[KonyX 6.10] Ici, c'est un drôle de désert...

… Et j'entends juste mon coeur qui bat.

Tom-tom. Le contact froid du fer forgé.
Tom-tom. Une main erratique remontant et frôlant les épines d'un buisson sauvage.
Tom-tom. Une main blessée se rétractant.

Un corps qui chancèle, une perte d'équilibre puis un rattrapage approximatif.
Deux convulsions et des larmes.
Des jambes qui fléchissent et une forme terrorisée, prostrée, incapable de bouger au pied des grilles entre deux buissons de ronces.

Viconia était dissoute.
Elle avait perdu toute notion de temps ou d'espace. Elle n'était plus certaine de l'endroit où elle se trouvait, ne reconnaissait pas les voix qui la contournaient et n'avait même plus l'envie d'explorer.

Elle avait l'impression de se réveiller toutes les heures après un cauchemar traumatisant, reprenant son souffle et faisant le bilan.
Le bilan était rapide. Aveugle, muette, perdue.
Elle tâtait alors à chaque fois son environnement afin d'essayer de retrouver une correspondance avec sa mémoire.
Elle avait été si désinvolte, cette ancienne finnoise dont elle n'était plus certaine de se souvenir. Elle n'avait jamais cherché à cartographier les lieux, faire du repérage.
A présent, elle était perdue, isolée, et amputée.

La forme rousse resserra ses bras contre ses genoux. Elle n'était pas coiffée, était habillée de différents vêtements dépareillés qui n'étaient pas tous à elle, et son visage ne semblait pas propre.
Elle s'était de nouveau perdue. Elle n'avait plus qu'à se rendormir, elle se réveillerait peut-être dans un nouvel endroit, plus près d'un lit.

"Viconia ?"

La jeune fille était presque complétement repliée sur elle-même, mais le geek n'avait pas besoin de voir son visage, caché derrière les longues mèches rousses, pour percevoir sa détresse. La souffrance d'autrui lui avait toujours fait un peu peur, il ne savait pas comment il était censé la gérer, mais la voir se cogner comme un oisillon aux parois de sa cage était encore plus douloureux. Arrêté à quelques pas d'elle, son ordinateur sous le bras, Jeremiah se mordit la lèvre, hésitant. Il n'était pas sorti pour jouer au prince charmant venu secourir les demoiselles en détresse... Se poser sur le perron, à l'ombre rassurante des murs de l'Institut, lui aurait amplement suffi, mais il était dit que l'extérieur était décidément trop dangereux pour lui, et il s'était finalement relevé en l'apercevant au loin, après maintes hésitations intérieures.

Une enjambée, puis deux, l'amenèrent à la verticale de la finlandaise dont il considéra un instant le haut du crâne. Elle était comme ça depuis son retour de Grèce, mais il n'avait pas été réclamer de détails pour une fois. Sans doute la crainte de confirmer ce qu'il savait déjà : tout le monde ne revenait pas entier de mission, on pouvait même y perdre ce qu'on avait de plus cher. Avalant sa salive, le jeune homme s'agenouilla avec maladresse à côté de l'illusionniste perdue. Il ne savait pas quoi lui dire. Il n'était pas sûr qu'on puisse faire grand chose contre une souffrance que même lui, l'associable de service, était capable de percevoir. Jetant un retard incertain aux alentours, comme si quelqu'un allait tomber du ciel pour l'aider, il finit enfin par se décider et avança une main timide vers l'épaule de Viconia. Un premier geste qui lui coutait, mais moins difficile que de trouver quelques mots de circonstance.

"Est-ce que... Est-ce que tu veux que je t'aide à trouver quelque chose ?"

La panique commençait à le gagner, et il se remordit violemment la lèvre, essayant de préciser sa pensée confuse.

"Enfin... A aller quelque part... Ou heu... Enfin voilà..."

Un taxi déposa devant les grilles de l'Institut une jeune femme aux cheveux noirs, habillée d'un tailleur noir. Elle avait au bras sa veste rouge en cuir synthétique et une mallette noire.

Elle retira ses lunettes de soleil, ce qui révéla un visage aux traits asiatiques et un regard profond. S'approchant du seuil, elle fut interrompue par la voix électronique de Cerebra.

"Signature mutante confirmée, bienvenue à l'Institut Xavier."

