[Ceresix 4.1] Première impression

Richard entra dans la salle, Alixtide à sa suite, et s’était installé à la table. . Il n’y avait plus personne, les autres équipes ayant terminé leur propre réunion, mais on sentait que la salle n’était pas restée inoccupé durant la journée. C’était souvent le lieu de naissance d’une certaine tension et d’une anxiété dû à l’annonce de missions, parfois bénigne, parfois dangereuse, et cela, les élèves le savaient bien. Lui même n’aimait pas tellement s’y rendre, mais son bureau ne lui paraissait plus aussi accueillant depuis quelques temps...

Il attendit que les élèves soient entrés et aient pris place pour commencer à leur expliquer le pourquoi de leur présence ici. C’était également pour certains le premier contact, et il espérait que tout se passe rapidement et sans souci. Il n’avait eu qu’un briefing à effectuer jusqu’à présent, et celui-ci avait été entamé dans les mêmes conditions. Depuis, de l’eau avait coulé sous les ponts, des élèves étaient morts, il en était en partie responsable. Et voilà qu’il recommençait à les entraîner dans des histoires... Enfin. D’autres avaient besoin de soutient également.

Pour le moment, accueillir la nouvelle équipe, les informations viendraient dans un second temps.

« Bonjour à tous. J’espère que vous allez bien ? J’en ai croisé certains d’entre vous aujourd’hui, pour les autres, bienvenue, ou re-bienvenue dans l’équipe. »

En réalité, il n'avait croisé que Nora, brièvement dans le jardin, et n'avait parlé que rarement à certains d'entre eux.

Nora arriva avec l'un de ces sourires charmeurs dont elle a le secret. Elle tenait contre elle un bloc notes A4 avec des feuilles blanches. Ce cahier servait autant pour des notes que pour l'imaginaire à travers des dessins. Elle gardait une attitude sereine pour cacher son appréhension. Nora venait d'accepter de faire partie d'une équipe de héros. Héros n'est pas un mot à prendre à la légère. Et Nora savait qu'elle n'était pas ce genre de personne. Elle n'avait rien pu faire pour sauver Greg. Et si elle était vraiment capable de lire les esprits, pourquoi s'abstenir de le faire pour une histoire de morale. Si elle avait eu ce potentiel plus tôt, elle aurait sauver Greg. Nora avait du mal à chasser les images de feu son petit ami baignant dans une mare de sang.

Nora n'avait pas de famille. Enfin, si. Elle comme ses parents et frères et sœur ne s'appréciaient guère. Et les rares nouvelles données, se faisaient plus par étiquette et non par un sentiment familiale. Nora avait connu nombre d'internat et ne s'était guère attachée longtemps aux personnes. Jamais jusqu'à une amitié vraie et sincères. Et ici, elle ne comptait pas vraiment changée. Une équipe de héros prenaient probablement de vrais risques. Et la perte d'une personne chère ne lui feraient pas du bien. Nora se tenait à ses principes. Pour l'instant en tout cas. Elle étaient curieuse de savoir de quoi était capable ses partenaires mutants. Et lire les pensées d'un mutant était aussi simple qu'un non-mutant ? Et les sensations étaient les mêmes ?

Nora Winters entra donc et s'assit. Elle hocha la tête amicalement envers le professeur et les élèves entrant à sa suite

« Bonjour à tous. J’espère que vous allez bien ? J’en ai croisé certains d’entre vous aujourd’hui, pour les autres, bienvenue, ou re-bienvenue dans l’équipe. »

" Merci professeur. " dit-elle poliment.

C’est absent des événements de l’après-midi que Lucas se rendit au briefing de son équipe reconstituée. Sa crise passagère de folie s’était peu à peu estompée grâce aux aides qu’il avait pu avoir à droite et à gauche, en particulier de la part de la jeune russe Yrianna. Il lui était reconnaissant pour l’avoir recueilli sous son aile sans prendre peur, pour l’aider, juste, sans se poser plus de questions sur les dangers qu’elle encourrait à vouloir raisonner un déjanté. Mais il allait mieux, et c’est le sourire aux lèvres qu’il entra dans la salle commune réservée aux réunions inter-équipes concernant les missions et annonces parfois terribles qu’ils avaient à faire face entre ces murs.

