- InvitéInvité
[Mexique] Vera Cruz - Minuit
Jeu 8 Jan 2009 - 4:42
Un papier froissé s’envole dans la nuit.
L’encre de la feuille de journal, jauni par l’usure extérieure, indique à peine un jour récent. Un léger vent de bord de mer fait virevolter la feuille dans les airs. Autour de cette danse, les quais et nouveaux transporteurs industriels grelottent leur ferraille sous les secousses des flots. Pas âme qui vive et pourtant le papier se frotte au vent comme unique animation nocturne… Dans l’âpre filtre d’une lumière bleue, il semble arriver à destination. Quelques balancements désespérés pour s’accrocher à son apesanteur, il finit par se mourir au sol.
Une ombre azure se pose sur lui… Barrage soudain à la lumière claquante de l’halogène. Une silhouette vaguement féminine s’esquisse, encapuchonnée dans le noir d’un long manteau. Le regard méfiant par-dessus l’épaule, elle surveille nerveusement les environs. Le journal apportait les nouvelles à l’enfant des rues : D’un geste vif, elle le ramasse… Et l’ombre se mêle parmi les autres aussi rapidement qu’elle a surgi.
Un pas de grosses chaussures sur les dalles bétonnées, un autre dans une flaque d’huile, elle avance. La jeune fille dissimulée, voûtée dans son vêtement ne veut pas être vue. Discrète et rapide, elle s’enfuit…
Plusieurs centaines de mètres parcourus, elle se dirige vers un immense entrepôt déserté. Si l’odeur nauséabonde des mécaniques portuaires pouvait torturer l’air, un tout autre parfum l’usurpe avec une facilité étonnante. Une parfum de feu, aussi réchauffant qu’intriguant, se dégageait des grandes vitres fêlées des bâtisses.
La jeune fille sait où elle va… Là, où lumière est un guide. Le ciel obscur ne rivalise pas de ses étoiles pourtant, mais les différents attroupements urbains forment d’étranges constellations insécuritaires. Ici et là, les Parias rêvaient… Isolés dans leurs pensées ou dans leurs prières… Réunis dans leur misère. Ils s’agglutinaient autour de tonneaux enflammés tandis que d’autres longeaient les murs dans un sommeil profond. Des voix venant de nul part grondent en écho. Un lourd bruit de fond presque répétitif… Une sorte de ventilation assourdissante.
Si la jeune fille était craintive dans la nuit, elle le reste fermement dans ce lieu. Une démarche empruntée à la gent masculine, juste ce qu’il faut… Les flammes scintillantes sur le masque d’horreur qu’elle cache, Desdemone affiche ce qu’elle est : Un monstre.
Le visage comme sculpté, ses yeux brillent au sommet des ruines d’une beauté passée. Des replis comparables aux gargouilles, les arcades squelettiques sont dégoulinantes d’un épiderme cramoisi… Elle porte les traits du démon.
Une damnée dans un purgatoire…
Elle tentera une grimace pour sourire aux visages connus, un hochement de tête respectueux aux autres, inexpressivement figée par ce masque d’anormalité… Elle se rapproche de la chaleur d’un foyer. Des yeux reptiliens sur le journal, elle tente aux lueurs ambiantes d’y déchiffrer ce qui est écrit.
Un long soupir d’insatisfaction, Desdemone place une main dans sa poche. L’autre viendra se balancer le long de sa silhouette. Une lueur d’inquiétude dans le regard, elle observe la vie autour d’elle. Puis, les yeux sur le feu, elle interroge la braise…
Ses narines s’écarquillent. Elle s’essuie les lèvres du revers de main. La feuille de journal se froisse harmonieusement avec les crépitements dans la barrique de métal.
Perdue dans ses illusions, elle a pris sa décision…
…De ne plus attendre ce que le vent lui apportera.
Le faciès traversé de reflets, et comme une réponse aux étincelles qui tourbillonnent devant elle, elle murmure quelques mots :
« Ouvre moi ta porte, Papa… Ouvre moi ta porte…»
L’encre de la feuille de journal, jauni par l’usure extérieure, indique à peine un jour récent. Un léger vent de bord de mer fait virevolter la feuille dans les airs. Autour de cette danse, les quais et nouveaux transporteurs industriels grelottent leur ferraille sous les secousses des flots. Pas âme qui vive et pourtant le papier se frotte au vent comme unique animation nocturne… Dans l’âpre filtre d’une lumière bleue, il semble arriver à destination. Quelques balancements désespérés pour s’accrocher à son apesanteur, il finit par se mourir au sol.