La jeune femme entra sans se presser, observant alentours avec calme et résolution. Elle aperçut deux jeunes gens près de la grille de l'entrée, entre deux buissons de ronces. Elle resta immobile, pensive. Elle interpela les deux mutants d'une voix douce au très fort accent slave.

"Bonjour. Je m'appelle Assya, je suis une amie de l'Institut. Des KozaX en particulier."

Elle pencha un peu la tête et se mit en marche vers les deux mutants. Elle cligna des yeux, les sondant du regard, curieuse.

"Je peux les voir ? J'ai une information de l'importance supérieure. A moins que vous soyez leurs amis, les NeXus, amis de Sibylle ?"

Il l’évitait, il n’y avait pas d’autres mots. A peine quelques temps plus tôt, il avait vécu un moment fabuleux avec elle, avec des moments loufoques et poétiques, dans une expo qui marquerait pendant longtemps le jeune artiste. Et maintenant, depuis le retour de mission, de cette maudite mission, elle était aveugle, et seule… si seule… Il ne pouvait pas supporter ça. Mais il ne savait pas quoi faire pour soulager ses souffrances, et surtout, il avait peur de ce que provoquerait sa présence auprès de la finnoise. Il se sentait presque coupable de ne pas avoir perdu la vue, donc son outil de travail, en tant qu’étudiant en art. Il fallait faire quelque chose, mais il n’avait pas la moindre idée de quoi… D’un autre côté, comment allait-elle interpréter le fait qu’il ne lui parlait soudainement plus ? Il ne supportait pas l’idée qu’elle pense qu’il considérait son cas comme négligeable.

Soupir…

Bon ! Il se décida à aller la rencontrer, ou qu’elle soit. Après avoir parcouru pas mal de coins de l’institut, c’est finalement dans l’allée principale, menant à la grille, qu'il la trouva, blottie près d’un buisson, et , fait totalement incongru, avec Miah lui parlant gentiment. Il se mordit les lèvres, puis s’avança. Il parla normalement, pour ne pas lui faire croire qu’il la pensait inférieure, mais il y mit toute sa gentillesse, celle la même qui énervait Miah habituellement. Il fit un signe de tête à son camarade et amis, et se pencha à son tour.
« vic ? c’est Jason…. Je… ecoutes, je… on va trouver une solution ok ? t’es pas seule ici. T’es en famille. On trouvera une solution et on se referra plein d’expositions. Tu te rapelles la dernière ? Je compte sur toi pour balancer un manteau très chix à la gueule du portier, comme je te l’ai montré dacodac ? » ses yeux humides regardaient le geek de façon angoissée. Il commençait à peine à connaitre, enfin, la rouquine, et le drâme était arrivé à ce moment la… Il ne pouvait qu’imaginer la perte que ça pouvait représenter. Il lui pris gentiment la main, non pas pour la relever, cherchant toujours à lui faire garder sa dignité, mais pressa tout simplement. Chaleur… Amitié… amour… je suis la, je te laisse pas tomber… respire… revis… tu n’es pas morte, tu n’es pas morte, jolie rouquine… « on est la, Vic. Tu peux compter sur nous, on va pas te laisser comme ça, c’est promis, tu vas retrouver la vue… »

C’était tellement éprouvant ! Sur ces entrefaits, une jeune femme, plutôt classe, arriva, typée asiatique. Jason resta accroupis, ne lachant pas la main de vic, mais la salua. « bonjour, Je m’appelle Jason, et voici viconia et Jeremiah. Je vai prévenir un prof de votre venue, miss. » Il activa alors son communicateur, pour prévenir Sybille.

« miss ? On a une invitée ici, qui détient visiblement des éléments de la plus haute importance, pour les kozax et les nexus. Je vous l’envoie ou vous préférez venir l’accueillir ? ». Il ne voulait pas lâcher vic, pas après lui avoir dit tout ça…

Un prénom aux accents connus résonna dans l'air tiède, il fit frissonner la finnoise. Elle devait y répondre, c'était ce qui la désignait...
Avec un goût doux-amer dans la bouche, elle se fit la remarque que l'audition était bien le dernier des sens qu'elle aurait aimé garder.
Se rétractant encore plus, comme pour se dissimuler dans les buissons, la jeune fille se replia en attendant que la menace passe.

