Seule dans une chambre d'hôtel

The story so far...

Prenant la tangente suite à la révélation spectaculaire de ses pouvoirs en pleine rue et se retrouvant quasiment sans le sou, avec comme seules possessions terrestres ce qu'elle portait sur elle et un maigre baluchon, Georgia après diverses péripéties anonymes débarqua dans la chambre d'un hôtel borgne.

"Que faire ?"

La question la travaillait depuis quelques jours déjà. Quelques jours où la vie de Georgia avait changé d'une façon pour le moins, inédite dira t'on.

Etre témoin d'un miracle dans sa vie était suffisemment rare pour ne pas se sentir étrangère à la situation, quand un second se manifesait...

"Miracle Lass" dit Georgia à voix haute, sur un ton désabusée...

Dans la bouche des habitants du quartier, des gens qu'elle avait cotoyée pendant des années, nouant même avec certains des relations amicales, cela ne voulait dire qu'une chose...

"Déviance génétique... Gamine enragée... Incontrôlable... Menace"

Et elle ne savait trop qu'en penser d'autre... Après tout, elle n'avait jamais réellement réfléchie sur le sujet... Etre différent c'était quelque chose de louable, de respectable et son éducation mi individualiste mi libertaire, rendait cette notion séduisante dans un monde où tout devenait de plus en plus pareil...

Toutefois, il ne s'agissait pas d'une différence facile à digérer. Elle était partagée dès lors entre un sentiment de colère, vis à vis de ce qu'elle vivait et de résignation, comme quand on se dit qu'on l'a bien cherché...

"Pourtant"

"Pourtant", se disait elle, les miracles n'étaient pas de même nature. Le premier était le fruit de la colère, d'une colère matinée de vengeance, et l'effrayait encore... Le second, quant à lui, lui laissait un autre goût. Celui de la passion qui aide. De la volonté qui triomphe de l'égoïsme, du caractère qui change les choses qui compte réellement pour les gens...

Et si en tête, Georgia, ne pouvait oublier l'étonnement et la peur de son père se rendant compte qu'elle ne serait plus jamais sa petite fille, elle ne pouvait s'empêcher non plus de se sentir fière de cette longue cicatrice à la main gauche... Comme de quelque chose que jamais rien ne pourrait effacer.

Georgia se leva, calmement, simplement de son lit crasseux et noua ses tennis. Puis ouvrant la porte sur un couloir désert, elle se dit, que tout de même, il serait grand temps de retourner dans le monde.

"Miracle Lass" se dit elle à elle-même, comme une prière à qui saurait l'exaucer...

Il s'agissait maintenant de trouver d'autres personnes comme elle...

Georgia avança doucement dans le couloir, en le remontant, elle découvrit l'ambiance qui régnait dans ce motel miteux dans lequel elle avait trouvé refuge. Un couple s'engueulait avce violence dans la chambre à coté de la sienne, elle avait d'ailleurs pu bénéficier de leurs disputes pendant ses nuits. Plus loin, une porte entrouverte laissa entrevoir à la jeune mutante un couple de drogué en train de se faire leur dose.

Arrivée dans le hall, alors qu'elle allait sortir, le propriètaire du taudis l'interpella.

"Ca fait quelques jours qu'on ne vous avez vu, m'd'moiselle. Votre avfance arrive à son terme, ce soir, vous videz les lieux ou faut payer la prochaine semaine..."

"Ca fait quelques jours qu'on ne vous avez vu, m'd'moiselle. Votre avance arrive à son terme, ce soir, vous videz les lieux ou faut payer la prochaine semaine..."

Comme quoi l'intérêt de la prière est limité...

Georgia fit mentalement le compte de ce qui lui restait en poche... Quelques espèces, mais pas vraiment de quoi assurer le manger et le coucher... Il fallait choisir entre le jeûne forcé et dormir à la belle étoile, entre s'affaiblir peu à peu ou être à la merci du premier venu dans un quartier sensible.

Elle resta béate devant le gérant de la petite affaire, ne sachant que trop lui dire... Fallait-il jouer sur son humanité ? Insister sur le devoir d'hospitalité pour les nécessiteux ?

