Défendre l'IA et l'Institut

Jardin - Hall


Tentant de canaliser les tremblements qui avaient commencés à l’agiter, l’australien laissa la nouvelle dans le Hall, lui lançant un bref regard et tapotant son épaule, lui indiquant aussi le chemin vers le foyer, même si le Professeur Deneos lui avait recommandée de rester dans le Hall. Il aurait voulut rester avec elle, le temps qu’un élève soit avec elle, mais Laura étaient avait été appelés dans les sous-sols par Cassandre. La nouvelle allait devoir apprendre à composer avec un fait récurrent ici : l’imprévisible. Certes, elle paraissait musclée aux yeux du jeune homme, physionomie « type » des gens du Nord pour le peu qu’il en savait, malgré tout, il ne savait pas ce qu’elle pensait. Peut-être était-elle habituée aux situations extrêmes, ou alors était-elle apeurée, il ne le su pas en partant vers les sous-sols.

Il réfléchissait. Elle avait dit un empathe, qui pouvait sentir et jouer sur les émotions des gens, un télépathe qui pourrait lire leurs pensées et peut-être les attaquer mentalement, un hydrokinésiste et un phaser qui expliquait à peu près leur entrée subtile. Avaient-ils été contrôlés par le télépathe ou l’empathe pour qu’ils ne se doutent pas de leur entrée ? Là encore, il lui semblait qu’un doute venait de se lever. Plusieurs émotions sonnaient en lui telles des sirènes d’alarme. Il ne voulait plus de blessés, plus de morts. Plus de combats. Et pourtant c’était comme si le sort s’acharnait à mettre de telles épreuves sur leur route. Le muet fulminait, il avait peur pour les autres et pour lui-même, désespéré, mais aussi prêt. A tenter le tout pour le tout. Ephram ne voulait pas les laisser prendre Cérébra, trop de conséquences pouvaient en découler, même s’il n’était pas apte à en saisir toute l’ampleur. On était entrain d’essayer de « cambrioler » leur maison, leur refuge. Il s’imaginait bien et d’après ce que Sibylle leur avait annoncé, que la force brute ne suffirait pas, mais qu’ils avaient un avantage : celui de connaître mieux l’Institut que les intrus.

Il courait un peu, essayant tout de même de ne pas aller trop vite histoire d’une part de pas faire s’accélérer de plus belle les battements de son cœur, et puis, Ephram ne voulait pas paniquer et faire paniquer encore plus Laura, Drawn de ce qu’il en avait déduit du message de Cassandre. Il regardait si la jeune fille le suivait, ralentissant quelque peu pour être à sa hauteur. Elle avait « senti » le piège, elle. Ephram n’avait pas envie de la revoir effondrée comme hier soir.

Mais comme il le disait toujours « ce que nous ne connaissons pas, ne dois pas nous faire peur ».Bien sur, c’était une phrase creuse qu’il tentait tout de même d’appliquer dans son quotidien et arrivé dans une situation comme celle-ci, l’expectative de combattre des gens dont il ne connaissait ni l’allure ni la puissance mutante, pouvait inquiéter. Ephram avait enlevé ses gants d’un geste décidé et les plaça dans la poche arrière de son jean.

Puis il débarqua dans le sous-sol, ralentissant le pas, là où Cassandre leur avait donné « rendez-vous ». Certes, eux ici, c’était un indice sur l’emplacement de ce que les intrus désiraient, mais bon. Il fallait jouer sur le fait qu’eux connaissaient l’Institut mieux que les voleurs. Mais à quoi jouait la psychologue ? Elle avait sans doute du savoir ce qui allait se passer. Terrible don de voir ce qui allait se produire d’après lui. Pourquoi faisait-elle tout ça alors ? Elle devait avoir ses raisons, et le jeune homme ne voulait pas se poser plus de questions. A tout moment il pouvait tomber sur les cambrioleurs. Mais d’ailleurs où était Sibylle ? Silencieux comme il avait appris à l’être au fil des années à essayer de se cacher des autres, de passer inaperçu, il jeta un regard pour essayer d’apercevoir quelqu’un, ou encore la psychologue. Puis passant devant la Salle des Dangers il s'arrêta net. Comme s'il avait heurté un mur. Un mur d'idée. Les professeurs avaient subis une simulations très dangereuse la fois dernière. Peut-être que Cérébra serait à même de la refaire s'ils parvenaient à y placer les intrus.


** Mais oui! c'est ça! ** pensa t-il en se rapprochant de la porte sans vouloir y entrer toutefois. Il fallait réfléchir pour les faire s'orienter ici.


[édité]

Jardin Salle des dangers

Le sous-sol, c'était grand le sous-sol. Après avoir laissé la blonde dans l'entrée, Laura entreprit de suivre Ephram qui devait bien être le Phasm en question puisqu'il se dirigeait en bas aussi. Seulement il allait bien vite et elle avait beau avoir l'habitude de courir partout, elle devait bien faire les deux tiers de sa taille, voire moins et par conséquent elle n'était pas aussi rapide. Mais il ralentissait et en quelques pas plus grands elle arriva jusqu'à lui. Puis ils s'arrêtèrent au niveau de la salle des dangers. Bien. Cassandre n'était pas là - et pourtant elle devait savoir qu'ils y étaient - peut-être le rendez-vous était-il ailleurs ? C'était grand le sous-sol... Pourquoi Ephram avait-il choisi cet endroit là ? Il devait avoir ses raisons... Ou des informations supplémentaires... Elle se planta en face de lui, alors qu'il regardait la porte, releva les yeux de sorte à croiser les siens et à lui dire par regard "Mais qu'est-ce que tu comptes faire ?" et pour une fois, c'était l'un des messages les plus compréhensible qu'elle tentait de transmettre.

"Bon..."

*En gros......... on fait quoi ?*

Il fallait réfléchir à des moyens de... de faire quoi au juste ? Fallait-il les faire sortir ? Les enfermer ? Les enfermer ! Ok... Donc l'histoire de la salle des dangers c'était par rapport aux professeurs la veille. Ce n'était pas une mauvaise idée, elle sourit plus franchement que tout à l'heure au garçon puis fixa elle aussi la porte. Maintenant il fallait savoir comment ? Mais même s'ils commençaient à être des habitués des plans foireux pourtant bien élaborés, il ne fallait pas trop y réfléchir. S'il y avait une Anna parmi les mutants, ce n'était même pas la peine de penser à les avoir par surprise. Ou sinon il faudrait trop penser, de sorte à les embrouiller, mais Laura devait sûrement être la seule à avoir ce genre d'idées farfelues. Bon, ils avaient Cassandre, et les autres auraient beau avoir toutes les Anna du monde, elles ne vaudraient jamais la déesse du savoir.