Une ombre azure se pose sur lui… Barrage soudain à la lumière claquante de l’halogène. Une silhouette vaguement féminine s’esquisse, encapuchonnée dans le noir d’un long manteau. Le regard méfiant par-dessus l’épaule, elle surveille nerveusement les environs. Le journal apportait les nouvelles à l’enfant des rues : D’un geste vif, elle le ramasse… Et l’ombre se mêle parmi les autres aussi rapidement qu’elle a surgi.
Un pas de grosses chaussures sur les dalles bétonnées, un autre dans une flaque d’huile, elle avance. La jeune fille dissimulée, voûtée dans son vêtement ne veut pas être vue. Discrète et rapide, elle s’enfuit…
Plusieurs centaines de mètres parcourus, elle se dirige vers un immense entrepôt déserté. Si l’odeur nauséabonde des mécaniques portuaires pouvait torturer l’air, un tout autre parfum l’usurpe avec une facilité étonnante. Une parfum de feu, aussi réchauffant qu’intriguant, se dégageait des grandes vitres fêlées des bâtisses.
La jeune fille sait où elle va… Là, où lumière est un guide. Le ciel obscur ne rivalise pas de ses étoiles pourtant, mais les différents attroupements urbains forment d’étranges constellations insécuritaires. Ici et là, les Parias rêvaient… Isolés dans leurs pensées ou dans leurs prières… Réunis dans leur misère. Ils s’agglutinaient autour de tonneaux enflammés tandis que d’autres longeaient les murs dans un sommeil profond. Des voix venant de nul part grondent en écho. Un lourd bruit de fond presque répétitif… Une sorte de ventilation assourdissante.
Si la jeune fille était craintive dans la nuit, elle le reste fermement dans ce lieu. Une démarche empruntée à la gent masculine, juste ce qu’il faut… Les flammes scintillantes sur le masque d’horreur qu’elle cache, Desdemone affiche ce qu’elle est : Un monstre.
Le visage comme sculpté, ses yeux brillent au sommet des ruines d’une beauté passée. Des replis comparables aux gargouilles, les arcades squelettiques sont dégoulinantes d’un épiderme cramoisi… Elle porte les traits du démon.
Une damnée dans un purgatoire…
Elle tentera une grimace pour sourire aux visages connus, un hochement de tête respectueux aux autres, inexpressivement figée par ce masque d’anormalité… Elle se rapproche de la chaleur d’un foyer. Des yeux reptiliens sur le journal, elle tente aux lueurs ambiantes d’y déchiffrer ce qui est écrit.
Un long soupir d’insatisfaction, Desdemone place une main dans sa poche. L’autre viendra se balancer le long de sa silhouette. Une lueur d’inquiétude dans le regard, elle observe la vie autour d’elle. Puis, les yeux sur le feu, elle interroge la braise…
Ses narines s’écarquillent. Elle s’essuie les lèvres du revers de main. La feuille de journal se froisse harmonieusement avec les crépitements dans la barrique de métal.
Perdue dans ses illusions, elle a pris sa décision…
…De ne plus attendre ce que le vent lui apportera.
Le faciès traversé de reflets, et comme une réponse aux étincelles qui tourbillonnent devant elle, elle murmure quelques mots :
« Ouvre moi ta porte, Papa… Ouvre moi ta porte…»
- Le courtier temporelConscience collective
- Age : 113
Date d'inscription : 23/01/2006
Re: [Mexique] Vera Cruz - Minuit
Jeu 8 Jan 2009 - 6:29
"Hey, la pyromane! J't'ai déjà dit qu'on aime lire le journal avant qu'il brûle, pas après! Arrêtes de parler toute seule et écoute quand on t'parle!"
Ça, c'était Antonio, un vieillard alcoolique qui faisait semblant de lire pour cacher qu'il était analphabète. Jùan, qui lui savait lire, essayait en vain de sortir le papier de la poubelle, mais il ne parvint qu'à se brûler et attraper quelques cendres.
Miguel, qui était probablement la personne qui était la plus proche d'un ami, ici, pour Desdemone, agrippa le bras du vieil homme et le tourna rapidement vers lui. Il était petit mais avait du nerf.
"Apprends donc à lire avant de donner des leçons aux autres, le sénile."
"P'tit voleur de pacotille, t'as rien à m'apprendre. Tu demandais encore le bib'ron que..."
"Que tu conquérissais l'allemagne. Ou bien c'était la fois où tu avais découvert Eldorado? On sait, imbécile!"