Mais Georgia ne se faisait plus guère d'illusion sur l'impact de ce genre de doctrines tirées des livres que lui lisaient ses parents quand elle était petite... En avait elle vu un exemple dans sa courte existence ? Au fond elle s'écoeurait elle même... Parce qu'avant d'être en galère, de devenir une déclassée, une sans domicile fixe, elle n'avait jamais réellement éprouvée de compassion pour les gens dans sa situation...

En revanche, le gérant semblait attendre une réponse, quelque chose...

Georgia était en proie à une grande crise d'angoisse. Elle sentait les larmes lui venir aux yeux...

Les mots sortirent tous seuls...

"Vous savez tout va mal, on ne devrait pas avoir à vivre comme ça, je n'ai plus rien et là je vais me retrouver à la rue, qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça ? Je suis une personne normale ! Normale vous entendez ! Pourquoi j'ai à vivre ça ? Je n'ai rien demandé. On en devrait pas avoir à vivre comme ça"

Elle se rendait compte qu'elle n'était pas très claire, limite hystérique, qu'elle parlait à toute vitesse... Avalant sa salive, elle reprit :

"Il me faut un endroit pour dormir. Je n'ai pas d'argent, du moins pas plus que ça... S'il vous plait, aidez moi ! Je vous en prie".

Georgia tremblait...

Le gérant du motel tapa sur la table qui se trouvait devant lui en hurlant sur la mutante.

"Je ne suis pas une assistante sociale, si t'as pas d'argent, tu décampes, si t'as pas vidé les lieux à 17H, c'est moi qui le ferait. Si tu veux rester là, ramène de quoi payer ta semaine."

L'homme était intransigent et rien que ce soit dans ses paroles ou dans ses pensées, ne le ferait changer d'avis. Il savait que les personnes ne voulant pas se faire remarquer était prête à payer pour une certaine tranquilité.

"Je ne suis pas une assistante sociale, si t'as pas d'argent, tu décampes, si t'as pas vidé les lieux à 17H, c'est moi qui le ferait. Si tu veux rester là, ramène de quoi payer ta semaine."

Georgia fut surprise de l'explosion de rage du gérant du motel. Toute secouée qu'elle était, elle n'en prit pas moins conscience de l'inutilité de toutes négociations...

Ne désirant pas envenimer la situation (la dernière chose dont elle avait besoin était que les flics se ramènent), elle se dirigea vers la sortie, non sans avoir au préalable marmonné quelques bribes de mots laissant entendre, mollement, qu'elle apporterait la somme au moment venu...

Toutefois, une fois dehors, son coeur battait la chamade. Il faisait froid dehors, et l'air de la rue la glaçait d'autant plus qu'elle se rendait compte qu'elle devrait à partir de ce moment s'habituer à vivre sans toit...

Il lui fallait de l'argent et si ce n'était pas pour demeurer pensionnaire de ce bouiboui minable et sordide, c'était du moins pour se permettre de continuer son existence misérable.

Mais comment en gagner ? Elle n'avait aucune compétence, les maigres enseignements qu'elle avait reçu en toutes ses années passées sur les bancs de l'école ne lui fournissaient qu'un simple bagage théorique, insuffisant pour comprendre le monde et son fonctionnement, et encore plus quand il s'agissait de gagner sa pitance.

Elle était jolie. Certes. Sympathique. C'était indéniable. Mais de là à obtenir la charité de son prochain ? La question demeurait entière... Elle s'avança donc dans les rues de New York, remontant le col de son blouson pour se protéger du froid, puis se laissa choir une vingtaine de mètres plus loin à même le bitume.

Là, assise en tailleur, elle s'humilia. Elle tendit la main, attendant l'obole providentielle...

La mutante ainsi installée recueillait beaucoup de chose, le plus souvent, c'était du mépris, mais il y avait aussi de la peur, du dédain et de l'incompréhension, elle était même parfois complètement ignoré par des passants qui faisaient semblant de ne pas la voir mais qui était les plus gênés. De temps à autre, une âme charitable exprimait de la compassion malgré le fait que Georgia était loin de ressembler aux autres mendiants avec ses habits récents. Quand il fut midi, Georgia avait récolté 7$42, même pas encore assez pour passer une nuit de plus dans son motel.

Peu après, un groupe d'enfant s'arrêta à sa hauteur pour se moquer de la jeune fille qui tendait la main les yeux rivés sur le sol sans oser regarder les gens qui passaient.