*Encore faudrait-il qu'elle s'la joue pas trop trop la mystèrieuse comme d'hab'. Faudra lui expliquer que ça sert à rien, y a qu'dans les films qu'ça fait cool !*

Sinon elle avait parlé d'un hydromachinchouette qui contrôlait l'eau - à force d'être entourés de mutants, on commençait à connaître leurs noms scientifiques et donc leurs types - ce qui n'était pas plus cool que le reste. Contrôler l'eau, c'était sans doute les contrôler physiquement. Un frisson lui parcourut le dos, si elle avait plus écouté en cours, elle aurait sans doute eu plus d'idées pour mener à bien leur nouvelle mission qui n'était pas si nouvelle : la défense de l'institut devenait une habitude. Elle soupira, ne sachant que faire. Cassandre saurait, Cassandre... Bon...

"Elle vient là ou quoi ? C'pas qu'j'me sente trop nulle, mais bon... Elle sait tout et moi rien."

Laura lui posa un regard franchement interrogatif quand le jeune homme s’arrêta devant la Salle des Dangers. Il l’observa, une sorte de sourire espiègle s’étirant sur son visage. Le plan lui paraissait simple. Comme lorsque les professeurs contrôlés les avaient attaqués, ils devaient enfermer les intrus dans cette pièce. Si des enseignants mutants avaient été bien amochés lors d’une simulation à haut risque, il n’était pas sûr, ou plutôt était certain que quatre cambrioleurs puissent en réchapper sans dommage. Encore, fallait-il dans un premier temps les localiser dans l’Institut et dans un deuxième temps les attirer là. Il y avait un télépathe d’après Cassandre. L’accès aux pensées des élèves pouvait lui être facilement accordée, sauf s’il y avait un autre télépathe à l’Institut. Ephram savait qu’Anna était partie, peut-être qu’il y en avait d’autres de restés, il l’espérait en tout cas. Bref, ils connaissaient tous l’emplacement de Cérébra, même s’ils n’en avaient pas l’accès. Donc si le télépathe arrivait à lire leurs pensées, ils trouveraient très vite la machine.

Un sourire de la jeune fille vint agréablement brouiller ses pensées. Il lui sourit en retour. Laura semblait avoir compris. Ephram se mit à écrire, tout en se disant qu’il demanderait à l’occasion aux professeur Fleury s’il pouvait lui offrir un convertisseur d’écrits en son ; Sa serait plus pratique pour lui, il n’aurait plus qu’à écrire quelque chose pour être entendu. Bref, il tendit le papier à la jeune fille.

Ephram a écrit:
« La seule solution c’est de les enfermer là dedans. Peut-être Cérébra peut simuler sa propre salle ici ? »

L’idée du jeune homme n’était pas si bête. S’ils faisaient croire que la salle de l’IA était ici dans la Salle des Dangers, les quatre y entreront sans problèmes. Aux élèves de simuler une riposte pour leur faire croire que c’était bien là et que c’était pour cette raison qu’ils défendaient cette salle. Un peu gros comme manigance, mais l’heure n’était pas aux fioritures. Ils avaient tout à perdre à ne rien tenter.
Laura le tira de ses réflexions et stratégie. Etait-elle anxieuse ? Oui, il y avait de quoi de toutes les manières. Et puis, la jeune fille avait été très marquée, peut-être plus que lui. Il ne voulait pas qu’elle craque à nouveau, cela pouvait attenter à sa vie dans une telle situation. Elle paraissait aussi irritée. Pour masquer un stress ? Ephram ne pouvait lui en vouloir, lui aussi était anxieux. L’attente était affreuse. Etait-il prêt pour un nouveau combat ? L’épisode de la veille les avait tous ébranler. Ces quatre intrus étaient entrés au nez et à la barbe de tous y compris de Cérébra, mais pas à celui de Cassandre. Lui ne contrôlait pas tous les possibles de l’avenir, s’en devenait frustrant de savoir qu’une personne à l’Institut pouvait voir ce qui allait leur arriver. Il posa une main gantée sur l’épaule de la fille. On ne devrait pas mettre autant de responsabilité sur ces épaules-là.
Puis il se remit à écrire.

Ephram a écrit:« Dis aux autres qu’on est là stp. Cassandre entendra. Et puis, tes pas toute seule t'inquiète. Je suppose que Cassandre à ses raisons. »

Ephram avait fait des pauses en écrivant, cherchant ses mots. Cherchant ceux qui peut-être pourraient rassurer Laura. Difficile de rassurer par écrit, mais le regard du jeune homme était de venu au fil des années aussi expressif que des paroles. C’était l’attente qui créait cette sorte d’angoisse latente. Il n’y avait peut-être aucun danger, ou alors il les guettait dans un recoin sombre. Tant de questions suspendues pouvaient donner un mal de tête. Ils restaient là, sans savoir ce qui allait se passer. L’australien poussa un très léger soupir, continuant à tapoter l’épaule de Laura. Il scruta encore une fois les deux côtés du couloir. Comment se faisait-il qu’ils étaient rentrés sans se faire voir ? Ne savaient-ils pas que la grosse majorité des résidents et des professeurs n’étaient pas là ? Ils pouvaient faire autant de grabuge qu’ils le voulaient non ? Avaient-ils reçus des consignes pour ne pas faire de dégâts ? En tout cas, pour lui c’était bizarre, qu’ils soient rentrés en toute discrétion et qu’ils ne se soient pas encore manifestés.

La voix de Cerebra se fit à nouveau entendre dans la pièce.

"Deux personnes peuvent correspondre au portrait robot qui a été donné des mutants qui sont intervenus. Je vous envoie les images prises par le système de vidéosurveillance lors de leur entrée dans le périmètre."

Quatre hommes apparurent alors, reconstitués holographiquement.



"Ces deux là correspondent. Je n'ai pas de correspondance pour le troisième. Voici l'image des deux derniers."

Laura réceptionna les deux papiers, l'un confirmant ce qu'elle avait deviner sur les intentions d'Ephram et ajoutant une idée pas si bête et l'autre lui donnant des instructions et tentant de la rassurer et pourtant qui l'agaçait aussi. Ca avait le mérite d'être complet. Néanmoins, agacée de ce silence, la jeune fille n'était pas du tout rassurée. Agacée de tout, elle soupirait, toussotait, frottait ses mains, peut-être aussi pour faire du bruit. Inquiète de ne rien entendre, elle repensa à la discrétion dont faisaient preuve les intrus. S'il n'y avait personne et que c'était Cérébra qui était contrôlée pour dire des bêtises maintenant ? Mais à quoi cela servait-il à part semer la panique. Enfin c'était déjà gênant. D'ailleurs, en parlant d'elle, sa voix brisa subitement le silence ambiant, faisant sursauter Laura.

"AAAH ! Rah mais ça va pas !"

