Méditation en solitaire

Wood bouillait dans son coin mais la dernière phrase de son père le fit se lever comme le couvercle d'une casserole assujeti à l'eau frissonante. Il se contenta de parler très fort près du combiné de River.

"P'pa ! Tu la trouveras comment ta solution quand Wind vous aura tous pêté les tympans, que tous les animaux du quartier seront à la maison et que le reste de ta famille qui ne sera devenu ni sourd ni mordu par un chien ou par une hauve souris sera dans le coma par ma faute ! Tu crois vraiment avoir les moyens de nous maîtriser ? P'pa, le prends pas mal, on sait qu'on est une grande famille et tout, mais là, ce problème, nous devons vous l'épargner... P'pa... Te fâche pas s'te plaît... Il n'y a qu'ici que nous pourrons comprendre ce que nous sommes et faire avec... Et puis c'est une école, on reviendra pour les vacances ! Et puis... Vous êtes nos parents, c'est normal de s'inquiéter, mais laissez M'ssieur Fleury la chance de vous convaincre que cette école nous fera du bien !", conclut-il. Il venait de tout donner. Il se demandait s'il fallait qu'il rajoute une blague sur une tomate mais se ravisa...

Noémie apprit enfin le nom du directeur de l’école, mais elle espérait qu’une fois avoir parler de ses différents problèmes avec cassandre qu’elle ne devrait pas faire une deuxième visite douloureuse expliquant sa situation. Se tortillant toujours les doigts :

« Ah je vois vous êtes une sorte de conseillère, c’est ça ? » dit-elle en se mordillant la lèvre espérant ne pas s’être tromper cette fois.

Puis la voix de la fillette qu’elle avait aperçue à la cuisine se fit entendre. Elle voulait visiblement demander quelque chose à Cassandre, mais elle s’arrêta net en voyant Noémie. La jeune fille s’excusa au plus vite voyant qu’elle était une gêne :

« Oh…euh… pardon jeune demoiselle, si tu n’en a pas fini Cassandre je vais… »

Mais boucle d’or fut interrompu par les "cri" de Wood, ne distinguant pas vraiment les paroles il était facile de comprendre que la tournure de la conversation ne semblait pas lui convenir. Il n’y avait plus de doute, elle avait vraiment mal choisi le moment pour se confier à Cassandre.

« Effectivement vous vous occupez déjà d’autres élèves et je crois qu’ils ont besoin de vous, ce n’est pas grave je repasserai sûrement plus tard »

La mutante était sur le point de partir quand…

Wind écouta donc sa soeur parler, comme elle avait pris l'initiative de l'appel. Finalement, elle appelait à la maison. Il devait être assez tôt, le matin encore, et c'est Cloud qui lui répondit, précisant qu'ils n'avaient pas beaucoup dormi cette nuit. Le coeur de l'aînée fit un bond dans sa poitrine, et elle dut se retenir pour ne pas arracher le combiné des mains de sa cadette. Elle acquiesça seulement d'un hochement de tête pour inviter River à poursuivre, comme elle marquait un petit instant de silence. C'était aussi bien qu'elle leur parle un peu, même si elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter quant aux réactions des autres Smith.

River demandait à s'entretenir avec l'aîné en tout premier, pour le rassurer, songeant sans doute qu'en tant qu'intermédiaire, il aplanirait les choses... Oui elles allaient bien, et bien sûr qu'ils allaient tous leur parler. Pourtant, Wind tiqua sur les "gens comme nous". Ca impliquait que le reste de la famille n'était pas comme eux, et elle n'aimait pas cette idée. Cela dit, son petit ange avait raison sur le fait qu'il fallait qu'ils apprennent. Elle sentit ses doigts se crisper sur les mots suivant. Une famille, leur amour, ils étaient obligés de s'en priver.

Elle frissonna, et eut bien du mal à soutenir le regard de Rivy lorsqu'elle affirma à Cloud qu'il savait déjà depuis leur départ qu'elles ne pourraient pas rentrer. Mais elle ne baissa pas les yeux. Sa cadette avait besoin de ce contact, sinon elle ne l'aurait pas fixée avec autant d'insistance, alors elle ne pouvait pas le lui refuser, même si c'était difficile.

