[KoneX + OryX] 6.1 La cuisine des mousquetaires

Cassandre se redressa, satisfaite de la réaction de Vadim. Sahari quant à elle, semblait décidée à rendre une visite aux Unders de Génosha. Au moins, ils en auraient le coeur net pour ce qui était de ces disparitions, et elle pourrait juger d'elle-même des avancées sur l'île.

"Nous n'avons aucune information concernant d'éventuelles revendications, à part les élucubrations de La Sentinelle, rien ne nous permet de conclure qu'il s'agit bel et bien d'un acte de terrorisme. Et rien ne nous permet non plus de conclure qu'il s'agit d'un mutant. Si tu tiens à aider la cause mutante Kalalli, je suis sûre que Sahari sera ravie de te compter parmi les élèves qu'elle emmènera sur Génosha." répondit doucement la non-voyante, en désignant le journal qu'avait chipé Niko du menton afin que l'Inuit puisse mieux appréhender la situation.

La psychologue s'approcha de la table pour y prendre sa tasse de thé, puis salua les nouvelles venues d'un hochement de tête, puis sembla se perdre un instant dans ses pensées.

"Nous reparlerons des détails quand j'en saurai un peu plus." dit-elle à Vadim en sortant de son songe éveillé. Les élèves de Gulliver semblaient désireux de s'entretenir avec lui, et plusieurs invités requéraient son attention immédiate.

"Je serai dans mon bureau sous peu, si quelqu'un me cherche." ajouta-t-elle pour prendre congé des mutants. Sa tasse en main, elle sortit de la cuisine, et prit la direction du jardin.

Jardin

Keyah assistait à l'arrivée ininterrompue des KozaX, à la fois lente et implacable. Ils prenaient possession des lieux, ce qui ne la dérangeait pas particulièrement, ainsi que de la conversation, et ça, ça l'embêtait un peu plus. Parce qu'elle avait suivi les annonces du massif professeur rouge d'une oreille jusque là distraite, et qu'elle était loin de comprendre toutes les implications de ces sabotages ferroviaires. En plus, elle se sentait vaguement exclue, étant la seule, du moins la seule en forme - Georgia ressemblait à un zombie - n'appartenant pas à l'ex-équipe.

Non pas qu'ils agissent sciemment de manière à la mettre de côté, mais elle comprit qu'elle aurait du mal à s'intégrer par ici, même pour une bête conversation. D'autant que Mme Fouba, avant de quitter la pièce, lui avait demandé si elle n'aurait pas du temps afin de lui transmettre des informations. Des informations qu'elle était la seule à avoir. Keyah se sentait utile, même si en y réfléchissant, à part trois ou quatre prénoms, elle n'avait guère de moyens de retrouver ses compagnons de voyage. Et du temps, elle en avait à revendre. C'était d'ailleurs la seule chose qu'elle avait à revendre si on avisait son maigre paquetage.

Les KozaX semblaient tous particulièrement motivés à l'idée de partir en mission, ce qui étonna quelque peu la jeune Malienne. Non seulement, elle était heureuse dans cet Institut, nourrie et logée, encore mieux, elle allait en cours, mais pour couronner le tout elle croyait se souvenir que les dernières aventures des jeunes élèves sur Genosha ne s'étaient pas déroulées exactement comme prévu, et que certains y avaient laissé la vie. Pour que leur enthousiasme ne soit pas rincé par pareils drames, c'est que ce devait être particulièrement exaltant.

Mais dangereux.

Elle se promit de poursuivre cette réflexion tandis qu'elle se levait, saluait Vadim d'un signe de tête pour le remercier de son amabilité, et suivait Cassandre vers le jardin. Avant de retrouver Sahari, elle voulait prendre un peu le soleil. C'était bien la seule chose dont elle pouvait manquer, ici.

Piscine

Après un petit tour du propriétaire très intéressant bien que le Japonnais ne gardait qu'une idée obsédante en tête, Kanata n'eut même pas l'idée de rester dans sa chambre. Ayant une mémoire des plus efficaces dès qu'il en allait de sa survie, il retrouva en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire Yun la chère et tendre cuisine de cet univers résolument mutant.

Entrant d'un pas assuré, il portait toujours ses vêtements sales tachés de terre, preuve qu'il avait du les porter des semaines dans un environnement relativement peu enviable. Bien sûr, il n'était pas le seul morfale à être ici. Il y avait un gars énorme, un moins grand, un gamin, une grande et jolie fille qui avait par contre l'air un peu triste. Il la réconforterait quand il trouverait le temps. Ca lui ferait son premier lot de Love Points à l'Institut X. Il y avait aussi une autre jolie demoiselle et... un diable rouge énorme assis. A cette vue, Kanata s'arrêta net comme rencontrant un mur invisible et lâcha juste un " Wow... " de surprise, style "où je suis tombé encore ? ".

Il lança quand même un " Salut ! J'ai la dalle, je me sers hein... On m'a dit de faire comme chez moi." . Ses yeux tombèrent alors sur la plus belle créature qui lui ait été donné de voir depuis fort longtemps. Elle était blanche, composée de deux zones. Deux magnifiques portes aux poignées stylisées. La chose reposait calmement dans un coin de la pièce. Le frigo ! Il pouvait déjà se vanter de gagner de nombreux Love Points envers le Yun rien qu'à être là !

Une mine exagérément satisfaite au visage, presque amoureux, il sentit son corps glisser vers l'antre du plaisir et resta en extase quelques secondes devant avant d'oser porter la main dessus. Le toucher était presque sacrilège mais... OSEF ! Sans se sentir, il balança un gros et joyeux " BANZAI, A MOI LA BOUFFE, HAHA ! " en ouvrant avec force la porte qui ne manqua pas de faire entrechoquer quelques bouteilles dans la machine. Rien à foutre de ce que diraient les autres.

Il se mit à piocher généreusement dans le contenu du frigidaire. Lait, jus de fruit, soda, confiture, beurre et poulet. Il choppa une baguette de pain qui trainait et un couteau, ainsi qu'un pot de miel. Mais pas de salé. Il n'aimait pas ça, le salé. Les bras surchargés car il ne lui était pas venu à l'idée de faire plusieurs voyages, il trimballa tout en faisant attention de ne rien lâcher jusqu'à la table où le gros bonhomme rouge était assis, et y déposa au centre son butin, empiétant un peu sur la zone de vie de ce dernier.

Allant s'asseoir à distance raisonnable de l'impressionnant personnage, il commença à se faire des lamelles de poulet recouvertes de miel, le tout sur une tartine de beurre qu'il avait faite en arrachant directement le pain à main nue. D'autres tartines étaient recouvertes de confitures de toutes les couleurs. Il avait piqué une tasse dans l'égouttoir qui n'était pas sèche encore, mais il s'en moquait. Il la remplit successivement de chacun des liquides, les buvant rapidement pendant la confection de son repas.

Tout était enfin prêt ! Deux tartines de poulet au miel beurrées et trois de confiotes, et re un verre de lait après avoir but du soda. Kanata lâcha un soupire de satisfaction en se frottant les mains et en se léchant les lèvres d'envie. En cet instant, il était réellement heureux. Ca faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas mangé un vrai truc qu'il ne venait pas de tuer dans la jungle ! Tellement longtemps qu'il n'avait pas mangé de sucré ! Invivable ! Sans doute l'expérience la plus dure de sa vie !

Il se souhaita un joyeux " Bon appétiiiiiiiit ! " avant de commencer à engloutir sa première tartine de poulet. Il prenait des bouchées trop grosses pour sa bouche, mais peu importait. Il mangeait enfin ! C'était tout ce qui comptait. Il ne mourrait pas de faim ce soir !

Histoire de s'occuper en mâchant les joues gonflées, il demanda de façon difficile à comprendre avec la mastication et l'accent : " é chion vou palié d'ka ? "

Vadim opina du chef.

"Oui en effet, la récolte d'information n'est pas votre point fort..."

Marmonna-t-il d'un air grave. Il prit une bonne inspiration avant de lever les yeux sur Jay.

"Ce n'est pas sur la chance qu'il faut compter, Push."

Il regarda alternativement Niko et Jay.

"J'ai parfois l'impression que vous prenez les choses beaucoup trop à la légère messieurs. Bullet... qu'as-tu retiré de ton expérience à Génosha ? Je crois savoir qu'en effet, tu as eu de la chance. Et c'était bien sûr un grand soulagement pour nous tous que tu ne sois que blessé. Et que tu n'en gardes aucune séquelle. Mais comment comptes-tu empêcher que cela se reproduise ? As-tu analysé les causes de ton échec ? Tout ce qui ne tue pas nous rend plus fort, mais encore faut-il tirer les bonnes conclusions."

Le Sibérien regarda d'un oeil sévère le journal.

Il se redressa sur son siège, faisant craquer les coutures de sa veste. Il croisa ses bras sur sa poitrine et darda ses yeux dorés sur Georgia. Puis sur Kalalli, sur lequel il s'arrêta.

"Razgriz, Sibylle a raison. Je sais que tu veux bien faire, mais je serai plus tranquille de te savoir avec Spine sur Génosha, pour une mission de routine de collecte de renseignements."

Il accompagna du regard Cassandre et Keyah, qui sortaient. Claire s'était installée, et avait posé un regard interrogateur sur lui. Vadim haussa les épaules et sourit à la mutante muette.

"Push vous a convoqué ici parce que nous parlions d'attentats troublants à Johannesbourg, comme tu pourras le lire sur La Sentinelle, Tide. Néanmoins, j'aimerais bien insister sur le fait que ..."

Un garçon particulièrement vorace, et cordial, fit une entrée tonitruante dans la cuisine, qui retint toute l'attention de l'Ogre rouge. Décidemment les bonnes manières se perdaient dans la jeune génération... Le Russe admit que l'asiatique semblait maigrichon, aussi se contenta-t-il d'attendre patiemment que le jeune homme se mette à table. Il ne le quitta pas des yeux, histoire de lui faire sentir le poids de son regard doré affûté de diable rouge.

Vadim ne put toutefois réprimer un sourire amusé à la dernière réplique du garçon. Il lui glissa donc cordialement.

"Mon garçon, après avoir avalé ta bouchée, j'écouterai avec intérêt ton nom, ton nom de mutant - c'est à dire ton nom de code - et ton application. C'est à dire ton pouvoir. Allons, viens te présenter devant moi. Je suis le professeur Volkov, alias Gulliver. Tu me sembles un peu jeune pour t'intéresser à des sabotages criminels dans le monorail sud-africain."

Dit-il de sa voix caverneuse, en touillant négligemment le sucre dans sa tasse de thé.

Salon

Malaise hypotenseur, overdose, enceinte d’une victime X attrapée dans le monorail 15… Les raisons du malaise de Georgia pouvaient être multiples.
La térébenthine pourrait agir comme hypnotique le temps de lui faire prendre ses responsabilités, mais après, il allait falloir aviser.

Remettant ses lunettes vertes sur son nez, afin d’y voir plus clair, Viconia poussa la porte de la cuisine… Et ouvrit grands les yeux, mains en l’air.
Elle venait d’échouer au milieu d’un conciliabule de guerre, où une multipopulation se goinfrait, fomentait et kozaxait allègrement.
D’ailleurs, en parlant de Kozax, sa colloc, qu’elle avait à peine croisée le matin même, campait également en ce lieu cosmopolite.
Signant (de manière de moins en moins improbable), à l’intention de Claire, Viconia lui demanda si tout allait bien, et pourquoi elle se trouvait là.