Le seul problème fut que la « menace » toute geekienne, vient apposer sa gente paluche sur son épaule.
Inutile de décrire en long et en travers le bond de surprise que l'écureuil apeuré qu'était à présent Viconia fit. Une main glacée serra son cœur et l'écrasa sans ménagement. Ses yeux, sans reflets et erratiques, se levèrent pour aller vaguement frapper la zone dans laquelle se trouvait Jeremiah.

Il lui fallut quelques secondes pour s'imprégner de ses paroles pleines de gentillesse. Nouvelle pensée douce-amère : pleines de pitié. Son cerveau en mode rouge lui nota qu'il se fichait complètement de ce détail. Pendant ce temps, une autre partie d'elle-même se demanda si elle souhaitais trouver un lieu pour ce corps inutile.
Viconia n'était en effet plus que ça : une base de données rousse traversée par un tas de notes internes provenant de bureaux éparses qui, depuis qu'ils étaient au chômage, ne savaient plus trop quoi faire de leur temps libre.

Ses yeux vides se fixèrent au niveau des genoux de Jeremiah tandis qu'elle cherchait comment lui exprimer le lieu où le bureau 3 avait décidé qu'il serait plus salvateur de se diriger.
Nouvelle note, pas de moyens de communication oraux.
Viconia ne savait simplement plus comment parler.

Là dessus, une voix connue qui traînait avec elle un bon nombre de souvenirs chaleureux mais perimés fit son apparition dans le quart nord-ouest.
Elle écouta distraitement, entendant au loin Cérébra faire ses salutations.
A vrai dire, plus que distraitement, la finnoise essayait obstinément de filtrer le flot de pitié désolée qui envahissait à présent le milieu de son crâne vide.
Une nouvelle expo, on va y arriver....

Il y avait erreur. IL allait y arriver.
ELLE n'était plus artiste, elle n'était plus RIEN.
Un ramassis de substance grise inutilisée et inutilisable qui traînait sa carcasse à moitié putréfiée. Elle ne savait même pas si elle était toujours mutante. Le Grec (elle frissonna) lui avait surement ponctionné ça aussi.

Certains de ses capteurs extérieurs lui signalèrent que sa main droite n'était plus sienne.
Bon, maigre menace, elle était gauchère.
Un rire mesquin raisonna dans son crâne. A quoi servaient des mains, de toute manière, si on ne pouvait rien en faire.
La main inerte dans la main de Jason ne réagit pas. Elle ne lui envoya pas de regard d'appréciation ou de compréhention.
Son visage affichait simplement un rictus tordu de cynisme et de désespoir profond.

Elle se trouvait bloquée dans cette cage noire ébène de dégout lorsqu'une voix inconnue résonna à proximité.
Nouvelle tactique de survie.
Viconia n'imprima même pas ce que la jeune fille affirma, elle se verrouilla d'abord à quelque chose de solide dans son environnement : les genoux de Jeremiah.
Une fois arrimée, elle essaya tant bien que mal de considérer l'auto-présentation de la menace.

Comme soudain pris de convulsions, son visage bascula métronomiquement de bas en haut, ses yeux fixés sur le sol au-delà des jambes de sa bouée de sauvetage.

Le jeune homme avala sa salive : les yeux clairs de la finlandaise venaient de croiser les siens sans les voir, passant à travers lui comme s'il n'avait été que fumée. La rousse avait tressailli à son contact, et vivement, Jeremiah retira sa main. Il n'avait jamais été pro-familiarité rapprochée, et si ça devait mettre Viconia dans cet état, il n'allait surement pas lui imposer ! Accroupi à ses côtés, il se rendit compte, devant l'absence de réaction autre que l'affolement palpable de la jeune fille qu'il avait oublié un léger détail de communication. Ah ah. Dire que d'habitude, son seul problème à ce niveau, c'était de ne pas être capable de s'exprimer correctement avec les autres... La NeXus avait des soucis autrement plus grave que ses bégaiements.

Une voix, pourtant bien connue, le fit sursauter et vivement relever la tête, peut-être par mimétisme, ou tout simplement parce qu'il maitrisait à fond la position du petit rongeur effarouché. Celui-là, il tombait à pic ! Autant Miah se moquait souvent de sa gentille exacerbée, autant il ne pouvait qu'en reconnaître les bienfaits dans une telle situation, comparée à sa propre maladresse chronique. Les deux garçons échangèrent un regard angoissé et le geek dut se rendre à l'évidence : il avait pris l'habitude de se reposer sur Jason, mais celui-ci semblait aussi démuni que lui. Un instant, le geek hésita : est-ce qu'il devait filer à l'anglaise ? Deux personnes, c'était peut-être trop pour la jeune fille blessée... Pour lui, ça aurait été beaucoup trop déjà. Et quand bien même l'irlandais sembla très mal aussi, il avait plus de facilité à trouver ses mots.

