Event : Frozen

Dancefloor

Se montrer à cette soirée... Chris avait fini par se dire qu'il s'agissait là de sa plus grosse erreur. Qu'avait-il récolté au final ? Rien à part passer pour un imbécile auprès de l'une des rares personnes qu'il jugeait digne d'intérêt. Au fond, il enrageait. A croire que la franchise était une tare dans cet institut ! Que devait-il faire pour éviter de se retrouver dans ce genre de situation ? Jouer d'hypocrisie comme ces autres abrutis ? Il ne pouvait tout simplement pas. Son éducation était bien trop ancrée en lui. De plus... C'était tout ce qui lui restait de sa défunte mère. Au fond, ici ou ailleurs, c'était la même rengaine, il n'était qu'un étranger nuisible, ni plus, ni moins. Dire qu'il serait déjà reparti depuis longtemps s'il n'y avait pas eu cet empathe, expert de la destruction de vie d'autrui. Que faisait-il lui en ce moment même ? Chris se le demandait souvent. S'adonnait-il à son jeu favori à savoir la manipulation ? Dire que tous ces idiots avaient une chance monstre et qu'ils ne semblaient même pas s'en rendre compte...

Marchant d'un pas et le coeur toujours aussi lourds, le jeune homme déboucha finalement dans le hall, prêt à monter les marches pour regagner sa chambre. Certes, il s'en voulait d'abandonner ainsi Anna, mais il n'arrivait à penser autrement, elle n'avait pas besoin de perdre son temps avec un type tel que lui seulement bon à lui plomber sa soirée. D'ailleurs sûrement avait-elle déjà trouvé quelqu'un d'autre plus digne que lui de lui servir de cavalier... Pensée que Chris n'apprécia pas le moins du monde sur le coup et qu'il s'efforca de chasser au plus vite pour ne plus avoir à ressentir ce petit pincement au coeur qu'il trouvait des plus insupportables. S'était-il déjà senti aussi mal ? Il ne se souvenait plus. Tout ce qu'il souhaitait maintenant, c'était oublier cette effroyable soirée et au plus vite. Pour cela, quoi de mieux qu'une bonne douche et un bon petit lit ?

Posant le pied sur la première marche, Chris s'arrêta finalement à l'entente d'une voix qui ne lui était pas étrangère. Tournant le regard sur la personne, il l'observa quelques instants avant de se décider à faire montre de sa présence.

"Wind ?"

La voix du jeune homme fut plus lasse qu'il ne l'aurait souhaité, mais parler lui était devenu quelque peu difficile à dire vrai. Etrange tout de même... Que faisait-elle donc là, et seule qui plus était ? Cherchant du regard s'il n'y aurait pas trace d'une autre personne dans les environs, Chris s'accouda finalement à la rambarde, n'ayant même plus la force d'aller la rejoindre. Il fallait avouer qu'une part de lui ne désirait qu'une seule chose, filer sans demander son reste. Mais il ne put le faire. Par respect ? Il ne savait pas trop mais peu lui importait. Et puis, peut-être que discuter un peu avec elle allait-il lui remonter le moral. Et il l'en savait capable...

Wind et son sourire légendaire... Ce fut la première chose que capta le regard du jeune homme lorsqu'elle se retourna. Peut-être était-ce aussi pour cela qu'il l'appréciait, réussir à lui donner l'impression que tout allait toujours pour le mieux rien que par son sourire. Laissant finalement son regard errer sur son visage, il nota avec un certain intérêt que la jeune femme avait, comme la plupart des autres jeunes femmes d'ailleurs, apporté un soin tout particulier à sa toilette pour cette soirée. Mais elle, Chris ne la voyait pas comme toutes les autres, elle, était spéciale. La seule qu'il pouvait considérer réellement comme une amie, une personne à qui donner sa confiance. Ce qui ne lui était pas arrivé depuis... Depuis toujours en fait. A sa question, il ne put que lâcher dans un soupir des plus blasés.

"Oui je suis las..."

Etait-ce de la déception qu'il avait lu sur son visage l'espace d'une seconde ? La voyant soudainement inquiète, Chris crut bon d'esquisser un léger sourire, bien que plutôt forcé celui-ci, histoire de ne pas l'alarmer pour rien. Il ne la connaissait pas par coeur, certes, mais il en savait bien assez pour savoir que la jeune femme était bien le genre à se faire facilement du mourron pour les autres. Et ça, il ne le voulait pas. Se passant la main dans les cheveux, geste qui lui sembla bien difficile sur le coup, il n'écouta que d'une oreille distraite ses propos au sujet de ce Jo et cette Claire et de cet autre type qu'il ne connaissait pas, ses pensées vagabondant vers la piste de danse et plus particulièrement vers une jeune femme qui devait encore s'y trouver. Lui en voulait-elle ? Il ne le savait pas mais se disait qu'au final, ça serait peut-être une bonne chose. Il le méritait après tout... Petit soupir à fendre l'âme avant de focaliser à nouveau, bien que difficilement, son attention sur Wind qui se dirigeait maintenant vers lui. Et devant sa petite révérence, Chris ne put s'empêcher cette fois de sourire de toutes ses dents, rosissant légèrement sous le compliment et trouvant son accent plutôt touchant contrairement à ce qu'elle aurait pu en penser.

