des longueurs contre les langueurs

Situation désarmée! Tant mieux. Charis ne voulait surtout pas que Jason passe pour un tortionnaire alors qu'il était loin d'en être un. Pareil pour elle, en tout cas jusqu'à présent. Le professeur Fouba avait compris sans mal. Et d'ailleurs assez rapidement! Maintenant qu'elle y pensait, dans d'autres écoles, des profs n'auraient pas cherché à comprendre et aurait balancé des punitions pour "faire un exemple" sans trop savoir ce dont il retournait. Quant à la question. Ah ben là... Charis resta pensive quelques secondes...

"Dimitri, l'ami de Mademoiselle Deneos... Cindy et John, du MHT... Mais je n'ai pas leur coordonnées personnelles."

Et c'est même pas dit que les deux derniers se souvenaient d'elle. Dimitri se souviendrait... Sans grand plaisir vu la mission qu'il avait rempli avec le groupe d'élèves de l'Institut, et aussi ce qui avait précédé la dite mission.

Le court des réflexions de Charis fut interrompue quand Jason passa devant pour... Prendre Alixtide? Alors chapeau. ça, elle aurait jamais eu le cran de le faire. Bouche bée devant le courage du bel Apollon, et de l'expression probablement tout aussi à l'ouest du breton, elle fut bien incapable de dire le moindre mot, jusqu'à l'intervention de Luther. Aïe...
Elle se retourna, jetant à la seconde moitié du couple un regard étonné, puis finalement elle reprit une expression neutre. Là, elle préférait ne même pas chercher à s'en mêler. Jason avait les meilleures excuses du monde, et Luther... Ben elle préférait éviter autant que possible d'ouvrir la bouche en sa présence. Pour la peine, Mademoiselle Fouba, Alixtide, ou Jason s'occuperaient des justifications. Ou plutôt juste Sahari et Jason. Parce que les justification d'Alix, en revanche, ne seraient pas nécessairement bien tournées.

Keyah avait un peu flâné dans le jardin, profitant des rayons du soleil, de la chaleur et du beau temps qui lui rappelaient un peu sa Terre Natale. Avec un moins beau temps, un climat plus froid et moins de soleil, tout de même. Des petites pertes pour de grands gains, la Malienne essayait à tout moment de prendre son excontinentation avec philosophie. Une des craintes qu'elle avait eue en arrivant était de se retrouver au milieu d'une ménagerie d'animaux de compagnie qui lui aurait fait regretter son petit troupeau, mais les bêtes étaient interdites à l'Institut, et la nostalgie avait d'autant moins de prise sur ses émotions.

Des voix l'attirèrent près de la piscine de l'Institut. Des voix, car elle-même fuyait cet endroit comme la peste, de peur qu'un plaisantin ne choisisse ce moment pour passer son permis blagueur. Peu diserte, elle n'avait jamais dit à quiconque sa répulsion profonde pour l'eau, surtout pour de tels volumes. Car bon, elle se lavait consciencieusement et longuement tous les soirs à l'aide d'un gant, et contrairement à un autre élève, son hygiène ne se lisait pas sur son visage. D'où sa crainte supplémentaire d'un comportement aussi puéril. Mais la voix de Madame Fouba la rassura sur les intentions des autres élèves, qui n'oseraient certainement rien lui faire. Si tant est qu'ils en aient eu la volonté.

S'approchant, elle reconnut donc Sahari, ainsi que ledit garçon qui partageait avec elle son dégoût pour l'élément aquatique, même si leurs motivations étaient bien différentes, Jason et Charis, à la vue de laquelle Keyah ne put retenir un frisson. Charis lui faisait peur. Elle était souriante et gentille, pas impulsive - contrairement à sa copine - mais le fait de fréquenter une mare vivante donnait des sueurs froides à la jeune Malienne. Elle entendit quelques mots, suffisamment pour comprendre qu'elle arrivait à point nommé dans la conversation : il était question des connaissances génoshéennes de chacun. Pour une fois, elle n'était pas perdue, et en savait à peu près autant que tout le monde. Cette joyeuse coïncidence la fit timidement sourire, sourire qui s'effaça quand elle prit la parole. Le sérieux avant tout.

- Je connais Itara, Adama et Doujko, ils sont arrivés sur l'île en même temps que moi.

Elle vit alors avec une surprise certaine qu'Alixtide n'était pas gluant, comme à son habitude, mais bel et bien mouillé. Un coup d'oeil à la piscine, qu'elle évitait soigneusement de regarder jusque là, lui confirma que le Breton avait piqué une tête, et par la même transformé le lieu de loisir en site BioHazard pour les trois prochaines décennies. Ce qui ne contraria pas Keyah, qui n'avait aucun attrait pour l'endroit. Par contre, s'il y'avait des nageurs, ils risquaient d'être déçus.

Sahari observa Jason s’excuser, en se demandant si il n’exagérait pas un peu. La répulsion du jeune homme pour Alixtide avait toujours été quasiment mythique, et le voilà qui, par regrets ou par pitié, le prenait par l’épaule. L’Africaine haussa un sourcil et répondit platoniquement à ce couple improvisé, alors que Luther se mêlait joyeusement à la conversation, suivi de l’arrivée de Keyah.

"Eh bien… Je doute que Komodo ait du temps à nous consacrer. Il doit déjà être au courant que des mutants de son île disparaissent et j’imagine qu’il fait déjà son possible de son côté, inutile de le déranger davantage! D’ailleurs, je suis heureuse de savoir que vous contrôlez mieux votre pouvoir, M. Pitre. Et j’imagine que, dans ce cas, vous n’avez plus besoin d’abuser de la gentillesse de Jason et pourriez marcher vous-même jusqu’au foyer, n’est-ce pas?"

La Zambienne observa également le manège de Luther, qui semblait jaloux d’Alixtide –ou était-ce de Jason?- et ne put réprimer un sourire en coin devant ces enfantillages, songeant amèrement qu’elle aurait aussi aimé, à cet âge, se prendre dans les jeux de l’amour.

"Si vous retrouvez ces coordonnées, ce serait parfait! C’est toujours plus facile de retrouver un contact quand il nous est possible de le contacter! Cela dit, Charis, ce n’est pas indispensable."

Elle lui sourit gentiment en notant mentalement les noms qui venaient de lui être donnés et reprit, en écho tardif à la déclaration de Luther-qui-aimait-les-plages-et-les-vacances.

"Si je retourne sur Génosha avec les Oryx pour collecter des informations sur ces mutants disparus, je ne crois pas qu’il y ait énormément de temps pour flirter. Mon but est d’empêcher ces disparitions de se reproduire -et j’espèrerais également savoir ce qu’il advient des disparus-, cela n’est certainement pas aussi héroïque que d’empêcher un train de dérailler, mais c’est tout autant indispensable!"

Bien sur, dans la vraie vie des gens normaux, ça n'arrivait pas. ça pouvait arriver à Jeremiah, parcequ'il n'était pas dans une vraie vie, mais dans un jeu. Ou à son héros, conan... Cela pouvait arriver dans les vieilles pièces de théatre , vaudevillesques, à base de claquements de portes, de "ciel mon mari" et autres joyeusetés... Mais jason à ce moment précis n'était pas dans une vrai vie. Sinon pourquoi diable serait-il en train de porter Alixtide, qui , même si il n'y pouvait pas vraiment grand chose, n'avait pas disons toute sa simpathie corporelle... Donc, comme on était dans un vaudeville, Luther arriva pil poil au pire moment bien sur. Exaspéré, Jason se sentit comme un gamin pris en faute, et entendit la tirade de luther en l'accueillant comme il se doit. Secouant la tête, il pretta attention aux paroles du québécois. Bien sur.. toujours la même chose, cet étallage de ces amants, qu'ils soient vrais ou non, pour le blesser un peu.