Ne faisant pas preuve de rancune - d'ailleurs à quoi cela servirait-il envers une intelligence artificielle - elle écouta le message, toute information étant utile. Elle leur montra à quoi ressemblaient les mutants - et en plus ils étaient beaux ! - enfin elle ne leur dit pas qui était qui, mais au moins les élèves ne risquaient pas de s'attaquer à un nouveau par erreur. Laura tenta de bien mémoriser leurs visages, il lui arrivait tellement souvent d'oublier des choses essentielles ! D'ailleurs, elle se rappela qu'elle avait un message à transmettre, ce qu'elle n'avait toujours pas fait. Elle saisit son communicateur - cet objet de malheur qui la forçait à rester en contact avec les autres :

"Bon... E... Phasm et moi on est à la Salle des Dangers.... Et euh... voila. Juste pour prévenir."

Puis elle dit à Ephram :

"J'leur dit pas pour ton idée de faire style la Salle des Dangers c'est Cérébra parce que si le télépathe il capte le message... P't'être même qu'il l'a capté. Mais si on veut se la jouer discret faudrait penser que là y a Cérébra, sans penser qu'on fait semblant... Eeeeeuh c'est compliqué ! Moi je préfère pas penser, au moins il trouvera rien dans ma tête !"

Mais c'était impossible. Elle pensait toujours à quelque chose et parfois elle pensait même trop. Là, elle s'était concentrée et n'avait plus songé à ce qui la tourmentait mais à peine elle se dit cela qu'elle revit Jessica lui dire qu'elle partirait en mission sans elle. Alors elle recommença à s'inquièter pour son amie alors que ce n'était pas le moment. Comment allait-elle ? Au moins elle ne courait pas après des fantômes ! Oui, il fallait penser à cela et uniquement à cela... Défendre Cérébra. Non, ne pas y penser justement...

"Pffff c'est dur !!! J'aime pas les gens qui peuvent tout savoir c'que tu penses même. Ah au fait... J'connais pas par coeur c'que tous les gens ils font et sûrement que toi pas, alors pour qu'tu saches, c'que j'fais moi, c'est que mes dessins ils deviennent en vrai. Et euh dans ceux qui sont là, y a Kitty qui lit les pensées et qui fait vomir les gens et y a River qui fait des trucs avec les animaux mais chais pas quoi. Je sais pas qui y a d'autres de là et chais même pas si je sais ce qu'ils font eux, mais elles deux elles sont là."

*J'm'en souviens. Même que j'm'en souviens que j'veux pas voir River. Dans l'genre inutile elle aussi ... *

Ephram le pu s’empêcher de sourire aux réactions agacées de Laura et surtout lorsque la jeune fille sursauta au moment où Cérébra recommença à leur parler, leur donnant d’autres informations qu’il qualifia de précieuses. Maintenant ils avaient une description physique des intrus. Bien il ne manquait plus que sa soit un groupe de petits parfaits surfeurs australiens et il en savait quelque chose ! Leurs visages avaient l'air tout droit sorti d’un feuilleton du dimanche après-midi. Rien que ça ! Néanmoins il ne pouvait plus douter que leur forme physique semblait être au top niveau, alors que pour la plupart des élèves, ils avaient mal dormis, et mal mangés. Lui-même n’était pas en mauvais état et pouvait se contenter de ce qu’il avait mangé, bien sûr, il n’en demeurait pas moins qu’il ne faisait pas le poids face à quatre mutants baraqués et plus puissants qu’eux-mêmes ! Bon au moins ils étaient fixés sur les cambrioleurs d’intelligence artificielle. L’australien mémorisa leurs visage tandis que Drawn lançait le message à tous les élèves dans l’Institut. Il lui sourit encore une fois.

Il leva le pouce quand cela fut fait puis l’écouta énoncer sa théorie. Elle avait raison sur toute la ligne. Décidément cette petite était pleine de ressources. En effet, il serait dangereux que tout le monde ait cette pensée stratégique sinon le télépathe pourrait aisément le lire dans leurs esprits. Mais en cours il avait vu que certains étaient même capables de chercher des informations cachées dans l’esprit des victimes. Dans celui d’Ephram il aurait un peu de mal à sélectionner cette information car étant muet, il recevait de la part de ses autres sens une compassion sur le fait qu’il n’avait pas accès à la parole. Du coup, des bruits, des signes, de sensations olfactives et tactiles s’ajoutaient à ses pensées personnelles en masse et nombre. Un cafouillis que le jeune homme était parvenu à maitriser au fil du temps. Certes, Laura pouvait essayer de ne rien penser, mais si le télépathe était du même niveau qu’Anna Weber la New-Génésix, il leur serait difficile de lui cacher quelque chose. Ne restait plus comme elle le dit de penser que la salle des Dangers était bien celle de Cérébra.

Elle parut bientôt agacée à nouveau ce qui tira un nouveau sourire à Phasme. Celui-ci d’ailleurs commençait à se détendre sentant la tension qui s’était installée en lui, diminuer comme un ballon qui se viderait lentement. Cependant il fallait rester sur ces gardes. Laura lui donna encore des informations qu’il accueilli avec un hochement de tête sérieux. River … River. Oui c’était la jeune femme qui avait été présente à son arrivée. Elle parlait la langue des signes en plus, c’était bien pratique. Kitty, il l’a connaissait pour ce qu’elle avait fait dans la Salle de Cérébra avec Anna. Lui non plus ne savait pas vraiment qui était resté à l’Institut, certains dormaient encore lorsqu’il s’était levé. S’il faisait le compte cela donnait River, Kitty, la nouvelle Hjördis, Chris le nouveau aussi, Laura et lui-même ainsi que le professeur Deneos. 7 contre 4. Il espérait que ses calculs soient faux. Il devait il y avoir quand même plus d’élèves restés ici non ? Ah, il se rappela que Mina n’était pas partie en mission elle aussi. Une nouvelle arrivée pendant l’attaque des professeurs. Il s’empressa d’écrire pour Laura.

Ephram a écrit:« Je sais que Mina est là. Elle peut voler, a des griffes aussi. Y a Chris, nouveau arrivé hier. ‘Connais pas son pouvoir. Et t’as raison, ton idée est pas bête. Ici c’est la Salle Cérébra.»

Il donna le papier à la jeune fille en lui faisant un clin d’œil complice et s’évertua à faire quelques mouvements pour s’étirer puis alla s’adosser au mur face à la porte de la Salle des Dangers, enfin … la « Salle de Cérébra ». Ephram se demandait si les autres avaient pensés à la même stratégie qu’eux. Allaient-ils écouter les ordres de Cassandre ou bien tous rappliqués au sous-sol ? Pourquoi seulement Laura et lui ? Son pouvoir pouvait peut-être lui servir … Mais oui ! Il se remit à écrire.

