Aberdeen, Ecosse

Alors qu'il arrivait à sa maison, synonyme de calme et de tranquillité, un hurlement assourdissant se fit entendre, qui manqua de lui faire exploser les oreilles.
Il lui fallut bien 10 secondes pour réaliser que ce n'était pas quelque fantôme hurlant sorti de sous une pierre pour le hanter, mais bien une alarme qui provenait non pas de sa petite maison, mais du vaste manoir que son père était censé surveiller. Manoir dont toutes les lampes venaient de s'allumer.

La remontée de la côte s'est passée sans soucis et c'est serein que Cid s'apprête à rentrer dans sa maison. Une sirène retentit et lui brise les tympans de Cid. Cid se plaque les mains aux oreilles à tel point qu'on dirait qu'il cherche à rentrer ses bras dans sa tête. Quelques secondes plus tard, Cid retire progressivement ses mains et identifie que le bruit vient du manoir de Beckers. Le manoir venait de s'allumer et elle crachait désormais ce son infernal. Le sang de Cid ne fît qu'un tour :

*Merde, l'alarme. Papa est peut être en danger ... *

Cid prends le chemin du manoir aussi vite que son corps le lui permet, certain que les malfrats de la dernière fois ne vont pas se contenter de s'évanouir comme la dernière fois. Et Cid espérait bien que ce ne serait pas son pere qui aurait a en payer les frais.

A mesure qu'il s'approchait du manoir, la sirène hurlait de plus en plus dans ses oreilles. Visiblement, si la Reine d'Angleterre n'était pas au courant de ce cambriolage, c'est qu'elle était aussi sourde que sa théière !

Bien que le caractère strident de l'alarme donnait la sensation que les choses étaient explosives, tout le manoir présentait une apparence de calme qui en rendaient presque les choses plus effrayantes. Après tout, vu comme le bruit était assourdissant, il était impossible d'entendre si des gens s'approchaient ou se déplaçaient à l'intérieur.

La sirène retentissait avec toujours autant de puissance lorsque Cid arriva au manoir. Le manoir dégageait un certain calme si on oubliait deux secondes l'alarme. Cependant, le calme ne résidait pas dans l'esprit de Cid et tout alla très vite.

*Faut que je trouve P'pa.*

Cid entra par la grande porte avec hâte et fonça à travers le dédale à la recherche de son père.

Aussi bizarre que ça puisse paraître, le bruit à l'intérieur était nettement plus soutenable. Comme si l'alarme était conçue pour faire croire qu'elle était beaucoup plus discrète que prévue. Ou alors, il y avait une insonorisation d'enfer !

Le dédale en question était assez complexe... Une succession de pièces servant de suites... Toutes avec leur couleur, et leur style de mobilier. Une débauche assez ahurissante de vieilleries, qui devaient sans doute valoir une petite fortune.

C'est en entrant dans un bureau de style art déco que Cid eut la désagréable surprise de trébucher sur quelque chose de long et relativement mou. Le corps de son père, inerte au milieu d'un tapis.

En déboulant dans le bureau, Cid buta sur quelque chose au milieu du tapis et se ramassa un peu plus loin. En regardant la cause de sa chute, Cid reconnait et son sang ne fait qu'un tour :

"Papa, papa !!"

Cid secoue son père, pour se rendre compte que le corps de son père est inerte et sans vie. Paniqué, Cid reprends de plus belle :

"Papa !! Réponds moi. Tu peux pas me faire ça ... Allez, réveille toi gros feignant ..." lâche Cid en pleurs.

Cid décroche le téléphone du bureau et appelle les secours. Une fois le numéro composé, il s'approche autant que possible du corps de son père.

"Allô, mon père est par terre et il bouge plus. Qu'est ce que je dois faire ?"