"Je pourrais en dire autant de vous mademoiselle Smith, vous êtes éblouissante"

Et il le pensait. Wind était tout simplement divine dans cette tenue et seul un aveugle n'aurait pu le remarquer. Ce Iacobo dont elle lui avait parlé avait bien de la chance quand on y pensait... La suivant du regard tandis qu'elle s'installait sur les marches, prenant grand soin de sa robe au passage, Chris ne put une nouvelle fois s'empêcher d'admirer la grace et la délicatesse dont elle faisait preuve. Cette jeune femme était d'une incroyable douceur mais si forte à la fois... Et cela n'avait de cesse de l'intriguer au fond. Il se remémora alors ce moment qu'ils avaient partagé dans sa chambre, toutes ces questions qu'il s'était posé à son sujet et qu'il se posait toujours. Wind l'invitait à s'asseoir à ses côtés, ce que fit le jeune homme, et sans se faire prier. Quelque part, la présence de la jeune femme lui avait manqué, ça, il ne pouvait le nier. Certes, ils se voyaient en mission, mais ça n'était pas pareil... Pourtant il ne s'agissait pas d'attirance sexuelle. D'ailleurs il n'arrivait à penser ainsi la concernant. Peut-être la respectait-il bien trop pour cela...

Prenant place à ses côtés, et effleurant légèrement son bras nu au passage, Chris laissa son regard se balader sur elle quelques secondes avant de finalement lui souffler, la voix emprûnte de lassitude et de... tristesse.

"J'ai failli en venir aux mains..."

Puis, secouant doucement la tête et murmurant comme pour lui-même.

"Dire que ça ne m'était plus arrivé depuis ces deux salopards..."

Et il se demandait encore comment il avait pu en arriver à ca. Pour Anna ? Impossible, il ne la connaissait même pas ! Certes, elle l'attirait énormément, mais pour en arriver là... Non, il devait sûrement y avoir autre chose. Mais quoi ? Etait-ce tout simplement lui qui n'allait pas ? Possible... Mais de ce cas... Ne lui serait-il pas mieux de quitter cet endroit avant de perdre définitivement la boule ? Après tout, qui le regretterait ? Coulant son regard sur le visage de la jeune femme, Chris se prit à espérer qu'elle au moins... L'entendre tout à coup soupirer le tira instantanément de sa rêverie, sentant que quelque chose n'allait pas de toute évidence. De ce qu'elle baragouina ensuite, il n'en saisi pas le sens.

"Eurydice ?"

Légèrement surpris, Chris l'observait maintenant sans trop comprendre. Il sentait pourtant que quelque chose la chiffonnait, mais ne voyait pas quoi sur le moment. Posant finalement son regard sur le sol, celui-ci se fit de plus en plus lointain, captant distraitement la voix de la jeune femme qui s'élevait à nouveau. Ne pas lui prêter attention hein... A cette pensée, les lèvres du jeune homme se fendirent d'un étrange sourire.

"N'y compte pas trop, une jeune femme aussi splendide, ça ne passe jamais inaperçu crois-moi..."

Et là ce fut un grand éclat de rire qui ponctua finalement la phrase du jeune homme qui semblait avoir complètement oublié ses propres états d'âme...

Jardin

Joachim avait un sourire sur le visage et une main froide dans la sienne. Les deux avaient peut-être un lien. Ceux qui le connaissaient bien pourraient le trouver différent, légèrement. Les autres verraient Joachima avec son sourire habituel. Il s'opposait presque en tous points à l'homme qui venait de rentrer dans le hall. Ses vêtements à lui avaient dû être distingués, maintenant ils étaient coupés en manches courtes plus ou moins bien et régulièrement.

"Nous voilà Wind ! Merci, pour tout. Bonsoir Chris, on s'est croisés mais sans plus je pense."

Joachim ferma la porte derrière Claire en lui adressant un sourire un poil plus radieux, pas grand chose, mais celui-ci était pour elle et nul n'aurait de mal à s'en rendre compte s'il l'apercevait. Il emmena Claire rejoindre les autres en se mettant à la hauteur de Beckers.

"Non monsieur vous ne vous êtes pas trompé de soirée, c'est bien le bon endroit. Tout se passe dans le foyer par là."

Il s'inclina dans une petite révérence en indiquant le couloir menant au foyer.