Miguel avait pris un ton moqueur et lança un regard hilare autour de lui, Antonio profitant de se moment pour se libérer d'un coup sec de son étreinte. Il fit ensuite un signe de tête à Juan et celui-ci frappa Miguel à l'estomac.
"Reste avec ta putain, y'a qu'elle qui veut de ta carcasse"
Une main sur le ventre, il fit un doigt d'honneur aux deux autres, qui s'en allaient déjà plus loin, et se retourna vers Desdemone, la regardant sans expression particulière.
Ça, c'était Antonio, un vieillard alcoolique qui faisait semblant de lire pour cacher qu'il était analphabète. Jùan, qui lui savait lire, essayait en vain de sortir le papier de la poubelle, mais il ne parvint qu'à se brûler et attraper quelques cendres.
Miguel, qui était probablement la personne qui était la plus proche d'un ami, ici, pour Desdemone, agrippa le bras du vieil homme et le tourna rapidement vers lui. Il était petit mais avait du nerf.
"Apprends donc à lire avant de donner des leçons aux autres, le sénile."
"P'tit voleur de pacotille, t'as rien à m'apprendre. Tu demandais encore le bib'ron que..."
"Que tu conquérissais l'allemagne. Ou bien c'était la fois où tu avais découvert Eldorado? On sait, imbécile!"
Miguel avait pris un ton moqueur et lança un regard hilare autour de lui, Antonio profitant de se moment pour se libérer d'un coup sec de son étreinte. Il fit ensuite un signe de tête à Juan et celui-ci frappa Miguel à l'estomac.
"Reste avec ta putain, y'a qu'elle qui veut de ta carcasse"
Une main sur le ventre, il fit un doigt d'honneur aux deux autres, qui s'en allaient déjà plus loin, et se retourna vers Desdemone, la regardant sans expression particulière.
- InvitéInvité
Re: [Mexique] Vera Cruz - Minuit
Jeu 8 Jan 2009 - 17:39
Prisonnière de ses pensées, et dans l’élan d’une timidité naturelle elle avait baissé la tête. Les deux hommes l’interpellèrent et elle n’eut que quelques gémissements pour répondre. La main tremblante par ce soudain réveil, les yeux écarquillés au milieu du visage d’effroi, elle ne sait que répondre. Quand Miguel interviendra, elle eut une inspiration… La pudeur venait de s’effacer pour une sorte d’embarras de la situation : Embarras qui finalement se confirmait totalement à la fin de l’altercation…
Un mouvement vif de recul, assez maladroit, elle laisse la violence s’exprimer. Desdemone n’avait pas suffisamment les pieds sur terre pour réagir à cet instant. Une main sur l’épaule de son ami, elle observe avec méfiance ceux qui s’éloignent… Une articulation mordue entre ses dents, elle dira à son attention, discrètement :
« T’es pas obliger de jouer les princes avec ma pomme, tu sais… »
Elle cherche du regard à savoir si Miguel se remettra du coup, ou non. La main sur la nuque, elle soupire… Une voix douce, au total contraste avec son monstrueux visage, sort de ses lèvres. L’adolescente a appris à grandir plus vite qu’elle ne l’aurait dû… Trop vite. Elle essayera de regarder Miguel dans les yeux ; Et même si son regard la pousse fortement à fixer le sol, la jeune créole prend sur elle pour dire :
« Tu te fais cogné pour pas grand-chose. Au pire, j’aurai raconté ce que j’ai pu lire sur ce torchon… Autrement dit les broutilles habituelles. Ca aurait ouvert le contact plutôt que de… »
La fin de son expiration étouffe le dernier mot. Desdemone s’interrompt… Un nouveau soupir, un rapide regard circulaire autour d’elle… Une lueur d’inquiétude vient noyer ses yeux reptiliens.
« Ouais bon… J’ai pas la gueule pour donner le sourire mais…
…Ca va, toi ? »
Un mouvement vif de recul, assez maladroit, elle laisse la violence s’exprimer. Desdemone n’avait pas suffisamment les pieds sur terre pour réagir à cet instant. Une main sur l’épaule de son ami, elle observe avec méfiance ceux qui s’éloignent… Une articulation mordue entre ses dents, elle dira à son attention, discrètement :
« T’es pas obliger de jouer les princes avec ma pomme, tu sais… »
Elle cherche du regard à savoir si Miguel se remettra du coup, ou non. La main sur la nuque, elle soupire… Une voix douce, au total contraste avec son monstrueux visage, sort de ses lèvres. L’adolescente a appris à grandir plus vite qu’elle ne l’aurait dû… Trop vite. Elle essayera de regarder Miguel dans les yeux ; Et même si son regard la pousse fortement à fixer le sol, la jeune créole prend sur elle pour dire :
« Tu te fais cogné pour pas grand-chose. Au pire, j’aurai raconté ce que j’ai pu lire sur ce torchon… Autrement dit les broutilles habituelles. Ca aurait ouvert le contact plutôt que de… »
La fin de son expiration étouffe le dernier mot. Desdemone s’interrompt… Un nouveau soupir, un rapide regard circulaire autour d’elle… Une lueur d’inquiétude vient noyer ses yeux reptiliens.
