[Suisse- Sion] Séance courses

Bon. Logiquement, la salle de cérémonie devait se trouver au niveau de Jo, Salade et Charis. Et depuis cette pièce, ils trouveraient l'accès aux deux jeunes filles. Charis hocha la tête aux paroles de Sandy. L'autre restait pour le moment étonnamment silencieuse. Charis la fixa quelques secondes, avant de se retourner une nouvelle fois vers Jo.
Aucun moyen de contacter les autres... C'était embêtant. Et tirer un coup de feu ne serait effectivement pas très malin. Quant à Simplette, ses pouvoirs étaient déjà bien assez sollicités avec les autres.

"Bon... Pas de panique, on va vous sortir de là toutes les deux."

La seconde jeune fille était certainement une mutante, donc hors de question de ne pas l'emmener également. Le commentaire suivant de Jo crispa Charis.

"Surtout pas! En tuer un nous mettrait tous sur le banc des accusés. Ils ne feront pas de cas de conscience puisqu'on est pas pleinement humain."

Et la légitime défense, si ça dégénérait, personne n'y croirait. Elle fit signe à Jo.

"On va d'abord voir si on trouve pas cette salle de cérémonie via le passage secret."

Et si possible, ne faire aucune victime. Même si, en ne suivant que son instinct, Charis pensait tout de même que ces types seraient moins nocifs morts que vifs. La perspective de passer le reste de sa vie en prison la motivait moyennement. Les risques étaient trop grands.

Les deux filles s'écartèrent non sans regret de Sandy et regagnèrent le passage. Accompagnées de Salade, elles continuèrent leur périple à la recherche de la salle en question...

Au bout de quelques minutes, elles aperçurent une pièce qui pouvait correspondre. Charis se souvint l'avoir vu à un moment de leur exploration, mais sur le moment, elle n'avait pas paru si importante que ça...

N'ayant à aucun moment fait demi tour, elle put conclure que le passage n'avait pas réellement de début ni de fin : il effectuait un tour complet d'un certain nombre de pièces du château. Par ailleurs, montant ou descendant par moment, il était difficile de déterminer à quel étage, elle pouvait bien se trouver.



Observant la pièce depuis la fente habituelle dans la paroi du passage (le moyen d'accès à la pièce étant juste à côté et devant donner, vraisemblablement, sur une autre pendule), la jeune hydrokinésiste remarqua une porte sur la gauche. Il y avait également un passage vers une pièce, au fond, au delà de quelques marches...

Salade tira la manche de Charis :

"Madame... Je sens Bartleby, la Taupe et Foudre Pale qui arrivent de la pièce au fond... Ils ont peur. Y a aussi des inconnus derrière eux..."

Jo était toujours prête à intervenir son arme à la main. Elle lança avec un grand sourire :

"Bon ben, ça y est... On va enfin savoir..."

Elles n'avaient pas le choix, si elles voulaient les aider. Tirer sur l'un de ces types était aussi un excellent moyen de se faire repérer. Et pour le moment, la discrétion était leur seul réel avantage. Le passage secret était vraisemblablement assez simple. Au moins, personne ne pourrait vraiment s'y perdre. Sons eul problème était de situer le haut du bas. Peut-être qu'ils auraient pu atteindre le premier étage? Ou descendre dans le cachot? Elle aurait dû leur demander si les jeunes filles n'avaient pas une pendule dans leur cellule. Cruel oubli... Tant pis.

Elle se figea devant une pièce qu'elle avait déjà observé. Maintenant c'était plus logique à ses yeux. A quel étage se trouvaient-elles? Selon toute vraisemblance, au niveau inférieur de celle où la grille donnait sur le cachot. Il y avait les marches, menant certainement à la pièce où étaient retenues Sandy et la jeune fille, enfin peut-être. salade attira son attention une nouvelle fois. De la peur... Ils ont été piégés. Mais un détail lui échappa. Il n'avait pas parlé de Simplette. sans doute qu'il y avait trop de monde pour qu'il puisse clairement distinguer tout le monde. Charis se plaqua contre le fente, pour voir ce qu'il en était, murmurant à peine.

"Jo... Est-ce que tu pourrais te servir de ton arme uniquement pour faire peur? Il faut éviter à tout prix de faire des victimes."

Les morts entraînaient les morts. Inutile de provoquer une fusillade et de manquer de tuer tous les mutants. Elle ajouta, incertaine.

"Il faut attendre le bon moment... Sinon on se fera coincer comme les autres."

Charis commença à détailler la pièce plus sérieusement, cherchant tout ce qui aurait pu être utile à l'intérieur de celle-ci: Lustre, lieu d'attache s'il y en avait un, bougies, flammes éventuellement, tapis... Elle-même commença à sortir le couteau qu'elle avait prit, glissant ensuite la torche entre les mains de Salade.

"Quoiqu'il arrive, reste à l'abri, mais garde un oeil sur ce qui se passe. On aura certainement besoin de toi... Est-ce que leur faire peur, au besoin?"

Jo opina du chef. Elle arma le chien et se positionna contre l'entrée du passage.

"J'attends ton signal... Pour faire peur" dit elle en souriant. Ses genoux battaient la campagne en revanche. Pour la terreur, les 3 mutants étaient déjà servis, amplement... Pourraient ils rendre la monnaie de leur pièce aux habitants du château ?