"T'as pas l'air bien pauvre pour faire ça, t'as pas honte" lui demanda un des garçons.

"Fainéante, tu ferais mieux d'aller travailler, mon papa, il dit que si les gens comme toi s'en donnaient la peine, il ne resterait pas dans la rue, que vous y êtes parce que vous le voulez bien." ajouta un enfant qui paressait le plus jeune du quatuor

"Tais-toi Ralf, ton père il ferait bien de s'occuper de ses affaires même si pour une fois je suis d'accord." rétorqua un autre.

Le dernier étrangement silencieux regardait avec envie la cagnotte de la mutante. Soudain, il s'élança ramassa le peu d'argent que Georgia avait accumulé dans une petite tasse en carton. et s'enfuit à toutes jambes, les amis, nullement sidéré par l'action firent bloc pour empêcher toute poursuite par la femme.

Georgia traversait une des passes les plus humiliantes de sa vie et elle se doutait bien que ça n'allait pas aller en s'améliorant...


"T'as pas l'air bien pauvre pour faire ça, t'as pas honte"

Elle releva le menton et surpris une tripotée de mioches ricaneurs.

"Fainéante, tu ferais mieux d'aller travailler, mon papa, il dit que si les gens comme toi s'en donnaient la peine, il ne resterait pas dans la rue, que vous y êtes parce que vous le voulez bien."

Les paroles du gamin lui faisait l'effet d'une gifle vigoureuse. N'avait elle effectivement plus aucune fierté ?

"Tais-toi Ralf, ton père il ferait bien de s'occuper de ses affaires même si pour une fois je suis d'accord."

Mais quelle éducation ! S'en prendre aux plus misérables, dans quel monde vivait on ? Même si, au fond d'elle Georgia savait qu'elle n'était pas encore la plus à prendre...

Sur ces pensées déprimantes, un quatrième gamin lui ravit son modeste butin et s'enfuit en courant...

Les autres couvrant leur ami faisaient barrage.

Effectivement, se dit Georgia, il y avait pire que faire la manche pour payer son droit à loger dans un taudis... Se faire racketter par des gamins !

Elle perdit quelques instants à essayer de refouler sa colère... Que ferait Lao Tseu dans de pareilles circonstances ? Ou Marc-Aurèle ? Ou Thoreau ? Les vieilles barbes des livres de son enfance ne lui étaient pas réellement d'un grand secours...

La non violence oui ! Mais active ! Après tout Gandhi avait bien pris un fusil pour faire fuire les singes qui dévastaient son jardin... A contre coeur certes, mais il l'avait fait quand même.

Se dressant du haut de ses 1m72, Georgia, déterminée, répliqua aux petites teignes :

"Je suis mutante. Dégagez, parce que dans deux secondes je vais vous marcher dessus !"

Et les actes suivirent pour la première fois de sa vie ses paroles...

Plus Georgia essayait de s'en sortir et plus les choses empiraient. Les enfants qui faisait barage se mirent à hurler.

"Au secours, c'est une mutante, elle veut nous tuer!!"

Dans la panique, 2 des enfants se percutèrent et tombèrent inanimé au sol. Les passants qui s'était retourné en entendant toyut ce vacarne ne virent que les 2 gamins s'écraser au sol.

D'habitude si couard face aux agressions les passants prirent confiance en sachant que les mutants étaient une cause d'union. Plusieurs hommes s'approchèrent pour encercler la jeune mutante tandis qu'un groupe les encerclait.

"T'as pas honte de t'attaquer à des enfants!" dit l'un des hommes en lui decochnat un coup de poing dans le ventre.

"Tu mérites pas de vivre, mutos" cria une femme en arrière.

Une vieille dame qui était au premier rang du cercle cria à son tour en donnnat un coup de cabat dans le ventre de Georgia. "Tuez là!!"

Georgia sentait que la situation n'allait pas en rester là... Fallait il pleurer sur son sort ? Geindre ? S'effondrer et supplier à genoux la meute de la laisser tranquille ?

Visiblement, jouer sur la corde sensible ne lui avait attiré que des ennuis plus conséquents...

Allait elle mourir maintenant ? Martyre anonyme d'une cause à laquelle elle ne s'intéressait que depuis très peu ?...