Preuve en fut faite alors que l'inconnue débarquait. Alors que le jeune homme en était encore à la dévisager avec effarement, marmonnant à peine un vague bonjour, l'OryX prit les choses en main et accueillit comme il se doit la mutante, alertant au passage leur professeur. La fuite fut cependant compromise par Vic' qui s'était soudainement réveillée pour... s'ancrer à ses genoux. Ça lui rappelait vaguement quelque chose ça. Affolé, le geek releva les yeux vers les deux personnes qui le surplombaient, dont celle qui ne devait pas y comprendre grand chose. Reposant sa main libre sur l'épaule de la rouquine, aussi bien pour lui apporter le peu de réconfort qu'il pouvait que pour garder son équilibre, il avala sa salive avant de lâcher quelques mots à l'attention de Assya :

"Heu... Viconia est NeXus, mais ça va pas trop fort en ce moment."

Quel doux euphémisme. Mais comme Jason, il préférait croire que son état était passager, qu'ils allaient trouver un moyen de la soigner. Hésitant sur la conduite à tenir, parfaitement démuni dans une telle situation, le garçon se pencha finalement vers l'oreille de la finlandaise buguée :

"Ça va aller tu sais... Lui chuchota-t-il. Il a raison le bisounours, on va trouver comment te guérir. Et en attendant, on est là pour t'aider. Ptet que... Non. Rien."

Il s'interrompit, pas sûr que ce qu'il était sur le point de dire soit une bonne idée. Il avait failli lui proposer d'essayer de lui transmettre ce qu'il voyait, histoire d'avoir un peu de lumière au milieu de ses ténèbres à présent quotidiennes, mais il ne savait pas s'il y arriverait. C'était une attaque mentale qui lui avait fait perdre une partie de ses sens, et il hésitait à tenter sa chance. Ou à lui faire des promesses qu'il ne pourrait pas tenir.

Cassandre arpentait déjà l'allée menant aux grilles, de son pas lent et mesuré, lorsque son communicateur l'informa de l'arrivée de la mutante. La non-voyante s'était préparée à cette éventualité. A mesure que les heures passaient, la situation se corsait imperceptiblement pour les NeXus, les KozaX et les OryX. L'écheveau complexe des fils temporels s'emmêlait, se rejoignait, créant des conséquences lointaines et pourtant si proches d'eux, surtout en cet instant. Leur mystérieux adversaire avançait ses pions à l'autre bout du globe. La partie d'échecs commençait. La dame noire et le cavalier blanc étaient en place. La dame blanche devait se positionner stratégiquement.

Elle sentait distinctement les empreintes des élèves près de la grille. Cassandre serra les dents. Elle se sentait particulièrement touchée par le sort de Viconia, mais avait préféré rester à l'écart pour ne pas accabler plus la jeune fille. Se sentir aussi handicapée qu'une aveugle naturelle n'était pas forcément bon pour le moral. Elle devait bien avouer que les choix tactiques de Robin l'avaient déçue, en la matière. Elle avait insisté pour que Sonic veille à la protection du groupe lors du briefing, et rappelé que tout le monde devait rentrer sain et sauf de cette enquête. Il avait choisi de se séparer du groupe, et avait terminé son voyage à des lieues d'Athènes. Lorsqu'elle s'en était aperçue, c'était l'unique raison pour laquelle elle avait abandonné ce qu'elle faisait et s'était précipitée à l'agence d'intérim.

La bonne nouvelle, c'était qu'elle pensait que l'esprit traumatisé de Viconia devait avoir suffisamment récupéré de l'attaque psychique, du moins physiologiquement, pour être sondé à nouveau afin de restaurer ses sens. Ne restait plus qu'à trouver comment.

Elle s'approcha du groupe et remercia Jason de l'avoir prévenue, comme si elle n'avait pas attendu la dénommée Assya. La partie commençait.

