Drôle de nom pour une pièce

C'était la remarque que se fit Yanis en entrant dans le foyer de l'Institut. Pour une fois, il était vide, ce qui était chose rare. En passant devant, il avait toujours vu ou entendu des élèves, qui semblaient particulièrement affectionner la pièce, ou peut-être plutôt ses équipements. Tout était fait pour qu'on y soit confortablement installé, le souci du détail avait frappé le jeune homme. Et si la main des adultes était indubitablement derrière l'aménagement de la salle, la fresque aux murs avait quant à elle une empreinte juvénile.

Mais ce n'était ni l'esprit teenage, ni même la fresque qui avait attirée Yanis en ces lieux. La raison de sa présence ici battait aux fenêtres : il pleuvait encore des cordes. Le climat américain était bien différent de ce qu'il avait pu avoir à la télévision. C'était souvent les palmiers et le soleil rayonnant qui étaient diffusés, côté ouest oblige. Dans le cas contraire, c'était les ouragans de Floride qui faisaient la une des infos. Personne ne parlait des pluies diluviennes de la région new-yorkaise, mais il s'était laissé dire que l'hiver réservait également des blizzards qu'il n'aurait jamais imaginés sous le soleil écrasant de son Algérie natale.
C'était dommage, il aurait apprécié pouvoir tester le terrain de sport de l'Institut, faire quelques tours de piste en roller pour se dérouiller un peu, mais là il risquait de rouiller encore plus. Sa douche de l'autre jour avec Viconia lui avait suffi.

Toujours en jean, T-shirt et tongs, bien que ses vêtements soient différents de ceux de son arrivée, l'Algérien promena son regard sur la fresque. Paix et amour sur terre. Cela partait sûrement d'une bonne intention, mais le message était assez peu réaliste. Il avait pu juger ces derniers jours que la tolérance et le respect n'allait déjà pas de soi parmi ses semblables, notamment avec les brimades de Nathan et Gilles, alors espérer que les non-mutants les acceptent pour ce qu'ils étaient... Ils feraient mieux de balayer devant leur propre porte.

Yanis alla s'installer devant l'un des ordinateurs, qu'il alluma, fixant l'écran d'initialisation avec la même attention que s'il avait affiché un message important. Avec l'ordinateur, la seule mauvaise surprise qu'il pouvait avoir était un éventuel dysfonctionnement. Le reste était immuable, connu. Pas de subtilité, de message caché, d'interprétation. Une fois la machine en marche, il se connecta à Internet pour chercher des informations sur Ian Murray et l'affaire à laquelle il était mêlée. Carrie avait laissé entendre qu'elle se replongerait dans ses dossiers, il avait donc décidé de faire quelques recherches de son côté, d'autant que Gilles s'était farouchement opposé à leur implication dans l'affaire.

Commencer par le commencement. Le nano-mutant tenta dans un premier lieu d'obtenir une biographie de Murray, ou un quelconque historique sur lui afin de mieux connaître l'homme qui avait imploré leur aide. Etudes, compétences professionnelles, faits marquants... Il devait bien y avoir des informations sur lui, vu la notoriété du tueur en série présumé. Yanis entama donc ses recherches sur le web français. Pour une fois, sa connaissance de la langue devrait lui être utile.

Chambre

Keyah avait espéré un instant que le fait de descendre les escaliers pourrait faire cesser ce temps horrible, mais les dieux de la pluie semblaient prendre un malin plaisir à la confiner. La vue des cordes qui tombaient la fit frissonner, et elle se rabattit alors vers le foyer, dont le nom évoquait le feu et la chaleur, tant d'éléments qui manquaient à l'environnement proche en ce moment précis. Avant d'entrer, elle rattacha son bandeau qu'elle sentait en train de partir. Elle n'avait pas pris la peine de se coiffer le matin même, et craignait qu'on puisse voir à quoi ressemblait sa coupe désordonnée.

La pièce était déserte, à l'exception de Yanis assis devant un écran d'ordinateur, et qu'elle salua machinalement. Elle ne se souvenait pas l'avoir croisé dans la journée.

- Bonjour, Yanis.

Le fait qu'ils soient les deux seuls élèves Africains aurait pu les rapprocher, mais Keyah commençait seulement à surmonter sa défiance maladive, et le garçon n'avait rien non plus d'expansif. Peut-être ce relatif isolement était-il une bonne occasion - à moins qu'il ne soit occupé à quelque tâche importante, auquel cas tout ce que ferait la jeune fille s'apparenterait à une gêne.

Elle s'approcha toutefois, curieuse de le voir utiliser un tel outil. Elle en avait vu quelques specimens antédiluviens lors de son enfance et de son adolescence, remis en fonction par des bricoleurs acharnés, mais ne s'en était jamais elle-même servi. Or certains jeunes y étaient très attachés, et il y'avait sans doute une bonne raison à cela.

Elle s'arrêta au-dessus de son épaule, s'entraînant à déchiffrer les signes qui apparaissaient à l'écran.

- "Mé...mé-tier". C'est du français. Tu parles français ?

Keyah savait très bien qu'une partie de l'Afrique parlait français, souvenir d'une ancienne colonisation. Mais elle était incapable de dire quelle partie, mais visiblement, l'Algérie y appartenait tout comme le Mali. Du coup, elle poursuivit la conversation dans la langue de Molière, qu'elle n'avait pas parlé depuis son arrivée à Genosha. La sensation était agréable.

- Est-ce que tu pourrais m'expliquer comment ça...

Elle désigna l'écran.

- ...fonctionne ? Je me sens bête d'être la seule ici à pas comprendre.

Saut temporel

Le foyer… Voilà une pièce où le franco-suédois ne mettait généralement les pieds que lorsqu’il était certain d’être seul. Non pas qu’il n’appréciait guère se faire une petite partie de billard, ou jouer avec l’un ou l’autre au baby-foot, ni même qu’il n’appréciait pas la déco, même si la fresque le mettait un peu mal à l’aise, mais ces derniers temps, il s’y rendait presque exclusivement pour faire ses recherches sur le monde mutant, et plus particulièrement sur l’avancée de l’Inter-MHT sur Génosha. Et pour ces recherches, Lucas aimait tout simplement ne pas être entouré de joyeux lurons turbulents et joueurs, qu’il aurait volontiers accompagnés dans d’autres moments.

Mais aujourd’hui, en passant fortuitement à côté de ladite pièce, il entendit parler un dialecte qui se faisait plutôt rare, dans ce pays, et qui lui rappela une certaine époque de sa vie, la fin de son enfance, le début de son adolescence… la France, ce pays qui avait vu naître sa mutation, loin de ses racines suédoises. Curieusement, il avait passé la tête par l’interstice de la porte, et avait aperçu deux membres de l’institut qu’il ne connaissait pas encore si bien que ça, bien qu’ils fussent là depuis plus de deux mois : Keyah et Yanis. Il fut surpris de les entendre parler français : ils ne faisaient pas partie des nombreux mutants de l’institut qui, à l’instar de son colocataire bedonnant, provenaient de l’Hexagone. Visiblement, la demoiselle voulait prendre quelques leçons d’informatique, et il était certain que Yanis était le plus indiqué pour cette tâche… Il s’avança donc, et entreprit aussi de s’adresser aux deux mutants en français, non sans une pointe d’accent suédois dont il n’était jamais parvenu à se débarrasser malgré ses nombreuses années passées en France…

[français]« Salut les jeunes ! J’interromps une leçon particulière ? »

Il se tourna vers Keyah avec un sourire et haussa les épaules :

[français]« C’est comme un livre, en fait… Sauf que les pages sont remplacées par l’écran, et qu’on ne peut les tourner qu’à l’aide de boutons… Un livre géant contenant des tonnes d’informations… Mais bon, après, si tu veux une explication sur le fonctionnement interne, Yanis saura plus t’aider que moi… »

Comment s’incruster dans une conversation…en français qui plus est ! Lucas avait beau avoir pris de l’assurance à l’institut, il était toujours assez mal à l’aise avec les personnes qu’il ne côtoyait pas régulièrement… aussi tenta-t-il de donner une contenance à sa subite apparition…

[français]« Je ne savais pas que vous parliez français… »

Et il s’adossa à un mur, dardant les deux mutants de son regard gris…

Avec une patience de fourmi, Yanis chercha minutieusement ce qu'il pouvait sur Murray. Survolant des pages et des pages, il dut se rendre à l'évidence : il n'y avait rien de plus, pas même son parcours professionnel, qui l'intéressait tout particulièrement. C'était comme si cet homme n'existait que par le crime dont on l'accusait... ou qu'on avait effacé ses traces. Finalement, seuls les dossiers de Carrie contenaient des réponses, il devrait donc revenir à la charge auprès d'elle.