Comment avait elle pu en arriver là ? 17 ans de vie tranquille, à faire ses devoirs, à se laver derrière les oreilles, à filer droit... Bonne petite citoyenne prolétaire, encaissant les coups du sort sans broncher. Elle n'avait pas été spécialement malheureuse ni spécialement heureuse à vrai dire... On ne pouvait pas parler d'accomplissement... Qu'avait elle fait ? Ni le mal ni le bien, rien qui sorte de l'ordinaire d'une fille de 17 ans un peu peureuse du genre de celle que l'on ne remarque pas. A l'école elle n'était pas la plus populaire. Elle fuyait les gens du regard et faisait souvent des cauchemars... Elle avait été même amoureuse, une fois, ça n'avait pas duré longtemps...

Elle était étonnée des pensées qui filaient à toute vitesse au travers de son esprit... Elle n'était peut être pas grand chose, mais même sa vie à elle, ça devait quand même valoir quelque chose !

Complétement dopée à l'adrénaline, elle se redressa et fit face à l'homme qui l'avait frappé. Elle ne tremblait plus. Ne ressentait plus aucune douleur (elle reviendrait, se dit elle).

Et se souvenant du coup de poing au ventre qu'elle venait de recevoir de cet homme, qu'elle ne connaissait pas, qui ne la connaissait pas, elle lui posa sa main sur son estomac à lui, se concentrant très fort, malgré la colère, essayant de réitérer le miracle...

Quand Georgia se releva, la seule chose que ses agresseurs ressentirent c'est une supériorité de la part de la mutante, en fait la tournure des évènement n'était pas en sa faveur, quoiqu'elle fasse, quoiqu'elle dise, le peuple présent prendrait tout comme un affront, la fureur ne se calmerait pas comme ça.

Les coups pleuvait sur Georgia qui ne pouvait pas faire grand chose. Dans le tumulte de la bagarre, un reflet vint la gener. L'éblouissement passé, elle pu constater qu'une des personnes avait une arme à la main.

Puis, un cup de feu retentit, quelques oiseaux s'envolèrent par peur et tout le monde se figea ne sachant d'où venait le coup meurtrié.

Georgia commençait sérieusement à penser qu'il vaudrait peut être mieux arrêter tout bonnement de réfléchir... Toutes les idées brillantes qu'elle avait pu avoir dès le début s'étaient au final toutes soldées en autant d'échecs retentissants...

D'abord la chambre d'hôtel...

Puis aller faire la manche...

Ensuite tenter de courser le gamin...

Enfin faire la fière devant la meute !

Et qu'est ce qu'elle y avait gagnée ? Des coups comme s'il en pleuvait... Bon honnétement, là, Georgia fait un peu d'esprit d'escalier... Parce que pendant la bagarre, pas le temps de penser, n'est ce pas ? Juste le temps de voir les coups frapper son visage, les regards haineux, l'homme qui apportera peut être un terme à sa piteuse existence...

Sauf que... Sauf que, malgré tout ce débordement de haine et de violence, quand un coup de feu vint à être tiré, tout le monde se figea. Qui avait tiré ? D'où provenait le coup ? Qui avait été touché ?

Georgia, quant à elle profitait de cet instant de répit pour se redresser... Se rendant compte que la chasse à la mutante venait de perdre momentanément de son intérêt, elle se débarassa de son manteau, et tentant le tout pour le tout piqua le sprint de sa vie lui permettant de reprendre le cours de ses pensées...

Le bon samaritain qui avait tiré en l'air pour calmer la foule ne fut pas remercié par Georgia qui prit ses jambes à son coup pour fuir plutot que d'affronter son destin.

L'adrénaline permit à Georgia de parcourir quelques paté de maison mais bientôt une douleur sourde vint lui rappeler les coups subis et particulièrement celui assèné par la vieille femme avec son cabat.

Relevant son tee-shirt, un bleu commençait à prendre forme sous ses côtes gauche. Qu'avait-elle bien pu mettre dans son sac. Mais ces questions n'importait pas, il lui fallait toujours trouver de l'argent pour ne pas être viré de la chambre qu'elle occupait et il ne lui restait que quelques heures.

Georgia s'appuya contre le mur. Une douleur sourde génait sa respiration. L'adrénaline était en train de retomber et l'angoisse l'envahissait...