« Ouais bon… J’ai pas la gueule pour donner le sourire mais…
…Ca va, toi ? »
- Le courtier temporelConscience collective
- Age : 113
Date d'inscription : 23/01/2006
Re: [Mexique] Vera Cruz - Minuit
Jeu 8 Jan 2009 - 23:39
"T'es pas obligée de te laisser marcher sur les pieds, tu sais..." répondit Miguel, du tac au tac. Il n'était pas quelqu'un de très chaleureux et avait tendance à préféré la violence à toute autre forme de communication, mais comme on dit : à cheval donné, ne regarde pas la bride!
Miguel se laissa choir à côté de sa protégée et sortit un paquet de cigarettes de sa poche. Après en avoir pris une, il le tendit à Desdemone.
"T'en veux une?" Il lui offrait à chaque fois. C'était sa façon à lui d'être gentil. Mais pourquoi avait-il pris la mutante derrière son égide? Probablement dans un trip macho du genre "je joue aux héros"...
Il prit deux longues bouffées, après avoir allumé la cigarette du bout des doigts, et répondit platement.
... ou peut-être était-ce parce qu'ils étaient tous deux différents des autres parias.
"Bien sûr que ça va! Il m'en faut plus que cette chochotte de Juan pour avoir mal..."
Nouvelle inspiration, il tourna la tête vers la jeune fille et accota ses coudes sur ses genoux repliés.
"Et toi? Tu poses des questions et n'y répond pas toi-même..."
Miguel se laissa choir à côté de sa protégée et sortit un paquet de cigarettes de sa poche. Après en avoir pris une, il le tendit à Desdemone.
"T'en veux une?" Il lui offrait à chaque fois. C'était sa façon à lui d'être gentil. Mais pourquoi avait-il pris la mutante derrière son égide? Probablement dans un trip macho du genre "je joue aux héros"...
Il prit deux longues bouffées, après avoir allumé la cigarette du bout des doigts, et répondit platement.
... ou peut-être était-ce parce qu'ils étaient tous deux différents des autres parias.
"Bien sûr que ça va! Il m'en faut plus que cette chochotte de Juan pour avoir mal..."
Nouvelle inspiration, il tourna la tête vers la jeune fille et accota ses coudes sur ses genoux repliés.
"Et toi? Tu poses des questions et n'y répond pas toi-même..."
- InvitéInvité
Re: [Mexique] Vera Cruz - Minuit
Ven 9 Jan 2009 - 3:43
« Moi… »
Peut être elle ne s’était pas posée la question. Mais à son expression, cela devait être peu probable. Ses yeux quelques secondes dans le vague, elle se retrouve face au reflet de ses maux. Intérieurement, elle n’allait pas bien. Malgré cela, elle soupire et s’installe un peu mieux. La jeune femme s’accoude à ses genoux et le silence laisse place à un sourire dans la vague. Desdemone s’amuse à démêler une réponse, qui pourtant était évidente… La difficulté étant de le dire.
Elle accepte la cigarette, et un remerciement du bout des lèvres. Finalement sereine, l’incandescence rougeoyante de sa cigarette illumine son visage. Dans une inspiration, elle répondra :
« J’ai plus de questions que je n’ai de réponses… Et dire que ça va… Mmmmh… Disons que ça pourrait être pire… »
Un sourire en coin, elle souffle pour dégager de sa mine inhumaine la fumée. Son nez atrophié remuait étrangement. Le regard plissé de malice, elle regarde Miguel.
« Il y a toujours pire, j’imagine. »
La cigarette coincée entre les doigts, elle balance sa main en arrière. Comme si elle lançait avec nonchalance le flot de questions qui pouvait la hanter.