Puis elle se dirigea vers Gigi qui était adossée au mur et, sans lui demander son avis, lui prit le pouls et regarda ses conjonctives. Le tout dans un flot de vapeurs toxiques, et sans être aware de la conversation ambiante.
Pourquoi un flot jaune se trouvait-il dans cette pièce ? Pourquoi des visages si réflectifs ? Pourquoi un japonais inconnu se jetait-il sauvagement sur de la nourriture innocente ? Tant de mystères non résolus auxquels elle ne manquerait pas de s’intéresser… Eventuellement.

Pour lors, la finnoise ne se sentait pas Nexus. L’équipe dans laquelle elle avait été intégrée à son arrivée avait été dissoute. Le tout ne représentait qu’un intérêt mineur aux yeux flous de l’artiste. L’important était les quelques personnes avec qui elle avait crée un lien que l’on pouvait éventuellement qualifier de « privilégié » à savoir une rapace dépressive, une blonde lascive, une muette expressive, et un bourrin abandonné émotionnellement sur une coursive. Si on ne choisit pas sa famille, il paraissait que l’on choisissait ses amis… Restait à deviner ce que cette équipe désordonnée disait de la rouquine assomée.

Niko écouta la suite de la discution. Il salua Georgia puis Claire qui venait a leur tour d'arrivée. tandis que d'autres partaient Il acquiesça quand Kala rappela qu'il ne pouvait être partout. Mais il fut étonné de la question de Vadim concernant les leçons qu'il avait pris a Génosha. Il baissa un moment les yeux comme si il essayait d'occulter ce souvenir de sa mémoire. Il allait ouvrir la bouche mais l'arrivée d'un petit nouveau le perturba. il resta un moment a l'observer s'attendant a la traditionnelle conversation du "salutmoijesuisnouveau c'estquoitespouvoirs?jesuisunmutantquinapasd'amis,tuveuxl'être".

Mais contre toute attente rien. Le nouveau se dirigea rapidement, mais pas aussi vite que Niko quand il allait manger un truc. les sourcil de Bullet se levèrent quand il fut témoin de l'indélicatesse avec laquelle la porte fut ouverte. En voyant ce que le garçon prenait comme repas, Niko ressentit comme de la jalousie. Sa bouche se mit a pendouiller comme si il n'en croyait pas ses yeux. Ceux-ci commençérent d'ailleurs a le piquer tandis qu'il sentait les larmes lui arrivée aux coins des yeux.

Un profond râle commençait à monter en lui, il allait se mettre a râler comme d'habitude. Mais au dernier moment il remarqua Vadim qui observait aussi l'asiatique et il soupira tandis que celui-ci faisait la leçon a l'inconnu.

" J'y crois pas! J'ai enfin un rival concernant la nourriture et il faut que je me mettes au régime! La vie est trop injuste!"

Avant que l'asiatique ne réponde, Niko répondit à Vadim du plus vite qu'il pouvait. il ne voulait trop s'attarder sur la mission de Génosha.

" Monsieur, la bas si j'ai bien retenue une leçon, c'est celles de réfléchir plus. Réfléchir a ce que je dis et ce que je fais. Ne plus me jeter dans le tas en me croyant invisible avec mon pouvoir. Parce que certaine blessures peuvent me rendre bien plus inutile que certains humains et j'ai retenu une autre leçon. Je dois aussi arréter de me croire meilleur que les autres. Parce que courir vite ne sert a rien si je suis blésser au jambes. Enfin, je dois faire un régime!"

Il regarda méchamment celui qui dévorait les tranches de poulets qu'il avait prévue de ce manger a son prochain repas et désigna les placard dans lesquels il venait de rangeait ses chips.

" Hé toi! Les paquets de chips qui sont là, on y touche pas! Ce sont mes chips de régime! tous comme l'était ces tranches de poulet d'ailleurs! Et vas-y doucement avec le frigo! Tu ne t'imagine pas ce qu'a subit l'ancien et je ne ne supporterais pas de revivre ça! sinon moi c'est Niko alias Bullet. Bienvenue!"

Il se retourna de nouveau vers Vadim pour conclure sa réflexion, mais Vico arriva a son tour et a se moment Niko se rendit compte que Georgia n'avait pas la frite. Mais elle paressait déjà en de bonne main.

" Je dois perdre du poids et de la graisse, parce que même bien planquer derrière un mur, je me ferais toujours repérer! Et puis c'est toujours plus facile de transporter un blessé quand il pese moins de 100 kg! J'imagine pas l'état de Kala ou de filles si elles doivent me trainer sur 5 mètres."

Expire. Inspire. Expire. Inspire. Expire. Pense. Écoute. Ne bouge pas. Ferme la. Et... Inspire. Expire.

Georgia pensa qu'elle devrait enregistrer sur bande des consignes qu'elle pourrait se repasser dans des écouteurs pour traverser sans heurts les longues journées qui l'attendaient... Ce serait une sorte de "Guide de survie Georgien à l'usage des mutants pas aidés". Et ce serait drôle...

Elle capta de ci, delà, les termes généraux de la conversation. Monorail. Mutants. Sabotage. KozaX. NeXus. Mission...

La blonde voulut ouvrir la bouche pour expliquer que - peu importe de quoi il en retournait - elle serait de la partie, quand Cassandre fila hors de la pièce. Elle hésita l'espace d'un instant à la suivre mais... Elle se rendait compte que sa présence pouvait vite devenir pénible et que - peu important la manière dont elle considérait sa professeur - cette dernière n'avait peut être pas besoin en cet instant précis d'une amie autoproclamée et envahissante... Surtout que rien ne permettait d'exclure que le vague-à-l'âme la reprenne de nouveau.

Sentant le contact de la main de Viconia sur son avant bras, elle tressaillit. La blonde avait du mal à cerner la finnoise. Elle l'aimait bien. La trouvait physiquement intelligente. Et son côté à l'ouest n'était pas pour lui déplaire mais... Georgia serait bien incapable de remplir plus de 10 lignes de texte pour décrire sa coéquipière.

Comprenant que son malaise de l'instant n'avait pas laissé de marbre la rouquine, elle précisa :

"Si t'as besoin de me prendre le pouls sur le pied, je te précise que je suis propre, soignée et presque sage"

Elle se laissa sagement examiner les yeux, puis... Décida d'en savoir un peu plus sur cette mission... Georgia était comme une élève arrivée au beau milieu d'un cours. Elle ne voulait pas être collée. Ni se faire remarquer. Alors elle allait devoir improviser.

D'autant plus que Jay avait - miracle de la journée - dit du bien d'elle. Ce qui la fit sourire bêtement.

Saisissant le journal des pattes graisseuses de Niko, elle feuilleta le torchon rapidement. Tombant sur l'article au titre évocateur, Georgia le parcourut d'un air concentré. Puis, étant satisfaite, elle reposa l'exemplaire sur la table, lançant à Viconia :

"Super, des sabotages et les mutants doivent porter le chapeau... Il en faudrait une sacrément grosse d'illusion pour qu'on nous oublie un peu !"

Un jeune homme asiatique et inconnu fit irruption dans la salle. Il semblait avoir pour le moins la dalle. Et n'avait pas jugé bon de se présenter. Soit. Peu importait à vrai dire. Elle aussi, le jour de son arrivée, elle avait eu faim. Peut être avait il été clochard comme elle avant de rallier l'Institut ?

"Eh ben, c'est une grosse faim !" commenta-t-elle d'un air distrait. "Moi c'est Georgia au fait... Et la doctoresse qui me tripote le bras, Viconia"

Puis reportant son attention sur le reste des présents dans la cuisine, elle se lança dans une de ses diatribes, dont seules elle et Annaelle avaient le secret :

"Perso, j'suis des vôtres. Un peu d'action me fera du bien : genre oublier une certaine-personne-dont-il-vaut-mieux-taire-le-prénom-en-ma-présence... Pour le reste, on saura pas de quoi il en retourne sans aller en Afrique du Sud mais... J'ai l'impression que si on trouve pas vite les coupables de ces actes, le directeur de l'Afrique du Sud en profitera pour foutre à la porte tous les mutants qui pourraient se retrouver à travailler de près ou de loin pour le monorail. Ou, pire : faire en sorte que tout poste dans le public comme le civil soit définitivement fermé pour les mutants. Et ça commence avec la fonction publique, ça se poursuit dans le civil, et ça peut finir avec des mesures plus radicales"

Elle se gratta la tête, presque étonnée d'avoir été - à son sens - si claire.

"Mais vous vouliez insister sur quoi, M'sieur V ?" demanda-t-elle, se souvenant que l'arrivée de l'asiatique avait troublé l'ogre rouge.

La décision de Kal semblait clair, il voulait toujours en être, il voulait continuer à aider les mutants avec les KozaX. Et alors qu'il pensait à voix haute, Claire arriva et sembla également prête à venir avec eux. Néanmoins Cassandre ne semblait pas être d'accord avec l'idée que Kal reste avec les Kozax, tout comme Vadim en réalité.
Il en arrivait au point à être entre KozaX, comme Cassandre et Keyah s'éloignait, mais l'arriver de Viconia, d'un nouveau et le "réveil" de Georgia faisait que le briefing improvisait redevenait une conversation normale.

-Salut, je m'appelle Jay, bienvenue dans ta nouvelle maison.

Il fallait saluer le nouveau avant de reprendre la conversation en court, après tout même Vadim s'était arrêté en plein milieu d'une phrase, tout comme Georgia le lui fit remarquer. Mais il décida de ne pas attendre la suite, pour lui dire ce qu'il pensait.

-Vous savez, nous ne prenons pas les choses à la légère, on sait ce qui nous attend, ou plutôt on s'en doute mais si on commence à avoir peur de tout, on va finir par tous rester ici à attendre un signe divin qui nous libérera tous. Or rien ne va arriver si on ne bouge pas! Il faut que quelqu'un fasse les choses et pour ma part, je préfère y aller avec le sourire de savoir que je vais botter des fesses plutôt qu'à me dire que je vais mourir dans les 4 prochaines secondes.

C'était peut-être un peu durement dit mais c'était la vérité, il savait tous ce qu'ils risquaient mais ils avaient des moyens différents de le montrer. L'héroïsme et la fuite étaient les deux solutions préférer des AcademiXiens, lui avait opter pour l'héroïsme, tout simplement.

-Et concernant Kalalli, je pense que s'il veut être avec nous, qu'il le reste! Il sait ce qu'il risque et il a fait son choix...

Il se tourna vers l'inuit qu'il venait de défendre, il était dans son équipe depuis longtemps et même s'il se demandait encore à quoi il pouvait servir, le fait qu'il veuille simplement servir lui était suffisant pour le moment.

-Maintenant, comme on n'a pas toutes les informations, on peut faire plusieurs choses, Niko continue son régime, Georgia d'être persuadé que tout le monde nous en veux et pour ma part, je pense que je vais tenter d'en apprendre plus sur ce monorail... S'il y a un soucis avec, faut bien que je vois si c'est trop lourd pour moi ou pas...

Bien sûr c'était trop grand mais il voulait surtout savoir le poids de ce truc-là, si jamais le pire arrivait, il voudrait bien pouvoir aider rapidement, sans avoir à trop réfléchir. Et puis, ça lui permettrait de réfléchir à tout ça.

Aucune revendication pour un attentat, c'était bizarre. C'était juste histoire de faire des morts et de faire planer le doute ? Une façon surement efficace de monter les esprits vers les mutants avec le boum actuel que Génosha produisait. Mais Cassandre lui proposa de rejoindre le groupe de Sahari pour aller poser des questions.