N'abandonnant pas pour autant, l'Algérien tenta une autre recherche, cette fois-ci pour essayer de trouver les états de service et la biographie du capitaine Emond. Il lui semblait en effet plus judicieux de garder sa recherche pour lui ; Carrie était discrète quant à sa vie privée, et elle refuserait certainement de lui révéler ce pan de son passé. Et accessoirement, il n'avait pas spécialement envie de passer par la fenêtre de son bureau : après tout, il pleuvait dehors. Il serait peut-être plus chanceux cette fois. Il avait encore d'autres noms dans sa manche en cas de recherche infructueuse.
Emond n'avait pas hésité à tirer dans le tas, à Paris. Il semblait farouchement opposé à Murray, et convaincu de sa culpabilité, non seulement pour les crimes en série, mais aussi pour la récente mort de Marcoux. Si les JustiX décidaient finalement de mener l'enquête, tout du moins Jade, Kitty et lui sous la houlette de Carrie, il n'était pas exclu que le jeune coq vienne leur mettre des bâtons dans les roues. Un nano-mutant avertit en valait deux.

Sur ces réflexions, l'appel de son prénom attira l'attention de Yanis. Il tourna sans hâte la tête, avec cette indifférence tranquille qu'il affichait en tout instant.

"Bonjour, Keyah."

Un scanneur rétinien n'aurait pas été plus chaleureux. Pourtant, il n'avait rien contre la Malienne. Il était arrivé il y avait 5 jours de cela, et il avait mémorisé soigneusement les noms, prénoms, et parfois même noms de code qu'il avait entendus depuis. Il se souvenait d'autant mieux de Keyah qu'elle était l'une des rares personnes typées de l'Institut. Une karlouche comme ils disaient au bled.

Il ne réagit pas lorsqu'elle vint lire par-dessus son épaule. Ce n'était pas le genre de chose dont un mutant tel que lui pouvait se formaliser. D'ailleurs, il ne pouvait pas se formaliser de grand chose.

"Oui." acquiesça-t-il simplement à la question de la jeune fille. Elle changea alors de langue. Tout comme lui, elle maîtrisait peut-être mieux cette langue que l'anglais. Il remarqua alors que malgré tout, leurs accents différaient en la matière ; aucun des deux ne passeraient probablement pour des français de sol. Ce n'était pas plus mal, Yanis n'avait pour sa part jamais nourri de désir d'immigration vers l'hexagone. La vie lui avait donné l'opportunité de visiter, certes rapidement, Paris avec les JustiX, et ce genre de visite ponctuelle lui suffisait.

A son autre question, le garçon la dévisagea un instant en silence. Il n'était pas encore bien habitué à être sollicité de la sorte, et qu'on attende une réponse de lui. Farid et Samira aimaient à lui tourner autour, mais ils aimaient surtout avoir un spectateur. Son mutisme leur convenait. Ici, on lui posait parfois des questions en attendant une réponse de sa part. C'était un échange social simple qu'il avait désappris ces dernières années, principalement pour ne pas révéler son anormalité, mais aussi parce que cette fonction ne lui était que d'une utilité réduite. En trois ans, il n'avait pas rencontré de difficultés à survivre sans l'usage de la parole. La parole n'était que le moyen de communication le plus rapide. Pas forcément le plus simple ou le plus efficace. Par économie de temps, il s'y remettait donc, plus ou moins efficacement.

Il considéra sa demande. Ses expériences en la matière étaient circonscrites à la salle informatique de son école, dont les machines avaient toujours un problème. Mais les ordinateurs étaient bien plus simples à comprendre que les êtres humains. Leur fonctionnement, bien que complexe, n'était pas mystérieux en soi. Là où les contradictions coexistaient au sein d'une même personne, elles créaient des conflits visibles et solubles dans la machine. Il lui paraissait en tout cas plutôt normal que l'adolescente ne soit pas spécialement familière avec le monde informatique. Il fallait dire, leurs régions n'étaient pas les plus avantagées en matière d'omniprésence technologique. Il s'apprêtait à lui faire cette remarque pour relativiser les choses, lorsque Lucas arriva et prit la conversation en main. Yanis hocha simplement la tête pour le saluer, devant le flot de paroles du Suédois. Lorsqu'il eut terminé son explication, il y eut un blanc, blanc qui signala à l'Algérien qu'il lui laissait finalement la parole. En vérité, l'intervention inopinée de Lucas avait perturbé l'ordre des tâches qu'il avait prévues, lui coupant l'herbe sous le pied. Keyah lui avait posé une question, l'usage aurait voulu qu'il y réponde, mais l'adjonction de la variable Lucas faussait l'ordre de parole. Peut-être était-ce maintenant à Keyah de lui répondre ? Ou bien à lui ? Yanis décida donc de répondre à la question initiale du jeune homme :

"Oui." renseigna-t-il, lorsque Lucas demanda s'il les interrompait. Cette question devait être rhétorique, car elle avait l'allure d'une référence circulaire. En posant cette question, il les avait interrompus, et en les interrompant, il posait cette question. Par cette réponse, Yanis aiderait peut-être le mutant à sortir de la boucle.

L'Algérien tira simplement la chaise du poste voisin près de la sienne pour permettre à Keyah de s'asseoir. Les paroles de Lucas tournaient dans son esprit en tâche de fond. Pourquoi Yanis aurait-il dû mieux connaître le fonctionnement interne et mécanique de l'ordinateur ? Lucas était-il expert en minéralogie ? Depuis son arrivée, il collectionnait les preuves contredisant la belle théorie de Viconia sur son intégration sociale. Il était jugé à sa couverture, à l'étiquette cybernétique de sa voix. Elle serait sûrement intéressée par ses conclusions sur la question. Devait-il se voir comme les autres le voyaient ? C'était le coeur même du dilemme Cérébra.
Lucas voyait bel et bien l'ordinateur comme un objet. Yanis lui trouvait cependant quelques ressemblances avec les humains. Il lui était en tout cas plus facile de communiquer via son clavier : l'ordinateur lui donnait des réponses claires. Oui, non. Résultats, pas de résultats.

"Je ne fabrique pas d'ordinateurs." précisa-t-il en secouant doucement la tête. Il ne voulait pas que Keyah se fasse de fausses idées sur ce qu'il pourrait lui apprendre.

Yanis n'avait pas eu le temps d'ouvrir la bouche - enfin, si, pour lui rendre poliment même si très impersonnellement son salut - que Lucas arrivait à son tour. Keyah grinça des dents en s'entendant appeler "jeune" par un autre élève : elle savait très bien qu'elle était parmi les plus récemment arrivés, et parmi les moins âgés, ce qui ne signifiait pas qu'elle avait envie de se le faire continuellement rappeler.