« Regarder en arrière, c’est me regarder dans la glace… Alors oui, clairement ça ne va pas si je cuisine la même soupe avec mes fantômes. Je veux me bouger le train… »
La lenteur de son débit de paroles venait d’être enflammée par une énergie nouvelle dans sa diction. Desdemone perdait peu à peu la peur de s’exprimer. Sa nervosité se tamisait grâce à cela. Avec franchise, elle hoche la tête rigoureusement avant de dégager sa tête de la capuche. Une tête aux nattes noires attachées, presque extra-terrestre… Elle avait de l’allure.
…Encore fallait il faire fi de l’anormalité monstrueuse de son visage.
« Je ne pourrais pas rester dans cette fosse 107 ans. Il faut que je trouve le moyen de… De m’en sortir, oui. »
Du bout des doigts, et accompagnant son geste d’un regard vigilant, elle désigne l’assemblée éclatée. Ses yeux perçants sur chaque petit groupe, la mâchoire contractée par une forme d’énervement.
« Ici, je suis parmi des gens qui me ressemblent. »
Une rupture dans son discours, elle se décontracte une seconde pour esquisser un sourire en coin. Les yeux sur son compagnon, elle poursuit :
« Rassure toi, je ne parle pas que de la surface… Mais en profondeur, il y a des misères comparables. Mais… »
Elle ferme peu à peu son poing. Exaspérée par quelque chose, elle le secouera à peine avant d’en relâcher la pression. Une brise de calme l’envahit, étouffant une probable montée de colère.
Sa voix s’adoucit… Presque un murmure… Chacun de ses mots devienne une lourde constatation. Desdemone parlait avec passion, et sans doute avec amour pour ce qu’il pouvait y avoir de meilleur dans l’être humain. Quelque chose d’insoupçonnable dans son propos, elle s’exprimait avec une assurance totalement opposée à la timidité première… Sereine…
« …Dans la ressemblance, il y a autant d’intolérance qu’ailleurs. Si ce n’est plus. La solidarité s’effondre pour des miettes qui tombent d’en haut. Les gens sont à cran, c’est la loi du plus fort… Dans cette loi, je suis déjà perdante.
Tout le monde l’est.
Sans fatalisme, justement… Mais… Réaliste…
Riche ou pauvre... Je ne suis pas armée pour combattre les scorpions d’où qu’ils viennent. J’ai encore du venin dans les veines, mes fantômes et à cause de cela, je ne pourrais rien contre les inégalités de ce monde. J’ai besoin d’apprendre avant de lutter à contre-courant…
…Et ici, je ne ferai que cultiver mes blessures, pour qu’elles me donnent la force de survivre.
Non…
Non, je ne veux pas. »
Elle finira par un soupir avant de replacer entre ses lèvres la cigarette déjà bien consumée. La jeune femme prend le temps de respirer le tabac avant de conclure :
« Je n’ai plus la même histoire, la même peau… Je ne peux plus être la même… C’est terminé maintenant. Ouais on n’oublie pas et ouais… Merde… »
La voix timbrée, de la résolution dans le regard, elle opine du chef d’un mouvement sec.
« …On apprend à faire avec. J’ai besoin de repartir vraiment à zéro. La vie ne me l’impose pas… Là… Je suis libre de choisir.
…Alors voilà.
Si ça ne va pas ce soir, ça ira mieux demain. »
Peut être elle ne s’était pas posée la question. Mais à son expression, cela devait être peu probable. Ses yeux quelques secondes dans le vague, elle se retrouve face au reflet de ses maux. Intérieurement, elle n’allait pas bien. Malgré cela, elle soupire et s’installe un peu mieux. La jeune femme s’accoude à ses genoux et le silence laisse place à un sourire dans la vague. Desdemone s’amuse à démêler une réponse, qui pourtant était évidente… La difficulté étant de le dire.
Elle accepte la cigarette, et un remerciement du bout des lèvres. Finalement sereine, l’incandescence rougeoyante de sa cigarette illumine son visage. Dans une inspiration, elle répondra :
« J’ai plus de questions que je n’ai de réponses… Et dire que ça va… Mmmmh… Disons que ça pourrait être pire… »
Un sourire en coin, elle souffle pour dégager de sa mine inhumaine la fumée. Son nez atrophié remuait étrangement. Le regard plissé de malice, elle regarde Miguel.
« Il y a toujours pire, j’imagine. »
La cigarette coincée entre les doigts, elle balance sa main en arrière. Comme si elle lançait avec nonchalance le flot de questions qui pouvait la hanter.