"Je pense que l'enfer vient du fait qu'il y ait beaucoup de monde et qu'il fasse chaud. ou alors un élève a fait son show, les deux solutions fonctionnent."

Il se releva en souriant à l'homme. Puis sourit aux autres. Il revînt finalement sur Beckers.

"Me permettriez-vous de vous poser une petite question Sir Beckers. Je ne sais pas si vous pourrez, ou voudrez, bien éclairer mais lanterne, mais elle se doit d'être posée."

Joachim attendit la réponse de l'homme en gardant la main de Claire dans la sienne, l'autre se trouvant dans son dos. Il avait l'impression que s'il lâchait Claire, elle s'en irait peut-être un instant pour les laisser converser seuls et il n'en avait pas spécialement envie. Néanmoins il tenait la main de celle-ci de sorte que si elle voulait s'en aller elle le pourrait aisément et il ne la retiendrait pas outre mesure pour le coup.

Notant la gêne de la jeune femme suite à ses paroles, et la voyant se tourner aussitôt vers lui, Chris cessa brusquement de rire pour l'observer plus attentivement. Pour dire vrai, il avait plutôt pensé qu'elle le prendrait avec humour, surtout venant de lui qui n'avait rien d'un Iacobo, mais apparemment, ça n'était pas le cas. La voir ainsi rougissante le laissa quelque peu perplexe et... légèrement troublé. L'avait-il mise mal à l'aise sans le vouloir ? Certes, c'était un véritable plaisir de la voir réactive à ses compliments, seulement elle semblait bien assez nerveuse pour qu'il n'aille en rajouter, et surtout pour une jeune femme aussi humble que l'était l'anglaise. A croire que celle-ci possédât toutes les qualités existantes sur terre... C'était en tout cas, l'image qu'elle lui renvoyait, et à chaque fois qu'il posait le regard sur elle.

Cependant, Wind eut tôt fait de le ramener brusquement sur terre, son regard se détournant finalement pour fixer un point invisible sur le sol. Elle lui demandait de qui il parlait mais lui n'avait pas spécialement envie d'en parler. Il n'en avait d'ailleurs pas eu l'intention, cela lui ayant tout simplement échappé. L'anglaise ne savait rien de son passé, et il préférait cela. Non pas qu'il ne lui fît pas confiance, mais curieusement, toutes les personnes mêlées de près ou de loin à sa vie, semblaient toujours finir par partager sa malchance... Pourtant il savait bien que cela lui ferait le plus grand bien de se confier un tantinet. Et pour cela, qui d'autre que Wind ? Soupirant lourdement, le jeune homme préféra finalement éluder sa question, se contentant de répondre simplement à son autre interrogation alors qu'elle posait la main sur son épaule.

"Détrompes-toi, s'il n'y avait pas eu toutes ces autres personnes..."

Aurait-il été plus loin ? Certainement. Certes, il n'était pas un bagarreur dans l'âme, mais se laisser marcher sur les pieds... Il ne connaissait tout simplement pas. Tournant ensuite son regard sur la jeune femme, il plongea son regard dans le sien, un léger sourire empli de dérision flottant sur ses lèvres.

"Oui... Comme l'abruti que tu as à côté de toi..."

Phrase à demi mots qui voulait hélas tout dire. Au fond, il aurait préféré qu'elle pensât le contraire, mais lui mentir... Il ne pouvait pas. Et même si cela le faisait passer pour un minable à ses yeux. A force, il pourrait même finir par être rôdé, Anna, Wind, Hjördis... Appréciant toujours le contact de sa main sur son épaule, geste qui n'avait de cesse de le réconforter, Chris ne put s'empêcher de lâcher un imperceptible soupir teinté de soulagement lorsqu'il croisa de nouveau son sourire. Et l'entendre ensuite lui raconter finalement ce qui semblait la chagriner lui procura un léger sentiment de plaisir. Il était si agréable de voir quelqu'un se confier à lui... L'écoutant avec attention, il compris rapidement ce qui n'allait pas, lui rétorquant au final, la voix étrangement douce et pensive.

"Il n'est jamais facile de savoir quoi faire dans ce genre de situation... La peur de blesser l'une ou l'autre personne n'est jamais agréable à vivre..."

Chris se souvenait de ces moments où il s'était retrouvé à faire l'intermédiaire entre son oncle et son père, alcoolique incapable à ce moment-là. D'ailleurs comment allait-il ? C'était triste mais autant avouer qu'il n'en avait plus grand chose à faire depuis déjà belle lurette. Wind pensait qu'elle n'aurait peut-être pas dû, Chris pensait le contraire. Comment pouvait-on s'en vouloir d'avoir seulement voulu aider un ami ? Méditant à présent sur la suite de la tirade de la jeune femme, il promena discrètement son regard sur elle, tandis qu'un sourire mi-figue mi-raisin venait éclairer son visage à la pensée d'une Wind métamorphosée en Orphée pour retrouver son Iacobo/Eurydice.

