblement qu’ils avaient ressenti. Pablo non plus n’avait jamais ressentit de tremblement de terre, mais celui-ci paraissait étrange.
Tout en contemplant son pendentif représentant la Sainte Vierge accroché à la chaînette en or qu’il portait autour du cou, Pablo fit part de sa pensée aux deux autres

« Ce serait possible pour un…heu… »

Pablo bloqua. Comme ci le mot qu’il allait prononcer risquait de vexer.

« …pour un "mutant" de faire des trucs pareils ? »

Il avait prononcé le mot à voix basse…il avait encore du mal à accepter ce terme.
Quoi qu’il en soit, le Colombien réalisait combien le pouvoir d’un mutant pouvait être dévastateur ; et si il avait raison ? Si un mutant pouvait faire de telles choses, alors où s’arrêtait l’étendu des facultés que procurait le gêne X ?
La réflexion de Pablo plongea brusquement dans la paranoïa et son visage reflétait son appréhension : il était pessimiste quant à l’utilité d’une école comme celle là. Etait-ce réellement un institut qui avait pour but de recueillir et de protéger les jeunes mutants, ou bien servait-il à les rassembler pour les utiliser par la suite ? Pablo s’était déjà préparé à ce cas de figure, le jour où il avait découvert son pouvoir. Il savait qu’il serait tôt ou tard approcher par des organisations aux ambitions malsaine et rien ne prouvait que l’institut n’en était pas une. En réalité depuis qu’il était arrivé ici, le Colombien ne cessait de se poser se genre questions ; il ne savait pas s’il faisait le bon choix.

Il serra son pendentif, dans sa main, puis releva les yeux vers les deux autres en esquissant un petit sourire pour se rassurer…

Tout le monde avait ressenti ce tremblement, c'était déja ça. Ce n'était donc pas un mouvement d'humeur d'Ernest envers le seul français. Mais peut être était-ce simplement une manifestation non controlée de son pouvoir ?

Mais, pour dire vrai, Tim doutait qu'un tel phénomène, relativement puissant, puisse être l'oeuvre d'un simple mutant. D'accord, nombre d'entre eux étaient doués de facultés supranormales, parfois même dépassant l'entendement. Mais de là à générer un tremblement de terre, il y avait une marge. Il répondit donc à Pablo avec empressement :

" Non, non, je ne pense pas qu'il s'agisse d'une manifestation de ... de l'un d'entre nous. "

Tim répugnait encore à employer le terme "mutant" pour désigner des gens, comme tous les élèves de l'Institut et, plus particulièrement, comme lui. Il se réprésentait toujours ce terme avec une connotation péjorative et préférait, de loin, employer des mots comme "surdoués", "doués de capacités extraordinaires", et compagnie. Il grimaça d'ailleurs un peu en entendant ce mot de la bouche de Pablo mais ne se permit pas de le reprendre. Chacun ses opinions..

Il continua son explication calmement :

" En tous, cas, aucun des élèves ici n'a ce don. Enfin, aucun des anciens élèves, en tous cas.. Après toutes ces arrivées, je ne suis plus tout à fait sur de ce que j'avance..."

Il hésita un instant, se mordilla la lèvre et cédant à la curiosité, reprit :

" Si, toi, tu poses la question et si Naninaka n'a pas l'air de se sentir impliqué par cette secousse, je suppose que, de toutes façons, ni l'un ni l'autre, n'avez ce don..."

Il laissa sa phrase en suspens, laissa planer un silence de quelques secondes pour voir les réactions de chacun avant de demander, avec beaucoup de précaution et de retenue :

" Mais, je me doutes que si vous êtes là, c'est qu'il y a une bonne raison... Alors, si ce n'est pas trop indiscret, quel est votre... Enfin, qu'est ce qui vous est.."

Tim était toujours partagé entre la crainte de poser directement la question et d'embarasser ses interlocuteurs et par la curiosité qui le démangeait. Quand il se lança enfin, il ne le fit qu'à voix basse, comme si la réponse relevait plus de la confidence que de l'information :

" Qu'est ce qui vous a fait réaliser que vous étiez hors normes ?"

Perdu dans ses pensées, Pablo fut tiré de sa torpeur par Tim, qui avait répondu à sa question ; lui ne voyait pas comment un mutant pouvait faire une telle chose. L’Américain sembla réfléchir un moment puis, après avoir bafouillé, il s’adressa aux deux nouveaux d’une voix hésitante

" Qu'est ce qui vous a fait réaliser que vous étiez hors normes ?"

