"Dormir ! peut-être rêver" [5 avril]

En Sibérien de souche, Vadim avait du mal à supporter la chaleur étouffante qui le faisait suer à grosses gouttes. Néanmoins il était très satisfait d'être sur le théâtre des opérations. Mijoter à l'Institut pendant les quinze jours qui avait suivi le retour de mission avait fini par lui peser. Cassandre avait bel et bien disparu, les laissant tous sans nouvelles. Le Russe n'était pas tant inquiet pour les mutants de l'Institut que pour la psychologue. Il redoutait qu'elle ait choisi, pour une raison connue d'elle seule, la voie du sacrifice de soi.

Impatient de définir le déroulement des opérations, Vadim décida néanmoins de profiter des heures de repos qu'il restait devant eux. La tactique de Claire lui sembla très pertinente, aussi prit-il lui aussi le chemin des abords de la jungle.

Chanceux d'être un homme en de telles circonstances, il se promenait torse nu avec pour seul vêtement un caleçon bleu de Prusse et un bob jaune canari.

Voyant que Claire s'était assoupie, il s'arrêta à peine plus loin d'elle à l'ombre de la végétation. Si une quelconque bête tropicale venait agresser la paisible mutante, il pourrait promptement intervenir.

Il s'épongea le front, observant de loin le campement. Il resta visible depuis les tentes, afin que quiconque le cherche le trouve rapidement. Vadim n'avait pas eu de temps à consacrer aux KozaX et aux NeXus depuis leur cuisant échec. Il avait supposé qu'ils s'étaient soutenus mutuellement pour oublier les morts et les souffrances. Même la discussion d'homme à homme avec Rafale n'avait pas pu se tenir, et Vadim se demandait dans quel état d'esprit était le garçon.

A travers ses lunettes de soleil il observa les environs sauvages, puis il commença à se tartiner les bras et les épaules de crème solaire ultra-haute protection.

Deux semaines avaient passées depuis la mission des KoNeX en Asie et Nathan n'avait toujours pas réussi à comprendre ce qui pouvait bien clocher chez lui. Lorsqu'il était encore dans son pays natal, il était vu comme un paria parmi les gens de son propre peuple parce qu'il était simplement différent et voilà que maintenant il ne semblait plus avoir sa place à l'Institut. Pourtant il était resté sans s'ouvrir à beaucoup de monde à Salem, passant ses journées à méditer sur ce qu'il était, sur le monde qu'il entourait. En bref il n'était pas dans une période très joyeuse, à cela il fallait ajouter les cauchemars qu'il faisait, chose qui ne lui était pas arrivée depuis un certain temps maintenant

Et maintenant il était sur l'île de Génosha avec les autres élèves de l'Institut : pourquoi n'était-il pas parti ??? C'était une question à laquelle lui même n'avait pas la réponse, peut-être espérait-il simplement trouver des réponses à ses questions lors de ce voyage qui était tout sauf un voyage d'agrément. Le climat ne l'importunait pas plus que cela bien que l'humidité ambiante due à la chaleur des tropiques soit bien plus élevé que ce qu'il avait connu dans son enfance mais guère plus qu'au Guatemala

Nathan évoluait donc assez naturellement dans ce climat qui était une plaie pour bon nombre d'élève. Il était vêtu d'un simple short beige descendant jusqu'à ses genou, d'une paire de claquettes et de lunettes de soleil empêchant les élèves et professeur de voir le regard sombre qui s'y cachait. L'israélien quitta sa tente et jeta un coup circulaire autour du camp et vit quelques élèves réunis autour du feu qui était plus décoratif qu'autre chose pour l'instant, ainsi que d'autres adolescents éparpillés aux quatre coins

Son regard tomba sur l'Ogre Rouge et après une profonde inspiration, Nathan se décida à aller à sa rencontre : il lui avait promis un discussion entre quatre yeux à leur retour et cette dernière n'avait jamais eu lieu. Il sentait encore le poids de la main du russe s'abattre avec férocité sur son jolis minois et les mots qu'il avait prononcé étaient incrustés dans chaque fibre de son corps

Arrivé sur le coté de Vadim, le NeXus hésita une seconde avant de se lancer après avoir ôté ses lunettes de soleil

« Professeur, j'aimerais m'entretenir avec vous quelques instants si cela ne vous dérange pas »

Après un petit tour, Joachim revenait au camp, jupe noire, marcel blanc pour changer de ses couleurs habituelles et s'assortir un peu au petit pansement blanc qui se trouvait sur son bras protégeant sa récente cicatrice du soleil. Dieu qu'il avait chaud.

Revenir sur l'île de Genosha lui faisait un plaisir tout relatif, très relatif. Il se souvenait particulièrement d'un grille-mutant dans lequel il était tombé lors de sa dernière venue et d'un grille-mutant sur lequel il n'était pas tombé mais dont il avait vu les amers résultats sur Jen quelques mois auparavant. Il avait marché un peu pour évacuer le stress et les mauvais souvenirs et revenait vers les abords du camps. Il tomba alors sur "l'ogre rouge" alias Vadim Volkov, le professeur qui dirigeait l'équipe de Claire, Nathan qu'il ne connaissait que peu t semblait vouloir s'entretenir avec le dernier. Et la partie visible de la sus-nommée qui semblait adossée à un arbre.

"Bonjour bonjour !" Sourire classique, tendu, fermé mais un minimum chaleureux avec les yeux presque fermés accompagné d'un signe sobre de la main à l'adresse des deux personnes réveillées de la scène. "J'espère que je ne tombe pas au milieu de quelque chose d'important et que je ne dérange pas trop!"

