[X-plorer 4.1] Briefing impromptu

Rachel hocha la tête vivement vers Paolo pour signifier qu'elle ferait la liste de son matériel de mission habituel. Tout était déjà près, à quelque part dans un coin de sa chambre. Ou peut-être sous son lit. Il faudrait qu'elle cherche cela!! Elle se tourna rapidement vers Noémie et, avant qu'elle eut le temps de quitter, la prit par les épaules et l'embrassa sur les deux joues. Elle la remercia de ce qu'elle venait de faire. Lorsqu'elle relâcha son étreinte, elle tomba face à face avec Jonas. Elle s'avança vers le second ex-JustiX et fit pareil. Elle le prit dans ses bras et déposa deux baisers sonores sur ses joues. Elle se recula et lui envoya un sourire radieux:

"Je suis contente de vous avez dans mon équipe! Ken m'a parlé de vous souvent!"

La jeune femme fit demi tour et s'avança vers Yrianna. Elle la prit dans ses bras amicalement et l'embrassa avec joie. Elle fit pareil avec Wind qui attendait d'être seule avec leur professeur référent. Elle n'essaya pas avec Chris, mais lui tendit une main amicale. Elle attendit patiemment, donnant le temps au jeune homme de lui serrer la pince. Elle lui fit un clin d'oeil et bondit vers la sortie. Juste avant de quitter, elle s'arrêta devant Paolo et lui dit joyeusement:

"J'aimais beaucoup M'sieur Olivier et les NGX, mais je sens qu'on va s'entendre nous aussi!"

Elle se pencha vers son professeur et déposa deux baisers retentissants sur ses joues. La jeune femme se tourna alors vers toute son équipe et sortit de la salle en lancant:

"À demain, mes amis!"

Ailleurs

Un pour tous et tous pour un... Ils l'avaient répété, ils avaient posé leurs mains sur celle de Noémie. Sauf Chris. Qu'espérait-elle en lui tendant ainsi la main ? Qu'il changerait du tout au tout en un claquement de doigts ? Et elle doutait, malheureusement, que les derniers mots d'Yrianna ne l'incitent à davantage de sympathie envers elle. "Souriez pendant qu'on le peut encore". Elle-même n'avait guère le coeur à ça, elle imaginait difficilement le jeune homme songer autrement. Elle passa outre l'adjectif, affectif certes, mais si incongru dont la russe l'avait affublée, s'il y avait bien une chose qu'on n'avait jamais dit d'elle, c'était qu'elle était petite... Mais l'idée qui en ressortait avec quelque chose de valorisant, bien qu'une fois encore, elle ne comprît pas ce qui lui valait autant d'estime. Son regard quitta finalement Chris, comme elle baissait la main, un peu déçue, certes, mais plus énervée contre elle-même qu'autre chose.

*Wind, tu n'es qu'une idiote...*

Ca ne pouvait pas être aussi facile, mais à défaut de mieux, il acceptait de faire partie de l'équipe. Elle hocha simplement la tête, en guise de remerciement peut-être. C'était déjà beaucoup.

Le Professeur Santero concluait le briefing et réclamait un peu d'intimité, ce qu'elle ne démentit pas, bien au contraire. Elle fut un peu surprise de voir Rachel embrasser un peu tout le monde, pas très à l'aise quand ce fut son tour bien qu'elle eût dû le voir venir comme elle avait pris tout le monde dans ses bras, sauf Chris - et c'était sans doute mieux ainsi - à qui elle tendit simplement la main. Elle resta un instant interdite après que la jeune femme eut déposé un baisser sur sa joue, et encore davantage lorsque deux baisers retentissants résonnèrent sur les joues de leur professeur. Décidément, la canadienne ne cesserait de la surprendre...

Enfin la salle se vidait, et elle laissa retomber sa main - quand l'avait-elle posée sur sa joue ? - pour faire face à son nouveau professeur référent. Lorsque le dernier de ses coéquipiers eut quitté la pièce, elle prit la parole.

- Je vous dois des excuses, je crois. Et des explications. Pour la cuisine, et pour le foyer.

Ses doigts croisés devant elle se nouaient quelque peu nerveusement, pourtant elle ne quittait pas le professeur des yeux.

- Il s'est passé beaucoup de choses ces derniers temps, j'imagine que vous êtes au courant, je doute que le professeur Zachary et Miss Deneos vous aient laissé me choisir et choisir Chris sans vous mettre en garde... J'ai... encore du mal à passer outre, ça s'est vu ce matin... mais vous n'y êtes pour rien, j'aurais pu être... un peu plus accueillante. J'aurais dû l'être plus exactement...

