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[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 3 Empty Re: [Rockford] La nuit, tous les chats sont gris

Sam 11 Juil 2009 - 3:01
[Promis ! Merci^^]

La grenade explosa bien plus vite que l’enfant ne l’avait prévu, et bien trop près d’eux. Il avait à peine eut le temps de traîner… ou de supporter le poids de Moses plus de quelques mètres. Franchement, jamais il ne se serait douté que l’explosion serait aussi forte, ni aussi lumineuse. Il avait pensé que… c’était comme les feux que l’on tirait lors des fêtes, en plus chaud, peut-être. Mais jamais, jamais il n’aurait pensé à cette chaleur si intense, à ce bruit qui faisait siffler ses oreilles. Et puis, il y avait les hurlements. La détonation avait été proche, mais pas assez pour le rendre complètement sourd, malheureusement.
Le souffle de la grenade incendiaire les avait précipités à terre, Moses et lui. Thomas, qui s’était glissé sous le bras du blessé, tomba en premier, le grand colosse sur lui, le protégeant involontairement du déluge de feu qui s’était abattu. L’enfant ne vit qu’un bref éclat de lumière, mais il entendit les cris, les hurlements, et ressenti comme une seconde explosion de douleur et de frayeur. Moses ? Ou peut-être bien lui, Thomas. Jamais le petit n’avait entendu pareils hurlements, jamais il n’avait cru autant souffrir devant un simple bruit. Ecrasé par le poids du colosse, il était bien incapable de se boucher les oreilles, et encore, ce n’était pas sur que cela puisse atténuer ce vacarme.

Il ne s’était peut-être passé que quelques minutes, l’enfant ne savait pas, avant que le chef ne vienne le remettre sur ses pieds, écartant Moses avec douceur. Le gamin se laissa docilement faire, se contentant de regarder son homologue du futur avec de grands yeux terrifiés. Il était encore en état de choc, un peu détaché de tout ce qui se passait, malgré les regards qu’il jetait à la ronde : les autres indemnes, tous, sauf le colosse qui avait été blessé. Même quand le grand Thomas expliqua qu’il n’y avait rien, ni médecin, ni vaccin, et qu’il fallait mieux pour Moses d’être mort aussi vite, le jeune mutant ne parvint pas à réaliser ce qui venait d’arriver. La salle, autour d’eux, avait été complètement dégagée par l’explosion, et la voix était libre. Pourtant, le petit ne parvenait pas à s’en réjouir, jetant autour de lui un coup d’œil indifférent. La vue du cadavre du colosse, qui avait été son ami durant ces dernières heures, et le rempart entre sa petite vie et la mort annoncée de la grenade, laissa au petit un sentiment étrange, comme s’il pleurait à l’intérieur mais ne parvenait pas à le faire en vrai. Tout à coup encore plus perdu, il posa son regard confiant sur la seule personne à même de le guider. Ce fut d’ailleurs la voix douce de cette personne, de ce chef, qui lui parvint à travers son étrange torpeur. Avancer, il fallait avancer. Et s’apitoyer, plus tard peut-être.
Le petit Thomas se sentait tout étrange mais, quand il emboîta le pas aux autres, glissant sa main dans celle de son aîné, il sentit sa transe le quitter peu à peu. Il se sentait toujours un peu perdu, et nauséeux, mais il avait compris que… que… Moses était mort. L’enfant lâcha la main qui le guidait et s’éloigna de quelques pas, se penchant pour vomir tripes et boyaux. C’était la première fois qu’il voyait un mort, la toute première fois, et cela ne pouvait pas le laisser indifférent. Mais après ce brusque haut-le-cœur, il se sentait un peu mieux. Bravement, il balaya les larmes qui lui venait aux yeux et rejoignit le petit groupe. Plus tard. Plus tard, on aurait le temps de pleurer : pas maintenant.


Finalement, ils y étaient presque. Si le dixième étage n’avait rien révélé d’autre, le onzième lui, contenait son lot de surprises peu ragoûtantes. Thomas s’efforçait de se concentrer sur la voix de Eve, qui jouait les guides, et sur le dos du chef, sur le chemin, droit devant lui. Ne pas regarder, surtout, ne pas regarder. Car tout était plus affreux à chaque pas, et il y en avait beaucoup, des pas, pour arriver jusqu’à cet ascenseur que l’on voyait. L’enfant s’efforçait de ne pas deviner ce que c’était, de ne pas voir, mais il ne pouvait pas tout ignorer. La dernière chose qu’il vit lui laissa un goût acide dans la bouche, et de furieux frissons parcoururent son corps. Cela avait l’air tellement humain, cette tête, et tellement grotesque, perchée sur un corps arachnoïde !
Mais soudain, de telles pensées n’eurent plus leur place. Comme si quelque chose leur vrillaient les tympans, les quatre humains restants ressentirent une drôle de sensation. Et l’enfant entendit quelque chose, comme si une voix lui parlait. Mais il ne l’entendait pas avec ses oreilles, non : les paroles semblaient s’inscrire directement dans son esprit, comme si on lui parlait mentalement. Et il y avait cette drôle d’araignée, aperçu tout à l’heure, qui semblait contrôler tout ça. Qu’est-ce qu’elle disait ? Ses enfants… d’autres araignées ? Encore plus ?
Thomas sentit le cœur lui manquer à cette nouvelle, mais il reprit assez contenance pour désigner l’araignée qui agitait mollement ses pattes. Il fallait s'effrocer d'ignorer qu'elle lui parlait, c'était tout.

"C’est ça, une télépathe ? Vous feriez mieux de la tuer, parce qu’elle va nous embrouiller, c’est tout !"

Il n’y connaissait pas grand-chose aux pouvoirs mutants, mais cela le surprenait tout de même que cette bête ait réussi à percer ses défenses : ni Charlie ni Eve n’y étaient parvenues, pourtant, et elles semblaient expérimentées. C’était très curieux, oui, et Thomas se sentit encore plus méfiant. Il aurait bien voulu lui répondre, à cette sale bête, mais il était empathe, lui, pas télépathe ! En tout cas, cette menace ne lui faisait pas peur : il était loin de la crainte et de la terreur, à cet instant… encore un peu sous le choc du décès de Moses, sans doute. L’homme avait donné sa vie pour le protéger, et Thomas s’en sentait redevable. Mais comment répondre à cette bestiole ?
Il ne pouvait pas, il fallait s’y résoudre. Se forgeant mentalement une image de Miko dans sa tête, parce que cette image de petite fille qui portait une chose sur son dos était amplement préférable à l’idée de la créature mi-humaine mi-araignée qu’il y avait dans l’un des bocaux, l’enfant continua à avancer, se dirigeant délibérément vers l'ascenseur. Charlie, ou Thomas, ou Eve se chargeraient bien de la bestiole qui parlait dans leurs cerveaux. Les adultes semblaient lui faire confiance, et l'enfant se sentait en sécurité auprès d'eux.
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[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 3 Empty Re: [Rockford] La nuit, tous les chats sont gris

Sam 11 Juil 2009 - 3:50



A peine Thomas avait eu le temps de prononcer ses paroles que le reste de l'équipe fit feu sur l'araignée.

Le chef, qui avait récupéré le fusil d'assaut de Moses, et Charlie mitraillèrent la chose à 8 pattes de l'incubateur... Les douilles sautaient au rythme des deux armes automatiques, et au fur et à mesure que la bestiole encaissait les coups, elle perdait un à un ses membres... Finalement son thorax fut touché et elle s'effondra d'un seul bloc.

Ève ne fut pas en reste et s'acharna à coups de révolver sur les formes humanoïdes. Chaque coup dans les cocons révélaient une multitude de larves arachnoïdes, qui sautaient dans les airs, mortes.

Finalement le chef jeta son arme, déchargée, au sol, et se saisissant de son dernier pistolet acheva la créature jusqu'à ce que le barillet soit vide, histoire d'être bien sur qu'elle ne leur parle plus jamais dans leur tête.

Les armes se turent une fois que le seul bruit qui demeurait dans la pièce fut le cliquetis sourd des armes vides de toutes munitions. Charlie commenta, au bord du désespoir :

"Mince ! On n'a plus une seule balle... Il te reste quoi Tom ?"

Elle s'adressait bien entendu au chef.

"Juste une grenade incendiaire... et mon couteau. Mais je garde l'explosif en dernier ressort... Histoire de pas crever sans en expédier encore quelques unes dans l'au-delà"

Les 3 adultes se regardèrent en chiens de faïence.

"Bah on est tous des mutants, non ? Deux télépathes, deux empathes contre les associés principaux, c'est correct non ?" ironisa le chef.

Il souriait. Comme un dératé. Comme un héros.

"En route pour la mort, p'tit... Les derniers seront les plus durs je pense..."

