Re: Une journée à Sunbury, Pennsylvanie

Sam 22 Nov 2008 - 3:26

Patricia observa la première le papier... Elle le lut attentivement.

"Effectivement, elle a l'air secouée... Mais je me demande bien comment elle pu te piquer tes affaires dans ton casier... La police, ça pourrait être une idée... D'ailleurs, le shérif en a déjà entendu parler... Au moment, tu sais de cette histoire d'eau de javel ? Je crois même que mon père l'avait reçue en consultation à un moment donné..."

Bobby tenta de lire par dessus l'épaule de Patricia, puis n'y tenant plus il saisit violemment le papier des mains de la jeune fille.

"Hey ça va pas !" s'indigna t'elle.

Quelques instants plus tard, le temps de la lecture, Bobby éclata :

"Non mais c'est quoi c'te dingo ? Elle peut pas te fiche la paix ?"

Puis se calmant, il ajouta :

"La police... Tu parles qu'elle fichera rien. Claire..."

Il prit les mains de son amie.

"Si tu veux, je t'accompagne... On y va tous les deux et je lui expliquerai deux ou trois trucs..."

Sam 22 Nov 2008 - 17:47

Lorsque Patricia demanda comment Julie avait bien pu prendre les choses dans son casier, Claire haussa les épaules, presque découragée. Après la montée de rage et d'adrénaline, elle se sentait maintenant plus impuissante qu'autre chose. Levant les yeux de ses chaussures pour regarder P, elle signa plus calmement;

"Elle a surement un truc. Si elle est capable de m'observer sans que je ne la vois, et de rentrer dans ma maison pendant que je dors sans me réveiller, elle est capable de trouver un numéro de cadenas sans problème."

Elle s'appuya le visage dans ses mains, les coudes appuyés sur le comptoir et ses doigts aux ongles lilas se recourbant sur son front. Claire se sentait faible et inutile. Mentalement, elle récapitula; Elle se faisait observer, suivre et voler par une fille qu'elle ne connait pas et que, pire, elle ne voyait pas. Qu'est-ce qu'une petite muette pouvait bien y faire.

Elle écoutait d'une oreille distraite la petite bagarre entre Patricia et Bobby puis soupira au commentaire de Bobby. Elle redressa la tête, lorsque B lui dit la seule solution qui lui venait en tête pour l'aider, la police, n'était pas une bonne idée. Presque implorants, ses grands yeux bleus regardaient ceux de Bobby pour qu'il trouve une solution. Une solution qui vint quelque secondes après.

Claire acquiesça avec un léger sourire, puis serra doucement les mains de Bobby entre les siennes, comme pour prendre un peu de son courage. Claire tourna la tête vers Patricia la regardant dans les yeux, comme pour lui demander son avis, et si elle voulait venir. Puis, pensant à quelque chose, qu'elle jugea sur le moment important, elle libéra ses mains de celle de Bobby pour lui écrire sur un papier:

Claire, sur le papier, a écrit: Tu portes pas de slip rose, j'espère?

Dim 23 Nov 2008 - 0:33

Patricia comprit le regard et haussa les épaules. Après tout, ils étaient amis et les amis ça se serrent les coudes.

"Bon je pense que vous faites une grosse bêtise... Mais je vais venir avec vous. Faut tirer cette affaire au clair. Pis je suis presque sûre qu'elle est pas dangereuse... Et on aura Bobby, pour nous aider !"

Elle aimait bien le mettre en boîte. Bobby le lourdaud sourit comme un cornichon. Lui, il aimait bien jouer au chevalier servant !

"Bah, je serai là ouais" répliqua t'il plus calmement. "Avec moi, rien ne peut vous arriver !"

Puis entendant la drôle de question de Claire, il eut une mine gêné :

"Ben euh... Là en ce moment, je porte pas de slip du tout... Mais j'aime bien le rose en général, je trouve que ça fait sensible comme couleur... Et mon pédopsy, il m'a dit que je devais travailler ma sensibilité pour que j'arrête de taper des crises..."

*
* *

Une journée à Sunbury, Pennsylvanie - Page 2 Infrastructure_WillamettePlant

Arrivée sur les lieux de l'usine désaffectée où Claire avait vu Julie, la petite troupe considéra quelques instants les lieux.

Patricia avala sa salive et lança :

"Bon, je connais un peu les lieux parce que... Enfin peu importe. Dans le hall, c'est là où les gens vont pour fumer ou boire des bières. J'sais aussi qu'il y a des petites pièces attenantes qui devaient servir de bureaux où... Enfin bref. Y a un sous sol aussi... Plus toutes les parties techniques, mais ça j'y comprends rien..."

Elle se tourna vers son amie :

"Alors, t'as une idée de où elle pourrait être Julie ?"

Dim 23 Nov 2008 - 18:13

Si, après la réponse assez comique de Bobby, Claire quitta la piscine le coeur un peu plus léger, les pas qui l'approchaient de l'usine le resserrait dans sa poitrine. Son sac lui sembla plus lourd qu'avant quand elle remarqua le bâtiment. En même temps que Patricia, elle avala sa salive, puis elle saisit, de chaque côtés d'elle, la main de ses amis. Ses propres mains semblaient gelées contre celles de ses amis.

Claire regarda Patricia quand celle-ci se tourna vers elle. Elle haussa très lentement les épaules, les yeux un peu inquiet. Elle laissa aller les mains de ses amis puis signa:

"Elle m'avait rejoint à l'extérieur, elle est sortit par là."

Elle leva sa main droite et pointa un peu plus loin, à l'endroit où elle crut se souvenir voir Julie sortir. Est-ce qu'il y avait une porte? Claire ne savait pas. La muette regardait l'usine, inquiète de ce qui allait se passer. Elle jeta un regard à Bobby. Est-ce qu'elle allait lui faire encore du mal?

"On devrait attendre ici, non?", signa t'elle, rapidement. "Elle doit nous attendre, ou bien elle nous suivait déjà au départ..."

Claire sentait la peur monter en elle, alors qu'elle regardait autour d'elle anxieusement. Puis, prenant son courage à deux mains, elle se redressa puis prit une profonde respiration. Ses grands yeux se plissèrent et ses poings se serrèrent. Soudainement déterminée, Claire fit un pas à l'avant et se tourna pour faire face à ses amis.

"S'il y a quelque chose qui se passe qui peut devenir dangereux," Claire signa, en regardant ses amis dans les yeux à tour de rôle. "On s'en va. D'accord?"

Lun 24 Nov 2008 - 14:18

"Tu crois qu'elle nous aurait suivi ?" lança Patricia un peu effrayée. "Mais PERSONNE ne nous as suivi ! On l'aurait vu quand même, non ?"

La jeune fille de psychiatre tremblait comme une feuille. Puis se reprenant pour faire bonne figure, elle continua :

"Oui, attendre ça peut être une bonne idée..."

Patricia se mordait la lèvre, signe extérieur de nervosité. Bobby, quant à lui, passa sa grosse patte autour de l'épaule de Claire.

"T'inquiète, c'est rien qu'une pauv'folle... Et si ça devient dangereux, je lui mettrai une danse !"

C'est à peu près à ce moment qu'à l'endroit indiqué par Claire, Julie fit son apparition. Il y avait une bonne distance et il faudrait bien une dizaine de secondes pour rejoindre la jeune fille perturbée à la course...

Bobby, sentant son sang ne faire qu'un tour, lâcha la mutante muette et piqua un sprint en direction de Julie. Quant à cette dernière, calmement elle se dirigea vers l'endroit d'où elle était vraisemblablement sortie, disparaîssant ainsi du champ de vision des deux jeunes filles. Puis Bobby sortit à son tour du champ de vision.

Patricia, après mure réflexion, entraîna Claire par la main dans la même direction. Elles se retrouvèrent toutes deux à l'entrée de l'usine : il n'y avait traces ni de Julie ni même de Bobby...

Lun 24 Nov 2008 - 20:52

Le cœur de Claire fit un bond dans sa poitrine. En voyant d’abord Julie, puis lorsque Bobby se mit à courir vers elle. Ça s’était dangereux ! Si elle avait pu crier, elle aurait surement dit quelque chose du genre « Bobby, grand insignifiant ! Reviens ici ! ». Encore figée, elle se fit trainer par Patricia jusqu’à l’entrée de l’usine, où personne n’était. La muette jeta un coup d’œil autour. Il n’y avait pas de traces de Bobby et de Julie.

La muette regardait Patricia, un air paniquée dans les yeux. Si son amie avait eut l’air inquiète tout à l’heure, Claire avait probablement l’air sur le bord de la crise. Mentalement, elle insultait de toutes les façons possibles Bobby, comme pour couvrir la peur qui gémissait à l’arrière de sa tête. Elle respirait rapidement, comme si elle avait peur que son cerveau manque d’oxygène, alors qu’elle lui en donnait trop maintenant.

Claire ne voulait pas lâcher la main de Patricia. Elle avait l’impression d’être dans un mauvais film de suspense. Claire tourna son regard vers l’entrée de l’usine, observant l’intérieur. Elles ne pouvaient pas rester là et attendre qu’il se passe quelque chose à l’intérieur. Elles devaient faire quelque chose ! C’était à cause d’elle, tout était de sa faute… Claire ferma les yeux, sentant ses lobes d’oreilles redevenir rouge.

Elle mettait ses deux amis en danger. Oui, en danger. Bien qu’ils essayaient de la convaincre que c’était qu’une folle, Claire sentait que Julie pouvait être dangereuse. Et maintenant, Bobby était peut être en danger. Claire calma sa respiration, la poitrine serrée. La muette sentit des larmes chaudes lui bruler les paupières, puis ouvrit les yeux pour ne pas leur laisser libre passage. Elle libéra la main de Patricia et signa lentement ;
"Il faut que j’aille voir ce qui se passe, je peux pas laisser Bobby seul. Je peux pas non plus te demander de venir avec moi. Je ne me pardonnerais jamais s’il vous arrive quelque chose par ma faute."

Claire eut un léger sourire et posa ses mains sur les épaules de Patricia, observant le regard de son amie. La connaissant, Claire était presque certaine qu'elle allait venir. Elle serra doucement les épaules puis les laissa aller, signant ;

"Tu me suis, si tu veux."

La muette se tourna face à l’entrée de l’usine, et s’avança lentement pour y entrer.

Mar 25 Nov 2008 - 3:22

Patricia resta figée. Visiblement, elle avait eu assez d'action pour aujourd'hui. Ainsi, Claire se lança seule à la recherche de Bobby et de la folle.

Dans le hall de l'usine : rien. C'était vieux, décrépit, ça sentait mauvais et le sol était jonché de divers détritus.

Continuant son exploration, la muette traversa le hall puis visita une bonne partie du rez de chaussé. Toujours sans succès.

Une journée à Sunbury, Pennsylvanie - Page 2 Taudis

Une journée à Sunbury, Pennsylvanie - Page 2 Taudis

Enfin, au sous sol, elle déboucha dans une pièce misérable pauvrement meublée : un lit, une table de nuit jonchée de papiers, un point d'eau, des plaques chauffantes, une table, une chaise où reposaient deux sacoches en cuir et une boite posée à même le sol, du genre de celles qui servent au rangement...

Quelqu'un vraisemblablement habitait ici...

Une journée à Sunbury, Pennsylvanie - Page 2 Portrait

Une journée à Sunbury, Pennsylvanie - Page 2 Portrait

Posée sur le lit, une photographie d'une personne qu'elle reconnut comme étant le frère de Julie, le type des plateaux repas...

Mer 26 Nov 2008 - 23:55

Claire fit son chemin dans l'usine, commençant son observation seule. Bien qu'elle fut surprise que Patricia ne vienne pas, car Claire la croyait intriguée par Julie, elle fut très soulagée. Elle n'aura pas à s'inquiéter pour Patricia aussi, en plus de Bobby. Claire soupira en pensant à Bobby. Elle était inquiète pour lui, car elle ne l'avait pas retrouvée encore. En fait, Claire était inquiète tout court. La sueur qui coulait sur sa nuque, la faisant frissonner, en était la preuve. Sa respiration était plus rapide que normalement, mais n'était pas paniquée. Pour le moment..

En entrant dans la pièce, Claire resta plus ou moins surprise de ce qu'elle vit. On dirait que Julie avait élu domicile à cet endroit, dans l'usine désaffectée. Elle fit quelque pas, lentement comme si elle voulait être certaine de ne pas tomber sur un piège quelconque. En observant autour d'elle, elle remarqua la boîte et les deux sacoches noires. Intriguée, et voyant que Julie et Bobby n'était pas là, elle s'approcha pour regarder ce que c'était.