La transition avec le sujet précédent était si évidente que Pablo saisit quasi-immédiatement ce que voulait dire Tim ; il évoquait le fameux don que chacun des élèves présent étaient censés posséder dans cet institut. Parler de son pouvoir n’était pas chose facile pour le Colombien. Rien à voir avec le fait d’être télépathe, de voler, ou bien de créer de la chaleur…son pouvoir à lui était autrement plus sombre et malsain ; son pouvoir, il l’avait longtemps assimilé à une malédiction divine et non à un gêne unique qui permettait d’effectuer des prouesses ; son pouvoir, il n’en tirait aucune fierté ou bien de divertissement, c’était plutôt l’inverse.
Néanmoins, il fallait qu’il accepte sa nouvelle condition, c’était un premier pas vers la compréhension et la maîtrise de cette faculté.
Etrangement, Nan’, qui était resté discret jusque là, intervint

"Pourquoi, tu n'es pas gaucher toi aussi?"

Etait-ce une blague ? Un moyen de détendre l’atmosphère pour aborder un sujet plus grave ? L’Algonquin avait un sens de l’humour assez fin ; bien qu’en le regardant de plus près, il n’avait pas tellement l’air de plaisanter. Peut-être que son pouvoir était lié à ses mains ?
Pablo sourit cette réflexion. Il le fit sincèrement, non pas par moquerie ou par insulte, mais parce qu’il pensait que l'Algonquin faisait de l’esprit. Il avait de la répartie finalement ce Québécois !
Le Colombien se redressa sur son matelas et répondit très calmement à Tim. Les yeux baissés, il n’osait pas affronter le regard de son interlocuteur

« Ce sont mes yeux… »

Il sembla hésiter un instant ; puis, il reprit, toujours si lentement.

« Je peux contrôler les gens…en les regardant. »

Evidemment, Pablo ne parla pas des différentes variantes de son pouvoirs, du jour où ce don s’était révélé à lui : ce jour où il avait successivement obligé un homme à abattre un ami avant de le forcer à se donner la mort. Cet aspect terrifiant de son pouvoir, Pablo ne l’avait embrasser qu’une seule fois et il espérait ne plus jamais pousser sa faculté à un tel niveau.
Assis sur le lit, le Colombien semblait presque regretter ce qu’il venait de dire. Il espérait que cette révélation ne lui porterait pas préjudice pour la suite ; mais par dessus tout, il espérait que Tim et Nan’ ne le jugeraient pas mal, qu’ils ne lui en voudraient pas de posséder un pouvoir si maléfique. Même si cela ne dépendait pas de lui, Pablo se jugeait « responsable » d’avoir hérité d’une telle faculté…

Tim regarda avec surprise l'Algonquin. Lui qui, géné, avait eu du mal à poser sa question se voyait maintenant pris totalement au dépourvu par la réponse de Nan'. Mais, si la question de Nan n'apportait aucune réponse à la question du jeune homme, elle avait au moins le mérite de détendre un peu l'atmosphère que Tim, un peu malgré lui, avait alourdi en amenant le sujet délicat.
Tim retint avec difficulté un "Oh" d'étonnement et regarda Nan avec amusement. Il allait désormais devoir s'habituer à ce genre de remarque qui, pour lui, paraissait totalement hors propos.

Souhaitant à tout prix ne pas froisser le jeune homme avec sa réaction un peu excessive, il s'empressa d'ajouter :

" Euh, non, je suis droitier.. Mais, la remarque est intelligente.."

Son regard perdit un peu de son éclat pour se perdre dans une réflexion personnelle sur la possible influence des gènes sur le fait d'être droitier ou gaucher. Il fut rapidement interrompu par Pablo, qui commençait à aborder le sujet plus "sérieusement".
Tim s'assit et le fixa intensément pour lui montrer toute l'attention qu'il lui portait. Pablo, lui, souhaitait plutôt éviter de croiser son regard. L'explication à ce comportement, pour le moins étrange, fut vite apportée :

" Ce sont mes yeux.. Je peux controler les gens en les regardant..."

Tim écarquilla sensiblement les yeux. Le pouvoir que lui décrivait le jeune Colombien paraissait passablement puissant, et plutôt effrayant. Tentant de ne rien laisser paraitre, il commenta, un peu embarassé :

" Ah ouais, quand même... "

Il ajouta tout de suite :

" Euh, je veux dire que c'est assez impressionnant. "

Puis, plus réfléchi, il continua :

" Tu devrais peut être en parler à Anna. Elle est télépathe, après tout. Et je ne l'ai jamais vu en action, mais, d'après ce que je m'imagine sur ce don..."

Voyant que Pablo semblait désirer rester évasif sur le sujet. Loin de vouloir jeter un froid avec ce jeune homme, il respecta son souhait et se tourna vers Nan :

" Et toi ?"

« ...Impressionnant » ?

C’est ainsi que Tim qualifia la capacité de Pablo. Le Colombien fut surpris ; il s’attendait plutôt à « bizarre » ou « flippant ». Discuter et croiser le regard d’une personne qui peut vous contrôler d’un simple coup d’œil devait être gênant. C’est ce que pensait Pablo.
Le Français évoqua Anna, la jeune femme télépathe qu’ils avaient rencontré dans le jardin, pensant qu’elle pourrait peut-être donner quelques conseils au mutant aux yeux dorés. Lui ne se définissait pas comme télépathe ; d’ailleurs, il ne savait pas vraiment comment se définir. Il répondit simplement

« ouai…pourquoi pas. »

A son tour, Nan’ se livra un peu aux deux autres. Cependant, là encore il marqua sa différence ; chez lui, il n’était pas question de pouvoirs contrôlés ou non. Lui faisait appel à des divinités. Du moins, c’est de cette manière qu’il définissait le don qui sommeillait en lui. Il était assez dur de comprendre de quoi il parlait. Les noms des « esprits » que l’algonquien énumérait avaient des sonorités très spéciales, et cela devait être les bases de son éducation, de ses croyances, car il semblait atterré que ses deux camarades ne saisissent pas ce dont il parlait.
Pablo se passa une main sur la nuque et regarda Tim s’assurant qu’il n’était pas le seul à être largué, avant de se tourner vers Nanikawa, un peu embarrassé de passer pour un inculte.

« Je connais pas tout ça…mais tu peux communiquer avec des esprits ? c’est ça ? »

Pablo regardait Nan’ un peu abasourdi par ce qu’il avait compris. En réalité, il n’avait pas vraiment saisis de quoi était capable le Québécois. Pouvait-il parler avec des esprits ? Avec les morts ? La seule chose qui était sûre c’est que selon les origines, les pouvoirs de ceux que l’on appelait communément « mutants » étaient interprétés de façon bien différente ; le Colombien lui même avait longtemps mis son pouvoir sur le compte d’une intervention divine avant de comprendre qu’il y’avait d’autres gens dans son cas. Nan’ ne savait peut-être pas qu’il faisait partie d’une catégorie de gens bien particuliers ; après tout, il venait d’un endroit coupé du monde…

Tim, en entendant la réponse de Nan', écarquilla encore une fois de grands yeux éberlués, même s'il s'attendait à une réponse qu'il lui faudrait "déchiffrer" de la part de Nan. Aussi lorsque le jeune algonquin leur parla, à lui et à Pablo, de l'esprit Kibbib, l'effet de surprise passa rapidement, aussi ne répondit-il pas, attendant patiemment une explication du jeune homme. Explication que celui-ci fournit immédiatement. Après tout, lui aussi commençait à s'habituer au manque de culture amérindienne du français et du colombien.

Voyant que Pablo se grattait la tête et cherchait à comprendre, Tim lui adressa un sourire compréhensif avant de se concentrer sur les paroles de Naninaka. Curieux, il demanda :

" Mais cet esprit, le frère de l'un et tout et tout, tu controles ces pouvoirs ? Ou bien est-ce que tu peux seulement lui demander d'intervenir ? Je.."

Tim se mit à rire silencieusement, et baissa la tête tout en l'agitant de gauche à droite. Il la releva vivement et, les yeux pleins de malice, il demanda confirmation à ces camarades :

" Je suis pas clair du tout, là ?"

Sans se douter qu'il avait eu exactement le même raisonnement que Pablo, et que celui-ci devait surement comprendre son incompréhension du pouvoir de Nan' : controlait-il le vent, ou avait-il des contacts privilégiés avec des "entités" qui pouvaient influer sur le cours des choses, il prit une profonde inspiration, chercha minutieusement ses mots avant de continuer :

" Je veux dire. Kibbib, c'est bien ça ? Bref, Kibbib agit sur le vent à travers toi ? Ou bien est-ce que tu peux parler à Kibbib ?"

Il regarda le jeune algonquin avec des yeux plein d'appétit de savoir. Il ne se doutait pas le moins de monde l'effort qu'il demandait au jeune homme de parler de lui et de sa culture, de ses origines, mais surtout de ses "dons".

[ HJ : Nan', je vois pas de quoi tu parles, tes messages sont très bien ! ]

Toujours aussi perspicace, Tim avait posé quelques questions plus pertinentes auxquelles l’algonquin avait répondu avec, sembla-t-il, le plus de simplicité.
Un petit sourire suivit d’un hochement de tête. Telle fut la réponse de Pablo qui avait compris le sens de l’explication de Nan’, mais qui ne visualisait toujours pas son pouvoir. Qu’importe. L’important n’était pas là, et même si sa curiosité le poussait à vouloir en savoir plus, il ne fallait pas perdre de vue que chacun avait une sensibilité et une approche différente des dons qu’il possédait. Une fraction de seconde après, l’une phrase de Nanikawa et de Tim lui revinrent en tête

*l'un des esprits du vent*

*Kibbib agit sur le vent*

Pablo plissa ses yeux dorés en regardant Nan’. Il avait (enfin >.<) compris !

