[Mode jeu]Duel of Fates

Le grand jour était finalement arrivé, et c'est non sans une certaine appréhension que les profs et l'équipe d'Adam traversaient la ville de Génosha... Trop calme avant la tempête, sous les nuages du matin. Comme si la journée n'était pas suffisamment stressante en soi, il avait fallu que la météo ne soit pas de la partie. Un temps à mettre tout le monde maussade.

Mais après quelques heures de marche, le château était en vue... Derrière un grand parvis empli de mauvaises herbes.



Un beau palais renaissance, style français... Et à mesure que le groupe avançait, une sensation désagréable grandissaient au creux de leurs estomacs : ils n'étaient pas seul. Quelqu'un les observait. Cela ne faisait pas vraiment de doutes.



Les plantes plus ou moins sèches et la terre crissaient sous leur pas, et la sensation se faisait de plus en plus palpable, quelqu'un les observait, leur arrivée était maintenant connue. Mais personne n'était en vue pour l'instant. Était-ce déjà là l'attaque d'un télépathe ? Étaient-ils piégés dans une quelconque illusion empathique ? Le monde allait-il tourner au cauchemar ?


À quelques mètres du grand escalier du château, Adam et son équipe prirent leur propre chemin. Adam se contenta de hocher la tête en direction des profs, leur confiant par ce modeste geste le destin de Cassandre et de la mission, puis contourna la bâtisse avec ses élèves.

La compagnie ne se fit alors pas attendre...
En haut des escaliers, devant la porte, tout d'abord... Une sorte de rugbyman brun s'adossa à la porte en bois, bras croisés, les regardant, sans un mot ni un mouvement de trop.


Puis un autre brun, plus jeune, portant de façon étrange une de ces combinaisons que portaient les lutteurs sortit du château, et vint se placer à côté de lui.


Leurs deux premiers adversaires étaient devant eux. Mais alors que les professeurs s'approchaient de l'escalier, une brise chargée d'embruns souffla entre eux. La météo était-elle mauvaise à ce point ? Ou alors... Un troisième mutant était dans le ciel, et se posa rapidement à côté de ses comparses, sur la large rambarde de pierre de l'escalier.



Les premiers adversaires des professeurs étaient avancés.

Le jour de la destinée.

Le jour de sa destinée.

Conduisant les professeurs, Esther Kofman tirait distraitement sur une cigarette... Sa dernière ? Derrière ses épaisses lunettes de soleil, la jeune femme examinait le palais de Magnéto dont ils s'approchaient. Elle, en silence. Il n'y avait plus rien à dire. Si l'équipe des professeurs n'arrivait pas à sauver Cassandre, personne ne le pourrait... Elle regrettait qu'Adam ne soit pas parmi les leurs, mais l'heure n'était plus aux palabres. Le combat s'annonçait dantesque. Et mortel...

Elle se prit à reconsidérer ces derniers mois... La mort de Robert, son arrivée à l'Institut - une arrivée fraichement accueillie ! - alors qu'elle était encore sous le choc du décès de son mentor, ses débuts difficiles avec son équipe, la séance de torture, sa maternité artificielle... L'Esther qui marchait dans l'herbe sèche n'était plus celle qui avait, un jour, franchit la porte de l'Institut pour ne plus en sortir. Et là ? S'en sortirait-elle ?

Passé et présent se mêlaient de manière hasardeuse dans sa tête. Elle avait juré de tourner définitivement la page de son passé militaire. De renoncer à la violence. De... changer. Et maintenant, tirant la dernière bouffée de son mégot et le jetant aussi sec à même le sol, elle se rendait compte qu'elle devrait mobiliser toutes ses compétences pour sortir victorieuse de cette étape.

Nul besoin de paroles. Ils avaient eu leur briefing. S'ils n'étaient pas prêts, ce ne serait pas quelques mots réconfortants qui changeraient les choses : entre la vie et la mort, il n'y avait que leur préparation, leurs pouvoirs et leur imagination qui feraient la différence.

C'était une drôle de ménagerie qu'ils faisaient là. Un ours et une tigresse de sibérie. Des félines féroces. Et Paolo, en Monsieur Moustache. C'était la meilleure équipe dont on pouvait rêver. La seule qu'elle aurait accepté de mener en de telles circonstances. Un éclair fugace dans son esprit : elle se revoyait valser en Russie avec le Gros Vadim... Et maintenant, il était là, prêt à faire les pires horreurs de la Terre, pour sauver leur amie...

Jetant ses lunettes de soleil au sol, elle continuait à marcher en silence... A la rencontre de son destin.

Déjà, sur les marches du Palais, les premiers adversaires se présentaient à eux. En silence. Les mots étaient superflus. Tout se passerait dans le regard. Comme pour un duel au soleil. Comme dans un western. Le train a sifflé 3 fois. Mektoub.

Rapidement, elle lança sans quitter ses adversaires de ses yeux, les premières consignes.

"Paolo, sous leurs pieds, un lac de lave"

Avec un peu de chance, ils iraient rejoindre leur créateur.

"Sahari, devant Paolo et moi, avec un bouclier d'os. Protège-nous"

Et eux, s'en tireraient, peut être, en sifflant.

"Mini-Vadim, une mini-Carrie... Mini-Carrie, approche-toi avec l'ogre le plus près des assaillants. Attention à la chaleur"

Tout cela avait été dit avec détachement, sans hausser la voix...

"Je mets la gomme sur eux, quant à moi..." lança-t-elle sur le même ton.

A pleine puissance, elle tenta de créer un volume de chaleur extrême à l'endroit où se tenaient les adversaires, pour les piéger. Dans un volume de la taille d'une salle. Avec les trois opposants juste au centre. Tant pis pour le décor, tant pis pour la morale, il n'y aurait peut être pas de seconde tentative !

Voilà donc le moment tant craint.

Le baptême de sang.

Paolo aurait préféré n’importe quoi, même embrasser Vadim plutôt que d’être forcé à faire ce qu’ils allaient faire. Le géologue était mort de peur. Quel autre sentiment pouvait-on avoir lorsqu’on était une personne comme les autres (ou presque) et qu’on avançait vers un combat à mort. Paolo n’avait jamais utilisé son pouvoir pour faire du mal à un être vivant, aujourd’hui il allait déchainer la fureur de son élément pour tuer et cela pour sauver leur collègue et amie. Adam ne les accompagnait pas, on pouvait sans peine imaginer ce que cela lui coûtait mais il leur avait donné sa confiance pour la sauver et il était hors de question d’échouer. Le mexicain avait mis ses habits sacrifiables car dès les premiers instants il devrait prendre cette forme antagoniste à toute vie pour se lancer dans la bataille.