D'autant que Yanis semblait d'accord pour lui apprendre des rudiments d'informatique, et que du coup, l'homme de pierre jouait les cheveux sur la soupe. Il la gratifia en prime d'un soliloque totalement hors-sujet, ou alors qui la prenait complètement pour une idiote, ou plus probablement les deux à la fois. Elle écarquilla les yeux, puis répondit simplement :

- J'avais demandé à Yanis.

Elle s'assit alors tranquillement sur la chaise qui lui était proposée. L'Algérien était silencieux, mais avait le mérite d'aller droit au fond des choses. S'il devait lui donner un cours, il serait sans nul doute précis et factuel, et elle gagnerait du temps même s'il faudrait sans doute s'accrocher. Et être très attentive, car il semblait exclu que quelque chose qui sorte de sa bouche soit inutile.

- C'est pas grave. Je veux juste savoir l'utiliser.

Un coup d'oeil vexé pour Lucas, histoire de lui rappeler qu'elle n'aimait pas être prise pour une sotte. Pour une sotte et pour une gamine, on pouvait difficilement faire pire. Keyah n'avait pas mauvais caractère, mais comme tout un chacun, elle avait un orgueil à ménager. Elle se permit toutefois de commenter l'affirmation désormais obsolète du cheveu puisque, selon toute vraisemblance, maintenant, il savait qu'ils parlaient français.

- Oui, au Mali, on parle français. Au Burkina et au Bénin, aussi.

Une idée d'application concrète de l'informatique lui vint alors en tête. Elle se tourna vers Yanis.

- Par exemple, si je veux savoir quelles langues on parle dans un pays, comment je fais pour que l'ordinateur me le dise ?

Elle jeta un coup d'oeil aux nombreux caractères du clavier. Elle reconnaissait plutôt bien les lettres, maintenant, mais pour une raison étrange celui qui les avait organisées n'avait pas choisi l'ordre alphabétique qu'on lui avait appris. Elle secoua la tête : première embûche.

Hé bien, quel accueil !

Il ne connaissait pas beaucoup les deux mutants auparavant, et maintenant, au moins, il savait pourquoi ! D’un côté Yanis, froid et distant, qui ne répondit pas au salut de Lucas, mais qui en plus ne se gêna pas pour répondre qu’il était clairement en train de les interrompre, et que visiblement, ça les dérangeait fortement, le tout condensé en un ‘oui’ électronique dénué de tout bon sentiment, presque hautain et méprisant pour le pauvre suédois resté à l’âge de pierre à côté de ce nano-mutant nouveau venu, qui continua à le prendre de haut en précisant qu’il ne fabriquait pas d’ordinateurs. La notion d’humour ne semblait pas parcourir ses microsystèmes intégrés… Ni les notions de politesse, de bienséance, d’amabilité, de contact humain… à tel point que Lucas finit par se demander si ce type avait un jour été humain, et s’il n’avait pas tout simplement été construit par un savant fou ayant inculqué une conscience – et encore – à sa création diabolique pour l’envoyer détruire mentalement les élèves de l’institut. Un coup de FutureCope, à n’en pas douter… Et s’il avait sa place à l’institut, c’était sans doute plus dans un tiroir du laboratoire que devant un écran du foyer…

Et l’autre, ça n’était pas bien mieux : Malgré une figure et une apparence bien plus humaine que le premier, elle refusa les explications de bon cœur du mutant suédois en précisant que ce n’était pas à lui qu’elle avait posé la question, et donc, qu’il n’était pas le bienvenu dans la conversation. Elle précisa ainsi la notion d’interruption qu’avait avancé Yanis juste avant… Suite à quoi elle poursuivit sans plus tenir compte de Lucas pour confirmer sa demande auprès de Yanis. Ah… pas tout à fait en fait, puisqu’elle se retourna l’instant d’après pour affirmer avec une certaine prétention qu’ils savaient parler français dans son pays, et même dans les pays voisins, ne laissant aucun répit au suédois pour lui répondre, en adressant directement la parole à l’autre robot pour l’exclure complètement de la conversation.

« Ah… »

Lucas était sur le cul, littéralement ! Il avait haussé un sourcil sans trop savoir que répondre à l’un ou à l’autre, et s’était laissé aller dans la première interjection qui lui avait traversé l’esprit.

« Bon… Ben… »

Il persistait à garder son calme, à ne pas entrer dans leur jeu de négativisme oppressant… Mais du coup ne voyait plus du tout quoi leur dire : ils ne faisaient visiblement pas partie du même monde que lui, et se refusaient apparemment de l’y laisser entrer. Il ne voulut même plus faire l’effort de parler français, ni même de parler tout court en fait, tout ce qu’il aurait pu dire pouvant être retourné avec antipathie contre lui.

« Ouais… »

Le foyer… non, définitivement, cette pièce ne lui portait pas chance. Que faire de plus désormais sinon quitter cette pièce si peu accueillante, et les personnes malotrues qui s’y trouvaient. Dire que tout était parti sur un bon sentiment et de la bonne humeur…

S’ils croyaient avoir gâché la journée de Lucas, et bien ils se trompaient. Il repartirait du bon pied aussitôt qu’il aurait quitté cet endroit inhospitalier, et ces deux trouble-fêtes prétentieux. Sans un mot de plus, il tourna les talons, non sans avoir poussé un dernier soupir et regardé les deux mutants d’un air affligé. Brassage culturel… Que dalle ouais…

Sur ce, il quitta le foyer…

Hall

saut temporel

Le Breton avait mal dormi. Toutes ces mésaventures en compagnie des LeX lui avaient retournées le cerveau. Il avait cependant décrété le cessez-le-feu en lui-même, et décidé que les prochaines heures seraient consacrées à revenir à une vie normale, dans un monde normal de mutants normaux.

Et cela tombait bien car il s'en trouvait dans toutes les pièces de l'Institut, des mutants normaux. Alixtide en avait quelques uns à éviter absolument, donc il fut bien aise de découvrir dans le foyer deux élèves sans grande réputation dans l'établissement. Le cyber-homme et la nouvelle protégée de Sahari.

Alixtide descendit au foyer en tee-shirt, bermudas de randonnée de Iaccobo et peignoir de bain par dessus tout ça. Il venait de se laver la tête à l'huile de friture. Ses cheveux gras luisants en dégoulinaient encore. Le Français était en chaussettes macérées dans un fond de poubelle. Non aujourd'hui pas question de se prendre la tête à vivre comme Jason.

Il se drapa donc dans son peignoir vert foncé taché, en tirant une tête de six pieds de long comme s'il avait la fièvre. Il regarda d'un œil suspicieux le petit couple qui se formait autour d'un ordinateur, puis se traîna jusqu'à un fauteuil non loin. Il tendit le bras comme un miséreux pour saisir sur l'étagère un vieux magasine. Il s'agissait du premier numéro de Mutations. Il soupira, impatient qu'il était qu'on publie enfin ses articles légendaires dans une prochaine édition. Il feuilleta le vieux journal corné de ses mains grasses, et s'arrêta sur la double page consacrées aux plus belles femmes de l'Institut.

Il se plongea dans cette lecture facile, tout en écoutant en réalité avec attention ce que faisaient les deux mutants. Rien de tel que l'espionnage pour se changer les idées.

Sans que l'Algérien n'en comprenne la raison, Lucas repartit comme il était venu. Les deux mutants avaient pourtant répondu à ses questions. Yanis avait du mal à croire qu'il n'était venu que pour confirmer qu'il les interrompait, mais après tout, contrairement à Kitty, il ne pouvait savoir ce que cachait ce comportement étrange. Peut-être faisait-il cela dans chaque pièce pour signaler sa présence. Les us individuels étaient assez particuliers à l'Institut, comme venait le confirmer Alixtide. Son attifement lui rappela vaguement certains aliénés sérieux ou grabataires qu'il avait pu voir dans le foyer de l'hôpital psychiatrique d'Alger. Comme toujours, une forte odeur suivait le Breton, mais ce dernier se posta du côté des canapés pour bouquiner.