Ephram a écrit:« Moi je peux copier tous les matériaux que je touche. Ils recouvrent ma peau. Sa peut être intéressant si tu dessines des trucs en matière durs comme le fer. Tu peux faire ça toi ? »

Demanda t-il en tendant à nouveau un bout de papier à la fille. C’était une idée à creuser. Mais dépendait de ce qu’elle pouvait dessiner bien sûr. Lui à l’imagination fertile imagina de suite des gants en métal ou des vêtements de la même matière. Et s’il se recouvrait d’un gilet pare-balles prendrait leurs propriétés ? Il se prit à sourire à cette pensée.

Bureau de Cassandre

Les pas lents de Cassandre la précédèrent dans le couloir des sous-sol. Elle semblait calme malgré un visage légèrement plus grave que d'ordinaire, bien qu'il soit rare de noter les signes habituels de la "joie" sur ses traits.
Elle rejoignit Phasm et Drawn.

"Merci d'être venus. Si je vous ai appelés, c'est que cette zone de l'Institut sera l'objectif des mutants repérés par Cérébra. Si tout le monde va faire de son mieux pour dissuader ces gens d'arriver jusqu'ici, nous devons nous assurer que leurs... efforts ne seront pas vains." expliqua la médium. Elle était on ne peut plus sérieuse, mais la scène aurait pu évoquer un de leurs cours, avant que ce cauchemar ne débute.

"Laura, tu as ton bloc sur toi ?" s'enquit-elle, presque de façon rhétorique ; tout le monde savait que Laura ne se séparait que rarement de ses dessins.

"Nous devons tenter de piéger la zone pour décourager les intrus d'accéder à la salle de Cérébra. Il y a un télépathe dans le groupe, ça veut dire qu'il pourra sans doute vous sonder pour obtenir des informations... Techniquement... c'est un peu comme si vous essayiez de me surprendre. Nous devons brouiller les pistes. Si n'avez pas l'information qu'il recherche, il fera choux blanc."

C'était tout aussi vrai si l'information était erronée, mais Cassandre se garda bien de leur faire part de ce dernier raisonnement, pour ne pas le mettre immédiatement en péril.

La psychologue reprit son communicateur à l'intention des autres élèves.

"Constituez des petits groupes et divisez pour mieux régner. Vous aurez plus de chances de les arrêter via des obstacles indirects. Ne laissez pas Hjordis seule dans le hall."

Les paroles de la jeune fille, certes passaient pour être du stress non dissimulé au jeune homme, mais apportaient une certes fraîcheur, un brin d’espièglerie qui empêchait Ephram de plonger dans une sorte de torpeur et de langueur attendant ce qui ne semblait pas vouloir venir. Elle pouvait lui dessiner du fer apparemment même si elle n’avait pas conscience des limites propres de son pouvoir. Pourtant il lui semblait qu’elle était arrivée bien avant lui. Il regarda la jeune fille s’asseoir tout près de lui – il était resté debout. Elle tenta tout de même de lui faire comprendre qu’elle ne pouvait matérialiser que des miniatures, et donc son éventuel gilet pare-balles s’envola aussi vite qu’il avait atterri dans les prés de ses pensées. Laura souleva une idée que l’australien avait déjà eu et qu’il comptait bien mettre en pratique. C’était de copier le matériau des murs les environnants. Il avait déjà là une bonne matière et de quoi activer son pouvoir pendant un bon moment. Tout dépendrait ensuite de sa condition physique qui n’irait sûrement pas en s’améliorant. Il nota la question sur Mina. Oui sans doute que ses allures de harpie avaient de quoi effrayer, même si lui aussi cultivant une différence n’arrivait pas à la juger sur ce seul critère.

Il avait autour de lui une quantité de matière en impressionnante et Ephram allait en profiter. Il baissa le regard pour s’apercevoir que la jeune fille s’était déjà mise à l’œuvre en disant qu’elle allait essayer de dessiner de l’or. Cela le ramena à sa première rencontre avec un mutant. C’était encore à Perth, en Australie, lorsque le jeune homme aida un mutant avec une paire de bras en plus d’un passage à tabac en règle. La bague que lui avait offerte sa mère fut « absorbée » par son corps pour recouvrir sa main d’une fine couche dorée. Les propriétés de l’or avaient fait du grabuge et ils s’en étaient sortis. Donc copier de l’or pouvait être dans ses cordes. Restait à savoir si Laura pouvait en faire en vrai. Comme elle le disait elle-même, elle serait déjà devenue riche si elle pouvait en faire. Drawn ne semblait pas bien connaître l’étendue de son pouvoir, alors peut-être en était-elle capable au final. De toutes les manières, il y avait toujours les murs dont il lui semblait qu’il pouvait facilement ne prendre la consistance et les propriétés, une sorte de revêtement métallique apparemment. Bon en même il semblait qu’ils avaient à faire à des pouvoirs plutôt mentaux, alors le sien plus physique ne pouvait peut-être pas servir à grand-chose, sauf pour assommer quelqu’un. Ephram savait qu’il ne pouvait pas devenir un phasme, il lui semblait que seule une ou deux parties de son corps se recouvrait de ce qu’il touchait. Mais comme il le pensait, c’étaient des pouvoirs mentaux alors il aurait sûrement plus bobo à la tête qu’au corps et au pire des cas il savait bien se battre. Les questions de Laura parvinrent à ses oreilles et il se pencha pour lui tapoter l’épaule avec un air rassurant sur le visage. Il la voix de Camille leur parvint facilement à travers leurs communicateurs.

Elle leur donna une autre infirmation et il la mémorisa aussi sa pouvait être utile pour une stratégie à adopter. Puis des légers bruits de pas se firent entendre dans l’intense silence du sous-sol. La psychologue médium arriva près d’eux un visage dont il ne pouvait décrire les sentiments. Certes une gravité se laissait voir lorsqu’elle leur parla et il retint son souffle en se redressant. Elle parlait comme si … comme si ce qu’ils faisaient allait être vain. Espérant fortement se tromper il capta ce qu’elle disait. Elle les avait fait venir ici car c’était là qu’allaient se rendre les intrus. Rien que ça comme responsabilité ? Pensa t-il en se mordillant la lèvre inférieure. Cependant le jeune homme reprit bien vite un air sérieux, l’heure n’était plus à la rigolade. Cassandre savait des choses, que lui-même ne préférait pas connaître. Il se contentait de hocher la tête.

Et l’idée de la médium le percuta comme une balle de baseball. Mais bien sûr ! Placer des pièges sur le trajet menant jusqu’à eux permettrait de les surprendre si comme le disait Cassandre, ils le pouvaient face à un télépathe. En instant il pensait à des pics acérés sortant du sol, des fils barbelés et autre pièges à loups et planches à clous. Une question lui vint à l’esprit. Est-ce que Cérébra pouvait simuler aussi hors de la Salle des Dangers ? Si oui, elle serait peut-être apte à piéger l’Institut. Ce qu’elle leur dit n’était pas forcément pour rassurer et il déglutit difficilement en prenant son propre bloc-notes. Il nota des mots qu’il tendit à Laura pendant que Cassandre lançait un nouvel appel, il capta le fait qu’elle demandait de ne pas laisser la nouvelle seule. Ce qu’il n’avait pas voulut depuis le début. Mais si elle lui avait dit de venir ici, elle devait avoir ses raisons. En tout cas, Ephram essayait de faire le vide dans son esprit, du moins de ne pas s’encombrer de pensées … flagrantes.