L’atmosphère était pesante. Le plafond nuageux et le silence de mort rendait le chemin vers le palais terriblement oppressant. Les autres professeurs avaient certainement bien plus que lui l’expérience des combats, même Carrie ou Sahari. Paolo se sentait comme une bleusaille qu’on envoyait au front. C’était peut-être même encore bien pire que ça, un conscrit envoyé de force. Ou plutôt non, seul le destin l’avait forcé car c’était volontiers qu’ils allaient risquer leurs vies pour sauver Cassandre.

Paolo regarda Carrie, il aurait aimé la tenir dans ses bras, l’embrasser même, mais une telle effusion avait cette mission aurait semblé un bien mauvais augure, ils auraient le temps, plus tard… c’était certains. Tels des héros d’un film de série Z les voilà approchant du palais où réside le mal pour en sauver la princesse. Un bien joli conte dont il faudrait certainement faire la censure pour qu’il soit accessible aux plus jeunes.

Le plan n’était pas vraiment en accord avec l’esprit d’apaisement et de diplomatie de Paolo ou même de l’Institut en général. Ici, on détruirait avant de discuter. Pas question d’aider à construire aujourd’hui, l’équipe enseignante de l’Institut Xavier allait semer la désolation sur son passage. Démonstration de force ? Non, simplement un ennemi qui était prêt à tout et qui ne lésinerait surement pas pour les empêcher de passer.

Lorsque les professeurs arrivèrent en vue de l’entrée déjà gardée par Cerbère le chien tricéphale, Paolo s’arrêta, mettant nonchalamment ses mains dans ses poches dans une attitude passive. Il n’était pas en colère, ils n’avaient surement pas fait de mal à Sybille, mais cet enlèvement était la goutte d’eau. Ils avanceraient jusqu’à elle, peu importe le moyen.

Et les moyens annoncés par Aleph déclenchèrent une vague de tristesse dans l’esprit du géologue.

Paolo fit quelques pas en arrière pour s’écarter de ses collègues puis, sans bouger, simplement du regard, Magma réveilla son pouvoir pour créer une mare de lave en fusion sous les pieds des trois gardiens des enfers, les limites de la surface incandescente se situant à 3m devant, derrière et sur le côté des trois hommes pour leur éviter de facilement l’enjamber.

Sahari s'avançait silencieusement avec les autres profs, derrière Adam et son équipe. Elle avait pris soin de fournir une lance à Vadim et une autre à Carrie, croyant que cela pourrait leur être utile. À la croisée des chemins, l'africaine ne fit qu'un signe de tête aux élèves ainsi qu'à Adam, qui les accompagnait, se disant qu'il devait être difficile pour lui de ne pas participer au sauvetage de son amie de longue date. Tout comme il serait plus difficile pour les profs de sauver Cassandre sans sa précieuse aide. Mais au moins celle-ci avait certainement prévu les éléments afin de limité les dégâts. Et les morts, probablement... les morts... Comme si Sahari n'avait pas déjà vu assez de sang couler au cours de sa vie! Et de ses propres mains en plus... Elle en venait à se demander si c'était la contrepartie de la mutanité ou si elle avait simplement un affreux caractère.

Mais ce n'était pas le temps d'y penser, voilà que la délégation sportive de Ganymède, accompagnés d'un vampire néo-moderne, se pointaient le bout du nez devant la porte.

"C'est obligé de se battre? On peut pas juste... au moins ne pas les tuer?" murmura-t-elle à Carrie, à ses côtés, désemparée. Non pas qu'elle les trouvaient trop jeunes ou charmants pour mourir, mais que s'ils avaient pu avoir, pour une fois, le soutien de Ganymède, ce ne seraient pas leurs jeunes à eux qui iraient se sacrifier aux quatre coins de l'île.

Et, déjà, Esther lançait des ordres militaires : courts, nets précis et, souhaitons-le, efficaces. Obéissante, Sahari courut devant Esther et Paolo, se glissant entre eux et se plaçant devant, assez près pour sentir leurs présence derrière ses épaules. Elle ne voulait pas avancer plus, à la fois par crainte du lac magmatique de Paolo et pour bien protéger ses collègues derrière le bouclier qu'elle matérialisait, haut et large, courbé vers l'intérieur sur les côtés, afin d'éviter les attaques en angles. Prête à en changer la forme pour empêcher les projectiles qui s'aventureraient trop proches ou encore les attaques directes.

Vadim marchait vers le Palais en compagnie du commando professoral. Comme les autres il avait ressenti, en approchant, cette désagréable sensation d'être observé, attendu.

Cela ne fit que conforter le Russe dans sa disposition d'esprit. Le mutant qui marchait aux côtés d'Esther n'avait plus rien en commun avec le galant valseur de Moscou. Il n'avait plus grand chose à voir avec le gentil farceur ayant effarouché le riche Beckers à la soirée de l'Institut. Seuls sa peau rouge et ses cornes indiquaient qu'il était bien Vadim Volkov. Car l'officier était tout entier concentré sur la tâche qui leur incombait. Son regard parcourait les lieux du sinistre combat pour en calculer tous les paramètres. Météo, terrain, adversaires, architecture du palais. Tout cela était transformé en données tactiques.

Le Sibérien considérait de la même manière ses camarades. Les affinités, les sentiments, les souvenirs communs avaient été remisés loin dans son esprit, car sans intérêt tactique. Seuls comptaient les pouvoirs, les aptitudes, les fonctions opérationnelles de ces cinq facteurs humains. Vadim avait pour lui-même opéré une hiérarchie entre ses collègues. Si seulement un ou deux d'entre eux devaient arriver au terme du parcours, il fallait que ce soit les plus forts, les plus polyvalents, les plus destructeurs. Les plus capables de vaincre en duel le dernier des Ganymèdes.

Comme au jeu d'échecs, Vadim avait attribué une valeur qualitative à chacun. Il ne tarderait pas à estimer de même les adversaires. Carrie et Esther, les plus puissantes, devaient être protégées aux premiers stades.

Vadim était donc prêt à opérer des choix rapides sur les éléments de son équipe à protéger, et ceux à sacrifier ... en cas de dilemme.

Il portait son pantalon de treillis, ses rangers. Il allait torse nu.

Quand la brise maritime s'insuffla entre eux, l'Ogre l'expulsa audiblement de son nez. Il observa l'adversaire volant, puis la façade constellée de fenêtres... derrière lesquelles pouvait se trouver le télépathe, l'empathe, Midas, ou Cassandre. Difficile de dire combien ils étaient à guetter leur arrivée.

Concentré sur ses objectifs, Vadim nota à peine la nervosité d'Esther et ne perçut pas le moins du monde l'appréhension de Paolo. Il avait atteint le niveau de sensibilité d'un ordinateur. Il croisait le regard lointain des trois ennemis et songeait sans peine à broyer leurs corps sous ses doigts, s'il plût à Dieu.

"От судьбы не уйдешь."

Dit-il dans un murmure, pour cette chère Cassandre.