Ca c'était hors de question. Il n'avait aucune envie de retourner sur cette île maudite à ses yeux tant les évènements s'y étant produits étaient horribles. C'était peut être un paradis pour les mutants là-bas, mais pour lui, son paradis c'était l'Institut Xavier avec tous les gens avec qui il vivait depuis l'attaque des profs. La psychologue partit, suivie par Keyah.

Vadim commença alors à faire réfléchir Niko et Jay à propos de leurs missions. Comme si on pouvait prendre à la légère de risquer sa vie. Comment pouvait-il croire une seconde que c'était possible ? Chacun d'entre eux avait vu la mort de près. Niko avait même été blessé. Alors s'ils devaient avoir conscience du risque, ils étaient les mieux placés !

Mais la suite ne manqua pas de surprendre l'Inuit. Vadim lui même demandait à Kalalli de se rendre sur Génosha avec Sahari pour une mission dite de routine. La surprise était totale. Le trouvait-on à ce point inutile dans les KozaX ? Etait-il si faible que ça ? Au point qu'on veuille l'envoyer ailleurs ? Les regards du garçon et du professeur se croisaient.

Il ne sut quoi répondre sur l'instant, ne s'attendant pas à ce genre de paroles. Vadim commença à expliquer à Claire la situation et s'interrompit à l'arrivée d'un asiatique à la voracité égalant peut être celle de Niko, du moins en apparence. Il faisait comme chez lui parce qu'on le lui avait dit, et se servit allègrement dans le frigo sous l'oeil outré de Niko. Il alla ensuite s'asseoir à la table l'air de rien et commença à engloutir sans gêne son repas étrange, mélangeant soda et lait, miel et poulet.

Vadim tenta une approche avec le tact qui le caractérisait alors que Viconia entrait et allait voir Gerogia qui semblait déprimée. L'Inuit aurait voulu l'aider à aller mieux, mais ils se parlaient à peine et en général il se faisait toujours chambrer par la jeune fille... Enfin il y avait plus important à ses yeux sur le coup.

Niko expliquait de son côté qu'il voulait faire un régime pour éviter d'être trop lourd à transporter en cas de blessure, et la remarque finale n'aurait en temps normal pas manqué de faire sourire Kalalli, mais pas ici, pas maintenant. Georgia se proposait à la mission. Alors que lui il s'était proposait, on le rejetait ? En quoi avait-elle plus le droit d'y participer que lui. Il fulminait intérieurement.

Jay à la suite de Niko expliquait qu'il était conscient des risques. Il préférait frapper que d'être frappé et c'était tout à fait normal. Puis il commença à prendre sa défense. Etait-ce la première fois qu'il le faisait ? Sans doute et il apprécia même s'il n'en laissa rien paraitre, trop énervé. Il avait eut le temps de réfléchir à ce qu'il pensait. Mais cette fois, il n'allait pas le garder pour lui. Pas cette fois. Sans faire de détour, il répondit à Vadim, avec une voix assurée voire énervée, les poings serrés :

" Je veux pas retourner sur Génosha. Je veux pas aller poser des questions à des gens que je connais pas. Je veux sauver des vies. Des vies innocentes de gens qui sont les cibles de tarés qui veulent imposer leurs idées."

Abandonné. C'était le sentiment qui le transperçait actuellement. Malgré toute la bonne volonté qu'il mettait, on le repoussait. Vexé aussi, sans doute. Humilié, même combat. La rage montait en repensant à toute les paroles du professeur qui s'étaient gravées dans l'esprit du garçon.

" Comment vous pouvez encore croire qu'on ne sait pas ce qui nous attend dans nos missions ?! Ce n'est pas la première fois qu'on part ! On a vu des morts par dizaine, autant des élèves que des innocents ! Réservez la mission sur Génosha pour quelqu'un qui ne veut pas risquer sa vie ou à des nouveaux ! Depuis que des gens que je connaissais sont morts en voulant sauver des vies, j'ai fais mon choix ! Je ne veux pas revoir de carnage comme sur Génosha devant le bâtiment de cérémonie de Némo ! Il y avait des centaines de corps sans vie pendus autour de nous. Et vous n'étiez pas là pour les voir. Vous n'avez aucune idée de ce qu'on a vécu ! Comment est-ce-que vous osez venir remettre en doute nos choix maintenant ? "

Ils m'ont trouvé inutile. Voilà ce qu'il pensait. Il sentait les larmes monter mais les retint autant qu'il le pouvait. Il n'aimait pas qu'on hausse la voix et encore moins devoir le faire lui même. Il lança juste, pour conclure en trahissant son sentiment d'abandon :

" Si vous me trouvez nul au point de me virer de l'équipe, dites le moi franchement au moins. "

Kitty. L'Inuit voulait juste être avec elle en cet instant. Pour oublier ou pour pleurer. Peu importait. De toute façon elle lirait en lui comme dans un livre ouvert. Juste se lover dans ses bras. Ne pas se sentir repoussé. Ne pas se sentir abandonné.

Kalalli maintenait son regard dans celui doré de son professeur, plein de détermination. Les derniers évènements l'avaient changé. Il prenait ses responsabilité. Il n'avait pas le choix. Il était forcé de grandir rapidement, au moins dans sa tête.

Jardin

Yanis était passé dans le hall, vide, de l'Institut. S'aventurant plus avant au rez-de-chaussée, il entendit rapidement une voix imposante provenir de la cuisine. Il conclut qu'il devait s'agir d'un adulte, qu'il espérait susceptible de le renseigner sur l'école. Arrivant sur le seuil de la pièce, qui s'avérait être une cuisine tout aussi luxueuse que le reste du bâtiment, l'Algérien s'arrêta net. L'endroit était peuplé, d'où les éclats de voix qui lui étaient parvenus depuis le couloir, mais il ne s'était pas attendu à tomber à nouveau en pleine situation délicate, comme dans le jardin.
A l'intérieur, un jeune aux traits fins, presque asiatiques, semblait vitupérer à l'encontre d'un homme à la carrure impressionnante, mais pas aussi impressionnante que la couleur rouge de sa peau. Il était rassurant de constater qu'il n'était pas le seul mutant à être affecté physique par son pouvoir. Il avait également vu le leader de la nation mutante dans les journaux, ce Komodo. Son apparence était pour le moins surprenante. Yanis n'avait aucune idée du motif de la discorde, mais le garçon avait l'air assez remonté.
Qu'avaient-ils tous dans cette école ? Le mutant jeta un oeil par dessus son épaule, hésitant entre la retraite ou la prise de parole. Ici ou ailleurs, si chaque pièce était en pleine crise, autant qu'il tente celle-ci.

L'Algérien s'éclaircit la gorge, puis lança, perplexe :

"Excusez-moi, vous êtes tous toujours à couteaux tirés ici ?"

Sa voix synthétisée et mécanique ne laissait que peu de doute sur sa nature profonde. Ce ne devait certainement pas être le meilleure moyen de paraître sympathique, mais l'était-il ? Selon ses propres critères, il aurait été incapable de répondre à cette question. Mais il était de toute façon important qu'il obtienne une réponse claire à sa demande. Si le climat était aussi délétère qu'en Algérie, il était encore temps pour lui de rebrousser chemin et de se trouver un autre refuge.
Yanis tourna ensuite son visage aquilin vers les autres occupants de la cuisine. Trois filles, dont une aux cheveux cuivrés. Le regard fatigué du mutant s'attarda une seconde de plus sur elle. Ce n'était pas tout les jours qu'il voyait une couleur aussi vive, et il se demanda si elle était naturelle. Il y avait également deux autres garçons, dont un particulièrement gras. Visiblement, la faim n'était pas un fléau dans cette partie du monde. Plus qu'une critique, ce constat était en vérité l'assurance que lui-même, ne risquerait pas de mourir de faim si par chance sa première impression sur l'établissement était erronée.

A priori, l’italiano-citadine ne faisait pas d’overdose ni d’intoxication aux produits corrosifs ; à peu près les deux seules pathologies qu’une étudiante en arts sortant peu de son monde pouvait reconnaître aisément.
Quant à ses pieds, Viconia n’irait pas jusqu’à les découvrir, il ne fallait pas pousser. De là à ce que sa camarade devienne à ses yeux une de ces détentrices d’extrémités désespérément banales, sans tubercules, ongles déformés ou éléments d’originalité personnelle, il y avait peu.
Mais l’heure n’était vraisemblablement pas à l’exposition de membres honnis. Rattrapant l’édition que Georgia venait de balourder, elle jeta un œil à l’article en question.
Un Pacha à Johannesburg ? Elle ne comprenait pas vraiment la trame du débat… Jusqu’à ce que ses yeux remontent la page.
Ah.
Ca.

« -En même temps, faire fondre des câbles ultra-résistants et jouer aux playmobils avec un monorail… Au risque de me faire lyncher, il y a quelques chances qu’il y ait de la mutation là-dessous… Ou bien de la recherche en moyens et imitation. »

Haussant un sourcil, son regard alla se poser sur Gigi qui s’enflammait soudain ; certainement les substances psycho-actives contenues dans les chips. Elle croisa les bras, le journal toujours en main, et rectifia avec politesse :
« - Je ne suis pas certaine que de documenter qui sabote les monorails aidera la cause mutante sud-africaine, surtout s’ils ont déjà établi leur ligne de conduite de manière officieuse. Cependant, je tiens à te signaler… »

Son flux de paroles aérien et calme fut interrompu par un inuit piquant une crise existentielle et décidant pour lui-même et la Justice Du Monde que de sauver la populace africaine innocente était la chose la plus dynamique, utile et épanouissante à faire. La « populace Africaine innocente » se définissant comme étant celle qui utilisait les moyens de transport. Quand bien même un cadre pourri d’une multinationale X l’emprunterait tous les jours afin d’aller décalquer du mutant et pour ensuite le jeter à la rue.

En définitive, chacun dans la cuisine y allait, une fois de plus, de son traumatisme génoshéen, notion à laquelle Viconia était plus ou moins étrangère.
Certes, les coups de soleil n’avaient pas été faciles à vivre, mais elle avait décidément manqué l’attraction à l’esthétique particulière des corps pendus sans vie.

Avec flegme, elle se remit à lire la Sentinelle, appuyée contre le mur à l’endroit où se trouvait Georgia avant de péter son boulon.
Une fois l’hystérie un peu retombée, elle finit sa tirade :
« -… Que vu ton état émotionnel, tu ne vas nulle part sans moi. Enfin, si jamais ma candidature est acceptée, je demande à couvrir vos arrières. »

Son regard alla se poser avec interrogation sur Vadim. Requérant son opinion sur sa participation.
Non, elle n’avait pas d'envie particulière de vomir ses tripes en public dans la cuisine.

En ce moment, chacun y allait de ses balances émotionnelles, et Genosha avait eut un tel retentissement que des milliers de poches de mini-rebellions avaient explosés. Laissant tant d’opportunités, tant de choses à faire. Tant de possibilités, qu’au final, le seul mouvement obtenu était la sidération, et l’immobilité.

Il ne fallait pas se méprendre, Viconia n’était pas totalement insensible.
Mais entre Claire qui ne faisait plus ses nuits, Mina qui déprimait et Georgia qui réparait son cœur (qu’elle avait elle-même fait exploser), la finnoise ne se sentait pas d’étaler ses propres débats intérieurs.
Pendant la tempête, elle se contenterait de jouer l’intouchable, ce qu’elle savait très bien faire, surtout armée d’un pinceau ou d’une truelle à pastels. On se préservait comme on pouvait.
Par ce biais, elle pouvait aller surveiller ses proches défaillants… Tout en faisant fourbement croire qu’elle faisait des recherches avancées sur l’esthétique des conceptions métaphoriques sub-primaires. Chacun ses couvertures. Cette dernière, par exemple, relevait d'ailleurs un fameux débat initié par l'école Allemande d'arts conceptuographiques... Bref.