Mamzelle fouba remis les pendules à l'heure et jason sortit de sa quasi transe.
"et bien alix, je pense que tu vas pouvoir trouver tout seul le chemin vers les ordures les plus proches, après tout."
Il se tourna alors vers sahari "maamme fouba, je serai ravi de venir avec vous et de revoir rainbow et les autres, même si c'est pour des raisons un peu moins simpathiques qu'une visite amicale. Par contre, si ça ne vous ennuie pas, j'aurai aimer discutter avec Miss Koffman. J'ai cru comprendre qu'elle allait à paris, et .. si jamais elle a de la place dans ses bagages, j'aurai aimer lui donner quelque chose a ammener... je... celui dont j'etais amoureux, et à qui j'ai jamais pu le dire, m'avais ammener la bas.. c'etait notre avant dernier voyage avant que.. que... "
reposant alixtide doucement, et se frottant le front "bref, ce serait une sorte de pelerinage..; mais je suis lucide hein, je veux pas profiter de son voyage pour des raisons trop personnelles... et puis j'aimerai vraiment vous accompagner. Alors je vai lui en toucher deux mots, et peut etre qu'elle pourra juste.. je sais pas.. poser un present de ma part à un endroit précis, si elle a le temps."

Regardant alors luther "je sais pas encore ce que ça fait de le dire à quelqu'un qui accepte de l'entendre." il planta alors fermement ses yeux sur lui, esperant capter son regard.
"je t'aime. je suis amoureux de toi. je me sens plus vivant, plus fort avec toi".. "peut etre qu'un jour je trouverai quelqu'un qui sache entendre.."...

Il fit quelques pas, bien décidé à aller prendre des douches et se frotter energiquement, avant qu'il ne soit trop tard. Le regard brillant un tout petit peu trop, il se retourna pour ajouter "amuses toi bien avec tous tes amants, ya pas a dire, au pieu t'es bon, Luther... la je vai me laver, je me sens sale." un coup d'oeil vers alixtide "c'est pas ta faute, alix." puis un regard assassin vers le québécois, avant de partir.

Merde , pas de porte a claquer !
A la place il donna un violent coup de poing dans le mur menant à la terrasse de la piscine
BAM !

Oh putain ce que ça faisait mal...

>>> direction, les douches, puis
foyer

Alixtide ne fut guère surpris que le rêve bleu prenne fin. Il se laissa donc abandonner par Jason, et se frotta les mains tout en observant, l'œil brillant, le drame qui se jouait entre les deux amants. Luther était un sacré frimeur, mais son langage incompréhensible rebutait le Breton. Il vit avec plus de curiosité l'arrivée de Keyhah la marocaine. Il se demandait par quel miracle elle pouvait avoir une telle coiffure.

"Hé Kayey... Keyé... ah purin, Kaillah. Tu connais la persidente de l'ONU ou tu es sa fille par exemple ? Elle vient du Maroc et c'est purin elle qui doit diriger le travail des ambrassadeurs de tous les pays."

Il était sûr de lui faire plaisir, d'avoir ainsi noté la position prestigieuse d'une compatriote de la mutante des sables.

Gargoyle répondit par un signe de la main à Jason.

"Bah y'a pas de quoi !"

Il sourit, trempé mais serein. Il entreprit d'essorer le tee-shirt de Georgia qu'il portait. Alixtide s'adressa à Madame Fouba tout en regardant le sol.

"Oh purin mais pourquoi vous ne voulez purin pas voir le Kelbopétrole ? Il était avec nous sur la bataille contre les robots et les pêtres. Sans lui, vous pourrez être sûr que la gamine Kitty aurait eu de graves crécelles."

Un regard en coin pour l'africaine. L'argument de la pauvresse Kitty devrait au moins la convaincre.

"Et Crachel aussi. Elles seraient mortes hein. Il est énorme, très costaud, d'une couleur belge. Il nous a sauvé. Je vous jure que c'est un héros et que purin il connaît du monde. Mais voilà moi, j'ai rencontré tous les gens purin importants de Ganosha. J'ai failli qu'on voit mourir le professeur Jacob, si on ne l'avait pas sauvé. Voilà ce que je vais faire pour vous aider Madame."

Il prit un air absorbé.

"Comme Gason, je vais partir à Paris avec Madame Folkman. Vous savez, Madame Folkman ? Elle est gentille... On fera notre enquête voir Paul Vanpol et le professeur. C'est un peu comme mon réseau, vous voyez ? Oui, moi, Madame Folkman et Gason on ira donc demander s'ils savent où sont les disparus, purin. On connait bien les gens de la MST, Gason, Madame Folkman et moi."

Et il ajouta, le sourire aux lèvres, les yeux fiévreux fixés quelque part entre les épaules de Sahari.

"Et vous irez voir Kelbopétrole, Gitara, Amanda et Dodjo et Cindy et John et Camille du MST. Vous leur parlerez de moi, de Kaillah et de Charisse pour qu'ils s'en souviennent. Et ensuite vous leur poserez les autres questions sur pourquoi les trains de disparus."

Content du devoir accompli et de la beauté de cette journée, Alixtide tira un grand sourire à son ex-référente des temps jadis. Nul doute qu'elle allait s'en mordre les doigts de ne pas l'avoir avec elle... Mais tant pis pour elle ! Le Sire Pitre avait un réseau de personnalités à entretenir. Il prit son communicateur, dans l'idée de contacter aussitôt la référente des Lex.

Un échange de bonnes adresses. Façon club échangiste ? Ou bien plutôt, un groupe de filles et de mecs intéressés qui discutaient des meilleurs endroits où aller refaire sa garde robe, et manger à moindre frais. C'était cette impression là qu'avait Luther. Jusqu'à ce que, bien sûr, Jason s'emporte. Pas de la façon dont il l'avait espéré ceci dit : une crise de romantisme en pleine face qui ne manqua pas de laisser un arrière-goût d'Alixtide dans sa gorge. Le genre de truc répugnant à gerber quoi.

Sur le coup, le Québécois resta interdit puis, une fois Jason partit, se contenta d'apporter cette indispensable précision à Sahari.

"Mais ils valent ptet pas autant le coup que les autres, ces thorieux : ils voient pas plus loin que le bout de leur.... hum... nez."

Après tout, il n'avait pas autant d'informations que ça, et pour le coup, les autres semblaient mieux s'y connaître. D'autant que Sahari parlait d'une mission autrement plus intéressante que simplement cruiser des gens sans pouvoir se les faire.

"Ah ouin des attentats là. Ca doit être ben plus héroïque que juste Génosha. Et ça tombe bien ! Je veux être un héros moi !"

Tâcha-t-il de dire avec autant de motivation que possible, mais le ton avait du mal à ne pas paraître un peu forcé. D'autant qu'ostensiblement, il ne pouvait s'empêcher de tourner la tête en direction du foyer.

Ah, une nouvelle intervention! Et au moins, ça n'allait pas faire empirer la situation. Charis fut soulagée d'apercevoir Keyah, même si étrangement elle sentait sans doute à tort qu'elle ne mettait pas vraiment la jeune fille à l'aise. Sans trop savoir pourquoi d'ailleurs. Une simple impression, sans doute. En tous les cas, elle avait des réponses plus concrètes à donner à Sahari. Il n'empêche... Charis aurait quand même pu faire un effort et essayer de se montrer plus sociable sur Génosha. Mais bon. Elle n'en avait pas eu le courage. Abaigh avait été sur le moment son seul rapport humain et bien plus encore. Peut-être qu'un jour elle aura l'occasion d'y retourner et d'y faire de réelles connaissances. Du moins elle l'espérait.

En tous les cas, il y avait plus pressant sur Génosha. Des problèmes, des disparitions. Pour cette seconde situation, Charis parut perplexe. A quoi bon faire disparaître des mutants dans l'état même qui venait de s'affirmer pour eux? C'était risqué. Et peut faisable pour des humains. En tous les cas, elle ne savait pas vraiment comment s'y prendre pour contacter les quelques personnes qu'elle avait croisé.

"Pour Dimitri, Mademoiselle Deneos devrait avoir un moyen de l'atteindre il me semble. Vu qu'ils se connaissaient déjà avant... John, je doute de pouvoir le contacter d'aucune manière. Sans compter qu'il n'est plus sur place."

A Paris, d'après les dires de Mademoiselle Deneos, et aussi d'après l'Eastern News.

"Cindy... Je devrais pouvoir trouver."

En fait, si ça se trouvait, Juliette avait ses coordonnées, vu qu'elles avaient beaucoup parlé ensemble. Une doctorante d'après ce qu'elle avait compris. Pour le reste... Ah la la... En entendant Sahari parler de réunir les Oryx, Charis eut un petit pincement au coeur. Les X-plorers, c'était terminé. Certains avaient toujours leur équipe. On avait beau dire, quelque part, c'était quand même une famille dans une famille. Il était hors de question qu'elle prenne des distance avec Rachel, Wind, Yriah ou Jonas sous prétexte qu'ils ne travailleront plus ensemble hors des murs de l'Institut.

"Dîtes... Je sais que vous prendrez toutes les précautions, mais... Si des gens s'attaquent aux mutants sur Génosha même, c'est qu'ils doivent être bien préparé, alors... Ben soyez prudents, hein."

Charis se sentait un peu gênée de dire des choses aussi évidentes, mais il n'empêche que ça la gênait quand même de se dire que certains retournaient sur Génosha pour un nouveau problème. Tant d'élèves de l'Institut y étaient déjà morts! Embarrassée, elle détourna les yeux et ne les releva que pour revenir fixer Jason. Quelque part, les problèmes de couples lui paraissait subitement futiles. Dire qu'elle ne savait même pas comment faire évoluer le sien correctement... Et ce n'était rien, juste une prise de tête de jeunes, alors qu'il y avait des choses bien plus importantes. Ce qui ne l'empêcha pas de sursauté quand Jason frappa le mur. ça devait faire quand même sacrément mal, et pas qu'à la main. Même les paroles d'Alixtide lui passèrent honteusement au dessus de la tête alors qu'elle fixait quelque peu incrédule, le départ de Jason. C'était trop. Charis était obligée de l'ouvrir à présent. Surtout en constatant que Luther lorgnait en direction du foyer.

"Vous... Devriez vous expliquer tous les deux... Plus tard. Et je ne parles pas des contact sur Génosha."

Ouais, c'était plus fort qu'elle. Le pire, c'était qu'elle en avait conscience. Et qu'en plus, elle était très mal placée pour donner des conseils, surtout à Luther.

"Heu... Désolée."

Ouais voilà, c'était mieux. D'ailleurs, tant qu'à faire, autant changer de sujet.

"Mademoiselle Fouba? Vous pensez pouvoir retrouver les personnes disparues encore en vie? Ou il y a déjà des doutes sur leur état de santé? Une revendication? Quelque chose qui puisse vous donner un début de piste? Ou vous allez sur Génosha de base pour en savoir plus?"

D'accord, ça faisait beaucoup de question. Mais au moins, ça permettait à Charis de faire oublier son intervention envers Luther et Jason. Et en plus, elle voulait vraiment avoir quelques réponses. Déjà que la Sentinelle n'arrêtait pas de jeter tous les malheurs du monde humain sur les mutants, si en plus les mutants disparaissaient, ça allait tout compliquer.

La mention de "coordonnées" avait déjà titillé Keyah quelques minutes auparavant. Puis elle était passée à autre chose, montrant une suite dans les idées digne du poisson rouge, et lorsque le sujet revint sur le tapis, et bien ça ne manqua pas : elle était encore plus titillée, voir embêtée.