Les propos de Cloud aussi étaient difficiles à entendre. "Ces mutants..." Sans vraiment le vouloir, ou en tout cas espérait-elle qu'il ne l'ait pas voulu, le ton de sa voix avait été méprisant. Comme elle l'était en pensant que tout cela n'était qu'une malédiction qui leur était tombée dessus. Et puis il renchérissait sur l'institut. Une école de fous furieux, d'armes destructrices, des gens qui pouvaient les tuer. Et elle, elle n'avait pas failli les tuer déjà ?

Leur père avait reprit le combiné, sans doute l'avait-il presque arraché des mains de son jumeau. Bien sûr qu'ils savaient qu'ils les aimeraient toujours, la question n'était pas là. Ni de vouloir faire bande à part. Voilà, c'était dit : ils étaient différents. Leurs enfants, certes, mais des enfants différents. Avec un sérieux problème. Analyser les termes utilisés faisait encore plus de mal que le ton employé... Ceux employés par River laissaient déjà supposer qu'un fossé s'était creusé, ceux de son père le confirmaient. Et d'ailleurs, Wood n'avait pas tardé à réagir.

Elle imaginait presque la scène, tiens, les chiens du quartier et les chevaux du centre tout autour et dans la maison, eux tous dans le même état que... Non elle ne voulait pas se souvenir de cette journée. Elle ferma les yeux un instant, puis se releva, pour s'approcher du téléphone. Elle tendit la main pour demander silencieusement à River de le lui passer.

- Allô ? Papa ? C'est Wind... commença-t-elle, sa voix étrangement posée, tout le contraire de ce que révélaient ses doigts tremblants et ses paupières de nouveau closes. Je voudrais te poser une question. Vous poser une question, je sais que vous nous entendez tous. Comment comptez-vous trouver une solution à notre "problème" ?

A présent qu'elle le formulait à voix haute, toute l'horreur de ce que ces mots impliquaient la frappait de plein fouet. C'était terrible, cette distinction, comme s'ils n'étaient plus tout à fait humains. C'était exactement le cheminement de pensée qui avait dû amener ces gens à créer le centre que les gens de l'institut avait détruit la veille. Au prix de nombreuses vies. Elle inspira profondément, puis reprit.

- Papa, nous savons très bien que vous nous aimez, et vous savez que nous vous aimons. La question n'est pas de savoir si nous "voulons" faire bande à part. La question est de savoir si nous avons un autre choix. Je... J'ai déjà blessé Cloud et tout un tas de gens. C'aurait été Rain s'il n'avait pas été là. A chaque fois que j'ouvre la bouche, je me demande si ça ne va pas recommencer. Cette "différence" dont tu parles, je m'en passerai volontiers. Mais il n'y a aucun moyen de la supprimer. Ca fait partie de moi, comme pour River et Wood. "Ces gens" comme tu dis, peuvent sans doute nous tuer en un clin d'oeil. Comme Wood peut le faire en absorbant l'énergie vitale de n'importe qui, comme River peut envoyer n'importe quel animal attaquer à mort n'importe qui, comme ma voix peut causer des... des désastres. C'est tant que nous ne savons pas contrôler ces choses que nous sommes des "armes destructrices" au même titre que les autres. Papa... Tu es le premier à te méfier des idées préconcues et à te lever contre l'injustice, n'est-ce pas ? Alors écoute-moi. Il y a ici des enfants, parfois même très jeunes, qui ont été rejetés par leurs familles, parce qu'ils étaient différents, ou parce qu'ils ne pouvaient pas redevenir comme avant. Il y a des organismes qui traitent les mutants comme des cobayes, prêts à les tuer pour faire leurs expériences en oubliant que nous sommes des êtres humains. Où est la justice dans tout ça ? Tout ça parce que nous faisons peur...

Elle daigna enfin rouvrir les yeux, bien que ses doigts restent crispés sur le combiné, et fixa un point invisible droit devant elle.