Il n’était pas soucieux pour autant. Contrairement aux autres, il était en terrain connu avec Richard Fish, et avait entièrement confiance envers son professeur, même si c’était aussi contre lui qu’il avait dû se battre, lors de l’attaque mentale de l’institut. Ce fut une terrible épreuve, et Rock mit plusieurs jours avant de pardonner à son professeur les actions inconsidérées qu’il avait commises lors de ce désastre mutant.

Bien peu étaient déjà présents, ce qui signifiait que, comme à son habitude, il était d’une ponctualité exemplaire. Richard était déjà présent, bien entendu, mais également ce gentil-puant d’Alixtide ainsi qu’une jeune fille plutôt mignonne qu’il n’avait alors encore jamais vue. Une nouvelle-venue, sans doute. On lui avait affirmé que la journée avait été riche en arrivées, et il se réjouissait d’avoir une demoiselle de plus dans son équipe qui avait été formée le matin même.

En entrant dans la pièce, donc, il salua d’un signe de tête chaque visage qui se tourna vers lui, en commençant par Richard, avec un sourire confiant, puis Alixtide, avec une expression de sympathie pour le rat d’égout de l’institut, et enfin la demoiselle dont il ignorait le nom, avec un air on ne peut plus accueillant.

Suite à quoi il s’assit confortablement sur une des chaises disponibles, face à Richard, toujours aussi fidèle à son habitude. Jamais il ne voulait manquer une expression, qu’elle fut joyeuse ou peinée, de leur professeur référent lorsqu’il narrait les événements qui allaient toujours devenir une mission périlleuse ou de nombreux dangers pouvaient se rencontrer.

Lorsque tout le monde fut présent, Richard se mit à parler, souhaitant la bienvenue aux nouveaux membres de l’équipe. Lucas ne put s’empêcher de sourire lorsque Factoriel précisa une ‘re-bienvenue’, puisqu’il était le seul restant de l’ancienne équipe des Ceresix. Il lâcha un petit soupir joyeux lorsque Richard eut fini et que la nouvelle – une des deux nouvelles, devrais-je dire, la jolie brunette, pour ne pas la nommer – le remercia poliment de son accueil.

Ce fut donc au tour de Lucas d’intervenir, souriant comme à son habitude, et parlant avec une voix confiante, cette confiance qu’il avait appris à avoir ici, à l’institut, et qui s’était encore davantage développée avec son rôle de leader au sein des Ceresix.

« Merci, monsieur Fish ! Je vois qu’il y a ici des personnes aussi inconnues pour moi que le serait une simca 1000 pour un collectionneur de belles anciennes voitures. Les présentations sont donc de rigueur, je crois… Moi c’est Lucas, alias Rock. »

Et il se tourna vers les deux demoiselles dont il avait envie de connaitre le nom, le pouvoir, et plus si affinité…

Les Ceresix, un groupe… Allison apprit que récemment qu’elle avait été intégrée dans cette équipe ; parait-il que c’était un « privilège ». Elle avait été avertie de ceci par un certain professeur Fish, qui était celui qui commandait les Ceresix. Quelques questions lui trottait dans la tête à propos de cette équipe, mais cela pouvait attendre. Elle préférait faire, avant toute chose, la découverte des autres membres de ladite équipe, pour mieux les connaître. Apparemment, elle n’était pas la seule nouvelle, mais un ou deux, ce n’est pas énorme comme différence.

De plus, la miss essaya d’arriver à l’avance, surtout pour faire bonne impression. Chose plus ou moins réussie ; elle était la troisième arrivée dans la salle de Briefing. Aucune des deux têtes présentes ne lui dit quelque chose – normal après tout – sauf celle de la fille qui lui disait à peine quelque chose. La mutante avait certainement rencontré cette dernière très rapidement, soit dans le hall, soit dans le jardin, ou peut être dans le couloir des chambres du côté fille. Bref, passons.

