Chasse au "cash" - Percé, Qc

Tandis qu'Édouard réalisait les premiers secours sur lui-même, Devon et Bernard s'approchaient respectivement de l'entrée de la grotte et de la statue sans visage.

Le télékinésiste lut :

"C'est à trois que l'on peut voir sous le jupon de Blanche et c'est à deux qu'on lui apportera un beau cadeau. Mais la résonance du cristal qui réveillera le bel ange, c'est seul que l'on devra l'obtenir"

Bernard se gratta la tête. Et revint vers Édouard qui venait de finir de bander ses pieds et ses mains.

"Bizarre" commenta le garçon en se plantant devant l'animorphe.

Devon, quant à elle, hurla. Puis joignit les mains autour de son visage.

"Bordel... B-b-bordel... C'est une grosse charogne. Pas un poisson, pas de flotte, juste une grosse charogne que ces saloperies d'oiseau dévorent..."

Les garçons, se penchant en direction du gouffre, aperçurent une masse de Fous de bassan en train de ripailler autour d'une masse en décomposition... Quelques bouts de tissus de ci, de là, à côté de la charogne laissaient entrevoir le pire.

Pendant que Devon et Bernard détournaient le regard, Édouard put jauger la profondeur de l'ouverture : il serait possible de descendre la pente sans trop de difficultés pour arriver en bas... Bien sur une chute pouvait être fatale. Et les rochers qui serviraient de points d'appui semblaient plutôt tranchants.

Edouard n'imagine rien comme ça quand Devon parle de charogne, il imagine une carcasse d'animal, puis se rapprochant et aperçevant du tissu, il réalise son erreur : Quel animal pourrait s'être rendu au sommet de ce fameux Rocher ? Mine basse, il tente de ne pas se laisser impressionner... difficile !

* Ouache... OUarke...*

Il éxamine attentivement la grotte et en vient rapidement à la conclusion qu'il faut descendre en rappel, ses acrobaties d'animaux ne pouvant régler tous les maux. Se retournant vers Devon et Bernard, il essaie de se recrinquer, affichant une moue un peu moins déprimante, il essaie de trouver quelque chose de récomfortant à dire. La seule réplique lui venant étant une allusion humoristique de mauvais goût aux "FOUS de bassans" il fait taire cette idée dans son esprit, il tente donc plutôt d'être objectif et dit :

- Au moins on sait qu'elles sont montées ici...

Edouard range tout son apparat de premier soins dans son sac, par précaution à l'effort qu'il vient de commetre en montant le rocher, décide de prendre une barre d'énergie et de la gober.

- Va ch"aloir, de"chen"dre, en ra"hel... avalant les dernières bouchées.

Il regarde ses deux co-équipiers d'un jour.

- J'peux descendre en premier, vous hisser le harnais, le prochain descend et je serai là pour éviter la chute... Ce serait bien que Bernard reste en dernier, pour qu'on soit à chaque extrémité pour Devon... de toute façon tu dois pouvoir t'empêcher de tomber ? dit-il en regardant Bernard pour la dernière réplique.

Puis, il penser à un autre détail : Les souliers. Il s'avance vers son sac, sortant ses souliers, heureusement multi-sport, qu'il avait avant de grimper.

- Devon, j'vais te hisser mes souliers aussi...

Le plan d'Édouard fut mis en application. Sans trop de difficultés le garçon arriva en bas, ne faisant guère attention au cadavre pour le moment ni à la configuration des lieux.

La descente de Devon fut plutôt ponctuée par les plaintes de la jeune fille qui ne semblait pas en mener large. Pour faire la fière, elle grognait également au sujet des souliers moches qu'elle avait aux pieds. Mais doublement assurée par Edouard et Bernard, elle arriva elle aussi sans encombre à destination.

Quant à Bernard, Bernard se laissa tout simplement flotter jusqu'en bas du petit gouffre.