Salade regarda Charis tristement :

"Je ferai de mon mieux... Mais, dit Madame, on va pas s'en sortir, hein ?"

La gorge de Jo, d'ailleurs, grognait à nouveau. Il valait mieux ignorer ce qu'elle avait à dire pour l'heure...

Au bout de quelques instants, elle vit débouler en premier Bartleby puis la Taupe cavalant comme des dératés.

"Vite, il faut trouver une sortie !" cria Bartleby à son ami. "Ou un truc pour bloquer la salle !"

Roland s'activa en jetant des coups d'œil rapides et frénétiques aux 4 coins de la pièce. La porte de gauche l'intéressait particulièrement mais semblait être fermée comme en témoignaient ses vains efforts pour l'ouvrir.

Foudre Pâle arriva, quant à lui, une bonne vingtaine de secondes après, le bras droit pendant mollement, comme sans vie. Il portait une importante blessure à ce membre mort : sa manche était inondée de sang et Pat laissait une trainée écarlate à sa suite...

Il se contenta de dire :

"ILS arrivent"

Et Charis put apercevoir dans la pièce derrière la salle de cérémonie, de manière encore indistincte l'un des "chiens" dont avait parlé l'homme tout à l'heure...



La créature se déplaçait dans les airs, à une vitesse modérée, comme pour rabattre le gibier. Ses dents étaient réellement impressionnantes.

Mouais, pour la confiance en soi, c'était décidément pas terrible. En même temps, jouer les sauveurs en risquant sa peau sans même avoir atteint l'âge légal d'être adulte, c'était rude. Quant au gamin, il pourrait quand même positiver, non? A-t-on idée d'être aussi sinistre quand on est aussi jeune? Charis fronça les sourcils.

"Toi, quoiqu'ila rrive, tu vas t'en sortir. Nous, on fera de notre mieux. Mais c'est pas une raison pour baisser les bras, d'accord? Tu restes dans le passage quoiqu'il arrive, et si ça tourne mal, tu t'enfuis sans te retourner."

C'était aussi simple que ça. Elle n'avait pas la moindre intention de laisser se petit imaginer une seconde que tout pourrait s'arrêter dans un château glauque rempli de malades. Et puis de toute manières, aucun d'entre eux n'auraient le temps de s'apitoyer sur leur sort. Bartelby déboula, suivit de près par la Taupe, et bien plus tard par Foudre, méchamment blessé. Apparemment ils ne s'étaient pas encore faits avoir. Charis ne pu s'empêcher d'ouvrir le passage pour s'élancer dans la pièce. Ne serait-ce que pour qu'ils aient une prote de sortie. Elle venait à peine de faire quelques pas quand elle vit dans le couloir, plus loin, un truc qui ressemblait à un monstre de mauvais film d'horreur, plein de dents, voler dans leur direction. Elle ne se posa même pas la question Son premier réflexe fut de s'élancer vers la porte pour la refermer, et la retenir de toutes ses forces avant que la chose horrible n'entre dans la pièce, en beuglant...

"La croix contre le mur!! Pour bloquer la porte!!"

Elle n'imaginais rien d'autre. Si ils s'enfuyaient maintenant, ils perdaient la possibilité immédiate de faire sortir Sandy et l'autre jeune fille. Si ça se trouvait, elles étaient tout prêt, derrière l'autre porte. Hors de question de laisser cette opportunité fuir. Le temps de revenir en arrière pour les faire sortir par la grille, les types pourraient s'en prendre à elles dans un accès de mécontentement.

Bartleby et ses deux compères sursautèrent quand Charis bondit hors de la pendule... pour fermer in extremis la porte au nez de la créature.

En raison des coups que la chose volante portait à la porte, l'hydrokinésiste réalisa que celle-ci était en plus de tout le reste puissante.

"Charis !" lança Bartleby, un peu surpris. Puis il s'exécuta et fit basculer la croix pour bloquer l'issue, laissant juste le temps à la jeune femme de s'écarter.

La porte continuait à bouger sous les coups de la bête. Vraisemblablement, elle ne tiendrait pas longtemps.

En attendant, la jeune mutante put constater que la Taupe continuait à tambouriner sur la porte de gauche.

Jo était sortie du passage, visiblement soulagée de voir son ami Bartleby dans les bras duquel elle tomba en larmes. Ce dernier, un peu gêné résuma brièvement la situation :

"Ce truc là, c'était un éclaireur. On en a vu d'autres. Ils ont aussi des hommes avec des fusils et..."

Un cor de chasse résonna dans le château. Comme pour annoncer que la chasse allait toucher à sa fin pour laisser place à la curée...

Pas de place pour l'étonnement. Charis était plutôt en proie à l'horreur en ce moment-même alors qu'elle retenait désespérément la porte et que le machin plein de dents qui se trouvait derrière s'acharnait contre le bois. Elle recula in extremis pour voir la croix tomber comme prévu en travers de la voie d'accès, qui soit dit en passant ne risquait pas de tenir bien longtemps.

"Mais c'est quoi ce truc ignoble?!?"

Charis trépigna sur place quelques secondes. elle ne se rappelait pas avoir vécu une pareille angoisse, pas même le jour de ses toutes premières finales régionales en snowboard. Enfin peu importait. Bartleby lui apporta une réponse qui ne suffisait à vrai dire pas vraiment pour la satisfaire. Ils avaient maintenant un blessé, et... Charis étouffa sa question pour le moment.