Et l'homme du futur traversa le couloir dévasté et criblé d'impacts de balles seul... Charlie observa le petit Thomas et lui dit :

"Je crois que c'est la fin là... En tout cas, ouais c'était une télépathe. Elles sont pas rapides mais peuvent être très pénibles à combattre. Sans nos boucliers psy, elle nous aurait dominé assez facilement. Quant aux cocons, ce sont des homuncules, enfin Tom les appelle comme ça... Bref, ce sont des créatures à forme humaine... Mais derrière le cocon se loge une multitude de petites araignées qui l'anime. La nuit, les homuncules peuvent être très dangereux... Faut pas hésiter à les buter"

Elle se dessaisit de son arme et emboita le pas de son chef et amant.

Ève, cramponnée à son revolver vide lança hystérique :

"Et vous allez faire quoi ? Déjà à mon époque Manners et Lange étaient des monstres ! Alors maintenant ? Ils n'ont jamais eu la moindre humanité ! Et Holland Manners n'est pas le membre le moins dangereux du Triumvirat !"

Puis voyant que ce serait peine perdue, elle lança au petit :

"Je t'en donnerai des épreuves initiatiques... La prochaine fois qu'il s'agira de rentrer dans une caverne pour des bouffonneries, j'enverrai cet imbécile heureux de Jesse"

Le petit garçon passant devant la chose pétrifiée à tête de gamine put lire la légende gravée sur la plaque en bronze, comme pour un trophée, située au bas de la cage de verre :

CI GIT LA CRÉATURE ORIGINELLE
PREMIÈRE COURONNE DE VIE
DÉVASTATRICE DES MONDES
SERVITEUR DU CHAOS

Et le visage de la chose, grotesquement déformé par la haine, évoquait celui d'une certaine petite fille...

*
**

L'ascenseur fonctionnait. Et le voyage fut bref. Quand les portes s'ouvrirent à nouveau, le petit groupe découvrit le dernier étage : il n'y avait ni mobilier ni cloison... l'étage recouvrait toute la surface de l'immeuble. Et seule une énorme baie vitrée de la largeur de la "pièce" tranchait avec la monotonie inhérente au dernier étage.

[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 3 La-plastique-selon-Louise-Bourgeois_pics_500

A environ une vingtaine de mètres de la position du groupe, un homme faisait une révérence devant une imposante araignée. Ils ne semblaient pas encore avoir remarqué l'arrivée du groupe.
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[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 3 Empty Re: [Rockford] La nuit, tous les chats sont gris

Sam 11 Juil 2009 - 12:52
Quand le fracas des armes retentit, instinctivement, l’enfant plaqua ses mains sur ses oreilles. Mais à travers, le bruit lui parvenait, mais le son atténué lui paraissant moins agressif, moins effrayant en un sens. Jusqu’à présent, les armes, il pensait que c’était logique : on en voyait tellement, à la télé, dans les jeu vidéos ! Mais pour de vrai, elles étaient terriblement efficaces, bruyantes, et effrayantes. Le tir sur les araignées dura longtemps, longtemps, e les yeux agrandis de frayeur du petit Thomas surprirent des choses qu’il se serait bien passé de voir : les derniers soubresauts de la télépathes, les affreuses araignées toutes regroupé dans les formes vaguement humaines qu’il avait aperçues du coup de l’œil et, surtout, le regard presque hystériques de ses compagnons. Il éprouvait un vague sentiment de malaise en les regardant, comme s’ils étaient tous devenus fous, fou de terreur. Lui, il était toujours plus ou moins anesthésié par la mort de Moses, mais eux, ils semblaient au bord de la panique.
Le fracas d’une arme jeté sur le sol le fit sursauter, et il se rapprocha des trois autres tandis que, peu à peu, seul le bruit des barillets vides troublaient le silence. Plus de balles, ils n’avaient plus de balles… mais ça avait l’air de leur avoir fait du bien. Seuls restaient leurs pouvoirs, une grenade et le couteau du chef. Comme l’avait dit celui-ci, cela ne pesait pas bien lourd face aux patrons de cet immonde immeuble. Mais l’enfant, en ce moment, se fichait bien de la pauvreté de leur défense : il n’avait d’yeux que pour son héros, qui souriait comme un malade.
Peu importe qu’il les entraîna vers une mort qui se faisait de plus en plus assurée. L’enfant n’avait d’yeux que pour l’homme qui marchait, seul, dans le couloir, et qui semblait comme nimbée d’une lumière héroïque. C’était peut-être simplement la lumière du soleil, de la lune, ou des lampes artificielles, le petit Thomas s’en fichait. Tout ce qu’il voyait, lui, c’était cet homologue du futur qui ne baissait jamais les bras, et les invitait à le suivre. L’invitait, lui, le considérant comme un membre de son groupe, et pas comme un petit gamin. Comme s’il avait une énorme importance. A cet instant, le chef aurait sauté par la fenêtre que Thomas n’aurait pas hésité bien longtemps !

L’enfant sentit le regard de Charlie se poser sur lui et tourna la tête vers la jeune femme, qui répondit rapidement avant d’aller rejoindre son chef. Elle était drôlement jolie, songea à nouveau le petit garçon, et courageuse, aussi. Pourtant, elle lui avait parlé d’égal à égal… Avant que la jeune femme ne s’éloigne tout à fait, l’enfant lui fit un sourire complice et commenta :

"J’aurais vraiment de la chance, en tous cas."

Comprenne qui pourra. L’autre Thomas, le chef donc, devait sans doute pouvoir comprendre le début de béguin que ressentait l’enfant pour son amante. Après tout, ils devaient avoir à peu près les mêmes goûts !
Eve brailla quelque chose, mais personne ne fit mine de l’écouter. Ils n’avaient aucune chance, l’enfant le comprenait, mais l’entendre dire n’était pas franchement indiqué pour soutenir le peu de moral qu’il restait encore en eux. Finalement, Eve se tourna vers lui, et, en l’entendant, Thomas esquissa un sourire. Les épreuves initiatiques… c’était fait pour changer les gens, non ? Les faire grandir, ce genre de choses. Lui, cela l’avait changé, profondément. Il avait perdu beaucoup de son optimisme enfantin, aujourd’hui, et vu mourir un homme. Constaté aussi qu’une équipe soudée n’abandonnait devant rien, jamais, et peu importait l’âge de ses membres, leurs idées ou leur apparence. C’était la première fois qu’il avait travaillé en équipe aujourd’hui, vraiment, et malgré le peu d’heures qu’il avait passé ici, il était désespéré de les voir mourir. Comme si on tuait sa famille. Ce qui l’amenait à penser à Eve, finalement, dernier lien qui le rattachait à Rockford et à son statut de petit garçon du passé.
Elle aussi avait changé. Elle paraissait presque sympathique, maintenant, malgré une tendance hystérique légèrement déplaisante. Cet Eve là n’aurait pas livré Miko, il en était presque persuadé. Cette Eve-là, si changée, faisait aussi partit du groupe, après tout. Et, l’un dans l’autre, Thomas était content d’avoir eu l’avocate à ses côtés. S’approchant d’elle, il la regarda d’un air gentil.

"Finalement, je suis bien content que tu sois venu, et pas lui. Il n’avait pas le cran d’être un associé, c’est bien ça que tu as dit, tout à l’heure ? Il ne nous aurait servi à rien. Toi, tu es venu, et tu nous as aidé : t’es pas si méchante, après tout. Merci."

Sur un dernier sourire timide, Thomas s’éloigna rejoindre les autres. Son regard fut attiré par une plaquette sous l’espèce de vitrine, et il commença à lire… avant de s’arrêter net. Il ne voulait plus jeter un regard à cette chose, et baissa obstinément les yeux le temps de relire la plaque. Non, cette chose dedans, ce n’était pas Miko. Miko était jolie, Miko était gentille, ce n’était pas cette horrible chose ! Pourquoi ces avocats affreux lui avaient-ils fait cela ? Le petit senti la rage monter en lui, et ce fut encore plus résolu qu’il s’avança vers l’ascenseur où l’attendait ses compagnons d’infortune. Si tant est qu’il en ait eu besoin, il avait une nouvelle raison de voir mourir ces affreux bonhommes : Miko. Et Moses, aussi. Et ses parents, et le monde… tout, quoi.



Et puis, ils arrivèrent au dernier étage : celui de leur mort annoncée. La télépathe araignée avait dit que ses enfants savaient qu’ils arrivaient, qu’ils allaient les dévorer, mais il n’y avait pas de petites araignées en vue quand ils arrivèrent à destination. Juste une pièce vide, une énorme baie vitrée et… une encore plus énorme araignée. Et puis un homme aussi, qui se courbait devant elle. Personne ne semblait avoir remarqué leur présence, et Thomas sentit sa gorge se serrer. Si ce n’était que ça… est-ce que cela pouvait être aussi facile ?
Le chef avait dit qu’il lui restait une grenade, et il n’y avait qu’une araignée dans cette pièce. Et cet homme, que l’enfant se fichait bien d’atteindre. L’explosion réduirait l’étage en miettes, et l’araignée serait morte…et ils s’en sortiraient. Non, c’était trop simple. Mais il avait beau regarder, il ne voyait pas le piège. L’enfant posa le pied sur la tranche de l’ascenseur, de façon à bloquer le faisceau et empêcher que les portes ne se referment, et chuchota tout bas, de façon à être seulement entendu de son meneur et pas de l’araignée.

"Tu peux lancer la grenade, tu crois ?"

Il n’arrivait pas à bien distinguer la silhouette en contre jour de l’homme qui faisait une révérence, mais cela n’avait peu être que peu d’importance, après tout. N’empêche, il aurait bien voulu le voir, ce traître à la race humaine qui s’inclinait devant des araignées.
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[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 3 Empty Re: [Rockford] La nuit, tous les chats sont gris

Sam 11 Juil 2009 - 14:33
La manœuvre de Thomas bloqua l'ascenseur : le faisceau lumineux trouva sur son passage le jeune mutant, empêchant pour l'heure la porte de se refermer. Les 3 autres s'avancèrent dans la pièce.

Le chef le regarda rapidement puis sortit sa dernière grenade dans le but avoué de la lancer sur les deux créatures.

"A mon signal, vous vous jetez tous dans la cage... On va peut être s'en sortir finalement"

Faisant mine de dégoupiller la grenade, son geste fut bloqué en route. Une expression de désarroi s'afficha sur son visage. Les deux femmes regardèrent le leader, l'air incrédules. Et ce dernier, paniqua totalement, des larmes de rage coulant sur ses joues.

"Non... Pas maintenant" marmonna-t-il entre ses dents.

L'araignée et l'homme firent volte face et observèrent le petit groupe. Ils se rapprochèrent des combattants humains, la chose faisant un bruit métallique abominable à chaque fois que l'une de ses 8 pattes touchait à nouveau le sol.

Ils étaient tout proches. Suffisamment pour que l'arachnoïde puisse mordre ou lacérer l'une des filles, pétrifiées de terreur. Mais ce n'est pas ce qui se passa...

Les résistants étaient comme paralysés. Même Thomas ne put bouger d'un pouce. Comme si quelque chose avait percé ses défenses psys, comme si cette même chose était une araignée télépathe d'une taille imposante...

[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 3 Cooper


L'homme de l'étage sourit d'une manière malsaine.

"Bienvenue au douzième et dernier étage de l'enfer. Je suis Jérôme Lange et voici mon associé Holland Manners"

Il désignait la colossale araignée.

"Holland Manners a pris le contrôle de votre corps. Inutile de tenter quoi que ce soit pour vous dégager. Ce serait peine perdue. Mais réjouissez-vous, dans quelques minutes vous serez morts... Et même si ce ne sera ni rapide ni agréable, au moins ce sera définitif"

Une voix se fit entendre dans la tête du petit Thomas. A observer l'expression du visage de ses compagnons, le désespoir qui se lisait dans leur regard, nul doute qu'ils l'entendaient de même.

"Shhhh... Petits hommes, vous ne savez vraiment pas à qui vous avez affaire... Shhhh... Toute résistance est inutile... Shhhh... Nous allons vous dévorer puis animer vos corps vidés de toute substance.... Shhhh... De toute humanité et y placer les œufs de nos enfants... Shhhh.... Et pour l'éternité et les siècles et les siècles à venir, vous résiderez dans cet immeuble..."

Jérôme Lange s'approcha de Charlie.

"Holland, tu es sur qu'il s'agit d'une télépathe ? Elle a l'air tellement faible... Moi je la verrai plutôt devenir une pondeuse..."

Puis continuant sa tournée d'inspection, il commenta distraitement :

"Bon, Maître Grafmayer on n'en parle même pas... Nous ne vous supportions déjà pas à l'époque où vous étiez humaine... Et vivante. Et nous ne sommes même pas intéressés par savoir comment vous êtes revenue de la tombe... De toutes façons, Holland l'a déjà lu dans votre esprit..."

Il se frotta les mains tout en se réjouissant de l'expression pathétique qui s'affichait sur le visage de l'avocate.

"Oui, bien sur... Le collège invisible a encore frappé. Leurs petits tours de passe-passe minables ne nous font rien. De toutes façons, vous êtes déjà morte dans ce monde... Vous reprendrez bientôt votre place légitime... Vous n'étiez qu'une télépathe minable, nous nous servirons de votre corps comme réceptacle pour notre descendance, comme les autres avocaillons de votre époque que vous avez descendus avec une joie non feinte tout à l'heure..."

S'arrêtant devant les deux Thomas, il commenta :

"L'homme du présent, le garçon du passé. Un même esprit, un même corps..."

Regardant le leader, Lange afficha une mine consternée.

"Quelle attaque minable. Il y a plus efficace comme façon de se suicider... Et surtout moins déplaisante"

Le chef bredouilla avec difficulté :

"Je ne sais... ce que d'autres décideraient... Mais mon choix est fait... La liberté ou la mort !"

Lange baissa les yeux... Émettant un léger rire sonore. Puis il redressa la tête, révélant une expression de cruauté perverse :

"Patrick Henry... Citer les révolutionnaires américains en guise de dernières paroles c'est un peu grotesque, vous ne trouvez pas ? Mais ravi de vous donner ce que vous souhaitez !"

Et brusquement, la main gauche de l'avocat associé tomba au sol... Factice. A la place de celle-ci se tenait l'extrémité d'une patte d'araignée. Brillante comme de l'acier. Jérôme Lange enfonça celle-ci, tel un poignard, dans l'abdomen du chef, qui tomba à genoux, lâchant sa grenade incendiaire non armée au sol...

Thomas ne pouvait toujours pas bouger.

Et Lange s'approcha de lui, les mains croisées derrière le dos.

"Petit... Mes félicitations pour avoir fait un si long chemin pour mourir... Avant que nous exécutions tes compagnes sous tes yeux et que nous te torturions à mort, aurais-tu quelques interrogations dont tu souhaiterais nous faire part ? Profites-en, je suis toujours de bonne humeur après mon premier meurtre de la journée !"

Le petit ne pouvait toujours pas bouger. Mais sa tête ne lui faisait plus mal. Manners ne parlait plus dedans. En revanche, Lange n'exprimait aucune émotion d'aucune sorte...
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[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 3 Empty Re: [Rockford] La nuit, tous les chats sont gris

Sam 11 Juil 2009 - 15:44
Au signal du chef, ils devaient tous se replier dans l’ascenseur, en espérant que la cage métallique les protégerait de l’explosion. Le grand Thomas s’avança, prêt à dégoupiller la grenade, mais on geste fut arrêté en route. Pourquoi ? L’enfant ne le comprit que lorsque le chef marmonna quelque chose, entre ses dents serrés : il ne pouvait plus bouger. L’enfant voulu esquisser un geste, dire quelque chose, mais c’était peine perdue. Il était comme paralysé, impuissant tandis que l’araignée et l’homme faisaient volte face, se dirigeant vers eux. Le petit tenta de se débattre de toutes ses forces, dans ce corps qui était plus sûr encore qu’une prison, mais c’était inutile : il était rivé sur place, ne pouvant qu contempler avec horreur le désastre qui s’annonçait.
L’araignée faisait un bruit qui rendait encore plus monstrueuse son apparence, et le petit Thomas ne pouvait même pas fermer les yeux devant cet ennemi qui se rapprochait inéluctablement. Elle allait les dévorer sur place, et il resterait bientôt plus rien d’eux, plus rien du petit groupe de résistants qui s’était dressé face à… à ceux qui allaient les tuer, bientôt. L’enfant se sentait plein d’amertume : ses pouvoirs de mutants, dont il était si fier, étaient inutiles dans le cas présent. Et puis, il n’arrivait pas à se concentrer : la démarche des deux monstres, l’humain et l’araignée, qui se rapprochaient implacablement, avait quelque chose d’hypnotique et de terriblement déstabilisant.

L’humain prit la parole. Jérôme Lange, c’était lui, alors. Un monstre à figure humaine, mais un monstre quand même, qui leur annonça tranquillement leur mort à tous, une mort qui ne serait ni rapide, ni sans douleur. Et puis l’espèce de bourdonnement, déjà entendu à l’étage précédant, recommença, et l’araignée télépathe réitéra ses menaces… mais cette fois, elles étaient particulièrement pleines d’à-propos. Et le récit de ce qui allait arriver n’était pas destiné à les rassurer, loin de là.
Pourtant, l’enfant ne parvenait pas à avoir peur. Il sentait cette peur sous-jacente, mais elle était dominée par un autre sentiment, encore bien plus fort : la haine. Une haine presque palpable qui submergeait l’esprit du gamin tandis qu’il était là, immobile, à regarder les méchants s’approcher de Charlie, puis de Eve. Cela lui rappelait de façon inexplicable les parties d’un-deux-trois-soleil qu’il faisait avec ses copains. : cette façon pour le maître du jeu de défier chacun des participants à bouger, en le narguant juste sous le nez. Sauf que là, même s’ils l’avaient voulu, les participants auraient été bien incapables de courir ou de bouger. Et encore moins de gagner la partie.
Et Jérôme Lange ne s’arrêta pas à ses stupides commentaires sur chacune des deux filles. Il disait qu’il savait d’où venait Eve, et parlait du collège invisible… l’espèce d’être qui leur avait parlé, à l’avocate et à lui, dans la caverne ? Cela correspondait, c’était sur. Mais après tout, est-ce que cela avait réellement une incidence quelconque sur le déroulement des quelques minutes qui leur restait à vivre ? Non, sans doute pas.

Tandis que Lange approchait de son homologue du futur, le petit essaya à nouveau de se débattre, en vain. Celui qui le tenait sous son contrôle était trop fort pour lui, mais l’enfant ne songea pas un instant à abandonner la partie, jusqu’à ce que l’immonde être s’approche du chef. Là, il s’immobilisa, ses yeux pleins de haine posés sur l’associé qui parlait en termes déplaisants à son héros. Mais ledit héros avait bien gagné son titre, aux yeux de l’enfant, car il trouva encore la force de répliquer. Lange eut un léger rire, et le petit senti la haine s’infiltrer dans chacune des particules de son corps : à cet instant, s’il avait été libre de tous mouvements, il n’aurait pas hésité une seconde… mais ce n’était pas le cas, malheureusement : il était aussi impuissant qu’un nouveau-né.
Et puis… la scène parut se dérouler au ralenti. Lange n’était plus un véritable humain, c’était comme si une araignée avait endossé sa peau. Il allait donner à Thomas, chef et héros incontesté, ce qu’il voulait. L’enfant aurait voulu fermer les yeux, tourner la tête, mais il ne pouvait pas, et c’est sous ses yeux horrifiés que le méchant enfonça sa patte d’araignée, tel un poignard, dans le corps de son héros immobilisé. L’enfant eut la soudaine impression d’un grand vide en lui, comme ce qui tout ce qui faisait son être tombait avec le chef, qui basculait à genoux sur le sol comme une poupée de chiffon, la grenade non dégoupillé à quelques pas de lui. Mais il n’était pas mort, non, il ne pouvait pas l’être. Non.

L’enfant se débattit avec l’énergie du désespoir dans ses liens invisibles, tandis que Lange avançait vers lui, les bras croisés dans le dos, déblatérant ses paroles mauvaises. Le gamin le dévisagea avec haine, bien peu effrayé par la perspective de voir les filles mourir devant lui, et encore beaucoup moins par l’idée d’être torturé. Il n’avait réellement plus peur, à présent : seule subsistait la haine, accompagné d’une sorte de grand vide d’un calme terrifiant. Manners semblait être sorti de son esprit et, s’il ne pouvait toujours pas bouger, le petit fit un effort pour parler, dévisageant le monstre sans ciller.

"Je vais vous tuer, et vous allez payer. Vous avez tué Miko, Moses, Tho… Thomas. Pourquoi ? Pourquoi avoir fait tout ça, ça vous servait à quoi ? Je veux savoir comment mettre fin à tout ça, comment vous avez fait pour tuer tout le monde, et même les mutants. Vous n’êtes que des monstres !"

Cracha-t-il, bien conscient de l’inutilité de sa phrase, et ignorant avec ostentation le concept du "premier meurtre de la journée". Mais il y avait d’autres moyens que les mots, peut-être, pour laisser exprimer sa rage. Il se rappelait que le chef avait réussi à déstabiliser l’araignée géante, tout à l’heure… et il devait faire quelque chose. Se servant de sa haine comme d’une sorte de carburant à son pouvoir, l’enfant se concentra sur les deux araignées, qui étaient autrefois Manners et Lange. Ce dernier était si près qu’il pouvait presque le toucher, et l’enfant espéra que cela compenserait la faiblesse de ses pouvoirs d’empathe. L’étrange calme qui régnait à l’intérieur de lui l’aidait à se concentrer, et son intention était simple : se focaliser sur les sentiments de ses deux monstres, et augmenter… leur haine, leur soif de pouvoir, leur opportunisme, cela dépendait de ce qu’il trouverait. Entrer assez dans leurs sentiments pour les forcer à se battre. Même s’il doutait de parvenir jusque là, l’enfant espérait parvenir à les déconcentrer suffisamment pour que l’un d’entre eux, Eve, Charlie ou lui, puisse atteindre la grenade.
Car il n’y avait plus d’autres issue, à présent, que celle qu’avait suggéré son héros : la liberté, ou la mort. Partir en emmenant le plus possibles de ces saletés avec eux !
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Sam 11 Juil 2009 - 16:21
"Nous tuer - à supposer que tu sois en capable - ne changerait rien. Nous avons déjà gagné ! Ce que tu as pu voir, le chaos, la désolation, l'horreur rampante, a envahi le monde. L'espoir est mort en même temps que l'espèce humaine. Le Shoggoth fait maintenant la taille d'un état américain. Nos couronnes de vie ont infecté l'humanité toute entière ! Et les seuls survivants sont de pauvres drogués, terrés qu'ils sont, crevant de trouille, dans leurs abris..."

Lange déploya à nouveau ses bras. Ou plutôt les deux pattes qui les avaient remplacé. Toutes deux terminées par une extrémité tranchante et acérée.

"Pourquoi ? L'homme que j'ai été a vu ses rêves les plus fous parfaitement exaucés. Le projet Harumaggedon a dépassé toutes nos espérances. Nous, cabinet d'avocats travaillant pour des marchands d'armes et de drogues, nous avons mis la main, en 2108, sur... la chose qui allait mettre un terme à l'espèce humaine. Et nous l'avons confiée à des gens assez fous pour s'en servir. Je me souviens de la Grande Déflagration. Du jour où le Roi-de-Toutes-les-Larmes a été sacré. Du jour où les enfants de la créature originelle furent lâchés sur toutes les villes, tous les pays, toutes les contrées... "

Comme envahi par la nostalgie, Jérôme Lange se permit un léger sourire.

"Nous n'étions que des enfants. Et nous ne savions pas avec quoi nous jouions. Manners avait prévu ça en revanche. Le même Holland Manners qui va décapiter tes compagnes sous tes yeux révulsés. Ma propre transformation a été... longue et douloureuse. Mais mon cerveau insectoïde fonctionne bien mieux. Et je n'ai perdu aucun de mes pouvoirs. Les fous de Nemo avaient raison : le monde est bien mieux ainsi !"

Il ferma les yeux, et récita une drôle de comptine d'un ton neutre, tandis que non loin de là le Thomas du futur se vidait de son sang :

"Par-delà le temps et l'espace, par-delà les landes dévastées de cette pauvre planète, les enfants de la créature originelle parcourent son empire et tissent leur toile dans l'ombre. Le Béhémoth étend ces immenses pattes et rêve au cœur de notre univers. La superstructure s'est effondrée et le principe de réalité a implosé. Le verbe est Roi ! Les miroirs sont brisés ! Ô Saint Père Cromwell, que ta volonté soit faite dans les siècles des siècles..."

Terminant sa récitation, il rouvrit les yeux, dévoilant un regard fou. Ivre de haine, de rage. Et si l'esprit de l'araignée qui fut Holland Manners demeurait inaccessible au jeune Thomas, il n'en était pas de même de Jérôme Lange. Aussi puissant qu'il soit, il n'en demeurait pas moins qu'il ne disposait d'aucun bouclier psy. Avec la force que seul le désespoir peut donner, le jeune mutant lâcha toute sa puissance sur l'avocat. Sa haine devint incontrôlable, dévastatrice. Et communicative. Thomas retrouva l'usage de ses membres, tout comme, selon toute vraisemblance les deux filles. Manners qui avait du se prendre une espèce de rétroaction provenant de Lange, vacilla sur ses pattes...

L'araignée géante ne resta pas longtemps inactive et Ève en fut la première victime : décapitée nette par l'une des pattes de la créature, son corps s'effondra, sans vie, au sol.

Quant à Jérôme Lange, aveuglé par sa propre haine, il lança son membre droit qui alla se planter, profondément, dans le mur de l'étage.

Il n'y avait pas un instant à perdre !
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Sam 11 Juil 2009 - 18:08
Thomas ne comprenait rien, mais bizarrement, il avait l’impression que Lange ne délirait pas. Un Shoggoth, il ne savait même pas ce que c’était, en réalité. Une bête ? Et les couronnes de vie ? Et la drogue, celle qui, il se souvenait, faisait voir aux gens les meilleures années de leur vie. C’est ce que lui avait expliqué les autres, tout du moins… mais est-ce que cela avait un quelconque rapport ? La bête qui avait été Lange déploya ses bras, mais Thomas ne frémit pas. En même temps, il n’aurait sans doute pas pu, maintenu qu’il l’était par le liens invisibles qui emprisonnait son corps.
Lange continua son monologue, et l’enfant n’avait guère d’autre choix que de l’écouter patiemment. Il ne pouvait pas agir pour l’instant, il devait attendre un moment plus clame : l’esprit de l’associé lui semblait trop obnubilé pour le moment, et il serait sans doute plus difficile à atteindre. Thomas rongeait son frein, s’efforçant de ne pas regarder à son homologue, là-bas, qui était tombé à terre. Et le seul moyen qu’il avait trouvé pour ne pas y penser, c’était de se concentrer sur le petit discours de Lange.
Un projet complètement fou… une chose qui devait être Miko, peut-être… et encore une fois, ce mot, la Grande Déflagration. Le chef ne s’était pas trop étendu là-dessus, lorsqu’il l’avait rencontré. Et… le Roi de toutes les larmes, c’était qui, ça ? Encore une de ces immondes bêtes ? En tout cas, l’enfant, submergé d’informations incompréhensibles, n’en comprenait pas plus. Il n’avait pas le temps, d’ailleurs, de trier les informations alors, il les mit dans un recoin de sa tête. Au cas où. Au cas où quoi, il ne savait pas trop, voyant difficilement comment ce sortir des griffes de ces monstres. Mais il devait saisir le bon moment, et écouter était une chose comme une autre pour ronger son frein.
Lange continuait à parler, annonçant que Manners avait tout prévu, et que lui-même avait souffert de sa transformation. Bien fait, songea Thomas avec méchanceté, fixant de son regard noir l’associé qui, semblait-il, partait de plus en plus dans ses délires. Les fous de Nemo, hein… est-ce qu’ils avaient une quelconque chose à voir avec tous ceux qu’il avait mentionnés précédemment ?

Et quand Jérôme Lange commença sa comptine, sorte de prière à St Cromwell, Thomas se douta que cela devait être important, même s’il ne comprenait rien. Mais tout était bon à prendre pour quitter ce futur apocalyptique, et l’enfant essaya de retenir ces paroles, avec plus ou moins de bonheur. Pour retenir quelque chose, il fallait d’abord le comprendre, hein ? Et le petit ne comprenait absolument rien du tout, excepté la partie où les araignées régneraient sur le monde… et que ce Béhémot rêverait. C’était quoi d’abord, un béhémot ?
Mais c’était le bon moment pour agir, et l’enfant ne se le fit par dire deux fois. Si Manners ne sembla pas sensible à son pouvoir, il en fut tout autrement pour Lange. Ce déchaînement que Thomas déclencha en lui sembla le rendre complètement fou furieux et, à sa grande surprise, l’enfant constata qu’il pouvait finalement remuer. Les filles aussi, il fallait l’espérer.
Mais avant que le gamin ne puisse totalement mettre de l’ordre dans ses priorités, ce qu’il avait contribué à déclencher lui échappa totalement. Il pensait rendre Lange fou pour qu’il s’attaque à son confrère, pas autre chose ! La grosse araignée vacilla, mais elle se reprit vite et, sous les yeux horrifiés de l’enfant, mit fin à la vie de Eve d’un rapide coup de patte, tandis que Lange, apparemment fou furieux, lançait ses pattes d’acier dans le mur. Thomas comprit vite que la folie furieuse qu’il avait déclenché ne le protègerait pas de l’araignée, ni même des coups puissants de Lange. Mais il ne pouvait pas abandonner le Thomas du futur, qui se vidait de son sang à quelques pas… il pouvait encore le sauver, contrairement à Eve, qui était bel et bien morte. Se précipitant vers son héros à terre, Thomas hurla de toute la force de ses poumons :

"Charlie ! L’ascenseur !"

Un rapide coup d’œil pour s’assurer que la jeune femme l’avait entendu, et Thomas se glissa aux côtés de son héros dont le sang maculait le sol. Il n’était pas mort, il ne le pouvait pas ! L’enfant mit ses bras autour de la taille de l’homme et remarqua, soudain, la grenade encore à terre, et toujours pas dégoupillée. Il la ramassa d’un geste brusque, considérant un moment le mécanisme. Bon, ça ne devait pas être sorcier, il avait vu Moses le faire tout à l’heure. Il suffisait de tirer le petit truc, et ça semblait tout. Mais s’il se trompait, leur seule chance était fichue.
Le petit secoua le blessé, en espérant de toutes ses forces que celui-ci était encore un peu lucide, et lui montra la grenade avant d’essayer de le relever. Traîner Thomas jusqu’à l’ascenseur ne lui semblait pas insurmontable et cet instant, surtout si le blessé l’aidait. Mais Manners serait plus rapide, c’était sur. Charlie serait à l’abri dans l’ascenseur, mais l’enfant savait que s’il traînait le chef, il n’y serait sans doute pas à temps. Il finirait par y arriver, certes, mais l’araignée serait sur eux avant. Le seul espoir restait la grenade, et que Lange les aide malgré lui. Ce dernier semblait réellement fou furieux, mais si seulement il pouvait attaquer l’araignée!
L’enfant fit un signe à Charlie. Si elle pouvait l’aider, ils avaient une chance de s’en sortir ! Et au pire… le petit glissa la goupille de la grenade autour de son doigt, avec détermination. S’il mourrait, et bien, la grenade se dégoupillerait, il en était presque sur.
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Sam 11 Juil 2009 - 19:07
Avant que Jérôme Lange ne puisse libérer son appendice pris dans le mur, Thomas se rua sur le chef. Charlie, effondrée par les derniers événements hésita une seconde avant de faire mine de se diriger vers l'ascenseur...

Le petit, tout près du chef, le secoua de toutes ses forces. Ce dernier l'observa une dernière fois et lui sourit :

"Déchaîne les enfers, petit..."

Charlie n'eut guère plus de chance que ses autres compagnons. Alors qu'elle filait pour se mettre à l'abri, elle fut traversée par l'une des pattes déployées de la créature qui fut Holland Manners. La jeune femme s'affala de tout son long, crachant du sang. Il ne faisait aucun doute qu'elle serait morte dans les prochaines minutes.

Plus d'espoir, plus aucun espoir... Ève et le chef morts, Charlie sur le point de l'être... Thomas Cassidy n'était pas de taille à affronter une araignée guerrière et télépathe. Sans compter que Jérôme Lange venait de se dégager du mur.

Il n'eut pas beaucoup à attendre, le jeune mutant, pour rencontrer son destin : il ressentit la douleur la plus intense qu'il n'ait jamais connu et découvrit horrifié que son bras gauche avait été transpercé par l'une des pattes de Manners. Il ne pouvait plus bouger son bras. Il ne sentait plus ses doigts. Mais, attendant le coup de grâce, sentant l'haleine répugnante d'Holland Manners, alors qu'il avançait ses crocs empoisonnés vers lui, il vit que la goupille était restée dans sa main. Et que la grenade incendiaire était au sol... activée...

Son dernier souvenir fut celui d'un grand flash lumineux. Et d'une chaleur intense...

*
**


Comme projetée hors d'un mauvais rêve, comme réveillé en plein cauchemar, Thomas réouvrit les yeux. Il était dans une espèce de grotte. A genoux, dans une espèce de grotte. Cette dernière était presque plongée dans l'obscurité.

[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 3 Billy_corgan_tonight


Devant lui se tenait à nouveau l'homme étrange de l'espace qui, pour l'heure, se taisait.

A sa gauche, non loin de là, Thomas entendait Ève pleurer comme une dératée. Elle se tenait à deux mains le cou, comme pour se convaincre qu'elle avait encore la tête sur les épaules.

Le jeune empathe sentit le contact d'une main sur la sienne d'épaule. Relevant les yeux, il découvrit Kent qui lui souriait doucement.

Finalement, l'homme de l'espace parla de sa voix caverneuse et envoutante.