Puis ce fut l’entrée d’un inconnu à la voix de transistor explosée. Elle le considéra un instant, puis, avec un sourire en coin, lui répondit avec naturel :
« - Non, ça c’est juste l’apéritif. Après on sort le mixer et on vote pour savoir qui on sacrifie comme victime à notre dépression pour élans héroïques avortés. »

Viconia venait-elle de faire de l’humour ? Personne, même pas elle, ne pourrait malheureusement ( ?) jamais répondre à cette question.

Vadim hocha la tête aux paroles de Niko, gardant toutefois un visage sévère. Il ne fit aucun commentaire, si ce n'est un grondement discret. D'un air absent il entendit les paroles de la frivole Georgia, puis de Jay. Ce dernier suscita un regard lourd de la part de l'Ogre.

Entraîné sans doute par Jay, Kalalli fit une sortie inhabituelle, montant sur ses grands poneys pour exposer son obscure colère à son professeur référent. Un nouveau venu entra sur ses entrefaits, et émit une voix mécanique qui sonna désagréablement dans le crane de Vadim et lui fit froid dans le dos.

L'article de la Sentinelle rencontrait un certains succès auprès de ces dames. Viconia vola à la rescousse de l'Inuit émotionné.

Le Sibérien prit une bonne inspiration sonore, qui signifiait qu'il reprenait la parole sans attendre le rapport du Japonais glouton. Il salua tout d'abord Yanis d'un signe de tête et l'invita à s'installer. Le mutant robotique avait-il déjà assisté à des scènes de disputes ? Cela pouvait du moins contribuer à expliquer le départ de Sibylle, toujours à l'affût des endroit à couvrir de paille.

"Entre, jeune homme. Je suis à toi dans une minute."

Dit-il simplement mais fermement en guise de réponse à Yanis. Vadim se tourna alors lentement et sûrement vers Jay et Kalalli... puis vers Claire. Il commença sur un ton posé.

"Je voulais insister sur ceci : Push vous a convoqué de sa seule initiative, dans l'intention louable de vous faire participer à la conversation sur une prochaine mission. Néanmoins je ne veux pas que cette "convocation" vous mette la pression concernant votre désir de vous exposer à nouveau au feu."

Puis il se repositionna face à Jay, qu'il accusa du regard, et prit une inspiration qui s'annonçait comme un orage.

"Au lieu de faire déjà des plans impliquant tes camarades, as-tu réfléchi une minute à ce que viens de dire Sibylle ?"

Il tapota la table de son index.

"Si Sybille te conseille de prendre le chemin de droite, étant donné son pouvoir, je crois que tu serais mal avisé de prendre celui de gauche. Tu es donc plus préoccupé par la présence de Razgriz dans ton équipe que par sa sécurité ? Réfléchis une seconde enfin !!"

Il avait sensiblement durci le ton sur la dernière phrase. Sa voix caverneuse résonna dans la pièce. Son regard doré perça ensuite le visage courroucé de l'Inuit.

"Quant à toi, Razgriz, ton attitude me confirme dans mon intention. Qu'est-ce que c'est que ce caprice ? Toi non plus tu n'as rien écouté ni rien conclus des paroles de Sibylle ? Tu ouvres tes oreilles parfois ? Et que veulent dire ces accusations ? Tu crois que si je te trouvais nul, je t'enverrai en mission auprès de Spine ? J'ai beaucoup d'estime pour Spine et pour ses OryX ! Il peut arriver n'importe quoi à Génosha et je ne la laisserai jamais partir avec de parfaits irresponsables, venus de mon équipe en plus !"

Il ferma son poing sur la table, et poursuivit avec une sévérité non retenue.

"Vous vous comportez comme des bébés. Alors écoutez bien ceci : ce n'est pas un esprit d'équipe que vous prétendez avoir, c'est un esprit de clan. Ce n'est pas du tout l'esprit qui doit régner dans les équipes de l'Institut. Aucune d'elle. Ces équipes ne sont pas vos familles, ni vos fratries. je ne suis ni votre père qui vous protège, ni votre grand frère qui vous amène jouer au football. Je suis votre professeur référent."

Il s'était levé de sa chaise. Il embrassa la pièce du regard pour inclure tout le monde dans la conversation, en particulier les deux nouveaux, mais aussi les deux filles.

"Les équipes sont des groupes d'intervention, pour des opérations extérieures. Leur existence est fonctionnelle. Combien de fois vous l'ai-je dit ? En mission je refuse que l'affectif guide vos actions et décisions. En mission tous les éléments de l'équipe sont là pour agir. Nom de code, nom de pouvoir. Chacun à son post prend ses responsabilités. C'est pour utiliser vos pouvoirs pour la cause de l'Institut que vous partez. Votre solidarité doit se porter sur l'Institut et tous ses membres, élèves et professeurs. Vous devez être capable de connaître suffisamment chacun de vos camarades pour allier vos pouvoirs avec les leurs, à n'importe quel moment, en cas de danger. Vous devez être efficaces, clairvoyants, alertes. On ne peut l'être dans un cocon."

Le Russe secoua légèrement la tête, déçu du comportement de ses élèves. Il avait voulu susciter un bon esprit d'équipe et de solidarité constructive dans le groupe, mais cela avait dégénéré en une clique de privilégiés défendant leurs intérêts, leur place. La Russie était remplie de ces cliques et corporations, aussi l'Ogre perçut avec acuité, et colère, le malaise. Il n'y avait qu'un moyen d'y remédier et il y ferait appel sans hésiter.

"Je ne vous pose qu'une seule question, et elle sera décisive pour chacun de vous : partirez-vous en mission pour l'Institut Xavier, quels que soit vos coéquipiers ? C'est tout ce que j'ai besoin de savoir pour votre prochaine affectation. Si vous voulez vraiment défendre la cause mutante, et non votre seule place dans l'équipe, peu doit vous importer avec quel professeur vous partirez."

Il lissa sa cravate jaune canari, la replaça bien sous le col de sa veste, tout en observant d'un air implacable les mutants ici présents. Puis Yanis.

"Alors jeune homme, quel est ton nom ? Quel autre exemple de relations humaines as-tu donc vu dans nos murs ? Je serai curieux de savoir."

[HRP : J'rp maintenant parce que je pars de la pièce ]

Son coeur battait suffisamment fort pour lui emporter la poitrine, comme s'il était en mission. Il regrettait déjà son élan de témérité, et il avait bien raison. Vadim porta son regard doré sur ses "anciens ? " KozaX après avoir invité un nouvel arrivant qui avait une voix très très bizarre. Plus robotique encore que Cerebra. Mais Kalalli avait trop peur de ce qu'allait dire son professeur pour s'en préoccuper plus longtemps.

Lorsque l'ogre rouge indiqua qu'il en avait pour une minute, l'Inuit sentit qu'il allait se faire crier dessus. Il démarra doucement en indiquant la non valeur de l'appel de Jay dans la cuisine car il craignait que ça leur mette la pression. Mais personne n'accepterait de risquer sa vie en mission s'il ne l'avait pas décidé pourtant. Puis il s'intéressa à Jay. Sur le coup, Kala fut rassuré un peu. Plus loin était la réponse de Vadim mieux il se portait. Ce dernier indiqua à Push qu'il avait inclut Kalalli sans son avis. Que Sybille était la mieux à même de choisir pour eux le mieux.

La voix caverneuse montait de plus en plus. Et... L'ogre tourna la tête vers l'Inuit qui déglutit péniblement. Il allait passer à la casserole. Et son professeur était encore plus énervé visiblement. Au secours !! Il attaqua rapidement en montrant qu'il n'appréciait pas du tout le ton qu'avait employé le jeune garçon. Il ferma ses poings et son ton se durcit encore, comme si c'était possible. Kalalli aurait fait n'importe quoi pour pouvoir fuir de la pièce et aller se réfugier ailleurs, loin. Il supportait mal qu'on hausse la voix, encore plus mal contre lui et Vadim était terriblement impressionnant naturellement, alors en colère c'était affreux pour lui. Plus il se faisait hurler dessus plus il sentait les larmes qui coulaient de ses yeux le long des joues. Il n'arrivait pas à les retenir du tout cette fois. Il n'en avait plus le courage.

Le chef des KozaX brisa ensuite une idée que se faisait l'Inuit de l'équipe. Il ne devait pas y avoir du tout d'affectif. Mais comment pouvait-on demander ça avec le temps qu'ils passaient ensemble ? Et puis ils avaient tous à peu près le même age. Vadim mettait le plus de distance possible entre lui et son équipe, ainsi qu'entre les membres même. Ca semblait tellement difficile de voir ses amis comme de simples soldats de son côté. On ne pouvait pas en faire abstraction. Il conclut en demandant à chacun des ex-KozaX s'ils partiraient en mission quelque soit l'équipe à laquelle on les assignerait, avant de se réintéresser à celui qui avait une voix bizarre.

Comment réagir ? Est-ce qu'il pouvait encore dire quelque chose ? D'un revers de main, il s'essuya les yeux et renifla. Les larmes lui chatouillaient le cou. Il fallait qu'il sorte. Il se sentait en plus totalement humilié devant les nouveaux. Il ne se croyait pas roublard mais de là à se faire crier dessus comme ça devant autant de monde...

Kalalli prit le demi-milligramme de courage qu'il lui restait pour répondre finalement afin de mettre les choses au clair, mais sa voix trahissait la peur :

" Je défends pas ma place dans l'équipe. J'ai pas dis ça. Je disais juste que... que... j'voulais être utile en sauvant des vies ou utile à la cause mutante... Donc oui, je suis prêt à partir en mission pour l'Institut quelque soit mes coéquipiers... C'est juste que... que vous avez mis en doute notre détermination malgré ce qu'on a déjà fait... comme si on ne connaissait rien des risques. Mais... on sait tous ce qu'on risque. J'irai dans l'équipe que vous voudrez professeur. Tant que je suis utile. "

Il essuya une autre larme qui glissait et renifla à nouveau. Kala porta un regard désespéré et désolé à ses ex-coéquipiers avec de conclure par un petit :

" Pardon pour avoir haussé la voix professeur. " avant de quitter la cuisine rapidement, honteux de ce qui venait de se dérouler devant tant de monde. Le regard fuyant, il ne pensait qu'à une chose. De l'air. Juste prendre un peu d'air... dans le jardin.

jardin

(HJ: houla, je suis un peu perdu? c'est a qui de jouer? kanata ou claire? enfin puisque je suis là...)

Niko ecouta d'une oreille distraite ce que disait les autres, tout concentrait à observé l'asiatique en train de manger. Vraiment dans cette instutit on ne faisait rien pour l'aider. Il soupira en se disant qu'il irait surement demander de l'aide a Carrie pour son régime. Aprés tout, il s'entendait bien avec elle.

Mais l'arrivée d'un nouveau a la voix bizarre le fit sortir de de ses pensée. Il plissa un moment les yeux en se rendant compte que sa voix faisait pensée à celle de cérébra mais en plus testostéroné. il sourit en pensant que la premiére fois qu'il avait vu feu-Manbot, c'était dans la cuisine. pauvre Man-bot réduit en charpie par Richard. Bullet regarda Viconia avec un air amusé quand elle fit sa drole de remarque et ne put s'empécher de dire sur un tons cinique.

" Ouais, questions éléves réduits en purées, l'instituts a eut son lot. Moi c'est Niko. Bienvenue"

Puis il se retourna vers Vadim que les dernières paroles avaient touchés. Il se racla la gorges et dit.

" Monsieur, vous oubliez deux chose. C'est la confiance et notre complicité que l'on porte a nos coéquipiers et à notre professeur référent. Et je pense que les KozaX vous ont prouvé que l'on était des personne de confiances. On est peut-être pas les Justix, mais quand on a besoins de nous on est là. Et même si vous n'êtes pas d'accord, les KozaX sont une sortes de familles pour moi, pour la simple raison que je leur fait complétement confiance!"

Niko ne put s'empécher de penser *Même à Kala!* avant de reprendre.

" J'irais plus facilement en mission avec Kala ou Alix qu'avec Luther, meme si si ils sont bien moin puissant que Luther. Pour la simple raison que j'ai aucun atomes crochus avec lui. Car je sais mieux comment fonctionne Kala que Luther. Un bon travail d'équipe c'est avant tout des gens qui ont sut se comprendre. Les KozaX actuels ont la chance d'avoir pu s'entendre, ce que l'on doit apprendre maintenant c'est travailler plus éfficacement. la moitié du travail est accomplie, ce serait bête de tout briser"

Il soupira en regardant les autres avant de rajouter.

"J'ai peut-être tort, mais nous considérer juste par nos noms de code et nos pouvoirs revient simplement a nous considérer comme des armes? Non? De plus cette années, vous nous proposez quasiment de venir choisir avec qui on veut faire équipe! Alors si cette mission est la seule chance de refaire équipe avec les KozaX initials, j'ai pas envie de rater cette occasion. C'est juste un baroude d'honneur que je n'ai jamais eut la chance de faire avec les Atom'X! Tous vos KozaX sont préts à vous suivre une derniére fois! Alors pourquoi ne pas nous laisser cette chance?"

Niko se tut en se demandant ou était Nan et Yamina et Kala venait de partir bléssé par le prof. Niko hésita a le rejoindre, mais il voulait d'abord entendre la réponse de Vadim.

Pourtant discret comme tout, Kanata avait attiré l'attention de quelques personnes. Lui qui s'était fait tout petit ! Le gros bonhomme rouge l'avait suivit de son regard jaune si particulier avant de lui demander son identité mutante. Presque un interrogatoire. Sans doute pour être poli, il se présenta en tant que Gulliver, de son vrai nom Volkov. La remarque suivante ne manqua au Yun de faillir de le faire s'étouffer. Ce n'était pas de son âge d'entendre parler de sabotage ? Il faillit lui demander en guise de réponse ce que foutait là le gamin qui devait même pas atteindre ses quinze ans si c'était interdit aux mineurs ici.

Avant de pouvoir répondre, le gros gars sans doute courroucé par le vol de sa nourriture indiqua avec méfiance que les chips dans un placard étaient les siennes à lui et uniquement à lui. Des chips de régime. Il était amusant tant il avait l'air faussement sérieux. A moins que... non ? Il pensait franchement à mincir en bouffant des trucs gras et salés comme ça ? Trop marrant !

Le Japonnais reprit une bouchée sans se dire qu'il devait répondre à l'ogre Volkov. Ce fut la fille tristoune qui se présenta à lui. Georgia. Joli prénom qu'il ne connaissait pas. Puis elle présenta Viconia qui la tripotait. Il avala sa bouchée dans un bruit peu ragoutant afin de répondre rapidement " Moi Kanata. Si t'avais bouffé des trucs que t'attrapes dans la forêt pendant deux semaines, tu serais pareil ! Et... si tu veux aussi me tripoter... pour vérifier que j'ai tout en place. Je suis dispo. Des fois que je sois cassé hein... " qu'il termina envers Viconia, ce qui montrait là tout l'art de la drague implicite. Laisser croire à la fille à la fois des choses cochonnes et des choses logiques. Après, si elle s'offusquait, c'est elle qu'on traiterait de perverse ! Tout était prévu ! Par ici les Love Points ! Bling bling !

La tension commençait à monter. L'un des mecs se défendait de remarques du hommard et puis le gamin commença à s'énerver. Ca faisait un peu d'animation pour manger, c'était cool ici. Plus amusant que de s'envoyer de la bouffe sur le coin de la tronche à l'heure du repas. Et moins salissant. Il écouta les rebonds de réponse d'un côté puis de l'autre façon balle de tennis, mastiquant énergiquement et suivant avec intérêt le débat qui le dépassait de dix têtes. Le crabe gigantesque faisait presque peur quand il s'énervait.

Le petit se mettait à pleurer comme une madeleine, un gars avec une voix bizarre était arrivé. Il était en plein milieu d'une belle joute. Kanata lui indiqua d'approcher en lui tendant une tartine agrémenté d'un p'tit " T'en veux ? Ca gueule bien ici, ça occupe ! " tout en continuant de mastiquer. Le plus jeune s'excusa toujours en pleurant puis s'échappa de la salle.

Histoire de mettre au courant le gros, le Yun l'avertit " Je mange rien de salé donc tes chips de régimes resteront tiennes gars, t'inquiètes !" puis reposa ses yeux sur face de tomate. " Sinon, donc, j'ai pas de nom de code. Ptête Bouftout. Apollon... ". Regard en coin vers les filles afin qu'elles captent le message. " Et mon pouvoir bha... " c'était bête de le dire. Fallait le montrer pour que ça ait de la gueule. Mais qui prendre pour cible ? Pas tête de poivron déjà. Il avait un minimum d'amour propre. Un truc américain. Un truc que tout le monde connait. Ha ha ! Trouvé !

Tentant de se remémoriser correctement les traits de sa cible, Kanata avala sa dernière bouchée, laissant une tartine pour Yanis éventuellement et changea d'apparence. Son visage devint occidental. Beau gosse. Bon, moins qu'il ne l'était déjà. Il ponctua sa transformation en disant " Je suis tout le monde. Et personne ! " alors qu'il était changé.



" Je suis l'homme le plus riche du monde ! Alors, la classe hein? " Ca c'était grave stylé. Tout le monde allait être ébahi, c'était sûr ! Par ici les Love Points. Yihaaaa !

Chambre /Saut temporelle

La rentrée. Un mot qui sonnait tellement naturelle pour l’indienne, alors qu’il venait de traverser tant d’épreuves! Avec misère, elle s’était efforcée de chasser les cadavres sur la plage, et l’image du robot de ses pensées, et le temps aidant, elle y parvenait. Sauf lorsqu’elle fermait les yeux, juste avant de s’endormir. Par chance, elle n’avait plus ses blessures à la main, qui lui rappelait avec honte son emportement. Mais elle savait, maintenant, les limites de son pouvoir.

Dans sa chambre, elle lisait un peu plus son manuel de cours, pour une de ses classes de sciences qu’elle aurait ce trimestre. La rentrée, des choses normales qu’elle devaient faire, même en étant mutante… même lorsqu’elle sauvait le monde dans ses fins de semaine, et qu’elle disparaissait de Salem. La rentrée qu’elle vivrait comme tous ceux qui étaient… normaux? Où elle retrouverait ses amis qui n’étaient pas mutant, et où elle aurait des professeurs qui leur parlerait sans joie d’une matière qu’il n’était plus capable d’enseigner. La joie quoi!

Dans sa chambre, à coté du sac éventrer, des crayons éparpillés et de ses manuels se trouvait les journaux qu’elle avait pu dégoté un peu partout. Se tenir au courant était l’une des choses qu’elle comptait mettre en pratique pour cette nouvelle année, ne serait-ce que plus que d’habitude. Son communicateur grésilla. Elle avait presqu’oublié qu’elle le portait un tant il n’avait pas sonné depuis longtemps.

* Après ce paragraphe* se dit-elle, continuant sa lecture.

Mais le paragraphe fut plus long que prévu, et ce n’est qu’une fois avoir lancé un coup d’œil sur sa montre qu’elle se rendit compte qu’on l’attendait sans doute!

Rapidement, elle descendit, en t-shirt et en short. Son teint était beaucoup plus bronzé qu’à son départ pour Génosha, et ses longs cheveux lui descendait maintenant dans le creux du dos. Sans pousser la porte, elle finit par arriver dans la cuisine, sous les paroles de Vadim, sous le départ de Kala, posant ses yeux incrédules sur ses coéquipiers, sur les nouveaux venu, sur Georgia…

Elle resta un moment dans le cadre de la porte, tentant d’amasser les renseignements. Bon, un déraillement, des suspects mutants, une nouvelle missions. Une refonte d’équipe, on séparait les Kozax? Puis, elle lança un regard timide vers son chéri qui devait souffrir le martyr à s’empêcher de manger tout ce qu’il aimait… avant d’apercevoir les miettes de biscuit sur son chandail, avant de lui lancer un regard de reproche.

- Cool le pouvoir, et beaucoup trop pratique en espionnage! Yamina, ou Maaddi, un ou l’autre!

Elle avait adresssé ses premières paroles au faux Wilson Beckers, qu’elle venait de voir débouché. Elle adorait rencontrer les nouveaux pour voir de quoi ils étaient capables, peut-être dans l’espoir de rencontrer un autre phaseurs qui lui en apprendrait plus sur le sien?

- J’arrive dans un mauvais moment je crois, dit-elle doucement.

Elle lança un regard autour, s’arrêtant un instant sur Georgia, son adversaire de combat avec qui elle avait adoré batailler, les nouveau visages, mais aussi sur ses anciens coéquipiers. Puis, elle lança un sourire à Vadim, tentant sans doute dans un effort lamentable de détendre l’atmosphère

- Vous savez Monsieur Vadim, tant que ça n’implique pas des mitraillettes et des chiens, je suis partante!

Inutile de rappeler pour une centième fois la raison qui poussait l’indienne à aller en mission, et à risquer sa vie qu’elle ne considérait , somme toute, qu’une extension à sa mort, qu’une vie «bonus».

[ Bureau de Carrie ]

Kitty arriva assez vite à la cuisine. Elle vit Kalalli en sortir et se diriger vers le jardin. Elle le rejoindrait après avoir mangé un bout. La petite télépathe poussa la porte de la cuisine. Comme d'habitude, il y avait beaucoup de monde dans la pièce. La benjamine de l'institut vit le professeur Vadim, Jay, Niko, Georgia, Viconia ainsi que deux nouveaux apparemment. Il y avait aussi Claire. La fillette vit que Nora la suivait. Elle semblait avoir accepté de l'accompagner. La petite demoiselle entra dans la cuisine. Nora la suivait toujours.

"Bonjour tout le monde. Bonjour professeur Volkov."

Kitty se dirigea vers le frigo et sortit de quoi faire des sandwichs pour elle et Nora. Elle prit du pain dans le placard et porta le tout sur la table. La benjamine de l'institut se fit un sandwich tout en écoutant les conversations autour d'elle. La petite télépathe se présenta alors aux deux nouveaux arrivants à l'Institut.

"Je m'appelle Kitty Willington ou Spirit Flayer."

Kitty mordit dans son sandwich et avisa le journal de la Sentinelle qui se trouvait pas très loin. La fillette s'en saisit adressant un sourire à Viconia et commença à le feuilleter. Au bout de quelques page, la petite télépathe tomba sur un article qui parlait de la mort d'un membre du COSEQUEM. C'était là où avait travaillé Carrie avant d'arriver à l'Institut. Est-ce que c'était lui l'ami qu'elle venait de perdre ? Kitty montra l'article à Nora :

"Nora, tu crois que c'est lui l'ami que Mlle Marcin a perdu ? En tout cas ils mettent encore cette mort sur notre dos. C'est vraiment injuste."