Le trio réuni à nouveau, l'heure était maintenant à l'examen des lieux. Il ne faisait plus aucun doute dans l'esprit de personne que la charogne n'était autre que l'une des jeunes filles... Même si elle avait été partiellement dévorée par les oiseaux, on pouvait tout de même constater que ses membres inférieurs avaient été broyés par la chute d'un rocher. La jeune fille avait du ramper depuis une petite dalle qui n'avait rien de naturel - du moins c'est ce que laissaient penser les traces de sang - jusqu'à l'endroit où elle s'était immobilisée. Une paire de lunettes éclatées non loin d'elle permettait de supposer de qui il s'agissait.

Bernard et Devon déglutirent bizarrement, ne sachant trop que dire.

Au fond du trou se trouvait une sorte de passage obstrué par une large plaque horizontale qui elle aussi n'avait rien de bien naturel...

Enfin, au sol, se trouvaient deux autres dalles à 5 mètres l'une de l'autre, semblables à celle d'où provenait les traces de sang.

Edouard déglutit aussi bizarrement que les deux autres... la vision était bien singulière et désolante...

Détournant volontairement le regard, il observe la configuration des lieux.

- Hmmm...

Edouard fouille dans son sac pour sortir sa lampe de poche. Et pendant qu'il crinque la manivelle, l'idée lui vient de demander à Devon d'utiliser son feu pour éclairer. Son idée est coupée sec à la seconde où il se prépare à parler. La bouche ouverte, son invitation se transforme en mise en garde avant même qu'il ne commence à parler.

- Devon, faut surtout pas utiliser ton feu... pointant le cadavre sans le regarder, il enchaîne: Du métane, ça peut exploser.

Se servant de la lampe de poche, il cherche des inscriptions quelque part.

- Vous voyez d'autres écritures comme sur la statue ?

Edouard réfléchit au cadavre, ce qui a pu causer la mort de la petite Anne. Elle aurait rampé depuis la petite plaque.

*Le mécanisme aurait entraîné sa blessure aux jambes ?*

Debout devant les plaques et le mécanisme, Edouard est planté et tente de comprendre comment le mécanisme fonctionne.

- On se croirait dans un Indiana Jones Jr. Vous avez une idée ?

Quand Édouard parla d'explosion Devon et Bernard se raidirent. La jeune fille, qui visiblement n'aimait pas être commandée, fit sa tête de cochon mais ne moufta pas. Bernard, pour sa part, adopta un tout autre comportement et conclut, l'air très docte :

"Ouais, il doit bien y avoir un piège là... Mais lequel ?"

Les deux adolescents cherchèrent un peu partout pour voir si une inscription ne se cachait pas mais peine perdue il n'y avait rien.

Tout au plus Bernard testa la mobilité de la plaque horizontale. Rien à faire, elle ne voulait pas se lever. Il lança :

"Je pense que la sortie est là derrière mais... Comment faire lever cette plaque ?"

Édouard, enfin, ne remarqua rien de particulier sur les dalles. C'étaient juste de simples dalles qui se trouvaient au sol... Rien de plus. Sauf que ça avait été installé par l'homme et que leur simple présence ici était déjà en soit étonnante.

Néanmoins, quand il posa le pied sur l'une d'elle, il se rendit compte qu'elle s'abaissa très légèrement...

- Bougez pas !

Nerveux, Edouard regarde attentivement la plaque.

- Mais voulez-bien me dire qui a construit ça, ICI !

Toujours en fixant la plaque :

- Bernard surveille si y'a quelque chose qui vole, que ça frappe personne !

Puis, observant la porte puis l'autre plaque, Edouard se retourne vers Devon.

- Qu'est-ce tu crois... t'appuierais sur l'autre plaque ? Si t'appuies dessus... c'est surement Bernard qui devra faire le plus attention... J'parie que c'est la troisième plaque qui est dangereuse... seulement... reste à savoir si c'est quand il appuie dessus... ou s'il appuie pas dessus que c'est dangereux... Est-ce que c'est quand Anne a quitté la plaque qu'un piège s'est déclenché car elle devait pas... ou si c'est parce qu'elle a appuyé dessus...

Edouard regardait tour à tour les deux autres, plutôt mal à l'aise... il ne savait pas quoi leur dire pour les encourager. Un peu ailleurs, il regarde ses pensements et pense...