Elle inspira un peu trop profondément pour que cela ne passe inaperçu, avant de reprendre.

- Et puis... il y a Iacobo. J'imagine qu'il avait encore semé la zizanie parmi les autres élèves, d'où votre présence à Miss Marcin et vous... Je suis consciente que je ne suis pas arrivée au bon moment, mais... Il faisait partie de mon équipe avant, il avait disparu depuis... tout ça. Quand on m'a dit qu'il était de retour, je... Il fallait que je le voie... Je suis désolée de vous avoir un peu cassé votre effet, et sans doute qu'il aurait mérité une sanction...

Elle haussa les épaules. A son avis, avec le serbe, ça ne servait à rien, mais c'était aussi le rôle des professeurs que de sanctionner les comportements inconvenants, et Iacobo était un peu expert en la matière...

- Je ne pouvais pas faire autrement... Je l'ai cru mort... Et il est là...

Un léger sourire étira ses lèvres tout comme son regard sembla plus attendri comme elle parlait de lui.

- Je vous présente mes excuses... pour vous avoir un peu envoyé sur les roses... et pour vous avoir empêché de jouer votre rôle. Je crois que c'est la moindre des choses...

Elle détourna alors seulement le regard, quelque peu embarrassée. Ca n'était pas tout à fait le genre de situation auxquelles elle était habituée à vrai dire...

La sortie plutôt peu conventionnelle de Rachel laissa le professeur stupéfait. Il faudrait certainement qu'il s'habitue à cette dynamite canadienne dans son équipe. Mais c'est avec un regard bienveillant qu'il regarda la salle se vider progressivement jusqu'à ce qu'ils soient enfin seuls en tête à tête avec l'anglaise.

Il écouta attentivement, hochant la tête, fronçant parfois les sourcils, mais laissa Wind s'expliquer. Il attendit quelques secondes après la fin du discours de la jeune femme avant de prendre une profonde inspiration digne d'un mélodrame et prononça enfin :

- Je vous remercie Mlle Smith. J'espère ne pas vous... est-ce que je peux vous tutoyer ? Ca me gêne et surtout j'ai l'impression d'être un vieux crouton en disant "vous"... Wind, ne prends pas ça comme un reproche mais tu enfonces des portes ouvertes. Il n'a jamais été question pour moi de t'en vouloir, ni même à Iacobo. Je ne suis pas prompt à juger les gens, je préfère y aller au feeling.

Il sourit chaleureusement pour détendre un peu la conversation avant de continuer, plongeant son regard sombre dans celui de l'anglaise :

- J'ai effectivement entendu parler des derniers évènements dont l'institut se serait bien passée. Et même si je ne me doutais pas de la relation tendue entre Chris et Yrianna... j'ai appris pour Chris et... je constate que ce que je pensais était juste. Vous êtes tous très murs pour vos âge, certains peut-être un peu moins, mais je vois que l'institut vous a ouvert l'esprit à beaucoup. Chris est intelligent et sous ses couverts de jeune homme mal luné je ne doute pas du fait qu'il s'impliquera dans l'équipe. Ce sera surement difficile au début mais s'il n'est pas très agréable il n'en est pas moins raisonnable. Tu es certainement la mieux placée ici pour l'aider à surmonter le chaos qui règne dans son esprit.

Plaçant ses mains derrière sa tête et s'étirant, il ajouta :

- Et si nous avions dû punir tous les débordements aujourd'hui, il y aurait peut-être plus de punis que de non punis ! C'était une dure journée pour tous, et les nerfs ont été mis à rude épreuve aussi on peut considérer qu'il y aura une sorte d'amnistie pour beaucoup...

Elle avait attendu la réaction du professeur Santero avec un peu d'anxiété à vrai dire, autant parce qu'elle ne le connaissait pas que parce qu'elle n'avait pas vraiment le sentiment d'être à sa place. Et ça englobait là, maintenant, tout de suite, face à lui, et en tant que leader... Elle hocha seulement la tête lorsqu'il lui demanda s'il pouvait la tutoyer : c'était ce qu'avait toujours fait le professeur Zachary, et ça ne la dérangeait guère. Sauf qu'il ne fallait pas lui demander tout de suite de faire la même chose, en revanche, elle en aurait été bien incapable face à quelqu'un qui représentait l'autorité. Avec le temps, peut-être, mais elle ne tutoyait ni Miss Deneos, ni son ancien professeur, ce qui restait assez révélateur...