"Bonjour, mademoiselle. Je suis Gulliver, professeur des KozaX de l'Institut Xavier." dit-elle alors avec un ton bien plus affecté qu'à l'accoutumée, à la surprise générale. Elle laissa s'écouler quelques secondes pour voir la réaction de son interlocutrice, l'expression aussi sibylline que d'habitude.

"D'après les élèves, vous auriez des informations à nous communiquer. Pourquoi ne pas nous installer au salon, c'est l'endroit idéal pour ce genre de discussion, n'est-ce pas les enfants ?" ajouta la non-voyante, en insistant bien sur le mot "idéal". Se faisant violence, elle arbora un sourire factice, qui n'avait rien à voir avec le sourire timoré que les élèves avaient pu apercevoir quelque fois sur son visage pâle. Tous les résidents le savaient, l'Institut comptait bien un lieu idéal pour ce genre de réunion, et il ne s'agissait pas du salon.

"Les garçons, vous pourriez guider Viconia jusqu'au salon ? Nous allons nous occuper de sa cheville foulée." demanda-t-elle, cédant le passage à Assya pour l'escorter de près, de très près même. Le comportement de la psychologue était décidément bien étrange...

Salon

James s'était levé tôt afin de se préparer pour une nouvelle journée de cours à Salem Center. Il avait décidé de reprendre un cursus normal au College de la ville; bien décidé à poursuivre son cursus malgré le dépaysement. D'ailleurs, il ne pouvait plus vraiment parler de dépaysement, il commençait à se faire à sa vie à l'Institut, son voisin de chambrée était très aimable, ce qui l'avait rassuré, et il pensait qu'il se fesait peu à peu sa petite place.

D'ailleurs, il se sentait vraiment détendu, il avait abandonné ses lentilles de contact colorées et arborait ouvertement sa différence, aussi minime soit-elle. Quant à ses petites pillules miracles...il était encore trop tôt pour les laisser au placard. Le jeune britannique était rassuré mais il continuait de redouter une crise. Mais à part ce petit souci, tout semblait aller pour le mieux, un peu comme dans un rêve. Aussi était il plutôt de bonne humeur en se dirigeant vers le portail de l'Institut.

Toutefois, son bonheur relatif n'était pas forcément partagé par tout le monde. Un peu plus loin devant lui, il distingua nettement des silhouettes attroupées autour d'une jeune femme qui était apparement mal en point. Les visages lui était pour la plupart familier : il y avait Madame Deneos, l'enseignante qui avait procédé à son inscription, deux jeunes hommes, ses ainés à l'Institut, Jeremiah et Jason si il se souvenait correctement de leurs noms (il s'était fait une petite liste de prénoms pour éviter de commettre des impairs et pour bien s'intégrer), la jeune femme...disons qu'il avait encore du mal avec la gente féminine qui l'intimidait, mais il était sur que c'était aussi une élève, une ainée également. En revanche, il ne connaissait pas la dernière personne, peut-être une nouvelle élève? Ou plutôt un membre du personnel enseignant vu son age?

Mais toutes ses considérations s'effaçaient devant une pensée :
Elle semble avoir besoin d'aide, je vais les aider.

Son naturel serviable revenant au galop, James s'approcha du groupe au petit trot et s'exclama :
"Tout va bien? Je peux vous aider?"

Apparement, Madame Deneos avait la situation en main, et ses ainés avait l'air suffisemment costaud pour transporter la jeune femme, Jason était d'ailleurs particulièrement sportif d'après ce dont il se souvenait, et Jeremiah beaucoup moins, mais il était plus agé que lui. Mais peut-être qu'il pourrait les aider si jamais des connaissances en secourisme étaient utiles.

Assya répondit à Jason en affichant un sourire.

"Jason, Jeremiah, Viconia. Enchantée. Je vous remercie."

Puis elle regarda la jeune fille et Spy, d'un air neutre. Elle commença à répondre au garçon.

"Viconia est NeXus..."

Elle s'apprêta à dire autre chose, mais l'arrivée de Cassandre attira son attention. Elle eut un temps d'arrêt aux propos de la psychologue, restant comme interdite, clignant des yeux. Elle tendit finalement la main vers elle.

"Bonjour... professeur."

Elle afficha un sourire.

"Vadim Vladimirovitch Volkov. En effet mes informations sont de l'importance la plus supérieure. Un endroit le plus protégé serait idéal."