Ephram a écrit:« Fils barbelés, pièges à loups, planche à clou. »

Voilà ce que pu lire Laura lorsqu’il lui tendit ce nouveau billet. Bien pratique lorsqu’il y avait une aveugle et un muet dans la même pièce. Lui ne pouvait pas lui répondre et elle ne pouvait sûrement pas voir ses écrits, ni même utiliser la langue des signes. Le mieux qu’il pouvait faire pour aider, c’était d’aller placer les éventuels pièges que Laura créerait. Il ne voulait utiliser son pouvoir qu’à la dernière minute lorsqu’il verrait devant lui le vrai visage de ces intrus. Pour le moment il regardait la porte de la Salle des Dangers comme si c’était la première fois qu’il la voyait. Une porte de ce type devait être … blindée.
Il s'approcha d'elle ne sachant pas s'il pouvait copier ce genre de matériau.Comme attiré, Ephram posa ses deux mains sur la porte devant lui et tenta de se recouvrir du même matériau. Si sa ne réussissait pas, il toucherait les murs dont il était sûr qu'il pourrait les copier. Malgré sa concentration cela ne sembla pas avoir d'effet et sa peau avait toujours son teint halé.
Le jeune homme se détourna de la porte et posa les mains sur le mur d'en face. Fermant les yeux, priant pour que cela marche, il sentit après quelques instants la peau de ses bras se recouvrir d'une fine couche de métal. Il posa une main sur son torse pour le faire se recouvrir de la même matière et garda contact avec le mur quelques instants. Il avait un quantité suffisante pour pouvoir renouveler cette couche de fer.

Les élèves étaient nerveux... et il y avait de quoi l'être, surtout quand l'on savait ce qui ce tramait dans le jardin. Le rideau était levé, l'acte III venait de commencer. La psychologue détourna la tête un moment, les yeux complètement fermés. Le savoir n'atténuait en rien l'horreur de la réalité. L'horreur également, de devoir consigner son indignation et son impuissance dans une petite boîte de son esprit, le temps de tirer ceux qui peuvent l'être du guêpier qui les attendait tous. Un sentiment de honte puissant envahit la psychologue à cette pensée désespéremment rationnelle, et qui allait à l'encontre de toute l'humanité qu'elle s'appliquait à mettre dans ses paroles et ses actions au quotidien. C'était froid, c'était mathématique, c'était la loi des chiffres, des pourcentages, des probabilités de survie... Et c'était sous cette loi qu'elle devrait guider les élèves en reléguant du mieux qu'elle pouvait ses propres états d'âme qui pourraient les désservir. Cassandre ne put pourtant s'empêcher d'avoir une pensée pour River, dont le sort semblait condamné dans tous les possibles à leur portée. Eut-elle été envoyée en mission que son sort aurait été plus douloureux encore, tout en mettant le reste de ses caramades en danger. Cela avait été dur de se résoudre à faire le choix... non pas entre la vie et la mort, mais simplement de s'en remettre à la logique là où les sentiments auraient dû régner en maître.
La non-voyante fut parcourue d'un frisson, qui la ramena à la réalité. Son attention fut attirée par Ephram, qui s'était habilement blindé. Le jeune homme était encore nouveau à l'Institut, mais sa bonne volonté compensait sa maîtrise encore hésitante de ses pouvoirs, domaine dans lequel son entraînement en salle des dangers semblait lui avoir profité.
Cassandre se força à esquisser un léger sourire d'encouragement à son intention, l'image d'Ephram recouvert de métal lui rappelant vaguement l'image d'un mutant de la première génération, entraperçue durant ses recherches temporelles.
Laura quant à elle, s'était mise au travail, comme le laissait entendre les traits de crayon sur son bloc à dessin.
Sibylle s'accroupit et s'adressa à elle à mi-voix.

"C'est normal d'avoir peur." dit-elle en posant sa main sur l'épaule de Laura, tout en réalisant avec tristesse que son pouvoir l'empêchait la plupart du temps de ressentir ce que tout être humain ressent, cette émotion incontrôlable et parfois irrationnelle. Ne subsistait pour elle que l'angoisse, ombre de la peur.

"Il y a des choses que je ne peux pas dire sous peine de déjà, changer le cours des choses. Mais je peux te répondre que Jessica et Georgia vont bien. Je ne les aurais confiées à personne d'autre qu'Olivier en qui j'ai toute confiance. Jessica et moi..."

Elle s'interrompit un instant ; il y avait tant à dire sur le lien particulier qu'elle partageait avec sa toute première élève. Puis reprit, se reprit :

"... Kitty et Camille sont dans le hall et vont très bien. Elles s'entretiennent avec l'un de nos visiteurs pour l'instant... J'ai conçu nos groupes pour nous donner le plus de chances possibles... et je ne vous aurais jamais demandé d'agir si j'avais su tout cela vain. L'avenir n'est pas défini. Il est multitude. Il nous revient de faire les choix et les actions qui comptent, maintenant."

Cassandre tapota le bloc à dessin de Laura du bout de l'index.

"Ceci a plus qu'une valeur affective aujourd'hui." lui assura-t-elle avec un petit hochement de tête entendu en souvenir de la conversation qu'elles avaient eues dans la chambre de Laura quelques jours plus tôt.

Sibylle se releva. Dans cette pièce, elle avait aussi son rôle à jouer.

"Disposez les pièges de votre mieux dans tout le sous-sol, et mémorisez l'endroit où vous les aurez posés pour ne pas les activer accidentellement. Faites vite, vos camarades gagnent du temps pour nous au rez-de-chaussée." indiqua-t-elle aux deux élèves. Elle avait plusieurs idées derrière la tête lorsqu'elle avait parlé de brouiller les pistes du télépathe. La première commençait ici, dans ces quelques mots savamment choisis pour les deux mutants.
La seconde quant à elle, avait été mûrie plusieurs jours auparavant, le 15 janvier, jour de la soirée des StryX. Les X-Rays leur avaient sans le savoir laissé un atout qu'il leur revenait de jouer au bon moment.