« aaahhh…j’vois s’que tu veux dire. C’est incroyable un truc pareil ! T’es en relation avec le vent !? »

Le Colombien était bluffé. Contrôler le vent ! Jamais il n’aurait imaginé un truc pareil ! Il devait se faire à l’idée que chaque personne habitant ici allait le surprendre. Mais tout de même ! Contrôler l’un des 4 éléments de la nature ! Cela dépassait l’entendement. Il resta assis, dans la même position, sans dire un mot, en se visualisant l’étendu des possibilité qu’un tel pouvoir pouvait offrir. Puis…

« J’pensais pas rencontrer des gens avec des capacités aussi extraordinaires que les votre ! C’est…c’est dur à croire… »

Encore une fois le regard de Pablo se perdit dans le flou alors qu’il tripotait le médaillon de sa chaînette. Puis, il se posa une question, indirectement dirigée à Tim qui était là depuis plus longtemps et devait connaître le fonctionnement et les responsables de l’institut.

«...d'ailleurs j’aimerais bien voir la tête des gens qui encadrent tous ces élèves…enfin…qui nous encadrent. Comment tu peux te faire respecter face à des gamins qu’ont de tels pouvoirs ? ça doit être impossible à gérer ! »

Si les élèves étaient capable de lire les pensées, ou de contrôler le vent, les adultes qui les encadraient devaient certainement posséder un grand sens ou plutôt un véritable don pédagogique ! Il ne pouvait pas en être autrement ; déjà qu’être éducateur ou enseignant dans certains quartiers difficiles s’avérait mission impossible, alors s'occuper d'élèves dotés de pouvoirs paranormaux devait approcher la mission suicidaire !

Tim écouta avec attention les dernières explications du jeune algonquin. Il tenait vraimeent à comprendre les tenants et les aboutissants de son pouvoir. Aussi mettait-il à contribution chaque parcelle de son cerveau pour comprendre l'interprétation de son don par Nan'. Il n'eut pas longtemps à réfléchir. pablo eut tôt fait de l'éclaircir en s'exclamant :

" T'es en relation avec le vent ?!?!"

Tim écarquilla les yeux devant l'évidence de la réponse et hocha tranquillement la tête à l'attention de ses deux interlocuteurs. Il s'abstint cependant de tout commentaire.

* J'accueille pas n'importe qui : ils sont tous les deux plutôt puissants...*

C'était lui qui accueillait ces jeunes hommes, c'était donc à lui de répondre à leurs questions et non le contraire. De plus, à trop vouloir banaliser ce sujet de conversation, il déclancherait peut être l'effet inverse. Il prit donc le parti de ne plus parler et de laisser Pablo et Naninaka diriger un peu le fil de la conversation, ce que le Colombien fit rapidement.

Tim s'assit à nouveau sur le même matelas que Pablo et regardant tour à tour les élèves qu'il accueillait, il commença à expliquer :

" Bah, vous savez, il n'y a pas trop d'ordre à faire régner ici. Il y a déja quelques élèves qui ont mon âge, et donc, qui ont passé leur période "dissipée". Et les autres élèves sont plutôt calmes, ils n'utilisent pas leurs dons à tort et à travers, si c'est ce que tu veux savoir..."

Il adressa un sourire mutin à Pablo et continua :

" Après tout, on n'est pas venu ici pour tout mettre à sac. En tous cas, moi non...
Et puis, je dois reconnaitre que les professeurs qui nous encadre nous pousse un peu à toujours garder le controle.."

Il laissa un blanc de quelques instants avant de reprendre :

" Il y a tout d'abord notre directeur, Olivier Fleury qui...n'est pas là pour le moment...
Il y a ensuite Cassandre Deneos, notre psychologue, elle a beau ne plus voir par ses yeux, elle ressent bien plus de choses que nous tous... Inutile donc, d'essayer de lui cacher quelque chose..
Et puis, il y a Adam Zachary.. Oui, je sais, c'est le fils de Thadeus Zachary, le grand anti-mutant, mais croyez-moi, vous pouvez avoir toute confiance en lui !"

Il ferma doucement les yeux et soupira. il avoua à demi-mot :

" C'est lui qui m'a trouvé, et qui m'a conduit jusqu'ici..."

Il rouvrit rapidement les yeux et balaya en un instant le sentiment de nostalgie qui s'installait en lui.

" Je crois que c'est tout..."