Les consignes d'Esther furent limpides. La formation qu'elle imposait à lui et Carrie nécessitait cependant technique et prudence. Le Sibérien préféra laisser au sol les lances données par Sahari, quitte à venir les retrouver plus tard. Carrie ne pourrait de toute façon pas avoir d'objet en main sous sa taille de mouche.

Il se pencha vers sa collègue avocate tout en lui prenant fermement la main.

"Pulse, on y va y aller tout doux. Décollage et vol furtif en douceur. Contournement de la zone à risque et position stationnaire."

Vadim les rapetissa tous deux, de manière à atteindre la taille de deux petites mouches. Il attendit que Carrie fasse le reste et les emmène à vitesse modérée pour contempler de loin l'attaque opérée par les collègues au sol.

Les professeurs se mettaient en position, et lançaient la première offensive.

Esther et Paolo avait décidé de faire chauffer le premier palier. La réaction adverse ne se fit pas attendre, et les adversaires partirent par la seule issue évidente :de façon prévisible, l'aérokinésique décolla, permettant d'accorder un léger répit au rugbyman qui s'envola avec, probablement emporté par le courant d'air.
Alors que les pierres étaient chauffées au rouge sous l'effet du pouvoir d'Esther, et que le perron était finalement changé en une mare de lave bouillonnante, le lutteur écarta les bras, puis se retrouva suspendu au dessus du sol, au niveau du premier étage. Tout autour de lui, une forme d'armure se matérialisa, enjambant l'escalier d'accès, et dont la tête était à hauteur du dernier étage du château. Le lutteur était debout en son centre, et l'armure était manifestement son "image" à une échelle autrement plus importante.

Pendant ce temps, et après un petit rebondissement du au décrochage impromptu de Carrie qui voulait s'assurer une prise plus ferme, Sahari avait matérialisé un large pavois d'environ 2m de haut pour 1m50 de côté, et Carrie avait finalement réussi à emmener Vadim à l'endroit prévu.

Le rugbyman était à présent posé sur l'épaule de l'armure psychique de son comparse. Il fit quelques gestes en direction d'Esther, Paolo et Sahari, alors que l'aérokinésique faisait de même en direction de Vadim et Carrie. Les trois premiers purent sentir une violente secousse sismique sous leurs pieds, et perdirent l'équilibre, interrompant leurs actions, alors que les deux autres se retrouvèrent pris dans une série de bourrasques très puissantes, telles que Carrie eut à redouter qu'elle ne puisse maintenir très longtemps sa position et sa stabilité en vol si elle restait à cette taille là.

Bien entendu Esther ne s'attendait pas à ce que leur offensive fonctionne à merveille... Mais là... Ils étaient tombés sur trois adversaires coriaces. Reprenant son équilibre, elle ne put que découvrir avec étonnement que leurs assaillants... étaient parfaitement indemnes. Pas une égratignure, pas une blessure, rien !

Pire même ! Ils avaient immédiatement riposté. Par une secousse sismique. Par... Une espèce d'armure géante. L'israélienne n'en croyait pas ses yeux : ils avaient affaire à des monstres.

Au moins cette première tentative leur avait donné un complément d'information. Et puis, les professeurs de l'Institut avaient une mission : ils ne pouvaient abandonner.

Plus important encore : avant de ressentir la secousse, elle avait clairement vu que l'homme à l'armure géante, qui se tenait au centre de celle-ci, tel un nain monstrueux, ne s'était pas le moins du monde brulé à l'apparition de la lave de Paolo. De même, il avait paru indifférent à sa zone de chaleur... Elle était impuissante... D'autres qu'elle devraient se charger de celui-ci... Une certaine courgette rouge par exemple...

L'heure n'était pourtant pas à l'introspection. Composant au fur et à mesure son plan, Esther débita rapidement et sans hausser la voix, de manière à limiter les risques d'être entendue par leurs adversaires, ses ordres à l'attention des deux camarades à sa proximité immédiate. En espérant que le bouclier de Sahari les protège, tous les trois.

"Paolo, télékinésie de lave. Faut que ça rampe sur le géant et que ça touche son collègue. Là, sur son épaule"

Son expression était pauvre. Les mots peu choisis. Mais les alexandrins attendront son retour à l'Institut... Si retour, il y a !

"Sahari, télékinésie sur les lances. En direction du même"

Vadim et Carrie devraient quant à eux se débrouiller seuls. Aleph espéra juste qu'ils attaquent l'homme à l'armure sous une forme gigantesque. Comme seul Vadim sait les faire. Et violemment, à la manière d'une dragonne en furie !

Quant à elle, l'homme volant était une cible de choix. Frustrée de ne pas l'avoir eu du premier coup, elle décida de se focaliser sur lui. Un aérokinésiste ? Comme le petit Nan, celui qui ne parle jamais ? Eh bien, s'il manie le vent, elle allait lui donner du vent chaud !

Visualisant mentalement un volume, de la taille la plus large qu'elle put, dont l'aérokinésiste serait le centre, Esther activa, une fois de plus, son pouvoir à puissance maximale : il s'agissait tout simplement de créer une zone de chaleur extrême. En espérant qu'il se brûle au passage. Ou au contraire qu'il mobilise des courants ascendants qui l'amèneraient bien plus haut qu'il ne l'aurait souhaité...

Leur petit tour ne les avait même pas inquiété, ou plutôt ils avaient oublié une porte de sortie évidente avec l'aérokinésiste : les airs. Mais au moins maintenant ils étaient fixés sur leurs pouvoirs : un aérokinésiste, un géokinésiste et une armure psychique. Maintenant qu'ils avaient levé cette incertitude, ils pouvaient penser à un plan pour se débarrasser d'eux. L'idée semblait toujours aussi bête de foncer dans le tas mais il fallait croire que ce serait la seule solution pour passer.

Les trois opposants devait se dire que l'attaque avait échouée, ils ne devaient pas se sentir en danger pour être restés au même endroit. Or Magma venait seulement de rendre l'endroit plus propice à l'utilisation de son pouvoir. Aussi lorsque Aleph donna son ordre, il se contenta de se relever tout en regardant l'armure psy et son passager.

- Compris. fut son seul mot avant de déclencher son pouvoir.

Sans aucun geste, Magma ordonna à la mare de lave de se mettre en mouvement. 3 tentacules de lave se glissèrent dans le dos de l'armure, passant derrière l'épaule droite, elles devaient encercler le rugbyman par les côté et au-dessus. 7 autres tentacules devaient emprisonner l'armure pour entraver ses mouvements.

"Ils ne nous laisseront pas le choix"

Pas le choix.
Le choix... Le choix! Mais ne devraient-ils pas toujours avoir le choix? Toujours! Tous! Simplement? Non... C'était impossible et idyllique. Parfois, on n'avait pas le choix... de fuir son village, de réprimander des élèves, ou de combattre de jolis jeunes mutants surentraînés. En fait si. Ils avaient le choix, même dans ces situations : le choix d'être lapidée, de laisser les élèves impunis faire pire la prochaine fois, ou d'abandonner Cassandre. Des choix insensés, en somme.