La non-voyante s'éloigna des élèves et entra brièvement dans la salle de briefing pour récupérer l'objet, qui mieux qu'un recours à Cérébra, devrait leur permettre de tromper l'ennemi : elle tenait un casque dans les mains, très semblable à celui de Cérébra, et identique à celui qu'Olivier avait créé dans son bureau quatre jours auparavant en utilisant les plans de l'engin dérobé par Hope Hunter au Club des Damnés. Olivier avait été bien en mal de comprendre la raison pour laquelle elle lui avait demandé de le recréer la veille, avant l'attaque des professeurs.

"Je m'occupe du casque de Cérébra." mentit-elle aux deux élèves en désignant le casque factice qu'elle tenait entre ses mains. Sur ces mots, elle attendit que les deux élèves se concentrent sur la défense immédiate du sous-sol et s'éclipsa discrètement.

Une pièce

Allées et venues dans différentes pièces

Les élèves purent entendre des bruits de pas lents dans le couloir. Menant son plan, elle revint les mains vides auprès des élèves.

"Cérébra, garde la lumière éteinte jusqu'à nouvel ordre de ma part." dit-elle à l'IA. Remontant le couloir, elle était pour une fois avantagée par rapport aux voyants. Cela ne lui procurait aucune joie particulière... Elle était plutôt préoccupée par les soucis que cela pourrait susciter chez Laura et Ephram. A deux sur quatre à voir dans le noir, ils devraient s'en sortir. La psychologue s'arrêta ponctuellement pour déplacer les pièges que les élèves avaient placés tout au long du couloir.
La tactique ne payait pas de mines... était même dérisoire face au commando mutant auquel ils avaient affaire, mais cela valait mieux que rien. Tout comme pour le casque de Cérébra, désormais s'ils sondaient les élèves au sujet des pièges, ils percevraient en retour une information erronée.

"Ce n'est que moi." dit-elle en arrivant à la hauteur des élèves pour ne pas les effrayer.

"A partir de maintenant, Ephram et Laura, je veux que vous restiez toujours soit avec moi, soit avec Mina." dit-elle à mi-voix. Il était hors de question que ces mutants... et par extension toute cette affaire à laquelle ils étaient bien malgré eux mêlés, ne fassent davantage de victimes.

"Tenez-vous prêts, nous aurons bientôt de la visite... N'oubliez pas que la force n'est pas notre meilleure arme contre eux." conseilla-t-elle aux élèves angoissés. Cassandre restait calme. Elle s'adossa au mur du couloir et se laissa glisser en position accroupie auprès de Laura, et posa une main sur l'épaule de cette dernière comme elle l'aurait fait instinctivement sur celle de Jessica. A la voir ainsi les yeux fermés, on aurait presque cru qu'elle dormait. Les quatre mutants dans le couloir ressemblaient à des combattants dans une tranchée, attendant le début du bombardement signalé par une sirène lancinante. Attendant la suite des événements, Sibylle s'obligea à repasser en boucle les derniers moments de River, ainsi que des autres victimes de l'attaque des professeurs dans son esprit.

[Je poste finalement ici après message de Wind que j'ai enjoins à suivre Chris et si elle le souhaite bien entendu]

Couloirs du sous-sol Salle des dangers

Quelle saloperie ce pouvoir ! Même pas capable de tenir plus de dix secondes ! Vraiment il y avait des jours où mieux valait rester couché. D'ailleurs il aurait bien aimé pouvoir dormir jusqu'à pas d'heure. Mais c'était bien trop demandé apparemment ! Avançant prudemment dans le couloir, Chris tendait l'oreille par moments, n'entendant alors que le raisonnement de ses propres pas. Ce qui n'était guère rassurant dans une pénombre pareille... Ah s'il se sortait de ce merdier, il se ferait une fiesta d'enfer pour une fois ! D'ailleurs cela faisait belle lurette qu'il ne s'était laissé aller. Et autant dire qu'il en ressentait grandement le besoin maintenant. Seulement il n'avait, et n'aurait jamais personne pour partager ce genre de moments avec lui, il le craignait... De plus, qui voudrait se montrer avec un meurtrier ? Il fallait dire que la destinée n'était vraiment pas clémente avec lui, se servir de ses mains pour offrir à la faucheuse l'âme de cette River... Plus Chris y pensait, plus il venait à se demander pourquoi celle-ci avait si peu tenu à son existence. S'était-il trompé au sujet des personnes qui l'entouraient ? Irrité, le jeune homme ne put alors que soupirer son exaspération.

*Après tout, qu'ils aillent tous au diable, et moi avec !*

S'en faire pour Hjördis. Quel imbécile était-il devenu ? Il savait pourtant que les bons sentiments ne menaient qu'à la souffrance... Perdu dans ses pensées, Chris finit bien vite par retomber sur terre, se figeant soudain et le coeur bondissant. Une voix. Il venait d'entendre la voix d'une jeune femme il n'était pas fou. Se retournant brusquement, il dirigea sa main qui commençait sérieusement à le lançer vers la provenance de cet appel. C'est là qu'il put distinguer une forme sombre se mouvoir en sa direction. Retenant son souffle, sur ses gardes, il le libéra finalement lorsque cette dernière lui fut visible. En effet, il s'agissait bien d'une jeune femme. Voyant avec une surprise évidente qu'elle semblait avoir un mal monstre à tenir la distance, Chris rebroussa quelque peu chemin pour se poster non loin d'elle, attendant patiemment qu'elle le rejoigne. Ce fut à ce moment-là que sa main le lâcha pour la troisième fois. C'était pas possible ca ! Et la douleur qu'il commençait à ressentir ne l'aidait en rien. Jouant avec ses articulations dans l'espoir de l'atténuer un tantinet, le jeune homme ne put réprimer un râle montrant toute son irritation face à toute cette situation.

"Merde, pas possible ça !"

Un minimum énervé, il pesta encore et encore alors que son pouvoir semblait désormais faire la sourde oreille. Bon, ben manquait plus qu'à attendre que celui-ci ne daigne de nouveau réapparaître. Là, il devrait faire sans malheureusement. Se guidant par la respiration plutôt haletante de la jeune femme qui avait l'air carrément à côté de la plaque au passage, Chris leva le visage vers celle-ci. Bon point qu'elle ne puisse le voir d'ailleurs car vu son intense agacement, il aurait tôt fait de l'effrayer... Soupirant légèrement, il se décida à prendre la parole.

"Bon, il va falloir que l'on avance dans le noir maintenant"

Sans plus de cérémonie, Chris tourna les talons, s'éloignant à l'aveuglette dans cet océan de ténèbres, se collant au mur pour éviter une quelconque gamelle. Que la jeune femme le suive ou non lui importait peu, qui elle pouvait être, il n'en avait rien à cirer. Cependant, il ne s'en méfiait pas plus, cette dernière lui semblant encore plus mal en point que lui. Mais à peine eut-il fait trois pas qu'il s'arrêta, ayant comme une impression de malaise. Il n'était pas seul... Du moins en avait-il le sentiment. Peut-être était-il simplement paranoïaque... Se raidissant d'emblée, le coeur au bord des lèvres, Chris n'esquissa plus le moindre mouvement, dressant simplement l'oreille...