* Comment j'ai fait... mon dieu... comment j'ai fait pour m'attirer autant de problème en si peu de temps...*

Bernard haussa les épaules. Lui non plus n'en savait fichtrement rien. Ce fut Devon qui s'hasarda à répondre, sous le regard consterné du télékinésiste :

"Les petits hommes verts ?"

Edouard resta sur la première dalle. Puis Devon mit le pied sur la deuxième, déjà plus ou moins enfoncée par les débris de rocher qui avaient du exploser les jambes de la soeur Bell en leur tombant dessus.

Enfin... Bernard, posa le pied sur la troisième. Qui s'enfonça à son tour...

La plaque horizontale, la porte commença à se lever petit à petit... C'est à ce moment que Bernard marmonna :

"C'est à trois que l'on peut voir sous le jupon de Blanche et c'est à deux qu'on lui apportera un beau cadeau... C'est à trois que l'on peut voir sous le jupon de Blanche et c'est à deux qu'on lui apportera un beau cadeau. C'est à trois et... c'est à DEUX !"

Un rocher se détacha brusquement de la paroi, comme soufflé par une explosion invisible, juste au dessus de la position de Bernard. Le télékinésiste se jeta sur le côté évitant de peu le rocher qui vint enfoncer la dalle sur laquelle il se tenait précédemment.

Se relevant péniblement, Bernard lança, la voix toute tremblotante :

"C'était juste... En tout cas, la porte est ouverte..."

Et en effet, elle l'était... Laissant apparaître une ouverture vers un passage obscur et étroit.

Edouard fixait se sol et eut un sourire en coin. Il jette un coup d'oeil à Devon.

- C'était rhétorique comme question.

Il renchérit d'un sourire encore plus grand, et observe Devon appuyer sur la dalle en hochant la tête. Satisfait, il se tourne vers Bernard en gardant les pieds sur la dalle.

- Fait attention...

Prêt à tout pour aider Bernard, il reste à l'affût. La dalle est enfoncée, la porte s'ouvre et il se retourne pour la regarder lever, encore une fois prêt à une éventuelle surprise. Pas le cas. Il tente de percer l'obscurité du passage qui apparaît devant ses yeux pendant que Bernard parle. Sans trop écouter ce qu'il dit, il sursaute et se retourne rapidement, en position de défense, toujours un pied sur la dalle.

- WOW ! BERNARD ÇA VA ?

Il quitte rapidement la dalle pour se rapprocher et voir Bernard, heureux de le voir en état, il lui donne la main pour l'aider ça se relever.

- Pas seulement juste... dit-il en fixant la pierre. Bon réflexe Bernie !

En lui donnant une tape sur l'épaule, Edouard se reporte son attention sur Devon, comme pour observer si elle était heureuse elle aussi... ou si elle allait envoyer une autre attaque.

Puis, s'avançant vers le passage...

- Ça veut dire que ça a vraiment un lien avec la légende ? J'veux dire... les filles, elles se sont faites avoir par le piège... ça peut pas être elles qui ont construit des mécanismes comme ça de toute façon. Vous croyez que ça peut être les pirates de l'histoire ? La légende parle du voilier changé en Pierre... mais pas d'eux... ils ont du vivre à Percé ces pirates là.

Se secouant la tête, Edouard a l'air songeur...

* C'est que des histoires Eddie... calme toi*

Leur faisant face, il tient toujours sa lampe de poche dans la main gauche.

- La légende parle d'un voilier pris par des pirates... Selon la légende le voilier est changé en pierre par une dame qui s'est jeté à l'eau... qu'ils auraient vu sur le rocher. Il peut y avoir une part de vérité dans l'histoire. La femme peut s'être jeté à l'eau, et comme il y a souvent du brouillard dans la région, comme dans la légende, à cause des changements de température très rapides, ben peut-être qu'ils ont déformé la réalité... peut-être qu'ils se sont simplement écrasés sur le Rocher à cause du brouillard... comme les gens étaient très supersticieux à l'époque ils ont associé ça à la dame qui s'était suicidé à l'eau la veille...

Edouard se racle la gorge, prend une grande respiration, puis, les yeux pleins d'espoir :

- Dépêchons-nous, les deux autres sont peut-être toujours vivantes...

Et il entame son avancée vers le passage, lampe torche devant.