Elle emboita le pas de Cassandre, et c'est alors qu'arriva au grand trot un jeune homme aux yeux étranges. Assya changea sa mallette de main et l'observa droit dans les yeux. Elle répondit directement à James.

"Bonjour, je m'appelle Assya. Oui s'il vous plaît, toute aide supplémentaire est idéale."

Elle suivit ensuite son guide aveugle jusqu'au salon.

salon

Jason fut soulagé de voir arriver Miss Deneos. Il ne savait pas comment gérer l’arrivée de l’inconnue sans délaisser Vic, et maintenant qu’il s’était enfin décidé à lui parler et lui imposer sa présence, il n’allait pas la laisser tomber comme ça. Tout le truc était de savoir si justement il ne s’imposait pas trop… Il était complètement paumé, il ne savait pas quoi faire pour sa camarade, c’était une véritable torture, écartelé qu’il était entre les deux pôles de réactions possibles pour la finnoise : compassion / soutient ou encore respect / neutralité… Il aurait donné n’importe quoi pour être face à face avec l’ordure qui lui avait fait ça, et l’obliger, par n’importe quelle méthode, à inverser la tendance, et tant pis si il redevenait bad boy pour ça… L’ironie douce amère de la situation, c’est qu’il avait devant lui une fille magnifique, artiste jusqu’au bout des ongles, devenue aveugle, et le mutant qui avait un pouvoir de perception visuelle exacerbé. Le nouveau venu ne fit que rajouter à cette ironie, car en le voyant et en additionnant a +b, (b étant des rumeurs de couloirs), Jason en déduisit que lui aussi devait avoir un rapport avec des perceptions exacerbées. C’était comme de voir un gros bonhomme s’engouffrer un triple burger devant un enfant crevant de faim… Du coup son regard se fit soudain beaucoup plus sombre. Il semblait bien que la grande conasse, la haut, ai recommencé à jouer, même si ce n’était plus lui la cible du moment… C'est donc un vague signe de tête qu'il fit à james, ce qui ne lui ressemblait guère.

En revanche, il fut très intrigué par le comportement de Cassandre, et part ses révélations à demi mot. Elle proposait d’aller au salon pour discuter d’un fait de la plus haute importance, et se faisait passer pour Gulliver ? Quelque chose clochait… Il s’exécuta cependant de bonne grâce, et vu que le geek était en meilleure position que lui pour aider Vic, il se contenta de lui apporter son aide si il en avait besoin. Il se dirigea donc vers le salon, mais juste un peu en retrait, histoire de prévenir un autre prof au cas ou… prudence est mère de sureté… Attendant donc que l’inconnue et miss Deneos soient passées devant, il repris son communicateur, cette fois en s’adressant à adam et esther.

« Bonjour. Je vai faire court. Une inconnue s’est pointée et Miss deneos s’est présentée comme Gulliver, avant que de se diriger vers le salon, « salle de prédilection pour discuter des éléments hautement importants ». » Il avait changé de ton sur les derniers mots, pour montrer que tout n’était pas normal. Il ne voulait pas trop en dire sur le communicateur, au cas où, et n’en avait de toutes façons pas le temps. Il laissait juge Adam et Esther, car si miss Deneos avait prévu ça, ils n’y verraient rien d’alarmant, en revanche si miss Deneos n’était plus elle-même, il fallait en avertir les ainés. Ces derniers avaient les moyens de surveiller cette conversation, ou de venir carrément si ils voulaient…
salon

Une étrange impression trottait dans le crane de James, mais il voyait l'occasion de se rendre utile et s'avanca donc doucement près de Jeremiah pour l'aider à guider la jeune femme en pleine tourmente. Celle-ci était aveugle, apparement, aussi déclara t'il avec le plus de tact possible :

"Rassurez-vous, Viconia." en remerciant interieurement l'inconnue de lui avoir rafraichit la méméoire. "Jeremiah et moi, nous allons vous aider. C'est James qui vous parle. Là, on va vous aider à vous déplacer, vers le salon, vous pourrez vous y reposer. On est là, on s'occupe de vous, rassurez-vous." Il répétait continuellement les paroles rassurantes, essayant d'apaiser la jeune femme, tout en lui posant doucement mais fermement la main sur l'épaule. Il voulait donner une impression de sécurité à Viconia, la guidant par des petites impulsions de la main, mais aussi par le son de sa voix.