"On a un passage pour fuir. Et je crois que votre amie Sandy est derrière cette porte. Elle n'est pas seule. Quelqu'un saurait faire sauter cette serrure qu'on file tous d'ici en vitesse? La Taupe pourrait la faire fondre assez pour qu'on puisse défoncer la porte?"

Le cor qui avait sonné la rendait d'autant plus nerveuse. Et les coups du monstre n'était pas pour la rassurer. Le temps était plus que compté.

"Où... Où est Simplette?"

Bartleby repoussa rapidement Jo. La panique le prenait à nouveau...

"Ca... Euh, j'en sais rien et j'ai pas envie de le lui demander ! On est tombé sur quelques unes de ces bestioles tout à l'heure..."

Il regarda la Taupe et lui lança :

"T'as entendu ce qu'elle a dit, Charis ! Grouille toi d'ouvrir cette fichue porte ! On récupère Sandy et on se taille fissa !" brailla-t-il.

Reportant son regard sur Jo et Charis, il continua :

"Simplette est morte"

Il avait l'air effondré. Comme si le souvenir lui revenait en tête.

"C'était celle qui ouvrait la marche. Elle se servait de son pouvoir pour nous guider. On est arrivé dans une grande pièce. Une salle à manger ou un truc du genre. Et..."

Bartleby baissa les yeux.

"C'est là qu'on a vu les habitants du château. Ils sont là pour la chasse. J'ai compris ça. Ces bestioles leur servent de rabatteuses. Et nous, on est des renards à la noix..."

Levant un regard embué par les larmes vers les filles, il termina :

"Ils vont nous terminer au couteau. Comme dans les satanées chasses à courre des anglais. On est du gibier, on est un jeu... Ils n'ont laissé aucune chance à Simplette. Elle a pas eu le temps d'utiliser son pouvoir. Elle s'est prise une balle dans la tête à l'instant où elle a posé le pied dans cette maudite salle. Pat a essayé d'intervenir. Mais ils lui ont tiré dessus..."

La porte venait de s'ouvrir. La Taupe avait accompli sa tâche. Quant à l'autre issue, la chose était en train de la faire craquer sous ses coups répétés.

"Ils voulaient nous voir courir" termina Bartleby en se dirigeant vers la cellule qui venait d'être ouverte. "Puis ils ont lâché les chiens... Ils voulaient qu'on court, pour le plaisir de la chasse..."

Dans la cellule qui venait d'être ouverte se tenaient les deux filles. Charis se rendit compte qu'elle était descendu d'un étage. La grille se trouvait au dessus de leur tête. A environ 2 mètres du sol.

Charis ne bougeait plus. Elle écoutait à peine Bartleby depuis l'instant où il avait parlé de la mort de Simplette. Elle réalisa bêtement qu'elle ne connaissait même pas son nom de famille. De fait, elle ne connaissait rien d'elle, et maintenant... Elle fixait la porte qui était en train de céder peu à peu, sa main serrée sur le manche du couteau de cuisine. Elle prononça à peine ses paroles, comme si elle se sentait très très très lointaine de la scène.

"On se tire... Par la pendule. Jo connait le chemin jusqu'à la petite cuisine, la pièce la plus proche de l'endroit par lequel on est arrivé."

Mais elle ne bougeait toujours pas. Ils étaient un niveau plus bas, mais ils avaient une sortie toute tracée s'ils le voulait. Le tout était de se tirer suffisamment vite pour que l'autre truc plein de dents ne les rattrape pas.

"Je ferme la marche. Foncez!"

De toute manière elle ne se faisait pas d'illusion. Ils devaient très bien savoir par où ils pourraient fuir. Qui plus est, leur "chien" n'aura aucun problème à les pister, et encore moins à ouvrir l'accès par la pendule. Charis prit une grande inspiration, et s'élança à son tour, après s'être assurée qu'il ne restait personne d'autre.

Bartleby et la Taupe entraînèrent les deux prisonnières hors de la cellule, puis les conduisirent dans le passage... Foudre Pâle regarda un instant Jo et Charis, puis décidé à ne pas jouer aux héros regagna lui aussi le couloir secret...

Jo tira Charis par la manche.

"Allez file toi aussi, je fermerai la marche, un pistolet sera surement plus efficace qu'un couteau !"

Au moment où les deux jeunes filles se retrouvèrent dans le passage et refermèrent la pendule, la chose venait de pulvériser la porte.

Charis put seulement apercevoir un instant furtif la monstruosité. Mais un détail la marqua : aux côtés de cette créature, il n'y avait personne. Pas de chasseurs. Pas d'autres "chiens". Personne.

Les autres étaient déjà bien loin devant... Et le cor de chasse qui résonnait toujours semblait provenir du passage lui même !

Les deux jeunes filles étaient enfin sorties de là. Mais étrangement, Charis n'arrivait même pas à se réjouir de ça. Rester en arrière ne lui posait pas le moindre problème. Plu maintenant du moins. Mais Jo la ramena à la réalité. Elle revint sur ses pas, non sans hésitation, et s'engouffra avec elle dans le passage secret. Théoriquement, ils avaient un moyen de fuite. Mais la théorie n'était pas vraiment efficace pour lutter contre une bande de fanatiques. La chose était sur leurs talons. Combien de temps mettrait-elle avant de sentir par où ils étaient partis pour les poursuivre? Pas longtemps.