"Tu sais, j'avoue que je l'env..."

Chris s'interrompit soudain à la vue d'une personne, enfin de trois plutôt, qui se dirigeaient vers eux. Bel homme, costard à la coupe impeccable... Pas besoin d'aller chercher bien loin pour comprendre qu'il devait s'agir d'un invité en ces lieux. Quant aux deux autres, Joachim et Claire dont lui avait parlé l'anglaise un peu plus tôt, main dans la main. Un joli petit couple par ailleurs ne put-il s'empêcher de penser avec regret, l'image d'Anna venant douloureusement danser devant ses yeux. Lui trouvait-elle seulement un quelconque intérêt ? Ca, il ne cessait de se le demander au fond. Le nommé Beckers se posta juste devant eux et Chris se contenta simplement de le détailler de pied en cape, impassible. A ses salutations et son humour so British, aucune réaction si ce n'était un léger agacement. Agacement dû au constat que celui-ci ne s'était pas le moins du monde gêné pour écouter leur conversation.

"Tssss..."

Léger sifflement agacé, prémice de paroles pas très avenantes à venir. Mais heureusement, le Jo en question, le devança, les saluant et engageant la conversation avec lui. Parcequ'il s'agissait de l'ami de Wind, Chris prit la peine de les saluer lui et sa compagne d'un léger mouvement de tête...

Joachim se redressa assez prestement. Chris avait gardé le silence, Wind par contre avait salué le nouvel arrivé. Joachim n'était pas étonné par la réaction de Wind, il l'était plus par l'air un peu froid qu'affichait Chris. Il caressa le dos de la main qui était dans la sienne de son pouce assez doucement. Geste sans grand intérêt si l'on s'attachait à la situation actuelle. Mais Joachim ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu coupable vis-à-vis de sa compagne qui ne pouvait pas forcément vraiment prendre part à la conversation. Il aperçut Wind signer du coin de l'oeil et comprit plus ou moins ce qu'elle signifiait. En cas de soumission de translation elle était là ? Il avait dû faire une erreur... enfin... elle était là en cas de problème... la proposition devait plutôt se rapporter à un souci de compréhension mutuelle. Oui, c'était plus logique. Puis Joachim n'avait jamais entendu parler de soumission dans des mouvements relationnels entre deux personnes. Il n'arrivait pas à imaginer de quoi il pouvait s'agir.

Beckers s'adressa ensuite à lui niant le préfixe social qui avait semblé juste à Joachim. Et dénotant une petite touche d'humour par rapport à son urgente question.

"Ma question se rapporte justement aux petits fours. Je voulais savoir... Êtes-vous préparé au fait que si mes camarades parlent "d'enfer" ce n'est pas uniquement pour un effet de style quelconque. L'espace est finalement assez confiné pour le monde qui s'y trouve et la chaleur presque étouffante. Je ne voudrais pas que vous soyez pris de cours devant cette situation qui pourrait paraître oppressante. Je ne suis pas sûr que ce que vous allez voir ressemble à ce à quoi, votre "plumage" le dénote, vous êtes habitué."

Joachim garda son sourire avenant et taquin à la fois. Puis il se tourna vers Claire avec un air interrogateur et un visage plus "vrai" au sens que son masque de sourire semblait fissuré quand il s'adressait à elle.

"Tu veux y retourner tout de suite où il y a quelque chose qui te ferait plaisir ou te servirait avant cela ? Peut-être un peu plus de papier ?" Il se rapprocha de l'oreille de cavalière, restant néanmoins à distance satisfaisante d'elle même pour ne pas la toucher se faisant. A voix plus basse il reprit : "Attend-toi à ce que j'essaye de t'emmener danser."

Son regard tomba sur le cou de la jeune fille qu'il mourrait d'envie de toucher, de caresser, de serrer contre lui. Sur son épaule pour laquelle il éprouvait le même désir incongru, sur ses yeux bleus magnifiques qu'il aurait voulu ne jamais quitter des siens. Finalement il avait reprit sa position initiale et son sourire toujours présent s'était un peu estompé restant néanmoins un sourire. Mais il avait du mal à la soutenir avec tous ces sentiments qui se bousculaient dans son esprit dans un chaos de bruits insensés. Il connaissait la théorie mais personne, jamais personne ne lui avait dit qu'on nageait dans une telle incompréhension de soi-même et dans un tel océan de découvertes lorsqu'on rencontrait une personne avec qui on désirait ardemment passer du temps. D'où venaient toutes ces pensées ? Il tenta de se calmer en se focalisant sur autre chose. Il se retourna vers Beckers et ses camarades.