La fillette laissa le journal à son amie afin qu'elle lise l'article. Maintenant elle comptait encore plus accompagner son professeur à Paris.

Nora Winter venait donc du bureau de la triste Carrie Marcin en compagnie de Kitty. C'est vrai qu'elle pourrait parler à la psychologue. Mais se confier à une personne était loin d'être facile, alors à une mutante avec un tel pouvoir...

Sur le chemin, peu avant la cuisine, Nora remarqua un Kalalli peu radieux. Le copain de classe avec qui elle discutait en cours ne semblait pas dans son assiette. Elle ne pu s'empêcher de connecter son esprit au sien pour avoir un échantillon de ce qui pourrait mal se passer. Soulrider secoua la tête et avança. Kalall lui parlerait si il désirait le faire. Après tout, ils n'étaient pas amis, juste de bonnes connaissances. Les pensées superficielles de Kalalli étaient trop vague et Soulrider n'avait pas non plus mis toute sa concentration.
Elle repensa au baiser sur la plage. Pas elle, non. Kitty et Kalall formaient un jeune couple tout mignon. Combien de temps cela durerait... Mais cela ne la regardait en aucun cas.

Souriante car c'était là une nouvelle philosophie depuis sa rencontre avec Yamina Gham, Nora entra donc tout sourire dans la cuisine. Heike serait là ? Elle sentit tout de suite aux visages que l'ambiance n'était pas des plus conviviales. Elle ne se présenta après Kitty. Elle hocha la tête pour saluer tout le monde et sourit à Niko. Avant la mission sous-marine, elle l'avait encouragé sans qu'il est un regard pour elle. Dépité sur le moment, elle se rendit compte qu'elle n'attendait rien. Aider suffisait pour Nora.

S'approchant de Yamina, son rayon de soleil dans l'institut, elle s'étonna d'être encore si timide. Trop de monde ou bien avait-elle peur de décevoir Yamina en disant une bêtise. En présence de l'Indienne, Nora voyait le monde différemment. Plus positif. La télépathe appréciait son amie et la force de celle-ci. Elle était heureuse. Nora lui demanda en murmurant :

" Je suis ravie de te voir. Tout va bien ici ? "

Attentive à son amie, Nora détailla mieux les élèves. Un détail la gênait et elle fut interrompue par Kitty qui lui montrait un article du Sentinelle. Elle jeta un œil avec cette impression de "bizarrerie". Elle répondit à voix basse à la petite télépathe.

" Pour en avoir le cœur net, il faut vraiment que l'on accompagne madame Marcin à Paris. "

Puis soudain, elle remarqua l'intrus : Wilson Becker alias Midas. Une mauvaise blague. Que faisait-il ici ?

" Riche et stupide ! "

Ce n'était pas drôle. Non, les élèves de l'institut avaient soufferts. Nora connecta son esprit à ce monstre non pas pour communiquer mais pour lui faire mal. Très mal. Avec le désir de griller ses synapses. L'ambiance étaient peu chaleureuse à cause de ce monstre, qui sait ?

Apparemment, Yanis aurait difficilement pu tomber plus mal. Le colosse écarlate l'invita à entrer, avant de reprendre sa dispute avec l'adolescent là où il l'avait laissée, ce qui n'était pas pour rassurer l'Algérien.

La jeune fille rousse lui fournit une réponse alors qu'il longeait prudemment le mur pour entrer dans la cuisine tout en s'exposant le moins possible à la fureur de l'adulte, avec pour seul bagage son sac plastique à la main. S'arrêtant à un pas de la porte, histoire de se ménager une issue de secours si la situation dégénérait, Yanis décortiqua la réplique tout en renvoyant un regard pénétrant à son étrange interlocutrice. Selon toutes vraisemblances, elle ne pouvait pas être sérieuse. Le garçon obèse en rajouta une couche. Avait-il troqué l'asile pour une maison de fous ?

La tournure de la conversation abordait de nombreux noms inconnus au jeune homme, notamment un certain nombre de mots en X. Ca parlait de missions, de loyauté, d'équipiers... Il avait quitté un hôpital psychiatrique et une mission d'agent double pour le compte de la PISS... et voilà qu'il se retrouvait dans un lieu cumulant les deux caractéristiques de ce qu'il avait fui en Algérie. L'idée saugrenue que son avion avait emprunté une fêlure de l'espace temps pour atterrir dans une réalité alternative cauchemardesque lui effleura l'esprit un instant, idée qu'il chassa bien vite grâce à une explication plus rationnelle : son avion avait dû se crasher, et ce dont il était témoin était le résultat de l'activité cérébrale résiduelle de son cerveau.

Le dénommé Kanata lui tendit une tartine. Apparemment, il s'agissait également d'un nouvel arrivant, ce qui éclipsa l'hypothèse du rêve post-mortem. Pourtant, cette idée macabre lui avait donné une inspiration qu'il n'avait pas eue depuis longtemps. Ou peut-être était-ce le caractère vif des couleurs et des personnalités réunies dans cette pièce, allié aux émotions fortes qu'elle contenait, et que l'Algérien ne percevait plus lui-même. Il aurait voulu leur donner une couleur et les enfermer dans des petites pots de peinture utilisables à loisir pour égayer son univers morne et gris.
Yanis faillit accepter la tartine, puis l'observa avec méfiance.

"Tu devrais faire attention, on ne sait pas ce qui a provoqué leur état." lui répondit-il simplement de sa voix robotique, le visage on ne peut plus sérieux. Une intoxication alimentaire généralisée, c'était fort possible s'ils se trouvaient dans l'unique garde-manger des lieux. Kanata dévoila rapidement son pouvoir aux yeux de tous en se métamorphosant en un bellâtre européen. Le visage disait vaguement quelque chose à Yanis, mais il ne se souvenait plus où il l'avait vu. Sûrement à la télévision.

"Mais riche de quoi..." commenta-t-il en se massant la nuque, l'air pas très convaincu. En réalité, le jetlag commençait à lui peser sur les épaules, de même que toute cette agitation. Il avait passé ces dernières années à cacher son pouvoir, aussi trouva-t-il que Kanata agissait de façon bien irréfléchie et légère. Rien ne leur disait que cette école était fiable, en tout cas pas l'accueil qui leur était fait à cet instant.

Trois filles firent leur apparition dans la cuisine alors que le jeune garçon fuyait en pleurant. Yanis finit par comprendre au détour de la conversation, que les mutants semblaient tous avoir un nom de code, à l'image de la mathémagicienne, de Calculatron ou encore ce Komodo sur Génosha. Enfin, celui qui semblait être le professeur se retourna vers lui.

"Je m'appelle Yanis." commença-t-il par répondre, sur la réserve. "Dans le jardin, j'ai vu une fille en napperon faire des choses avec un garçon. Il n'avait pas l'air consentant." énonça-t-il d'un ton monocorde dans un anglais incertain.

[J'ai l'impression que vous m'avez oublié. Faut dire que j'allais répondre hier, mais en voyant 5 personnes sauter mon tour, ça m'avait enlever le goût... Et bon, il y a plus que 5 réponses maintenant, sans compter les gens qui sont arrivés. Je veux bien croire que c'est en mode vie, et que les tours n'ont pas tant d'importance... Je n'en veux à personne, détrompez-vous.. Mais je crois que c'est quand même une question de politesse, et je n'ai pas trop apprécié bien sincèrement...]

Avec un sourire pour sa collocataire qui venait d'entrer, la muette acquiesça en sa directement puis la remercia rapidement d'un geste. La présence de Viconia avait été importante depuis son retour de Génosha. Elle n'était pas du genre a venir s'apitoyer sur le sort de la petite muette, mais restait tout de même présente lorsque nécessaire et arrivait merveilleusement à lui changer les idées lorsqu'elle se réveillait au milieu de la nuit. Et, en un été, et plusieurs nuits blanches, Claire lui avait appris plus que le rudiment en langue des signes. Et l'artiste étrange qu'elle aimait tant pouvait communiquer discrètement avec elle et quasiment incognito.

Claire venait tout juste de comprendre pourquoi elle avait été appelé à la cuisine lorsque Vadim s'interrompit seul. Claire fit un geste désinvolte en direction du journal; elle l'avait déja lu. Ses sourcils se froncèrent légerement. Insister sur quoi? Que voulait-il dire. Le professeur semblait plus réticent aux missions, comme s'il avaient peur pour eux. Il voulait faire réfléchir Jay et Niko; ce que Claire perçut comme une tentative un peu inutile. Et il annonça qu'il préférait envoyer Kalalli dans une mission plus sûre. Ce qu'évidement, l'inuit n'apprécia pas énormément. Il était sans doute a l'âge où on ne devrait plus le traiter pour un enfant.

Un nouvel élève était arrivé. Un petit sourire amical étira ses traits tirés pour saluer les arrivant. Son mutisme l'empêchait d'être très sociable mais elle ne le laissait pas ruiner ses amitiés pour autant. Le premier avait l'air affamé, dévorant joyeusement le contenu du frigo. Ses paroles et expressions auraient amusé la muette, si la situation kozaxienne n'avait pas été aussi... dramatique? Il fallait dire que Claire ne comprenait pas exactement ce qui se passait.
Encore moins lorsque Kalalli éclata.

C'était la première fois qu'elle voyait le petit KozaX s'énerver. Jay qui donnait son avis sans dentelle, c'était normal. Pour Niko, c'était anormal de voir le contraire. Et tout se passa vite. Le désir de Kalalli de rester... L'arrivé soudaine d'un grand jeune homme qui s'étonna, ou pas, de la situation dans la cuisine. Claire le regarda quelques instants, visiblement un peu perdue dans ce qui se passait dans la pièce. Vadim qui répliqua alors brusquement.

Étrangement, sans même avoir dit un seul mot (évidemment), Claire se sentit visé par une partie du message passé par Vadim. Ses yeux s'écartillèrent encore un peu plus en regardant l'immense homme visiblement éberluée. Elle comprenait encore moins comme il pouvait estimer que les équipes ne devenaient pas des familles. Missions extérieures, certes. Mais quand on est ensemble et qu'on apprend a se connaitre, et a ce serrer les coudes dans des situations dangereuses, c'est des liens encore plus importants qui se formaient...

La question était claire, et ne pouvait pas vraiment être mal interprétée. Claire observa son professeur plusieurs secondes. Il n'y avait pas d'hésitation dans son regard, au contraire. Elle le fixait comme si elle cherchait.. quelque chose. Puis lentement, elle acquiesça. Elle avait déja fait deux missions avec des équipes mélangés; elle se demandait même pourquoi il posait la question. Sur Génosha et dans le camp de mutants, ils avaient été mélangés. Et avaient réussit les missions pour l'Institut Xavier.

Elle ne fut pas étonnée de voir Kalalli quitter la pièce et le suivit du regard. Elle s'était beaucoup attaché à l'adolescent... C'était étrange de dire qu'elle l'avait embrassé, et qu'il l'avait vu nue... Même si le premier était par accident, et le deuxième pour sauver sa peau. Les commentaires de Niko reflétaient bien les pensées de la muette, qui n'eut qu'à suivre la conversation des yeux, en témoin occulaire plus qu'autre chose. Que pouvait elle faire? Sortir ses posts-it et les coller sur les fronts de tous avec des petits mots?

Elle jeta un coup d'oeil à l'homme à la voix métallique avec un petit sourire de bienvenue, très bref et un peu préoccupée. Elle leva les yeux ensuite vers Kitty et Nora, avant de retourner son visage vers Vadim et d'attendre la réponse, l'air sérieux...

Toujours aux côtés de Viconia, Georgia assista en silence à la crise d'adolescence express de Pigloo : elle nota pour elle-même que c'était plus chouette que Kitty ait pour sandwich une graine de rebelle. Ça l'aiderait peut être à franchir certains caps !

La voix du nouveau au physique avenant la fit tiquer. On aurait dit Cérébra, en mâle et en incarné... Elle se retint d'aller lui toucher le biceps, histoire de se convaincre qu'il était bien réel. Mais non, la tactique de la tactile resterait en stand-by pour l'heure... Par peur de surprendre ou de se faire gronder par Vadim. Et puis, les mots qu'eut Viconia à son égard firent que son cœur en eut des palpitations. Elle dut sauter un battement ou deux, l'air visiblement émue... Des petites larmes au coin des yeux qu'elle s'empressa d'effacer d'un revers de manche.

Les grandes filles ne pleurent pas ! Ou tout du moins elles se cachent pour le faire...

Et puis, avant que la blonde à l'air perdue ne puisse ajouter mot... Pour donner son sentiment... Ou le fond de sa pensée... L'ouragan Vadim éclata !

Elle se mordit la lèvre en silence, opinant de ci, delà aux paroles du professeur rouge... Et force était de constater qu'il avait diablement raison. Georgia voulut appuyer son intervention en confirmant que les visions de Cassandre avait sauvé l'Institut plus d'une fois, que Sahari - même si elle avait botté le train de la blonde et de ses amis par le passé - était un élément important de l'Institut.... Mais... Elle ne voulait pas faire sa fayotte. Aussi, elle se la boucla. Et attendit en sifflant mentalement que ça passe !

P'tinuit quitta la pièce. D'autres mutants entrèrent. Le nouvel asiatique (est ce que Georgia devait lui parler du triste sort réservé à Lyu ou à Luna ?) se transforma en l'immonde Beckers. Elle sursauta l'espace d'un instant, puis réfléchit : Beckers ne parlait pas comme ça. Et ne se goinfrait pas comme un porc. Il s'agissait d'un simple métamorphe, un peu lover, façon Angel... Bref tout suivait quand même son cours...

Elle cogita un instant. Il fallait montrer qu'elle était grande maintenant...

"M'sieur V., je veux aider l'Institut, la cause mutante et partir en intervention. Je me plierai aux ordres"

Et ça lui faisait mal de dire ça, pour elle qui n'écoutait rien, détestait la hiérarchie, les uniformes, l'armée, les flics... Mais quelque part au fond d'elle, elle se rendait bien compte que la discipline de l'Institut la canalisait un peu. Pour éviter qu'elle demeure à tout jamais la fille qui se noie dans une flaque d'eau.

Posant sa tête sur l'épaule de Viconia, elle lui chuchota tout simplement :

"Tu sais que c'est le truc le plus gentil qu'on m'ait dit depuis..."

Georgia ferma les yeux et réfléchit : elle remerciait la fille qui lui annonçait tout de go qu'elle était une épave émotionnelle ?

La blonde planta sa main dans celle de la rousse. Et s'excusant, elle poursuivit :

"T'inquiètes, j'en profite pas... C'est juste que... Ça me calme"

Elle passerait certainement pour une psychopathe mais après tout sa réputation n'était plus réellement à faire !

Observant Kanata / Beckers, elle eut un léger sourire.

"Contente de t'avoir connu mais... Évite de prendre la forme d'un des pires adversaires de l'Institut. Ça risque d'en crisper certains..."

Vadim, comment allait-il réagir ? Il venait de pousser une sorte de gueulante alors peut être qu'il n'avait plus de souffle ? Comme quand Georgia avait déclenché sa révolte ouvrière sur Génosha. Elle avait eu un peu de mal à parler pendant quelques instants... Mais vu le gabarit de l'ogre russe, la blondinette comprit bien que Vadim avait la capacité thoracique pour brailler pendant des heures... Elle l'enviait.

"T'as vécu dans la forêt ? Pas cool... Moi j'ai été clocharde avant d'être là. Enfin, si tu veux en parler..." lança-t-elle à Kanata.

Façon groupe de soutien pour mutants misérables ? Elle se faisait honte : elle avait choisi la rue, contre l'avis de ses parents après tout... Et Georgia n'avait jamais manqué de rien.

Enfin, le nouveau au teint mat l'intriguait toujours... Comme elle ne savait trop qu'elle était la meilleure manière de l'aborder, elle lança à Yanis :

"T'as du croiser Juliette et... un malheureux garçon pas consentant"

Puis se sentant obligée de préciser, Georgia ajouta :

"Moi j'ai fait des choses avec Juliette. C'est pas si terrible que ça. Faut juste aimer le noir à lèvres quoi"

Clignant des yeux et serrant la main de la rousse, elle termina :

"Moi, c'est Georgia au fait... La rouquine, c'est Viconia ma meilleure amie. Et mon autre meilleur ami, tu le sentiras avant de le voir... Et... Je parle trop"

À sa suite, Kalalli expliqua pourquoi il voulait aller avec Vadim au moins, il était clair. Mais malgré les nouveaux qui continuait à venir et certaines minis équipes qui se formaient, Vadim ne tardait pas à donner son point de vue. Son regard accusateur le mit mal à l'aise et même s'il tenta de la soutenir quelques secondes, il finit par regarder ailleurs l'air de rien. Il n'aimait pas ce qu'il disait, il n'avait certes pas entièrement tort mais il semblait avoir oublié une chose sur cet Institut, une chose qui avait été la base des StryX... Il aurait voulu répondre rapidement mais voir Kal dans cet état le fit réfléchir. Devait-il lui aussi répnodre? Ou aller rejoindre Kal?
Tout en le regardant s'éloigner, Niko donna sa version des faits, une version réfléchit et juste. Ça l'étonnait, pour une fois il était d'accord avec lui, il pensait comme lui. Et sur le coup, il ne savait vraiment pas quoi dire de plus. Yamina arriva à ce moment-là pour dire qu'elle était partante tandis qu'un nouveau montrait son pouvoir de transformation, efficace mais pas la bonne personne.
Kitty, Nora et Yanis arrivèrent également, ils commençaient à y avoir un peu trop de monde pour pouvoir continuer plus loin la conversation. Il était temps d'y mettre un point final, selon lui en tout cas. Même si cette conversation ne pourrait jamais vraiment se finir, la différence entre Vadim et Vayne venait d'être montré entièrement. En plus Georgia semblait dire amen aux paroles de leur idole.
Il était temps de dire quelque chose, avant d'être encore prit de cours.

-Veuillez m'excuse mais je n'avais pas pris ce qu'avait dit madame Deneos comme une prévision mais simplement comme une boutade... Et faire dans la discrétion quand il s'agit de terrorisme et de monorail, ça sera compliqué, mais on essaiera. Je suis totalement d'accord avec ce qu'à dit Niko mais j'aimerai rajouter une chose.

Il déglutit difficilement, il risquait de signer son arrêt de mort mais il ne pouvait pas se permettre de dire qu'il n'était pas d'accord avec Vadim.

-Je m'excuse de vous dire ça mais je ne suis pas totalement d'accord avec vous... Ces équipes sont notre famille, nous avons vécu des choses fortes ensembles et on ne peut totalement le partager qu'avec les membres de notre équipe. Vous êtes notre prof référant pas notre général, nous ne sommes pas à l'armée mais dans une école...

Il commençait à avoir chaud, il eut d'un coup l'image du grand Vadim et se dit qu'en moins d'une baffe, il serait mort. Ou tout simplement, qu'il serait cantonné à rester à l'Institut.

-Je veux aider les mutants, je veux partir en mission et je ne vois pas le mal de préférer partir avec des gens avec qui nous avons déjà vécu des trucs. Et je suis prêt à partir avec n'importe quel prof mais vous au moins, je vous connais.

Tout était dit mais il décida de ne pas sortir en trombe pour essayer de se calmer ou tout simplement d'éviter la prochaine tempête. Il allait rester là et attendre ce qui allait sûrement être son exécution publique.

Témoin silencieux de la crise émotionnelle de Kalalli, Viconia laissa le journal lui glisser des mains à l’entrée de Nora et de Kitty.
Son esprit faisait à présent abstraction des transistors perplexes et des asiatiques maigrichons aux avances plus banales qu’un thé Darjeeling but à 15h20. Son esprit était focalisé sur Vadim et sur ses ambitions. Sur sa conception des opérations comandos effectués par des ados tous plus ou moins en manque affectif. Fallait-il préciser que tout ces ados avaient été préalablement traumatisés à un moment où un autre ? Oui, sinon le pitch manquerait de piquant.

Des groupes d’intervention, des noms de codes. L’épaule de Vic se faisait envahir par un élément extérieur, crispation réactionnelle de la main droite.
Responsabilités, cause de l’Institut, dévouement sans faille. Chuchotement à l’oreille, les lunettes vertes qui tombaient sur le bout du nez.
Solidarité, membres, clairvoyance. Pas de favoritisme, pas de copinage. Une main dans la sienne.

Comme mal réveillée au milieu de sa sieste nocturne usuelle entre 3h13 et 4h47 du matin, Viconia posa un regard flou sur Georgia.

Georgia. Qui la gratifiait pratiquement immédiatement de « meilleure amie ». Tiens, elle n’avait pourtant pas souvenir d’avoir déclaré ce statut à une quelconque administration. En réalité, elle ne se reconnaissait même pas dans ce genre de qualificatif. Vic n’était pas une fille à « meilleures amies pour la vie, ou au moins un bout ». Elle avait des fréquentations, des marchands de poudres colorées, et, ce qu’il fallait avouer, ce rapprochait à la conception d’amis. Mais elle en avait tellement peu qu’elle n’avait pas eut l’idée de les numéroter. Et ils étaient si dissemblables qu’elle ne pourrait jamais en faire prévaloir l’un sur l’autre, au risque de perdre un détail infime mais unique.

Ses yeux faisant le point en fronçant les narines dans un espoir vain de faire remonter sa monture, elle squizza la main de Georgia fermement, pour lui signaler qu’elle pensait ce qu’elle venait de dire. Puis elle laissa sa main glisser hors de celle de la NewYorkaise, et remonta sa monture.
Elle attendit que chacun ait donné son opinion sur la question de Vadim, et posa :
« -Je partirai en mission au nom de l’Institut Xavier. Je ne copinerai pas, et serait là pour être efficace, je n’ai pas de problème avec cela. Tout se passe toujours tellement vite, que je vois mal l’un quelconque d’entre nous essayant de faire avancer les choses se stopper pour prendre le thé. »
Elle fit une pause, et se redressa, pour exposer à Vadim ce qu’elle pensait comme être essentiel.
« -Cependant, je ne suis pas d’accord avec vous sur toute la ligne. Partir avec n’importe lequel des élèves de l’Institut de manière décidée à l’improviste ne peut que nous desservir.
Nous devons nous connaître, mutaniquement j’entends. Ne pas savoir jouer des pouvoirs des autres ne peux que nous être fatal.
A quoi bon partir avec la noble idée de « servir l’Institut » si, malgré le temps que l’on passe à se côtoyer, on n’est pas capable de savoir où sont les limites des pouvoirs des autres, et comment le notre peut les soutenir afin d’atteindre notre but. Tout cela sous prétexte qu’il ne faut pas « choisir ses coéquipiers du moment que notre cœur appartient à la communauté ». »

Elle avait dit cela avec honnêteté, et, pour une fois, une clarté toute particulière. Elle n’avait pas l’impression de se mettre en danger en élevant sa voix ainsi, au contraire. Etre prévenant permettait de se préserver et d’éviter des écueils malheureux. De ceux que l’on ne pouvait plus contrer lorsque l’on s’en rendait finalement compte une fois le nez dessus.