"Petits hommes qui venez en ces lieux requérir l'aide du destin, nous allons maintenant procéder à l'épreuve..."
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Dim 12 Juil 2009 - 10:42
Mai le plan de Thomas, qui tenait si bien la route dans l’esprit de l’enfant, ne fi pas long feu. Son héros venait de mourir en lui adressant un dernier sourire, et Charlie… Charlie n’eut guère plus de chance que Eve. Le petit senti son coeur basculer dans sa poitrine : plus de chance, ils n’avaient plus aucune chance. L’espoir était mort, et les monstres étaient sur eux. L’enfant observa, du couin de l’œil, Lange détacher sa patte du mur, et, en lui, naquit l’idée que tout était fini. IL lui restait assez de conviction pour tourner les talons et essayer de rejoindre l’ascenseur, mais l’araignée-Manners était plus rapide que lui, qui avait encore la tête vide après avoir focalisé son pouvoir sur l’associé, et avoir vu mourir ses amis. Et puis, il n’était qu’une enfant : que pouvait-il contre eux, après tout ?
Le petit ressentit soudain une douleur horrible, cuisante, d’une intensité telle qu’il ne l’avait jamais ressenti. Il cria de douleur et se rendit compte, horrifié, que son bras était traversé par l’une des pattes de l’araignée… et que celle-ci s’approchait vers lui. Il avait mal, tellement mal qu’il se sentait sur le point de s’évanouir, les larmes lui venant aux yeux sans qu’il ne puisse les retenir. Pourquoi cela faisait-il aussi mal ?
Mais quand Manners s’approcha, approchant ses répugnants crocs de lui pour lui donner le coup de grâce, l’enfant parvint à sourire. Il était pâle comme un linge, mais il souriait comme un dément. Même si son bras ne semblait plus lui appartenir, déclenchant de furieux élancements dès qu’il tentait de le bouger, son plan avait réussi : il allait déchaîner les enfers. La grenade dégoupillée avait roulé à terre, arrachée de sa main par la violence du coup porté par Manners.
Oui, Thomas souriait. Et ses yeux ne quittèrent pas les multiples yeux de l’araignée, tandis qu’il murmurait, comme pour lui-même :

"Soleil !"

Car il avait gagné. Il avait bougé dès que Manners avait tourné le dos, et il venait de frapper le mur en victorieux. Mais l’enfant n’eut guère le temps de savourer sa victoire : un mur blanc vint à sa rencontrer, blessant les yeux de l’enfant par sa lumière, suivit d’une grande chaleur, trop chaude pour qu’il puisse la supporter sans suffoquer, et puis…


Plus rien.
Thomas réouvrit les yeux dans une caverne sombre et froide, sans pouvoir réprimer un long frisson glacé. Parcourant du regard la caverne, il se rendit compte qu’il étai à genoux, et bien vivant. A moins qu’il ne fut mort ? Le petit leva sa main pour frotter ses yeux, et se rendit compte avec étonnement qu’il n’avait pus rien au bras. Rien du tout, comme il le constata en soulevant sa manche sans parvenir à découvrir la plus petite cicatrice.
Mais finalement, ce n’était pas ça le plus important. Relevant les yeux, le petit constata qu’il se tenait à nouveau dans la caverne du début, et que l’être étrange l’attendait. Les attendait, comme il constata vite en entendant les pleurs d’Eve. Ce son soulagea le poids qu’il avait sur le cœur : Eve n’était pas morte ! Elle était là, bien vivante, sans doute terrifiée mais bien vivante. Le petit allait se mettre debout pour la réconforter quand une main se fit sentir sur son épaule. Thomas leva le nez et sentit une sorte de chaleur l’envahir : Kent ! Il souriait, et l’enfant, en retour, lui offrit un sourire radieux, avant de le serrer très fort. Kent, depuis le début de cette histoire, représentait à ses yeux un havre de paix, et de le voir là réchauffait le cœur du petit garçon. Mais il se dégagea rapidement pour aller retrouver Eve, qui sanglotait en se touchant le cou de manière presque hystérique.
Le petit Thomas posa la main sur les cheveux de l’adulte, essayant de la réconforter. Elle ne lui paraissait plus une menace, à présent, et de la toucher le rassurait. Elle était là, bien vivante, et c’était un sacré soulagement pour l’enfant. Après tout, il l’avait vu mourir de ses yeux !

Puis l’homme de l’espace prit la parole. Thomas l’avait presque oublié, celui là ! Il leur annonçait que l’épreuve allait commencer… et le petit le regarda avec étonnement. Comme Eve, il avait cru que l’épreuve était ce qu’il venait de traverser ! Et ce n’était pas ça ? Mais qu’est-ce qu’ils venaient de vivre, alors ? Pourqoi avait-il vu mourir tout le monde ? Pour rien ?
Le petit se rendit soudain compte que l’être étrange ne l’impressionnait plus tant que ça. Bien sûr, il restait impressionnant, mais bien moins que dans les souvenirs de Thomas. Sans attendre de savoir s’il pouvait parler, le petit prit la parole, cherchant à canaliser la haine qui, il le sentait, couvait toujours en lui. Une réminiscence de ce qu’il avait fait subir à Lange, ou ses propres sentiments ? Il ne savait pas trop, en fait.

"Mais tout ça, c’était réel ? Si c’est notre destinée, vous l’avez dit, nul ne peut la changer. Ou alors, c’était comme un rêve ?"

Pourtant, il avait vraiment eu mal. Et il avait vraiment vu mourir les autres. Ca avait été diablement réel, mais… est-ce que cela pouvait ne pas être vrai ? Et cette histoire de Shoggoth, d’associés, de Déflagration… pourquoi inventer tout cela, si ce n’était pas réel ?
A moins que sa question soit stupide, et qu'ils soient ici, justement, pour changer le Destin... Thomas ne savait plus, à vrai dire. Si ça n'avait pas été réel, la fatigue qu'il ressentait, le chagrin qui couvait encore à l'interieur de lui étaient bien vrais, eux.
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Dim 12 Juil 2009 - 13:55
"Tout doux, tout doux, petit bougre..." lança avec emphase le troubadour. "Les grands garçons ne se laissent point aller à tant de sentimentalisme... Surtout quand ils se tiennent face au Destin incarné"

Puis sentant que Kent le serrait de même, Thomas ne put que constater que l'homme était également bien content de le revoir.

Le contact de la main du jeune mutant sur les cheveux de l'avocate n'eut pas le même effet. Celle-ci, comme arrachée à ses horribles souvenirs, sursauta et se redressa. Elle murmura entre ses dents :

"Lâche moi le nain. Et va pas croire que cette foutue expérience mystique va nous rapprocher. Je serai jamais ton amie ou ta maman. Et si j'en avais l'occasion je te ferai exploser la cervelle en ricanant"

Mais un truc dans le regard incertain de la jeune avocate ou dans le maintien vacillant de ses mains ne collait pas avec ses paroles. Comme si, en dépit de tout ce qu'elle pouvait dire, elle avait été plus affectée qu'il n'y paraissait par leurs aventures.

Kent rappela Thomas.

"Champion, tu dois maintenant affronter le destin suprême" lança-t-il de sa voix douce.

L'homme étrange reprit, impassible :

"La flèche du temps est comme un courant souverain. L'eau ne remontera jamais à la source et les pages tournées du livre ne peuvent être lues ni écrites à nouveau. Mektoub. C'est écrit. Vous ne vous baignerez jamais deux fois dans la même eau"

Plus personne ne bougeait dans la pièce. Tout le monde était entièrement absorbé par ce que disait l'homme.

"Le temps est fluide. Et qui saurait dire où ce courant d'eau va-t-il trouver sa dernière destination ? Rien n'est jamais gagné ou perdu tant que la bille de la roulette ne s'est pas arrêtée sur la case mort. L'avenir n'est pas visible, juste prévisible. Somme de tous les possibles, bien sage est celui qui peut visiter le jardin aux sentiers qui bifurquent et dire quel sera le chemin"

L'homme ne cillait pas. Ne marquait aucune pause. Ne reprenait pas son souffle.

"Vision de l'esprit que le futur dévoilé. Petits hommes, l'avenir est le résultat de l'art de la combinatoire, ou comment épuiser tous les possibles. Ce courant malsain peut être canalisé, détourné, changé. Faites la révolution de la main vide et vous construirez une digue pour créer une oasis de sérénité ou un enfer sur terre. Jours de colère, jours tranquille, le Destin n'a pas à prendre partie. Les cartes sont entre vos mains. Et seul votre amour sera votre poids"

La voix se fit plus prenante encore :

"L'épreuve est simple. Enfantine. Et terrible. Cette petite femme veut prendre possession d'une créature..."

Bizarrement Kent ne reprit pas l'homme étrange avec ses histoires de Saint Buisson...

"Vous avez pu vivre le futur qui découle de la volonté de cette femme"

Ève ne disait plus rien. Comme si elle venait de se rendre compte de la portée de ses propres actions.

"Petit homme, vous voulez sauver cette créature. Vous ne voulez pas que cette femme mette la main dessus. Le destin peut intervenir dans votre affaire. Mais votre amour sera-t-il assez fort ?"

Un silence pesant s'installa dans la caverne. Puis l'homme ajouta :

"Quelqu'un doit prendre la place de la créature. Quelqu'un doit être amené au lieu où celle-ci devait être conduite. Pour servir des projets diaboliques. Le Destin n'a cure de savoir qui est cette personne. La créature ? La petite femme ? Ou le petit homme ? Seul l'intéresse celui ou celle qui va être désigné pour accomplir le destin..."