Il alla s'asseoir dans un soupir près de Claire et de telle sorte qu'il puisse contempler la jeune fille ainsi que les deux... hommes. Bien que Vadim n'en ait pas toujours tout à fait l'air. Il posa un instant son regard sur une Claire endormie, un livre plus ou moins à la main et soupira dans le but d'exprimer la satisfaction qu'on pouvait trouver à s'asseoir à l'ombre par cette chaleur, bien qu'elle exista encore dans ces ombrages. Puis il laissa ses yeux un peu dans le vide pour tenter, à peu près en vain, d'apprécier la brise peu fraiche tout en se taisant pour ne pas risquer de réveiller la belle à la lance secouée ni déranger les deux hommes. Ce qui lui laissait tout de même une possibilité d'intervention qu'il aimait avoir.

Finissant d'étaler sa crème, Vadim baissa le menton et ôta à son tour ses lunettes en voyant Nathan s'approcher. L'Ogre étudia brièvement sa physionomie. Il ressemblait à un vacancier comme lui, l'air un peu contrit en plus. Le jeune homme n'était pas connu pour être un joyeux luron rigolard.

Le Russe lui répondit chaleureusement en relevant la visière de son bob.

"Ça ne me dérange absolument pas, Rafale."

Vadim vit par ailleurs s'approcher Joachim, et écarquilla les yeux en le voyant nager dans son éternelle jupe noire. Avec le marcel blanc ça donnait quelque chose d'étrange que le goût du Sibérien réprouvait. Il lui fit toutefois signe par un sourire que sa présence n'avait rien de malvenue.

"Je préfère savoir quelqu'un près de Tide. Il n'est pas très prudent qu'elle reste seule sans défense aux abords du camp."

En plus Rot était déjà venu sur Génosha, le gardien idéal pour la jeune KozaX assoupie.

*Surtout qu'on ne l'entendrait pas crier, notre amie !*

Se dit-il en imaginant un scorpion ou un boa géant attaquer la jeune fille en totale discrétion. L'arrivée de Joachim permit donc au Russe de se tourner pleinement vers le NeXus en short beige.

"Je t'écoute. Tu veux marcher ou on reste ici ?"

Jonas ne s’était sans doute jamais senti aussi bien depuis son arrivée à l’institut que ces derniers jours, dans cette jungle luxuriante. Il avait l’impression d’être retourné en Afrique, le pays où il avait grandit, et avait découvert son pouvoir.

Comparé à de nombreux élèves de l’institut qui ne semblaient pas s’accommoder de la chaleur et de l’humidité, le jeune homme n’avait que peu connu ce problème, retrouvant ainsi bien vite ses marques. On pouvait dire qu’il était comme un poisson dans l’eau sur cette île.

C’est pourquoi, dès qu’il eut un instant, il partie à explorer les environs. La première chose qu’il fit fut de se mettre un peu à l’écart afin de se transformer en singe araignée pour profiter pleinement des arbres. Il embarqua son maigre vêtement – un simple short vert – en l’accrochant à sa queue préhensile et c’était parti, bondissant d’arbre en arbre, montant parfois jusqu’à la canopée avant de redescendre. Quelle sensation de liberté !

Cependant, comme cela arrivait parfois aux singes de cette espèce, il ne remarqua pas une branche sur le point de céder et ce fut la chute lorsqu’il s’y agrippa. Il n’était pas particulièrement haut à ce moment là et ne pu rien faire pour éviter d’atterrir dans les bras de la jeune fille aux bois dormants qui n’était autre que Claire.

Après cette chute, il était à moitié assommé et mettrait sans doute quelques minutes avant de reprendre ses esprits…

Joachim sourit au grand monsieur rouge quand il lui indiqua qu'il préférait savoir que quelqu'un veillait sur Claire. Il n'était pas sûr du tout d'être la meilleure défense qui soit pour elle, mais il ne la laissera pas aux prises avec un serpent, ça au moins c'était sûr. La jeune fille sembla se réveiller plus ou moins et lui sourit. Joachim lui rendit un sourire doux. Il hésita un instant à se déplacer vers elle, mais il fut interrompu par une chute inattendue.

Un corps apparemment vivant et poilu tomba sur Claire qui sembla paniquer et vînt se cacher derrière lui. Joachim attrapa une des mains de la jeune fille, pour la calmer et observa la créature un peu plus attentivement. Deux choses lui firent assez rapidement penser que quelque chose n'allait pas. Premièrement il n'était pas au courant de l'existence de singe sur Génosha, deuxièmement il lui semblait assez étrange qu'un singe soit muni d'un short vert. Et aucun doute, il ne s'agissait pas d'une feuille ! Joachim se retourna un peu et affirma :

"Quelque chose cloche."

Avant de se rendre compte qu'il lui tenait la main, devant un public qu'il ne connaissait que peu, de rougir en lui lâchant la main et de se lever vers l'animal pour s'accroupir au-dessus de lui.

"Monsieur singe, je pense que t'en es pas vraiment un. Ca va ?"

Se sentant un peu bête le jeune gothique tapota doucement l'emplacement des joues du simien en suivant d'une oreille distante la conversation. Une remarque de Nathan le toucha un peu plus particulièrement.

"Faut pas trop angoisser, je ne connais pas ton passé, et à la limite je m'en fiche un peu mais ça à l'air macabre. Faut réussir à se reconstruire quand on vient ici. Je pense pas que j'étais le meilleur exemple d'intégration en société en arrivant ici, enfin... à l'institut. T'imagines que je refusais les poignées de main ? Sérieux ça fait mauvaise impression..."

Il marqua une pause pour jeter un oeil vers Claire, puis vers les deux hommes avant de se repencher sur le singe.

"Depuis que je suis arrivé, j'ai pioncé avec Iacobo à part ces dernier temps... Son passé n'était pas joli, il était marginal, mais il y avait des gens qui l'aimaient. Cherche pas trop à plaire aux gens... Et si le "boulet" dont tu parles est trop gros entre les profs, les amis que tu peux avoir, ceux que tu peux te faire et... deux psychiatre je pense que ça devrait passer ! Vivre en communauté c'est bien..."