En s'approchant des objets, son œil fut attiré par quelque chose sur le lit. En tournant la tête, elle remarqua la photo. Plissant légèrement les yeux pour bien se souvenir de qui était sur la photo, Claire se pencha et la prit délicatement dans sa main. C'était le garçon aux plateaux. Son air était sérieux sur la photo, comme une photo de porte-folio. C'était peut être ça qu'il était parti faire à New York. C'était bien à New York que Patricia avait dit qu'il était parti? Claire, comme pour se répondre à elle même, haussa les épaules et soupira. Ce n'était pas important.

La muette tourna la tête vers la boîte de rangement et s'approcha, tenant toujours dans sa main la photo. Un drôle de papillon bougea dans son ventre alors qu'elle se tenait prête à ouvrir la boîte. Pourquoi? Elle ne savait pas. Elle se pencha alors pour soulever délicatement le couvercle.

Jeu 27 Nov 2008 - 19:52

Ouvrant la boite, Claire eut l'énorme surprise de reconnaître à peu près l'entier contenu de celle-ci : une peluche qu'elle avait cru disparue il y a quelques temps, un ticket déchiré de cinéma pour un film qu'elle était allé voir, un brouillon de cours portant son écriture à elle, un livre de théâtre qu'elle pensait avoir égaré au parc...

En tout il y avait bien une vingtaine de bricoles diverses et variées qui appartenaient toutes à la jeune muette.

Il y avait également plusieurs pages noircies d'une écriture qui n'était pas la sienne. Cela ressemblait à une sorte de journal intime, sauf que les messages portaient simplement des jours de la semaine.

LUNDI : Cher journal, je sais pas trop quoi écrire alors je vais commencer par le début. Je m'appelle Julie Mathews. Ou simplement Julie. Ou Julie Croa Croa. Ou Julie la folle. B. m'appelait aussi avant mon lapin. Mais ça c'est fini depuis longtemps ! Je vis dans un endroit qui est grand ! Et j'ai beaucoup de visiteurs, souvent... Je les entends rire, parler... Je les vois fumer ou boire des bières ou s'embrasser. Eux, ne me voit pas. Et c'est très bien ainsi.

JEUDI : J'ai vu la fille du psy aujourd'hui. Elle était accompagnée. Le garçon avait l'air moins beau que B., mais après tout s'il est plus gentil avec elle ? J'aime pas le Dr. G., il me croit folle et peut être qu'il n'a pas tort... Mais... Je n'ai jamais menti. Ni lui, ni le shériff ne m'ont cru à l'époque. Paraîtrait que je serai folle et que j'aurai tout inventé. Pis aussi que je suis pas capable de lire les étiquettes des bouteilles. En attendant je ne chante plus maintenant.

MARDI : G. est parti pour New York depuis quelque temps déjà. D. quant à elle, j'sais pas trop ce qu'elle fait. Elle traîne beaucoup. En plus en la regardant, on croirait pas qu'on est soeurs ! Je pense même qu'elle est plus folle que moi avec tous ses changements de tenue... Aujourd'hui, elle dit qu'elle est une beatnick. Pas trop compris mais bon...

VENDREDI : G. n'a pas donné de nouvelles. Elle est inquiète et moi aussi un peu. Je sais que G. est le plus malin de nous 3 et qu'il devait aller étudier dans une école pour les gens comme nous... La ville porte un nom rigolo. Comme dans un des bouquins de théâtre ronflant que j'ai piqué à C. !

DIMANCHE : C. est si jolie... On est pareilles, elle et moi ! Sauf qu'elle a une famille et moi j'en ai plus... D. est partie à New York aussi pour chercher G. Je m'inquiète beaucoup. C. est comme moi, elle est une M. (chuuut faut pas l'écrire trop fort !). Elle aime la piscine qui sent la javel et moi le Dr. G. dit que j'aime la javel... Et puis B. l'aime comme il m'aimait... Et comme on dit : qui aime bien chatie bien ?

J'ai été bien chatiée.

LUNDI : G. est mort

Le journal s'arrêta là. A ce moment, Claire entendit la porte se fermer... Pourtant il ne semblait y avoir personne dans la pièce...

Jeu 27 Nov 2008 - 20:54

Avec une surprise que son visage expressif ne cacha pas, Claire regarda le vieux billet de cinéma et le recueil de théatre qu'elle se souvenait avoir lut quelques mois auparavant. Une boule de colère monta dans sa gorge pour venir s'appuyer contre son pharynx. Pourquoi Julie lui avait-elle pris ces choses? La jeune muette serra des dents et s'asseya sur la chaise, regardant la boîte. Elle n'y croyait pas.

La jeune femme regarda la photo qu'elle tenait toujours dans sa main, et soupira. Sa colère redescendit à l'endroit d'où il venait alors qu'elle pensait à la situation de Julie. Même si elle était folle, cette fille était seule et devait habiter dans une usine désafectée! Tous les évenements de la journée commençaient à peser sur les épaules de la jeune muette.

La peur, la curiosité, la fureur, l'inquiétude. Et maintenant, de la compassion. On ne pouvait pas dire pitié, pas venant de Claire. La jeune femme aidait les gens du mieux qu'elle pouvait et était empathique, sans pour autant être trop sympathique. Épuisée par les vagues d'émotions contradictoires qui venaient et passaient, Claire quitta la photo des yeux pour regarder ses choses dans la boîte.

Elle remarqua alors le petit cahier noir. Fronçant les sourcils, Claire se pencha vers l'avant et étira son bras afin de tirer le journal de la boîte. Elle le feuilleta rapidement, puis ouvrit la première page pour lire. Sa curiosité reprenant le dessus, elle n'eut pas la force d'arrêter de lire, même en voyant que c'était un journal intime.

Les yeux balayant les lignes manuscrites du petit cahier, Claire parcourut un peu la vie de Julie. Avec un léger sourire, elle remarqua les abbréviations que Julie utilisait pour les noms. Visiblement, elle avait la même manie qu'elle. Julie avait raison, elles étaient pareils en quelques points. Rendue au vendredi, Claire laissa échapper un rire muet. Ses épaules tremblèrent quelques secondes. Bouquin ronflant? Visiblement, elles n'étaient pas semblables sur tous les points.

Le dimanche serra la poitrine de Claire. Claire comprenait maintenant un peu mieux ce que vivait Julie. Elle savait que quelque part au fond de son esprit, l'inquiétude se cachait avec la peur derrière sa compassion. Mais qu'ils n'étaient jamais très loin de sortir, surtout si elle voyait Julie.

Et en plus...Qu'est-ce qu'un "M"?

Si le coeur de Claire s'était serrée auparavent, il arrêta complètement de battre quelques secondes à la dernière phrase. Ses yeux quittèrent les lettres manuscrites pour glisser sur la photo qu'elle tenait dans sa main. Les yeux sévères du jeunes hommes l'observait, et le papier givré de la photo semblait soudainement plus lourd qu'avant.

La porte claqua, le bruit sourd résonnait dans la pièce. Reprenant soudainement vie, Claire sauta sur ses pieds, laissant tomber mollement le cahier par terre. Paniquée, elle regardait dans la pièce, sans rien voir. Soupirant de soulagement, Claire se calma. C'était probablement un courant d'air, avec toutes les fenêtres brisées que l'usine avait.

Le bruit fit réaliser à Claire la raison de sa présence à cet endroit, et elle reposa la photo sur le lit de Julie. Il fallait qu'elle retrouve Bobby. Claire souleva la boite de rangement avec ses objets et se dirigea vers la porte, afin de continuer la recherche de l'endroit.

Jeu 27 Nov 2008 - 21:26

Alors que la muette s'approchait de la porte pour quitter la pièce... Une masse indistincte apparut de nulle part juste devant la porte. C'était très flou mais rapidement les contours se firent plus distincts. Rapidement Claire reconnut Julie qui se tenait appuyée contre la porte, en barrant tout simplement l'accès.

"A-lors, Clai-re, tu aimes chez moi ? Les oi-seaux n'y chantent pas ssssouvent mais c'est là où est mon co-eur. Et une mai-son c'est ça ? Ou pas ?" lança t'elle de sa voix détruite, hachée et mécanique.

Elle souriait mais son visage était perturbée, comme si Julie était en proie à une grande fureur.

"Ton a-mi va bien-tôt nous trou-ver, je penssse... Je ssssais que tu as des que-stions... Mais d'abord, as tu ai-mé mon jour-nal ? Il est rigo-lo, n'est ce pas ?"

La folle montra les sacoches rapidement.

"Si tu ai-mes la lect-ure, tu peut re-garder là bas... Mais c'est à peu près au-ssi gon-flant que tes sorcières de Sa-lem... les po-liciers et les psssys écr-ivent dro-lement, tu trouves pas ?"

Ven 28 Nov 2008 - 3:34

Claire sursauta en apercevant l'air prendre vie devant ses yeux. Elle recula de deux pas pour regarder ensuite, les yeux grossissant sous l'effet de la surprise et de peur, se former l'image de Julie devant elle. Seulement, ce n'était pas son image. Elle était bel et bien là, devant elle... Les jambes de Claire se mirent à trembler et le teint déjà clair de la jeune muette blêmit dangereusement. Comment était-ce possible? Comment pouvait-elle apparaître de nul par de cette façon?

Les immenses yeux bleus de Claire fixaient, horrifiée, la folle. Son visage était terrifiant. Il semblait être remplis d'une si grande haine et d'une si grande colère. Et, Claire était la seule personne présente à qui cette fureur pourrait être associée. La petite femme sentit alors, alors que toute chaleur avait quitté son visage, le bout de ses oreilles devenir en feu. Le tremblement de ses jambes rejoignit ses mains, si bien que Claire reprit alors conscience de la boîte qu'elle tenait.

Rapidement, elle la posa par terre, se redressant rapidement pour ne pas quitter Julie du regard. Claire était terrifiée. Julie était une mutante. "M", pour mutante. La panique emballa le coeur de Claire. Julie disait qu'elle aussi était mutante? À cause de l'incident de la piscine? Les tremblements augmentèrent d'intensité. Elle n'avait aucune idée de ce que pouvait lui faire Julie. Et de ce qu'elle avait fait à Bobby, si elle avait fait quelque chose. La petite muette serra ses deux mains ensemble afin de faire cesser les tremblements. Elle écoutait, immobile, Julie parler.

La jeune femme se croyait dans un mauvais rêve, où elle allait se réveiller d'un moment à l'autre. Claire ne savait pas quoi faire. Elle sentit à nouveau une vague chaude monter derrière ses yeux. Si seulement Patricia pouvait être avec elle. Elle aurait pu la serrer dans ses bras et elle aurait eu moins peur. Claire ferma les yeux afin de refouler ses larmes, puis posa à nouveau les yeux sur Julie.

Cette fois, elle monta le menton en se tenant droite. Quelques couleurs revinrent dans son visage, et elle prit du courage en regardant la fureur du visage à Julie pour alimenter la sienne.

"Arrête de plaisanter! J'en ai assez de tes sottises! Je ne veux pas savoir ce qu'il y a dans ses sacoches! Je veux savoir pourquoi tu me voles mes choses! Que me veux-tu?", signa t'elle, accentuant chaque fins de phrases d'un geste brusque.

Claire fit un geste vers la boîte, puis un autre vers les sacoches. Claire soupira, restant posée, et posa à nouveau ses grands yeux bleus sur Julie. Pour terminer, elle joignit ses mains ensemble, comme pour une prière, et pointa de ses mains jointes le lit de la jeune femme, où se trouvait la photo de son frère.

"Je suis vraiment désolée pour ton frère. Désolée de ce que tu as vécut et ce que tu continues de vivre. Désolée si je peux te faire de la peine pour certaines raisons. Mais j'aimerais que tu me laisses tranquille maintenant...", signa t'elle, avec des gestes lents et gracieux.

Ven 28 Nov 2008 - 3:45

Julie haussa le sourcil, ne bougeant toujours pas de la porte et sourit largement.

Elle continua en signant :

"Je ne plaisante pas. Je te vole des choses pour prendre un peu de ta vie, pour être un peu plus comme toi chaque jour, toi mon double mon idéal..."

Se détendant quelque peu, Julie se déplaça et se cala contre sa table.

"Mon frère est au ciel. C'est peut être mieux comme ça. Et ma soeur, ma vraie, pas toi, est en enfer, je crois... Et Sunbury, c'est le purgatoire pour moi. Je suis la damnée de la terre. Et toi, tu es mon ange... Sauf que je veille sur toi et tes fréquentations"

Elle avait l'air tout d'un coup plus agitée.

"Sur toi, tes fréquentations et tes boissons... Et même si tu es légère, très légère et que tu rends les gens comme des plumes, tu ne peut pas te battre contre les produits ménagers. Et si un garçon t'offre un verre refuse. Même s'il a un slip rose..."

Le sourire avait disparu. Reprenant une attitude plus torturée, la folle termina de sa voix étrange :

"J'avais une ssssi belle voix. Je chan-tais tout le temps comme un ca-na-ri ou une besssstiole du gen-re. Main-te-nant, je ne peut plus fai-re que com-me les ois-eaux noirs a-mateurs de cha-rogne"

Claire observait Julie. Elle l'écoutait attentivement. Lorsqu'elle se déplaça vers la table, Claire se bougea pas. Elle ne voulait pas lui montrer qu'elle avait peur, elle ne voulait pas la blesser d'avantage, surtout qu'elle s'était détendue. Elle écoutait Julie. Plus les mots apparaissaient dans les airs devant les mains de Julie, plus les sourcils de Claire se fronçaient. Des images, des mots, des souvenirs tournaient à toute vitesse dans son esprit.

Julie s'anima, alors que Claire restait aussi immobile que précédemment, réfléchissant à toute vitesse. Claire aurait aimé faire comprendre à Julie que sa vie n'était pas terminée, mais elle se tut pour l'instant, soudainement plus intéressée par ce que la folle venait de dire. Julie veillait à ses fréquentations?

Alors que la mutante s'animait et signait rapidement dans l'air devant elle, les mots de celle-ci restait vif dans la mémoire de Claire. Donc Julie croyait que Claire était une mutante. Et elle croyait qu'elle pouvait rendre les objets légers? Se sentant soudainement étourdie, Claire s'approcha du lit et s'asseya comme quelques instants auparavent, fixant la jeune femme le regard vague. Oui... Elle avait peut être bien raison. Tous les souvenirs qu'elle avait voulut oublier lui revinrent à l'esprit. Claire savait maintenant que ses aptitudes incroyables momentanées étaient peu être, bien évidemment...mutantes.

Claire appuya ses coudes sur ses genoux et posa son front contre ses paumes, la tête qui tournait encore. Une mutante... La petite voix derrière la tête de Claire lui disait; Rien n'était sur, Claire! Resaissit-toi! Regarde Julie parler! À contre-coeur, Claire redressa la tete, le regard un peu perdu, et regarda la femme devant elle.

À sa plus grande surprise, elle ne manqua rien de ce que disait Julie. Mais que disait-elle? Elle ne pouvait pas se battre contre les produits ménagers? Qu'est-ce qu'elle voulait bien dire? Tout se passa alors rapidement dans l'esprit de Claire. Des bouts de phrases résonnaient dans sa tete. Julie qui lui disait d'éviter de se faire offrir un verre par un garçon... Avec slip rose...Patricia qui disait que Julie avait perdu sa voix à cause qu'elle avait but des produits toxiques... Bobby qui disait que Julie était folle...

Les yeux de Claire s'écartèrent et elle se leva sur ses pieds lentement, comme pour ne pas perdre l'équilibre, alors que la voix de Julie résonnait dans la pièce. Était-elle en train de dire qu'elle s'était fait elle-même offrir un verre par un garçon au slip rose, et qu'elle avait perdu sa voix ainsi? Disait-elle que s'était Bobby le garçon au slip rose? Son meilleur ami? Que Bobby, le seule garçon que Claire connaissait qui portait un slip rose, lui avait fait boire des produits ménagers?

C'est totalement débile! Comment Claire pouvait-elle même penser à ça. C'était Bobby, enfin! Il ne pouvait faire de mal à personne. Mais son coeur battait rapidement dans sa poitrine. Sa tête tournait, comme si elle était déshydratée. Espérant que Julie lui dise qu'elle était elle-même folle de penser ça, Claire demanda, les lobes d'oreilles écarlates;

"Est-ce que s'est B? Est-ce que c'est lui, le garçon au slip rose dont tu parles?"

Claire se sentait sur le bord des larmes, espérant de tout coeur que la réponse soit négative.

Julie baissa tristement les yeux... Puis affichant un petit sourire mystérieux, elle semblait vouloir dire quelque chose à Claire...

La folle fut violemment poussée en avant par la porte qui venait de s'ouvrir. Bobby jaillit dans la pièce tel un tigre !

Il avait les yeux fous et explosa de rage quand il vit Claire.

"Claire, sors vite d'ici ! Je vais expliquer à cette pauvre folle deux trois choses de la vie !" cria t'il, hors de lui.

Juliet était toujours à terre. Elle tenta de se relever quand Bobby lui décocha un violent coup de pied au niveau des lombaires, la reclouant pour l'occasion à nouveau au sol...

Debout, elle regarda impuissante la réponse silencieuse de Julie. Bien qu'elle n'ait rien dit, Claire avait l'impression qu'elle répondait positivement à sa question. Le coeur de Claire s'arrêta de battre. Bobby? Son tendre, charmant et drôle petit Bobby? L'une des deux seules personnes qui l'acceptait vraiment comme elle était? L'un de ses deux amis? Comment était-ce possible? Claire sentait les larmes venir brûler ses paupières lorsque, soudainement, la porte s'ouvrit en éclats.

Les larmes que Claire avait dans les yeux coulèrent contre ses joues, mais les autres qui auraient suivit se refoulèrent. Claire se précipita vers Julie et s'accroupit par terre, près d'elle. Une vague d'adrénaline monta dans ses veines lorsqu'elle se tourna vers la porte pour voir ce qui se passait. En voyant Bobby entrer, Claire crut qu'elle aurait été soulagée de le retrouver. Mais en voyant le visage de Bobby, le soulagement de Claire se transforma en inquiétude.

Elle ne l'avait vu de cette manière. Bobby, à ce moment précis, avait l'air plus fou que Julie. Et Claire avait peur de lui. La jeune muette se redressa sur ses pieds pour s'approcher de son ami, tenter de le calmer un peu. C'est avec horreur que Claire regarda Bobby, hors de lieu, complètement furieux, frapper Julie. Elle était peut être folle. Même plus...une mutante. Mais ce n'était pas une raison de la frapper. Claire inspira bruyemment, seul signe extérieur audible qu'elle pouvait faire pour montrer sa peur. Bobby ne la regardait pas surement pas, aussi furieux qu'il était.

Elle se précipita sur Bobby, le poussant de ses deux mains sur ses épaules pour l'éloigner de Julie, l'empêcher de la frapper davantage. Se plaçant donc entre lui et sa victime, la jeune femme plongea ses yeux dans ceux de son ami, essayant de le retrouver dans son regard marron. Ses yeux étaient inquiet, suppliant. Elle continuait à le pousser doucement vers la porte, avec un air qui lui disait "Laisse la tranquille. Allons-nous en..."

Mais, elle ne voyait pas tant d'espoir. La rage de Bobby semblait l'avoir déconnecté sur mondre sensible. Mais en attendant, elle continuait à le repousser. Elle donna un coup, le poussant le plus fort qu'elle pouvait, de toute la force de son petit être frêle. Puis, elle se plaça entre Julie et Bobby, le suppliant toujours du regard. Claire se préparait mentalement à user de force, si c'était nécessaire, envers son meilleur ami...

Voulant s'opposer à la colère de Bobby, se plaçant entre l'objet de sa rage et lui même, Claire jouait un jeu dangereux... Julie, était au sol, ne bougeant plus malgré les coups de Bobby. Celui-ci, toujours exalté par la haine, commit l'inimaginable et, saisissant la muette par les épaules la rejeta violemment contre le mur...

Claire, percutant le mur, s'effondra au sol. Une vive douleur lui lançait dans l'épaule. Sonnée, elle crut perdre connaissance...

... le malaise se dissipa après quelques longs instants : Bobby était devant elle, l'air bouleversé...

"Claire, pardon je voulais pas..." gémissait il. "Mais cette fille est dangereuse ! Elle est folle !"

Bobby sursauta brusquement : la porte venait d'être fermée et verrouillée mais la clé n'était plus dans la serrure. Julie semblait avoir disparu. Et en lettres rouges avaient été tracés, sur le mur en face des deux amis, les mots suivants : "MAINTENANT TU VAS PAYER".

Naïve? Peut être bien. Croyant que Bobby allait s'arrêter, Claire fut surprise en voyant les mains de son ami la prendre par les épaules. Elle se sentait comme au ralentit. Son corps fut propulsé dans les airs. Mais elle ne contrôlait pas son corps alors qu'il allait s'écraser contre le mur de la petite pièce. Claire ferma le plus fort possible ses yeux. Un souffle quitta ses poumons alors qu'elle percuta le mur, et tomba par terre comme une vieille poupée.

La muette se sentait comme si elle allait être malade. Une boule désagréable poussait dans son oesophage, contre la base de sa langue. Et elle n'arrivait plus à bouger, son esprit semblait patiner dans un sable mouvant, tentant de s'en sortir mais s'enfonçant d'avantage. Elle osa ouvrir les yeux et regretta presque immédiatement. La pièce autour d'elle était complètement floue et tournait; elle ne voyait plus rien. Ah si! Elle venait de voir le lit passer devant ses yeux...

Les sourcils de Claire se froncèrent soudainement et elle referma les yeux, n'ayant plus la force de les garder ouverts. Son cerveau venait de réaliser qu'elle avait mal, et le lui faisait savoir assez intensément. Mais il ne lui permettait pas de bouger ses membres. Son épaule lui semblait en miette tellement la douleur était intense. Si elle ne se sentait pas sur le point de tomber dans les pommes, et si elle n'avait pas les cordes vocales ankylosés (bien entendu), elle aurait surement gémit de douleur.

La petite femme se sentait impuissante devant sa situation et se sentait attirer par les vappes qui l'appelaient... Elle voulait succomber mais, malheureusement pour elle, ce moment de confort et d'oubli n'arriva pas. Claire se sentit mieux quelques instants plus tard. M'enfin, mieux... Si on oubliait tout ce qui venait de se passer pendant la journée, son mal de tête, son goût de vomir et son épaule qui la tuait, Claire était prête à aller courrir le marathon...

Les yeux de Claire s'ouvrirent péniblement, sachant qu'elle ne pouvait pas rester éternellement dans la position où elle était. Elle était tombée sur sa jambe droite, repliée sous son corps. Sa tête reposait incomfortablement contre son épaule droite, alors que son bras gauche était écrasé derrière son dos. Son épaule gauche avait pris tout le choc, et ne semblait plus vouloir répondre à la jeune femme.

Lorsque la pièce se dessina devant ses yeux, Bobby apparut dans son champ de vision. Les mots qu'il prononça alors passèrent difficilement dans les oreilles de Claire, comme si un filtre les empêchait de passer. Grimaçant, elle tenta de se redresser lentement, mais arrêta en soupirant fortement. Elle ferma les yeux et les serra fortement ensemble, pour supporter la douleur. Elle posa sa main droite par terre et se plaça plus correctement.

En entendant la porte claquer, elle retomba sur ses fesses et ouvrit rapidement les yeux pour regarder celle-ci. Claire remarqua ensuite l'écriture sur le mur. Elle tourna la tête vers Bobby, et en le voyant distinctement pour la première fois depuis son "retour". Les oreilles de la muette devinrent écarlates et les muscles de ses joues de contractèrent. Ses dents se serraient ensemble et Claire respirait rapidement. Si Bobby se souvenait bien de ce que voulait dire ces signes, il pourrait savoir qu'elle était furieuse. Vraiment furieuse.

Claire bougea brusquement les bras pour signer à Bobby. En sentant la douleur lancinante dans son épaule, elle arrêta et frappa furieusement de sa main droite le sol à côté d'elle, comme pour faire passer la douleur ailleurs. À la place, elle avait mal aux deux endroits. Si elle avait pu, elle se serrait mise à hurler de colère. Elle n'avait réellement pas envie de sortir son petit calepin et écrite des petits messages à Bobby... Elle n'en avait vraiment pas la patience.