Puis, il termina :

"Rien n'est jamais entièrement écrit"
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Dim 12 Juil 2009 - 14:56
Malgré la légère réprimande dont le gratifia Kent, l’enfant sentit que ce dernier était lui aussi content de le revoir. Et, quand bien même le troubadour aurait hurlé et l’aurait insulté, Thomas avait besoin de son contact, ne serait-ce que quelques secondes. L’enfant avait beau jouer les grands, il avait toujours besoin que quelqu’un tienne à lui. Et lorsqu’il s’approcha de Eve, désireux de la remettre d’aplomb, les méchantes paroles de celle-ci lui firent l’effet d’une gifle. Le petit recula de quelques pas, s’apprêtant à répliquer, mais une lueur dans les yeux de l’avocate lui fit prendre conscience de ne rien dire. Elle s’accrochait désespérément à son image de méchante, mais ce n’était qu’une image, l’enfant en était sûr. Une façon comme une autre pour elle de redevenir celle qu’elle était avant cette expérience, mais Thomas avait le pressentiment que cela ne marcherait pas. Et, apparemment, Eve en avait conscience aussi.
Kent rappela Thomas, et l’enfant retourna docilement près du troubadour. Les paroles de l’avocate l’avaient tout de même légèrement ébranlé, et il s’était souvenu d’une chose : ses parents. Sa mère qui devait se faire du soucis, si tant est que le temps écoulé dans le futur s’était écoulé ici aussi. Le petit n’avait aucun moyen de le savoir, mais cette pensée le chiffonnait.

Elle devint pourtant étrangement secondaire quand l’homme de l’espace se mit à parler. Il avait toujours cette même voix hypnotique qui vous vidait de tout sentiment, et vous pénétrait de l’importance de ses paroles, même incompréhensibles. Le temps, le futur, le passé, le présent, tous entremêlés. La trame de la vie qui se déroulait sans fin, et ne s’arrêtait jamais.
On ne pouvait pas revenir en arrière, mais le futur était rempli de probabilités et de chemins différents, tant que la vie continuait. C’était plutôt du charabia pour l’enfant, mais il s’efforçait de comprendre, apaisé par la présence rassurante de Kent à ses côtés. Il essayait de toutes ses forces de dérouler le fil des paroles de l’homme, pour pouvoir mieux appréhender ce que lui réservait cette épreuve finale, et son futur en général.
Lorsqu’il s’était retrouvé dans cette grotte pour la première fois, Thomas avait cru comprendre que le Destin était déjà tracé, et que rien ne pouvait le changer. Mais, au fur et à mesure de l’être de l’espace, il comprenait qu’il s’était trompé dans son raisonnement. Ou, du moins, qu’il avait un peu compris de travers. Si les événements semblaient probables, les protagonistes ne l’étaient pas. Et, même là, le futur pouvait encore changer. Un peu comme si… il y avait des multitudes de chemins qui menaient en quelques points, et que ces quelques points pouvaient encore changer de place. Mouais… ce n’était pas très clair, tout de même !

La voix insista encore davantage, semblant happer ceux qui l’entendaient en une transe plus profonde. Ainsi donc, ils avaient vécu le futur qui découlerait du fait que Eve s’empare de Miko. Ce n’était pas brillant, et même si Thomas ne pouvait que se réjouir d’être devenu un résistant, le reste n’était pas très reluisant.
Le silence était de plomb, seulement troublé par la voix de l’homme. Ni Eve, ni Thomas, ni même Kent, qui laissa sagement passer le mot créature. Thomas avait conscience que répliquer, à nouveau, que ce n’était pas une bestiole mais une fille ne serait pas un choix très judicieux. Quand à Eve… l’enfant eut l’impression qu’elle se sentait coupable. Ce n’était qu’une impression diffuse, et il pouvait se tromper, mais il pensait être sur la bonne voie. Là-bas, Eve n’avait pas joué un rôle, et ici, elle devait se sentir affreusement coupable de tous ces morts qu’elle avait contribué à tuer. Qui ne se serait pas senti coupable, à sa place ?
Et puis, comme s’il assénait le coup de grâce, l’homme étrange annonça enfin l’épreuve. Il avait raison : c’était simple et enfantin, vraiment pas difficile, finalement. Il s’agissait juste d’un sacrifice… trois fois rien ! Du moins, c’était comme ça que Thomas le concevait. Prendre la place de la créature, servir des dessins diaboliques : il avait beau retourner le problème dans tout les sens, il ne voyait pas comment considérer ça autrement que comme un sacrifice. Le destin n’était pas si sévère, après tout : il voulait juste un agneau, et peu importe qui endossait ce rôle ! Et même si rien n’était jamais écrit, comme acheva l’homme, pour Thomas, cela semblait pourtant clair : seul changeait la tête de l’affreuse araignée dans la vitrine ! Sans réfléchir, il demanda étourdiment :

"Mais… si on prend la place de Miko… nous aussi on va se transformer en araignée ? J’vois pas ce que ça change, alors !"

Sa voix était légèrement plus agressive qu’il ne l’aurait réellement voulu, et il mit brusquement ses mains sur sa bouche en balbutiant.

"Je suis désolé, je voulais pas remettre en cause ce que vous avez dit ! Je…"

Il se rendit compte que parler ne ferait qu’empirer les choses, et se tut, évitant de regarder Kent. Le troubadour n’allait sûrement pas apprécier sa sortie, et il n’avait pas envie d’une remontrance. Pas maintenant, alors qu’il avait une décision à prendre. Car Thomas avait l’impression que tout dépendait de sa décision : Eve ne pouvait pas offrir de prendre la place de Miko. Sa vieille méfiance était revenue, et il avait du mal à imaginer qu’Eve était subitement devenu un ange, anti-destruction du monde. Non. Miko, elle, il avait vu ce que cela donnait. Peut-être que s’il parvenait à lui dire tout ça, cela modifierait le futur, mais ce n’était pas sur.
Il n’en restait qu’un, du coup : lui. S’il acceptait de se plier au deal, ce serait lui qu’on emmènerait, et Thomas doutait d’être assez fort pour résister longtemps à Lange, Manners et tout ceux du même acabit. Et si en plus, une araignée parlait dans sa tête… il avait encore des frissons en repensant au bourdonnement à l’intérieur de son esprit, et au fait de ne plus pouvoir contrôler son corps. Avoir la même chose que Miko ne l’enchantait pas du tout… mais qui sait, peut-être qu’il ne serait pas obliger de laisser cette chose l’infecter !
Et puis, il y avait ses parents. Les abandonner serait une véritable horreur, et Thomas savait qu’il en serait anéanti. Ses copains, ses sœurs, sa maison, sa vie quoi. Abandonner tout ça, juste pour avoir assez de cœur et prendre la place de Miko… c’était au-dessus de ses forces, il en avait bien l’impression. Et il était terrifié, en plus.

Mais être le responsable de tout ce malheur uniquement parce qu’il avait la trouille, ce n’était pas non plus la bonne solution, il le savait bien. Combien de gosses allaient ressentir ce qu’il avait ressenti à la mort du grand Thomas, s’il prenait la mauvaise décision ? Cette question lui taraudait l’esprit, et ne l’aidait pas à choisir. En désespoir de cause, il se tourna vers son guide et protecteur : Kent. Ce dernier ne pourrait pas l’aider, tout comme l’homme de l’espace ne répondrait sans doute pas à ses questions. Mais l’enfant avait besoin du soutien moral du troubadour, ne serait que pour trouver le courage de prendre la parole.

"Quel sera son destin, à celui qui prendra la place de la créature ?"

Peut-être que l’étrange être aurait le droit de répondre. Parce que ce qui chiffonnait Thomas, ce n’était pas tant de se retrouver aux mains d’Eve… c’était plutôt de partager son esprit avec une araignée qu’il haïssait depuis ce bref séjour dans le futur.
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Dim 12 Juil 2009 - 16:12
L'homme de l'espace répliqua sur le même ton :

"Seule la fille araignée a le pouvoir de tisser la toile de ce monde et de laisser ses œufs dans tes semblables, petit homme. Tes capacités sont autres. Mais sont-elles moins terribles ? Ce n'est pas au Destin de te répondre..."

Ève, comprenant soudainement ce qui se tramait, hurla :

"Il n'est pas question que nous quittions cette grotte sans que la chose m'ait été remise !"

Kent secoua la tête, désapprobateur :

"Morgane la tentatrice ton fiel verbeux n'est rien à côté de la supériorité de la destinée. Tu ne peux vaincre l'amour à mort, l'amour poussé jusqu'au sacrifice de toi ! Tu n'es qu'une vile gourgandine, égoïste de surcroit !"

Fusillant Kent du regard, elle voulut lui répondre... Mais les mots se bloquèrent dans sa gorge. Et finalement, elle ne put que gémir à l'attention de l'homme de l'espace :

"Mais, mais... Si je rentre les mains vides, Lange & Manners vont nous faire subir les pires châtiments..."