- Moi aussi ça me fait peur. J'ai peur de faire du mal aux autres. J'ai peur que des gens s'en prennent à River et Wood parce que nous sommes "différents" comme vous le dites. Ou qu'ils s'en prennent à vous parce qu'on est de la même famile. Et j'ai peur que notre famille soit désunie à cause de ça. Pas par la distance ou parce qu'on a ces... ces pouvoirs, mais parce que vous n'accepteriez pas que nous soyons obligés de nous éloigner. Je m'en veux de ne pas pouvoir tenir ma promesse, Rain. Tu sais que je le ferai, si je pouvais, n'est-ce pas ? Mais je n'ai pas le choix...

"Si vous avez le choix. Vous avez pris cette décision sans même nous consulter. Tu étais responsable de ta soeur, Wind, nous t'avons fait confiance. Qui sont ces gens qui vous ont persuadé de délaisser votre famille et la vie que vous aviez ? C'est du kidnapping aggravé !" commença à s'emporter leur père au téléphone. De petits sanglots leur parvenaient de derrière, probablement Rain qui réalisait l'ampleur de ce qui se passait.

La voix d'Olivia s'en mêla.

"Les enfants, on ne minimise pas ce qui vous arrive... Dieu seul sait que quand j'ai appris pour l'accident au centre équestre, j'étais toute retournée... Mais vous n'êtes pas obligés de partir si loin ! Revenez à Londres, on trouvera des gens pour vous aider, des gens bien de chez nous, en qui on pourra avoir confiance. Pas un institut sordide qui fait la une des journaux à scandales !"

River avait laissé sa soeur prendre le combiné, espérant qu'elle parviendrait à calmer leurs parents. Mais rien n'y faisait. Elle serra les poings et regarda Kitty. Elle était tellement désolée pour elle... Lentement, elle reprit le combiné des mains de Win et reprit la parole d'une voix étonnemment calme malgré la rage qu'elle ressentait.

"Papa, Maman, Cloud, Rain, nous savons que vous nous aimez, mais vous ne nous aimez pas de la bonne façon en l'occurence. Nous voulons vous protéger, ce que vous ne parvenez pas à comprendre. Rester avec vous vous ferait courir de gros risques.

Vous savez",continua-t-elle sans s'arrêter,"J'ai pu rencontrer plus de gens en une demi-journée qu'en six mois à Londres.

Ici, nous avons tous les mêmes 'problèmes', comme vous dites. Moi, j'appelle cela un don que nous devons apprendre à contrôler. Pour la plupart, nous sommes des jeunes. Des ados. Il a y même des enfants, que leurs parents ont carrément rejeté parce qu'ils avaient peur d'eux. Nous ne voulons pas que cela arrive. Nous préférons partir, pour ne pas vous mettre en danger. Tu sais, Papa, tu sais, Maman, aujourd'hui, j'ai rencontré une petite fille. Kitty. Ses parents l'ont abandonnée parce qu'ils avaient peur d'elle. Et je lui ai fait une promesse. Celle de ne pas l'abandonner, celle de la protéger. Si je rentre, je ne pourrai pas honorer ma promesse. alors moi, je reste ici.

Non, nous n'avons pas été enlevés. Nous sommes parfaitement libres de nos mouvements, de nos sentiments, de nos pensées, de nos paroles. Vous savez, j'ai même accueilli une jeune fille de mon âge, à peu près qui avait été accompagnée jusqu'ici par ses parents. Ils savaient très bien qu'elle était une mutante, comme tous ceux d'ici. Et ils voulaient le meilleur pour elle. Un endroit où elle pourrait apprendre à contrôler ses pouvoir pour pouvoir vivre comme tout le monde.

Aucun d'entre nous n'est potentiellement une arme destructrice, à partir du moment où nous pouvons nous contrôler. Et pour cela, il faut apprendre. Personne, ici, ne veut la guerre. La guerre, ce sont les gens de l'extérieur qui la mènent contre nous. Et vous, vous seriez en danger si on rentrait. Non, vraiment, nous ne prendrons pas ce risque."

Elle se tut, attendant une réaction. Elle avait parlé calmement, mais de façon à ne pas se laisser couper et était un peu essouflée à présent. Mais... Elle espérait avoir fait passer le message: ils avaient besoin de rester là.