« Regarder en arrière, c’est me regarder dans la glace… Alors oui, clairement ça ne va pas si je cuisine la même soupe avec mes fantômes. Je veux me bouger le train… »
La lenteur de son débit de paroles venait d’être enflammée par une énergie nouvelle dans sa diction. Desdemone perdait peu à peu la peur de s’exprimer. Sa nervosité se tamisait grâce à cela. Avec franchise, elle hoche la tête rigoureusement avant de dégager sa tête de la capuche. Une tête aux nattes noires attachées, presque extra-terrestre… Elle avait de l’allure.
…Encore fallait il faire fi de l’anormalité monstrueuse de son visage.
« Je ne pourrais pas rester dans cette fosse 107 ans. Il faut que je trouve le moyen de… De m’en sortir, oui. »
Du bout des doigts, et accompagnant son geste d’un regard vigilant, elle désigne l’assemblée éclatée. Ses yeux perçants sur chaque petit groupe, la mâchoire contractée par une forme d’énervement.
« Ici, je suis parmi des gens qui me ressemblent. »
Une rupture dans son discours, elle se décontracte une seconde pour esquisser un sourire en coin. Les yeux sur son compagnon, elle poursuit :
« Rassure toi, je ne parle pas que de la surface… Mais en profondeur, il y a des misères comparables. Mais… »
Elle ferme peu à peu son poing. Exaspérée par quelque chose, elle le secouera à peine avant d’en relâcher la pression. Une brise de calme l’envahit, étouffant une probable montée de colère.
Sa voix s’adoucit… Presque un murmure… Chacun de ses mots devienne une lourde constatation. Desdemone parlait avec passion, et sans doute avec amour pour ce qu’il pouvait y avoir de meilleur dans l’être humain. Quelque chose d’insoupçonnable dans son propos, elle s’exprimait avec une assurance totalement opposée à la timidité première… Sereine…
« …Dans la ressemblance, il y a autant d’intolérance qu’ailleurs. Si ce n’est plus. La solidarité s’effondre pour des miettes qui tombent d’en haut. Les gens sont à cran, c’est la loi du plus fort… Dans cette loi, je suis déjà perdante.
Tout le monde l’est.
Sans fatalisme, justement… Mais… Réaliste…
Riche ou pauvre... Je ne suis pas armée pour combattre les scorpions d’où qu’ils viennent. J’ai encore du venin dans les veines, mes fantômes et à cause de cela, je ne pourrais rien contre les inégalités de ce monde. J’ai besoin d’apprendre avant de lutter à contre-courant…
…Et ici, je ne ferai que cultiver mes blessures, pour qu’elles me donnent la force de survivre.
Non…
Non, je ne veux pas. »
Elle finira par un soupir avant de replacer entre ses lèvres la cigarette déjà bien consumée. La jeune femme prend le temps de respirer le tabac avant de conclure :
« Je n’ai plus la même histoire, la même peau… Je ne peux plus être la même… C’est terminé maintenant. Ouais on n’oublie pas et ouais… Merde… »
La voix timbrée, de la résolution dans le regard, elle opine du chef d’un mouvement sec.
« …On apprend à faire avec. J’ai besoin de repartir vraiment à zéro. La vie ne me l’impose pas… Là… Je suis libre de choisir.
…Alors voilà.
Si ça ne va pas ce soir, ça ira mieux demain. »
- Le courtier temporelConscience collective
- Age : 113
Date d'inscription : 23/01/2006
Re: [Mexique] Vera Cruz - Minuit
Ven 9 Jan 2009 - 20:39
"Il y a toujours pire... même quand on est au fond du gouffre" répéta Miguel, avec amertume, comme l'écho négatif des paroles de la créole.
Il l'écouta ensuite se confier. Il portait attention à sa tirade, au point d'en oublier sa clope. Il finit par jeter le mégot dans la poubelle et s'en allumer une autre : il n'y avait pas assez de nicotine pour lui dans une demie cigarette!
"Et si ça va pas mieux demain? Ni le jour d'après?"
C'était purement rhétorique, Desdemone pouvait le sentir. Les questions suivantes, par contre, l'étaient beaucoup moins :
"Alors ça y est? Tu t'en vas? Tu y vas? C'est ce que tu essaies de me dire?"
Miguel était perplexe, aspirant de longues bouffées de cette fumée nocive, qui le consumait petit à petit. Si son amie partait, elle serait seule et sans défense. Mais si elle restait et qu'il lui arrivait quelque chose à lui, elle serait aussi seule et sans défense. Il en conclut donc que les risques s'équivalaient et qu'il n'avait pas son mot à dire.
