Méditation en solitaire

Chambres

Après avoir escorté la nouvelle venue jusqu'à une chambre, Cassandre prit lentement la direction de son bureau. Ses jambes l'y avaient menée sans qu'elle y pensât vraiment. Depuis son réveil, elle avait parcouru l'institut de long en large pour assister et guider ses différents occupants, avec plus ou moins de succès selon les cas.
Un sentiment d'échec et d'impuissance lourd à porter pesait sur ses épaules depuis leur retour du camp Labrador. Certes, ils avaient accompli ce pourquoi ils étaient partis, mais la mort d'Ashern ne pouvait être occultée par cette victoire partielle. Les autres élèves ne semblaient pas s'être aperçus de sa disparition, mis à part les principales concernées bien entendu... Se doutaient-ils seulement que le frère de Jessica avait probablement sauvé leur vie à tous en sacrifiant la sienne ? C'était une chose qu'elle aurait pu vouloir dire à Jessica. Si cela n'atténuerait jamais le chagrin de sa perte, peut-être cela l'aiderait-il à comprendre et pardonner l'abandon de son frère...

Cassandre entra dans la pièce lumineuse et referma doucement la porte derrière elle. Le silence et la solitude l'accueillirent. C'était le bureau de la psychologue de l'institut, celle censée détenir les réponses. Mais lorsqu'elle ferma la porte, la pièce se transforma en refuge : une boîte secrète où elle pouvait un instant retirer le masque de la tranquilité qu'arboraient souvent ses traits calmes et mélancoliques. Une fois seule, elle pouvait s'abandonner à ses propres doutes, et redevenir un être humain fragile et vulnérable.
Comme à son habitude, elle retira ses chaussures, et vint s'asseoir sur l'un des coussins qui tapissaient le sol de la pièce épurée.
Ses pensées dérivèrent tristement vers ces derniers jours.

Etrangement, elle sentait tout le malaise qu'elle inspirait aux élèves de l'institut. Elle s'en expliquait certains même si elle les regrettait, mais c'était toujours une blessure que de voir les efforts mis en oeuvre pour aider autrui se heurter à l'indifférence. Mais c'était la voix qu'elle avait choisi, celle de l'incomprise.
Pourtant, certaines réticences des pensionnaires restaient sans raison. Peut-être que comme beaucoup de télépathes, son don était perçu comme une intrusion ? En ces heures sombres, Cassandre se prit à penser à Olivier sans pouvoir se retenir. Des visions passées ou futures, le représentait meurtri dans une sorte de halo lumineux. Cassandre ferma son esprit pour les réfreiner. Lorsqu'il serait de retour, il vaudrait peut-être mieux pour tous qu'elle quitte l'institut. Olivier ne lui avait demandé de rester que pour veiller sur ses élèves durant son absence... Engagement qu'elle s'était efforcée de tenir du mieux qu'elle pouvait.
Cela dit, elle n'avait plus rien à apporter en ces lieux, si ce n'est attiser un peu plus l'hostilité des élèves à l'égard de cette femme qui savait tout.
Et Jessica... Jessica qu'elle s'était promis de protéger, un peu comme une mère veille sur sa fille... Aujourd'hui, elle n'avait pu empêcher le pire d'arriver à l'adolescente. Sa protégée la fuyait comme la peste et c'était bien compréhensible... Oui, elle n'aurait plus rien qui la retiendrait à l'institut une fois Olivier de retour...

Olivier...

Non, la situation était trop compliquée entre eux. Elle l'avait été dès leur première rencontre : lui trop pris par ses recherches et elle sans cesse occupée à voir pour les autres à défaut de voir pour elle-même. Pourtant, elle savait qu'en découvrant qu'il était mutant, la nouvelle ne l'avait pas laissée indifférente. Jusqu'ici ils avaient vécu dans deux mondes séparés, mais soudain leurs deux mondes devenaient compatibles. Elle regrettait seulement de ne pas avoir osé une discussion sérieuse avec son vieil ami. S'ils venaient à ne plus jamais se revoir... Ils n'auraient jamais échangés les mots importants.