Mais, chose étrange, la créature était seule. Personne pour la guider. Le son sinistre du cor résonna à ses oreilles Comment fonctionnait une chasse à court, déjà? Ah oui, les chiens rabattaient le gibier dans la direction des...

"STOP!!!!"

Charis hurla malgré elle. Combien d'avance avaient les autres? Pas trop, espérait-elle. Ils étaient en train de foncer droit sur les chasseurs soigneusement prêts les tirer comme des lapins.

"On va droit dans leur piège!!"

Elle-même s'était arrêtée. Et regardait, affolée autour d'elle. Il fallait impérativement qu'ils quittent le passage, qu'ils utilise des détours et trouvent une autre sortie. Celle par laquelle ils étaient venus était forcément bloquée à présent. Le moyen le plus sûr restait encore celui d'affronter ces chiens.
Charis chercha le passage le plus proche en espérant qu'il ne soit pas trop éloigné, pour que tout le monde puisse quitter le passage secret.

Le cri de Charis retentit à travers le passage sombre... Jo se figea sur place. Tremblante. Ne disant rien.

Les autres n'étaient pas visibles. Ils étaient trop loin. Ils étaient allé beaucoup trop loin. Là, où ils n'auraient pas du aller...

Répondant comme un écho sinistre à l'avertissement de la jeune mutante, des cris se firent entendre au loin... Jo que la peur de mourir oubliée de tous, libéra, saisit la main de Charis et les deux jeunes femmes se mirent à parcourir en grande hâte les méandres du passage dans l'autre sens...

Passant près de la sortie donnant sur la salle de cérémonie, elles continuèrent leur course... heureuses de ne pas être tombées nez à nez avec l'une des créatures pour l'heure !

La prochaine sortie fut prise. Sans grand égard pour ce qui pouvait se cacher derrière...



L'inscription n'était pas rassurante mais le moment n'était pas celui du doute. Trop tard pour ça. Il fallait avancer. A tout prix.

Les filles sursautèrent. Bartleby, accompagné des deux prisonnières venait de les rejoindre. Le jeune homme semblait plus que fatigué. Livide, comme s'il avait vu quelque chose qu'il aurait préféré ne pas voir.

Il se contenta de dire :

"Pat et la Taupe... Ils nous ont fait gagner quelques instants"

La petite troupe s'enfonça dans le passage sous l'avertissement.



Il devait s'agir d'une crypte mais le chemin était encore long à parcourir et quand Charis jetait un oeil furtif par dessus son épaule, elle voyait au loin des ombres inquiétantes se mouvoir étrangement...

La troupe continua quelque peu quand, Bartleby, passant à proximité d'un pilier, poussa un hurlement de douleur... Il fit quelque pas en titubant, se tenant le ventre... Un homme que Charis connaissait se tenait là, un couteau ensanglanté à la main.



"Je veux la fille !" hurla-t-il, complétement en transe. "Je veux le ventre !"

Derrière les jeunes gens, à environ une centaine de mètre, les cors de chasse retentissaient, il y avait 5 ou 6 créatures avançant lentement et une dizaine d'hommes.

Trop loin... Charis sentit son sang se glacer. Ils étaient trop loin pour l'entendre. Elle ne réagit plus. Sauf pour un sursaut à l'écoute des cris. Elle aussi aurait voulu hurler, mais ce n'est qu'un hoquet étranglé qu'elle pu émettre, sous le choc, jusqu'à-ce que Jo l'entraîne avec elle.
Elles étaient en train de les abandonner... Ce fut la première pensée cohérente qui lui traversa l'esprit. Elles abandonnaient tous les autres. Et ça suffisait à la révulser. Elle aurait dû relâcher la main de Jo pour foncer vers les autres dans l'autre sens. Même si c'était suicidaire, peut-être qu'elle s'en voudrait moins. Mais au lieu de ça, elle resserra sa main sur celle de Jo. Son envie de vivre commençait à l'écoeurer. Elle releva à peine les yeux sur l'écriture aux propos menaçants. L'Empire de la mort semblait avoir envahi l'intégralité du château, de toute manière.

En sursautant, Charis brandit son couteau, réalisant heureusement qu'il s'agissait de Bartleby. Son soulagement fut de trop courte durée. Lui, les deux prisonnières, et les autres? Elle eut sa réponse un peu trop vite à son goût. Salade aussi y était passé? Elle ne l'avait plus revu depuis qu'elle lui avait dit de rester dans le passage. Pourvu qu'il ait eu le temps de se sauver bien avant tout le monde et d'éviter les chasseurs, c'est tout ce qu'elle pouvait espérer.