Il l'écouta ensuite se confier. Il portait attention à sa tirade, au point d'en oublier sa clope. Il finit par jeter le mégot dans la poubelle et s'en allumer une autre : il n'y avait pas assez de nicotine pour lui dans une demie cigarette!
"Et si ça va pas mieux demain? Ni le jour d'après?"
C'était purement rhétorique, Desdemone pouvait le sentir. Les questions suivantes, par contre, l'étaient beaucoup moins :
"Alors ça y est? Tu t'en vas? Tu y vas? C'est ce que tu essaies de me dire?"
Miguel était perplexe, aspirant de longues bouffées de cette fumée nocive, qui le consumait petit à petit. Si son amie partait, elle serait seule et sans défense. Mais si elle restait et qu'il lui arrivait quelque chose à lui, elle serait aussi seule et sans défense. Il en conclut donc que les risques s'équivalaient et qu'il n'avait pas son mot à dire.
- InvitéInvité
Re: [Mexique] Vera Cruz - Minuit
Lun 12 Jan 2009 - 17:21
« Oui je m’en vais…
…Même si la décision est prise, ce n’est pas si simple. Il me faut le pognon… Et au moins savoir où je vais. J’ai le vent dans le dos, mais je ne sais pas forcement où je vais naviguer. Mais il faut qu’on prenne des risques, si on veut avancer. »
Elle acquiesce d’un air décidé. Un geste pour chasser les mouches devant elle, elle jettera le mégot de cigarette qui mourra lentement dans un crépitement de cendres… Desdemone laissera un silence avant de regarder Miguel dans les yeux. En pleine réflexion, elle ne faisait plus attention à la réaction que son visage pouvait provoquer. Elle s’interrogeait également sur l’avenir de son ami…
« C’est valable pour toi aussi. J’te force en rien… Tu peux venir aussi. Les Etats-Unis, c’est le rêve américain. Je ne dis pas que ce sera le paradis, mais il y a la liberté de pouvoir faire. L’espérance… Oui, l’espérance. »
Un simple sourire vient accompagné son regard qui se plisse. Avec une forme d’optimisme, ce nouvel espoir avait pour elle de belles perspectives d’avenir. En tout cas, elle voulait y croire…
« Tu veux faire quoi toi ? »
Un coup de tête sec dans sa direction…
« Restez ici, galèrez pour survivre… Trouver des plans ici et là, et ramassez des miettes ? »
Puis le regard reptilien de travers, elle regarde l’horizon urbain teinté de misère… Elle cible plus particulièrement les deux énergumènes qui avait bousculé Miguel. Un nouveau coup de tête…
« Ici, on se prendra un couteau dans les tripes au premier mot de travers, et au billet en plus dans la poche. Je préfère me rapprocher de… Cet institut là… Tu sais… L’institut pour gueules cassées comme la mienne. Je suis sûre qu’il y a moyen d’être comprise là-dedans, aidée et de mettre son énergie dans autre chose que la fouille des poubelles des beaux quartiers. »
Sa voix douce s’éteint lentement dans un souffle. Avec simplicité, elle scrute son ami… Cherchant à savoir ce que lui pense de la proposition.
« Tu n’crois pas ? »
…Même si la décision est prise, ce n’est pas si simple. Il me faut le pognon… Et au moins savoir où je vais. J’ai le vent dans le dos, mais je ne sais pas forcement où je vais naviguer. Mais il faut qu’on prenne des risques, si on veut avancer. »
Elle acquiesce d’un air décidé. Un geste pour chasser les mouches devant elle, elle jettera le mégot de cigarette qui mourra lentement dans un crépitement de cendres… Desdemone laissera un silence avant de regarder Miguel dans les yeux. En pleine réflexion, elle ne faisait plus attention à la réaction que son visage pouvait provoquer. Elle s’interrogeait également sur l’avenir de son ami…
« C’est valable pour toi aussi. J’te force en rien… Tu peux venir aussi. Les Etats-Unis, c’est le rêve américain. Je ne dis pas que ce sera le paradis, mais il y a la liberté de pouvoir faire. L’espérance… Oui, l’espérance. »
Un simple sourire vient accompagné son regard qui se plisse. Avec une forme d’optimisme, ce nouvel espoir avait pour elle de belles perspectives d’avenir. En tout cas, elle voulait y croire…
« Tu veux faire quoi toi ? »
Un coup de tête sec dans sa direction…
« Restez ici, galèrez pour survivre… Trouver des plans ici et là, et ramassez des miettes ? »
Puis le regard reptilien de travers, elle regarde l’horizon urbain teinté de misère… Elle cible plus particulièrement les deux énergumènes qui avait bousculé Miguel. Un nouveau coup de tête…
« Ici, on se prendra un couteau dans les tripes au premier mot de travers, et au billet en plus dans la poche. Je préfère me rapprocher de… Cet institut là… Tu sais… L’institut pour gueules cassées comme la mienne. Je suis sûre qu’il y a moyen d’être comprise là-dedans, aidée et de mettre son énergie dans autre chose que la fouille des poubelles des beaux quartiers. »
Sa voix douce s’éteint lentement dans un souffle. Avec simplicité, elle scrute son ami… Cherchant à savoir ce que lui pense de la proposition.