Cassandre poussa un soupir et se mit en tailleur. Cela faisait des lustres qu'elle ne s'était pas adonnée à la méditation. Elle espérait ramener un peu d'ordre dans ses idées.

Une durée indéterminée s'était écoulée, durant laquelle Cassandre avait tenté de reprendre le dessus. Une infime vibration psychique, telle une clochette que l'on sonne, rappela la jeune femme à un détail important : il était temps d'envoyer le X-jet à Adam, sans quoi sa fuite, qu'elle voyait se dessiner dans le futur, devrait emprunter un chemin autrement plus tortueux.

A ce moment, la voix de Cérébra retentit dans la pièce : l'IA ne prit pas la peine de se matérialiser.

"Cassandre..."

Cassandre leva une main en signe de silence.

"Je sais Cérébra, j'y vais." dit-elle simplement en se levant. Les Smiths n'étaient pas venus la voir... Peut-être n'étaient-ils pas prêts. Ils avaient bien des choses à se dire, c'était évident... Pourtant Cassandre ne pouvait s'empêcher à l'angoisse qui devait étreindre le coeur de leurs parents.
La psychologue remit ses chaussures, puis se dirigea vers la porte. Sur le seuil, elle reprit.

"Cérébra... Envoie le X-jet aux coordonnées suivies par Adam et les GenesiX, et tiens-le prêt pour leur évacuation." dit-elle, avant de laisser ses pas la mener jusqu'au salon.

Salon

Salon

Cassandre avait quitté le salon pour son bureau. Les nouvelles voix perçues un peu partout dans l'institut lui rappela l'absence de celles, connues auparavant de certains élèves. Et le retour providentiel de Laura n'était pas pour ôter ce sentiment de nostalgie. Beaucoup de choses s'étaient produites en si peu de temps... Des disparitions, des morts... Et sûrement d'autres à venir.
La jeune femme, comme à son habitude, retira ses chaussures pour s'asseoir en tailleur sur l'un des coussins. Elle n'arrivait pas à se défaire du mauvais pressentiment qu'elle avait.
Pensive, elle resta ainsi interdite quelques secondes, avant d'appeler l'IA.

"Cérébra... Fais-moi le décompte des départs de l'institut s'il te plaît." demanda-t-elle patiemment, prête à mémoriser ce qu'elle allait entendre.

"Dois-je citer les décès comme départ ?" demanda la voix hypnotique de Cérébra.

Cassandre resta silencieuse.

"Oui, considère le décès comme un départ." finit-elle par répondre, la voix éteinte.

"Très bien, Cassandre. Ont quitté l'institut pour une destination indéterminée : Raphaël Mathis, Midas Hole, Cecilia Magdala, Yvan Delcourt, William Mortissimado, Daniel Picard, Kenjiss Stiven.

Ont quitté l'institut pour une destination connue : Alyssandre Althon, Jon Parker.

Mutants décédé encore à l'institut : Karen Matthews, Erika Khris, Gaëlle Harman, Jim Endro.

Données introuvables pour les autres mutants."

"Ainsi donc Jim aussi..."

Il faudrait très certainement organiser des funérailles pour ces mutants, dans les plus brefs délais, et Ashern ne serait pas oublié. Suite à ces nouvelles macabres, la jeune femme se pencha sur les raisons qui avaient amenés Laura à rentrer à l'institut.

"Ajoute Tom Davis à la liste, Cérébra..." dit-elle seulement en baissant tristement la tête.

Kitty avait dormi durant tout le voyage, oubliant ainsi tout ce qui c'était passé depuis sa fugue. Mais au réveil, tout lui revint en mémoire. Ses parents lui manquait et la fillette se demandait si elle arriverait un jour à oublier. Seule la présence de Gabriel la rassurait.

Kitty ne prononça pas un mot durant tout le reste du voyage.
La fillette essayait toujours de comprendre la décision de ses parents adoptifs. Elle avait été si sûre qu'ils l'aimaient. Intérieurement, la petite fille était trés en colère contre eux et ce qu'ils avait fait. Mais plus que tout, la fillette ne savait plus vraiment qui elle était.

Arrivée à l'institut, Kitty serra encore plus la main de Gabriel, appréhendant ce qu'elle allait découvrir dans cette école.