Cid avait l'impression de rêver qu'il décrochait le téléphone... Il n'en était malheureusement rien. Qu'est-ce qui était en train de lui arriver ? Il était à son tour écroulé sur son père, et son corps ne lui répondait plus. Un instant flasque comme un bol de jelly, et l'instant d'après, aussi raide qu'un pilier. Et quelque chose lui brûlait le dos...

Une espèce de bourdonnement parvenait à ses oreilles... Des gens parlaient rapidement. Ce qu'ils disaient lui étaient inintelligible, malheureusement, vu qu'une espèce de brume avait envahi son esprit.

Une légère odeur de cochon grillé émanait de son père, vu comme il en était près. Cid comprit alors qu'il avait été électrocuté.

La peur, la panique, la douleur ... Un torrent d'émotions avait emporté Cid si loin de son caractère primaire. Le jeune homme avait vite laissé place à un enfant terrifié: la peur que son père soit en danger, la panique de le voir ainsi sur le sol et enfin, la douleur enfin. L'électrode avait fais son office et Cid avait ressenti la décharge jusque dans ses os. La douleur l'avait laissé groggy quelques secondes et il était tombé sur le corps de son père qui avait subi le même sort auparavant. Les voix s'agitaient autour de lui. Il reprit peu à peu l'usage de sa motricité mais n'en montra rien :

*Disparaître. Je dois disparaître. J'aviserai ensuite ...*

Le choc avait eu le bon goût de rendre à Cid son pragmatisme. Il ne connaissait pas le nombre de ses assaillants, ne savait rien d'eux et il était complètement exposé. Attaquer tête baissé ne lui servirait à rien sinon à rejoindre plus vite son père.

De légères volutes de fumée commencèrent à perler autour du corps de Cid.

A moitié assomé par le choc électrique, et dans le coltar complètement, Cid parvint miraculeusement à se métamorphoser en fumée. "Mutant !" cria alors une voix dans la pièce, celle d'un des cambrioleurs. Visiblement, les choses ne se déroulaient pas exactement comme prévu...

Quelque chose traversa alors Cid... Quelqu'un. Un visage qui lui était familier, bien que beaucoup plus sérieux et moins avenant que la dernière fois qu'il l'avait vu.



Cid vit l'un des cambrioleurs, sans doute celui là même qui lui avait fait le coup pointer son arme vers Beckers et tirer, impuissant. Les deux crocs métalliques se fichèrent à la base de son cou, mais là où le choc avait anéanti Cid et tué son père, celui ci ne sembla pas affecter le milliardaire qui arracha les fils de l'arme d'un geste nonchalant. Une sensation bizarre et déstabilisante envahit la fumée dont était composé Cid. Il vibrait. Ce n'était pas très agréable. En quelques instants, les deux cambrioleurs s'effondrèrent sur le sol alors que Beckers se tournait vers lui... Regardant en fait derrière la porte. Il fit un petit signe de la tête, et quelqu'un ferma la porte du bureau.

Le milliardaire, pas gêné le moins du monde par la présence d'un cadavre et de deux corps inertes sur son tapis, s'installa à son bureau, et croisa les mains.

"Cid, tu peux reprendre ta forme normale, je n'ai pas l'intention de te faire du mal." dit-il d'une voix calme et apaisante.

Cid avait réussi à se changer en fumée, par on ne sait quel miracle, mais le résultat était là. Il n'était plus que fumée et son récent changement de consistance avait effrayé quelques instants. Quelque chose l'avais ensuite traversé. Quelque chose ou plutôt quelqu'un. Etant donné son état, reconnaître quelqu'un aurait été difficile. Mais le lieu restreignait beaucoup les possibilités. Beckers.
Beckers avait fait quelque chose et il était maintenant conscient de sa présence. Ainsi il lui demandait de reprendre sa forme normale. Il venait de lui sauver la vie et il était maintenant la seule personne qui connaissait encore son nom et la seule qui paraissait amicale . Ainsi Cid décida d'obtempérer et de reprendre de la substance.