[Bien sûr ^^ Bon accessoirement, Wind et River sont étaient pas jumelles donc elles se ressemblent pas comme deux gouttes d'eau, mais elles sont étaient sœurs quand même, donc il peut y avoir des traits communs, si à un moment on y voit quelque chose... D'autre part, Wind est du genre à cacher qu'elle est mal en point au maximum, essaie juste de pas tout deviner d'un coup, surtout dans le noir ]

[Hangar Couloirs du sous-sol Salle des dangers]

Les pas devant s'étaient arrêtés, elle n'avait pas vu la silhouette se retourner, mais privée de la vue, elle se focalisait sur les sons, tentant de compenser par son pouvoir qu'elle ne maîtrisait pas assez, pas cet aspect-là toujours, à son goût. Un jour, peut-être, elle pourrait s'en servir comme d'un sonar, pour l'heure, elle était déjà bien contente d'entendre quelque chose, songeant un instant à l'amie sourde et muette de Wood qui aurait été bien en peine de se diriger dans cette pénombre. Son bras valide courait toujours le long du mur, et elle évitait au maximum les mouvements de l'autre, même s'il avait été remis en place par un de ses camarades la veille, qui restait douloureux. Les pas se rapprochaient, il ou elle l'attendait. Elle souffla de soulagement, et accéléra le pas, tâchant de faire fi de la migraine qui lui martelait le crâne.

*Plus jamais ça* se répétait-elle sans cesse.

Il s'était arrêté, qu'elle termine de le rejoindre, et lorsqu'elle put entendre son souffle près d'elle, elle le remercia brièvement. Apparemment, son pouvoir lui permettait de créer une petite étincelle lumineuse, elle ne savait pas, cela dit, s'il s'apparentait à Jen, Jade ou au nouveau qui avait été paralysé la veille... et il semblait des plus capricieux.

- Ca viendra avec le temps, lui fit-elle comme il s'énervait après ses capacités erratiques. Je peux tenter de repérer des sons, mais pour l'instant, en dehors de toi et moi, je n'entends pas grand chose...

Elle avait à peine terminé de répondre qu'il avait repris sa marche décidée, sans l'attendre. Bien que cela ne fût pas visible, elle haussa un sourcil, et suivit le son de ses pas. Qui s'arrêta net bientôt. Elle s'immobilisa à son tour, aux aguets. Il y avait d'autres respirations dans le couloir ou tout près, mais elle ignorait au niveau de quelle pièce ils se trouvaient. D'autres personnes qu'eux d'eux, dont elle ignorait également l'identité. Et elle ignorait surtout ce que Chris et tous les autres savaient : que quatre intrus s'étaient introduits dans l'Institut.

- Qui est là ? demanda-t-elle naturellement, inconsciente du danger que craignait le jeune homme devant elle.

Franklin était finalement arrivé dans les sous-sols. Il était le premier des quatre, mais il ne faisait aucun doute qu'il n'était jamais réellement tout seul. Pas quand deux cerveaux recouvraient la zone. Et puis Chris semblait se faire plaisir à l'étage au dessus... Il devrait bientôt avoir du renfort.

Et ce ne serait sans doute pas de trop, vu comme tout était sombre partout... Même si une charmante voix demandant qui était là lui arracha un franc éclat de rire.

"C'est Franklin ! Je cherche votre bidule télépathique. Ca vous dirait pas d'allumer les lumières, histoire que tout soit plus facile pour tout le monde ?"

Franklin s'était approché et appuyé contre un mur, pour avoir un repère de position. Sa main gauche à plat sur le mur, il passa la tête au travers, vérifiant s'il n'y avait pas une pièce éclairée de l'autre côté.

C'est une voix inconnue qui répondit à la londonienne, et elle se figea aussitôt. Franklin ? Inconnu au bataillon. Et les derniers épisodes avaient largement contribué à ce que tout ce qui est inconnu lui suggère un potentiel danger... Enfin, maintenant. Qu'elle commençait à être un peu moins dans le pâté, bien que la gueule de bois soit loin d'être passée... L'autre, il avait l'air de venir du hangar, comme elle, elle ne pensait pas l'avoir déjà vu, ou alors en arrivant pour dormir un peu plus au chaud tout à l'heure, et elle n'avait aucune chance de s'en souvenir, vu que, de base, ses souvenirs de comment elle était passée de la tente au hangar étaient limités et flous. Mais s'il était venu du hangar, c'était qu'il était de l'institut, n'est-ce pas ? Enfin, c'est ce qu'elle supposait inconsciemment, et de toutes les manières, ce n'était pas ce qui la choquait réellement à cet instant. Ce qui l'a choquait surtout, c'était que la voix annonçait chercher le "bidule télépathique". Et là, il n'en fallait pas plus pour qu'elle sache qu'il n'était pas vraiment de leur côté.

"Bloody Hell" furent les premiers mots qui lui vinrent à l'esprit, et elle les garda pour elle. Dans le genre, "je mets les pieds dans le plat", Wind, tu te poses là. "Pourquoi tu croyais que la lumière était éteinte ?" Elle tut également les dizaines de remarques qu'elle avait déjà entendues un nombre incalculable de fois sur sa couleur de cheveux dont elle s'invectivait, et dont le type en face devait sans doute l'affubler, à en croire par le franc éclat de rire qui venait de résonner dans le couloir.

*On respire calmement, et on fait le point. Il y a ce Franklin, quelque part en avant. Il y a le jeune homme de tout à l'heure un peu devant, et...*

Elle tenta de concentrer son écoute sur les respirations alentours, afin d'en déterminer l'emplacement et le nombre. Au moins deux en plus d'elle, certes, ça, elle le savait déjà, mais combien d'autres ? Puis, se dirigeant vers là où celui qui faisait de la lumière tout à l'heure devait se trouver à son avis, tâchant de se repérer au son du souffle le plus proche, elle tenta de le rejoindre pour avoir un contact et savoir exactement où diriger sa voix lorsqu'elle s'adressa à lui de sorte qu'il fût le seul à entendre son murmure :

- Là, va falloir que tu m'expliques : y a un type devant qui veut le casque, tu savais ça ? Il est seul ou il y en a d'autres ? Et comment il est entré ?