Allison arriva pile au moment où Lucas avait dit « belles anciennes voitures ». La miss ne comprit pas tout à fait le sujet de discussion, mais par rapport à ceci, elle ajouta, presque tout de suite : « Ahhh, ces hormones mâles alors… Décidément, ils seront toujours attirés vers les voitures… ». La demoiselle avait dit cela à mi voix, une personne n’ayant pas fait attention à ses paroles ou quelqu’un de trop éloigné d’elle n’aurait même pas fait attention à sa remarque. La miss écouta la suite des paroles du monsieur, il se prénommait donc Lucas ou Rock. Au choix, elle préférait largement Lucas à Rock…

La jeune française prit son temps pour s’asseoir sur un piège libre. Lucas s’étant présenté, Allison ajouta à son tour, en français, par contre : « Moi, c’est Allison ». Bien sûr, cette réponse n’était pas uniquement destiné à Rock mais à tout le monde, puisqu’elle était nouvelle, aussi bien dans l’institut que dans l’équipe, autant qu’elle se présente. D’ailleurs, Alli s’était présentée en français et non en anglais, l’habitude de ne parler qu’en anglais se prendrait petit à petit… De plus, même si la française s’était exprimé dans sa langue d’origine, les autres pourraient facilement comprendre qu’elle s’appelait « Allison » (et non « Moi c’est »).

Bref, la miss se tut pour l’instant, n’ajoutant rien d’autre. Certainement que le professeur leur demanderait, à elle ainsi qu’à l’autre nouvelle, de faire une présentation plus approfondie plus une description de leur pouvoir. Donc, ça ne servait à rien de tout dire maintenant alors que l’équipe n’avait pas l’air vraiment d’être au complet…

Richard les avait tous réunis dans la salle de briefing. Gabrielle avait entendu parlé des réunions des autres mais elle avait espéré, interieurement, qu'ils seraient sauvé.
Elle avait peur de repartir en mission, peur d'une nouvelle hécatombe.
Elle s'avança donc dans la salle avec une expression fermée. Son regard s'arrêta sur les membres de son équipe. Il y avait deux nouvelles qu'elle ne connaissait pas, Alixtide...., Robin et Lucas.
Elle connaissait bien sur les 3 garçons mais n'entretenait pas de rapports particuliers avec eux. Ce serait l'occasion de les découvrir.

Richard leur souhaita alors la bienvenue. Les nouvelles se présentèrent ainsi que Lucas.
Gabrielle hocha la tête et salua tout le monde d'un signe de la main.

"Bonjour et bienvenue."

Plutôt laconique mais elle était angoissée à propos de leur futur mission.

D'ailleurs, autant entré tout de suite dans le vif du sujet.

"Pourquoi sommes nous ici professeur? Allons nous devoir partir?"

Même lors de sa première mission, elle n'avait pas été aussi stressée. A l'époque, elle n'avait pas non plus entièrement conscience de ce que celà impliquait.

Richard observait attentivement chacun des élèves qui entraient dans la pièce, ainsi que leur réaction les uns par rapport aux autres, appuyé contre le dossier de son siège qui avait légèrement basculé vers l'arrière, les doigts croisés. Lucas fit une image qui l'amusa, bien que ce sembla pas être le cas pour Allison qui venait d'entrer dans la pièce. Les hormones mâles ? Eh bien quoi ? Il laissa couler, songeant que Lucas répondrait de lui même s'il en avait envie. Lui n'avait pas particulièrement envie de débattre à cet instant précis, par contre, il aurait bien assisté à la suite des présentations entre les deux jeunes gens.

Allison répondit à Lucas en français, et Richard songea que ces deux là allaient probablement bien s'entendre. Puis il se tourna vers Gabrielle qui demandait la raison de leur présence ici. Sans plus attendre, Richard leur présenta alors ce qu'il avait derrière la tête.

"Bien... Désolé de ne pas vous laisser davantage de temps pour faire plus ample connaissance, mais nous n'avons pas vraiment le temps pour ça, donc... je vais aller à l'essentiel. J'ai reçu un appel d'un policier, deux de ses collègues ont été amené à se rendre chez une certaine Mary Peterson."

Richard ouvrit un dossier qu'il avait devant lui, et leur fit passer une feuille. On pouvait y lire son nom, son adresse, et d'autres informations de ce type, ainsi qu'un mandat d'arrestation lancé contre elle. Une photo était jointe au dossier, bien qu'elle ne soit pas conforme à ce que l'on retrouve dans un rapport de police. Un tampon rouge près de son nom avait noté le mot : MUTANT. Il reprit en parlant plus doucement.

"A deux contre une, ils n'ont pas pu l'arrêter. Ni même sans sortir indemne en réalité... L'un d'entre eux a été grièvement blessé, il est actuellement dans un coma artificiel à l'hôpital général de New-York. Quant au second... il semblerait qu'il ait été abattu à bout portant par son coéquipier... Mary Peterson se serait enfuie sans avoir subi la moindre égratignure."