Cid se retrouva chancelant au milieu du bureau de Beckers, cherchant autour de lui un endroit où s'accouder. La perte de son père, le coup de jus, les changements de forme et l'intervention de Beckers avaient bouleversé Cid. Cid se posa contre un mur du bureau et articula difficilement:

"Qu'est ce vous leur avez fait ?"

Beckers décroisa les mains pour inviter Cid à s'assoir sur un fauteuil des invités, de l'autre côté du bureau. Une fois Cid assis, et récupérant un peu de stabilité, il répondit le plus simplement du monde.

"Moi ? Rien du tout... C'est mon garde du corps qui les a mis dans cet état. Disons pour faire simple qu'ils ont perdu l'équilibre ?"

Il recroisa les mains et pris un ton plus grave, son regard baissé vers l'entrée.

"Je suis vraiment désolé pour votre père... Croyez bien que ces deux personnes vont devoir répondre de leur crime, en plus de la tentative de cambriolage qu'ils ont perpétré."

Il releva les yeux, semblant écouter un instant. C'est alors que Cid remarqua que l'alarme s'était tue.

"Je crois bien que j'ai fini de recouvrer le mien d'équilibre."

Cid se leva difficilement et marcha péniblement pour venir aux côtés de son père. Le choc électrique lui avait oublier l'espace d'un instant que son père gisait sur le sol :

"Je suis pas arrivé à temps, je suis désolé P'pa."

Cid posa une dernière fois ses lèvres sur le front de son père et se releva aussitôt. Il y a un temps pour tout paraît t-il. Le temps de la peur avait cédé la place à celui de la tristesse. Maintenant, il était temps de lever quelques roches pour trouver les serpents en dessous :

" J'ai bon nombre de question et j'aspire à ce que vous y répondiez. Je vous serai gré de m'épargner vos mensonges. Ce que vous cachez ici a déjà coûtez la vie de mon père. Vous avez fait quelque chose à ses hommes, vous personnellement, je n'ai perçu personne d'autre. Alors c'était quoi ?"

Avant de laissez à Beckers le temps de répondre, Cid sortit son paquet de cigarettes et sortit l'une d'entre elles :

"Vous permettez ?"

Beckers se fendit d'un très léger sourire et répondit tout simplement.

"Non... Je ne permets pas. Asseyez-vous M. McCoy."

Sa voix était suffisamment ferme pour que Cid comprenne qu'il valait mieux obtempérer.

"Je permets d'autant moins que vous venez chez moi, me traiter de menteur. Je n'ai absolument rien fait à ces personnes. J'ai simplement un très bon gardien ici. Un mutant..."

Sa voix se radouçit.

"Vous n'auriez rien pu faire de toutes façons... Ce sont des professionnels, et tout mutant que vous êtes, vous n'auriez pas tenu longtemps s'ils l'avaient vraiment voulu."

Devant la réaction de Beckers, Cid se ravisa et rangea sans plus attendre son paquet. Cid prit place sur un siège et croisa ses bras devant son abdomen :

"Ainsi, c'est quelqu'un d'autre ? Pourriez vous le conviez à venir une fois que nous nous serons expliqués ? J'aimerais remercier la personne à qui je dois la vie. Bien entendu, je vous remercie également de votre intervention."

Le remerciement de Cid semblait sincère, bien que son visage n'en indiqua le contraire. Cid reprit de plus belle avec de nouvelles questions :

"Vous avez dit que ce sont des professionnels, donc vous les connaissez un tant sois peu. Vous pourriez me dire qu'est ce qu'ils venaient chercher à Aberdeen et qui ils sont ? J'aimerais avoir un nom à maudire."

Beckers croisa les mains. Son regard était froid. Plein d'une exaspération contenue de voir que Cid se permettait de jouer les Torquemada dans sa propre demeure.

"Non, je ne vous le présenterai pas. Voyez-vous, son anonymat est la meilleure garantie de son efficacité."