S'accrochant tant bien que mal à son pavois afin de ne pas tomber au sol, Sahari écouta attentivement les instructions de l'ethnopsychologue. Elle lui manifesta, par communicateur, qu'elle avait bien compris ses instructions et, conservant sa main droite en appui sur leur défense osseuse, elle étendit la gauche vers les lances pour les soulever du sol et les diriger le plus rapidement possible vers le rugbyman, en tentant de le blesser, au point qu'il en soit KO, suivant ses déplacements, si son ami éolien décidait d'en faire un pantin. Sahari comptait même le picorer à l'aide des lances à la manière d'un couple d'oiseaux qui voudraient chasser un intrus de leur nid.

À quelque part, Sahari était effrayée. Et si les adversaires étaient de leur niveau, ou pire, trop forts pour eux, et qu'ils ne parvenaient pas à passer?

Vadim proféra un juron mignature lorsqu'il vit l'aérokinésiste tendre les bras vers le couple moucheron.

*On est repéré...*

Il songea de nouveau à ce maudit télépathe qui devait forcément se tenir dans l'ombre du château, recevant et distribuant les informations à ses trois comparses comme s'ils étaient des pantins entre ses mains. Ce cerveau externe commun était un avantage tactique indubitable. L'Ogre rouge activa ses neuronnes pour trouver une solution tandis que Carrie stabilisait leur position dans la tempête. Il sentait bien que leur petitesse était désavantageuse pour Carrie. De plus, tout cela n'avait plus aucun intérêt tactique vu qu'ils étaient repérés.

"Pulse, on largue les amarres."

Dit-il dans son communicateur d'une voix de lutin.

Une armure géante venait d'apparaître, sauvant les Ganymédiens de l'attaque d'Esther et Paolo. Un homme se trouvait encore perché sur l'épaule. L'amas ainsi formé bouchait la porte. Vadim songea alors qu'il pourrait être utile de montrer à ces gens que les mutants de l'Institut n'avaient pas besoin de porte pour entrer quelque part.

Une fois détaché de Carrie, Vadim poursuivit son grandissement de manière à retomber sans heurts sur la terre ferme, dans le fossé. Une fois atteinte sa taille maximale, il resta en réserve sur sa position (H5-6), afin de pouvoir venir ultérieuremet en renfort de ses collègues. N'ayant pas reçu d'information sur les cibles visées par ses collègues au sol, il adressa à tous un message par communicateur. C'est que Vadim ne voulait pas se prendre un retour de flamme ou de magma.

"Dîtes-nous quelles sont vos cibles. Je me tiens prêt pour attaquer le grand."

Sous sa forme géante il campa solidement sur ses jambes pour encaisser des attaques sismiques ou venteuses. Il comptait suivre des yeux la suite des opérations et jeter un oeil par une fenêtre si par chance il s'en trouvait une à portée de regard.

"Message reçu, Gulliver." répondit la voix Mini-Fée de Carrie.

Lorsque Vadim lui indiqua le moment précis où il voulait qu'elle le lâche et elle le fit aussitôt, se défaisant de son collègue. Une fois que Vadim la lâcha et qu'elle eut reprit sa taille normale, Carrie s'envola vers le haut le plus vite qu'elle pu pour éviter une collision quelconque. Elle se dirigea vers le Palais pour éviter les attaques de ses collègues sur l'aérokinsésiste. Elle se réfugia sur le toit, tout près d'une cheminée pour pouvoir se cacher en cas d'attaque quelconque. De là, aussi, elle pourrait observer ses collègues un peu. Personne ne déclarait son intention et elle ne pouvait pas prévoir quoi que ce soit. C'était un moyen d'arriver dans un cross-fire et elle se ferait manger tout cru par un golem de lave ou Miss Météo déchainée. Une fois qu'elle fut à l'abris des bourrasques et/ou des attaques des autres professeurs, elle ouvrit son émetteur:

"Annoncez vos actions, pas seulement vos cibles. Nous sommes à l'aveuglette." lanca-t-elle de sa voix normale, très irritée et froide.

Carrie soupira et décida de ne rien faire tant qu'elle ne savait pas ce qui se passait.

Et à nouveau, Esther se mettait en mode four. Au vu de l'urgence, Eole se laissa simplement tomber, la gravité étant plus efficace que l'air chaud en ce genre de circonstance, puis il se stabilisa au niveau du coude de l'armure géante, à peu près à la même hauteur que son collègue dans l'armure.

"Si ça continue comme ça, je vais me changer en écrevisse !"

Son comparse ne lui répondit pas, étant assez absorbé. Il ne prêtait que peu d'attention aux tentacules de lave qui vidaient totalement la mare sur le perron, et lui constituaient des sortes de bretelles magmatiques d'une vingtaine de centimètres de diamètre, préférant soulever son énorme main psychique pour la placer par dessus son comparse géokinésique, afin de le protéger des assauts des lances de Sahari qui s'y émoussèrent, à défaut de s'y briser.

Protégé ainsi des attaques, Uranus eut tout le loisir de contre-attaquer. Un tremblement et un grondement sinistre se fit entendre autour de Paolo et Esther, alors que quatre énorme murs rocheux sortaient du sol tout autour d'eux, leur bouchant toute visibilité du champ de bataille.

Titan constata toutefois que Vadim avait sauté, et prenait une taille environ semblable à la sienne... Les choses allaient devenir intéressantes ! Il attrapa son acolyte géokinésique, et le déposa sur le perron en redescendant son bras. Le géokinésique ne manqua pas alors de dévaler les marches pour s'éloigner du choc des titans.

Carrie avait trouvé une position stratégique sur le toit d'ardoises du château, et serait sans doute aux premières loges pour assister au spectacle.

(Titan est toujours à sa place, Uranus est en E4, Eole en C6, Carrie en H7. Le mur cerne Esther et Paolo qui n'ont pas plus d'un mètre de débattement)

La situation s'emballait : l'aérokinésiste se déplaça tout simplement pour esquiver son attaque. Quant au double gigantesque du lutteur, il semblait être l'ami idéal pour sauver ses potes de toutes attaques, de tous coups portés... En d'autres circonstances, Esther aurait pu admirer leur belle coordination et maudire le manque d'entraînement au travail d'équipe des professeurs, mais le fait qu'une prison rocheuse surgisse du sol pour les enfermer, Paolo et elle, la rappela à sa mission...

Il allait falloir se secouer les puces. Il allait falloir revoir ses ambitions à la baisse : à ce stade là, leur faire avaler leur acte de naissance n'était plus réellement à l'ordre du jour... Il fallait qu'ils bougent ! Et qu'ils créent une ouverture pour pénétrer à l'intérieur du bâtiment.

Telle une Générale, chef d'État-Major le nez vissé sur sa carte, Esther lança ses ordres à l'aveugle dans son communicateur.