Yanis regarda ainsi avec la même placidité le LeX s'éloigner et son coéquipier entrer, puis retourna son attention vers Keyah comme s'ils n'avaient pas été interrompus, avisant que hausser les épaules pour si peu aurait été une déperdition inutile d'énergie.
Il réfléchit quelques instants à l'exemple de la Malienne. D'emblée, elle avait appréhendé l'ordinateur comme une entité capable de communiquer, non comme une chose inanimée. Cela lui faciliterait sûrement les choses pour ses explications.

"Tu as plusieurs solutions pour ça. Le plus simple serait de consulter l'encyclopédie. On va regarder s'il y en a une installée." poursuivit-il en français, s'adaptant à la préférence de son interlocutrice. Il saisit alors la souris et la balada sur l'écran pour rétrécir la fenêtre Internet.

"La souris reproduit le mouvement sur l'écran. Clic gauche pour valider, clic droit pour modifier. L'ordinateur a tout un tas de programmes installés qui lui permettent de faire différentes choses. Il y a des programmes pour tout, on peut les rajouter ou les supprimer à volonté. Ca, c'est le menu principal, c'est là que sont réunies les principales fonctions. Quand tu veux commencer quelque chose, c'est ici qu'il faut aller. On va chercher la liste des programmes et voir s'il y a une encyclopédie." expliqua-t-il en navigant dans le menu. Il survola rapidement les programmes installés sur la machine, et repéra l'encyclopédie.

"Clic gauche." dit-il en validant l'ouverture du programme.

"Tu parles avec le clavier dans les boîtes de dialogue. L'ordinateur te répond avec les résultats de ta recherche."

Il tapa "Mali" pour ouvrir l'article sur ce pays.

"Maintenant oui, c'est comme un livre." ajouta-t-il en montrant l'article du doigt. Il surligna les langues parlées, qui figuraient dans le résumé des informations, en tête d'article. Sa démonstration achevée, il tourna la tête vers la mutante, attendant, à l'instar du PC, une éventuelle commande de sa part.

Keyah ne leva même pas la narine lorsqu'Alixtide entra dans la pièce, concentrée sur les informations transmises par Yanis. Elle essayait de tout ingurgiter d'un coup, mais le premier contact avec l'outil informatique n'avait rien d'évident. Elle regarda en particulier la manière d'utiliser l'appareil qui permettait de se déplacer sur l'écran. Il avait appelé ça "souris", ce qui avait dans un premier temps poussé la Malienne à jeter un coup d'oeil sous le bureau, mais elle dut se résoudre au fait qu'il parlait bien d'un objet mécanique.

En un temps infiniment bref - Lucas avait parlé d'un livre, elle pensait donc qu'il faudrait le temps au bibliothécaire à l'intérieur de trouver ce qu'elle cherchait - la page d'encyclopédie correspondant à sa requête apparut. Keyah reconnut la carte de son pays, et commença à tenter de déchiffrer les première informations.

- Ba-ma-ko. Ah, c'est la capitale. J'aimerais bien y aller, un jour. Hom...Hom-bo-ri. Le Hombori ! C'était à côté d'où je vivais, Mopti !

Consciente que Yanis ne semblait pas du genre "enthousiasme communicatif", elle se calma, et poursuivit brièvement sa lecture, avant de se rendre compte qu'elle monopolisait l'écran, et que l'Algérien avait peut-être des choses à faire.

- Euh...je peux essayer de m'en servir ? Comme ça, la prochaine fois, j'aurai pas besoin de t'embêter.

Elle regarda de nouveau le clavier et ses lettres dans un ordre incompréhensible. Ca ne lui faciliterait pas la tâche. Elle essaya de repérer toutes les lettres, et la simple recherche du "A" lui prit un temps certain. Si c'était elle la conceptrice, elle l'aurait mis en haut à gauche, mais non, il était en bas à gauche.

- Dis, tu sais pourquoi les touches sont pas le A, puis B, puis C...ce serait plus simple, non ?

Keyah essaya alors de se remémorer l'ordre des commandes qu'avait exécutées Yanis. Prendre la...souris, se déplacer, appuyer sur le bouton gauche quelque part...ah oui, sur le menu, puis sur "encyclopédie" - elle n'avait pas la moindre idée de l'orthographe d'"encyclopédie". Ensuite, écrire "Mali", ou autre chose, et appuyer sur la grosse touche rectangulaire.

Ca semblait presque simple.

La discussion entre les deux tourteraux étaient à tel point ennuyeuse que l'attention d'Alixtide fut vite reportée sur sa lecture facile. Il pensa à voix haute pour se tenir compagnie.

"... 1...2...3...5...8...9...10. Purin ça fait sept sur dix qui sont plus là dans l'Institut les femmes les plus belles mutantes."

Il se demanda ce qu'elles étaient devenues, celles qui étaient parties sous des cieux plus cléments. Ivy était parue dans les journaux. Elle devait s'être mariée avec Sven. Anna... Alixtide ne se souvenait guère de qui était cette fille. Malheureusement Juliette la sombre et fourbe, ainsi que Georgia la bavarde indiscrète étaient toujours à l'Institut, elles ! Il esquissa un sourire, et répondit lui-même à la question que lui seul se posait.

"Moi je parie que Juliette reste pour perséculer tout le monde. Y'en a encore qu'elle n'a pas perséculé. Et Gorgia... oula ben elle reste parce que elle n'a pas encore embrassé tout le monde sur la bouche hein ! Moi c'est bon je suis validé pour ça."

Il tourna la page. Puis quelques autres pages. Et revint en arrière.

"Wahou purin la gamine Laura je l'avais oubliée !! Et Jessyca... c'est qui cette fille ?? Purin je me rappelle même plus son pouvoir. Ah Angel il était beau hein, il faut quand même dire ce qui est."

Il passa sa main dans ses cheveux ruisselants, puis tourna à nouveau.

"Ma détestée non c'était plutôt Garbirelle, lieu-dite la sorcière ! Mais très puissante."

Dit-il en levant l'index. Il sauta quelques pages.

"Ah les recettes de River et Wind ! Oui ben tous les Smith sont partis ou pire hein... Peu sont ceux qui s'en souviennent..."

Il émit un bâillement, avant de s'interrompre pour s'exclamer à nouveau.

"Quand je pense à tous les bleus qui sont à l'Institut ! Il y en a trop pour donner un chapon à tout un chacun. Ah purin... et il faut encore et toujours tout leur apprendre depuis le début ! Et c'est de pire en pire en pire... purin on touche le front..."

Il soupira profondément en adressant un bref regard blasé aux deux novices informaticiens. Un sentiment de nostalgie l'envahissait. Et d'autres sentiments divers amers et putrides. Il haussa un peu la voix, dans l'idée de déranger franchement les deux sages élèves agaçants.

"Oui et on devrait faire un examen d'ortrographe élémentoire hein... pour ceux qui purin connaissent pas encore leur alphabet..."

Il soupira encore et encore, feuilletant sans fin son journal qu'il avait la flemme de lire.

Foyer, foyer, foyer... Ca devait être là. Plusieurs pc alignés. Aucun doute possible ! Ravi, Kanata entra et observa les présents. Deux sur un ordi, un qui glandait. Des jeunes normaux quoi que celui qui lisait un journal avait une dégaine très très étrange, voire douteuse et dont la propreté laissé un peu à désirer, façon Jeckel. Mais il ne jugea point, chacun pouvait bien faire une pause sur l'hygiène parfois.

Il se dirigea droit sur l'ordi à côté de Yanis et Keyah sans les saluer. Ils se connaissaient pas de toute façon et commença observa dubitatif le clavier. Saloperie de clavier ! Il passerait encore trois plombes à écrire ce qu'il voulait dire avec ces placements différents ! Le Yun soupira bruyamment et demanda pour lui même " Peuvent pas faire un plaçage de lettre universel non ?" puis commença à pianoter avec peu d'assurance sur les touches pour se rendre sur ses mails.

Il espérait avoir depuis le temps une réponse de Ryo ! Peut être qu'il aurait même des mails d'autres personnes malgré la jeunesse de l'adresse ? Il surfa ensuite sur divers sites d'actualités sur le Japon et quelques sites de fans de Jagal Pimp. Glander devant un pc, c'était vraiment reprendre les bonnes habitudes. Manquait plus qu'un bon petit jeu bien bourrin avec du sang et il se sentirait presque chez lui ! La tête appuyée sur sa main gauche, la droite appuyant compulsivement sur la souris, au moins, il ne s'épuiserait pas et aurait toujours l'excuse du temps de chiottes !

Yanis nota mentalement les informations que lui révélait Keyah sur sa provenance dans son soudain accès d'enthousiasme, que l'Algérien associa à une simple agitation. Apparemment, la jeune fille avait suivi ses explications et souhaitait s'entraîner. Sans mot dire, il hocha la tête et se leva pour allumer un autre poste, du côté inoccupé par Kanata. Ce dernier était arrivé durant les explications, et contrairement à Lucas, s'était montré discret. Il partageait néanmoins cette drôle de manie de parler tout seul avec lui et Alixtide. Ce dernier s'était en effet mis à débiter des propos pour la plupart incompréhensibles pour le nano-mutant. Cela semblait tourner autour des anciens occupants de l'école. Dissociant son esprit pour opérer en multi-tâches, l'Algérien avait donc enregistré sa logorrhée verbale en tâche de fond, pour examen ultérieur ; elle ne présentait de prime abord aucun intérêt, mais pouvait tout de même contenir quelques faits utiles, pour peu qu'il parvienne à décoder le cryptage d'Alixtide.

"Pour allumer." dit-il dans son éternelle neutralité, en appuyant sur les boutons de marche de l'ordinateur. Il s'installa devant l'ordinateur nouvellement allumé, et reprit sa recherche sur le capitaine Emond là où il l'avait laissée sur l'ordinateur où était installée la Malienne.

"Je crois que c'est la configuration optimale pour taper en langue anglaise." répondit finalement le mutant après avoir analysé un moment la disposition des lettres sur le clavier. C'était du moins pour lui l'explication la plus logique.

"Tu ne m'embêtes pas." mentionna-t-il platement après coup, comme si la portée sociale de la phrase de Keyah n'avait été que secondaire pour lui, derrière son aspect fonctionnel. Sur ces mots, il se replongea dans ses recherches comme s'il était seul.

Keyah entama sa reconstitution précise des gestes de Yanis, sans tenir le moins du monde compte du soliloque incompréhensible d'Alixtide. Si l'informatique était une énigme intéressante à déchiffrer, comprendre le garçon puant était un objectif tout à fait secondaire dans son existence. Et comme il se parlait tout seul, cela signifiait sans aucun doute qu'il n'avait besoin de personne d'autre que lui pour être heureux.

Elle exécuta chaque geste avec attention, car elle n'avait pas pensé à demander à l'Algérien quoi faire en cas d'erreur. Elle parvint néanmoins à revenir sur la page qui l'intéressait, l'article traitant du Mali - poussant au passage un petit cri de triomphe -, qu'elle commença à parcourir le visage collé à l'écran. Une pratique qu'elle cessa rapidement pour se frotter les yeux. Il y'avait certainement un moyen pour utiliser l'étrange machine qui faisait sortir des feuilles imprimées, et ainsi de préserver son acuité visuelle. Elle chercha parmi tous les boutons, et finit par trouver l'icône "imprimer", sur laquelle elle cliqua, puis elle commença à lire les nombreuses informations affichées.

*Copies...une copie ? Tout sur une seule feuille ? Ca va être écrit en tout petit. Il faut au moins dix copies pour bien voir.*

Elle changea le "1" en "10", et suivant l'exemple montré auparavant, appuya fièrement sur "Valider", avant de se diriger prudemment vers l'imprimante au bout du bureau.

Hall + délai de travaux pratiques

Une tête rouquine aux cheveux détachés et propres, pour une fois, passa un œil par la porte du foyer.
Les sourcils se levèrent et un sourire de satisfaction certaine s’imprima sur le visage pâlichon.
Une seconde plus tard un grand sachet plastique, de ceux que l’on utilise pour protéger les toiles de peinture, sur l’épaule une rouquine habillée de manière propre sur elle fit irruption dans le foyer. Le tout, bien sûr, environné du fracas que produisait une bâche qui frottait constamment.

Viconia piqua droit sur Yanis et sa recherche et se rapprocha suffisamment pour lui faire un tapotis délicat sur l’épaule pour attirer son attention. (Si tenté qu’elle eut été un iota furtive).

Elle tira une chaise libre devant l’un des ordinateurs, et se posa assise aux côtés de Yanis, dans un fracas de plastique. On devinait du vert au travers de la bâche.
Elle se pencha avec un air conspirateur, et murmura pour que Keyah n’entende pas :
« - Willington. Notre prochain témoin à interroger dans la quête de l’âme cybernétique est Kitty. Elle pourrait nous guider. »

L’air toujours aussi conspirateur, elle se redressa dignement en tentant de désemmêler la fermeture éclair de la bâche des mèches appartenant au quart est de sa chevelure.
A bien y regarder on retrouvait sur ses vêtements, pourtant soignés cette fois-ci, des paillettes éparses et quelques fils de laine multicolores.
Pour changer, elle avait deux pansements au bout de l’index et du majeur de la main droite.

saut temporel

Juan avait encore passé quelques temps avec lui même. En ce moment, cela lui arrivait souvent. Certains pourraient objecter que le jeune mexicain ne semblait pas vouloir faire preuve de sociabilité. Mais le mutant ne rejetait pas les autres, mais les dernières semaines avaient été éprouvante à son point de vue. La personne qu'il rapprochait le plus d'un ami était partit sans dire "adios". Et puis après, il avait du se faire à la présence de nouveaux coéquipiers. Il avait eu juste envie de remettre les choses à plat avec son esprit.

Il arriva donc plutôt sereinement dans le foyer. Il y reconnu immédiatement la présence d'Alixtide, avec son parfum très particulier, qui lui fit froncer ses sourcils et retrousser son nez. Puis, il s'aperçut de la présence de nombre de gens qu'il ne connaissait pas. il afficha un sourire de circonstance et pénétra plus avant dans le foyer. Après avoir observer les gens qui étaient quelques instants, il respira un grand coup et se décida à prendre la parole.

"Bonjour tout le monde, ça va? Pour ceux qui ne me connaitrait pas encore, je m'appelle Juan Sanchez Montoya, mais mes a..., amis, m'appellent Wormhole.

*Je m'améliore sur les présentations, et puis bravo pour le coté social, tu as vraiment fait fort cette fois-ci, félicitations.*

Le jeune mexicain s'arrêta là de parler, ne désirant pas pousser plus avant les présentations pour le moment.

Alixtide était bien dépité. Il fut un temps où la finesse de ses provocations aurait suscité une violente réaction verbale et physique. Mais les nouveaux n'avaient rien de la fougue dévastatrice d'une Camille Le Guern, rien de la froideur claquante et implacable d'une Juliette, rien de l'inoffensive bouderie d'un Diego. Bref ces nouveaux-là n'avaient pas la sens de la répartie. Alixtide relut sans vraiment s'y intéresser l'interview de CD, SH et JR par LD en page 8. Il soupira. Niko lui manquait. L'arrivée de Viconia avec son sac poubelle après celle du Japonais, et enfin celle pitoyable de Juan, achevaient de désespérer le Breton.

Il répondit d'un ton cassant.

"Oh purin Rouan... merci j'avais purin oublié ton prénom !"

Il leva les yeux au ciel, puis laissa tomber par terre le journal Mutations. Il lissa ses cheveux couverts d'huile et se massa le visage, puis il se leva avec la dextérité d'un grand-père, en s'emmaillotant dans sa robe de chambre. Il ignora tout ce triste monde et alla consulter le casier dans lequel on mettait les lettres reçues par les élèves. Ah si seulement il y avait quelque chose pour lui. Même une publicité à son nom ! Il s'était pourtant inscrit au club de fidélité de la célèbre firme cosmétique Yves Porcher. Il manquait toujours de bons shampooings pour agrémenter ses repas déchectueux.

*Pfff Purin c'est toujours pour les mêmes la chance...*

Il trouva une lettre pour Keyah. Il jeta un oeil mauvais à la mutante, puis se dirigea tranquillement vers elle, sa main grasse tachant abondamment l'enveloppe fragile. Il vint s'appuyer contre la table de l'ordinateur, pour regarder de haut mais en face la jeune femme. Il fit tomber la lettre devant elle sur le clavier.

"Tiens y'a une lettre pour toi, Kayhé. Tu veux que je te la lise peut-être purin ? Hein ? Je te pormets que je par-le-rai len-te-ment pour-que-tu-pu-i-sseu-bi-en-com-pren-dreu. Tu comprends ? Fais non de la trête si tu ne comprends pas."

Et il mima le geste d'un air tout à fait insolent et cruel. Puis il croisa les bras et regarda Yanis du même air méprisant.

"Hé Sac à puces !"

Il fit un clin d'œil à Viconia comme si elle était complice puis revint sur Yanis en le dévisageant. Il lui parla d'un ton sérieux et posé radicalement contraire à celui qu'il avait employé pour Keyah.

"Oui ça te va bien Sac à puces non ? Ta peau et tes vêtements, ce sont comme un sac, avec à l'intérieur des puces infromatiques ! C'est bien ça non, que tu es, on peut dire ? Moi j'ai exactement vu comment les gens comme toi vous êtes faits. J'en ai rencontré plus que de couture là où je suis tombé avec les LeX. Je connais très bien votre frictionnement. Comment ça marche dans vos têtes, dans les têtes des machines. Alors Sac à puces comme nom de code tu en penses quoi ?"

Demanda-t-il très sérieusement, sans lâcher le mutant des yeux pour voir s'il avait suivi. Puis il se tourna vers les autres pour recueillir éventuellement leurs avis d'experts, si tant est qu'ils puissent en avoir un.

Le temps passa et chacun se prit un ordinateur rien que pour lui. Kanata termina de naviguer sur les sites puis détourna son regard, n'ayant plus rien d'intéressant à faire. Une fille rousse arriva, couleur naturelle qui paraissait assez exceptionnelle pour quelqu'un d'Asie. Elle portait un espèce de sac plastique énorme dont l'intérêt restait tout un mystère. Elle semblait savoir ce qu'elle voulait et s'adressa au grille-pain.

Suivit derrière l'arrivée du badguy. Il en avait en tout cas la tête. Celle des taulards de films américain. Ca lui fit penser à la blague de la savonnette. Il se présenta comme Juan. Wormhole... Ver de trou ? Trou de ver. Beaucoup de trou. Encore un lien avec la savonnette ? A moins que... Il se transformait en grosse limace ? Le Yun voulait voir ça ! Alors qu'il se levait, celui dont l'odeur rivalisait avec une canalisation bouchée vint vers la fille après avoir ramassé un courrier et commença à lui parler.

Saisissant sa chance, Kanata se dirigea droit sur le Mexicain qui serait sa cible." Salut ! Kanata Yun, fraichement arrivé après avoir combattu et gagné Mute Ants. Sauf que j'ai pas eu l'argent. Jeckel était derrière moi d'ailleurs mais je l'ai laissé en vie parce que je suis un mec cool. Jeckel, tu sais, le gars qui a une dégaine pas imaginable, un peu comme... lui ", pointant avec discrétion Alixtide . "Bon. Laisse tomber. Pas trop dur la prison ? Les douches ? Et tu te transformes en ver alors ? Je demande à voir ça ! Tu dois gérer en mission en faisant des galeries ! On doit pouvoir aller partout avec toi ! Est-ce que tu baves ? Ca doit faire glisser tous les mecs ça ! Tu peux te faire une coquille pour te protéger ? Genre évoluer en escargot ! T'as le crâne lisse, ça irait bien ! Et t'as l'œil un peu livide !"

Le but : ne pas le laisser en placer une. Et uste s'amuser un peu. Les gars dans ce genre-là devaient pas avoir trop d'humour, alors autant tâter le terrain à pleines mains, à défaut de tâter une f... Sourire niais. Blanc. Reprise. " Alors, t'es dans quel équipe toi ? Tu fais quoi ? T'es leader ? Vous êtes parti où en vacances vous déjà ? Europe ou Afrique ? T'as tué des gens ? T'as vu quoi ? "

Toujours se faire ami avec les baraqués. Toujours. Ils pouvaient servir ! S'il rentrait dans son espèce de bande improvisée, le Sanchez Montoya pourrait être utile. Et si c'était pas le cas, téje. Le Japonnais jeta un regard brillant vers Gargoyle et se dit que peut être, il serait bien dans sa bande aussi. Au moins il repousserait les indésirables comme cette satanée gothique qu'il l'avait frappé sans raison !

Une nouvelle fois, les recherches Internet de Yanis se soldèrent par un échec. Murray et Emond ne semblaient avoir laissé aucune empreinte professionnelle sur la toile, constat qui éveilla une fois de plus l'incrédulité et les soupçons de l'Algérien. A l'ère de la médiatisation, cette absence d'informations faisait tâche. Murray figurait parmi les premiers tueurs en série mutants, de quoi titiller l'insatiable curiosité des journalistes. Les seuls faits disponibles sur lui concernaient uniquement les crimes dont il était accusé, comme si le projecteur était braqué sur sa culpabilité présumée et occultait ce qui aurait pu venir nuancer le débat. D'ailleurs, pouvait-on réellement parler de meurtres en série ? La succession de meurtres ne répondait à aucun schéma logique : il avait tué une fois, puis s'en était pris aux policiers chargés de l'affaire pour étouffer l'enquête. Pour être lui-même fonctionnel, il était bien placé pour cerner l'aspect utilitaire de ces meurtres.
Cela ne ressemblait pas aux conséquences d'une pathologie psychiatrique.

Yanis se dit alors que les dossiers de Carrie contiendraient le rapport des experts en psychatrie sur la santé mentale de Murray. Leurs conclusions seraient sûrement intéressantes. Autour de lui, Keyah s'affairait sur la machine. Elle avait finalement l'air de savoir ce qu'elle faisait, car elle ne lui demanda aucune aide ; la jeune fille s'était dirigée vers l'imprimante. C'est sur ces entrefaites qu'une Viconia pimpante fit son entrée dans le foyer pour lui tapoter l'épaule. Le Maghrébin tourna lentement sa tête vers elle, la détailla du regard puis l'observa s'installer auprès de lui sans réagir. Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle vienne le trouver directement, et dans une pièce commune. Leur collaboration artistique était demeurée cloisonnée par l'intimité de sa chambre. A en juger par l'expression enthousiaste sur son visage, la Finlandaise n'avait pas honte de parler avec lui... d'avoir l'air intime. Il repensa à ce qu'elle lui avait dit quelques jours plus tôt sur le naturel. Elle arborait sûrement cette attitude naturelle devant les autres pour appuyer son intégration en tant que mutant "normal", ce fut en tout cas la conclusion qu'il se fit. Après tout, les autres le considéraient comme un toaster. Quelques minutes plus tôt, Lucas le lui avait prouvé de façon très naturelle, justement.