Il laissa le temps aux élèves d'assimiler ce qu'il venait de dire, espérant qu'il n'aurait pas trop de réticence quant à la suite des évènements. Pour le moment, il attendit leur réaction, ainsi que de voir ce que ceux ci proposait de faire, malgré le fait qu'il ait son idée sur la question.

Nora leva timidement la main. Elle se trouvait bête mais il ne s'agissait pas d'une réunion entre amis. Il parlait d'une mutante qui vraisemblablement était dangereuse et c'était au Céresix de la retrouver.

" Je ne suis pas au fait de tout. Je suis dans cet institut pour ... " Bah cela ne les regardait pas. Elle se demandait si il y avait un psychologue mutant dans cette école.

" Donc nous devons la trouver et la ramener ? Nous travaillons avec la police ? Et si oui en échange de quoi ? "

C'était de l'argent qui rentrait et qui payait l'école et les sous-sol. Possible. Nora avait du mal à réaliser qu'elle faisait partie d'une équipe qui allait partir à la recherche d'une personne dangereuse.

* Bonjour, nous aussi somme des mutants, nous te comprenons, calme-toi... Super ! * pensait la jeune femme.

Tout ça pour la donner aux flics. Elle ne pouvait s'empêcher de penser aux tombes et à son rôle. Certains se connaissaient et avaient déjà vécu ce genre de missions. Et vu la tête de Gabrielle, c'était pas la joie de partir. Et Nora, n'était pas une super-héroïne prête à sauver la veuve et l'orphelin. Elle ne se voyait pas ainsi.

Alixtide s’installa et prit un air absent, dissimulant ainsi aux yeux de tous la curiosité qui l’animait concernant l’objet de la réunion. Il passa en revue d’un regard de faucon les différents protagonistes de la farce. Oui car le mutant était dans une humeur plutôt sournoise et prédatrice depuis quelques temps. Il s’était persuadé qu’il n’était dans cette équipe que par le jeu des remords et de la reconnaissance du professeur, qui avait appliqué le principe de charité chrétienne en le menant à son bord. Il devait bien savoir qu’Alixtide n’avait jamais rien accompli de constructif pour la communauté mutante, si ce n’est les tâches ménagères.

Gargoyle s’attendait donc sereinement à jouer le rôle de voiture-balai dans la prochaine aventure, rôle que ce gentil frimeur de Lucas serait ravi de lui assigner. Alixtide lui renvoya d’ailleurs son sourire gentil avec une pointe d’hypocrisie.

Le Breton croisa les bras et coucha son menton dessus. Il eut un petit sourire malsain à l’adresse des deux nouvelles. Oui, c’était décidé, il allait s’investir à fond dans le personnage de l’homme-ordure avec ces deux donzelles. La première, Nora, avait une bouille un peu trop bouffie au goût d’Alixtide, qui la rangea parmi les filles négligées. La seconde, Saucissonne, un peu frêle et danseuse étoile, lui donnait une impression de petite capricieuse avec sa manie d’utiliser le français. Tout cela en l’espace d’un regard ! Alixtide était fin renard.

Il resta silencieux, ne se présenta pas. Laissant son odeur corporelle aigre-rance le faire à sa place. Il aplatit ses cheveux gras avec désinvolture, puis se gratta félinement le cou, traçant des sillons clairs dans la crasse accumulée depuis des mois. Après cela il se plongea dans l’observation de ses ongles noirs avec concentration.

Gabrielle, l’égérie de Niko, égrenait quelques mots sans intérêt ni intelligence. Alixtide ne comprenait pas ce que le gros copain lui trouvait au point d’en être amoureux. Le ventre de Gargoyle se noua à l’idée que Bullet le néglige pour sa « nouvelle équipe », et surtout pour le petit marchand de glaces Kalalli. Sa rage sourde décupla et il posa un regard calculateur sur la belle illusionniste.

Robin, l’ennemi juré et concurrent de Niko, parlait aussi pour ne rien dire d’intéressant. Mais Alixtide songea qu’il se trouvait dans l’équipe de deux proches de Niko, ce qui éveilla les rouages de son véloce cerveau. Il se redressa d’ailleurs sur son siège, mâchouillant ses ongles, et se brancha sur le discours du prof Frichard avec un intérêt nouveau.