Bernard affichait un sourire ravi depuis qu'Édouard lui avait fait un compliment. Il semblait que le jeune garçon avait gagné en assurance : il bombait le torse, remontait le menton... Bref, de la vraie graine de héros !

Même Devon ne trouva rien de désagréable à redire...

... puis ils écoutèrent les explications de l'animorphe.

La jeune fille sembla cogiter puis dit, peu sure d'elle :

"En fait elles cherchaient peut-être un trésor ?"

Silence gêné de la part de Bernard assez assuré pour ne rien dire mais encore trop timoré pour prendre en plein le contrôle des opérations.

Aussi, quand Édouard ouvrit la marche avec sa lampe torche, il ne demanda pas son reste et se contenta d'acquiescer.

"Oui, nous avons des innocentes à sauver. Faut qu'on se bouge les fesses. Allez hue, Devon !"

Un peu plus et Bernard proposait sa casquette de Cap'tain Canada à Edouard.

Ils faisaient une drôle d'équipée tous les trois : le télékinésiste avec son immonde chemise à carreaux, la pyrokinésiste et ses godasses trois fois trop grandes pour lui et Édouard boitillant sur ses pieds meurtris et nus.

Quoi qu'il en fut, ils progressaient dans un souterrain humide, froid et obscur. Descendant de plus en plus dans les entrailles du Rocher Percé.

Ils débouchèrent finalement sur un boyau. Bifurquant sur leur gauche, le trio d'amis vit quelque chose au dessus de leur têtes.


Il s'agissait d'une large barre métallique (ligne grise sur le plan), qui comportait en son centre un vieux médaillon à l'air très ancien (x sur le plan) et qui était reliée à deux rails fichés dans la roche (flèches noires sur le plan).


Le médaillon paraissait de grande valeur. Quant aux rails, ils s'enfonçaient vers le fond du corridor de pierre et de bois, qui était légèrement en pente ascendante.


Au fond, on entendait des gémissements humains... Comme des pleurs étouffés.

En avançant, Edouard est frappé par l'évidence d'un classique de film des années 2060. Il se souvient que sa mère lui avait fait écouter une vieille série de films sur des pirates interstellaires qui laissaient leurs trésors volés d'autres vaisseaux un peu partout sur les planètes avoisinantes.

D'ailleurs il cherchait toujours à comprendre pourquoi ils laissaient ça un peu partout et ne revenaient jamais de leur vivant pour en profiter... tentant toujours d'en voler plus sans toutefois réellement s'en servir... allez donc comprendre !

Ce flash effaçé instantanément de son esprit, il tourne la tête vers Devon, toujours en avançant il fait mine d'être agréablement surpris.

- Bernard tu sais si la famille est riche... pauvre ? Y'aurait des motifs pour qu'elles cherchent un trésor ?

Fronçant les sourcils et aboutissant sur le tournant, Edouard se reprend tout de suite.

- Qu'est-ce que j'dis là... y'a toujours un motif pour trouver un trésor. et il rit un peu de lui-même.

Il s'arrête au tournant et regarde les deux autres à sa droite.

- Désolé j'commence à prendre le rôle d'enquêteur au sérieux !

Tout sourire, il observe devant, puis en haut... sur les côtés...

- Vous en pensez quoi ?

Et soudain, il entend les pleurs.

- Mon dieu !!!

Faisant deux pas rapide à l'avant, très énervé. Il est emporté par l'émotion.

- Bernard !!! C'est un autre piège ? C'est à deux que quoi ?!

Bernard se mordilla la lèvre et se dandina légèrement sur ses pieds : il réfléchissait. Finalement il répliqua :

"Non, je crois que ce sont de jeunes filles romantiques qui cherchaient à revenir sur les traces d'une légende... On peut dire, d'ailleurs, en quelque sorte qu'elles ont réussi"

Les pleurs figèrent un peu tout le monde. Parce que si ça voulait dire qu'il y avait quelqu'un de vivant, ça signifiait aussi qu'il ou elle n'allait pas terrible.

"C'est à deux qu'on lui apportera un beau cadeau, à Blanche. C'était le truc sur la statue que nous a dit Bernie" soupira Devon. "Dès qu'il y a des mots comme "cadeau" ou "beau", j'ai tendance à mieux me souvenir des phrases" ajouta-t-elle, souriante.

"De toutes façons, faut y aller" trancha Bernard alors qu'Édouard était déjà en avant.

Ils suivirent donc la légère pente ascendante à la recherche des pleurs.

Finalement au bout d'une dizaine de mètres, ils arrivèrent sur la fin du tunnel. Devant eux, l'une des sœurs Bell était assise, sale, échevelée, ses vêtements déchirés et ses mains écorchées, pleurnichaient en s'agitant d'avant en arrière.

Quand elle vit les trois amis, elle redressa la tête et souriant comme une folle marmonna :

"Le cadeau. Blanche. Le trou. Ma soeur. Le cadeau. La voix. La voix du fou. Le trou. Le cadeau. Le trou. Ma soeur. La voix. Blanche. La voix. La voix du fou..."

Et ça continuait encore et encore sans s'arrêter...

Quant au fond du tunnel en tant que tel, il n'y avait pas grand chose à en dire. Les deux rails fixés au paroi s'arrêtaient tout contre la paroi. Et le sol était plutôt poussiéreux... Seuls quelques traces de pas montraient qu'il y avait eu, avant eux, deux personnes...

Pourtant une seule était présente avec eux...

- Calme-toi... Calme-toi !!!

* Elle est complètement histérique...*

Edouard se tourne rapidement vers Bernie.

- T'es pas télépathe aussi hein ? Sors ça d'une de tes manches Bernie... allez !

Edouard observe s'il ne peut pas comprendre comment les deux rails peuvent influencer l'environnement.

Il s'approche de la jeune pour tenter de la calmer.

Bernard haussa les épaules. Il n'était pas télépathe bien malheureusement.

Devon tenta de mettre la main sur l'épaule de la jeune fille mais cette dernière ne réagit que par un simple mouvement réflexe. Visiblement elle ne semblait faire aucun cas de leur présence à eux trois. Bref, elle semblait avoir totalement perdu la raison et continuait à répéter inlassablement les mêmes mots. Édouard n'eut pas plus de chance en ce sens.

Le mécanisme quant à lui était plutôt simple. Les deux rails devaient permettre de faire glisser la large barre métallique qui soutenait le médaillon jusque vers le fond de la salle, où les 3 mutants se trouvaient.

Néanmoins, l'endroit où ils se trouvaient était en pente légère. Bref, la barre avec le médaillon était située plus bas que leur position actuelle.

Edouard fixe les mains de la jeune fille, puis les rails, et descend son regard jusqu'à la barre métallique.

Réfléchissant, il parla à voix haute.

* Un trou... Blanche... Sa soeur... et le cadeau*
- Un trou... Blanche... Sa soeur... et le cadeau

Il fixe toujours la plaque. Puis les rails.

- Ok... je vais essayer de remonter la plaque... vous, cherchez tout ce qui pourrais ressembler à une porte ou une trape...

Il lance sa lampe torche à Devon.

- Si ça se trouve le mécanisme ouvre un "trou".

Il pointe en bas :

- Si c'est trop lourd j'vous demande un coup de main.

En descendant la pente, Edouard sort une bouteille de son sac à dos et prend une bonne gorgée d'eau, il en profite pour manger une autre barre d'énergie. Il n'avait pas faim, juste au cas. Il range rapidement le tou, replace son sac sur son dos.

- Essayez d'écarter la fille... s'il se passe quelque chose, pour pas qu'elle soit plus blessé qu'elle l'est déjà !

* Un animal... fort... mais pas féroce... Fort mais pas féroce... En tout cas, j'ai vraiment pas faim... peut-être que l'ours serait un peu moins féroce... *

Edouard se met en position, frotte ses deux mains, et il tente de pousser sur la plaque pour la monter, bien résolu, pouvoirs ou non, à ne pas vraiment demander d'aide aux autres.

* Un éléphant !!!*

Se plaçant tout naturellement au milieu de la barre, Édouard commença à pousser le mécanisme... La barre commença à avancer péniblement, glissant dans les rails, au fur et à mesure qu'Édouard poussait.

Ses mains s'étaient changées en pattes d'éléphant. Néanmoins, pour une fois il avait peut être eu les yeux plus gros que le ventre : le gain en force était insignifiant et la perte de mobilité rendait la métamorphose inconfortable...

D'autant plus que la barre semblait être trop lourde pour une seule personne. Pour faire glisser la barre, c'était une poussée à la fois vers le haut et vers le fond. Édouard dut se rendre à l'évidence : dans ces circonstances, la manœuvre était impossible.

Finalement Bernard vint à sa rescousse. Le jeune homme paraissait fébrile :

"Au sol, tout près des parois, il y a deux trucs qui pourraient être des trous. J'en suis pas sur mais... Au fait, tu as besoin d'un coup de main ?"

Edouard tenta de parler mais tout ce qui sortit fut un hénissement long et aigu. Sa métamorphose se dissipait lentement.

- Devon s'occupe de la fille ? se reprit-il à dire néanmoins.

Edouard repose son regard sur la barre.

- Oui... *soupire* j'y arrive pas... mais si on doit être deux pour forcer, la prochaine étape implique qu'un de nous deux disparait... Installe-toi pour forcer... là.

*J'me demande si un rhinocéros serait plus puissant...*

Edouard se met en place pour forcer de nouveau. Et avant que la métamorphose ne prenne part, il dit rapidement :

- Fait attention Bernard...

"Oui... enfin j'ai pas l'impression que la fille ait bien besoin de nous. Elle est dans son univers. Devon surveille surtout qu'elle ne fasse pas de bêtises" répliqua Bernard un peu mal assuré.

Le garçon cracha dans ses mains et alla s'installer à l'opposé d'Édouard. Il ajouta seulement :

"Ouais, je ferai attention... Et fais gaffe toi aussi"

Une fois qu'Édouard fut transformé, il se rendit compte que la barre bougeait plus facilement. Était-ce le fait de sa métamorphose ? Ou bien le fait qu'ils étaient maintenant deux pour pousser ? Ou... que Bernard s'aidait avec sa télékinésie ?

Quoi qu'il en fut, la progression était certes pénible mais efficace. Au bout de quelques minutes, les garçons purent amener la barre vers le fond de la pièce sous le regard étonné de Devon... Chaque pas était douloureux pour Édouard et ses pieds meurtris mais l'objectif était proche. Finalement le médaillon de valeur fut apporté jusque contre le mur. La barre était au bout des rails et...

Un cliquetis se fit entendre. Le sol se déroba sous les pieds d'Édouard... Une trappe.

Il tomba de quelques mètres, lui causant quelques nouvelles douleurs sur le postérieur. Levant les yeux, il vit Devon qui voulait le suivre et... La trappe se referma de nouveau.

Édouard était maintenant seul... Dans une drôle de pièce.


Cette dernière était très lumineuse et comportait une sortie visible, en l'espèce l'escalier au fond à gauche qui devait mener vers l'extérieur.

Le plus curieux était ces 5 cristaux de tailles diverses. Frappés d'un faisceau lumineux, ils émettaient une petite musique céleste. Le faisceau d'ailleurs passait près d'un petit autel et traversait une drôle de silhouette humaine qui, à la place de la tête, comportait un espace vide. De ce que put voir Édouard quelque chose était inscrit sur l'autel.

Un bruit étouffé se fit entendre en haut. Ce devait être Bernard et Devon qui s'enquéraient de son état.

Edouard se relève péniblement, et visiblement énervé.

- Dans quoi j'me suis embarqué... MERDE !

Criant haut et fort son mécontentement, il relate plusieurs reliques bibliques dans une vague de fureur incomparable.

Prenant un peu de calme, il remarque les cristaux et reste bouche-bée. Avançant doucement, il va jusqu'à approcher sa main, un peu en transe. Soudainement, il se souvient de Devon et de Bernie. Il court vers l'endroit où il est tombé, portant ses mains en porte-voix, il vise le plafond.

- ÇA VA LÀ HAUT ? Tente-t-il. JE SUIS DANS UNE SALLE BIZARRE. JE VAIS CHERCHER UNE SORTIE !