L'homme de l'espace, toujours impassible, lui lança :

"Vous ne rentrerez pas indemne de cette expérience. Vos mains seront pleines de ce que vous attendiez en arrivant ici. Mais posez-vous cette question : l'homme qui rentre par cette porte est-il le même que celui qui, l'instant d'après, en sort ?"

Écarquillant les yeux, l'avocate semblait perdue. L'homme étrange reprit :

"Son destin n'appartient qu'à lui et à lui seul. La fortune, néanmoins, le remettra entre les mains de ceux qui voulaient la créature originelle. Et ceux-ci le remettront à d'autres qu'eux. Et ces derniers voudront se servir de ses capacités, à celui qui aura remplacé la créature dans la chaîne du destin, pour asservir le monde et l'avilir. Mais le destin de ce remplaçant n'est pas pétrifié dans le livre. L'encre n'a pas eu le temps de sécher. Et tout peut encore se jouer..."

Il plongea son regard dans les yeux de l'avocate et de Thomas.

"Alors qui prendra sa place ?"
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Dim 12 Juil 2009 - 17:17
Au moins, l’homme étrange n’avait pas l’air courrouce de ses paroles : l’enfant s’autorisa un soupir de soulagement. Et puis, apprendre qu’il ne serait pas porteur d’une araignée le soulageait grandement, aussi ! Ainsi, s’il prenait la place de Miko et se plaçait entre les mains d’Eve, seuls ses propres pouvoirs seraient à la disposition du cabinet. Il fallait y réfléchir, mais la perspective avait, aux yeux du petit, l’air beaucoup moins effrayante qu’une armée d’araignées régnant sur le monde ! Est-ce que ses capacités, à lui, étaient moins terribles ? Assurément !
Le jeune mutant ne savait pas exactement de quoi il était capable, avec son pouvoir. Le chef lui en avait donné une idée tronquée, et ils n’avaient pas eu le temps de s’étendre sur le sujet. Mais il lui paraissait moins dangereux qu’une invasion. Et puis, il pourrait résister, sans personne pour lui influencer l’esprit. Et Eve ne lui ferait sans doute pas de mal. Et… et. Le petit était à court d’arguments pour s’auto convaincre du bien-fondé de son idée de remplacer Miko. Mais en même temps, il n’était pas question pour lui de laisser se répéter ces scènes de cauchemar !
Eve se rebella soudain, hurlant d’une voix aiguë, mais le petit n’eut pas le temps de lui répondre. Kent pris la parole d’une voix désapprobatrice, expliquant en des termes bien alambiqués qu’Eve n’avait aucune chance d’être entendue par le Destin… du moins, c’est que le petit comprit. Discrètement, l’enfant tira sur la manche de Kent, chuchotant de façon à ce qu’Eve n’entende pas.

"Dis heu… ça veut dire quoi, gourgandine ?"

Il n’avait pas oublié que l’avocate lui avait posé la question, et maintenant qu Kent était là, il était bien décidé à avoir une réponse. Parce que faire semblant de savoir, ça allait bien cinq minutes, mais cela ne tenait guère devant un examen approfondi ! Quoique l’avocate semblait assez perturbée par la nouvelle de ne pas pouvoir s’emparer de Miko, allant jusqu’à gémir devant l’homme de l’espace, pour s'inquiéter du terme. A nouveau, Thomas eut un bref élan de pitié. Oh oui, il était tout à fait capable d’imaginer ce qu’Eve allait subir si elle ne ramenait pas la jeune fille, et il n’aurait pas aimé être à sa place. Mais tout le monde devait faire des sacrifices, c’était le prix pour ne pas connaître le monstrueux futur qu’ils avaient vécu, elle et lui.
En tout cas, l’homme de l’espace ne semblait accorder aucune attention aux petits êtres qu’ils étaient. Sa tirade impassible fuit sourire le petit garçon. Il avait bien raison : aucun d’entre eux ne ressortiraient indemnes de cette grotte. Sauf Kent, peut-être. Thomas n’avait pas percuté au début mais, si le troubadour était là, c’est qu’il devait y avoir une bonne raison, même s’il ne saisissait pas laquelle. Ou peut-être pas, après tout, toute cette histoire était assez étrange pour ne pas trop se poser de questions.
La dernière partie de la tirade de l’homme le laissa perplexe, cependant. S’il avait tout suivi, celui qui remplacerait Miko ne resterait pas aux mains des associés. Mais à qui, alors ? Se servir du remplaçant de la petite pour asservir le monde, cela ne lui disait rien qui vaille. Est-ce que ça avait un quelconque rapport avec…avec les choses qu’avaient mentionné Lange ? Peut-être, à bien y réfléchir. Mais ça ne changeait rien à l’histoire, comme le leur rappela l’homme : qui s’offrirait en sacrifice à la place de la fille araignée ?

Thomas avait bien réfléchi, et les dernières phrases de l’homme de l’espace ne le laissèrent pas indifférent. Son destin n’appartenait qu’à lui, et rien ne disait que les autres sauraient se servir de lui comme il l’entendait. Son esprit était fort, son pouvoir peu développé peut-être, mais l’enfant espérait être de taille à combattre ceux qui allaient s’emparer de lui. Car, dans son esprit, nul doute qu’il était le seul à remplacer la gamine. La livrer était hors de question, et Eve ne pouvait pas prendre sa place. Elle était si… si comme avant, depuis qu’ils étaient revenus ! Froide, machiavélique, et drôlement sèche, comme avant. Et où était son copain, Jesse, au fait ?
Seulement, il y avait encore un problème avant de se déclarer prisonnier volontaire et, accessoirement, esclave des avocats : ses parents. Thomas avait du mal à envisager de les laisser là, sans explication. Ils ne le retrouveraient jamais, et sa mère en serait folle de chagrin, il le savait. Certes, ils avaient bien envisagé de l’amener à cette école de mutant, mais ce n’était pas pareil. Là bas, il pourrait les appeler, les voir, mais aux mains de Eve, rien n’était moins sûr !
D’une voix timide, Thomas répondit donc à la question de l’homme de l’espace.

"C’est moi qui prendrais sa place."

Puis il se tourna vers Kent, malheureux.

"Tu pourras le dire à mes parents ? Peut-être pas tout expliquer, ils ne comprendraient rien, mais leur dire, au moins, que je ne suis pas mort. Et que je les aime. Et que… c’est très important. Que je fais ça pour qu’ils soient fiers de moi."

Il en aurait eu, des choses à dire… mais l’enfant était conscient que s’il ne s’arrêtait pas maintenant, il allait fondre en larmes. Pourtant, il était conscient qu'en se sacrifiant, il sauvait tout le monde, même si personne ne le savait. Les araignées, les associés ne devaient pas régner sur le monde, c'était tout. C'était comme ça.
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Dim 12 Juil 2009 - 19:56
Une fois le choix de Thomas fait et énoncé, l'homme de l'espace reporta son attention sur Ève. Il attendit quelques instants mais l'avocate n'arriva pas à soutenir son regard et détourna la tête.

Rapidement Kent serra la main du petit garçon et lui dit, sans emphase ni circonvolutions, du ton et de la manière la plus simple qu'il soit :

"Champion... Je préviendrai tes parents. Sois en assuré. Et... Une gourgandine c'est une dame de mauvaise vertu... Au revoir petit, prends bien soin de toi... Et qui sait ? Peut être à un de ces jours en Avalon..."

Puis, le champ visuel du mutant se rétrécit. Les ténèbres furent plus envahissantes. Les sons estompés.

Quand, Thomas ouvrit les yeux à nouveau, il était à côté du Saint Buisson. Entre Jesse et Ève. Le cadavre du garde était toujours au sol, contrairement à son collègue qui avait du prendre ses jambes à son cou. Saisi par les deux avocats de chez Lange & Manners, le petit fut dirigé hors du parc. A un moment, ils passèrent devant Kent et une drôle de créature, une créature qu'il avait vu dans le futur...

[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 3 Hiruko_5


"C'est qui ces tordus ?" demanda Jesse à sa consœur, son arme toujours à la main.

"Nous ne sommes que de pauvres gens du voyage. Troubadours en mal de troupe. Artistes à la lyre tordue. Nous ne sommes d'aucun intérêt pour de tels seigneurs que vous même, ô prince de ces lieux" lança Kent.

La fille qui avait été Miko regardait Thomas d'un air triste, comme si elle savait ce qui s'était passé, comme si elle savait quel sacrifice le petit mutant avait consenti à faire pour elle...

Les deux avocats ne firent pas plus attention à Kent ou à Miko. Les gratifiant tout au plus d'un regard méprisant. Mais Thomas, au dernier moment, crut voir Kent et Miko lui faire un signe de la main...

Le trio quitta le parc...

[NdMdJ : Ta phase "classique" de courtier s'achève avec ce post. Tu peux donc rajouter 3 points à ton barême. En revanche, nous n'en avons pas terminé avec toi... Je t'invite donc à poster à la suite de mon message dans ce sujet... Bon jeu ! Wink ]
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