"Je vous dit que ce sont des professionnels, parce qu'il faut avoir un haut niveau et beaucoup de relation pour se procurer des tasers capables de tuer un homme. Ce qu'ils venaient chercher ici, je n'en sais rien du tout, et qui ils sont, je n'en ai pas la moindre idée non plus. Ce sera à la police de déterminer ça."

Il n'y avait pas besoin d'être fin psychologue pour percevoir que Beckers n'appréciait pas les questions de Cid. Son regard avait changé du tout au tout au fil des mots et c'est d'un regard froid qu'il dominait maintenant Cid.

*Je n'obtiendrais rien de plus en continuant ainsi. Je vais devoir me contenter de savoir que ce sont deux cambrioleurs qui m'ont arrachés le reste de ma famille.*

Cid décroisa les bras et posa ses mains sur ses genoux. Il jeta un coup d'œil à son père. Il en voulait à quelqu'un, il le savait. Il en voulait aux deux cambrioleurs plus qu'à personne d'autres. Il en voulait à Beckers d'être si calme alors que son père gît sur le tapis. Mais surtout, il s'en voulait de ne pas avoir pu aider son père:

"Ecoutez, je vous remercie de m'avoir sauvé. Je suis conscient que je n'ai pas exprimé ma gratitude de la meilleure des façons. Je viens de perdre mon père et plus personne ne m'attends dehors. Et je ne sais pas quoi faire, il est la seule famille qui me reste. Pour le moment, la seule chose qui m'intéresse, c'est de lui offrir une sépulture digne sur cette terre qu'il affectionnait tant."

Encore une fois, il jeta un regard en coin à son père, comme s'il attendait une réponse de sa part. Aucune réponse ne viendrais jamais plus. Le regard de Cid revint se placer sur Beckers :

"Et vous, que comptez vous faire maintenant ?"

Beckers se calma subitement. Les choses reprenaient une tournure plus normale, plus affairistes.

"Pour ma part, je vais exaucer une partie de vos souhaits, vu que je vais prendre en charge ses obsèques..." C'était la moindre des choses, semblait-il, même si Beckers l'avait énoncé de façon digne et discrète. "... ainsi que subvenir à vos besoins les plus pressants le temps pour vous que vous vous remettiez sur les rails."

Il se tut un instant, écoutant quelque chose.

"Quand la police sera là, je pense que le mieux sera de ne pas faire mention de ces histoires de mutants. Aussi bien pour vous que pour moi. Il ne fait pas bon être un peu bizarre en Grande Bretagne, ces temps-ci..."

Il se leva, et s'approcha de Cid.

"Écoutez... Je vais revendre ce manoir. Je suis désolé de vous le dire si abruptement, mais il va falloir que vous trouviez quelque part où aller."

Il plissa les yeux. Il avait une idée derrière la tête.

"Je pense qu'omettre certaines de nos particularités nous évitera à tous deux bien des ennuis."

Le regard de Cid se détacha de son interlocuteur et sembla se perdre dans le vague comme s'il cherchait profondément un souvenir :

"J'ai toujours vécu ici et j'avoue que je n'ai jamais vraiment réfléchi à aller ailleurs. Je pense que cette situation me convenait en quelque sorte. Il va falloir que je me trouve quelque part où vivre et dans ma condition, ce n'est pas quelque chose de simple. Je ne sais pas vraiment par où commencer à chercher."

Le regard de Cid se perdit une nouvelle fois dans le vague.

Les sirènes de la police commencèrent à se faire entendre au loin. Beckers emmena Cid dans le hall, et le regarda fixement.

"L'Institut Xavier... C'est en Amérique. Je m'occuperai de vous faire transférer là-bas dès que tout ceci sera fini. Mais d'ici là, nous aurons quelques témoignages à donner. Ne vous en faites pas, je m'occuperai du reste."



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