"Veuillez m'excuser pour la petite messe basse."

Son sourire légèrement transformé. Une transformation si petite qu'elle ne voudrait sûrement rien dire pour quiconque ne connaissait pas son masque habituel ou ne lisait pas dans ses pensées ou émotions. Les derniers, eux, sauraient sûrement mieux que Joachim de quoi il s'agissait.

Accrochant du regard le sourire chargé d'hypocrisie du British, Chris dévisagea sans retenue aucune celui-ci, l'expression de plus en plus froide et méfiante. Ce type... Il n'inspirait tout simplement pas la confiance. D'ailleurs comment pouvait-on seulement ne serait-ce que penser se fier à un gars qui affichait ouvertement autant d'hypocrisie ? Et Chris ne connaissait que trop bien ce genre d'expression pour y échapper. Décidément, ils étaient pires que ce qu'il avait pu imaginer ces professeurs. De telles connaissances... Quoiqu'eux mêmes, ils n'étaient pas mieux en un sens. C'était peut-être cela au final qui le perturbait plus que de raison, cette ambiance malsaine qui ne cessait de le renvoyer à cette même interrogation : "A qui puis-je réellement me fier ?"

Wind se levait après lui avoir parlé de jouer les guides touristiques et le jeune homme détourna finalement les yeux pour les poser sur cette dernière. Et inutile de préciser que son expression ne prêtait aucunement à équivoque. Il n'était tout simplement pas question pour lui de guider le British hypocrite où que ce fût ! Et le voir prendre ensuite la main de Wind pour la lui baiser de son air mielleux et irritant à souhait... C'est ce qui décida le jeune homme à se sortir de son mutisme, balançant d'une voix un peu plus sèche qu'il ne l'aurait souhaité tandis que le mister beau parleur s'adressait à Joachim.

"Désolé Wind, mais je n'ai aucune envie de jouer les guides pour cet hypocrite de première"

Se levant à son tour, il braqua son regard sombre sur ledit Beckers, le toisant sans aménité. Certes, Chris n'avait rien contre lui, seulement les double face avaient plutôt tendance à l'exaspérer... Occultant complètement la présence de Claire et de Joachim qui minaudaient dans leur coin, son regard froid passait alternativement de l'anglaise à l'anglais. Pour finalement lâcher dans un soupir empli de lassitude, à l'attention de Wind.

"Je monte me pieuter, j'en ai assez vu de cette soirée, amuse-toi bien"

Sur ces mots, Chris tourna lentement les talons, gravissant chacune des marches d'un pas quelque peu lourd. Pour dire vrai, il en avait maintenant plus que marre de toute cette mascarade. Où qu'il se trouvait, il n'arrivait à rester au calme, il y avait toujours une personne pour lui gâcher ses moments de plénitude. Le faisaient-ils tous exprès ou quoi ? Un gars, enfin un hybride, qui pétait un cable juste pour une malheureuse parole, brisant ce moment magique qu'il avait partagé avec Anna, suivi d'un British qui n'avait trouvé qu'à se mêler à la conversation qu'il était en train de partager avec Wind. Il y avait des moments où il aurait mieux valu rester couché, celui-ci en était le parfait exemple hélas...

Chambre de Chris

Claire tenait, le bras croisé sur son épaule opposée, la veste de Joachim contre elle. Elle se demandait bien de quoi elle pouvait bien avoir l'air devant Beckers. Les hommes aussi diplomates la rendaient mal à l'aise, car elle ne semblait jamais capable de voir quand ils étaient sincère ou non. Ses cheveux qu'elle avait lissés pour la soirée tombaient mollement sur ses épaules, emmêlés par le vent. Sa peau était toujours recouverte de chair de poule alors qu'elle se réchauffait lentement. Cependant, la muette était amusée par le jeu de Beckers. Ses expressions, autant dans sa façon de parler que de bouger, semblaient sortir de la noblesse shakespearienne.

Du coin de l'oeil, Claire voyait Wind bouger ses mains. Il lui fallu quelques fractions de seconde, remarquant qu'elle ne bougeait pas que pour se réchauffer, pour comprendre que les gestes s'adressaient à elle et que, en plus, ils voulaient dire quelque chose. Très surprise, Claire tourna les yeux vers Wind interprétant très rapidement, grâce à l'expérience, ce que la jeune femme lui disait. Toujours surprise, la muette esquissa un sourire ravi à son clin d'oeil. Elle libéra doucement sa main de celle de Joachim afin de lui répondre de la même manière;

" Je ne savais pas que tu pouvais parler le langage des signes. J'en suis heureuse, j'aurais ainsi peut être l'occasion de pouvoir parler avec quelqu'un pendant la soirée sans devoir griffonner sans cesse."