Cassandre eut un léger sourire.

"Oui, je pense qu'on peut dire ça. Je suis psychologue à la base. Olivier et Adam... sont de vieilles connaissances."

Noémie semblait préoccupée, et ce qui préoccupait les autres était une préoccupation pour Cassandre, qu'elle soit sur le point de quitter l'institut ou non. Elle sonda rapidement Noémie, puis hocha doucement la tête, comme pour approuver des paroles inaudibles.

"Oui... Nous devons parler, mais nous devons régler le problème des Smiths auparavant. Reviens me voir dans une heure, je serai là." dit-elle à la jeune mutante.

"Ne t'inquiète pas." ajouta-t-elle avec un sourire confiant sur les traits. De l'autre côté de la pièce, on ne pouvait pas dire que les choses s'arrangeaient.

"Excuse-moi." dit-elle pour prendre congé de Noémie. Elle "rembobina" le début de la conversation pour rattraper son retard le temps qu'elle se rapproche à nouveau des Smiths. Kitty n'avait pas encore voisé ce qu'elle souhaitait lui dire, mais il fallait aplanir un peu la situation. Elle se plaça à portée de voix du haut-parleur.

"Monsieur et Madame Smith, permettez-moi d'intervenir un instant. Vous ne me connaissez pas : je m'appelle Cassandre Deneos." intervint Cassandre en soulevant ses lunettes un instant pour se frotter les yeux. Bizarrement, un léger sourire souleva le coin de ses lèvres suaves.

"Inutile de chercher mon nom sur le site internet de la Sentinelle, Cloud, tu n'y trouveras rien." ajouta-t-elle.

Un ange passa au bout de la ligne. Elle avait capté leur attention, c'était déjà ça.

"La raison pour laquelle tu ne trouveras est simple : bien que mutante, j'ai appris à contrôler mon pouvoir. Il en va de même pour le personnel encadrant de l'institut Charles Xavier. Lorsque Wood est arrivé à l'institut, il a immédiatement été accueilli, protégé de la haine anti-mutante, mais aussi de lui-même et du mal qui pourrait faire à ses proches. Vos filles quant à elles, sont venues de leur plein gré. Rien ne les retient ici si ce n'est la volonté de vivre en harmonie avec leur pouvoir et la société. Ces deux notions sont conciliables, mais avec une aide adaptée. Ici vos enfants pourront poursuivre une scolarité normale, avec des intéractions sociales avec des gens qui les comprennent sans avoir à se heurter au rejet, à l'incompréhension dont souffrent des millions de mutants actuellement à travers le monde, ces mêmes mutants dont parlent les journaux. Qui pourraient aider vos enfants à maîtriser leur pouvoir mieux que des mutants plus expérimentés ?
Bien des pensionnaires sont venus ici trouver un refuge, délaissés de tous, rejetés de cette société qui a peur, et qui combat l'inconnu par la haine. Wood, River et Wind ont la chance de faire partie de ceux qui sont venus ici par choix. Si vous voulez leur bien, et je sais que c'est ce que vous voulez... ne les privez pas de cette chance de s'épanouïr en accord avec leur pouvoir. Croyez-moi, c'est une chance très rare."

Elle fit une pause pour rassembler ses idées.

"Pour leur donner cette chance, vous devrez bien sûr nous faire confiance, à nous, des mutants dont la mauvaise réputation a été faite par des inconnus. Faites plutôt confiance à vos enfants lorsqu'ils affirment vouloir rester ici. Wind est une jeune femme réfléchie et c'est pour cette raison que vous lui avez confié la responsabilité de Wood et River. N'avez-vous donc plus confiance en son jugement ?"

Cassandre s'arrêta là. Elle venait de faire basculer la balance de l'accusation. Elle posa une main sur l'épaule de River et tendit l'autre en avant, le pouce levé avec assurance.