Brusquement, de son bras valide, elle frappa la poitrine de Bobby du dos de sa main. Elle le regardait, ses yeux clairs rendus sombre par la fureur qui s'y trouvait. Elle se frappa la tempe, plus fort qu'elle ne l'aurait voulut, et pointa alors furieusement le mur avec l'écriture. En gros, elle espérait faire comprendre à son ami ; "C'est quoi ton foutu problème avec Julie!" Si son message était pas clair, ses yeux demandaient rapidement une explication....

Bobby était devenu blême : l'inscription ne semblait pas l'enchanter plus que ça... Il paraissait même terrorisé !

Regardant à nouveau Claire, celle-ci put constater qu'il suait à grosses gouttes. La panique le submergeait.

"C'est pas ce que tu crois ! C'est pas ce que tu crois !" commença-t-il à brailler.

"C'était juste parce qu'elle m'avait énervé... J'étais petit à l'époque ! Et le Dr. Glen et le shérif, ils ont dit que c'était pas ma faute... que j'étais pas responsable... Pis elle est barge ! Alors un peu plus, un peu moins..."

Il se prit le visage dans les mains. Commença à sangloter.

"Elle se moquait tout le temps de moi. Avec sa voix. Elle arrêtait pas de faire sa maligne. De dire que j'étais bête et idiot et lent. Et tout le monde admirait ses chansons..."

Redressant la tête, les yeux en larmes, il termina :

"J'veux pas crever... J'veux pas crever, Claire... Fais quelque chose..."

Il la suppliait du regard.

D'un coup, il se plia en deux comme frappé par un poing invisible. Puis une des sacoches s'envola comme portée par une main invisible et le percuta violemment au visage. Bobby semblait ne rien comprendre.

La sacoche retomba au sol et une des chaises se leva dans les airs, doucement, en direction de l'ami de Claire...

Claire regardait Bobby. Un B totalement paniqué. Claire fronça un peu plus les sourcils. Terrorisé, même. Et ce n'était pas à cause d'elle. La vue de l'inscription avait enlever le peu de couleur que son visage portait. Ce qu'elle avait pris pour des petites menaces, vides, avaient l'air beaucoup plus importante aux yeux de Bobby. Les oreilles de la muette palirent tranquillement, la fureur se dissipait tranquillement du coeur de celle-ci.

En voyant son ami pleurer, Claire soupira et se redressa sur ses pieds. Pourquoi est-ce qu'elle n'était pas capable d'être fachée plus que 5 minutes, alors qu'elle voulait l'être! Elle avait envie d'être furieuse, et de faire sortir tout le trop plein d'émotion en frappant par terre, ou contre le mur, au risque de se blesser à l'autre membre! Un autre soupir échappa de la gorge de Claire avant qu'elle s'avance pour poser doucement sa main valide contre l'épaule de son ami.

Elle l'écouta attentivement, mais ne comprenait pas exactement ce qu'il disait. Elle ne faisait qu'entendre, impuissante, la détresse et la peur dans la voix de Bobby. Ses questions espéraient en savoir plus sur ce que Bobby disait, mais Claire n'avait pas la force d'interroger davantage son ami, surtout pas dans cet état. Et pis, des amis, à quoi est-ce que ça sert si c'est pour ne pas se pardonner quand l'un brisait l'épaule à l'autre...

Cependant, la dernière phrase de Bobby lui glaça le sang dans les veines. Pourquoi est-ce qu'il creverait? Les yeux de Claire quittèrent quelques instants Bobby pour regarder le mur. L'inscription? Elle était vraie? Et Bobby le savait? Mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire contre ça? Elle se retourna vers son ami à tant pour le voir se plier en deux sous un impact invisible.

Les yeux écartillés par la surprise, Claire s'éloigna d'un pas. Elle regarda, sous le choc de la surprise, surprise qu'elle partageait visiblement avec Bobby, la saccoche voler vers Bobby pour le percuter au visage. Claire grimaça à la douleur que le coup a dû donner à son ami. Quoiqu'elle était immobile, et ne semblait rien faire, elle réfléchissait à toute vitesse.

Julie qui s'était matérialisée devant elle, la porte qui s'était fermée toute seule, et maintenant une force invisible battait son ami. Logiquement, si on était le moindrement intelligent, et Claire estimait qu'elle l'était, la conclusion suivante était plausible; Julie, qui était mutante, avait comme pouvoir d'être invisible. Ça se tenait.

Et c'était elle qui venait frapper son ami. Bien qu'elle comprenait pourquoi, elle ne pouvait pas la laisser faire du mal à son ami, comme elle n'avait pas pu laisser Bobby lui faire du mal à elle. Elle se tourna vers l'image invisible qu'elle se faisait de Julie, derrière la chaise brandit pour frapper Bobby. De sa main valide, Claire prit une des pattes de la chaise et immobilisa la chaise.

Regardant dans le vide derrière l'objet, Claire secoua la tête. Pour déstabiliser Julie, elle tira, d'un coup sec, la chaise vers elle. Avec une grande force, elle poussa ensuite la chaise devant elle, où elle croyait que Julie était.

Claire avait vu juste. Elle réussit à immobiliser la chaise qui résista quelque peu... Mais vraisemblablement la natation aidant, la jeune mutante avait plus de force que l'invisible.

Tirant puis poussant la chaise, elle parvint à déstabiliser la force invisible qui tenait cet élément de mobilier.

Claire sentait que la résistance à laquelle elle s'opposait commençait à décroitre. Puis sans grande surprise, la voix étrange de Julie résonna devant elle.

"Clai-re, laisssssse moi tuer Bo-bby. C'est tout ce qui me res-te. Je n'ai plus rien. A cau-se de lui, à cau-se de toussssss. Plus de frè-re, plus de soeur, plus de voix. Laissssssse moi tu-er ce-lui là"

Julie semblait au bord du gouffre émotionnel. Et plus qu'un ordre, il s'agissait d'une supplique. Comme si l'invisible priait Claire de la laisser obtenir justice. Ou de le faire à sa place.

C'est avec un certain soulagement que Claire sentit qu'elle avait réussit à arrêter l'élan de Julie. Pas très grande ni imposante, la muette se sentait même fière d'être assez forte pour l'arrêter. Et d'avoir devinée que c'était Julie qui se cachait derrière la chaise. Claire écouta la voix de Julie, la supplier à son tour. Mais elle était incapable de répondre pour l'instant. Elle ne voulait pas lâcher la chaise de sa main droite, et sa main gauche lui faisait un mal de chien.... Elle n'avait pas le choix.