Elle chercha sa main, pour qu'il évite de faire comme elle et de lui répondre à haute voix au moins quant au nombre de personnes à la recherche du casque. Si elle a repéré d'autres respirations, elle les lui indiquera, à défaut de savoir de qui il s'agit... Elle n'était pas un soldat, d'accord, elle se souvenait avoir dit un truc comme ça hier soir, qu'elle était pas faite pour se battre, qu'elle voulait pas que sa voix soit une arme... Mais chassez le naturel... et quand on menace - parce qu'à partir du moment où on s'introduit chez autrui pour embarquer quelque chose qui ne nous appartient pas, elle considère qu'il y a une menace potentielle, surtout quand il s'agit de l'amplificateur télépathique - quand on menace, donc, ce qu'elle considère comme sa deuxième famille, il n'y a plus qu'une seule chose qui compte, tout faire pour protéger sa famille... Même si ça ne marchait pas toujours comme elle le voulait…

[Pas de problème Wind]

Tentant de percevoir le moindre bruit suspect, Chris commençait à se sentir de plus en plus nerveux, les mains quelque peu moîtes. Cette impression de présence autre que celle de la jeune femme ne le quittait pas. Pourtant il n'entendait rien d'autre. De quoi le déstabiliser un maximum... Fermant lentement les yeux, il finit par lâcher un léger soupir d'impatience. Il était simplement paranoïaque au final. Il fallait dire que les événements qui venaient de se produire le faisaient aller en ce sens. En tous les cas, mieux valait qu'il recouvre son self-contrôle sinon il n'arriverait à rien ! Ah, qu'il lui semblait loin le moment où il pourrait dissocier son pouvoir de ses émotions ! Les pas lents de la jeune femme se firent entendre non loin de lui et le jeune homme se contenta alors de l'attendre, l'esprit un tantinet ailleurs. D'ailleurs Chris fut brusquement ramené sur terre lorsque celle-ci demandait de sa voix mélodieuse qui se trouvait là. Donc son intuition ne l'avait pas trompé ? Cette constatation était bien loin de le rassurer par ailleurs. Dire qu'il n'avait osé proférer le moindre son de peur que cette 'présence' ne se matérialise devant sa poire... Ben c'était foutu. Et c'est là qu'il se demandait si l'éclairage n'avait pas été coupé sciemment en fin de compte.

Les doutes du jeune homme se confirmèrent d'ailleurs plus rapidement qu'il ne l'aurait pensé quand il perçu le rire ainsi que la voix d'un jeune homme à n'en pas douter. Voix qui ne lui était pas étrangère qui plus est... En proie à la plus grande réfléxion, Chris fronça les sourcils, tentant de se remémorer cette voix. C'est qu'avec son état de délabrement psychologique précédent, il avait un mal fou à faire appel à sa mémoire. De plus, ça n'était pas vraiment le genre de chose qui aurait pu le marquer grandement. Et encore moins le prénom que celui-ci portait... Cependant, il n'eut pas vraiment à chercher longtemps. L'autre jeune homme venait de lui servir la réponse sur un plateau d'argent en parlant de 'bidule télépathique'. Ainsi il s'agissait du surfer... Là, autant dire que Chris s'en retrouvait complètement dérouté. Comment avait-il pu atterrir ici ? Se raidissant considérablement, le jeune homme sentit ses poings se crisper alors que quelques bribes de souvenirs lui revenaient soudainement. Il avait quitté le hall pour venir se reposer dans le hangar, après... Crispant violemment les mâchoires, Chris sentit comme une vague de colère l'envahir. Ce salaud l'avait suivi ! Sur le moment, il se foutait du pourquoi plus exaspéré par la perspective d'avoir été filé à son insu.

Sentant vaguement la présence de la jeune femme maintenant près de lui, il ne bougea pas d'un pouce cependant, méditant religieusement sur toute cette étrange histoire, se forçant à faire taire sa trop grande irritation. Au moins pouvait-il y voir plus clair quelque peu reposé. Simplement entendre les questions de la jeune femme ne l'aidait en rien, coupant court à ses pensées... Laissant s'échapper un imperceptible soupir chargé d'agacement, Chris tourna légèrement le visage vers la source de toutes ces interrogations. Grainon d'une mûle, mais c'était le monde à l'envers cet institut ! C'était lui le pommé qui avait besoin de réponses et l'on s'évertuait à vouloir lui soutirer les informations ! Et ne connaissaient-ils donc pas ce que signifiait le vouvoiement par ici ? Qu'avaient-ils tous donc à le tutoyer comme s'ils le connaissaient ? Réfrénant tant bien que mal son impatience, Chris, d'un mouvement brusque, téléscopa la main de la jeune femme de la sienne, ce qui eut le don de le calmer un tantinet par ailleurs, bien que quelque peu mal à l'aise par ce contact. Se passant nerveusement la main dans les cheveux, il se décida à lui répondre, dans un murmure légèrement placide.

"Plus ou moins... Ce surfer phaser a trois autres complices qui officient je sais pas trop où en ce moment même et dont les pouvoirs sont sans commune mesure. L'un est copain avec la flotte, un certain Chris, un autre, télépathe des plus distingués mais je ne connais pas son nom et enfin un empathe dont j'ignore l'identité également. D'après une certaine Sibylle, ils en auraient après une certaine Cerebra..."

S'interrompant soudainement, snobant ainsi sa dernière question, le jeune homme fronça les sourcils, plongé maintenant dans la plus grande perplexité. Se serait-il fourvoyé du début à la fin ? Quand on y pensait, si vraiment ils n'avaient eu que de nobles desseins, pourquoi le surfer l'aurait-il suivi avec autant de discrétion ? Certes, ils semblaient avoir suffisamment confiance en eux pour divulguer leur identité à tout va mais Chris sentait que quelque chose clochait avec leur comportement. Se repassant du mieux possible les événements de cette matinée jusqu'à maintenant, le jeune homme finit par tiquer violemment. S'il se souvenait bien, ladite Sibylle leur avait dit que cette Cerebra leur avait signalé l'intrusion de ces salopards... Alors s'il suivait le fil, cela voulait dire que... Laissant retomber lourdement sa main, le jeune homme ne put s'empêcher de rire doucement face à sa négligeance. Diantre, comment avait-il pu passer à côté de ça ? Peut-être aurait-il vu les choses autrement s'il n'avait ainsi laissé son esprit s'égarer... Certes, il ne comprenait toujours pas ce que signifiait cette entité pour les quatre rigolos ainsi que pour les résidents de cet institut, mais Chris n'était maintenant plus vraiment décidé à leur faciliter la tâche, ni aux autres par ailleurs, sa méfiance reprenant enfin le dessus. Réfléchissant quelques secondes, il reprit doucement la parole, la voix un peu plus affable néanmoins.

"Dites-moi, seriez-vous en mesure de le priver de son ouïe par votre pouvoir ?"

Pour dire vrai, le jeune homme n'avait maintenant qu'une envie, que toute cette histoire prenne fin et s'il devait se retrouver à batailler pour cela tant pis, il ne pouvait fuir indéfiniment et se préserver était sa seule préoccupation. D'ailleurs à y repenser, il était plutôt marrant le dandy télépathe de lui conseiller de ne plus traîner dans leurs pattes car c'était plutôt ces derniers qui semblaient se mettre dans les siennes !