"Vadim, au corps à corps avec le géant. Paolo s'occupera de dégager la lave"

A l'attention de ce dernier, elle lança :

"OK, tu dégages la lave et tu la balances sur le type qui fait les secousses. Les autres, on s'en fout"

Elle espérait bien créer une réaction. Et les faire se défendre à nouveau...

"Sahari, TK sur les lances à nouveau. Dans le dos en mode furtif"

Et pour l'aérokinésiste, il fallait une personne rapide. La plus rapide qu'il soit.

"Carrie, vol rapide sur le mec volant. Et projection au sol"

Tout en donnant ses ordres, Esther tenta de faire fondre une large ouverture dans le mur faisant face au champ de bataille. Aussi vite qu'elle put. Et dès que le passage crée permettrait de sortir de la cage rocheuse, elle stopperait son action.

Le mur devant elle fut rapidement chauffé au rouge, et commença à dégouliner lentement. Pendant ce temps là, le brave Paolo commençait à avoir drôlement chaud, et sentit presque ses poils de barbe roussir. Esther devait vraiment mettre le paquet !

Dans le fossé, Vadim terminait son ascension fulgurante, et dominait bientôt Titan d'une demi-tête. Toutefois, debout dans l'axe du fossé, il se trouvait dans une posture assez peu stable, étant trop large pour être bien équilibré. Il faudrait sans doute qu'il mette un de ses énormes pieds sur le sol plan. Titan se targua d'ailleurs d'un petit sourire, et pris une profonde inspiration, faisant ainsi gonfler son armure psychique dans des proportions semblables à celles de Vadim.

Uranus fit un geste comme s'il tirait quelque chose du sol, et six des massives dalles constituant le perron sortirent de leur plancher, et vinrent flotter autour de lui.
Quant à Eole, seul en position d'attaquer, il prit à nouveau son envol, allant haut au dessus du château, et commença à faire des gestes étranges, comme s'il cherchait à mettre en mouvement une charge très lourde.

Ceci dit, une ouverture était maintenant praticable dans le mur, qui avait maintenant pour perron une mare de terre noircie, entourée d'herbe roussie et décorée de flammèches.

Non seulement il n’avait pas pu atteindre le géokinésiste mais en plus la lave n’avait rien fait à l’armure psychique. Le pire était à venir car maintenant, Aleph et lui étaient prisonniers entre 4 murs pendant que le reste de l’équipe devait gérer à 1 contre 1. Esther réagissait et lançait déjà de nouveaux ordres, ainsi on aurait droit au choc des géants, à un combat aérien et ne restait plus que le géokinésiste aux prises avec Spine. Le géologue acquiesça à l’ordre de dégager la lave et relâcha sa télékinésie sur la roche en fusion, de toute manière il avait d’autres chats à fouetter.

La température dégagée par Esther commençait à être franchement incommodante même pour lui, mais elle voulait lui dégager le passage pour la suite, sinon il aurait très bien pu s’occuper de faire fondre le mur. Néanmoins, lorsque la vue se dégagea, il vit le géokinésiste décoller les dalles de pierre pour s’en entourer.

Il était bien d'accord, les autres on s'en foutait, ils avaient leurs adversaires. N'ayant plus le soutient de son colosse, il avait sorti ses protection qui, compte tenu de leur qualité, pouvaient très bien aussi servir d'armes.

- Je crois qu’il est trop tard pour la lave, monsieur a levé ses boucliers, je suppose que le combat peut commencer ! dit-il avec un petit sourire tout en faisant un pas en avant.

Paolo appela son pouvoir alors qu’il sortait de leur prison pour marcher vers le géokinésiste en gardant une distance de sécurité avec Spine pour ne pas la blesser.

Magma devint un humanoïde constitué de plaques noires entourée d’une lueur rouge orangée alors que la lave s’était refroidie en surface pour lui constituer une armure de roche et il se lançait à l’attaque du géokinésiste, se préparant à éviter les dalles qui flottaient quitte à jouer sur ses jointures de lave fluide pour esquiver en s'allongeant ou se déformant.

Pas évident de faire un sprint quand on est transformé en plusieurs tonnes de lave, et à plus forte raison quand on s'est refroidi... Le brave Paolo courait avec autant d'aisance qu'un chevalier médiéval en armure. Mais il n'était pas le seul à être entravé : les bretelles de lave qui encadraient encore Titan s'étaient solidifiées, laissant apparaître sur son front une ride de contrariété.

Le géokinésique, le voyant approcher, se contenta de tendre la main devant lui, lui intimant de s'arrêter. Au grand désespoir de Magma, celui-ci ne put que constater que son corps obéissait. Arrivé à hauteur de Sahari, qui trouvait qu'il faisait drôlement chaud, il ne parvint plus à progresser, son armure ne bougeait plus. Il constata alors qu'il quittait le sol, et que ses bras commençaient à l'écarteler de façon cruellement douloureuse alors que le géokinésique écartait les doigts.

Pendant ce temps, tous les mutants pouvaient sentir que le vent commençait à souffler, y compris Vadim qui, même s'il avait plus de voilure, devait être aussi plus stable que les autres, pouvait sentir que le vent devenait vraiment puissant.

Sahari soupira. Évidemment, une grosse main énorme avait dû descendre pour bloquer ses lances et les émousser en plus. Non mais franchement! Ces charlatans n'avaient aucun respect pour l'Art!
Sahari observa un instant ce qui se passait : Vadim était maintenant gigantesque, auprès du titanesque mutant qui le rattrapa en taille, Esther et Paolo avaient eu droit à leurs appartements privés, qu'ils quittèrent rapidement, et Carrie avait disparu de la circulation. Monsieur météo faisait de grands mouvements, et Sahari sentit tout à coup le vent prendre dans sa ravissante chevelure, pendant que Paolo, duquel elle s'écarta rapidement : il émanait une chaleur à en avoir des maux de tête, se faisait écarteler comme sur la croix.

Les directives de Esther ne tardèrent pas à lui parvenir pendant que l'apocalypse s'abattait sur Paolo et l'africaine ne put qu'y souscrire. Pendant que le géokinésiste était occupé avec le mexicain, il serait certainement assez concentré pour ne pas voir venir une attaque de dos. Et puis l'aérokinésiste semblait aussi très concentré sur leur nouvelle mise en pli -qui obligeait quand même Sahari à se tenir les jambes bien plantées au sol- et le titan serait certainement trop occupé avec Vadim -si il écoutait Esther- pour voir ce qu'elle tramait et en avertir Uranus.

Au cas où, elle plaça tout de même ses mains devant sa bouche, pour avoir l'air de l'innocente dame effrayée, pendant qu'elle commandait aux deux lances derrière Uranus de l'attaquer par surprise, dans son dos, en les affûtant autant que possible au passage, et en s'assurant d'éviter et contourner les dalles d'Uranus.