Claire jeta un rapide coup d'oeil à Joachim, qui semblait absorbé par l'invité de l'Institut, souriant doucement puis se retourna vers Wind pour poursuivre;

"Je crois qu'on se comprend mieux. Du moins, je l'espère car j'aime beaucoup sa compagnie. Merci beaucoup de ta proposition."

Claire regarda en souriant Wind se faire baiser la main par un impeccable Beckers. La muette se demandait s'il était homme d'affaire, politicien ou ambassadeur. Avec un sourire amusée, elle pensa; « P't'être bien les trois. ». Elle se croyait devant la noblesse incarnée! Claire reglissa sa main dans celle de Joachim, heureuse de pouvoir le faire. Mais son attention fut dévié immédiatement vers les escaliers où Chris se trouvait. Avec un dédain non retenu, il insulta indirectement Beckers, s'adressant à Wind. Le sourire de Claire rapetissait alors qu'elle remarqua que le jeune homme l'ignorait complètement, ainsi que Joachim et Beckers. Elle ne le connaissait pas, et peut être qu'il était toujours comme ça, mais le manque de politesse était assez flagrant dans cette situation là. Et installa un malaise dans le hall. Enfin, du moins dans le petit bout de femme qu'elle était.

Joachim lui caressa doucement le dessus de la main du pouce d'une manière tendre qui fit plaisir à Claire. Avait-il sentit son malaise, et voulait la rassurer ainsi? Peut importe, le geste était tout de même là, et Claire le remercia d'une petite pression sur sa main. Elle redirigea son attention vers la voix de Joachim, toujours un peu gênée par la réaction de Chris. Y avait-il une raison particulière pour laquelle il les avait ignoré? Pour un première impression c'était... En fait, il n'y avait pas eu d'impression du tout. Elle avait été ignorée.

La voix qu'elle trouvait si belle s'adressa alors à elle. Claire plongea ses yeux bleus dans le regard sombre de son cavalier. Elle se mit à réfléchir à quelque chose qu'il lui faudrait, mais ne voyait rien. Elle avait froid, certes, mais une fois de retour dans la ruche, elle allait reprendre les couleurs que le froid avaient mises sur ses joues mais dans la température inverse. Mais lorsque Joachim mentionna le papier, elle claqua les doigts de sa main libre, réalisant que c'était une bonne idée. Elle acquieça donc, prête à monter dans sa chambre pour chercher son carnet.

Mais au même moment, son cavalier se pencha vers elle pour lui parler qu'à elle. Intriguée, elle se rapprocha un peu plus de lui pour mieux comprendre. À ses mots, un sourire éclaira à nouveau le visage de Claire. Danser? Pourquoi pas. Cela pouvait être amusant, en effet. Elle allait se tourner vers Wind pour qu'elle lui transmette un message, mais elle s'arrêta en sentant le regard de Joachim contre son cou. Il dégagea une chaleur qui monta jusqu'à ses oreilles, alors que Claire regardait autour d'elle un peu gênée. Sa respiration réussissait à rester calme, mais son coeur accélérait dans sa poitrine. Le regard de son cavalier dévia alors pour se plonger dans celui de Claire. La jeune femme ne savait pas ce qui se trouvait dans ces yeux sombres, mais les papillons qui se formaient dans son propre ventre la firent sourire doucement. Le moment aurait pu durer des heures, juste à le regarder.

Lorsqu'il se détourna et s'excusa, Claire se tourna pour faire face à la fois à Beckers et à Wind. Libérant sa main pour la deuxième fois, elle profita du fait qu'elle pouvait s'exprimer en présence de Wind pour signer quelques mots;

"Veuillez m'excuser, je vais aller me chercher de quoi communiquer avec des personnes qui n'ont pas l'habileté de Wind pour converser avec moi. Bonne soirée, Monsieur Beckers. Au plaisir de vous revoir plus tard ce soir, espérant que la soirée vous plaise. À toi aussi, Wind."

Claire remercia Wind avec un sourire sincère et le signe qu'elle faisait si souvent depuis quelques temps, puis que c'était le seul que la majorité des personnes connaissaient. Elle se tourna vers Joachim, venant effleurer doucement sa main, le regardant doucement avec un sourire avant de se diriger vers les escaliers pour faire un saut à sa chambre

[HS; Je ne posterai pas dans la chambre, puisque Claire ne fait que prendre le carnet et revenir. Si jamais ce n'est pas adéquat, n'hésitez pas à me le dire.]

(HJ : pas de problèmes Claire. Si tu ne fais qu'un passage express, poste dans le sujet où tu t'installes, en disant juste que tu es passée par la chambre)

Alors que Joachim posait sa question, Beckers sembla un instant éberlué et décontenancé. C'était juste ça, la grande révélation du jeune homme ? Une obscure blague de geek sur des petits-fours... Il tâcha de former une réponse lorsque Chris fit sa petite colère. Beckers ne broncha pas face à la démonstration d'agressivité de Chris, se contentant de sourire aimablement. Toutefois, il sembla évident à tout le monde qu'il faisait un assez gros effort sur lui.