Le nano-mutant se rapprocha prudemment de la rousse pour écouter ce qu'elle était venue lui dire. A sa grande surprise, le débat sur Cérébra avait véritablement intéressé la jeune fille, tant et si bien qu'elle avait mené sa propre enquête. A deux, ils étaient plus efficaces, autant sur la sculpture qu'en réflexion. Ils rentabilisaient le temps. Ils n'avaient pas même pris la peine de se saluer (sujet de référence : Keyah Kel Ansar, dite Bula), ou d'échanger des phrases futiles (sujet de référence : Lucas Shaam, dit Rock). Elle était allée droit au but et lui avait communiqué une information de tout premier ordre. C'était... appréciable. Yanis ne sut trop quoi dire pour exprimer cette chose. Après une seconde, il estima qu'il n'en avait pas besoin. Leur tandem s'était jusqu'ici très bien passé de justifications orales.

Le mutant sembla traiter quelques instants les informations pour en tirer les principales conclusions.

"Willington... J'approuve. Elle fait partie des JustiX, l'enfant sera facile à approcher." souffla-t-il, adoptant par mimétisme le ton de messe basse de son interlocutrice.

"J'ai aussi trouvé une piste ces derniers jours. Les repérages de la télépathe me serviront." ajouta-t-il d'un ton égal. Il avait lui aussi développé l'idée qu'il avait eue lors de leur première discussion à ce sujet. La mise en pratique ne devrait plus tarder. Remarquant la manoeuvre capillaire de Viconia, le mutant tendit sa main gauche vers l'imbroglio, profitant de ce rapprochement pour analyser brièvement le contenu du sac que transportait sa complice. S'il ajoutait ce paquetage aux indices typiques de l'activité artistique de la Finnoise (objets insolites détectés : paillettes, laine, pansements), il pouvait déduire assez rapidement qu'elle n'avait pas chômé.

"Ne bouge pas." dit-il à voix haute, et donc de synthèse. L'action la plus effective à prendre lui sembla être l'ablation. Descendant sa main le long du brin de cheveux bloqué, il sectionna l'extrémité juste au-dessus de la fermeture éclair de la bâche, d'un coup d'index-serpe discret et bien placé, tout en observant Juan rejoindre le foyer. Les cours devaient être tous finis, les élèves affluaient dans la pièce au compte-goutte. Il avait aperçu le LeX lors de leur voyage à Paris, mais n'avait pas réellement eu l'occasion d'échanger des mots avec lui.

"Yanis, mais tu peux m'appeler... Yanis." lui dit-il simplement. Il avait commencé par calquer le mode de présentation du Mexicain, avant de s'apercevoir que personne jusqu'ici n'avait utilisé le nom de code que lui avait donné les professeurs. Quant à la question des amis, l'analyse de la situation sous un angle social lui aurait probablement pris trop de temps pour répondre de façon optimale au mutant.

Il s'avéra alors qu'Alixtide n'était pas totalement autiste, puisqu'il s'avança vers eux en tendant une lettre à Keyah. Pour une fois, il articula distinctement, de sorte que l'Algérien comprit entièrement son discours. Le Breton risquait de dépenser inutilement son temps et son énergie à faire la lecture à la Malienne.

"Tu perds ton temps, elle sait mieux parler que toi." conseilla-t-il placidement lorsqu'il s'adressa directement à eux. Mais le français en peignoir d'aliéné n'en avait pas fini. Le nano-mutant le considéra sans expression aucune, comme on dissèque une grenouille. Il semblait qu'il devenait plus compréhensible lorsqu'il s'adressait aux autres, comme si ses écarts linguistiques n'étaient qu'une manifestation d'une sorte de langage interne destiné à circuler en circuit fermé.

"J'ai déjà un nom de code." corrigea l'Algérien, imperméable à l'insulte inhérente aux propos du mutant. Il y avait déjà Cobalt, mais Gilles l'appelait aussi C3PO. Ce troisième alias devrait prendre un ticket. Yanis jeta un bref regard à Viconia, non de détresse, mais plutôt d'intérêt. Alixtide semblait lui aussi dissimuler un savoir certain sur l'âme cybernétique, si l'on en croyait ses dires. Ils tenaient peut-être là une occasion d'en apprendre plus pour leur projet commun. Le reste ne présentait que peu d'intérêt pour lui ; les autres garçons avaient déjà traité le sujet de sa non-humanité de long en large en l'espace de quelques heures après son arrivée dans les murs de l'Institut, le Breton arrivait un peu tard. A sa connaissance, seule Viconia doutait encore qu'il soit une machine dans un corps humain, plutôt qu'un humain dans une machine.

"Quelles machines vous avez vues ? Comment elles marchent ?" demanda-t-il à Juan et Alixtide. C'est à ce moment qu'il constata que Juan était déjà en intense palabres avec Kanata. L'asiatique risquait de parasiter le flux d'informations qu'il pouvait tirer des deux LeX.

Keyah avait vu avec une certaine surprise les feuilles s'accumuler dans le baquet de l'imprimante, et, même si elle ne les déchiffrait pas du premier coup d'oeil, il lui semblait qu'il y'en avait bien plus que 10, et que certaines se répétaient. Elle nota cet impondérable en saisissant la liasse de quatre-vingts bouts de papier répétant à l'envi les informations essentielles sur sa contrée d'origine, et était prête à retourner dans sa chambre lorsqu'elle fut importunée par Alixtide, qui semblait avoir des problèmes d'élocution, en plus d'être incapable de parler correctement - ce que lui fit fort justement remarquer Yanis. Ce garçon était étrange, mais incroyablement factuel. Elle ajouta pour justifier sa décision de ne pas demander de l'aide au garçon puant :

- Si j'ai besoin, je demanderai à quelqu'un de plus intelligent.

Ce qui apparaissait dans son esprit comme une évidence. Par exemple, Jason pourrait sans doute l'aider à déchiffrer le message. Mais elle avait envie de s'entraîner à la lecture, et ajouta la lettre au-dessus de son tas de feuilles, non sans avoir ôté la crasse déposée par les doigts du facteur improvisé. Cela lui rappela l'épisode douloureux de Genosha, et d'un coup, son épaule droite se remit à la faire souffrir. Sans un mot, elle sortit de la pièce.

Chambre

Un index enrubanné fit son apparition, victorieux, sous le nez de Yanis tandis que la rouquine s'exclamait : « Exactement ! »
Avant de relever la tête comme une poule interrompue dans son picorage et de regarder de droite et gauche comme si on l'avait entendue.
L'air parfaitement naturel, elle hocha la tête en direction de Juan afin de le saluer. Ils avaient partagés une partie de basket humide une fois. En compagnie d'un jeune garçon qu'elle n'avait ensuite pas revu... Un sourcil froncé, elle se remémora ce souvenir improbable tandis que la nouvelle puce asiatique vorace de l'Institut sautait avidement sur le mexicain.

L'intérêt de la nouvelle entrée en scène pour leur projet secret étant donc écarté, la jeune fille reprit, en direction de Yanis, tandis qu'il l'amputait de la mèche rebelle avec naturel :
« -Je te confie donc cette opération. J'aurais pu être utile en interrogatoire, mais avec Kitty... C'est ce que l'on pourrait qualifier de « mortibus » ».