Apparemment, Cassandre l'invitait à continuer sa phrase. Mais Kitty fut stoppée par ce qu'elle entendait de la conversation entre les Smith et leurs parents. La fillette commençait à avoir peur pour ses amis. Mais surtout elle avait peur de se retrouver de nouveau toute seule car leurs parents n'avait pas l'air d'accord avec leur décision de rester à l'institut malgré tous les efforts que faisait Wind et River pour les persuader que c'était la meilleure solution.
Kitty ne bougea pas de là où elle était même lorsque Cassandre renvoya la jeune fille et s'approcha des Smith afin de prendre la relève dans la discussion téléphonique.
La petite fille serra les poings. Sa colère était revenue.

*Pourquoi les adultes ne comprennent-ils rien? Soit ils nous abandonnent quand ils découvre nôtre différence, soit ils acceptent cette différence mais refuse que l'on apprennent dans un lieu adapté et avec d'autres mutants?*

Kitty ne savait pas quoi faire, ni comment réagir. Elle trouvait tout cela injuste même si les paroles de River lui firent chaud au coeur.

Mais les paroles de la psychologue semblait faire pencher la situation en leur faveur. Peut-être qu'elle arriverait à les convaincre d'autoriser leurs enfants à rester ici.
Le signe de Cassandre rassura légèrement la petite fille sur la tournure que prenait les évènement. Alors une pensée traversa l'esprit de l'enfant.

*Peut-être que si Mlle Cassandre avait parlé à mes parents, ils ne m'auraient pas abandonné? Et si elle les appelait, elle pourra les faire changer d'avis comme avec les parents de Wood, River et Wind. Je lui demanderais quand la conversation téléphonique sera teminée.*

Sur cette pensée, Kitty se rapprocha discrètement du groupe et attendit avec anxiété la réponse de Mr et Mme Smith.

Au bout du fil, les parents hésitèrent une seconde avant de reprendre la parole.

"Ce n'est pas du tout ce qu'on a dit !" répondit leur père d'une voix légèrement réticente. C'était de mauvaise grâce qu'ils étaient contraints de se justifier à présent.

"C'est vrai que Wind a toujours été la plus raisonnable..." ajouta Olivia.

"J'imagine que nous n'avons pas vraiment le choix de toute façon. Elle est majeure... Laissez-nous un peu de temps pour réfléchir à tête reposée, nous vous rappelerons. Prenez soin de vous les enfants."

"On vous aime les enfants !" lança Olivia. En fond sonore, on pouvait toujours entendre Rain chouiner.

Wood regarda Cassandre avec un grand sourire d'admiration suprême. Si elle savait rabattre le caquet de Dean Smith alors elle pouvait conquérir le monde. (ndlr : c'est fou ce qu'un adolescent peut comprendre les choses de la vie ^^) Sentant que la conversation allait couper court, Wood se précipita pour rajouter, toujours à voix haute :

"M'man, p'pa, vous prenez la bonne décision ! On vous promet de vous envoyer des mails régulièrement ! Ah oui et au fait... Vous pouvez nous faire parvenir une cantine avec nos affaires ?... Ah et... Euh... Hummm, comment dire... Pendant que vous réfléchirez à tout çà, demandez vous aussi si vous seriez prêt à accepter un nouveau membre dans la famille !" finit-il par rajouter en faisant un clin d'oeil à Kitty. Ca en faisait beaucoup, l'idée d'accepter que la moitié de leurs enfants quittaient le nid si confortable des Smith, que ces derniers étaient des mutants dangereux et maintenant l'idée d'accueillir un nouveau membre. En plus comme d'habitude, Wood n'en disait pas assez et ils pouvaient en conclure n'importe quoi, comme par exemple l'idée que Wind était enceinte ou bien River...

(( Hinhinhin, je vais les laisser mijoter çà ^^ ... J'ai oublié un truc...))

"P'pa, M'man, je vous aime !"

Cassandre avait pris le combiné de la main de River juste après que celle-ci eut terminé son discours. Ses parents n'avaient pas eu le temps de répondre. Toujours était-il qu'après la prise de parole de la psychologue, leurs parents avaient changé d'avis. Wood prit alors la parole et Rivy se mordit la langue pour ne pas éclater de rire. Oui, c'était certain, les parents risquaient de s'imaginre le pire, comme par exemple que Wood avait faitl'amour avec une jeune fille et ue celle-ci était tombée enceinte... A cette idée, un large sourire se dessina sur le visage de l'adolescente. Mais il disparut tout aussi rapidement. A moins que Wood ne trouve une mutante dont le pouvoir était d'annuler les pouvoirs des autres, il n'était pas rendu. Elle poussa un petit soupir et prit la main que Cassandre avait posé sur son épaule. Elle reprit ensuite le combiné.