Le bleu en formation contribuait d'autant plus à son état d'anxiété général qu'elle ne savait pas ce qui lui arrivait... Une côte félée ? Cassée ? Une hémorragie interne ? Est ce qu'elle allait "juste" morfler ou était ce plus grave ?

De plus, elle n'avait toujours pas un sou vaillant en poche... Il semblait que le destin persistait à s'acharner à son encontre.

Que devait elle faire ? Aller se faire soigner malgré le fait qu'elle ne disposait d'aucune couverture sociale ? Ou tenter coute que coute de réunir l'argent nécessaire pour lui assurer un toit pour la semaine ? Elle s'était bien rendu compte que la rue n'était pas un environnement envisageable pour elle...

Georgia était frappée par l'ironie de la situation : elle était une mutant dotée, visiblement, d'un pouvoir de guérison naissant, et elle allait peut être claquer d'un coup porté par une vieille dame...

Consciente de la précarité de sa situation et de la nullité absolue de ses réflexes de survie, Georgia comprit qu'elle avait besoin d'aide. Une aide pour tout de suite, pour la soigner, la remettre sur pattes et la loger... Et une aide pour bientôt, pour lui permettre d'exister en tant que citoyenne américaine mutante.

Malgré la douleur, elle se leva et se mit en quête au travers des rues d'une boutique ou d'un endroit où elle pourrait se faire aider. Elle semblait assez loin du lieu de l'altercation pour ne pas risquer d'être reconnue... En plus vu son état, elle pouvait aisément passer pour la victime d'une agression crapuleuse, ce qui, au fond, était parfaitement son cas...

En appuyant légèrement sur la douleur, Georgia parvenait à encaisser la douleur, était-ce un effet de son pouvoir qui masquait une lésion plus grave ou s'inquiètait-elle trop?

Continuant sa route, elle se rapprochait de plus en plus de Manhattan et les commerces se faisait rares. Quand elle fit une pause elle remarqua qu'elle se trouvait devant la grille d'une école. Au coin de la rue en face, un café ouvert semblait être le repère des pensionnaires de l'établissement.

En regardant plus bas dans la rue, elle voyait les immeubles de Mnhattan chatouiller le ciel couvert.

Georgia sentait qu'il fallait se calmer immédiatement. Souffler deux secondes. Reprendre ses esprits. Arrêter de faire n'importe quoi.

Après tout, certes elle avait mal, ça se tassait d'ailleurs... Elle avait un bleu... Et alors ? A quoi bon s'inquiéter sur les éventuelles aggravations de sa situation présente, quand, objectivement, elle avait déjà un mal fou à gérer les problèmes actuels...

La jeune fille prit une grande inspiration. Appuyée contre les grilles d'un genre d'établissement que visiblement elle ne fréquenterait plus jamais, elle se demanda quel endroit voudrait bien d'elle à l'avenir ?

Mais au delà de toutes ces interrogations, Georgia avait surtout envie d'un beau chocolat chaud, de pouvoir s'asseoir 5 minutes pour réfléchir à l'aide qu'elle pourrait obtenir...

Elle se mit en marche en direction du café... Peut être qu'elle pourrait trouver là bas une âme charitable qui pourrait la dépanner de quelques pièces ? Ou d'un logement pour la nuit ? Peut être même une des pensionnaires de cet établissement éducatif ?

De toutes manières, elle serait au chaud et en sécurité. Elle pourrait peut être même consulter l'annuaire ou les petites annonces des journaux... Histoire de trouver un toit, un boulot, un endroit, quelque chose...

A l'intérieur du café, tout était calme, les étudiants devaient certainement être en cours. La décoration retro rendait l'endroit agréable à vivre, le genre d'endroit où on passe une journée sans s'en rendre compte.

La carte affichée au-dessus du comptoir comportait de nombreuses sortes de sandwich et toutes les boissons gazeuses sucrées à la mode ainsi que de nombreuses sortes de cafés ici de toutes les régions du monde. Par contre, on y retrouvait pas la moindre goutte d'alcool. Le tout était à un prix abordable qui devait séduire les jeunes avides de s'évader pendant l'heure du midi.

"Quant Georgia entra, le patron l'acceuilla avec un grand sourire. Qu'est-ce que je peux faire pour vous."

L'endroit était calme. Propre. Agréable.