Il releva la tête et sourit avant de la tourner vers Vadim.

"Monsieur Rouge, ça vous dérange si je vous appelle comme ça ? Vous sauriez qui il nous reste comme métamorphes animaux dans les murs, enfin..." Il indiqua son environnement en faisant des cercles avec ses index."... parages."

Le communicateur de Vadim s'alluma pour laisser entendre:

-Monsieur Vadim, quand vous aurez une minute, vous pourrez venir me voir? J’ai quelques questions. Mais ce n’est pas urgent, prenez votre temps. Je suis près de ma tente.

Vadim sursauta à l'unisson de Nathan en voyant une bestiole tomber sur Claire, mais ses nerfs d'aciers laissèrent un temps à l'animal pour se montrer ami ou ennemi. Le Russe pencha rapidement pour le premier cas. A la supposition de Joachim, il tira un sourire malin tout en frottant sa main grasse de la crème solaire sur sa cuisse.

"Hmm Rot vois-tu je préfère que l'on utilise les noms de code. Nous sommes en mission ! Quant à l'animal en short vert si ce n'est pas un singe, c'est soit Mirage, soit Zembla."

Dit-il de son air toujours satisfait quand on jouait aux devinettes sur les noms de code et les pouvoirs des mutants de l'Institut. Puis Vadim accepta avec plaisir la gourdasse d'eau du jeune NeXus. Il écouta ensuite attentivement ses paroles avec un air grave et absorbé. L'Ogre fut à la fois surpris et touché par le malaise exprimé par Rafale. Le garçon qui faisait mine d'avoir la peau dure comme un vrai soldat n'était plus aussi sûr de lui. Le Russe écouta aussi la réponse de Joachim, mais il doutait qu'elle pu réellement aider Nathan.

"Rot tu as raison sur bien des points. La vie à l'Institut ne peut être semblable à celle vécue auparavant, dans un monde d'humains. Toutefois il y a encore un mode de vie qui est spécial, oui, très spécial. C'est celui que l'on mène à l'armée."

*Et pour cela toutes les armées du monde se ressemblent !*

Le mutant resté debout gardait son oeil fixé sur Claire et le singe encore un peu sonné.

"Je comprends ce que tu ressens, Rafale. A l'armée tu as été obligé de t'adapter rapidement à une rudesse extrême, verbale et physique. Tu as du faire des choses que ta conscience réprouvait. Tu t'y es habitué, grâce à cette drogue douce qui est l'obéissance. Peu à peu tu as abandonné tes responsabilités morales à tes supérieurs. C'était le seul moyen pour accepter tes actes et ceux de tes collègues. Oui c'est le processus courant, le recours obligatoire. Il n'y strictement rien d'anormal là-dedans mon garçon. Je t'assure."

Dit-il l'air songeur et grave en repensant aux premiers mots du jeune homme. Il fronça les sourcils.

"Tu dois dépasser cela. Tu dois désapprendre. Tu n'as pas quitté l'armée, tu es entrée dans une autre, d'un tout autre style. Tu es à l'Institut Xavier et désormais tu es responsable de tes actes. C'est très perturbant, je le sais. Il faut tout réapprendre. Tu n'es plus un jouet, tu n'es plus obligé de faire tant bien que mal coller les discours de tes chefs avec la triste réalité de tes actes."

Il suspendit sa phrase, comme s'il s'était perdu dans quelque souvenir ressurgi, puis il baissa la tête vers Nathan. Il perçut nettement le trouble agitant le jeune homme et lui demanda simplement :

"Combien de temps as-tu servi ? Quels sont tes meilleurs souvenirs de l'armée ?"

Il reçut alors une communication de Yamina. Il en prit bonne note et ne s'étonna pas outre mesure que la leadeuse des KozaX ait à lui parler. Il accusa réception tout en guettant avec curiosité la réponse de Nathan à ses questions.

Jonas mis plusieurs minutes avant de recouvrer ses esprits, d’abord lentement en secouant la tête, essayant de retrouver ses repères. La première chose qu’il vit alors fut la tête de Joachim qui lui demandait si ca allait. Ce fut par des petits cris de singe que l’animal lui répondit, avant de se rendre compte qu’il avait complètement oublié de reprendre forme humaine.

Oubli rapidement corrigé quand, sous le regard des personnes présentes, le singe redevint humain, en s’assurant que le short était resté en place durant toute sa transformation. Finalement, c’était pratique de peu s’habiller lorsqu’il s’agissait de se retransformer en humain, cela lui évitait de jouer au nudiste devant la foule. Certes, il avait un peu poussé à l’extrême cette philosophie en ne s’habillant que d’un short vert et ne mettant rien d’autre – ni chaussure, ni haut, ni couvre-chef.

Jonas se passa la main sur la tête, son crâne résonnant encore du choque avec un objet qu’il n’était pas parvenu à identifier, ou du moins dont il ne se souvenait plus.

« Oui, ca va aller… Une branche a cassé alors que je me balançais… Désolé d’être arrivé comme ca, dans quoi je suis rentré au juste ? »

Jonas affichait un sourire désolé alors qu’il s’excusait. Il s’en souviendrait pour la prochaine fois, il se balancerait plus lentement pour pouvoir davantage examiner les branches ciblées, espérant ainsi éviter de renouveler une douloureuse expérience. Quoi que le fait de se balancer si rapidement était grisant tout de même… Enfin, il y réfléchirait le moment venu !

« Je ne vous dérange pas au moins ? » Finit-il par demander, après que son mal de tête ce soit plus ou moins calmé.