"Roger." Envoya-t-elle simplement à Esther pour répondre à son ordre direct.

Carrie regarda la scène qui se déroulait devant eux avec une certaine appréhension. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle s'inquiètait de voir ce qui se passerait. Elle ne voulait pas que quelque chose arrive à ses collègues...Ils avaient encore tant de différends à avoir! Elle jeta un coup d'oeil sur Paolo qui se transforma en golem de lave et eut le premier vrai sourire de la journée. Elle le regarda quelques instants et eut un petit gloussement. Son homme était un golem de feu super puissant...La classe! Elle sentait déjà le vent se lever et tourna son regard vers Eole qu'elle regarda avec mépris. Le sourire qu'elle avait toujours sur les lèvres devint d'une chaleur comparable à un bain de neige dans l'Antartique. Elle jeta dernier coup d'oeil à Paolo et serra les poings. Le Titan était mieux pas l'abimer...

Le projeter contre le sol...Esther voulait qu'elle le projete contre le sol, mais elle ne savait pas si elle en serait vraiment capable. Elle était certaine qu'elle pourrait le projeter avec une très très grande force vers le sol, mais le pouvoir du mutant lui permettrait peut-être de se retenir avant qu'il ne touche le sol. Trop d'inquiètudes pour pas grand chose, Carrie réalisa soudainement! Sa poussée très très violente serait accentuée par la vitesse de son vol. Il n'était tout simplement pas question qu'elle s'arrête devant lui pour prendre le thé avant de le propulser vers le sol!

Montant en altitude, Carrie se plaça pour être en angle direct avec Eole pour pouvoir l'envoyer valser directement contre le sol. Elle prit son envol, les bras flexés, mais devant elle. Elle vola alors du plus vite qu'elle le pouvait, à des vitesses supersoniques, droit sur Eole. Juste avant l'impact de ses bras contre Eole, elle activa une très grande poussée avec ses mains. En combinant sa vitesse supersonique et une poussée très violente, elle espèrait plaquer Eole vers le sol pour qu'il s'y écrase sans avoir le temps de réagir.

Vadim dépassa le Titan, qui se tenait à califourchon sur son perron, mais ce fut pour mieux se faire rattraper en taille. Cette petite mise à l'échelle permit à son acolyte Uranus de faire sa démonstration. Vadim aperçut Paolo en difficulté, il sentit un vent de plus en plus violent se lever. Que faisait donc Carrie ? Le Sibérien n'avait aucun moyen d'aller secourir son collègue magmateux, il devait se consacrer à l'armure géante.

Rapidement, l'Ogre analysa son adversaire. C'était la première fois de sa vie qu'il affrontait un géant comme lui, et ce devait être pareil pour celui d'en face. L'armure semblait invulnérable. Nul doute que les coups de Vadim n'atteindraient en rien la santé du marionnettiste. L'assommer seulement relèverait sans doute de l'impossible. La seule faille que Vadim aperçut, fut le fait que le type avait les yeux au niveau du nombril. Il n'avait certes pas une aussi bonne vision de la situation que lui, qui avait les yeux en face des trous. Ainsi, le Titan était à son aise pour protéger ses amis d'attaques à distance, mais au corps à corps, il aurait plus de mal à apprécier la situation. C'était un maigre avantage mais il fallait tabler dessus. Vadim, lui n'était que de chairs et d'os. Son espoir résidait dans sa capacité à immobiliser le Titan.

Il repéra aussi que, malgré son sourire moqueur, le dit Titan n'était pas dans une position plus enviable que Vadim. Les pieds de part et d'autre du perron, presque adossé au château... Il n'était guère mobile et n'avait aucun recul.

Sentant que ses deux pieds ne tiendraient côte à côte que de manière instable, Vadim se mit tout simplement à marcher, à la manière scoute qui est encore la meilleure : en mettant un pied devant l'autre. Nonobstant la brise coquine qui lui caressait le visage de manière de plus en plus insistante.

Une fois à proximité de Titan, Vadim impulsa sur son pied d'appui et s'élança sur lui pour le renverser de l'autre coté du fossé, en enserrant ses bras autour du buste du colosse.

Il mit évidemment tout son poids dans cette attaque certes grossière, mais Vadim était intimement persuadé que c'était toujours dans les vieux pots qu'on faisait les meilleures soupes.

Le vent était maintenant particulièrement fort, et Sahari eut toutes les peines du monde à faire avoir une trajectoire correcte à ses lances. Même Carrie ne pouvait pas aller aussi vite qu'elle le voulait sous peine de trop subir le frottement et le froid du vent.
Il n'en reste pas moins que la collision avec Eole fut très violente, et Carrie, même sans utiliser son pouvoir, put sentir qu'il avait du le sentir passer... Elle avait senti des trucs se briser. En tout cas, le vent était tombé, et Eole était en chute libre.

"Sander !", s'était exclamé Uranus, voyant son comparse tomber : il lança ses rochers qui se réduisirent en sable à sa rencontre, amortissant le choc de sa chute. Mais par le fait même, il n'était plus protégé des attaques de Sahari, qui n'avait pas pu affûter ses lances, heureusement pour son intégrité physique. Il avait toutefois été touché au côté et dans le dos, et se tenait les côtes.

Vadim n'était parvenu qu'à faire un pas, il n'avait pas la place de faire plus, et était un peu comme un funambule... Il se projeta sur Titan, qui était manifestement bien plus versé dans les techniques de lutte que Vadim, quand bien même il était (dans le fond) plus petit. Vadim ne comprit pas vraiment ce qui lui était arrivé, tout au plus avait-il senti une main qui lui agrippait la ceinture, puis un retournement, et il s'était retrouvé à bouler sur Sahari, Esther et Paolo. Les tentacules de pierre qui l'entouraient avaient volé en éclat, comme si elles avait été en verre.

"Va chercher Jennings !", beugla Titan alors que son armure se volatilisait, et qu'il tombait au sol sur le perron haut, en y creusant un petit cratère. Uranus avait ramené l'aérokinésique, évanoui, à lui, et s'en fut en claudiquant par la porte, suivi par Titan qui jeta aux professeurs un regard plein de colère et d'incompréhension. Demeurait une question : à qui avait-il donné cet ordre ?

Dans tous les cas, l'accès était maintenant libre... Ayant recouvré leurs esprits, les professeurs entrèrent donc dans le hall.


Un vaste hall de marbre, avec un escalier monumental, des coursives, des ferronneries... Il leur allait falloir chercher dans ce dédale à présent. Mais au fond, ils savaient aussi qu'ils n'en avaient pas terminé avec les emmerdes.

Esther n'avait jamais vu Paolo sous sa forme de golem. Elle sourit légèrement, considérant la "bête"... Sous cet angle de vue, elle comprenait mieux le béguin que pouvait avoir Carrie pour le géologue bellâtre. Toujours dans son abri, elle contempla le reste de l'action : l'aérokinésiste se mangea Pulse. Ce qui était une bonne chose. Et le géokinésiste n'apprécia pas non plus ce qui lui arrivait.