"On t'aime aussi, Maman. Et toi aussi, Papa. Et toi aussi, Cloud. Et toi aussi, Rain."

A ce moment-là, les épaules de la jeune fille furent secouées d'un sanglot silencieux. Ils allaient lui manquer. Elle le savait pretinemment. Elle regarda son frère et sa soeur, puis Kitty. Ce devait être dur pour elle aussi. River tendit la main vers la petite fille, espérant que celle-ci se rapprocherait d'elle pour la serrer dans ses bras.

Cassandre eut un petit fatigué lorsque la famille Smith raccrocha. Il n'était pas dans ses habitudes d'utiliser ainsi ses connaissances du fonctionnement humain, mais il fallait bien donner un petit coup de pouce aux trois mutants.
Elle prit une profonde inspiration.

"Ils rappeleront demain et leur décision sera prise. Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles à présent. Profitez du temps qu'il vous reste avant la fermeture des magasins pour acheter ce dont vous avez besoin." proposa la jeune femme, qui avait déjà confié l'argent nécessaire à leurs achats à Wood.

"Soyez prudents." ajouta-t-elle avant de laisser les jeunes quitter son bureau.

Les propos de son père serrèrent instantanément le coeur de l'aînée des Smith. "Nous t'avons fait confiance". Sous-entendu, nous n'aurions pas dû, ou ça n'est plus le cas à présent. Ou peut-être un peu des deux... Quoi qu'il en soit, c'était pour elle plus violent que la pire des râclées... Elle faillit lâcher le combiné, mais River l'attrapait déjà, à son plus grand soulagement. Wind s'éloigna légèrement, silencieuse, mais attentive à ce qui se disait autour d'elle, bien qu'elle s'appuyât contre un mur et fermât les yeux, si bien qu'on l'eût dit absente à cet instant.

Son petit ange appelait leurs pouvoirs un don, et même si elle n'osait plus parler de malédiction, ni même le penser, elle n'était pas encore prête à voir ça sous un jour favorable. Sept personnes, sept mutants étaient morts, on venait de les enterrer. Est-ce qu'on pouvait vraiment parler de don, si ça ne menait qu'au trépas ? Elle disait encore qu'elle voulait leur éviter, à tous là-bas, de les mettre en danger davantage, et qu'elle resterait, coûte que coûte, pour tenir sa promesse faite à Kitty. Elle, elle avait failli à la sienne, faite à sa propre soeur... Rain sanglotait dans le fond, on entendait ses pleurs grâce au haut-parleur. Et elle ne pouvait rien faire pour la consoler, elle ne pourrait pas la prendre dans ses bras, ni lui fredonner sa chanson favorite...

Ce fut les propos de Miss Deneos qui semblèrent finalement faire bonne impression sur la famille restée en Angleterre. Elle arrêtait Cloud sans doute déjà installé derrière l'ordinateur dans le salon, et expliquait l'historique des mutants, précisait la chance qu'ils avaient d'être venus par choix... Quelle chance en effet, que de devoir s'écarter ainsi de sa famille. Un sourire amer se dessina sur ses lèvres comme la psychologue la prenait pour argument. Les paupières entrouvertes, elle semblait trouver un intérêt tout particulier à ses chaussures, et être plongée dans un mutisme des plus profonds. Ce qu'elle avait pu dire lui semblait bien inutile... Pourtant, la façon dont Miss Deneos avait tourné les choses avait fait effet. Papa semblait piqué au vif par l'allusion au manque de confiance en elle qu'il pouvait avoir, et maman confirmait les paroles de leur hôtesse. "Nous n'avons pas vraiment le choix de toute façon. Elle est majeure"... Comme si ça voulait dire qu'elle n'avait plus rien à voir avec eux... Comme s'il leur disait adieu en leur demandant de prendre soin d'eux. Wind ne répondit pas, pas plus quand maman ajouta qu'ils les aimaient. Elle aurait voulu rassurer Rain, et Cloud, mais gardait l'impression que quoi qu'elle dise, ce serait mal interprété. Et qu'elle avait trahi leur confiance.