Il se tourna alors vers Wind, puis vers Chris qui partait, puis à nouveau vers Wind. Son regard était un peu plus étrange. Comme s'il se demandait ce que Wind pouvait bien trouver à fréquenter Chris, d'autant plus que Chris avait tout de même tué sa sœur. Pendant une fraction de seconde, Wind eut l'impression que Beckers était au courant de ce détail, puis ce dernier recomposa son visage amène et souriant, adressa un signe à Claire, en disant simplement :

"Merci beaucoup... Bonne soirée à vous aussi."

Sans attendre de réponse, il se dirigea vers le foyer. Il semblait avoir repris son attitude habituelle.

foyer

Joachim regarda Chris partir lourdement en affichant toujours son petit sourire. Il semblerait que le jeune homme ne sache pas se démêler autrement qu'en grognant des situations qui ne lui convenaient pas. Il faudrait noter de ne jamais le déranger si on ne voulait pas le chiffonner... Ou alors de le faire plutôt souvent, histoire de lui apprendre à se comporter en société. La manoeuvre pourrait être amusante...

Il sentit la main de Claire se dégager, revenir, se serrer une peu et continuer un petit manège qui enchanta Joachim, comme quoi beaucoup de manèges pouvaient être enchantés. Il sentit au regard que sa cavalière lui retourna que celui qu'il venait de poser sur elle avait été ressentit, mais il ne savait trop comment interpréter le sourire qu'elle avait affiché et leur regards perdus dans celui de l'autre. Quand il se plongeait ainsi dans ses yeux Joachim avait l'impression de plonger dans une mer plus ou moins gelée dont il ne savait pas s'il pourrait un jour ressortir. Elle s'en alla et Wind traduisit. Heureusement, Joachim ne comprenait pas trop pourquoi Claire voudrait électrocuter les personnes qui n'avaient pas le charme de Wind et pourquoi elle leur souhaitait une bonne cuite en espérant ne pas les voir malades. Décidément, il avait du boulot... il ne devait comprendre qu'un signe sur deux et ça en devenait handicapant quand les deux jeunes filles se mettaient à signer. Claire monta les escaliers après une caresse et un sourire qui raviva à nouveau un peu de couleur sur les joues de Joachim qui avaient repris leur teint pâle habituel. Il semblerait qu'il ne pourrait pas garder toute sa contenance très longtemps ce soir-là. Il fut coupé dans sa rêverie par le départ de Beckers qui se dirigea prestement vers le foyer.

Joachim se retourna vers Wind, un sourire un peu gêné, mais son masque étant mieux composé que lorsqu'il posait les yeux sur Claire.

"J'ai oublié de vous dire que vous étiez copines de signes c'est ça ?"

Joachim écarta un peu son col de chemise avec son index.

"Tu crois que tu pourrais répondre à une question Wind ?" Joachim marqua une pause et déglutit en même temps. "Pourquoi j'ai aussi chaud quand elle est là ou quand je pense à elle ? C'est vrai c'est pas la première fois que je me tiens près d'une fille... à la dernière fête j'avais dansé avec Mme Marcin et pourtant c'était... très différent, tu crois que j'ai de la fièvre ?"

Comme pour vérifier les propos qu'il venait de tenir, Joachim plaqua une de ses mains sur son front. La paume de sa main était à la même température que son front, il ne savait pas si c'était rassurant et prit un air un peu confus. Décidément tout ça était bien étrange.

L'amour ? Joachim n'avait que trop souvent entendu ce mot et que trop peu ressentit ce dont il s'agissait et ce que ça faisait d'être aimé depuis longtemps. C'était étrange, on aime pourtant un ami et ce n'est pas pareil pensa-t-il au fond de lui. On est aussi aimé d'un ami et c'est encore différent. C'était donc pour ça que les grecs avaient plusieurs mots qui se traduisaient dans la notion d'amour chacun différents. Joachim avait écouté Wind et il eut l'air pensif un instant.

"Oui tout ça... Tout ça plus le fait que ma main me semble vide lorsque la sienne ne s'y trouve pas, cette impression que je serais détruit si elle s'envolait loin de moi, et surtout, surtout cette impossibilité totale à garder mon calme quand ses yeux se fixent sur moi. Tu me connais mieux que beaucoup de monde dans ces lieux, tu sais comment je fonctionne. Je n'arrive absolument pas à contenir ce qu'il y a au fond de moi quand je la regarde. Je n'arrive pas à garder ce sourire un peu idiot et figé, j'ai l'impression de pouvoir laisser ressortir ce qu'il y a au fond de moi et pourtant... ça me fait un peu peur..."