Les dents serrées ensemble, Claire souleva son bras gauche dans les airs. Avec un certain soulagement, la muette remarqua que son épaule n'était pas cassée. Mais avec une main, elle ne pouvait pas non plus s'exprimer. Se disant qu'elle n'allait plus sentir la douleur à force de la bouger, Claire leva son bras jusqu'à ce qu'elle puisse pointer ses yeux avec son index et son majeur. Ainsi, elle espérait faire comprendre à Julie qu'elle souhaitait la voir, qu'elle cesse d'utiliser son pouvoir.

Claire fixait l'espace vide devant elle. Ce n'est pas en montrant à Julie qu'elle se méfiait qu'elle allait arriver à la raisonner. Et en plus, la muette ne pouvait même pas signer pour communiquer avec la folle. Claire tira sur la patte de la chaise pour la poser par terre. Ainsi, elle libérait ses deux mains. Bougeant le moins possible son bras gauche, fixant toujours l'endroit où Julie était pour la voir réapparaître, Claire se mit à signer;

"Julie, je ne peux pas te laisser le tuer. Ça n'appaisera pas ta peine. Et il mérite d'avoir des remords pour ce qu'il a fait. Il ne mérite pas de mourrir."

Claire frissonna à ses mots. Elle aimait énormément Bobby. Mais ce qu'elle venait de dire à Julie, elle le pensait. On se croirait dans un dialogue tragique d'une pièce de théatre classique, où la destinée des personnages est décidée par un maître dépressif, moribond qui les créer à son image. Aussi bien se la jouer ainsi.

"Il était jeune. On fait tous des erreurs quand on est jeune, mais on vit avec. On ne meurt pas avec."

La muette jeta un rapide coup d'oeil à Bobby pour ensuite revenir poser ses yeux sur l'espace vide devant elle. Elle étira un petit sourire sur ses lèvres en continuant;

"Il te reste moi. Tu n'es pas seule, Julie. Je suis là. Et il y a beaucoup d'autres personnes comme..."

Les mains de Claire s'immobilisèrent. Elle n'avait pas encore eu le temps de penser à ce qu'elle était. Mais c'était le moment où jamais pour l'assumer. Pour sauver Bobby, et Julie par la même occasion. Elle avala sa salive, et poursuivit;

"Il y a beaucoup d'autres mutants. Comme nous."

Elle tendit le bras droit vers le lit de Julie pour prendre son journal. Le tendant à Julie, elle le posa ensuite sur la chaise.

"Il y a l'école pour les gens comme nous. Celle à New York, celle dont tu parlais dans ton journal. Tu ne seras plus seule là-bas.", signa t-elle. "Tu pourras avoir une famille à nouveau."

Claire regarda à nouveau Bobby, par terre, puis Julie. La muette tentait de se convaincre: Elle ne savait pas quoi faire de sa vie. C'était bien beau aller à l'Université et avoir son degré, mais elle savait bien qu'il n'y avait pas de débouchés en Littérature. Elle pouvait bien sacrifier un peu des sous qu'elle avait mis de côté pour l'Université pour sauver son ami. De toutes manières, elle pourrait bien revenir à Sunbury au bout de quelques mois, le temps que Julie se soit adapté...

Bien, elle était convaincut. Il fallait maintenant voir si elle avait convaincut Julie. Avec son expérience des pièces classiques, Julie devait terminer sa tirade par une réplique particulière, qui disait tout.

"Je vais y aller avec toi, si tu veux. On ira ensemble. On ne sera plus seuls."

Après tout, pourquoi est-ce qu'il faut absolument que cela soit une tragédie? Pourquoi pas une tragi-comédie? Quelqu'un était nécessairement obligé de mourrir? Surtout que, dans les règles de l'art tragique, c'était toujours l'héroine qui mourrait dans d'atroces souffrances...

Visiblement les paroles et l'attitude de Claire firent mouche : la chaise cessa d'opposer toute résistance et se laissa déposer au sol tranquillement.

Quelques instants après, Julie réapparut devant la mutante muette. Elle était en larmes, visiblement bouleversée... Dans sa main, la clé de la porte, qu'elle laissa choir au sol, sans ajouter quoique ce soit.

Bobby, plus prompt que l'éclair, se rua sur celle-ci, l'attrapa et fila à grandes enjambées après avoir déverrouillé la porte...

Pendant les quelques instants où Julie resta silencieuse... Son attitude changea.

C'était étrange de voir comment cette petite aventure avait fait office de vases communicants : d'une Julie folle et furieuse on passait à une Julie déboussolée, effondrée mais calme... Et d'un Bobby insouciant, on était arrivé à un Bobby complètement paniqué !

La folle s'approcha de la muette, vacillant légèrement sur ses jambes. Paumée comme jamais, elle s'effondra dans ses bras, s'en remettant entièrement à la muette.

"Clai-re, la hai-ne bouffe la tê-te... Pen-dant tout ce temps, je ne penssssais plus qu'à Bo-bby. J'en ai mê-me oub-lié Do-nna et Gordie"

Elle essuya ses larmes contre le col de la muette, comme un petit animal sauvage...

"New Yo-rk ?" ajouta t'elle.

Puis après un long moment de réflexion, elle termina :

"Pour-quoi pas ?"

*
* *

Expliquer à ses proches qu'on partait à l'inconnu dans un autre état pour rejoindre une école dont on avait appris l'existence sur le journal intime d'une folle n'était pas une mince affaire...

Mais Claire et Julie se mirent en direction de Salem Center au terme d'un voyage sans difficultés... Sur la fin du voyage, Claire s'assoupit : à son réveil, elle était à Salem Center mais Julie n'était plus avec elle, ni ses maigres affaires... Un peu paumée et ne connaissant pas l'adresse exacte de l'école (Julie s'était bien gardée de communiquer cette information), elle eut l'idée d'aller demander dans le café qu'elle venait d'apercevoir...

[Ainsi s'achève ta phase courtier. Tu pourras rajouter 3 points à ton barême. Pour la suite, c'est ici. Lis bien les derniers messages du sujet avant de poster. Bonne continuation ! ]