*J'le savais que ça tournerait mal... pourquoi j'suis pas rentré directement chez moi hier soir... POURQUOI !*

Edouard s'avance, passe la main sur un cristal et continue sa route vers l'écriteau pour le lire.

En dépit des appels d'Édouard, ni Devon ni Bernard ne se manifestèrent autrement que par des sons très étouffés qui, au bout de quelques instants cessèrent. L'isolation phonique de la pièce devait être relativement imposante...

Par ailleurs, en scrutant le plafond, le mutant se rendit compte que la dalle d'où il était tombé était invisible à l'oeil non averti. Ça allait être coton pour ressortir par là. Oui, très coton.

Quand il approcha la main de l'un des cristaux vert, Édouard entendit un son ou plutôt une note de musique : de mémoire de vieux cours de musique, il s'agissait d'un "MI".

Le cristal bleu, en revanche, au contact de la main du jeune homme, produisit le son "FA".

Puis, allant vers l'autel, il put lire en dessous de la statut dont la tête manquait, l'inscription suivante :

Edouard lit, planté devant la statue, d'un bout à l'autre à voix haute la statue calmement. Mais comme le stress l'empêche de réfléchir à ce qu'il vient de lire... il perd un peu patience.
- Qu'est-ce que ça veut dire... BORDEL !

Observant de nouveau les cristal, il se répète le nom sur la statue.

- Efae... soit c'est d'ailleurs... soit c'est pas un vrai prénom... Efae...

Il se retourne et regarde de nouveau l'écriteau.

- E... F... A...E

Edouard s'assoit par terre, sort sa bouteille d'eau et s'en prend une bonne gorgée en fixant les cristaux.

* Chacun a sa note... *

- La somme de ses souvenirs soupire... et faut pas faire de fausse note...

*Bon je parle tout seul...*

Edouard se relève et, toujours la bouteille d'eau à la main... réfléchit en regardant les cristaux un à un.

*La somme des notes ? E-F-A-E... qui vient d'ailleurs ! Anglais ! Oui oui... M'man me disait qui a eu beaucoup d'immigrants anglais à Percé dans les années 1900... Mi-Fa-La-Mi... mais le cinquième ? La somme des notes en souvenir... c'est un accord ? Une harmonie ?... *

Edouard écrit la gamme de Do sur le sol dans la terre en se servant d'une phalange pour ne pas trop souffrir. Après un moment à décortiquer la gamme...

- Hmmm... Ça n'a aucun sens, j'peux pas faire d'acord avec ça...

Il se lève et il observe ses dessins en reculant un peu.

Do..Re..Mi.Fa..Sol..La..Si.

- Ça y est... j'ai aucune idée comment avancer... la suite logique sans compter les tons... ça serait Do...?! Bon... je prend une chance ?

Edouard reporte son attention sur les cristaux...

* Pour commencer j'dois suivre ce qui est écrit... À moins que... Oh ! La lumière doit sûrement passer dans l'ordre des cristaux... et terminer sur un qui ferait pas de bruit ? Ou un autre bruit...*

Et il s'empresse d'aller toucher les trois autres cristaux, si sa théorie est exacte, deux des trois devraient produire les notes "La et Mi".

Conformément aux attentes d'Édouard, l'un des cristaux - en l'espèce le rouge - produisit le son "LA". Les deux autres, en revanche, demeurèrent muets.

Il ne restait plus qu'à effectuer la séquence dans l'ordre et... espérer que cela marche !

EFAE : Mi, Fa, La et Mi. L'ordre fut respecté et les cristaux lancèrent leur étrange partition... Tandis qu'Édouard venait de terminer de s'affairer à composer cette mélodie en sous-sol, la trappe d'où il était tombé s'ouvrit à nouveau : Bernard. Et sa télékinésie. Le jeune homme se laissa flotter pour se réceptionner au sol. Il eut l'air très étonné de la pièce aux cristaux.

C'en était fini. Mais alors que l'animorphe ne touchait plus à rien, les cristaux continuèrent à émettre un brouhaha continu comme si les sphères célestes étaient en route. C'était quelque peu assourdissant.

Soudain, Édouard remarqua que quelque chose était en train d'apparaître au niveau de la silhouette en pierre... Ce fut d'abord très indistinct, très flou, puis...