Quelques coups frappés à la porte tira Cassandre de son recueillement funèbre. Jusqu'ici, Cerebra avait été la seule à détenir ces informations macabres, et bien qu'elle sut qu'il faudrait bien en arriver là un jour, la nouvelle était comme un poids supplémentaire ses ses frêles épaules.
Elle avait d'abord pensé qu'il s'agirait des Smiths, qui devaient la rejoindre dans l'après-midi, mais la force masculine et mature des coups la fit s'interroger sur son visiteur.
Ou plutôt ses visiteurs, comme elle put le constater en survolant rapidement le fil de leur destin.
Toujours en tailleur sur son coussin, les yeux fermés et ses pieds débarrassés de ses chaussures, elle tourna la tête vers la porte, et invita les visiteurs à entrer, d'une voix grave et monocorde qui contenait pourtant son habituelle douceur.
Le visage ainsi tourné dans la direction approximative de la porte, un sourire fragile de bienvenue aux lèvres, elle resta interdite, mais d'un geste de sa main diaphane, désigna les quelques coussins qui lui faisaient face : le bureau ne disposait que d'un mobilier réduit, et aucune chaise n'était visible.

Gabriel fut d'abord surpris de découvrir la jeune femme assise au sol, sur des coussins. La voix qui les avait invité à rentrer en réponse aux coups sur la porte contrastait fortement avec l'aspect si fragile de la femme qui leur faisait face.
Habitué à l'observation, l'homme nota ensuite les yeux vitreux de la dite femme. Un détail qui ne déclencha chez lui aucun comentaire ni pensée particulière. Non, ce qui étonna le plus Gabriel fut que se soit vers cette frêle jeune femme qu'on les ait orienté. Mais après tout, quelle importance ? Combien de fois avait-il pu observer dans la nature des animaux en apparence fragile se montrer plus intelligent et ruser que nombres de gros animaux.

Gabriel s'avança dans la pièce, tenant toujours Kitty par la main. Bien qu'étant à l'institut, il se devait d'être sûr que la fillette soit en sécurité ici.

- Je me nomme Gabriel Layne. L'homme fit une pause, voulant ainsi se faire connaître. Puis il reprit, en regardantr cette fois Kitty : et voici Kitty Willington. Nous sommes ici sous l'invitation d'Olivier Fleury.

Gabriel estimait ainsi avoir dit l'essentiel. Il était inutile de palabrer longuement quand tout pouvait être dit en quelques mots seulement.

hall bureau de cassandre.

Arrivé devant la porte, Enzo s'arreta et s'adressa à Lyu,

"J'ai quelques difficultés à frapper aux portes alors je ne peux que te la montrer."

Melant le geste à la parole, Enzo donna pusieurs coup ans le mur mais ceux-ci ne produire pas le son habituel pour les autres. L'eau qui composait sa main s'étalait sur la porte plus qu'autre chose.

[ hall bureau de cassandre]

Lyu fut surpris par les paroles d'Enzo. Il venait juste de faire attention au physique du jeune homme. Lyu se décida et frappa à la porte. C'est alors qu'il entendit une conversation derrière la porte. Il se retourna pour faire face à Enzo.

"Enzo, elle semble déjà recevoir des gens. Je pense que ça risque d'être long. Alors si tu as autre chose de plus interessant à faire, tu devrais y aller. Je pense que je peux attendre ici tout seul."

Lyu s'accroupit contre le mur, attendant qu'on lui dise d'entrer.

En voyant la jeune femme, Kitty fut tout aussi surprise que Gabriel.Mais ce qui l'étonnait le plus était l'ameublement assez suscinte de la pièce. La fillette lança un regard interrogateur vers Gabriel.
Elle avait remarquait qu'il ne lui avait pas laché la main et cela rassurait la petite fille. Ce n'est pas que la jeune femme assise en face d'eux effrayait Kitty mais depuis les évènements de la veille, la fillette se méfiait des personnes qu'elle rencontrait.

Alors que Gabriel avait commencé à les présenter tout les deux, Kitty entendit un bruit sourd contre la porte comme si on venait de frapper. Elle tira sur le bras de son "parrain" afin d'attirer son attention.