Le passage n'avait rien de rassurant, mais malgré tout, il lui paraissait nettement moins inquiétant que les ombres derrière eux. Elle s'avança comme les autres, sa main toujours dans celle de Jo.
Le cri de Bartleby l'obligea à s'arrêter à nouveau. Le type était là, ce dingue qui voulait sacrifier des mutant pour accéder à un groupe de fanatique. Charis perdit toute capacité de réflexion pendant quelques instants.
Elle relâcha la main de Jo, changea son couteau de main pour arracher l'arme à la jeune fille, armant le chien (si elle l'avait désarmé depuis tout à l'heure), et pressa sur la gâchette, à bout portant, sur le type. Jamais elle ne s'était servit d'une arme à feu. Si ça se trouvait, la balle ne partirait même pas. Ou alors le recul risquerait de lui faire du mal, mais à ce stade, elle s'en fichait royalement. Il y avait eu trop de victimes pour qu'elle essaie encore de garder son sang froid.

Le fanatique, toujours armé, s'était ensuite rué sur l'inconnue, pendant que Charis tentait de récupérer l'arme de Jo. Celle-ci se laissa faire. L'homme trainait déjà, hors de la petite troupe, l'inconnue, quand la jeune hydrokinésiste réussit à tirer.

Son inexpérience des armes doublée de la peur panique qu'elle ressentait en cet instant présent firent que le coup ne fut pas du tout ajusté : la balle toucha l'homme à l'épaule qui lacha son couteau de cérémonie. Mais criant comme un possédé, il continua à traîner l'inconnue qui ne se débattait même plus, terrorisée qu'elle était, en direction de la meute et des chasseurs...

La jeune fille, que le fanatique continuait à entraîner à sa suite, regarda Charis et hurla :

"Viconia ! Viconia ! Viconia !"

Jo comprit, quant à elle, qu'ils n'étaient pas encore tirés d'affaire : la troupe à leur poursuite était dangereusement proche. Les créatures devant. Les chasseurs en tenue anglaise, pantalon blanc et vestes rouges derrière. Le fusil à l'épaule pour certains, mais d'autres avaient déjà choisi de commencer à tirer, visiblement pour permettre au fanatique de se replier avec la fille. Les balles ricochaient sur les parois. L'ambiance était cataclysmique. Il ne fallait pas traîner.

Sandy soutenant Bartleby et Jo tirant Charis par la manche conduisirent le groupe jusqu'à une dernière porte située à quelques dizaines de mètres de là...



Derrière celle-ci, les mutants débouchèrent sur une grotte naturelle... Devant eux, un lac souterrain... Au fond de la "pièce", il s'agissait visiblement de la sortie, ou tout du moins d'une sortie... Et derrière eux, la troupe qui se rapprochait de plus en plus...

Elle avait touché... Déjà ça, c'était plus qu'elle n'en espérait sincèrement. Mais la finalité de cette tentative n'était de loin pas atteinte. Le type entraînait la jeune fille, alors que c'était exactement ce qu'elle avait voulu éviter. Apparemment la douleur ne semblait pas lui faire changer d'avis. Il était probablement trop cinglé pour avoir du bon sens. Et maintenant qu'il traînait la fille, Charis n'osait plus presser la gâchette de crainte de l'atteindre elle au lieu de l'agresseur.

Viconia.
C'était quoi? Un prénom, non? Charis n'y comprenait absolument rien. Les coups de feu lui firent rentrer la tête dans les épaules, mais sans Jo qui a eut la présence d'esprit de la tirer en arrière, elle aurait probablement pu se prendre une balle, du moins c'est ce qu'elle croyait. Elle finit par se retourner et replaça l'arme dans la main de Jo en la suivant jusqu'à la dernière porte, glissant son propre couteau dans sa ceinture.

Une fois celle-ci franchie, Charis se figea. De l'eau... Et une sortie. Surtout la sortie attira son attention. Ils avaient donc une chance de s'en tirer? Charis s'avança jusqu'à rebord, se retournant pour voir les chasseurs fous les poursuivre encore. La jeune fille était prisonnière de ces malades, et elle ignorait encore s'ils pourraient avoir la moindre chance de la sauver. Bartleby était blessé, hors de question de lui faire faire demi-tour. Lui devait être mis à l'abri en priorité.

Savaient-ils nager? Aucune idée. Et Bartleby blessé aurait besoin d'aide pour espérer atteindre l'autre berge. Son regard alla de l'eau, aux chasseurs. Avant même de leur hurler de se jeter à l'eau, il fallait calmer l'ardeur des poursuivant. La porte était restée ouverte... Parfait.

Charis chercha à envoyer ce qu'elle pourrait d'eau du lac droit sur leurs poursuivant, espérant si ce n'est les repousser, tout du moins les ralentir. Avec un peu de chance, leurs armes imbibées d'eau ne pourraient plus tirer. Et la diminution du niveau d'eau de ce petit lac pourrait aussi permettre plus facilement aux autres d'atteindre la sortie.

Arrivés devant l'étendue d'eau, les mutants s'arrêtèrent un instant. Sandy, fut la première à réagir : elle repoussa Bartleby dans les bras de Jo, puis plongea... L'instinct de survie avait été plus fort que la franche camaraderie qui semblait unir ce groupe jusqu'à présent !

Jo regarda Charis. Puis l'étendue d'eau. Puis Charis à nouveau. Comprenant ce que la jeune hydrokinésiste allait tenter de faire, elle lui dit tout en glissant l'arme sous sa ceinture :

"Bonne chance. On se retrouve de l'autre côté"

Et aidant Bartleby qui luttait pour rester conscient, elle s'aventura dans l'eau.