Ces trois éléments faisaient de ce café un lieu parfait pour se recentrer et respirer.

Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

Le bonhomme qui venait de prononcer ces mots se tenait derrière le comptoir et arborait un sourire des plus accueillants...

Georgia, au bord de la rupture nerveuse, se sentit revigorée par la chaleur de l'endroit. Elle avala sa salive. Inspira. Et le plus calmement possible, s'approcha du gérant de l'établissement...

Elle devait faire peur à voir mais ça ne devait pas l'empécher de s'exprimer le plus clairement possible. Et à haute et intelligible voix, Georgia répondit à l'homme :

"Un café dans l'immédiat. Le journal du jour. Et quelques conseils si vous le voulez bien..."

Elle appuya ces dernières paroles par le sourire le plus sincère dont elle disposait...

Le Barman répondit au sourire de Georgia par un sourire tout aussi chaleureux.

"Pour le journal, je n'ai que ça."

Sur la table que désignait l'homme au visage bon, se trouvait Les 2 derniers numéros de La sentinelle et de l'eastern News. On pouvait voir La Sentinelle griffonée pour donner un aspect diablique aux portraits qui s'y trouvait.

"Pour le café, il y a l'embarrras du choix, pour les conseils, c'est gratuit, c'est mon second métier."

"Pour le journal, je n'ai que ça."

Georgia jeta un oeil sur la table... Quelques journaux s'y trouvaient et elle pensa, immédiatement, que peut être la rubrique petites annonces ou les publicités pourraient lui fournir une solution à ces petits problèmes matériels et monétaires...

"Pour le café, il y a l'embarrras du choix, pour les conseils, c'est gratuit, c'est mon second métier."

"Merci" répliqua t'elle en se dirigeant vers la pile de journaux... "Ce sera un café crème" s'empressa t'elle d'ajouter...

Certes la dépense n'était pas réellement nécessaire mais il fallait bien consommer après tout ! Et puis il ne lui restait peut être plus assez pour la chambre d'hôtel mais suffisamment pour une boisson chaude...

Si la lecture de la Sentinelle ne l'inspira pas trop, n'étant pas réellement adepte de cette forme poussée de pornographie anti-mutante, l'Eastern News capta toute son attention.

Certes il n'y avait pas ce qu'elle cherchait à l'origine. Pas de petites annonces pour se faire de l'argent. Pas de publicité pour un foyer de SDF. Mais une information importante à ses yeux...

L'édition du 9 mars de l'Eastern parlait d'une école. Une école pour les gens comme elle. Et d'un homme, un homme au nom si beau... Olivier Fleury. Cela parlait non pas de discrimination ou d'intolérance, mais d'intégration, de réponses à la détresse des jeunes mutants...

Et surtout, il y avait une adresse...

51 Greymalkin Lane. Salem Center. Etat de New York.

Quand Georgia releva le nez des publications, elle avait enfin un but. Concrêt. Réalisable. Se rendre à ce centre...

Se rendant compte qu'elle n'y était pas encore, Georgia reprit pied avec la réalité.

"Vous avez un annuaire ?" demanda t'elle d'une petite voix, encore bercée par un rêve qui lui semblait encore, il y a deux minutes, inacessible...

Le patron retourna derrière son bar pour faire le café de la jeune femme. Il avait mis sur le coté de la soucoupe une petit carré de chocolat pour cette jeune fille qui semblait avoir eu une journée difficile.

Après avoir bu son café et parcouru les journaux, Georgia revint le voir pour lui demander après un annuaire.

"Tu as de la chance, ça aussi c'est gratuit et comprit dans le prix du café" dit-il en souriant.

Il sortit alors un gros bloc corné à presque toutes les pages et le proposa à la mutante.

"Tu as l'air bien plus joyeuse que tout à l'heure."

"Oui je suis plus joyeuse que tout à l'heure !"

"Comme quoi", compléta t'elle, "des fois juste un endroit pour s'asseoir et une tasse de café bien chaud peuvent vous revigorer une fille !"

Elle se saisit de l'annuaire et chercha le numéro de téléphone de l'institut du Professeur Fleury...

Tout en cherchant, elle dit à l'attention du propriétaire de l'établissement :

"Pourrais je me servir de votre téléphone à pièces, si vous en avez un ? Ce serait pour passer un petit coup de fil..."