"Gabriel, je crois qu'on a frappé à la porte."

La petite fille lança un regard furtif vers la jeune femme afin de voir sa réaction.

Cassandre nota distraitement que les visiteurs ne s'étaient pas assis. Les nouveaux mutants semblaient de plus en plus méfiants à mesure qu'ils arrivaient à l'institut. La situation globale des mutants avait-elle encore empiré ?
Respectant la réserve de Gabriel et Kitty, Cassandre ne prit pas la peine de pousser plus avant ses recherches cognitives : les inflexions de Gabriel sonnaient juste. Ajouté à cela que l'IA régulant les allées et venues avait laissé entrer les deux mutants, la jeune femme n'avait déjà plus aucun doute sur leurs intentions.

"Je sais." dit-elle simplement en réponses à leurs présentations sommaires. Elle savait déjà tout ce qui avait besoin d'être su.

"En ce cas, vous êtes plus que bienvenus à l'institut." ajouta-t-elle, gratifiant les mutants d'un sourire fugace. Une invitation d'Olivier était plus significative. A l'heure qu'il était, l'institut ne disposait d'aucune équipe pédagogique, et à suppléer en son absence, Cassandre savait toute la difficulté qu'il y avait à gérer l'école en solitaire. Avec les arrivées massives de ces derniers temps, Olivier avait dû commencer à rechercher des collaborateurs bien avant l'arrivée de la grecque.
Mais si Olivier ne revenait pas ? Les probabilités étaient d'une réciprocité déroutantes. Même malgré son don, la jeune femme était incapable d'affirmer quoi que ce soit.
Elle se leva avec des gestes précis, comme si le simple fait de se lever nécessitait une mécanique parfaite pour être mené à bien, puis marcha lentement vers la porte.
Elle l'ouvrit simplement et s'effaça pour inviter Lyu à entrer.

"Je suis Cassandre. Olivier est absent pour le moment, mais vous pouvez rester autant qu'il vous plaira, soyez-en assurés. Mais vous désirez peut-être vous reposer ?" reprit-elle après une courte pause.

Lyu pénétra dans la pièce. Il fut étonné par le dénudement de cette dernière. Par contre les coussins lui rappelait presque la maison. Le jeune homme regarda Cassandre et vit immédiatement que ses yeux étaient sans vie. Eh bien il allait de surprise en surprise ici. Tout comme avec Enzo il ne fit aucun cas de la particularité de son interlocutrice.

"Merci, j'aimerais bien me reposer et manger aussi. Mais j'ai des problèmes dont il faudra qu'on discute. Alors c'est comme vous voulez. On peut en discuter maintenant ou aprés que je me sois reposé."

Il se retourna pour s'apercevoir qu'il y avait d'autres individus présents dans la pièce.

" Excusez moi de vous avoir coupez dans votre conversation. Je m'appelle Lyu Nan Quan."

Gabriel tiqua intérieurement en aprenant l'absence d'Olivier. Il ne connaissait ce dernier et, d'un naturel méfiant, il n'accordait que très peu une totale confiance envers les personnes qu'il ne connaissait pas. Dans quel guépier livier s'était-il encore fourré. L'espace d'un instant, le passé resurgit dans sa tête et il revit Olivier et son inconscience face au danger. S'était-il une fois encore mit dans une situation périlleuse ? Il y avait des chances, oui.

Gabriel poussa alors plus avant son observation de la jeune femme disant s'appeler Cassandre. Une bien jolie jeune femme aux commandes de cette institut ? Voilà une surprise qui ne manqua pas de plaire à Gabriel.
Tenant toujours la mai de Kitty, il avait senti celle-ci le secouer pour signaler la présence de quelqu'un à la porte. Chose que Gabriel n'avait pas relevé. L'introduction du jeune garçon n'était pas forcément à son goût. Il aurait aimé en savoir davantage sur l'absence d'Olivier. Après tout, c'était sur son invitation qu'il avait rejoint New-York.

Posé, il regarda le jeune homme mais sans lui répondre pour autant. Il regarda ensuite Cassandre et s'adressa à elle:

- Savez-vous quand Olivier rentrera ?