Il fallut que Wood reprenne la parole, fidèle à lui-même, pour que la jeune femme relève la tête, et qu'un sourire plus sincère cette fois s'épanouisse sur ses lèvres. Se rendait-il compte de ce qu'il venait de dire ? Sans doute que oui, songea l'aînée, c'était aussi un moyen de détendre l'atmosphère. Ca, c'était son truc spécial à lui... River énumérait des je t'aime à tous, et, alors qu'au fond, elle aurait voulu l'imiter, Wind resta silencieuse. De toute façon, c'était trop tard à présent. La ligne était raccrochée, et Miss Deneos tentait de les rassurer et les invitait à se rendre au centre commercial avant la fermeture. La jeune femme hocha la tête, et laissa les autres passer devant. Lorsqu'elle se décolla du mur pour les suivre, elle s'arrêta à hauteur de la psychologue, et lui sourit, bien que celle-ci ne pût la voir, supposant qu'elle s'en rendrait compte tout de même, ne serait-ce qu'au ton de sa voix.

- Merci Miss Deneos, dit-elle, sincère. Et puis elle suivit sa petite famille à l'extérieur.

A la fin de la conversation téléphonique, Cassandre invita les jeunes gens à se rendre au centre commercial. Kitty était rassurée du sort de ses amis. Elle ne doutait pas que leurs parents prendrait la bonne décision. Alors que les Smith commençait à sortir, la petite fille ne bougea pas. Lorsque Wind sortit, Kitty se dirigea vers la psychologue.
En effet, elle avait beaucoup de choses à lui demander.
Elle prit quelques secondes pour réfléchir à comment elle allait faire ça demande puis se décida.

"Excusez- moi Mlle cassandre, je me posais une question. Voilà, pour me faire sortir du commissariat et m'emmener ici, Gabriel a dit à l'inspectrice qu'il était mon parrain. Mais si elle se rend compte que c'était faux, elle va avertir les services sociaux,non? Ei si elle le fait, qu'est-ce qui va se passer pour moi? Ils vont venir me chercher pour m'envoyer dans un orphelinat?"

Kitty s'arrêta de parler pendant quelques secondes et se mit à réfléchir.
Avec une intonation d'espoir dans la voix, elle reprit:

"Et si je vous donnais le numéro de téléphone de mes parents adoptifs, vous pourriez les appeler et leur expliquer comme vous avez fait avec les parents de River, Wood et Wind. Si vous leur expliquez, ils auront plus peur et ils changeront d'avis. Et alors papa et maman me reprendront à la maison et je pourrais revoir Thomas et Laura."

La voix de la petite fille était remplie d'espoir et montrait la détermination de Kitty dans ses propos.

Au moment où Kitty vint lui parler, Cassandre réalisa que son petit tour de persuasion avait peut-être eu plus d'impact que prévu. La pauvre enfant laissait percevoir tellement d'espoir dans sa voix, ça faisait peine à entendre. La situation était problématique, c'était le moins qu'on pouvait dire. Cela dit, les parents de Kitty n'étaient pas exempts de torts en l'ayant abandonnée... Le plus simple était certainement de trouver un tuteur à la mutante, un mutant serait l'idéal. La décision des Smiths était suffisamment difficile à prendre pour eux, alors celle d'adopter une enfant qu'ils n'avaient jamais rencontrée...

Souhaitant avant tout apaiser la petite, Cassandre eut un gentil sourire et tendit la main en avant.

"Laisse-moi le numéro de chez toi. J'irai discuter de ça avec "ton parrain", et je ferai de mon mieux pour régler ce problème." lui assura-t-elle doucement. Une fois le numéro donné, elle lui indiqua de rejoindre les autres.

"Allez file." dit-elle comme une mère à enfant au départ pour l'école.
"Reste bien avec les Smiths." ajouta-t-elle.