Et puis l'ogre volant s'approcha de sa position. Figée par la terreur, elle ne put que se dire que, franchement, mourir écrasée par Vadim Volkov, c'était grotesque. Était-ce pour la punir de lui avoir marché sur les pieds lors de cette fameuse soirée ?

Mais sa faillite personnelle ne se produisit pas : la courgette cascadeuse s'étant échouée en un autre endroit. Aleph reprit son calme. Et fit semblant d'être plus courageuse qu'elle ne l'était. Encore quelques sensations dans le genre et elle resignait sur le champ dans Tsahal.

La déroute des Ganymèdes lui laissa, en revanche, un gout amer. Elle ne pouvait se départir de l'impression qu'ils les laissaient avancer. Comme s'il s'agissait d'un piège. Comme s'il s'agissait d'un défi tordu. Et qu'on - quel que soit ce "on" - jouait avec eux. Et ça, Aleph détestait ça par dessus tout.

A moins qu'une franche camaraderie ne les unisse ? Et que, de ce fait, deux étant tombés sur le champ de bataille, le troisième plaçait leur vie avant la défaite des membres de l'Institut ?

"En avant, on a des têtes à exploser" brailla Esther en sortant de sa cage rocheuse. Elle jeta un sourire narquois au pauvre Vadim.

"Debout, Lieutenant-Colonel Volkov. Ce n'est pas une publicité pour l'armée russe pour un nouveau slip de bain mais bien une opération de sauvetage"

L'israélienne se sentit mieux après cette petite pique. Sous la guerrière, la féline joueuse. Sous la guerrière, une fille un peu paumée.

L'intérieur était luxueux. Propret. Et franchement inquiétant. Sous une telle avalanche de belles choses se tenait, tapi dans l'ombre, leur destin. Et celui-ci dépendait maintenant d'un hasard purement objectif. Esther imagina un instant jouer à pile ou face avec le corps de Vadim. Puis s'en remit à son intime conviction, comme poussée par un démon de Maxwell des temps modernes.

"En haut. L'escalier" lança-t-elle d'un ton neutre.

Avant de s'y engager elle même, elle ajouta :

"On se presse pas... Ils nous guettent c'est sur. Sahari, peux tu faire de nouvelles lances ? Pour les autres, on y va à pas de louve. Allez ! Amis des Ganymèdes, les Ganymèdes nous attendent !"

Enfin, pour Paolo ça allait être problèmatique.

Aleph s'engagea dans l'escalier tout en examinant les alentours et en restant bien concentrée. Les poings serrés, prête à tout moment à activer son pouvoir.

Le haut de l'escalier donnait sur les coursives en contrebas :

Mais il permettait également d'accéder à une galerie au plafond somptueux

Magma se sentit terriblement bête, bête d'avoir pensé à devenir pierre en fusion face à un géokinésiste, trop de confiance en soi et voilà le résultat. Il était stoppé, soulevé et écartelé sans rien pouvoir y faire, il pensait se débattre mais commençait déjà à se dire que ça ne servirait peut-être à rien en définitive. Il était à la merci du géokinésiste et devait s'en remettre entièrement à ses compagnons pour la suite. Devant son impuissance il regarda le ciel pour voir son amie, Pulse, déchirer le ciel telle une étoile filante pour venir heurter l'aérokinésiste appelant la tempête.

Elle était merveilleuse, et il fit un voeux.

Baissant son regard vers son bourreau, il put voir celui-ci blessé par l'action de Spine. Si son visage de pierre avait été plus expressif il aurait souri. Ses collègues étaient bien plus efficaces que lui.

Alors que Gulliver faisait un vol plané, voilà que leurs ennemis battaient en retraite devant leurs blessures. Magma fut soulagé de retrouver le plancher des vaches. Maintenant il fallait avancer vers d'autres dangers sans nul doute. Aleph reprenait le commandement des opérations d'un ton très militaire, Magma tenta de garder une distance de sécurité avec ses compagnons car même au plus froid il était d'une proximité plutôt incommodante sauf peut-être pour leur commandante en chef, mais lorsqu'elle leur intima d'avancer d'un pas de louve, il ne put réprimer un grognement digne de son apparence. Difficile d'être discret lorsqu'on se balade déguisé en un colosse de lave en fusion de plusieurs tonnes !

Mais malgré tout, il était en mesure d'encaisser un peu plus sous cette forme et prit son rôle alors qu'ils avançaient. De ses yeux de braise, Magma scrutait les lieux alors qu'ils avançaient dans le palais, cherchait une piste quant à la localisation de leur amie ou de leurs adversaires.

Le palais semblait désert. Il n'y avait pas le moindre indice ni le plus petit post-it qui aurait indiqué la position de Cassandre. Tout au plus, en tendant l'oreille, put-il entendre ce qui semblait être des bruits de pas pressés, mais il n'était même pas sûr de son coup.

Seule une chose lui apparut nettement alors qu'il arpentait la gallerie : il y avait à nouveau quelqu'un qui le regardait.

Vadim pénétra à la suite des autres à l'intérieur du palais, époussetant brièvement ses bras et ayant bien entendu repris taille humaine. Le style de guérilla employé par les adversaires plongeait Vadim tout autant dans l'incompréhension que ce fut le cas pour ce pauvre Titan offensé. Rien de tout cela ne plaisait à l'Ogre rouge, qui aimait les combats à la loyal, et non les démonstrations de force assorties de jeu de cache-cache à la débandade.

Notant d'un froncement de sourcil la remarque d'Esther, devenue étrangement joviale devant le pathétique de la situation, Vadim s'accoutuma au nouveau décor.

Une fois en haut de l'escalier, il observa les multiples voies possibles. Il tendit le bras vers la galerie au plafond somptueux, pointant le tableau au dessus d'eux. Il dit avec un sourire.

"Là haut ne serait-ce pas une femme aveugle entre les deux enfants ? Je dirais qu'il faut aller par là."

Pour avoir une meilleure vue générale, et ne doutant pas qu'on savait de toute façon exactement leur position, Vadim se grandit pour faire trois fois la taille de ses collègues.

Avec Paolo il se rendit sans discrétion dans la galerie, qui avait le mérite de n'offrir qu'une seule route dorée à suivre.

Excédé par cette sensation d'être épié par un enfant impoli, il marcha en éclaireur, sans se gêner pour marteler le sol de ses gros pieds. A chaque intersection, il se dressait au milieu du chemin, prêt à recevoir et à parer une attaque en traître d'une ganymédien dissimulé.

Il n'y avait personne. Du moins, en vue... Parce Vadim avait constamment cette persistante sensation d'être épié et suivi. Il n'avait pas pu se grandir autant que prévu, le plafond étant trop bas. Arrivé au bout de la galerie, il put constater qu'il y avait un passage vers des appartements.