Se reposer ne faisait pas partie de ses préocupations. Il était là, à l'institut, suivant le souhait d'Olivier. A lui à présent de lui en dire davantage

Cassandre fit entrer le nouveau venu et maintient quelques secondes la porte ouverte, laissant ainsi le temps à Enzo d'entrer s'il le désirait. L'attitude du jeune asiatique parut cocace à la psychologue. Elle l'avait invité à se reposer, et voilà presqu'il lui ordonnait de lui mijoter un plat pour mettre les pieds sous la table, puis une petite séance sur le divan pour épancher ses pleurs. Bien entendu, Cassandre savait qu'il ne pensait pas à mal. Elle avait pleinement conscience que les différentes cultures qui coexistaient à l'institut pouvait constituer un cocktail détonant, dans tous les sens du terme.
Elle eut un petit soupir amusé aux paroles de Lyu, mais la question de Gabriel, d'où émanait une sorte d'urgence impérieuse, détourna immédiatement son attention, et la reporta sur un problème autrement plus épineux, et douloureux.

Olivier...

Elle n'avait toujours pas de nouvelles d'Adam et des GenesiX. Elle ne pouvait que se raccrocher à l'espoir, et compter les probabilités quis s'écartaient à mesure que le temps s'égrenait, comme tombent les pétales des paquerettes sous les doigts d'une amoureuse.
L'équipe était partie après son propre départ pour le camp Labrador... S'ils n'étaient pas rentrés d'ici quelques heures, le pire était à craindre.
Elle resta muette quelques instants, puis ses lèvres délicates articulèrent pensivement :

"Il ne reviendra pas plus tard que cet après-midi."

Car si d'ici là, il n'est pas rentré...

La jeune femme s'interdit alors de penser à la suite, ce n'était vraiment pas le moment.

"Etes-vous pressé, Gabriel ?" s'enquit-elle alors de sa voix douce. Ils étaient venu à l'invitation d'Olivier, contrairement à la majorité des pensionnaires qui, aux prises à des situations tendues, désespérées, avaient trouvé asile ici. Mais peut-être une affaire importante avait suscité cette invitation. Après tout, Olivier n'avait pas cru bon d'informer Cassandre de cette visite... Il avait pu tout aussi bien la tenir éloignée d'autres affaires importantes.
Cette pensée la peinait, mais elle devait être réaliste : la faculté était bien loin maintenant, et avec elle l'intérêt hypothétique qu'il avait pu lui porter. Elle était ici par un hasard, certes poussé par son pouvoir, mais une coïncidence dont la probabilité était quasi nulle. Et si elle était restée, ce n'était que pour garder les adolescents en l'absence du directeur. D'ailleurs, lui aurait-il demandé de rester s'il ne partageait pas tous deux le gène X ? Alors pourquoi l'aurait-il tenu au fait de tout ceci ?
Devenus adultes, les deux vieux amis s'était éloignés. Et si les souvenirs restaient, la maturité avait apporté son lot de devoirs, d'obligations professionnelles. Des relations professionnelles, voilà ce qu'ils entretenaient à présent.
Là encore, Cassandre savait que seules ses peurs s'exprimaient dans son monologue intérieur. Sans le principal concerné, la jeune femme se retrouvait seule, et l'écho de ses questions sans réponses lui revenaient à l'infini.

Lyu s'assit sur un des coussins évitant de croiser les bras. Le vieux ne plaisait pas à Lyu et celui-ci avait l'air d'être un nouveau tout comme lui.
*ça doit être un prof. N'empêche qu'il est malpoli. Mais bon, ça m'étonne pas. La petite c'est autre chose, elle a l'air effrayé. Si le vieux est son père ou son oncle ou son prof, je la plains de tout mon coeur. Tout ce que j'espère c'est qu'il va pas enseigner ici, parce que sinon la pilulle risque d'être difficile à avaler pour nous deux.*

La faim commencer à tirailler Lyu mais la dame ne semblait pas pressée. Grand bien lui fasse. Si elle attendait encore longtemps il allait finir par tomber au milieu de son bureau.
Décidément les femmes américaines étaient bizarres, celle qu'il avait en face de lui ne paraissait pas pouvoir tenir une maison. il n'y avait qu'ici qu'on pouvait voir ça. Chez lui en chine cela aurait été inacceptable.
Il regarda dans les yeux le vieux, attendant qu'il fasse preuve enfin de politesse envers lui.