Quant aux poursuivants, ils furent surpris des jets d'eau qui se déversaient sur eux à travers la porte... La pression de l'eau n'avait rien d'impressionnante. Néanmoins l'effet de surprise cumulé au caractère glissant de la dalle humide, eurent comme conséquence de ralentir grandement la progression des poursuivants...

Rapidement, l'intégralité de la troupe stoppa. L'homme aux lunettes que Charis avait déjà vu venait de lever la main. Vraisemblablement, la partie de chasse venait de connaître une trêve.

Avançant dans l'eau, elle se rendit compte qu'elle avait pied.

Les 4 mutants se retrouvèrent rapidement de l'autre côté de la rive. Une ouverture dans la paroi de la grotte les emmenèrent sur le flanc de la montagne. La nuit était étoilée. Et il flottait sur cette montagne suisse une ambiance étrange. Comme si Charis avait été définitivement arrachée à sa vie d'antan.

Bartleby dans un dernier effort gribouilla quelques traits sur un carnet maculé de sang : un rocher apparut de nulle part et obstrua l'ouverture.

Si les camarades d'infortune n'étaient pas pour autant débarrassés à tout jamais des habitants du château... Au moins, ils se voyaient accordés un répit significatif !

Reportant son attention sur ce qu'il restait de la maigre troupe, Charis comprit que de 4 survivants, ils tomberaient bientôt à 3 : Sandy venait de se relever en secouant la tête d'un air désespéré... Son pouvoir était inutile ! Quant à Jo, elle venait d'éclater en larmes, serrant très fort dans ses bras Bartleby.

Ce dernier pris la parole péniblement en montrant Charis :

"Hé... J'irai finalement jamais à l'Institut... Mais Jo, faut qu'elle y aille... Ma poche... de chemise... Ouvre là..."

Sandy craqua complétement en voyant son ami s'éteindre petit à petit :

"Mais c'était QUI ces gens ! Ils lui avaient fait quoi à CETTE FILLE COMPLETEMENT FOLLE ! Le ventre, le ventre, le ventre, mais quoi le ventre ?"

L'instinct de survie, hein? Charis regarda Sandy plonger. Elle ne pouvait pas lui en vouloir de chercher à vivre. Elle n'avait fait que hocher la tête à l'encouragement de Jo, avant de déclencher son pouvoir. Le simple fait de les ralentir lui convenait pleinement. L'effet de l'eau eut bien plus de succès qu'elle ne l'aurait cru. Les tirs semblaient avoir définitivement cessé. Elle fixa l'homme aux lunettes, d'un regard haineux. Jamais elle n'avait été aussi en colère, que ce soit contre elle-même ou quelqu'un d'autre. Mais là, elle était vraiment furieuse. La tentation de sortir son couteau, et de tenter le diable lui traversa l'esprit. Mais ses pieds reculèrent, l'un après l'autre.

Puis elle fit demi-tour et s'élança. Elle avait utilisé assez d'eau pour baisser le niveau à ce point? Il fallait croire que oui. Courant franchement, les baskets complètement trempée, elle émergea à l'extérieur. Le monde lui semblait différent. A croire que ce qui existait autour du château n'avait été qu'un rêve bien lointain. Il n'y avait rien, juste le silence de la nature. L'univers entier restait indifférent au meurtre de plusieurs enfants. Le monde était vraiment mal fait.
Elle se retourna pour apercevoir Bartleby en train de gribouiller quelque chose, et un rocher bloqua le passage à leur poursuivants. Pour combien de temps? Après le mal qu'ils s'étaient donné pour les tuer, elle pensait bien qu'ils ne comptaient pas s'arrêter là.

Elle croisa le regard de Sandy. Pourquoi ne guérissait-elle pas son ami? En secouant la tête, la réponse vint d'elle-même. Ils n'avaient quand même pas prit tous ces risques pour en arriver là? Charis aussi avait envie de pleurer. Ses yeux se voilèrent de larmes, mais elle s'efforça de les contenir. Ce n'était pas le moment, aucun d'entre eux n'était en sécurité.

Elle s'agenouilla, la gorge nouée, incapable de répondre quoi que ce soit. Même en appelant les secours, ils arriveraient trop tard. LE château était trop difficile d'accès. Et qui sait si ces malades ne pouvaient pas être capable de tirer sur un hélico? Sa main se tendit vers la poche de chemise de Bartleby et elle murmura à peine à son intention.

"ça n'aurait jamais dû se passer comme ça..."

Le commencement d'hystérie de Sandy La fit baisser là tête, fermant les yeux pour contenir ses sanglots alors qu'elle glissait les doigts dans la poche de chemise de Bartleby pour prendre ce qu'il voulait. Elle ne tourna même pas la tête pour répondre à la jeune femme.

"Personne ne sait. La seule chose dont on est certains, c'est qu'ils veulent tous nous supprimer. Et ils sont très certainement en train de se précipiter vers une autre sortie pour continuer la poursuite."

Charis extirpa de la poche du jeune homme mourant un papier. Il s'agissait d'une lettre. Une lettre de Bartleby pour Jo.

Ma chère Jo,

Si tu lis ça, c'est vraisemblablement que tout est foutu pour moi. J'ai toujours été un trouillard dans ma vie d'humain. Tu me regardais même pas. Tu savais à peine que j'existais en classe. Pire : tu te moquais de moi ! Mais, c'était indifférent...