Les yeux écartillés, Claire observait le petit singe en serrant la main de Joachim dans la sienne. Le contact de leur main la rassura, aussi elle s'inquiétait plus de l'état du petit mammifère que de partir en courant. La muette leva les yeux au ciel pour voir d'où il était tombé, puis grimaça en remarquant que c'était une jolie chute qu'il avait fait. Lorsque l'ex Rays (haha, je suis drôle) parla, Claire baissa les yeux vers lui. Qu'est-ce qui n'allait pas? Le short? Mais c'était peut être un singe dansant de cirque qui s'était enfui après s'être fait refusé une portion de banane! Ou un singe domestique d'une famille y habitant qui se faisait maltraité par ses maitres, aussi il s'était sauvé mais sans regarder où il allait et s'était enfoncé le crâne dans un tronc d'arbre!

Le premier mouvement de Joachim fut de dégager sa main de la sienne, visiblement mal à l'aise. Se figeant, Claire le laissa faire sans insister, oubliant quelques secondes le petit singe. Sa gorge se serra, formant une boule désagréable. Pourtant son sourire lui avait réchauffer énormément le coeur quelques secondes auparavent. Mais mal à l'aise de quoi? De se voir avec elle? Ce n'était pas la première fois qu'ils se prenaient la main devant d'autres gens. Mais en y repensant bien, c'était peut être la première fois depuis l'orage. Il y avait près d'un mois de cela, et pourtant. Claire chassa ses pensées en se frottant le nez puis serra les deux mains ensemble devant son ventre.

Elle écoutait également la conversation des hommes, mais ne pouvait y participer. De quelle aide pouvait-elle être avec son expérience, et sans pouvoir communiquer de vive-voix. C'était quelque chose qui l'avait toujours agacé pendant son apprentissage scolaire et dans la vie courante, mais à laquelle elle s'était rapidement fait à l'idée. Elle jeta un coup d'oeil vers Joachim; ça, par contre, ce n'était pas pareil que pour apprendre les mathématiques ou commander un café. Son cuisant échec de la dernière fois de tenter de lui montrer ce qu'elle ressentait pesait toujours sur son coeur... Clignant rapidement des yeux, elle détourna son attention pour regarder le petit singe.

Donc Vadim et Joachim pensaient que c'était peut être un des élèves; aussi bien se concentrer la dessus et arrêter de penser à autre chose. Même si la boule ne partait pas. Claire s'approcha d'un pas quand la petite créature se réveilla. Elle semblait un peu sonné au premier abord, mais pas blessée. Quand elle se mit a couiner, Claire sursauta un peu puis eut un petit sourire devant sa nervosité. S'il fallait qu'elle ait peur d'un petit singe encore, alors qu'ils étaient en supériorité numérique...

En voyant Jonas apparaître devant eux, Claire fut d'abord surprise. C'était la première fois qu'elle le voyait se transformer. Et c'était franchement génial! Claire passa à côté de Joachim, évita la bouteille d'eau de Nathan de justesse, et vint s'installer près de Jonas pour s'assurer qu'il allait bien. D'un premier coup d'oeil, il n'avait rien de cassé. C'est le principal. Pour répondre à la question du jeune homme, Claire leva la main avec un grand sourire.

Puis elle imita la chute avec un court sifflement, traçant une trajectoire imaginaire avec son index pour le faire rebondir contre sa poitrine puis contre ses cuisses. Elle posa sa main droite à plat contre sa poitrine en faisant une grimace de douleur, avant de lui faire un clin d'oeil pour lui montrer que ce n'était pas grave, après tout. Après que Jonas eut prit de l'eau, si c'est le cas, Claire se tourna vers Nathan en pointant la bouteille avec un air interrogatif; est-ce que je peux t'en piquer une gorgée?

Joachim écouta la réponse de Vadim à sa question, puis à celle de Nathan, complétant ce que lui-même avait pu dire de façon sûrement très juste puisque Joachim ne connaissait pas bien le Nexus. Mais il fit un peu la moue vis-à-vis de sa remarque sur les noms.

"Mais votre nom de code il est encore plus long que votre prénom ou même que votre nom... encore que votre nom est peut-être plus dur à prononcer."

La fin de sa phrase avait été prononcée à voix basse. Il reprit son sourire et retourna son attention sur le singe quand celui-ci se mit à parler une langue singe que Joachim ne comprenait pas, comme les autres d'ailleurs... Pour finalement prendre l'apparence de Jonas. Nathan lui envoya une bouteille alors que Claire allait rejoindre l'ex singe.

"C'est..." Moment de suspense dû au mime de Claire. "Claire qui a amorti la chute comme elle vient de l'exprimer."

répondit à Vadim dans l'instant. Il semblait qu'il y arriverait finalement. Désapprendre ? Certes Joachim n'avait jamais été dans l'armée, il n'avait pas appris à obéir aux ordres encore que ses parents étaient très stricts. Il n'était d'ailleurs pas convaincu que certains usages de ceinture se fassent à l'armée. Il n'était pas dans le même cas et pourtant il savait ce que c'était de désapprendre. Puis Nathan fit allusion aux moments de sa vie où il avait instruit le Krav Maga, Joachim avait sûrement lu quelque chose là-dessus, mais il n'était pas sûr de lui. Il sourit à Nathan.[/i]

"Je sais pas vraiment ce que c'est, mais je suis suffisamment curieux pour te dire que si ça te plaît de l'enseigner, et si tu peux supporter un total novice je suis volontaire ! Enfin... j'ai tendance à penser que tout peut servir donc si tu as l'envie et la possibilité, je prend."

Il sourit à Nathan un peu plus sincèrement que ce qu'il avait arboré depuis plusieurs minutes sans vraiment s'en rendre compte.

"Mais ce souvenir tendrait à mon sens à prouver que tu es fait pour la vie en communauté. Puisque ce que tu préférais semble être un moment d'échange entre être humain."

Son sourire était revenu à la normale. Joachim essayait de tenir en regardant tantôt Vadim quand il parlait, tantôt Nathan en lui parlant et attendant sa réponse, tantôt Claire et Jonas avec, sans trop savoir pourquoi, un sentiment pas forcément agréable au fond de lui. Une espèce de crainte mais qu'il n'aurait pas su nommer. Ce qui l'entrainait également à essayer de penser à ce que ça pouvait être tentant une analyse croisée bien complexe entre son ressenti et ses lectures dans un environnement et un état d'esprit qui ne s'y prêtait pas. Néanmoins, à chaque fois qu'il tournait les yeux vers Claire, c'était brièvement, comme s'il avait l'impression d'écraser des plate-bandes d'une part, et d'autre part pour ne pas risquer de vexer ses autres interlocuteurs.

*Radié à cause de son don ! L'armée israélienne n'a donc aucune cervelle ??*

Se demanda Vadim en affichant un air incrédule devant les propos de Nathan. En même temps il sourit intérieurement. Le jeune homme avait passé si peu de temps à l'armée. Comparativement à son jeune âge, c'était certainement une longue période pour lui. Mais pour le Russe, cela ne faisait aucun doute que Nathan se "remettrait" facilement des aspects abrutissant de l'expérience militaire.

Vadim hocha la tête, repensant lui même à ses meilleurs souvenirs de l'armée.

"Oui je crois que les meilleurs souvenirs que l'on garde de l'armée sont toujours liés à la camaraderie avec les soldats de sa classe. Bien sûr on peut monter en grade, recevoir des honneurs... mais pour ma part je suis comme toi, j'ai surtout apprécié les contacts et les bons moments avec la troupe... mes "semblables". Ha ha, si l'on peut dire..."

Il remit ses lunettes sur son nez.

"Il est incroyable que l'armée d'Israël ait accepté de se défaire d'éléments aussi formidables et prometteurs que toi et Aleph... Bien sûr c'est mieux pour vous. Mais ils devraient maintenant s'en mordre les doigts."

Dit-il en secouant la tête et en haussant les épaules. Il regarda distraitement les gestes de Claire, expliquant la chute du singe. Singe qui était redevenu Zembla. Le mutant animalier devait être très à son aise dans cet environnement naturel.

Joachim quant à lui exprimait sa préférence pour les noms de code courts, point sur lequel Vadim le rejoignait tout à fait. Il acquiesça en rajustant son bob jaune.

"Tu marques un point Rot, les noms de code courts sont plus pratiques à utiliser. Quoique, une seule syllabe c'est vite prononcé et vite mal saisi par le destinataire du message... Un nom de deux ou trois syllabes est plus long à dire ce qui limite un peu la confusion possible avec d'autres mots."

Cette réflexion montrait que le Sibérien avait étudié la question -passionnante- des noms de code sous les aspects même les plus anecdotiques. Les paroles de Joachim adressées à Nathan convainquirent aussi Vadim. Il acquiesça encore.

"Je pense la même chose. Ceux qui sont passés par l'armée sont mieux dotés que d'autres pour vivre en communauté à l'Institut... Seulement une grande différence entre nous et des soldats normaux est que nous portons chacun en nous une arme redoutable, le pouvoir. Chaque pouvoir étant unique, seul chaque individu peut en comprendre le mécanisme et en contrôler les effets. Notre groupe ne peut être cohérent et responsable collectivement que si chacun d'entre nous se maîtrise soi-même. Je crois que c'est cette combinaison particulière de responsabilité individuelle et collective qui fait la force de l'Institut Xavier."

La Jungle

Quelques branches bougèrent autour des mutants et Carrie fit son apparition dans les abords du camps, les bras surchargés de gros morceaux de bois qu'elle avait été chercher pour le feu de camp. Elle avait l'intention de faire le repas, car personne n'était décidé à le faire et elle ne voulait pas mourrir de faim, dévorée par les moustiques dans une jungle collante. Elle pencha la tête sur le côté, ses cheveux relevés tombaient en grosses mèches humides sur son visage. La sueur avait déjà mouillé son débardeur et ses jambes étaient recouvertes de terre et d'égratignures. D'une voix dure, elle salua:

"Bonjour, les élèves. Bonjour Monsieur Volkov."

Elle fit mine de continuer son chemin vers le feu de camp, mais s'arrêta. Ce n'était pas poli de simplement passer devant des gens comme ça, sans les saluer un peu plus. Mais ne même temps, elle n'aimait pas s'imposer dans une conversation qui ne la concernait pas...Pourquoi ne pas simplement continuer son chemin. Elle continua son chemin, satisfaite de ne pas devoir faire conversation avec tout le monde. Elle ferait le repas, ensuite ils viendraient le manger et elle pourrait s'éclipser dans le jet ou une tente pour passer le reste de la journée seule et tranquille, comme les longues minutes passées dans la jungle à chercher de grosses branches sèches. Mais ils ne sauraient pas qu'elle avait fait le repas...Elle s'arrêta à nouveau et pencha de nouveau sa tête vers le côté pour qu'ils la voient:

"Je m'apprête à faire le repas. Je vous appellerai lorsqu'il sera prêt."

Voilà qui était fait, pensa Carrie avec satisfaction. Elle entama sa marche vers le feu de camp, sans plus de paroles.

Feu de Camp

Jareld croisa Mlle Marcin qu'il salua poliment d'un signe de tête, elle venait d'annoncer que le repas serait bientôt servi une fois qu'elle l'aurait préparé.

Jareld marchait d'un pas mesuré, il avait l'impression de sortir d'un mauvais rêve, ou était-ce cette chaleur humide qui le rendait aussi nerveux?
Il essuya ses mains moites sur son tee-shirt avec l'effroyable idée qu'il allait avoir tout le temps pour s'habituer au climat de l'île car visiblement l'Institut n'était pas prêt d'en sortir...

Pas très loin, Vadim et Nathan discutaient, Joachim était aussi avec eux. Jareld les salua d'un signe de main rapide avant de se diriger vers Claire et Jonas qui venait de reprendre sa forme humaine.
Jareld s'approcha d'eux avec un sourire et les salua:

"Salut Claire!"Puis se tournant vers Jonas:"Alors Jonas, t'as exploré un peu la jungle?"

Jareld lui n'en avait pas encore eut l'occasion et à vrai dire, il n'en avait pas véritablement l'envie car le moindre mouvement était source de chaleur et comme il s'en passerait bien Jareld faisait le moins de mouvement possible.

En vérité tout ce que Jareld désirait, c'était une piscine bien froide où il pourrait faire quelques brasses.
C'était sans se rappeler des récentes blessures causées par les extraterrestres de la stargate se souvient Jareld. Celles-ci le faisaient encore souffrir lors de quelques mouvements malgré les soins qu'on lui avait prodigués. Fort heureusement, il avait été soigné... Il ne pourrait plus bouger, sinon à l'heure qu'il est.
Il revoyait encore les silhouettes sinistres de ces extraterrestres et la certitude qu’il avait ressentit : qu’il allait mourir. Rien qu'à y penser, le jeune homme fut parcourut d’un frisson visible.

Jareld s'assit en tailleur au sol sur un tapis de feuilles bien vertes et ferma un instant les yeux s'imaginant ailleurs que dans cet endroit maudit. Mais la chaleur ambiante sapait son imagination et il avait du mal à penser à autre chose... Peut-être qu'une sortie astrale pourrait l'y aider, mais le jeune homme préférait pour le moment rester ici avec son corps, qui sait ce que cette jungle recélait comme prédateurs autres que les moustiques...

Jonas vit Claire s’approcher de lui, visiblement surprise par sa transformation, elle vint ainsi répondre rapidement à la question du jeune homme, levant d’abord la main, avant d’effectuer un mime très claire, confirmer par ce que lui dit Joachim.

« Désolé de t’être tombé dessus ainsi, j’espère que ce n’était pas trop douloureux, je m’attendais vraiment pas à tomber sur une branche aussi cassante… D’habitude mes sens simiesques m’évite ce genre de mésaventure… Encore désolé. »

Voilà que le jeune homme venait à se confondre en excuse. Il fallait dire qu’il y avait d’autres façons, nettement moins brutale, d’aborder ainsi les belles jeunes filles dans la jungle. La prochaine fois, il pourrait essayer un autre singe, il y en a suffisamment pour en trouver un ayant moins de chance de tomber d’un arbre, ou au moins, moins brutalement.

Pendant que Jonas était encore au sol, Joachim, Vadim et Nathan semblait en pleine discussions sur l’armée… Rien de vraiment passionnant pour le jeune homme, lui qui n’avait jamais connu une telle structure jusqu’à présent, et qui ne souhaitait jamais en connaître une.

Il eut un passage extrêmement rapide de Carrie, au point que Jonas ne pu qu’esquisser un signe de la main, alors qu’elle s’en allait déjà vers le feu de camp, annonçant qu’elle les appellerais pour le repas. En l’occurrence, le repas, pour Jonas, n’était absolument pas difficile à trouver dans un tel milieux. Non seulement, il y avait vécu longtemps, mais en se transformant il était capable de manger à peu prêt tout ce qu’il pourrait trouver. Même s’il n’était pas contre de la vraie nourriture, au moins, il se savait capable de s’en sortir sans.

Jareld arriva alors, saluant brièvement tout le monde avant de s’approcher de Claire et Jonas. De la même façon qu’il l’avait fait pour Carrie, Jonas adressa un signe de la main au jeune homme, avant de répondre à sa question.

« Un peu, j’ai surtout profité du paysage vu de la canopée… C’est magnifique ! Si vous pouviez voir cela ! Et sentir le vent alors que l’ont bondit d’arbre en arbre, c’est une sensation de liberté fantastique ! »

Sur le coup, Jonas s’était un peu – beaucoup – emballé, mais il fallait dire qu’il se sentait revivre dans un tel milieux. Libre de quasiment toutes les contraintes, sans discrimination par rapport à ce qu’il était. S’il avait le choix, il vivrait peut-être ici pour toujours, malheureusement, il savait la chose impossible.

Joachim continuait son va-et-vient plus ou moins discret, mais d'une discrétion totale dans son esprit, entre Claire, et Jonas qui l'intéressait étrangement moins, et Vadim et Nathan avec qui il discutait. Vadim semblait apprécier le discours du jeune homme. Pour une fois qu'il ne mettait pas les pieds dans le plat par son discours il était plutôt content. Ca lui arrivait trop couramment ces derniers temps. Et il venait de le refaire sans même s'en rendre compte et sans le savoir non plus. Carrie passa et lui la salua de la main avec un sourire, puis ce fut Jareld qui se joignit au groupe, allant plutôt vers Claire et Jonas.

Puis Nathan indiqua à Joachim qu'il n'y avait aucun souci pour les bases d'autodéfenses. Joachim sourit, vu ses capacités à lui, ça pourrait possiblement servir en situation critique. Il préférait ne pas y avoir recours, mais il semblait que les temps deviennent dangereux, sa dernière escapade le lui avait largement prouvé. Puis Jonas souleva finalement le problème de ses habitudes qui ne collaient pas vraiment avec celles de l'institut. Joachim sourit plus sincèrement, il comprenait un peu ce que le jeune homme ressentait, même si lui-même n'avait jamais été entraîné, habitué à tuer, il avait déjà eut à luter pour ne pas le faire.

"Je pense que pour le coup, on revient à ce que disait Monsieur Gulliver tout à l'heure. Il se coupa pour indiquer une petite information à ce dernier "Je crois que je pourrais pas faire abstraction du Monsieur... mais ça rallonge encore c'est problématique non ? Encore qu'avec quelque chose de si long on saura de qui il s'agît et vous saurez qui vous parle..." Puis se retourna vers Jonas. "Oui, donc le fait de désapprendre. Enfin... là c'est peut-être plus compliqué que les ordres parce que c'est effacer une part de toi, un instinct je dirais. Je ne suis absolument pas dans ta situation mais..." Il regarda sa main. Puis ramena rapidement ses yeux sur Jonas. "J'ai l'impression de comprendre. Enfin..." Il faisait des gestes pour essayer d'illustrer son argumentaire, sauf qu'il n'avait pas vraiment d'image donc ça devait paraître un peu confus "Disons que mes capacités à moi apportent la "mort", comme nous tous, certes, mais un mec qui utilise la foudre peut tuer, ou ranimer un coeur arrêté, un hydrokinésiste peut procurer à boire j'imagine. Enfin des choses comme ça... Un être humain banal, au sens de "sans mutation" peut tuer, mais on n'est pas non plus à la même dimension. Moi... bah moi je cause la mort des cellules organiques." Ses bras tombèrent d'un seul coup le long de son corps, arrêtant toute gesticulation "C'est parfois un peu frustrant par rapport au reste d'être en mission... Mon pouvoir sert... à enlever des branches ou des poutres en bois, donc rarement. Parce que comme en plus je n'ai pas un entraînement spécial en stratégie militaire, utilisation de l'environnement, auto-défense et toutes ces choses. Et bien si les gens sont loin je peux rien faire, et globalement quand il sont près je fais super attention à l'utilisation que je fais de mes capacités. Donc ouais en fait je suis plutôt non-violent. Donc c'est pas vraiment comme toi, j'aime pas tuer les êtres vivants tu comprendrais sûrement pourquoi si tu pouvais utiliser mon pouvoir, mais c'est parfois difficile de vraiment se contrôler. C'est une question de volonté ! Tu vas y arriver, même si ça prend un peu de temps."

Il était quasiment sûr qu'il aurait pu être beaucoup plus clair, mais c'était un peu tard et puis bon... il ne savait pas vraiment comment. Par contre il réalisa cruellement un point négatif de son discours, on risquait de trouver ça hors contexte, ou de le prendre en pitié.

"Euh... j'espère que c'est pas hors sujet... enfin je veux pas spécialement qu'on s'apitoie sur moi. Je prend les idées éventuellement par contre. Je suis ici pour avancer, même si on peut pas aller très loin dans la jungle sur cette île."

Il sourit. Il avait capté dans sa petite tirade un regard de Claire qui l'avait fait un peu tréssaillire et avait sûrement aidé à la confusion de ses mots. Il n'avait pas osé retourner ses yeux vers le trio qu'elle composait avec Jonas et Jareld. Et il n'y jeta un regard fuyant que maintenant pour la voir éventer Tumos avec une large feuille. Il ne savait pas comment les choses en étaient arrivées là, mais elle le mirent encore plus mal à l'aise. Son sourire se raidit alors qu'il regardait tantôt Vadim, tantôt Nathan.

Vadim leva de l'index le bord de son chapeau mou quand il vit passer Carrie Marcin, chargée de la corvée de bois. L'Ogre s'insurgea qu'une femme s'occupe de cette besogne alors qu'on avait tant de braves mutants inactifs et virils... d'autant que la professeur des JustiX avait bataillé avec la végétation, à en juger par ses jambes terreuses et égratignées. Il grommela dans sa barbe. Mais Carrie semblait trop déterminée pour souffrir une interruption.

Jareld arriva, mais c'est Nathan qui sortit Vadim de son observation de la retraite de Carrie. Il sourit et se tourna vers le Nexus.

"A toi de voir, Rafale, si les valeurs et les méthodes de l'Institut t'apportent satisfaction morale et paix de l'âme. Celles que tu gardes de ton service relèvent plus précisément de la torture. La violence, c'est autre chose. Nous la pratiquons tous en mission ! Je ne crois pas en la non-violence à l'Institut ha ha !"

Dit-il en repensant à la manière dont Nan avait assommé l'infirmier pervers de l'hôpital indien.

"Je n'ai qu'une seule boussole à te proposer, pour te guider dans ta prochaine mission : agis en sorte de ne pas susciter la haine chez ton adversaire. Regarde le passé de ton pays. Combien de conflits auraient pu être évités, si on avait simplement pensé ainsi ?"

Vadim laissa la réponse à la réflexion de Nathan. Ce jeune homme avait la ressource pour se débarrasser de ses mauvais penchants, et le fait qu'il se pose la question était déjà bon signe. L'Ogre laissa quelques instants son regard et son sourire fixés sur Rafale. Il avait confiance en lui mais... il ne laisserait rien passer de ses "anciennes habitudes".

Puis Joachim poursuivit la conversation, et Vadim haussa les sourcils quand il l'appela "Monsieur Gulliver". Décidément les Français traînaient leur sacro-sainte déférence à travers les siècles. Carrie ne disait-elle pas aussi Monsieur ? Mais déjà Rot évoquait les difficultés liées à son pouvoir, son pouvoir propre. Le Sibérien se frotta la barbe avec perplexité.

"Rot... il va de soi que tu es une plaie sur la terre."

Dit-il le plus sérieusement du monde.

"Et il est certain que nous ne sommes pas égaux devant les fantaisies du gêne X. Tu as hérité de ce pouvoir qui te semble impraticable et qui nie l'existence même de la vie. Ça se sont les points négatifs. Tu les connais. Maintenant... il faut passer à autre chose. Soit ton pouvoir te révulse et tu décides de ne jamais l'utiliser. Ce que tu peux faire maintenant que tu en as acquis la maîtrise..."

Il s'approcha un peu plus de Joachim.

"Soit tu t'en détaches. Tu mets ta personne d'un côté, ton pouvoir de l'autre. Il se trouve que tu as un outil dans les mains. Cet outil te permet de décomposer certaines matières. C'est un outil. Le jour où tu en besoin, tu le sors de ta poche et tu l'utilises fièrement. Où est-il écrit que ce pouvoir devait servir à donner la mort ? Nulle part. Ce n'est pas écrit sur ton front, qui est celui d'un humain tout ce qu'il y a de plus sain et vigoureux. Ce pouvoir n'est qu'un couteau, une clé à mollette. Pense à ton pouvoir comme à un bête objet, parfois très bienvenu, parfois inutile. Tu te rendras compte que tu n'es vraiment pas loin d'un humain comme tous les autres !"

Termina-t-il avec un sourire, qu'il espérait encourageant pour le jeune homme. Le Russe trouvait que beaucoup de mutants réfléchissent beaucoup trop au poids qu'ils ont sur les épaules, plutôt que de l'assumer et marcher vaille que vaille avec. Il s'était donné des recettes simples, mais jusque là efficace. Et depuis qu'il connaissait Cassandre, les pouvoirs des autres mutants lui semblaient d'une légèreté absolue. Joachim pouvait refuser de donner la mort, mettre son pouvoir au placard et mener une vie normale. Cassandre pouvait-elle mettre au placard un pouvoir qui lui permettait de rétablir la justice dans la destinée ?

Vadim posa ensuite les yeux sur Claire, une sorte de réflexe qu'il avait acquis du fait du handicape de la jeune fille pour saisir ses réactions.

Jareld bénit intérieurement ce vent frais qu'il sentait sur son visage, vent providentiel et soudain qui le rafraîchissait. Il ouvrit les yeux pour en découvrir l'origine: il s'agissait de Claire qui l'éventait. Jareld lui sourit et posa ses mains derrière lui et levant sa tête il poussa un:

"Ça fait du bien, merci! Mais j'ai peur que toi, tu es encore plus chaud à faire ces mouvements..."

Il lui sourit et prit un air plus vif et moins accablé par la chaleur histoire de montrer à Claire qu'il allait pouvoir tenir le coup. Jareld lorgna avidement la bouteille d'eau que tenait la jeune fille. Peut-être en restait-il un peu? Et avec un peu de chance, elle serait bien fraîche... Qui sait, l'île cachait peut-être un frigo?

"Sans vouloir abuser de ta gentillesse, je peux te prendre un peu d'eau?"

Jareld se tourna vers Jonas suite à sa réponse et poursuivit avec le même enthousiasme que Tumos semblait presque partagé:

"Je connais ça, lors de mes sorties astrales c'est la même sensation, c'est vraiment...grisant! Je pensais d'ailleurs faire un tour comme ça pour repérer un peu l'île mais j'ai pas trop envie de voir de plus près cet enfer... Si tu vois ce que je veux dire..."

Le sol humide où Jareld avait posés ses mains, les rafraîchissait, et l'idée brusque et saugrenue de plonger sa tête dans le sol vint à l'esprit de Tumos qui sourit tout seul à cette idée avant de la chasser pour enchaîner auprès de Claire et Jonas:

"Ce serait sympa d'avoir un élève qui puisse maîtriser la météo pour la rendre plus...fraîche... Mais je sais pas si l'un de nous en est capable."

Le regard de Jareld se posa négligemment sur le trio que formaient Vadim Nathan et Joachim, entendant leur conversation avec plus ou moins de netteté. Intrigué, Jareld demanda en se tournant à nouveau vers Claire et Jonas:

"Vous savez de quoi ils parlent?"

Le jeune homme fit un signe discret vers le trio pour désigner de qui ils parlaient. Jareld savait que Claire ne pourrait pas expliciter véritablement sa réponse alors Tumos attendit la réponse plus de la part du métamorphe.
Jareld enfonça plus profondément ses mains dans le sol pour que ses poignets soient presque ensevelis. Tant pis pour les insectes et autres animaux qui hantaient cette partie là...

Le sourire et le signe de tête de Claire rassura Jonas sur deux choses, la première, visiblement, elle ne devait pas avoir eu bien mal, et la seconde étant qu’elle ne lui en voulait nullement. Les militaires continuaient leurs conversations tandis que Jonas ne s’en désintéressait que davantage. Cela ne servait à rien de parler de tactique, d’autodéfense, de tuer, de combattre, alors que c’est ce qu’ils allaient vivre bientôt… A par à les démoraliser avant la bataille dont Jonas préférait oublier jusqu’à son existence.

Jareld, de son côté, confirma les dires de Jonas en affirmant que c’était identique lors de ses sorties astrale… Chose que le jeune homme ne pouvait démentir, ignorant bien les effets de tels sorties. Mais s’il le disait, c’est que cela devait être vrai. Tout en se reposant, le jeune homme réfléchissait. Il aurait bien aimé que la jeune muette soit en mesure de ressentir la même chose. Tout en continuant son intense réflexion, il se tourna vers Jareld pour répondre à son interrogation.

« De l’armée je crois… Enfin je m’y suis pas vraiment intéressé »

Il finit par imaginer une solution très simple pour au moins lui faire voir la canopée, ou du moins de l’amener au plus proche. Il fallait juste qu’il soit prudent, mais ca ne devrait pas poser de réels problèmes.

« Claire, ca te dirait de voir la vu qu’on a depuis la haut ? »
Fit-il en désignant le sommet des arbres. « Accroche toi et je t’y emmène. T’inquiète pas, je serais prudent cette fois. »

Sans attendre l’approbation de la jeune fille, il entama une nouvelle métamorphose, s’extirpant de son short durant cette dernière car il n’était plus asser grand pour accueillir sa nouvelle forme… Un gorille. Un dos argenté pour être précis. Les gorilles ne sont pas les meilleurs grimpeurs, mais il se débrouille et leur force était suffisante pour porter une personne sur leur dos tout en continuant à grimper. Il fallait juste viser les branches les plus solides.

Il se tourna, dos à Claire, désignant son dos et poussant quelques cris typiquement goriesque. Difficile de s’exprimer clairement en étant transformé, bien qu’il commençait maintenant à avoir l’habitude. Allait-elle accepter ? Il l’espérait, ce serait comme pour se faire pardonner de lui être tombé dessus.