Mais il se produisait quelque chose de bizarre dans la galerie où se trouvait le reste de l'équipe. Un bruit étrange de grincement se faisait entendre dans les murs, ainsi que ce qui ressemblait à des bruits de métal déchiré.


Il clama haut et fort :

"Ici l'Institut Xavier ! Nous sommes là et on vous attend. За чем пойдешь, то и найдешь..."

Dit-il comme en incantation, en espérant qu'en effet, ils n'aient qu'à chercher pour trouver. En l'occurrence, un adversaire hardi ou Sibylle.

"Touché, mais pas coulé!" ne put s'empêcher de fanfaronner Sahari, tout de même heureuse de ne pas avoir ajouté un nom aux victimes de son pouvoir. Et elle regarda les trois fiers paons battre la retraite avant de pousser un cri animé cette fois d'une véritable angoisse : un géant rouge de 15 mètres était en train de leur rouler dessus. Mais ils s'en sortirent tous miraculeusement indemnes.

Se relevant, Sahari ne vit pas les 3 garnements, mais fronça les sourcils au souvenir des derniers mots qu'elle avait entendu. À qui s'adressaient-ils? Un télépathe? Non, pas besoin de crier dans ce cas! Un camoufleur ou un invisible, alors! Forcément. Ils s'engouffrèrent donc à l'intérieur, avec leur Paolo-fournaise-marchante et leur géant rouge pour donner tout son sens au mot subtilité, et Sahari suivit le reste de l'équipe, s'attardant simplement un court instant aux riches décorations, bien trop préoccupée par cette impression d'être épiés qui renforçaient l'idée qu'elle avait eu à l'extérieur.

Levant les yeux vers ce que pointait Vadim au plafond, Sahari réprima un frisson, ne comprenant pas pourquoi Cassandre aurait due être représentée avec une barbe.

Voyant alors que Vadim partait seul, et surprise par les bruits distordant, Sahari ordonna à son collègue de revenir.

"Gulliver! Restez avec nous! Je parie qu'il y a un invisible ou un caméléon qui nous épie depuis tout à l'heure. Et voilà qu'un truc pas net se produit également."

Sahari façonna deux nouvelles lances pour elle-même et deux autres qu'elle donna à Carrie, avant de rejoindre Vadim à grand pas. Dès qu'elle serait assez près de lui, elle lui façonnerait également deux lances, se tenant tout de même sur ses gardes et prête à se défendre du moindre assaut.

Les bruits ne cessèrent pas pour autant dans le couloir. Des bruits métalliques et mécaniques, manifestement. Et un léger grondement.

Lors de la collision, elle sentit les os se briser dans le mutant qu'elle venait de percuter. Elle s'arrêta net dans son vol et resta sur place un moment. Lorsque l'aerokinésiste était tombé, Carrie n'avait pas pu empêcher de remarquer un pincement qu'elle avait au coeur. Leurs enemis étaient une équipe, comme eux...Et elle ne put retenir la pensée que cela aurait pu leur arriver. Elle se dit que si elle n'avait pas arrêté le mutant, son équipe en aurait subit les conséquences. Elle revint au sol, tandis que les mutants battaient en retraite. Elle croisa le regard de Titan et le soutint jusqu'à ce que les Ganymèdes s'en aillent. La française prit une grande respiration et ferma quelques secondes les yeux, tandis que ses collègues s'approchaient de l'entrée. Ils allaient en faire pénétrer dans le palais de Magneto.

"Allons-y..." murmura Carrie, à elle-même.

En entrant dans le palais, elle regarda autour d'elle pour s'assurer que personne ne leur tendait de piège...Mais biensur, si elle ne voyait pas, cela ne voulait pas dire qu'il n'y avait personne. Surtout dans leur monde. Carrie marcha lentement devant Sahari qui lui donna une lance faites en os. Beurk... Lorsque Vadim fit son guerrier Sparte en criant haut et fort qui ils étaient, l'avocate roula des yeux et soupira. Mais il était vrai que ce n'était pas comme si leur arrivée n'était pas déjà manifeste. Les recommendations de Esther qui voulait qu'ils marchent à pas de louve, était vraiment inutiles.

"Après Versailles, détruire ce palace va être un jeu d'enfant." grogna-t-elle d'une voix dure.

Pourquoi ne pouvaient-ils pas se battre dans un entrepôt insalubre ou dans une usine? Ils fallaient toujours qu'ils détruisent des endroits remplis de trésors architecturaux et artistiques. Non qu'elle s'interessât vraiment à l'art...Elle ne s’empêcherait pas de faire sa mission à cause de la déco intérieure. Si elle devait réduire le palais en cendre pour trouver Cassandre, elle le ferait. Carrie entra dans la gallerie à son tour et les bruits dans les murs se firent entendre. Les bruits étranges dans les murs ne lui inspiraient pas confiance. Ils allaient avoir affaire à des machines, eux aussi...?

« Je ne sais pas si vous êtes curieux, mais moi, je meurs d’envie de savoir ce qui se cache derrière ces murs... »

Elle s’approcha d’un des murs où elle entendait les bruits et, lévitant, pour que ses pieds arrivent à la hauteur où normalement sa tête se trouve, elle donna un coup de pied dans le mur. Activant son pouvoir au moment du contact, elle fit exploser le mur avec le but de voir ce qui se cachait derrière.

Un silence assourdissant pesait à présent sur la galerie. Puis à nouveau des bruits de craquement provenant des murs... Mais cette fois-ci, beaucoup plus forts ! Sous l'impact du choc de Carrie, les murs explosèrent littéralement, de même que le sol, déversant des torrents d'eau dans la galerie qui fut bientôt transformée en une pataugeoire. Une trombe d'eau la propulsa en arrière, et elle retomba au sol sous le choc.

Tous les professeurs se retrouvèrent alors avec de l'eau jusqu'aux genoux, y compris Paolo qui dégageait de la vapeur brûlante peu agréable pour ses voisins. Et à leur grande surprise, ils ne pouvaient pas bouger. Quelque chose les retenait. Un coup d'œil vers le bas, et à travers le trouble de l'eau qui s'agitait, ils purent voir que des dalles du sol avaient émergé des tentacules de pierre qui leur enserraient les chevilles.

Relevant la tête, ils purent voir à l'autre bout de la galerie, par là où ils étaient arrivés, un visage maintenant un peu trop familier.



Et manifestement, il n'était pas très content. D'un geste ample et élégant, il ramena un vaste volume d'eau, et généra un mur qui montait quasiment jusqu'au plafond, puis par une souple pression devant lui, il fit déferler ce mur. Les professeurs purent alors voir arriver sur eux une vague digne des plus belles côtes Australiennes. Et sans doute tout aussi dangereuse quand elle s'abattrait sur eux, dans quelques secondes.