Quand la feuille passa devant lui il imprima ses doigts humides et gras sur les marges et lu avec attention. Nora la joufflue embraya sur des questions de pure forme. Puis Lucas sembla s’inquiéter de l’éthique du travail. Alixtide siffla entre ses dents.

« Ah ah… ben c’est tout bien clair ! C’est une mutante dangereuse et si on peut aider la police à l’arrestation, non seulement on sera bien senti de la police en général, et des gens en particulier, mais en plus, elle sera sous les écrous pour longtemps. »

Dit-il en faisant glisser la feuille marquée d’empreintes digitales au suivant. Il décida de répondre aux questions bêtes de Nora pour épargner les nerfs de son éternel débiteur, Mr Frichard.

« Ronda, tu n’es en effet pas à la fête de tout ici… nous devons aider la police humaine, pour montrer que nous sommes plus raisonnables que ce que nos profs ont pu être par exemple. En échange nous saurons simplement célèbres et d’autres gens achèteront nos services. »

Il leva la tête vers le professeur et prit une mine grave et sévère.

« C’était un policier de quelle grappe votre infromateur ? Un colonel bien grappé ou un simple argent de la circulation ? Je veux dire… on fait le travail ocifiellement pour la police ou bien on travaille en noir pour vos amis ? Est-ce qu’on a le droit de dire à la mutante dangeresse que nous sommes la police par exemple ? »

Quelques étoiles brillèrent dans ses yeux quand il se vit en tenue d’agent de police bleue nuit et rutilante de galons. Allait-il réaliser son rêve d’être un grand commissaire grâce à Fish, à défaut d’un grand politicien grâce à Fouba ? Voilà qui ouvrait des perspectives nouvelles aux grands projets du mutant porcher, placés dans l’impasse depuis quelques temps.

Allison était donc là, assise et écoutant les deux arrivants parler. Un homme, noir américain, disant qu’il s’appelait Robin et une femme qui ne se présenta pas et fut un peu direct, demandant directement au professeur la raison de ce briefing. Le professeur répondit rapidement. Bon, le sujet tournait autour d’une madame Peterson, mutante, qui avait tuée un policier et grièvement blessé le second et s’était enfuie. La miss fut choquée lorsqu’elle vit le mot « MUTANT » écrit en gros et rouge sur le dossier de cette femme. Quelles avaient été les causes de l’arrestation ? D’ailleurs, que leur demandait exactement monsieur Fish ? Qu’on retrouve la mutante ? Qu’on aide la police ? Alli était prête à faire cela seulement et uniquement si la mutante avait commit un délit, dans le cas contraire, elle ne ferait rien…
Apparemment, elle n’était pas la seule à penser cela, la fin de la phrase de Lucas prouvait bien qu’elle n’était pas toute seule, heureusement d’un côté…

Rapidement, la demoiselle pensa à autre chose qu’à cette mission pendant quelques secondes lorsqu’elle vit une autre personne entrer : Alix. A sa vue, Allison leva les yeux en l’air et affichât une petite moue contrariée. Malheureusement, elle le connaissait, un tout petit peu. Elle l’avait rencontré à l’institut le jour où elle venait tout juste d’arriver, il avait piqué une espèce de crise sans raison et l’avait presque rabaissée. Ainsi, le monsieur figura rapidement dans sa liste des « imbéciles de l’institut ». Et le pire, c’est qu’il était donc dans son groupe. Mais en face de lui, la demoiselle serait obligée de le respecter un minimum, après tout, il était plus ancien qu’elle. Ainsi, sa moue disparut très rapidement mais cette dernière se réaffichât lorsqu’elle sentie l’odeur de ce dernier. Une moue presque de dégout et elle se pinça le nez.
D’un geste qui aurait parut presque comme un réflexe, la miss sortit un petit tube de parfum de l’une de ses poches et vaporisa brièvement l’air qui était autour d’elle. La miss n’allait pas imposer l’odeur vanille de son parfum à tout le monde… Elle avait un parfum sur elle ? Oh que oui. Certaines femmes se baladent avec de gros sacs à main plein de maquillage, Alli, elle, se contentait d’un petit tube de parfum qu’elle n’utilisait, au passage, que rarement. Mais pour une fois, elle fut bien heureuse de l’avoir prise sur elle.