Il ne lui en voulait pas, c'était plutôt positif, et le fait qu'il ne juge pas les gens de prime abord avait quelque chose de rassurant. Pourtant... Malgré le sourire chaleureux qu'il lui adressa, malgré ses dires concernant une amnistie exceptionnelle pour tous les débordements de la journée, elle n'était pas complètement sereine, et ses doigts continuaient de se nouer et se dénouer devant elle.

- Tant mieux... mais il fallait quand même que je vous le dise... Avant qu'on parte...

C'était le genre de poids dont aucun d'eux n'avait besoin avant de partir en mission. Même les plus anodines pouvaient s'avérer périlleuses, on ne savait jamais trop sur qui on allait tomber... Maintenant que c'était dit, elle aurait dû avoir l'esprit tranquille, non ? Ca n'était pourtant pas le cas. Un moment, le silence plana, et elle détourna le regard.

Evidemment, il avait entendu parler de ce qui s'était passé. Pas de tous les détails, visiblement, mais de l'essentiel. Et même si elle n'était pas vraiment certaine d'être à la hauteur, elle devait bien admettre qu'il avait peut-être raison concernant Chris. Pas qu'elle eût jamais douté de l'intelligence du jeune homme, ni de son engagement : s'il avait accepté de faire partie de l'équipe, elle pensait - à tort ou à raison ? - qu'il avait fait ce choix en connaissance de cause, et qu'il serait tout aussi impliqué que les autres. Mais si elle n'était pas certaine d'être capable d'accomplir de telles choses, elle était consciente, malgré tout, que s'il devait y avoir quelqu'un dont il aurait pu accepter l'aide, c'était peut-être elle. Parmi eux tous, il n'y avait qu'à elle, en définitive, à qui il avait parlé relativement courtoisement, à qui il serait peut-être plus enclin à s'ouvrir, ne serait-ce qu'un peu, car elle doutait qu'il ait communiqué avec grand monde depuis son arrivée, et doutait encore qu'il accepte davantage qu'une conversation superficielle, même avec elle. En tout état de cause, il fallait qu'elle lui parle, si ce n'était pour lui, au moins pour elle-même.

- J'essaierai.

Ca valait pour Chris autant que pour le statut de leader, même si elle ne prit pas le soin de le préciser. La décontraction du professeur ne la rassérénait pas vraiment, et elle inspira de nouveau avant de poursuivre encore, fébrile.

- Professeur... Je... Vous avez l'air de placer beaucoup d'espoir en moi... et... je ne suis pas sûre d'être vraiment capable d'endosser ces responsabilités. Je...

Elle s'éloigna, pour venir s'appuyer au dossier d'une chaise, les mains crispées sur celui-ci, le regard perdu sur une dalle qu'elle ne voyait pas vraiment.

- Je n'ai pas pu empêcher mon frère de partir, ni ma soeur de mourir, je n'ai pas été d'une grande utilité à mon ancienne équipe, et pire encore, j'ai mis en danger Jen lors d'une mission en lui suggérant d'agir contre la sentinelle qui nous ciblait. Et j'ai aussi suggéré l'action qui a engendré la destruction de la moitié de l'institut... et la mort de Luna et Louis...

Elle ferma les yeux, tentant en vain de chasser le visage livide du petit garçon de son esprit, refusant de céder aux larmes qu'elle n'avait plus versées depuis la mort de River.

- Et si je faisais encore une erreur aussi lourde de conséquence ? Je ne veux pas que ça arrive, mais... comment être sûre que ça ne soit pas le cas ?

Elle manquait cruellement de confiance en elle, mais il ne pouvait pas lui jeter la pierre pour cela et encore moins changer d'avis à son sujet. Elle était le meilleur choix et il en était convaincu. Cependant il semblait qu'on avait homis de lui raconter certains faits qui parraissaient la troubler peut-être presque autant que la disparition de sa soeur. Heureusement qu'il avait eu une petite discussion avec son ancien professeur référant, Paolo était convaincu d'avoir un argument pertinent. Il relâcha ses bras, marcha tranquillement et pris la même pose que la jeune femme à l'exception de la crispation. Il croisa les bras, regardait droit devant lui, et dit d'une voix qui se voulait rassurante :