Parce que Madame Fouba avait raison : il fallait pouvoir contacter les Genoshéens. Et arriver la fleur au fusil en demandant à tout le monde qui enlevait des mutants, c'était aussi stupide que dangereux. Un air penaud se peignit sur ses traits.

- Je ne sais pas comment leur parler...

Elle ne les avait connus qu'une journée - une journée marquante, certes - et n'avait pas pensé à marquer les coordonnées dans l'agenda qu'elle n'avait pas avec le stylo qu'elle ne possédait pas. Quoiqu'en fait, elle connaissait pertinemment la situation de ses camarades au moment de leur arrivée sur l'île : Adama était sans domicile fixe, Itara était sans domicile fixe, et Doujko était sans domicile fixe.

Les incompréhensibles paroles d'Alixtide ne la rassurèrent en rien. Elle ne savait pas si elles étaient vaguement racistes ou franchement stupides. Dans un souci de cordialité au sein de l'Institut, elle pencha pour la solution numéro deux. Entre Charis la terrifiante, le Breton et Jason qui faisait une crise, Keyah se sentait au mauvais endroit au mauvais moment. Il n'y avait bien que Luther qui était normal, même s'il utilisa encore un ou deux mots qu'elle ne comprit pas.

Et puis il y'avait Sahari, sa seule bouée de sauvetage rationnelle en cet instant. C'est cette situation quelque peu difficile qui la poussa à prendre son courage à deux mains.

- ...mais je veux bien vous accompagner là-bas, si vous acceptez.

Ces disparitions la touchaient étrangement. C'était à cause d'enlèvements qu'elle était arrivée à l'Institut, indirectement. Peut-être était-ce un signe ? Peut-être que les grands moments de son existence s'articuleraient autour d'enlèvements ? Tant que ce n'était pas elle qui se faisait enlever...

"Alixtide, le Maroc et le Mali ne sont pas le même pays… ce serait comme dire que tu es Anglais!" répondit Sahari pour Keyah, légèrement vexée, avant de s’adresser à Charis.

"Cassandre a déjà contacté Dimitri et il ne semble malheureusement pas disposer de plus de renseignements que nous n’en avons déjà."

Sahari ne put ensuite répondre qu’un faible "D’a… D’accord" à Jason qui lui expliquait qu’il devait parler à Esther, avant de se retourner vers Luther et de leur faire à tous une véritable scène de ménage. Stupéfaite, Sahari ne dit rien de plus, estomaquée par la tournure des événements dans ce couple. Sursautant au coup contre le mur, la professeur ouvrit la bouche, mais ne trouva rien à dire. Ce fut la réponse de Luther, que la professeure ne fut pas certaine de comprendre, qui lui ramena la parole, comme par magie.

"Eh bien… Intéressant…"

Puis Alixtide renchérit, comme si il n’avait pas remarqué la chicane entre les amants.

"Il me fera plaisir de parler à Kelbopétrol et tous vos autres amis, Alixtide… Ce sera très certainement enrichissant!"

Jetant également un coup d’œil en direction du foyer, Sahari répondit à Luther en souriant, amusée.

"Vadim recherche certainement un véritable héros tel que vous, et je ne voudrais pas vous retenir pour sauver le monde ou quoi que ce soit d’autre…"

Comme réparer des pots cassés, songea-t-elle en s’efforçant de ne pas le laisser transparaître, mais Charis avait certainement raison. Et ses inquiétudes étaient raisonnables, mais ses interrogations sans réponse.

"Nous tâcherons d’être prudents, et nous ne connaissons malheureusement pas l’état de santé des disparus. Tout au plus, il n’y a pas eu de revendications et je compte en apprendre largement plus sur Génosha."

Elle lança un clin d’œil à Keyah, qui se montrait volontaire pour la mission, puis se frappa les mains.

"Mais pour l’instant, il faudrait nettoyer la piscine! Rien ne nous empêche de discuter en même temps…"