Salon

Tandis que la nouvelle voix et Jeremiah faisaient connaissance, Viconia se hissa tant bien que mal sur un pied valide et un pied boitillant en remontant progressivement le long du bras du geek.

Ok, elle n'était pas vraiment une pub pour l'aide tactique et interventionnelle que pouvait apporter l'Institut, mais elle était reconnaissante, malgré elle, de la position « en devenir » dans laquelle Jeremiah la plaçait.

En ce moment...
Étant donnée la grotte psychique dans laquelle elle se trouvait actuellement, Viconia ne pouvait plus vraiment imaginer d'avenir. Elle ne pouvait déjà plus voir le temps passer entre deux errances, alors envisager de se replacer dans la vague du temps qui passe, celle où l'on pouvait faire des projets, lui semblait inconcevable.

Même ses derniers sens vaillants commençaient à partir dans tous les sens : elle entendait la voix de Cassandre, et c'était Vadim, pourtant porté plus ou moins disparut, qui se présentait !
La dénommée Assya partit en sa compagnie, et le rapatriement fut sonné pour la petite troupe.
Rapatriement dans un lieu pour le moins incongru.

Ce fut lorsqu'elle affermit sa prise sur Jeremiah et que quelqu'un d'autre lui prit la main en ayant la bonne grâce de se présenter clairement, qu'elle comprit ce qui se passait. Et ce, grâce à Jason qui faisait des rapports détaillés via communicateur.
La finnoise pensa avec un sourire qu'il devait être un trésor au sein d'une équipe. Le genre d'élément rapporteur idéal pour les briefings !
Elle devrait envisager de plaider (via le langage des aveugles-muets), sa cause auprès de Cassandre. Après tout, les Nexus n'étaient plus que deux, et elle avait pu observer que le sous-effectif nuisait gravement aux missions...

Le « James » en question, bien qu'inconnu de Viconia, lui plut tout de suite. Ferme, entretenant un contact, même s'il devait avoir l'impression qu'il était à sens unique, et tactile ce qu'il fallait pour qu'elle sache où se diriger malgré sa patte cassée. Aucune idée de ce à quoi il ressemblait, mais sa voix était plaisante, et son caractère appréciable.

Décidant de travailler sur elle et de ne point faire sa revêche inutilement, la jeune fille ramassa et remballa un instant son égo humilié. Cahin-caha, elle suivit le mouvement à son rythme.
En chemin, serrant la main de James en squizzs reconnaissants, elle demanda via son autre main, à Jeremiah, ce qu'il avait voulu dire un peu plus tôt.
En gros, elle tournait son regard verdâtre voilé vers lui et traçait avec un air interrogatif un point d'interrogation dans les airs. De temps en temps, elle cessait son manège pour s'appuyer de nouveau su Jeremiah.

→ Salon

L'accueil de la nouvelle arrivante se compliquait singulièrement. La psychologue était arrivée peu après l'appel de Jason, jusqu'ici, rien que du très normal, mais son discours étrange interpella suffisamment le geek pour qu'il détourne un instant le visage de la rouquine, observant les traits de Sybille. On ne pouvait même pas qualifier ses paroles de décousues, elles étaient juste... étranges. Comme si elle était en train de jouer à un jeu dont il ne pouvait pas comprendre les règles, et plein d'incompréhension, le garçon observa Jason, puis James qui venait d'arriver.

Comme tout le petit groupe se déplaçait vers le salon, endroit "idéal" pour ce genre de discussion, Jeremiah adressa un pâle sourire à la finlandaise qu'elle ne put évidemment pas voir, avant de l'aider à se redresser. Peut-être qu'elle savait à quoi jouer sa professeur référente, elle était la mieux placé après tout. James s'était placé de l'autre côté, en bon auxiliaire pour handicapé impromptu, et le geek s'efforça de calquer son attitude sur la sienne. Un peu en arrière, Jason passait plusieurs appels par communicateur et le mutant lui fit un petit signe de tête. Cette histoire avait en effet l'air étrange. Et intrigante, mais il ne voulait pas aller trop vite et risquait de faire trébucher la rouquine, ou de faire tomber le pc qu'il tenait toujours sous son bras en équilibre précaire. D'autant plus que ça ne le dérangeait pas d'être resté un peu en arrière des deux femmes, le regard curieux d'Assya le mettant mal à l'aise.

[ Salon]