Kitty ne savait plus quoi faire. Apparemment, la personne que devait rencontrer Gabriel n'était pas là.
Lorsque le jeune homme rentra, la fillette se rapprocha encore plus de Gabriel. Il commençait à y avoir beaucoup de monde dans le bureau.
De plus, ayant dormi pendant tout le voyage Kitty n'avait rien mangé depuis la veille et la petite fille commençait à avoir faim.
Ajouté à cela, elle se demandait ce qu'elle allait devenir. Beaucoup de choses se bousculaient dans sa tête. De nouveau elle tira sur la manche de Gabriel afin d'attirer son attention.

"Gabriel, qu'est-ce qu'on fait maintenant? En plus, j'ai faim."

La réponse de la dénommée Cassandre avait quelque chose d'incertain. Il n'aurait sur dire quoi, mais quelque chose clochait. L'absence d'Olivier malgré ses nombreuses invitation à rejoindre l'institut laissait supposer en effet qu'un éventuel problème s'était produit.
Intérieurement, Gabriel pesta. Avait-il finalement fait le bon choix en venant maintenant à New-York, rejoindre cette école ? N'aurait-il pas valu mieux finalement qu'il reste en dehors de tout ceci ? Des années qu'il vivait sa vie sans soucier des problèmes des humains.

Resté silencieux à la question de Cassandre, ce fut le geste et la voix de Kitty qui ramena l'homme à la réalité. Il la regarda, comme si c'était la première fois qu'il la voyait. Et il sut. En voyant cette fillette perdu, noyée qu'elle devait être dans des événements qui la dépassaient, il sut qu'il avait fait le bon choix.
Il lui sourit, à la fois pour la rassurer mais aussi parce qu'il avait retrouvé la raison de sa présence en ces lieux.
Il regarda alors de nouveau Cassandre.
La sérénité était revenu au sein même de Gabriel. Aussi répondit-il à la jeune femme d'une voix plus posée :

- Non, je ne suis pas pressé. J'attendrai donc le retour d'Olivier e ces lieux et vous remercie pour votre proposition. Puis, regardant de nouveau Kitty : je crois que la jeune fille qui est ici à faim. Croyez-vous possible de lui trouver quelque chose à manger ?

Croisant alors le regard du jeune homme maintenant installé sur les coussins au sol, Gabriel sentit comme une tension dans ses yeux. Il savait reconaître et traduire bien des émotions via les regards des animaux. Aussi su-t-il a quoi s'en tenir. Loin d'en être affecté, Gabriel considéra le jeune homme en lui rendant son regard. Non avec méchanceté, mais il le soutint malgré tout, sans sourciller ni faiblir.

Kitty fit un sourire à Gabriel. Elle était heureuse qu'il fasse de nouveau attention à elle. La petite fille était rassurée de savoir qu'il allait rester ici avec elle. Du moins jusqu'à l'arrivée de cet Olivier.
Elle remarqua le regard que lançait le jeune homme assis sur les coussins à Gabriel. C'était un regard de défi. La fillette n'aimait pas cela. Même si ce jeune homme était fatigué(cela se voyait sur son visage), elle trouvait qu'il manquait de respect envers Gabriel.
Kitty se demandait comment tout cela allait se terminer car son "parrain"soutenait le regard du jeune asiatique.
Elle jeta un regard vers Cassandre pour guetter une réaction de sa part.

La réponse de Gabriel ramena un semblant de sourire sur le visage blême de la non-voyante : ses paroles et celle de Lyu la ramenaient à des considérations triviales, certes, mais d'une simplicité rafraîchissante pour son esprit perpétuellemnet torturé.

"Vous êtes à l'institut Xavier... Tout est possible." plaisanta-t-elle de sa voix apaisante pour détendre l'atmosphère, qu'elle sentait électrique. Son visage pourtant, s'il était éclairé d'un léger sourire, avait quelque chose de sérieux.

Elle resta silencieuse un moment, le visage tourné vers le couloir, puis reprit la parole.

"Je vais vous conduire à la cuisine... Wind a préparé de quoi sustanter tout le monde." dit-elle, en invitant d'un geste les invités à la suivre dans le couloir.

En passant près des dortoirs, la jeune femme expliqua :

"Vous pourrez vous installer ici dès que vous le souhaiterez. Les filles d'un côté, les garçons de l'autre."

Comptant mentalement ses pas, elle se tourna enfin vers la jeune Kitty, et lui dit d'une voix maternelle :

"Voici ma chambre. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à m'en faire part. Tu pourras t'installer seule ou avec une autre pensionnaire si tu le souhaites. Cela vaut également pour toi Lyu."

Sur ces mots, elle reprit la direction du grand escalier menant au rez de chaussée d'un pas tranquille et assuré.

Cuisine

[hrp : vous pourrez donc créer librement votre chambre dans la section chambre une fois que vous serez libres]

Jardin

Cassandre retourna d'un pas lent jusqu'à son bureau. Elle récupérait enfin sa véritable place, son véritable rôle en tant que psychologue. Les élèves ne tarderaient pas à la rejoindre, et elle pourrait s'acquitter des derniers problèmes, avant parler de l'avenir avec Olivier.
Après quoi, sa tâche à l'institut serait achevée.
La jeune femme retira ses chaussures, mouillées, et s'installa à sa place habituelle sur l'un des coussins pour attendre les élèves concernés.

[ les jardins]

Lyu tapa à la porte et pénétra dans le bureau de Cassandre. Voyant cette dernière assise sur une coussin, il fit de même en pensant que c'était la bonne attitude à avoir.
Assis en tailleur les mains sur les genoux, lyu repensa aux quelques heures passées dans cet institut.

*Mon intégration se passe plus mal que je l'aurais imaginé. Ou est donc Enzo, je ne l'ai pas vu à l'enterrement. Trop bouleversé peut-être?
Je me demande si cet entretien va être long parce que je suis crevé moi.*

Le jeune homme attendit dans cette position que Cassandre commence, comme cela était la règle qu'on lui avait apprise chez lui.

Cassandre n'avait pas prit la peine d'inviter oralement Lyu à s'installer. Elle s'était contentée de l'écouter s'installer devant elle. Le fait qu'il se soit assis immédiatement sans son invitation laissait à penser qu'il était plutôt à son aise dans l'institut, ou peut-être pas aussi mal à l'aise que les autres en la présence de la non-voyante, mais les discussions houleuses qui avaient salué le départ de Cassandre de l'enterrement, indiquaient également que la tension nerveuse de l'institut était à son paroxysme.

"Tu m'as dit avoir des problèmes à régler. Nous allons voir ça ensemble. Je t'écoute, explique-moi ce qui te préoccupe." dit-elle d'une voix posée, le visage fixé sur un pan de mur derrière le mutant. Elle aurait pu chercher elle-même ce qui l'amenait, mais dans le cas présent elle n'avait aucune raison de le faire : ce n'était pas ainsi qu'une relation de confiance s'instaurait et de plus, c'était Lyu qui avait souhaité lui parler, il n'avait donc aucune raison de mentir et quand bien même il le ferait, elle serait à même de démêler la vérité.

"Au départ quand je suis arrivé dans votre bureau mon problème n'avait rien avoir avec mon cerveau, mais plutôt avec les raisons de ma venue ici."

Lyu réfléchit un instant à comment il allait raconté sa vie sans que se soit trop long pour Cassandre qui devait avoir des milliers de choses à faire en dehors de l'écouter. Le mieux était de commencer par le début des évènements qui l'avait conduit ici.