Une fois ceci fait, le parfum rentra dans sa poche et la demoiselle se reconcentra sur la situation présente. « Quel type de délit à commit cette… mutante ? » Dit-elle lorsque ses yeux se posèrent sur la photo de la femme. De plus, lorsqu’elle entendit les paroles d’Alix, la demoiselle ne put que lui rétorquer :

« Célèbres ?! Nous, mutants, ne sommes pas des héros et encore moins des mercenaires ! »

Suite à ces quelques mots, la demoiselle se tut tout simplement en attendant la réponse de monsieur Fich.

Richard écouta chacun des élèves exprimer son opinion, un à un. Certains semblaient plutôt réticent à l’idée d’aller chercher cette mutante, et il le comprenait bien, étant donné qu’il ne leur avait pas donné le motif pour lequel elle était recherchée par la police. Une autre question, à laquelle il s’était attendu, était de savoir quelles étaient ses sources. Là dessus, il avait pleinement confiance, il ne restait plus qu’à savoir si les élèves lui feraient confiance de la même manière...

« Oui c’est en quelque sorte ce qu’on nous demande... Il faudrait la trouver dans un premier temps, afin d’être certain qu’elle ne blesse plus personne. Par contre... on ne peut pas vraiment dire que ce sont les forces de l’ordre qui ont fait appel à nous. Donc Alixtide... il vaudrait mieux éviter de crier sur les toits que nous travaillons pour eux. Il ne se gênerait pas pour démentir l’information. Celui qui m’a donné ces renseignements, c’est un ami de longue date, je lui fais entièrement confiance. »

L’avocat leva les yeux sur Lucas, qui ne cessait de le fixer depuis tout à l’heure. S’il ne connaissait pas le jeune homme, il se serait sans doute senti dérangé par tant d’insistance. Richard se tourna plus particulièrement vers Nora et Allison, relevant mais sans commenter le fait qu’Alixtide se considérait comme plus responsable que lui, et l’ensemble des professeurs. Mais surtout lui...

« Je comprends que ce ne soit pas évident pour vous, vous venez d’arriver... Nous ne faisons pas ça pour la célébrité, et nous ne sommes pas non plus des mercenaires. Disons plutôt qu’on essai de faire en sorte que les relations avec la population et le gouvernement, si elles ne s’améliorent pas, au moins ne se dégradent pas davantage. Et puis dans ce genre de situation, je considère que nous devons les aider si nous le pouvons... Normal qu’ils soient dépassés. Mais je ne vous oblige à rien. »

Puis il se retourna vers tous les élèves, répondant ainsi aux interrogations d’Allison et de Lucas, ce qui expliquerait aussi ce qu’il sous-entendait par ‘ce genre de situation’.

« Mary Peterson... était déjà recherché pour meurtre. Cela se serait passer avant hier, d’après la police, Ronald Dagan serait rentré chez lui, où elle l’attendait. Un voisin a déclaré qu’elle était là depuis un moment. Par contre, les circonstances de sa mort son plutôt vague, je dois d’ailleurs aller me renseigner à ce sujet. Vous, j’aimerais que vous alliez à son appartement, afin d’essayer de trouver une piste pour la retrouver, Cérebra ne peut pas nous dire où elle se trouve, j'ai essayé. Je ne pense pas qu’il y ai beaucoup de risque à aller là bas. »

Richard attendit un peu. Il ne pensait effectivement que ce soit vraiment dangereux de se rendre là bas. Pas comme à Versailles en tout cas... Mais cela ne l’empêchait pas d’être inquiet, comme à chaque fois qu’il faisait appel à des adolescents. Sur la feuille il n’y avait pas grand chose, l’enquête en cours n’en était encore qu’au début. Par contre, il pu voir qu’il ne s’agissait pas d’une gamine, mais plutôt d’une jeune femme, son âge indiquant qu’elle avait tout juste 30 ans.

« Bien, je pense vous avoir tout dis... »

Nora Winter se passa la main dans les cheveux. Où était-elle tombée ? Voilà qu'il fallait sauver les gens maintenant. Et une meurtrière. Elle écouta le groupe, sa famille temporaire. En attendant de trouver mieux. Elle décida de se présenter avant tout. Il est vrai qu'avec tout se stresse, elle en avait oublié la politesse élémentaire.

" J'ai omis de me présenter. Je suis Nora Winter ou Soulrider. J'ai quelques... Notions de télépathie mais je m'en suis servie très peu. Je peux... rendre mal à l'aise une personne et savoir ce qu'il pense. Juste des pensées qui passent comme ça. "

Inutile de les alarmer sur le fait qu'elle y prenait un peu de plaisir.

" En ce qui concerne le groupe, vous pouvez me faire confiance. Je suis nouvelle dans ce... milieu. Je sais que cela peut-être dangereux et je ferais de mon mieux... "

Nora était sincère et se sentait un peu gênée. Elle n'accorda pas de regard à celui qui n'avait pas l'air sympathique. Elle penserait aussi à emporter un peu de parfum. Elle n'avait pas d'apriori sur la personne à arrêter. Elle attendait de la retrouver et de l'écouter avant de porter un jugement. Elle avait accepté de rentrer dans ce groupe pour seule raison, froide et sans émotions, la vengeance.

Alixtide haussa un sourcil incrédule devant la réplique naïve de la jeune tigresse. Ni des héros ni des mercenaires ? On ne lui avait donc pas expliqué la raison d’être de l’Institut ? Où se croyait-elle, au CIAM ? Où l’on se repose en étant tranquillement soigné ?
Ayant pris la décision ferme de ne plus aider les nouveaux – par définition ingrats – il reporta sa pleine attention sur le professeur.

Mais celui-ci réservait une autre surprise de poids ! Non seulement le fier avocat avouait lui-même qu’on agirait tout à fait illégalement, mais en plus, il fallait « visiter » l’appartement de cette femme ! Le jeune mutant bondit presque sur sa chaise. Il crut n’avoir pas bien compris les mots du professeur tellement le piège était grossier. Il se rebella.

« Purin pas beaucoup de risques ?? Ah ben je crois bien ! C’est bien plus dangereux que ça d’entrer interditement dans la chambre d’une fille ! On dirait que vous l’avez jamais fait ! On va se faire exclure de quelque part, moi je vous dis. Et je ne toucherai à rien du tout je vous préviens. »

Dit-il en croisant les bras d’un air très mécontent. C’était donc ça. Fish ne l’avait pas choisi par reconnaissance, mais bien pour son passé criminel au sein des Oryx. L’avocat avait lu son dossier disciplinaire et noté que Gargoyle pouvait mettre ses mains sales partout et souffrir toutes les répressions sans ciller, le tout avec la pire équipe de fous ou de bras cassés. Voilà qui changeait tout !

*Purin ! Faut que je le dise à Gorgia, Niko, et aussi Camille pour information. Non pas Niko ! Il s'en ficherait.*

Alixtide prit son air le plus sombre et le plus inquisiteur en écoutant l’intervention de la nouvelle. D’ailleurs elle ne commenta pas la réponse cordiale qu’il avait faite à sa question naïve. Voilà encore un point qui confirmait qu’Alixtide n’était qu’un pion jetable dans cette sordide affaire.

« Hé Soulfriser, fais-moi un gros câlin ! Va falloir que tu sois plus que des notions de télapathie, car si on rencontre comme par le plan gru des hasards la monstresse Mary Pietreson chez elle, pendant qu’on y est aussi… ça saura bien de lui injecter des idées de gentillesse à l’envers nous… »

Voilà qu’il fallait expliquer aux nouveaux comment marchent leur pouvoir ! Ah décidemment, le plan de Fish était clair ! Il envoyait les mutants inutiles/impopulaires/inconnus au bataillon, faire le sale boulot, pendant que lui allait aux renseignements ! Cela lui rappela un rigolo poème Breton qu’il avait trouvé dans le dernier Mutation qu’il lisait aux toilettes. Il avait beaucoup lu et relu ces strophes amusantes, par paresse d’entamer des articles plus longs, et à défaut de trouver l’horoscope mutant. Il chantonna.

« Six petits mutants fouillassaient en héros,
Une monstre à l’un défit la peau
N’en resta plus que quatre. »

Il tira un grand sourire amical, un clin d’œil à Saucissonne. Heureusement pour eux qu’Alixtide était un mutant responsable, jovial et miséricordieux. Finalement il surveillerait les deux nouvelles incompétentes et insolentes, pendant que Lucas, Gabrielle et Robin fouilleraient les tiroirs. Voilà c’était parfait.

Il se frotta rapidement les manches, écarta d’un vif mouvement de tête une mèche de cheveux gras barrant son œil, et plaqua ses mains sur la table comme pour se lever.

« Bon, on y va ? »