- Personne n'est parfait, même les personnes semblant être de parfaits tacticiens peuvent se planter et mettre sur pied un plan boiteux. On ne peut pas tout prévoir et quand bien même, y a-t-il une solution miracle ? Non ! On ne peut faire que des choix, sont-ils bons ou mauvais ?! Seul l'avenir peut le dire. Tu as fait des erreurs ? C'est ce qui te rend plus précieuse à ce poste. Tu n'en aurais pas fait, j'aurais été beaucoup plus ennuyé car, vois-tu, on apprend en se trompant. Celui qui n'a jamais fait d'erreur n'en sera que plus désarçonné le jour où il en fera une car ce jour arrive tôt ou tard. Et si les gens ont suivis tes idées c'est simplement car eux aussi pensaient que c'était la meilleure chose à faire, tu n'es pas Atlas, ne porte pas le monde sur tes épaules car ce n'est pas ta place.

Il tourna la tête vers Wind et ajouta :

- Personne ne nait leader. On le devient car on souhaite aider les gens à trouver leurs chemins. Soit un guide. Tu t'inquiètes pour les autres et c'est ça ta force. Personne ne peut soulever une montagne, pas même un mutant, mais avec ce que tu as dans le coeur, tu peux la gravir.

Pas de sourire, juste un regard plein de force. Le professeur semblait bien mystérieux mais ses paroles sonnaient plutôt bien, avec une certaine sagesse.

Hors de la salle !

[ de bouton sur le côté de la souris au taff, j'ai encore perdu mon message moi, plus qu'à tout recommencer...]

"Personne n'est parfait".

Elle avait fermé les yeux, et inspiré profondément une fois encore. Si ça ne lui avait pas été destiné, elle aurait sans doute été la première à le dire... A tout bien y réfléchir, elle aurait peut-être pu songer, même, qu'elle avait elle-même prononcé ces mots, la nuit suivant l'attaque des professeurs, en s'adressant à Iacobo. "Je ne suis pas parfaite". Elle l'avait dit, elle le savait bien, au fond... Pourquoi était-ce alors si difficile à admettre, qu'elle puisse avoir elle aussi des faiblesses ? Au fond, elle savait bien qu'il avait raison, mais il lui semblait pourtant toujours qu'il y avait trop de qualités dans ce qu'il disait, ça ne pouvait pas s'appliquer à elle...

"Tu n'es pas Atlas, ne porte pas le monde sur tes épaules car ce n'est pas ta place".

L'image était parlante, et en d'autres circonstances, aurait pu la faire sourire, comme tout le monde ici ne faisait pas forcément appel aux personnages mythologiques pour appuyer ses dires. Bon évidemment, quand on travaille dans les vieilles pierres, on se doit d'en connaître un minimum sur l'Antiquité, certes... Mais pour l'heure, elle ne songeait qu'à ce qu'impliquait cette image, criante de vérité. Il avait sans doute raison. Evidemment. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire. En clair, on lui demandait d'aller contre sa nature, là... Et ça, c'était sans doute une des choses les plus difficiles à faire pour quiconque.

Elle releva la tête, rouvrit les yeux sans pour autant voir vraiment ce qui l'entourait. Elle l'avait écouté, et se répétait intérieurement les mots qu'il venait de prononcer, comme si ça avait pu leur donner plus de consistance, comme pour s'en convaincre, peut-être aussi.

"Personne ne nait leader."
"Sois un guide."
"Tu t'inquiètes pour les autres et c'est ça ta force."

Force ou faiblesse, c'était comme ça qu'elle était, et c'était plus fort qu'elle.

- J'espère que vous avez raison. Pour nous tous.

A son tour, elle s'était tournée de nouveau vers lui, et était restée un instant interdite. Il y avait quelque chose d'étrange dans ses yeux sombres, qu'elle n'aurait pas pu définir, pas su expliquer, et pourtant qui l'empêcha de poursuivre sur les notes pessimistes qu'elle lui avait déjà fait entendre. Le silence plana encore quelques instants, avant qu'elle ne finisse par hocher simplement la tête avant de répéter :

- J'essaierai.

Et elle savait au moins par quoi commencer : mettre les choses à plat avec Chris...

Chris avait refusé leur invitation… Malgré les sollicitations de chacun, même de celles avec qui il ne s’entendait pas. Bah tampis pour lui, il s’était mis tout seul à l’écart et cela se ferait peut-être sentir en mission.