« Tu n’crois pas ? »
- Le courtier temporelConscience collective
- Age : 113
Date d'inscription : 23/01/2006
Re: [Mexique] Vera Cruz - Minuit
Lun 12 Jan 2009 - 20:08
Miguel écoutait avec attention, mais sans oser croiser le regard étrange de Desdemone. Il ne l'avait pas interrompue, pas même pour répondre à ses premières questions. À la dernière, cependant, il balança son regard entre Antonio, Juan, la poubelle et Desdemone. Il prit un morceau de bois par terre et entreprit de dessiner quelques formes géométriques avant de soupirer et répondre.
"J'le crois, oui. Mais pas pour moi. Pour toi, pour mes amis, pour mon frère. Pour tous les autres mutants, oui, mais pas pour moi. Je sais rien faire qu'allumer des clopes et des poubelles. J'suis dangereux pour personne, personne ne peut savoir en me regardant que j'suis un mutant. Alors bon, à quoi bon m'enfuir et laisser tout ce que je connais?"
Nouveau soupir, il effaça d'un coup de pied les dessins de poussière qu'il avait fait et releva son regard sur les lueurs de la poubelle.
"Je ne suis jamais allé bien loin d'ici. Jamais à plus de 20 ou 30 kilomètres... Et je veux pas m'éloigner. Cette misère, ce mode de vie, je m'y suis attaché."
Un silence pesant, rempli des doutes et des craintes de Miguel, s'installa quelques secondes, puis il reprit.
"Il y a les voyageurs, les chauffeurs de train : c'est toi ça. Et il y a ceux qui restent toujours au même endroit et qui voient les trains passés, les aiguilleurs. C'est moi ça. J'oriente les voyageurs vers leur destination et les regarde passer en rêvant. Et c'est comme ça que je me sens utile."
Miguel tapa sur ses genoux avec enthousiasme et força un sourire à poindre sur ses joues creuses.
"Je vais donc t'aider. Je connais un homme qui a déjà fait passer la frontière à mon frère et à quelques autres personnes. Il connaît le chemin et à l'habitude des mutants!"
Le pyrokinésiste s'était tourné sur ses fesses et lançait maintenant un regard direct à Desdemone, l'air de demander ce qu'elle en pensait.
"J'le crois, oui. Mais pas pour moi. Pour toi, pour mes amis, pour mon frère. Pour tous les autres mutants, oui, mais pas pour moi. Je sais rien faire qu'allumer des clopes et des poubelles. J'suis dangereux pour personne, personne ne peut savoir en me regardant que j'suis un mutant. Alors bon, à quoi bon m'enfuir et laisser tout ce que je connais?"
Nouveau soupir, il effaça d'un coup de pied les dessins de poussière qu'il avait fait et releva son regard sur les lueurs de la poubelle.
"Je ne suis jamais allé bien loin d'ici. Jamais à plus de 20 ou 30 kilomètres... Et je veux pas m'éloigner. Cette misère, ce mode de vie, je m'y suis attaché."
Un silence pesant, rempli des doutes et des craintes de Miguel, s'installa quelques secondes, puis il reprit.
"Il y a les voyageurs, les chauffeurs de train : c'est toi ça. Et il y a ceux qui restent toujours au même endroit et qui voient les trains passés, les aiguilleurs. C'est moi ça. J'oriente les voyageurs vers leur destination et les regarde passer en rêvant. Et c'est comme ça que je me sens utile."
Miguel tapa sur ses genoux avec enthousiasme et força un sourire à poindre sur ses joues creuses.
"Je vais donc t'aider. Je connais un homme qui a déjà fait passer la frontière à mon frère et à quelques autres personnes. Il connaît le chemin et à l'habitude des mutants!"
Le pyrokinésiste s'était tourné sur ses fesses et lançait maintenant un regard direct à Desdemone, l'air de demander ce qu'elle en pensait.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum