Chasse au "cash" - Percé, Qc

Voilà maintenant un peu plus d'un an qu'Edouard a fait un stop à ses études. Il veut prendre le temps de bien choisir où il va aller dans la vie. D'autant plus qu'il a un double d'attention à porter au style de vie qu'il devra suivre, étant donné son "état".

Peu à peu, les "crises animales" diminuaient. Edouard commençait à réaliser que plus il tentait de comprendre ce qui les déclanchait, plus il pouvait les prévenir, voir les contrer. Lorsqu'il pensait à un animal en particulier, son corps suivait la pensée et souvent il se prenait à agir comme l'animal en question. Lorsqu'il était poussé à bout de nerf, ou lorsqu'il était pris d'une émotion forte, qu'elle soit drôle ou triste, il lui arrivait parfois des "crises". Hors, et fort heureusement pour lui, le "rire de cochon" en soit n'étais pas une démonstration de mutation claire, nette et précise. Même si le sien était quelque peu trop près du réel.

À ce moment, il prévoyait de plus en plus aller à l'Institut Xavier. L'idée de devoir contrôler ses pouvoirs étaient bien sûr nécessaire au développement d'une vie saine, et Edouard y adhérait de plus en plus. Il avait cependant besoin d'aide, et l'Institut était surement l'aide la plus proche, bien qu'à 1 500 kilomètres. Il n'en avait pas encore parlé à ses parents (au courant de sa situation), il attendait le bon moment. Il était pourtant certain qu'ils allaient l'appuyer dans sa démarche.

Dans sa situation présente, il enchaîne les petits travaux, et cherche des emplois à temps partiel dans le but d'amasser un peu de fonds pour continuer ses études. De temps en temps, il lui arrivait que son pouvoir se déclenche tout seul en présence d'un animal, en fait c'est que la pensée était plus forte que lui, le stimuli étant plus que présent. Le travail au zoo ou chez son oncle vétérinaire lui était donc impossible à accomplir.

Après quelques essais infructueux, à l'été, il avait trouvé sa place dans un restaurant chinois. Il était à la plonge, et bien qu'il se trouvait dans un milieu ou des animaux étaient la principale atraction, ils étaient morts et pas mal transformés, cette vue là ne semblait pas trop stimuler ses pouvoirs. De toute façon, Edouard était un peu en retrait de la cuisine. Séparés par un mur, les cuisiniers s'occupaient de prendre la vaisselle propre, et les serveurs d'apporter celle à laver.

Chaque soir, comme celui-ci, Edouard rentrait à la course chez lui, dans le but de garder la forme. Il avait 5 kilomètres à courir et ce soir la course allait lui faire du bien : la journée n'était pas encore terminée et il était très tendu.

Le chemin qu'Édouard avait pris pour rentrer chez lui en courant passait par la plage donnant sur le Rocher-Percé


L'édifice naturel était impressionnant. Bien que sa configuration ait pas mal évolué dans les 50 dernières années - avec notamment l'affaissement d'une partie de la structure - il ressemblait encore à quelque chose. Des rumeurs circulaient au sujet de galeries qui se seraient créées suite aux effondrements récents, mais rien n'avait été officiellement confirmé.

D'autant moins que le Rocher Percé était depuis quelques années absolument interdit au public et ce pour des raisons de sécurité.

Néanmoins, il conservait son potentiel mystérieux.

Peut-être était-ce à cela que pensait que le jeune homme devant lequel passa Édouard en courant ?


Debout dans le froid et la nuit tombante, ce garçon semblait lui aussi captivé par le rocher. Édouard l'entendit maugréer :

"On va jamais les retrouver là dedans... Fichu héros que je suis..."

Edouard ralenti son pas de course à jogging, tourna la tête pour observer le jeune homme qui fixait le rocher, puis stoppa son élan net. Bien intrigué par le jeune, il se demanda s'il l'avait déjà vu auparavant.

Bien sur des centaines de touristes passaient par jour, mais Edouard avait habituellement une bonne mémoire des visages et il le fixa un moment, puis fit volte face.

En revenant à la marche, il se demandait à la fois ce qu'il avait voulu dire, et pourquoi il avait remarqué ce jeune homme plus qu'un autre.

Étais-ce ce qu'il avait dit ? Ou alors le simple fait qu'il fixait le rocher en semblant lui parler ? Car oui c'était étrange... mais à Percé les gens étaient de moins en moins "normaux" alors...

Tout près, Edouard pose ses mains sur ses hanches et tout en prenant une bonne inspiration pour reprendre son soufle, demande :

- Ça va ?

Le garçon parut surpris. D'une petite voix, il lança comme pour s'excuser :

"Oh, je ne vous avais pas vu... Oui, oui ça va..."

Il se détourna d'Édouard pour regarder à nouveau le rocher.

"Enfin... Ça pourrait aller mieux..." ajouta-t-il, mystérieux.

Un nouvel instant se passa pendant lequel le jeune homme garda le silence. Puis, il termina :

"Vous savez, ce rocher, c'est très dangereux d'y aller. Vraiment très dangereux. Parce qu'après... Si vous vous êtes perdus là dedans, on aura du mal à aller vous chercher. Enfin... Mon père dirait bien qu'on n'a que ce qu'on mérite mais... C'est pas forcément très juste non plus"

Edouard fixe le jeune homme, son souffle se calmant il l'écoute attentivement.

Quand le jeune homme retourne son attention sur le rocher, et qu'il envoie son message de détresse, il s'approche un peu pour être à côté de lui et l'observe attentivement.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

* Sans doute un touriste, ses parents doivent être près *

Mais quand il lance son histoire à demi-racontée, Edouard lève un sourcil, le gauche, et fixe le jeune homme. Edouard avait plutôt l'air incrédule, le jeune homme n'avait plus toute sa crédibilité à ses yeux, et il cherchait hâtivement autour d'eux des parents. Puis, il réalise que le jeune homme vient de parler de son père au passé...

- Qu'est-ce qui s'passe ? Quelqu'un est allé au rocher ? C'est ton père ?

Edouard reporte son attention au rocher, plissant les yeux pour tenter de voir quelque chose dans le noir débutant.

- C'est dangereux là-bas, le rocher s'éfrite beaucoup plus depuis récemment ! Faut qu'tu m'aide là petit... Si tu sais quelque chose, parle !

La tronche que tira le jeune garçon aux paroles d'Édouard laissa présager qu'il était plutôt vexé.

"C'est plutôt moi qu'il faut qu'on aide là..." lâcha-t-il un poil sec.

Puis, rapidement, il ajouta d'une voix un peu plus polie :

"Je suis Bernard alias Cap'tain Canada. Chef des Canadian WonderKids. Et..."

Il avala sa salive comme pour trouver ses mots.

"Et... Il y a des jeunes filles qui ont disparu. J'ai été chargé par la famille de les retrouver et je suspecte qu'elles se sont rendues sur le Rocher Percé et que quelque chose s'est produit là bas..."

Bernard sourit. L'air un brin mystérieux...

"Bien sur les autorités croient à une fugue classique et pensent qu'on va les retrouver tôt ou tard... Mais leur profil psy me semble plutôt indiquer une ballade romanesque sur le Rocher... Enfin, c'est ce que mon père dirait..."

Complètement perdu, Edouard fixe le jeune homme droit dans les yeux... c'est qu'il avait l'air d'y croire le bonhomme.

- Est-ce que... ça va ? Tu joues là hein ?

Puis Edouard prend un instant pour emmagasiner ce qu'il vient d'entendre... l'histoire tenait son bout, et franchement, les détails laissaient pas croire que le jeune homme plaisantait. À moins que c'était un jeune écrivain prodige !

- WonderKids hein ?, il sourit l'air dubitatif, c'est une sorte de groupe de superhéros c'est ça... Bernard ? Et pourquoi tu crois que des jeunes filles seraient allés au Rocher Percé ?

*Autant embarquer dans son jeu, s'il est fou de toute façon c'est le seul moyen de le rappatrier...*

Les bras croisés, Edouard regarde Bernard.

Bernard regarda Édouard avec un petit sourire narquois.

"J'ai l'air de plaisanter là ?" dit-il les bras croisés et... les pieds à 50 centimètres au dessus du sol !

Il se posa à nouveau tout doucement au sol.

"Oui, nous sommes de jeunes super-héros. Enfin... Là je suis tout seul. Devon est allée se coucher à notre hôtel et Charlene a décidé de ne pas participer à cette mission. Du coup, je suis un peu à court de personnel là..."

Bernard sortit de sa poche de chemise un petit carnet qu'il tendit à Édouard.

Quelqu'un avait inscrit à la main, sur la couverture, les mots "A la recherche de Blanche de Beaumont".

En feuilletant le carnet, Édouard constata que les pages étaient couvertes de petits poèmes.

"Je crois que ces jeunes filles font une fixation sur cette légende relative au Rocher Percé... Enfin, c'est ce que mon père dirait..."

Plutôt surpris par le sourire de Bernard, il est sans réponse à sa question... et ses yeux semblent pratiquement sortir de leur orbite quand il s'aperçoit que Bernard... vole !

- WOW ! fit-il en faisant un pas vers l'arrière.

Il reporte son attention à Bernard pour tenter de l'écouter.

- Qu' que...

Sans savoir que dire, Edouard regarde le livre. Un receuil de poèmes. Le titre griffoné à lui seul attire toute son attention. Soudain, Bernard n'a plus l'air de l'inquiéter.

- Oui je connais cette histoire... c'est une très vieille légende que mon père m'a raconté plus qu'une fois...

Observant plus en profondeur le livre, Edouard réalise que des filles sont peut-être en danger. Son égo ? Un complexe de héro ? Le désir d'aspirer à mieux de lui-même ou encore la volonté de passer pour un preux chevalier et peut-être attirer les charmes d'une dame ? Edouard cherchait une solution.

- Ces filles là viennent d'ici ? J'les connais peut-être !

Edouard marque une pause, et regarde de nouveau Bernard.

- Attend...c'est pas une farce ? Et tu voles vraiment ?

"Qu'est ce qu'il y a d'étonnant dans le fait que je vole, hum ? Je suis un mutant, voilà tout. Et avec mes amies nous avons décidé d'œuvrer pour le bien public"

Bernard semblait être très fier de son statut de super-héros. Vraiment très fier. Sortant une photographie de la poche de son pantalon, il la montra à Edouard.


"Je vous présente Anne, Emily et Charlotte Bell. Le carnet que vous avez entre les mains a été écrit par Charlotte mais elles ont toutes les trois ce côté poètesse romantique qui a tendance à agacer les cartésiens dans mon genre. Selon M. et Madame Bell leurs filles ont une vraie fascination pour le Rocher Percé. Cette fascination peut les y avoir conduites, enfin c'est ce que je pense, à s'aventurer dans les galeries du rocher. Un marin leur a d'ailleurs loué une embarcation avant-hier qui a été retrouvée à la dérive"

Le Cap'tain Canada se gratta la tête et ajouta d'un air grave :

"Les policiers du coin ne veulent pas enquêter sur le Rocher car, je crois, qu'ils ont peur de ce qu'ils pourraient y trouver. Voilà tout. Du coup, j'ai décidé d'y aller avec Devon. C'est une question de vie ou de mort après tout"

(HRP : Je suppose qu'elles sont du coin)

Edouard eu l'air fasciné, de parler avec autant d'aisance de ça. Aucune gêne le jeune. Et lui qui avait eu du mal à simplement en parler à ses parents.

* J'ai du chemin à faire moi...*

Edouard observe la photo, se demandant s'il devait parler du fait qu'il était mutant avec Bernard.

- Oh... C'est Charlotte son nom ?

Edouard fixe la photographie un instant. Puis sous le regard interrogatif de Bernard, enchaîne :

- Ben... J'la croise très souvent dernièrement, elle se poste pas loin là et elle fixe toujours le Rocher sans dire un mot. Maintenant que j'y pense j'ai entendu quelqu'un dire que c'était la réincarnation de la Blanche de la légende... Héhé... hé...

Edouard tente de cacher ses intentions. En fait il veut cotoyer Captain Canada, et se servir de ses propres pouvoirs à bon escient... peut-être par la même occasion pour en apprendre plus sur les mutants... mais surtout, il est exité à l'idée de pouvoir servir à quelque chose...

- Tu sais... j'connais le coin... bon je sais pas si y'a vraiment des tunnels sous le Rocher... mais j'peux peut-être aider !

Doutant de la sûreté de son mensonge, il ajoute :

- Ben si la police aide pas, j'peux pas être de trop... en plus il manque quelqu'un dans votre trio c'est ça ? J'connais les gens du coin, et... qui sait j'peux être utile !

[Tu peux supposer autant que tu veux, il n'y a pas de problème ^^ En revanche, j'aurai indiqué dans ma narration si tu les connaissais. En fait, tu ne peux pas ajouter ex nihilo un élément comme "Je l'ai déjà vu en bord de mer" si cela n'a pas été précisé dans la narration. Tu peux en revanche écrire une phrase du style "Édouard se demanda s'il les connaissait", auquel cas je te répondrai... Pour cette fois, le résultat ne me dérange pas du tout, donc tu n'as pas à éditer... C'est juste à prendre en compte pour l'avenir ^^ Bon jeu ! ]

"Oui, Charlotte. Celle à gauche sur la photo. Emily a sa tête sur les genoux de Charlotte et Anne porte des lunettes"

Bernard écouta très attentivement ce que lui disait Édouard. Puis il ajouta :

"Ça correspond bien à la description qu'on m'en a faite. Je ne sais pas si Charlotte Bell se prend pour la réincarnation de Blanche de Beaumont mais elle est fascinée par cette dernière"

Le jeune garçon leva un sourcil interloqué quand Édouard proposa son aide.

"Tout dépend de ce que tu sais faire à vrai dire. On aurait bien besoin d'aide, oui..."

Il semblait hésiter quelque peu et attendait une réaction du mutant.

Edouard garde le visage sur la photo, et cherche un moyen de détourner le sujet. Aucun à vue.

- Ben j'saurai me montrer utile...

Remontant les yeux vers Bernard, il attend de voir si la réponse lui suffit...

- Bon... ça va. Le meilleur moyen c'est de le montrer hein ?

Fermant les yeux pour se concentrer, Edouard frappe ses mains ensembles et les frottes. Et il essaie de se concentrer sur l'image d'un Ours...

Bernard opina du chef.

"En effet la méthode expérimentale est toujours la meilleure... Mon clinicien de père n'aurait pas dit autre chose... Car, comme disait Freud..."

Il stoppa net. Un frisson de terreur passa dans son regard enfantin : Édouard était maintenant ours. Ou tout du moins il en avait la fourrure, les crocs, les griffes... l'agressivité.

Instantanément, le jeune télékinésiste s'envola un peu plus haut que la dernière fois. A bien 4 mètres. Et toisant l'animorphe, il marmonna :

"Bordel..."

Édouard pendant ce temps en bon nounours continuait à essayer d'attraper avec ces petites pattes le jeune homme.

Au bout de quelques minutes, l'animorphe retrouva son humanité perdue... au grand soulagement d'un Bernard, guère rassuré.

Se posant à nouveau aux côtés d'Édouard, le jeune homme lança :

"Viens. Et... Préviens avant d'utiliser ton pouvoir !"


Les deux jeunes gens se retrouvèrent dans un petit hôtel touristique. Ça ne payait pas de mine mais c'était propre. Arrivé devant une chambre, Bernard introduisit la clé dans la serrure.

Il prévint Édouard :

"Attention... Y a des chances qu'elle soit pas commode"

A l'intérieur, c'était comme une chambre d'ados. Des fringues un peu partout, des restes de nourriture à emporter et...


... une jeune fille à l'air plutôt agacée.

En pyjama sur le lit unique, elle se faisait les ongles des doigts de pieds. Elle sursauta quand elle vit que Bernard n'était pas seul.

Fixant les deux garçons, elle lança :

"Mince, grâce à vous, j'en ai foutu partout ! Punaise, Bernie t'es lourd... Et pis c'est qui lui ? Un bouseux ?"

Au début un peu agaçé par Bernard, Edouard tira tout de même sa concentration d'un seul trait et regarde sa peau changer, et Bernard... ohhh... Bernard...

* Mmm... Edouard... CHASSER !*

Et pris d'une rage soudaine, Edouard saute pour attraper Bernard. Et saute encore... et encore, de plus en plus furieux.

* MÉCHANT... MÉCHANT HOMME-OISEAU !*

- GRRRARRRRR

Et après quelques minutes, il se calma, et repris une forme humaine, la conscience aussi...

- Désolé... je, j'aurais du penser à autre chose... c'est que j'ai affreusement faim ! J'aurais du y penser avant mais c'est la première chose qui m'est venu en tête, ça ou un écureuil...

Edouard se frotte derrière la tête, gêné :

- J'peux faire ça avec n'importe quel mammifère auquel j'pense...

Souriant bêtement, Edouard hoche et le suit en tentant d'oublier l'incident.


Tout le long du trajet, Edouard pense... et pense...

*Dans quoi tu t'es embarqué toi... suivre un jeune d'aristocrate comme ça. D'ailleurs il faisait quoi son FAMEUX père ? Ahhh... tu prend encore un jeune sous ton aile, maudit égo. Edouard t'es pas un héros, et t'as pas à inculquer quoi que ce soit aux autres... tu le sais ça tourne toujours mal... Et pi y'a quel âge lui? Il a l'air jeune mais...

Edouard se prit à le fixer.

À la prévention de Bernard :

- Hein ?

Et l'image d'ado gâtée des films... d'ados... le frappe en plein visage !

* Bon... le fils à Papa j'peux l'endurer d'être agaçant... Mais elle...*

- Eh ho... J'suis là ! dit-il en faisant des simagrées devant Bernard. Tu peux m'le demander à moi Princesse !

La faim, la fatigue d'avoir utilisé son pouvoir et des résidus de l'instinct animal rendirent Edouard plus irritable qu'à son habitude, et atténuaient son contrôle personnel.

Le regard de la fille devint vraiment noir. Sa mâchoire tressaillit. Non, elle n'était vraiment pas contente du tout. Aussi...

Bernard prit les devants.

"Calme, calme, Devon... Il est là pour nous aider à retrouver les filles. Tu sais, la raison pour laquelle on est là et que la chambre est payée et tout et tout..."

Devon soupira. Et reposa son nécessaire à pédicure sur sa table de chevet. Elle fixa à nouveau Édouard et demanda :

"OK. Et toi t'es mon prince charmant c'est ça ? Pffff... Et t'as un nom avec ça ?"

Pendant que Devon se faisait sarcastique, Bernard, lui, était allé chercher sous le lit une lampe frontale qu'il brandit bien haut.

"Dites, à votre avis ça suffit ça comme matériel pour aller explorer demain le Rocher Percé ?"

Edouard grogna, et c'est le cas de le dire. Son grognement sonna plus du chien agacé que de l'ours enragé par contre, et il ferma les yeux pour tenter de penser à autre chose.

*Pas de chien... pas de baballe... pas de jouer... jouer... Baseball... bâton... FRAPPER !*

- Doucement... douuucement...

Il réussit à penser à autre chose en respirant lentement et en gardant son attention sur ses autres pensées. Mais en ouvrant les yeux, il fixe Devon longuement, puis décide de volontairement l'ignorer. Ça faisait bien plus mal. Et comme Bernard ignorait Devon...

- Écoute... Je sais qu'il faut pas se lancer dans la gueule du loup. il sourit un instant en pensant au fait que LUI venait de dire ça. Mais on a une bonne piste, et si cette piste là est bonne, ça fait au moins 2 jours qu'elles sont hors de vue... non ?

Edouard croise les bras. Regarde tour à tour Devon et Bernard.

- Dites-moi s'que vous savez et j'y vais tout seul... ou sinon, vous faites quoi... J'veux dire... Bernard, tu voles, d'accord, mais toi ?

Bernard fronça du sourcil et lança :

"J'accorde ça à Devon... On connait même pas votre prénom !"

Il se gratta la tête et ajouta :

"Mais c'est vrai qu'il faudrait pas tarder non plus. Devon, notre nouvel ami a des capacités étonnantes... Tout à l'heure il s'est transformé... A la façon d'un ours !"

Devon haussa les épaules, signifiant par là même que ça lui était assez indifférent. Néanmoins, d'une voix plus calme, elle répliqua :

"Ben Bernie, il vole, il bouge des objets... Enfin, c'est un télékinésiste médiocre quoi"

"Bernie" la fusilla du regard. Ce qui n'eut pas l'air de chagriner la jeune fille qui poursuivit d'un ton égal :

"Moi je fais du feu. J'enflamme mes mains, je lance des projectiles, ce genre de trucs"

Le télékinésiste fit un pas en direction d'Édouard et lança :

"Bon, si tout est OK on part demain au petit matin, ça vous va ? Vous pouvez dormir ici, si ça vous arrange... Devon prendra le lit, moi le tapis et vous ça peut être la baignoire..."

- Désolé... c'est Edouard mon prénom.

Edouard écoute et hoche la tête quand il apprend leurs pouvoirs

- Je peux immiter pas mal n'importe quel mammifère...

En se frottant derrière la nuque, Edouard pousse un grand soupire...

*Bon... c'est inutile de s'emballer... réfléchis bien, si déjà tu y vas de jour il va y avoir des reflets de lumière sur une bonne distance si y'a vraiment des tunnels.*

- Hem, on pourrait aller dormir chez nous Bernard, ou Devon... j'habite environ à 4 km, mes parents sont bien acceuillants... Comme ça tout l'monde pourrait dormir dans un lit.

En se croisant les bras, il sourit, l'air mal à l'aise et regarde en direction de Devon.

- Désolé...

"Moi je bouge pas de là... Bernie t'as qu'à suivre Eddie chez lui... Vous irez jouer dans sa chambre, regarder ses posters d'animaux et... me fiche la paix"

Devon n'était pas la définition même de la jeune fille de bonne famille.

D'ailleurs, alors que Bernard et Édouard s'éloignaient de la chambre et de l'hôtel, le télékinésiste commenta, résigné :

"Et encore, là, elle est dans ses bons jours..."


La nuit se déroula correctement au domicile des Leblanc. Bernard, bien que n'étant pas le mec le plus cool de la terre, n'en était pas moins un garçon très bien élevé. Il aida à débarrasser et à faire la vaisselle.

Dans la chambre d'Édouard, ils purent causer. L'animorphe apprit notamment que Bernard vivait dans l'ombre de son père, un psychanalyste un peu austère. Qu'il avait eu une éducation très carrée. Et qu'il avait à peu près une idée préconçue sur tout.

Édouard comprit aussi rapidement que Bernard n'avait pas toujours été super-héros. Que c'était plutôt récent. Et que le premier chef des Canadian WonderKids, un certain Gilles, avait quitté l'équipe pour rejoindre l'Institut Xavier à New-York.

"Devon trouvait Gilles lourdingue mais je crois qu'elle l'aimait bien, lui" se contenta-t-il de commenter désabusé.

Il y avait eu récemment pas mal de mouvements chez les Canadian WonderKids : un généreux "don" (Édouard ne comprit pas réellement la nature ni la provenance de ces fonds, mais ça semblait un poil douteux) leur avait été fait, une jeune fille - Charlene - les avait rejoint et ils essayaient tant bien que mal de se mettre au service de la communauté.

En somme, Devon, Charlene et Bernard étaient plein de bonne volonté mais pas réellement doués. D'autant plus que là, à Percé, ils n'étaient plus que deux...

"C'est cool que vous... Euh... Que tu sois là. Tu vas voir... faire le bien c'est... sympa"

Ah ! Et Bernard était vraiment coincé !


Le lendemain matin, Bernard et Édouard se levèrent assez tôt. Pendant que Bernard s'absenta pour acheter du matériel d'escalade, il demanda à Édouard d'aller trouver de l'équipement chez ses parents. Puis, ceci fait, ils retrouvèrent Devon à l'hôtel qui était - une fois n'était pas coutume - plutôt de bonne humeur.

Le trio de mutants loua un petit bateau et se rendirent au pied du Rocher-Percé. Là où ils avaient accosté c'était une falaise. A pic. Pas de possibilité d'accéder au sommet, à moins de grimper.

Bernard se tourna vers ses deux acolytes, une corde, des pitons et un baudrier en mains :

"Vous savez faire de l'escalade, j'espère ?"

Devon maugréa et désigna du regard ses petites chaussures à talons.

En l'apportant chez lui, Edouard avait tenté de discuter un peu avec Bernard, s'en faire un ami. Surtout, essayer de lui faire prendre un peu de confiance. S'il pouvait aider ce groupe de superhéro improvisé à mieux fonctionner par la suite, autant qu'il en prenne la chance !

- Faut pas te laisser marcher sur le dos comme ça par Devon... enfin, elle est toujours comme ça ? Et pour ton père... essaie de le lâcher un peu, fais-toi tes propres idées tien ! Fais-toi confiance Bernard !

Devon avait tout de même un petit quelque chose, mais un sale caractère. S'allait être tout un défi d'essayer de le percer, au moins pour qu'elle retienne les piqûres.


Dans un sac à dos, Edouard avait préparé une lampe de poche à Dynamo, à l'épreuve de l'eau. Il avait aussi apporté plusieurs barres d'énergie, de l'eau dans deux bouteilles d'un Litre, et il avait pris soin de mettre les barres dans un contenant hermétique bien solide, style thermos. L'évènement de la veille l'avait convaincu qu'il était dangereux pour lui de succomber à la faim. Il avait aussi apporté un kit de premier soin et sa rondelle chanceuse, gagnée lors d'un tournois de hockey qu'il se souviendra longtemps. Rien de plus toutefois, de peur de trainer trop lourd.


Surpris de ne subir aucune attaque de Devon, Edouard décide de le prendre en souriant, et de rester le plus silencieux à ce sujet possible. Mieux valait ne pas réveiller... l'ours... qui dort.

* Bonne chose, j'me demande si... C'est peut-être Bernard qui l'irrite. Pauvre gars. J'ai peut-être aidé leur cause finalement en la libérant de lui une petite nuit. *

Edouard sourit à Bernard et hoche la tête.

- Tu pourrais pas nous faire voler jusque là ? fit-il en pointant le dessus du rocher.

- On a eu quelques sessions gratuites à mon école. Ça fait 2 ans mais ça se perd pas j'crois.

Edouard attrape un harnais, et l'enfilant, regarde ses mains. Il imagine les griffes qui en sortaient la veilles.

*J'me demande si...*

Stoppant net sa démarche, Edouard semble réfléchir fortement à une démarche, il relève la tête vers le sommet.

*Un cougar ? Non... Un renard ! Ça grimpe aux arbres. C'est pas méchant un renard... et c'est rusé. J'pourrai peut-être me souvenir qui faut j'grimpe ?*

Bernard soupira longuement tout en regardant le sommet de la structure naturelle.

"Je peux voler oui... Mais je peux pas porter grand chose... Tout au plus vos sacs à dos et moi même. Il va vous falloir escalader..."

Il soupira de nouveau. Puis s'éloigna quelque peu, l'air agacé.

"Punaise Devon, t'as quoi dans le crâne ! Tu vas pas me dire que t'as même pas pensé à prendre des... j'sais pas, des baskets quoi ! Tu crois qu'on va à un dîner de gala ? Non, mais là c'est pas possible..."

Il alla bouder contre la paroi, les bras croisés et l'air agacé.

Devon sourit à Édouard et lui dit :

"Ça dure jamais longtemps quand il est comme ça... Et puis, y a quoi ? 40, 50 mètres à escalader ?"

A vue de nez, c'était ça... Mais la question du comment ils allaient arriver à tracter Devon là haut ou à faire en sorte qu'elle se remue les fesses demeurait entière...

D'autant plus que Bernard d'un coup s'approcha à nouveau du groupe et délesta Devon de son sac. Puis, il prit son envol et alla se poser sur le sommet du rocher.

"Voilà, y a plus que toi et moi... Tu as une idée ?" minauda la jeune fille qui avait certainement la conscience d'être un poids mort.

Edouard croise les bras en voyant Bernard répliquer comme ça.

* Eh ben !*

Puis, le voyant s'envoler, il se retourne sur Devon. Un léger frisson lui parcours le dos, il n'étais pas certain comment réagir : il sourit.

- Hem... J'vois une seule solution. J'crois pouvoir te porter une bonne partie du trajet, pour ça tu vas devoir t'accrocher à mon cou, et te coller le plus possible... sinon ça va être trop dur sur mes bras et mes jambes. Et va falloir que tu enlève tes talons... peut-être pour faire une partie du trajet quand j'vais être à bout de force...

En se frottant derrière la tête, il anticipe la réplique du genre : Tu peux toujours rêver !

- Je sais ce que tu penses, mais faut faire avec... ça ! dit-il en pointant ses talons.

Il regarde graduellement vers le haut du rocher, préparant mentalement son parcours.

- On va sauter le premier rendez-vous, mais au moins au deuxième y'a pas de baiser, hein ? dit-il en essayant de détendre l'atmosphère.

* J'espère que le renard va pouvoir faire l'affaire pour me donner un regain de force...*

Tout en fixant un point d'accès facile près de Bernard, il ajoute à Devon.

- Pour la fin du parcours, tu vas devoir me faire confiance.

Edouard se penche, enlève se souliers un après l'autre, les place dans son sac et le tend à Devon.

- Mais si ça tourne mal, brûle-moi un peu... et si ça ça tourne mal... crie à Bernard de t'aider...

* Le feu devrait me réveiller... et si j'tombe à cause de ça... Hmm... Le cougar va surement pouvoir s'accrocher... faudra faire confiance à son instinct pour grimper...*

Devon fit la moue. Néanmoins, elle accepta le sac d'Édouard sans trop grogner.

"Je suppose qu'être portée comme une princesse, ce serait trop te demander ?"

Mais déjà l'animorphe procédait à sa transformation. Des griffes lui poussèrent aux pieds et aux mains. Et il perdait petit à petit son humanité. Grimper... Grimper aux arbres, ça c'était un truc de renard !

La jeune femme ne se fit pas prier. Elle enfila rapidement le sac sur son dos et eut à peine le temps de retirer ses talons et de s'agripper au cou d'Édouard que déjà ce dernier commençait à grimper sur la paroi rocheuse... En toute hâte, trouvant presque instinctivement les meilleures prises pour grimper.

L'animal était plutôt peureux et les braillements de la jeune fille sur son dos ne faisaient que renforcer l'urgence présente... à savoir gravir la pente le plus vite possible... pour être débarrassé de l'encombrant poids dans les meilleurs délais !

D'autant plus que la transformation ne durerait pas éternellement et que le duo n'avait aucunement prévu de solution de rappel...

En plus Devon gesticulait et assourdissait quelque peu le renard qu'était devenu Édouard.

Les mains de la fille étaient moites. Sans bien s'en rendre compte elle lâcha ses talons qui firent une sacrée chute (lui rappelant par là même son statut très précaire sur cette paroi rocheuse) et ses ongles se plantèrent dans le torse d'Édouard, lui causant de bonnes lacérations...

Finalement, alors qu'Édouard était sur le point de perdre ses griffes, il sentit une poussée invisible...

... Bernard.

Le duo fut donc propulsé manu militari sur le sommet du Rocher Percé. Ils retombèrent lourdement au sol, dans l'herbe. Dans un dernier instinct animal, Édouard se roula sur le dos de manière à se débarrasser de Devon.

Si la fin du parcours n'avait pas été des plus élégantes, ils étaient tout du moins vivants.

Enfin... Bernard semblait être vidé par son aide précieuse. Édouard avait les pieds, les mains et le torse écorchés. Et Devon... Elle clopina jusqu'au bord de la falaise pour vomir. Mademoiselle avait l'estomac fragile.

"Punaise, mes chaussures à 100 dollars... Grosse brute !" se lamenta-t-elle en guise de remerciements pour l'animorphe.

Bernard était plus pragmatique. Il aida Édouard à se relever et lui dit :

"Bien joué !"

Avant d'ajouter aux deux nouveaux arrivants :

"Regardez un peu par là..."

Il désignait l'une des extrémités du plateau du Rocher.


Une très ancienne statue figurant un homme sans visage se tenait là. Il semblait y avoir une inscription à la base de cette dernière.


Par ailleurs de l'autre côté, Édouard aperçut l'entrée d'un gouffre, se dessinant au milieu de la verdure.


Quelques fous de bassan se trouvaient sur le plateau, braillant de manière pesante. Édouard remarqua qu'un certain nombre d'entre ces oiseaux trouvait particulièrement attirante l'entrée de la grotte...

* Grimper... grimper ! GRIMPERR ! WAHOU !*

Edouard était libre comme l'air, et il en profitait ! Toujours grimper plus haut, ça c'était plaisant ! Mais Devon commençait à peser lourd.

* Lâche... Laisse Edouard monter ! Monter toujours ! ... AÏE ! MÉCHANTE DEUX-PATTES !*

Et Edouard était sur le point de lâcher, mais Bernard fit sa magie, et il se retrouva sans griffes et... blessé !

*AH... LIBERTÉ LIBERTÉ !*

Se tournant sur le dos pour se défaire de Devon, Edouard tente de lécher ses plaies... reprenant peut à peu d'intelligence...

*Mal...*

Il lèche,

*Ça fait mal...*

Lèche...

*Euh... qu'est-ce que j'fais...*

puis stoppe.

- Heurk... Aoutch !

Par réflexe, Edouard fait bouger rapidement ses mains, l'air active sa douleur et il stoppe net, mordant sa lèvre inférieure et maudissant les cieux mentalement. Il touche les plaies à ses épaules et tourne son attention vers Devon.

*Grosse brute toi même...*

- J'ai besoin d'mon sac... et de rien !

Lorsqu'il a son sac, Edouard s'asseoit par terre et tente de bander ses mains, mais le cours de premiers soins remonte à 2 ans.

Il observe attentivement les alentours, et son regard s'arrête sur la grotte

- C'est étrange ça... dit-il en pointant l'entrée de la grotte.

*Ils sentiraient des poissons ?*

- Eum... j'veux pas vous faire peur mais ça se peut que c'est inondé ces tunnels là... ils pourraient sentir du poisson.

En entâmant ses bandages aux pieds...

- T'as lu au bas de la statue Bernard ?