C'était une femme. Enfin, une bien étrange femme qui se tenait là... Ou plutôt, compte tenu du fait que ses contours étaient tremblants, son apparence fantomatique... Un hologramme. Causé par la résonance du cristal.

Mais si elle n'était pas réellement là, tout du moins elle fixait les garçons. D'un air interloqué...

Priant presque pour que le tout soit bien effectué, Edouard touche le dernier cristal en fermant les yeux. Rien, pas de rocher, pas de trou, pas d'explosion.

- Bon ! Au moins une bonne chose aujourd'hui !

Il observe la pièce, voir si un changement se produit, et la trappe s'ouvre. Tout d'abord convaincu qu'il est l'auteur de l'acte, il se prépare à inviter ses amis de forte voix, mais Bernard apparut.

- Yes ! Mon dieu Bernard ! T'es vraiment efficace ! C'est toi qui a ouvert la porte ?

Il regarde rapidement derrière lui.

- Et ou est Devon ?

Puis, le son continuel de la mélodie Efae continue de s'accentuer en arrière plan... et il ne porte plus attention à Bernard, se retournant, l'horreur dans ses yeux.

* C'est pas bientôt fini ? *

Et la dame apparaît. Tout d'abord craintif, Edouard fixe les broches qui passent de bord en bord du visage de la femme... il s'avance ensuite, curieux, et passe une main devant la forme.

- Waw... on dirait que c'est vivant !

"Devon est restée en haut pour surveiller la fille... Mais... C'est quoi ce truc ?" lança Bernard d'une toute petite voix de garçonnet...

Plus courageux, Édouard se rendit compte en tentant de passer la main sur l'apparition qu'elle n'avait effectivement rien de tangible : il la traversa sans que celle-ci ne réagisse le moins du monde.

Au bout d'un long, instant, la fille parla :

"Cornelius mon bien aimé n'est pas ici... et nul corps de femme à posséder... Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ?"

C'était dit d'un ton neutre. En dépit de ses graves soucis d'acupuncture l'apparition semblait être calme. Et absolument pas agressive. Elle ajouta, comme par pure courtoisie :

"Je dois être Efae van Damme II. Oui, ce doit être mon nom"

"Cornelius " AH MON DIEU ! Edouard sursaute instantanément. "et nul corps de femme à posséder... Qui êtes-vous
? Que faites-vous ici ?"

Edouard tourne lentement la tête vers Bernard, les yeux exorbités et la bouche ouverte. Puis, quand elle recommence à parler, il se ressaisit.

*Sans doute des capteurs de mouvements reliés à un ordinateur qui l'active... à moins que tout est dans le système d'hologramme lui-même ? Doit y avoir une reconnaissance vocale...*

Il hoche la tête vers Bernard, lui demandant silencieusement de pouvoir parler.

- Nous sommes venus chercher une demoiselle qui s'est égaré...

Il marque une pause, regarde de nouveau Bernard puis l'hologramme.

- Efae... qu'est-ce qu'une femme peut trouver en venant ici?!

Efae sourit doucement en assimilant la réponse d'Édouard. A côté de ce dernier, Bernard n'en menait vraiment pas large.

"Une jeune fille romantique peut venir chercher ici aventures et légendes du passé. Réminiscence d'une époque idéalement moins matérielle. Quelques énigmes, un beau trésor, il n'en faut guère - aux yeux de mon bien-aimé - pour attirer une ou plusieurs demoiselles méritantes"

Elle marqua une pause. Son sourire disparut :

"Je suis morte il y a de cela bien longtemps. Comme mon bien-aimé ne pouvait se consoler de ma disparition, il a fait en sorte de modéliser ma mémoire et mon caractère pour que je vive pour l'éternité. En attendant que je puisse m'incarner dans un corps. Dans le corps d'une jeune fille... C'est pour cela que vous ne m'êtes de nulle utilité jeunes gens... Mais..."

Nouvelle petite pause. Comme si l'apparition était en train de réfléchir...

"Je suis la seconde de mon nom. Quelqu'un est déjà venu ici, oui. J'ai une sœur en liberté, quelque part dehors... C'est étrange. De devoir se demander qui on est..."