Elle conclut de cette manière :
« -Ma réponse est donc oui, je suis prête à partir pour l’Institut. Mais non, pas avec n’importe qui. Sous réserve que nos pouvoirs auront une efficacité certaine ensemble et que nous n’aurons pas d’inhibition pour les utiliser.
Une mission envisagée comme prometteuse mais où je ne ferai que desservir le groupe ne m’intéresse pas, je serais aussi bien ici à peindre et à ne blesser personne. »

Son regard alla de Claire à Georgia. Elle tenait à elles, les premières personnes qu’elle avait rencontrées à l’Institut et dont les caractères avaient un petit quelque chose.
Sa décision était prise, elle ne les mettrait pas en danger sous prétexte qu’elle voulait les protéger.
Vadim venait de lui remettre, du moins en partie, les idées au clair : elle n’était pas Dieu, et il fallait parfois laisser les gens agir sur leurs propres destinées.

Vadim écouta Kalalli, qui semblait vraiment au fond de ses chaussettes. En le voyant fondre en larmes, et souffrir devant sa situation humiliante, le Sibérien eut un pincement au coeur. La volonté de l'Inuit d'être utile était touchante, mais son attachement à l'équipe lui ôtait toute considération stratégique. Lui non plus ne faisait aucun cas de la "boutade" de Cassandre. Il faudrait pourtant qu’il suive Sahari, au moins provisoirement. Tout cela confirmait l'Ogre dans sa résolution.

Il se tourna vers Niko, qui lui répondait avec l'aplomb de l'insolence un tissu de bêtises. Vadim allait de mauvaise surprise en mauvaise surprise avec ce qu'il avait honte d'avoir appelé plus tôt son "escouade".

"Bullet, je pense que vu tes exploits sur Génosha, tes coéquipiers pourront témoigner du peu de confiance qu'ils peuvent t'accorder, s'ils veulent garder la vie sauve. Synergy le premier, il me semble. De plus, maintenant que tu en parles, je ne crois pas que vous soyez là quand on a besoin de vous. Avez-vous jamais demandé des nouvelles de Dimitri ? Et ceux que nous n'avons pas sauvé en Inde ? Et notre contact de l'association Child Rescue ? Ah en voilà une belle famille ! Elle est plus basée sur les bêtises et le manque de discernement que sur la confiance !"

Le Russe était en colère contre lui-même, d'avoir pu être aussi aveugle sur l'évolution de son équipe. Oui, c'est vrai que finalement, ces gamins étaient plus égoïstes qu'autre chose. En manquant une mission, ils avaient sans doute plus peur de rater une occasion de jouer les héros avec leurs amis et leur papa-prof, que de vraiment servir la cause mutante. Vadim voyait tout à coup ces jeunes gens sous un autre angle. Un angle certainement très pessimiste.

"Si seulement tu étais une simple arme, Bullet, tu causerais moins de soucis d'utilisation ! Je ne suis pas là pour vous laisser des "chances", ni pour vous aider à approfondir vos affinités particulières. Cela vous avez bien plus le temps de le faire ici, en cours, dans les chambres, au foyer, en entraînement, en sport... ce sont les vrais moments priviligés pour vous connaître, et tester vos pouvoirs..."

Il tourna la tête à ce moment vers le japonais à l'estomac vorace. Celui de Vadim fit un tour lorsqu'il reconnut la face de ce charlatan de Beckers. Il cligna des yeux, fronça les sourcils. Mais un Beckers habillé en adolescent, et plus petit et maigre que l'original, parlant un langage certes arrogant mais puérile... ça ne trompa pas longtemps le Russe. Une vision de Beckers pré-ado ? Vadim commenta avec un mince sourire.

"Le vrai Beckers a une beaucoup plus grosse tête, qui tient à peine dans un palais néo-classique."

L'arrivée de Yamina donna une bouffée d'oxygène à l'Ogre rouge. Elle témoignait de sa volonté à repartir en mission. Mais Vadim se méfiait désormais des motivations qu'il avait cru déceler chez les KozaX, comme Niko, Jay et Kalalli. Il accorda le bénéfice du doute aux expressions faciales de Claire mais restait dominé par la déception. Il se tourna néanmoins vers Yamina avec un air serein et dit d’un ton posé.

"Il s'agit d'un futur accident de monorail, provoqué par un sabotage. Nous allons coopérer avec les Nexus. Je t'invite à jeter un oeil à la Sentinelle, Maaddi. Bonjour Spirit Flayer."

Nora et Kitty entraient et s'emparaient du journal. Nora ne sembla pas goûter la blague du métamorphe. Vadim eut l'oreille interne titillée par la voix métallique du nouveau venu. L'Ogre tourna la tête vers lui, interloqué.

"Comment ça des choses avec un garçon ... !?"

Georgia, qui venait d'affirmer sa volonté de partir en mission et suivre les ordres, émit une option sur Juliette, comme auteur de ce que les jeunes gens semblaient définir comme une agression sexuelle.

Puis Jay acheva d'enterrer la réputation que Vadim s'était faite des KozaX, en se faisant en plus donneur de leçon à un chasseur professionnel de terroristes. Il lui rétorqua d'une voix de contrebasse, lourde et froide.

"Et bien moi je me rends compte que je suis loin de vous connaître. Je pensais repartir avec vous, mais c'est désormais exclu. Jay Sirian, je pense qu'un petit stage au sein d'une autre "famille" t'apprendra le respect, l'humilité et la réflexion. Je suis sûr que tu en sortiras grandi."

Viconia intervint à son tour et Vadim ne comprit pas en quoi ses paroles contredisaient la pensée de la Finlandaise. Il haussa un sourcil.

"Je n’ai pas dit autre chose, Mirage."

Il sourit à l’illusionniste, d’un air entendu. Pour lui la conversation avec les KozaX était close, inutile d’empirer leur cas et sa désillusion. Il nota qu’aucun d’eux n’avait volé au secours de Kalalli en pleurs. Malheureusement Vadim devait d’abord s’assurer de la situation du nouvel arrivé, Yanis. Kanata semblait en forme et affamé, plutôt heureux d’être là, tandis que l’Algérien semblait sur la défensive et préoccupé. Il avait peut-être des problèmes non réglés sur le dos. Vadim alla vers lui.

"Tu veux vivre des choses fortes dans cette école toi aussi ? Ou bien tu en as assez vues ? Bon, je vais te montrer où sont les chambres. A moins qu'il y ait des formalités à accomplir ? Une famille, des amis à prévenir de ton arrivée ici ? Tu dois me parler aussi de ton application... allons d’abord dans mon bureau…"

L'Ogre invita Yanis à sortir, et laissa les autres élèves seuls. Excédé, il oublia totalement l'agression sexuelle qui se jouait dans le jardin.

Il disparut dans le couloir flanqué du mutant robotique.

Bureau de Vadim

Alors qu'il venait de se transformer en ce puissant homme qu'était Wilson Becker, de nouvelles personnes rentraient dans la pièce. Une vraie invasion ! D'abord une indou qui se présenta comme Yamina après avoir gratifié son pouvoir de cool. Elle : amie, nota-t-il dans un coin de son crâne. Puis suivirent deux nouvelles filles. Une très jeune qui s'intéressa rapidement au journal que tout le monde s'arrachait comme un magazine érotique dans les cours de récré.

La seconde précisa riche et stupide à propos du personnage en lequel il s'était transformé. " Pas l'honneur de le connaître pour le dire. " lui répondit-il. Il n'avait pas encore côtoyé le gratin occidental. La célébrité viendrait bien quand il aurait un peu de temps à lui accorder. Après tout, Kanata était déjà célèbre grâce à Mute Ants. Plus tard, il ferait une émission semblable mais les morts en moins. Le nom ? Il l'avait déjà ! Tout Azimut ! A comprendre "Tout Asie Mute" bien sûr ! Mais à peine songeait-il à tout cela qu'un malaise l'envahit.

Il avait bouffé trop vite. Quel con. Ca faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas mangé à sa faim et d'un coup il s'envoyait un demi frigo en quelques minutes ! A moins que ce soit les gaz des sodas mélangés au lait et au jus de fruit ? Sur cette sensation, il redevint lui même. Il allait éclater. Yanis le mit d'ailleurs en garde alors qu'il refusait la tartine offerte généreusement par le Japonnais. Puis de sa voix robotique, il affirma qu'une fille faisait des trucs à un garçon non consentant. Un monde à l'envers. Les filles qui harcèlent les mecs. Le rêve !

Un sourire niais se dessina au visage en imaginait tous les demoiselles à ses pieds et lui qui était forcé de les repousser gentiment une à une... puis se ravisa rapidement, un peu écœuré par la nourriture. La fille triste lui conseilla d'éviter de se transformer en le pire adversaire de l'Institut. Kanata resta un instant interdit pour essayer de faire le lien mais n'y parvint pas. On lui avait raconté rapidement ce qui s'était passé mais il avait écouté d'une oreille distraite, trop occupé à observer les décors du haut de son nuage. Elle s'étonna ensuite qu'il ait vécu dans la forêt. Il faudrait qu'il lui raconte son aventure à l'occasion et comment il avait faillit gagner le pactole et faire tomber Kim dans ses bras ! Il nota d'ailleurs de ne pas oublier ce détail afin que Georgia sache qu'elle avait peut être une adversaire et que pour obtenir Kanata, elle devrait se battre !

Volkov commenta la taille de la tête de la copie de manière relativement amusée. Ensuite ce fut une récidive d'un des autres garçons face à Ketchup encore, comme s'ils voulaient tester sa voix. Le Yun repoussa la nourriture restante, à savoir une tartine de poulet-miel et voulut la proposer au gros mutant aux cheveux bouclés de la terminer. Il devait avoir bon appétit de manière générale. Mais il suivit son camarade d'équipe dans leurs visions des missions.

Cette fois encore, le Russe s'énerva et leur fit la morale. Les pauvres. Echec sur échec, ils devaient déguster de se voir balayer toutes leurs croyances en quelques phrases. Il aurait presque put être compatissant s'il avait réellement compris les tenants et aboutissants de cette étrange conversation qu'il n'aurait jamais imaginé entendre, si ce n'était en jouant à un FPS quelconque en équipe nationale au Japon. Finalement, le diable partit en invitant Yanis à le suivre.

Kanata se leva rapidement et se mit à remettre plus ou moins en place pour ce qu'il connaissait les choses qu'il avait déplacé. La tartine trônait toujours majestueusement sur la table, rassurée d'être toujours envie. En passant près de Niko, il lui proposa de la prendre si ça rentrait de son "régime".

Prochain étape : roupiller et douche. Ou le contraire. Une douche avant quand même histoire d'éviter de dégueulasser le pieu serait plus raisonnable. Après, il irait trouver une borne internet pour chercher des infos sur Mute Ants et le devenir d'Hiromu, et aussi sur lui de manière totalement égocentrique. Puis se créer une nouvelle adresse e-mail pour essayer de savoir ce que devenait Ryo depuis le temps. Et peut être ses parents s'ils ne le croyaient pas comme étant un terroriste. Nan. Les parents attendraient. Il faudrait qu'il voit aussi pour se faire une nouvelle garde-robe. Car il était un peu à sec. Et s'acheter des trucs quotidiens. Vu qu'il avait rien de rien...

Se grattant énergiquement l'arrière du crâne en pensant à toute les choses à faire, Kanata salua le reste de l'assemblée d'un geste de main et s'échappa, suivant presque le cortège du feu rouge ambulant.

[saut temporel]