" Alors voilà, il y à peu prés qutre ans alors que j'étais au collège j'ai découvert que je pouvais commander aux machines dans une certaine mesure. Le problème aurait put s'arrêté là mais d'autres personnes furent mises au courant de ma...mutation. Je fus obligé de changer d'établissement régulièrement car des choses arrivaient aux machines électroniques qui étaient en ma présence. Cette histoire arriva rapidement aux oreilles de la triade qui trouva un moyen judicieux de m'utiliser à leur avantage. Jusqu'à il y a deux jours je leur ait servit d'ouvre-boîte électronique. J'ai réussi à leur fausser compagnie à la faveur d'une descente de police. Je me suis aperçu un peu plus tard que c'était l'un des adultes en qui j'avais le plus confiance qui m'avait vendu à la triade, bien qu'il ait largement réparé sa faute depuis. Je savais que vous existiez grâce à des recherches effectué sur le net. J'ai pris le premier vol pour les états unis et je suis venu directement ici. J'ai peur que mes anciens "amis" cherchent à me retrouver bien que j'ai laissé des fausses pistes pour éviter qu'ils ne viennent jusqu'ici.
Mais depuis que je suis dans l'institut j'ai l'impression d'être rejeté alors que j'essaye juste d'établir le contact."

Le jeune réfléchit un instant à ce qu'il venait de dire te ne trouva rien à ajouter. Il attendit patiemment que Cassandre prenne la parole à nouveau.

Cassandre ne releva pas l'allusion du mutant à son cerveau, bien que cela la renseigna plus qu'il ne l'aurait pensé sur sa conception de sa profession : en effet, le cerveau et la psyché humaine étaient aussi différents, dissociables qu'une boîte et son contenu, que le corps et l'âme. Comparer la psychologie à la neurologie était une façon triviale de reléguer les problèmes psychologiques au rang de disfonctionnement physique. Il y avait derrière ce constat une forme de mépris, sûrement involontaire, des gens nécessitant l'aide de Cassandre. Dans sa carrière, elle avait aidé sans relâche les jeunes de son âge, et un profond sentiment de compassion s'était dégagé de cette expérience.

Mais la jeune femme n'en fit pas cas et se recentra sur le récit du mutant. Finalement, ses craintes, bien que fondées, seraient écartées assez facilement grâce aux moyens qu'ils avaient à l'institut, et cela malgré la cérémonie funeste à laquelle ils venaient d'assister.

"Par chance, l'institut est doté d'une intelligence artificielle très performante, que tu as déjà dû voir sous les traits de Cérébra. Nous lui demanderons de s'assurer que toute trace de ton départ de Chine a bien été effacée. De même, Cérébra assure les fonctions défensives de l'institut." expliqua-t-elle, en se remémorant son concours pour le moins douteux lors des journées portes ouvertes. Il faudra sûrement demander à faire réviser son programme de défense.

La jeune femme consulta alors les futurs probables de Lyu. Les probabilités étaient nombreuses, mais très peu constituaient une menace de la part des Triades.

"Mon pouvoir devrait me permettre d'anticiper un mouvement de leur part à ton encontre. En attendant, prends ceci avec toi." dit-elle en se levant pour tirer un petit objet aux lignes modernes du tiroir de son bureau.

"C'est un communicateur. Chaque élève en possède un. Tu peux joindre l'institut ainsi que n'importe lequel d'entre nous grâce à lui. En cas de problème, n'hésite pas à l'utiliser." ajouta-t-elle en tendant l'objet dans la direction approximative du chinois. Elle devrait vérifier régulièrement le futur du mutant pour s'assurer de sa sécurité, mais elle avait dans l'idée que les malfrats ne le poursuivraient pas : il y avait trop gros à perdre.

"Comme je le disais, l'institut possède un équipement électronique très poussé, ses installations t'intéresseront peut-être. Cela dit, dominer ton pouvoir va devenir une priorité absolue pour toi ici si tu ne veux pas mettre à mal tous les systèmes. D'après Adam, les cours commencent demain. Ca devrait vite ne plus poser problème. Tu crois pouvoir t'en sortir d'ici là ?"

"Je ne pense pas qu'il y aura des problèmes. Ma mutation n'a crée aucun incident involontaire depuis plusieurs mois. Bon je vais vous laisser maintenant, je vais suivre votre idée et explorer un peu les installations de l'institut."

Lyu se leva et prit congé de Cassandre.

*Décidément ce bureau est très étrange. Je ne m'attendais pas à ça chez un professeur.*

[ le hall]