Quoi qu’il en soit, Jonas fut surpris par le geste de Rachel, il n’avait pas l’habitude de cela, mais plus encore que par son geste, se fut par son parfum qui lui rappela un vieux souvenir, celui du parfum que sa grand-mère mettait et qui lui faisait précisément le même effet… Il faut dire qu’elle en mettait environs un quart du flacon, alors que Zembla trouvait déjà l’odeur insupportable à petite dose… Une sorte de mélange de jus de chaussette et d’eau de poubelle… Voir peut-être un peu d’œuf pourri… Il n’aurait jamais imaginé Rachel mettre un parfum pareil… M’enfin, les gouts et les couleurs, ca ne se discutait pas et c’est avec soulagement qu’il la vit s’éloigner de lui, il allait pouvoir quitter son apnée momentané et forcé due au parfum.

C’est en se tenant un peu la tête que Jonas sortie un simple « A demain tout le monde » avant de sortir de la salle.

[ Ailleurs]

- Je me fie à mon instinct et il ne me trompe jamais... ou presque ! dit-il avec un large sourire avant de s'écarter du dossier de la chaise.

Commençant à se diriger vers la sortie, Paolo ajouta :

- Ne vous en faites pas mademoiselle Smith, vous n'êtes pas seule dans l'équipe et une autre qualité d'un grand chef est de savoir reconnaître lorsqu'il a besoin d'un coup de main.

Se tournant vers elle, il regarda un instant la jeune femme sans dire un mot, il l'avait vouvoyée pour attirer un peu plus son attention. Elle manquait de confiance en elle et avait tendance à se poser trop de questions mais il se dit qu'elle serait probablement un bon leader avec un peu d'aide peut-être, et en pensant à Chris le professeur se dit qu'elle en aurait vraiment besoin... ou est-ce que la plus grande aide qu'elle trouverait viendrait de lui ?

La vie a cette fâcheuse tendance à trouver un chemin incongru par lequel nous mener. Comment avouer à ses élèves qu'en réalité il n'avait regardé leurs informations qu'après les avoir choisi, se fiant uniquement à l'impression qu'il avait ressentie en lisant leurs noms et en les voyant... C'était une méthode peu orthodoxe mais en écoutant son inconscient il s'était sorti de situation autrement plus dangereuses voire mortelles alors pourquoi ne pas l'écouter pour cela également ?

Il invita d'un geste la jeune femme à sortir en disant :

- Je ne souhaite pas abréger la discussion si tu as encore besoin que l'on parle mais il me semble que tu as une autre discussion à préparer et moi un voyage intercontinental en l'espace de quelques heures... dit-il en glissant un clin d'oeil et un sourire entendu.

Il se fiait à son instinct... Ca n'était pas tout à fait pour rassurer l'anglaise, qui, elle, n'était jamais certaine de ses décisions à vrai dire... Alors une chose aussi abstraite que l'instinct... Quand il s'agissait d'art, de musique, oui, mais c'était autrement plus non pas sérieux, mais lourd de conséquence, là... Il se dirigeait vers la sortie et elle le regardait, immobile, quelque peu perplexe. Ne pas s'en faire ? C'était plus facile à dire qu'à faire, mais elle hocha la tête. Elle savait bien qu'elle ne serait pas toute seule, que les autres seraient là, comme ça avait été le cas pour les X-Rays, pour soutenir Tim... Mais son ancienne équipe lui semblait autrement plus fraternelle que celle-ci... Quoi que... A bien y réfléchir, l'ensemble s'entendait plutôt correctement à l'exception de Chris... comme les anciens Rays à l'exception de Iacobo, non ? Elle faisait le lien, à l'époque - comme si ça avait été si lointain ! - alors... pourquoi pas encore maintenant ?

Si elle avait su comment il les avait choisis, elle aurait certainement été prise d'une panique nouvelle, et même si lui s'en remettait à son instinct, il aurait eu bien du mal à la convaincre qu'il avait fait le bon choix. Faire l'impasse avait été judicieux, et comme il l'invitait à sortir, elle hocha de nouveau la tête avant d'avancer à son tour vers la porte.

- Oui... fit-elle simplement à l'évocation de l'autre discussion qu'elle devait amorcer. Et non des moindres...

Elle esquissa un sourire, pas tout à fait sereine à la perspective de son entrevue avec Chris, bien qu'elle refusât de l'annuler, avant de souhaiter bon courage au professeur et de quitter la pièce.

[ Chambre de Chris ellipse temporelle]