Je crois que je t'ai toujours aimée. Et notre différence n'y a rien changé. Sauf que... Sauf que ça nous a rapproché... Même si j'ai menti. Je n'ai jamais été jeté par mes parents. Ca c'était faux. Comme tout le reste sur l'Institut. J'aurai pu y aller mais je suis resté. Pour toi. Pour pouvoir être un autre et pas un taré encore & encore.

Je savais bien qu'un jour ça finirait mal. Ta bouche le répète inlassablement. Aussi si tu me lis, c'est que tu avais vu juste : je suis mort. Et toi, tu restes là. Pardonne mon égoïsme mais je voulais te garder près de moi. J'aurai pu vous emmener là bas. On aurait trouvé une solution mais... Je n'aurai plus été le Prof. Et tu n'aurais plus été mon bras droit...

Toutes les infos sur l'Institut je les ai lu dans les journaux ou sur le net. Bref, avec l'argent que tu trouveras dans la doublure de ma veste préférée, celle que je garde toujours dans ma tente, tu pourras aller saluer Mademoiselle Deneos de ma part...

Bien à toi,

B.

Jo s'écroula en larmes en finissant de lire la lettre. Visiblement, elle ne s'était pas encore aperçue que le jeune homme ne souffrait et ne souffrirait plus...

Sandy continuait à déblatérer toute seule : "Le ventre, le ventre... Le couronnement, le roi, les larmes, le ventre, le feu, le voyage dans l'espace, le ventre... ELLE ETAIT FOLLE A LIER !"

En bref, Charis était la seule, apte à donner les dernières consignes...

Charis avait à peine survolé la lettre et l'avait tout de suite tendue à Jo. Cette histoire ne la concernait pas. Mais la fin était plus que cruelle. Par amour pour elle, il avait tout sacrifié, jusqu'à sa propre vie. Et maintenant? Il y avait eu plus de morts que prévu. De une mutante disparue, ils étaient passés à six. C'était beaucoup trop. Mais il y avait une possibilité d'échapper encore à tout ça. Charis posa une main sur l'épaule de Jo.

"La seule chose qu'on peut encore faire pour lui, c'est suivre ses dernières volontés. Allez, on y va... Il faut récupérer sa veste au campement et rejoindre la ville."

A côté, Sandy était toujours plus hystérique. Elle pétait un câble à tel point que Charis s'en trouvait désarmée. Elle se leva, sans trop savoir quoi faire, et attrapa la guérisseuse par les épaules pour l'obliger à la regarder en face, la secouant un peu pour qu'elle émerge de ses paroles sans queue ni tête.

"Sandy... Prend une grande inspiration, et expliques-nous lentement ce qui s'est passé. Que t'as dit cette fille exactement? Les types de toute à l'heure parlait aussi de son ventre sans qu'on y comprenne quoi que ce soit. Tu as peut-être des détails qui pourraient nous permettre de saisir ce qui se passe."

Il fallait qu'elle se lève. Et Jo aussi. Elles ne pouvaient pas rester ici, du moins pas pour le moment. A moins qu'il leur faille faire demi-tour.

Mais Charis préférait clairement mettre les voiles avant de se faire tuer. Elle était épuisée, et ne demandait qu'à avoir le droit de se recroqueviller dans un coin pour pleurer. Mais entre Jo abattue et Sandy dingue, elle ne pouvait pas se permettre ce luxe.

En chemin pour le campement, Sandy se calma quelque peu et expliqua, entre deux sanglots, ce qu'elle avait appris de l'inconnue...

"Quand j'ai été capturée... En gros des hommes en tenue de chasse m'ont entraînée à travers le passage secret. Ils m'ont mise dans cette cellule sordide... Et il y avait cette fille, déjà là... Je pense qu'elle a perdu la raison, elle se contentait de marmonner des trucs sans queue ni tête..."

Sandy avala avec difficulté sa salive.

"Des trucs comme Vicodine... Ou elle parlait de son ventre, de prophète noir... De ce genre d'âneries. Le seul truc qui ressemblait à une phrase qu'elle ait pu dire, c'était un truc du genre "je viens du froid et j'ai traversé l'espace aux travers... des flammes"... Ou quelque chose dans ce goût là"

Elle regarda Charis droit dans les yeux.

"Le reste c'est les deux tarés qui me l'ont sortie... Une fois, ils sont venus... Le type qui a tué Bartleby... Et un vieux avec des lunettes..."

Prise d'émotion, la jeune fille marqua une pause...

"Le premier était complétement malade... Il arrêtait pas de hurler sur la fille... Quant à l'autre, même s'il était plus calme, il me fichait complétement la trouille : il parlait d'un roi-de-toutes-les-larmes et d'un couronnement... Que la fille c'était le Graal noir... Enfin, complétement malades les deux..."

Avançant toujours, elle frissonna :

"Le pire c'est qu'ils se fichaient complétement de moi... J'veux dire, j'étais juste un appat pour leur partie de chasse tordue... Et ils les ont tous eu..."

Le reste du trajet se fit en silence.


Au campement, Charis trouva à l'endroit indiqué une forte somme d'argent avec un mot manuscrit : "Bon voyage".

Redescendus en ville, les trois filles se regardèrent en silence : il s'agissait maintenant de voir pour l'avenir.