Il ne souriait plus du tout de la même façon. Juste un petit sourire pensif, les yeux perdus dans le vide. Il réalisa alors encore une fois sa propre stupidité. Comment pouvait-il être autant attaché à quelqu'un qu'il connaissait à peine , Ce n'était pas logique et ça le laissait dans un état d'incompréhension assez monumental. Et si un jour elle partait, elle aussi, pourrait-il s'en remettre ? Il avait l'impression de s'exposer, c'était la seule fois que cela lui paraissait agréable, mais de s'exposer tout de même. Il fit une grimace, mais tout le reste de son corp semblait immobile.

"Je suis idiot encore une fois Wind. J'aurais plus tendance à penser à si elle partait que ce que je dois faire. Comme si la finalité de toute personne qui m'approchait était de forcément me quitter plus tard. C'est étrange tu ne crois pas ?"

Il fixa un instant le sol dans le silence et releva la tête vers Wind avec un sourire qui se radoucissait. Il devait cueillir le jour, mais cela semblait très difficile quand il pensait trop.

"D'ailleurs je suis sensé faire quoi ? Je ne sais même pas ce que ce genre de relation implique... J'ai vu des gens s'embrasser, mais j'en ai aussi vu s'embrasser pour des raisons que je ne comprend pas." Joachim pensa à Georgia qui semblait plus embrasser des gens pour le plaisir de le faire que pour le symbole que ce geste avait, si toutefois il en avait un. "J'ai envie de lui faire plaisir mais étrangement, je ne sais pas du tout comment m'y prendre. J'ai l'impression de n'avoir jamais appris à rendre quelqu'un heureux... Tu crois que je suis irrattrapable ?"

Il se laissait peut-être un brin trop submerger par ses interrogations. Et dieu savait que les "brins" avec Joachim faisait souvent la taille d'un chêne centenaire. Il faudrait peut-être qu'il commence simplement par se calmer. Tout à coup il réalisa. Reprenant un sourire plus radieux, il se gratta le crâne, se décoiffant un peu au passage, mais cela était moins grave maintenant qu'il avait des cheveux plus courts.

"Désolé j'ai dû penser un peu à haute voix ! En tous cas j'ai envie de passer du temps avec Claire, clairement."

Au-delà de tout jeu de mots, il se rendit compte que c'était peut-être une des premières fois qu'il parlait d'elle en utilisant son prénom. Un détail sûrement pour beaucoup, et pourtant n'était-ce pas déjà une forme d'acceptation de ce qui était en train de se tisser en lui ?

[ Foyer après le post de Jo]

Joachim écouta les réponses de Wind. Bien sûr ç'aurait été trop facile s'il y avait eu une réponse unique... Un "truc" qui marche à tous les coups. Et bien tant pis ! Il ferait sans et il ferait bien, il devait faire bien. Il leva les yeux vers les escaliers avec la remarque de Wind et vit, avec bonheur, et un sourire sa brune arriver avec un visage empourpré. Elle se planta là et leur montra un bout de papier suggérant effectivement qu'ils retournent dans les abysses de l'institut. Il avait accaparé Wind bien trop longtemps à son goût. Il sourit aux deux jeunes filles.

"Effectivement, nous devrions y retourner, Wind ne fais pas attendre mon colocataire trop longtemps, après c'est moi qui vais devoir éponger et j'ai pas envie de boire autant en ce moment, même avec lui. La dernière fois, c'était avec toi et on n'étaient pas frais à la fin..."

En disant cela, il s'avança vers Claire pour se positionner à sa hauteur, il posa ses yeux sur elle souriant en repensant à ce que Wind avait dit. Il tourna la tête vers cette dernière.

"[Français]Allez zou ! [/Français] On te suis de près, va rejoindre ton Eurydice avant qu'elle ne se retrouve attaché corps et âme dans le foyer !"

Il sourit et passa ses bras autour de Claire, cette fois-ci, il ne lui laissait pas vraiment le choix. Son souffle descendit contre le cou de celle-ci pour se faire un soupir brûlant. Il la serra contre lui, une main dans le creux de son dos, l'autre contre sa nuque et doucement il ajouta :

"Ce ne sera pas pareil là-bas avec tous les regards, alors je te vole une dernière étreinte un tant soit peu intime."

Sa tête vînt un instant se blottir contre le cou de Claire, et il se figea ainsi. Puis, quelques instants après, il relâcha son étreinte doucement. Ses mains glissèrent pour finalement venir enlacer le bras gauche de Claire de son bras droit.

"On y va ?"

Puis Joachim se mit en route vers le foyer (une fois que Claire eut confirmé le mouvement des deux tiers des personnes présentes dans le hall).

Foyer (J'éditerais si problème mais à priori pas de soucis)