Et elle ponctua cette demande, par un grand sourire, qu'elle espérait plus radieux que le précédent.

Le patron pour la première fois ne pu apporter à la jeune fille son aide.

"Je suis désolé, mais mon téléphone est en panne, je ne peux pas t'aider. Et malheureusement pour toi, il n'y a pas de cabines téléphopniques dans le quartier."

Il montra du doigt l'école d'en face.

"Ils n'étaient pas assez rentables, tous les enfants ont des portables de nos jours."

"Ca ne fait rien" répliqua Georgia, un petit peu déçue tout de même. "Vous m'avez déjà bien aidé" ajouta t'elle un peu plus enjouée.

Après tout sa situation personnelle était en nette amélioration depuis qu'elle avait posé ses fesses dans cet établissement.

Elle nota sur un bout de papiers les coordonnées téléphoniques de l'institut et l'adresse compléte, papier qu'elle mémorisa avant de le ranger précieusement dans sa poche.

Puis elle se leva, alla règler ce qu'elle devait au barman, le remercia chaudement et sortit dans la rue, méditant la suite de son action...

Pas de téléphone, pas de téléphone... Comme quoi le progrès technologique de la collectivité, signifiait parfois un grand bon en arrière au niveau individuel. Elle même n'avait jamais eu de téléphone cellulaire et elle se prit, un instant, à maudir ses parents de cet oubli.

Mais bon elle avait déjà l'adresse, ce n'était pas si mal... Elle pouvait très bien, là maintenant, se rendre à la gare et trouver un transport en destination de Greymalkin Lane, après tout, ça ne devait pas être trop loin... Peut être même qu'elle pourrait se payer le transport ! Comme quoi, elle avait bien fait de ne pas prolonger son séjour dans le motel minable... Cela lui permettait d'utiliser ses restes d'économie à quelque chose de réellement nécessaire pour elle, enfin, c'est ce qu'elle se disait...

Toutefois, Georgia repensa à la réaction du gérant du café...

"Tous les jeunes ont un portable"

"Il y a une école, juste en traversant la rue"

Après tout, qu'est ce que ça lui coutait d'aller demander quelques minutes de communication à quelqu'un là bas... Elle trouverait bien une excuse pour ça. Et au pire, elle marcherait jusqu'à la gare.

Georgia d'un pas déterminé se dirigea vers la cour de l'école...

Quand Georgia quitta le café, elle pesatit contre les évolutions technologiques.

Georgia traversa la rue pour rejoindre l'école, quand elle fut face à la grille, celle-ci était fermée à clé. Sur la droite, un interphonne avec une sonnette était installé dans le mur de brique.

Georgia en était venue à un point où elle souhaitait un prompt retour à l'état de nature...

Non seulement, elle n'avait pu téléphoner faute de posséder un cellulaire, mais en plus, maintenant, elle se trouvait face à une grille fermée !

L'interphone semblait la seule solution à proximité. Toutefois, que dire ?

Je suis une mutante et je veux rejoindre mes copains mutants dans un centre pour mutants ? Nan, Georgia ne se rappelait que douloureusement de la seule et dernière fois où elle avait revendiquée cette qualité...

Je suis à la rue et j'ai besoin d'aide ? Là encore, le coup de l'appel au bon samaritain ne lui avait rien apporté de bon...

Georgia réfléchit. Une bonne leçon que ces dernières heures lui avaient apprise était que, pour emporter la compassion ou la sympathie de son prochain, il était nécessaire de jouer sur la ressemblance qu'elle pouvait avoir avec celui-ci et non sur son altérité... Seulement là, son état de nécessité pourrait être éventuellement pris en compte.

Georgia avala sa salive et appuya sur la sonnette de l'interphone. C'était le moment où jamais de déployer ses talents de comédiennes... Si elle ne méritait pas un Oscar à l'issue de cette prestation, hé bien, elle n'aurait plus qu'à marcher jusqu'à l'institut...

Georgia prit une grande respiration et déclama aussi vite qu'elle put dès que l'interphone la mis en communication avec quelqu'un de l'école :

"Aidez moi, s'il vous plait. Je viens de me faire voler. Il faut absolument que je téléphone. Je n'en peut plus. Aidez moi ! S'il vous plait, s'il vous plait..."

En espérant avoir marqué son interlocuteur...