Sandy indiqua son intention de quitter la ville. D'oublier toutes ces histoires de mutants. Et de partir loin, très loin, mais pas à l'Institut...

Quant à Jo, elle plongea son regard dans celui de l'hydrokinésiste :

"Bon et maintenant, on fait quoi ? Toujours partante pour l'Institut ?"

Non, ce n'était pas "Vicodine", mais "Viconia". Elle n'y comprenait strictement rien. Peut-être que ces paroles avaient un sens, mais dans un contexte trop particulier pour qu'elles y puisse y comprendre quoi que ce soit. C'était peut-être ça, oui. Mais elle garda tout en tête. Elle ne savait même pas quoi faire. Envoyer la police dans ce château? Croiraient-ils un appel anonyme? Même s'ils allaient vérifier, iraient-ils jusqu'à inspecter le château ou les propriétaires auront l'air tellement innocents qu'ils ne se donneront même pas cette peine? Qui croira des mutants de toute manière? C'était désespérant. Charis écouta chacune des paroles de Sandy, s'efforçant de les garder en tête. Viconia... Ventre... Graal noir... Prophète noir... Cette fille était-elle seulement une mutante? Même ça, elle l'ignorait. La seuel chose dont elle était certaine, c'était que plusieurs enfants venaient de mourir dans l'indifférence générale. Ils étaient épuisés, en partie trempés, choqués surtout. Personne ne pouvait rester ici. Elle ne prononça pas le moindre mot jusqu'à-ce qu'ils aient rejoint le campement où elles récupérèrent l'argent.

Elle n'avait toujours pas lâcher le moindre mot alors qu'elles avaient rejoint la ville, jusqu'à-ce que Sandy parle de quitter la ville sans rejoindre l'Institut. Après tout ce qui s'était passé, elle comptait sérieusement continuer à vivre parmi les humains? Bon, il fallait avouer que son pouvoir n'était pas dangereux, au contraire. Et qu'elle n'avait pas de problèmes pour rester parfaitement humaine en apparence. Mais à part ça... Quant à Jo, l'institut restait sa meilleure chance. Et Charis? Elle ne savait plus. Combien d'autres personnes cherchaient à purement faire du mal aux mutants? Que se passerait-il si par mégarde ses pouvoirs lui échappaient et qu'on découvrait ce qu'elle était? Elle ne pouvait pas prendre ce risque. Plus maintenant.

"C'est... Notre seule chance de toute manière... Mais avant... Si on allait chez moi récupérer un maximum de choses? On pourra prendre des vêtements... Et puis il nous faut nos passeports pour quitter le pays. Tu as le tien sur toi où il faudra passer chez tes parents?"

Peu à peu, elle commençait à restructurer ses idées. Il leur fallait des vêtements, leurs papiers... Et Sandy? La moitié de la somme lui revenait de droit. Charis ne faisait pas partie du groupe. Peut-être qu'elle aurait assez d'argent sur son compte épargne soigneusement rempli par son père et sa grand-mère mais... En étant mineure, pourrait-elle vider le compte? Il lui faudrait trouver la carte à puce et le code. Ils étaient probablement dans les papiers de son père, à la maison. Et elle ne pouvait pas partir sans au moins lui laisser un mot.

A la question du passeport et de ses parents, la mine de Jo se renfrogna. Néanmoins, les deux filles se rendirent au domicile de Charis.

Sur place, elles purent prendre une douche, Jo mangea un bout et Charis put rassembler des affaires : bien entendu, son père était, comme d'habitude absent... Un post-it sur le frigo rappelant qu'il rentrerait dans très longtemps, à la fin de sa garde...

Son passeport en main et l'argent nécessaire mobilisable via une carte de paiement récupérée au domicile parental, Charis était équipée pour le départ.

Un mot griffonné en toute hâte expliqua les raisons de son départ. Jo, quant à elle, était toujours silencieuse.

Ce n'est qu'une fois à l'aéroport que la blonde prit Charis dans ses bras.

"Je crois que c'est maintenant qu'on se quitte, ma belle... Fais gaffe à toi, là bas... Moi j'ai même plus de papiers, faudrait que je trouve le moyen de retourner chez mes vieux. Et ça, ça peut prendre un peu de temps... Mais promis dès que je peux, je te rejoins là bas ! Tiens..."

Elle lui tendit un papier usé sur lequel figurait une adresse électronique.

"Hésite pas à m'écrire de là bas. Je vais une fois par semaine dans un cyber. Pour une fois j'aurai peut être autre chose que du spam ou de la pub'"

Jo semblait émue. Emue de rester là où Charis pouvait s'envoler pour l'Institut tant décrit par Bartleby.

"Et même si tout ça c'était des mythos... Et même si Bartleby nous a raconté n'importe quoi, n'oublie pas de parler à sa femme, la belle Deneos qu'on a jamais vu qu'en poster... Enfin si la blonde aux gros seins qui ornait sa tente, c'était bien elle..."

Elle sourit doucement.

"Et merci pour tout"

Jo disparut dans le hall de l'aéroport.


Quelques heures plus tard, Charis était à New York. Un peu paumée. Sur l'enveloppe qui contenait l'argent laissé par Bartleby, il y avait l'adresse de l'Institut. Qu'elle trouva sans problème...

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