Elle attrapa de reste de sa chevelure libre avec un sourire de remerciement à l'intention de Yanis et entreprit de faire une tresse rapide du côté opposé à son fardeau. L'opération lui prit quelques secondes, mais elle la préserverait d'autres ennuis du même genre.
Ce faisant, elle se figura Kitty et ses pouvoirs mentaux. La jeune fille avait des capacités effrayantes pour son âge selon la rumeur, et Viconia doutait qu'elle ne pût jamais projeter sur ce terrain. Ils devraient se contenter de l'approche standard, sociable et pacifique.
Son regard vert tomba sur Yanis.
Ahem, pour ce qui était de cette partie, la jeune fille était sensible et ce que l'on pouvait qualifier de « choupinette souriante »... Comment exprimer ce détail capital à Yanis, en espérant qu'il adapterait son approche ?

Simplement, elle lâcha :
« -Kitty est la petite amie de l'inuit des Kozacs, Kallali. » Voilà, à ses yeux, et étant donné ce dont Yanis avait été témoin par le passé, le message devrait passer.
« -En tout cas, si tu as besoin d'ai.. »

Elle fut interrompue dans sa proposition vis à vis du plan B de Yanis par Alixtide qui, après avoir agressé Keyah un peu fort pour le conciliabule que Viconia voulait entretenir, avait décidé de s'en prendre, avec sérieux, à son Coéquipier artistique.
Son nez et son sourcil droit se froncèrent d'incompréhension entre le clin d'œil complice et l'insulte lâchée d'une manière totalement posée... A la Yanis.

Sa narine droite frémit, et il y eut un bruit de froissement plastique provenant d'un tressaillement léger de l'épaule soutenant son paquet.

Elle allait très sérieusement recaler Alix en lui donnant son opinion sur les capacités mutantes, les aléas géniques et les potentialités artistiques de tout être humain, tout en précisant que selon son opinion, le terme de « glaise du nouveau millénaire » serait plus adapté.
Yanis était doué, à ses yeux, d'une formidable capacité d'adaptation et de réaction. Au lieu de muter terre, il avait simplement muté micropuces, ou machins du genre ce n'était pas son domaine, histoire d'être plus chronocohérent, sans offense à Keyah qui venait de sortir avec la moitié de la forêt amazonienne dans les bras.

Elle n'avait rien contre Alix, et le trouvait même particulièrement intéressant dans la représentation de l'homme du nouveau millénaire et des priorités alternatives de survie.
Cependant, elle avait trouvé un contre-cerveau particulièrement intéressant en l'Algérien et l'intervention du Breton risquait de compromettre le petit travail de remise en question émotionnelle sur le ressentit d'un mutant demi-électronique et ses données humaines qu'elle avait débuté.
Il ne fallait pas pousser, chacun ses champs d'activité.


Seulement, en route pour l'explication détaillée afin d'instruire le mutant odoriférant, la bouche ouverte d'inspiration, elle croisa le regard de Yanis.
Elle eut un blanc, se stoppa cognitivement, et prit le temps de rembobiner le cours des évènements.
Le jeune homme prit la parole afin d'interroger Alixtide sur ses missions et ses rencontres avec... D'autres machines.

Sa bouche bêtement ouverte se ferma pour un sourire en coin. Un air d'intérêt certain sur le visage, son regard se posa sur Alixtide, lui demandant avidement :
« - Oui, qu'avez-vous vu en mission ? Quel type de machines ? » Elle n'avait qu'entendu parler de la mission des Lex, et elle se demandait si Alix ne faisait pas surtout référence aux missions antérieures.
Haussant les épaules pour l'inciter à parler, elle décida de réduire ses propres travaux de manière à héroiciser le breton :
« -Nous nous sommes contentés de frayer avec les autochtones du rail africain et l'avons rendu temporairement inutilisable... Juste de l'humain pressé et indifférent et du tripotage de sens... »

Tiens, d'ailleurs, son pouvoir avait récemment gagné en nuance.
Elle voulait le montrer à Yanis, toujours pour lui prouver sa réceptivité... Oui, bon, et aussi pour s'amuser.
Elle ne pouvait dire pourquoi, mais le jeune homme lui semblait si réceptif qu'elle avait l'impression que, pour une fois, ses projections ne risquaient pas d'être nocives et traumatisantes.

*Moi qui pensais que seul Alixtide avait un grain, mais en fait, y a plein de gens quui sont pas bien dans leur têtes ici. Non mais, franchement, est-ce que je ressemble à un ver où un escargot. Et puis, c'est pas parce que je suis mexicain d'origine que je suis un tolard.
Il va m'entendre celui-là.*

Le jeune mexicain regardait tout le monde avec un grand air d'étonnement sur le visage. les élèves qui étaient dans cette pièce, étaient bizarres. Mais Juan était quelqu'un de poli. il se décida par commencer avec Alixtide.

"hé, le Breton, au cas où tu aurais pas remarquer tu n'es pas le seul présent ici. Alors je me présente pour ceux qui me connaitrait pas, Alixtide."

Ensuite il se tourna vers le japonais, pour lui répondre.

"Kanata Yun, ce n'est pas parce que je suis mexicain, que j'ai la boule à zéro, et que j'ai quelques tatouages, que ça veut dire que je suis déjà allé en prison, que je connaisse leurs fameuses douches et le coup de la savonnette.
Ensuite mon nom de code' ne vient pas des vers de terre ou d'un quelconque gastéropode. Mon nom vient d'un terme utilisé en science-fiction. Un wormhole est un tunnel reliant deux points de l'espace intersidéral.
Donc mon pouvoir consiste à créer des portails qui me permette de me déplacer d'un point à un autre.
Donc la prochaine fois que tu veux juger quelqu'un, assure toi d'abord de connaitre assez d'informations sur cette dernière."

Juan arrêta de là de parler. Il se dirigea vers un fauteuil. il y prit place, en attendant, que ses deux interlocuteurs principaux reprennent la parole.

Alixtide nota que le nano-techo-mutant avait une certaine résistance, voire répartie, dans la manière dont il tentait de répliquer aux attaques sournoises. Il nota aussi une volonté altruiste, puisqu'il venait à la rescousse de Keyah. Celle-ci rembarra le Breton, comme c'était prévisible vu la cruauté de ses propos. Alixtide ne lui en voulut pas, d'ailleurs son attention tout entière fut acaparée par un fait original. Loin de lui jeter des pierres et de le piétiner manu militari, les élèves s'intéressaient à son histoire et le pressaient d'en raconter les détails.

Tel un jeune coq de basse-cour, Alixtide gonfla le torse et savoura quelques instants de silence, avant de répondre à Viconia d'un air éminemment compatissant.

"Ah oui purin vous n'avez vraiment été utiles à rien. Mais ça arrive ! Mais tu as du portentiel Nicova. Tu triportes de mieux en mieux et qui sait dans la porchaine mission qui tu perceras."

Alixtide ignora très superbement et ostensiblement Juan, pour lequel il n'affichait que mépris, tandis qu'il observa d'un air satisfait le petit Japonais à l'œuvre. Il s'amusa de ses remarques innocentes adressées à Wormhole.

"Hé Kranata au lieu de poser les questions à Morwol, qui n'y connaît que du vent, regarde le vrai chef du groupe des LeX-lâchés-pour-comptes à Paris, je parle de moi et de mes deux narcolytes : Blacke et Morwol justement."

Il s'enveloppa impérialement dans son peignoir pour dramatiser la scène, et tel un orateur romain plébiscité par la foule il désigna nonchalamment de l'index l'innocent Yanis.

"Ta question Nanis est purin intéressante : quelles purin machines on a vu et comment elles purin frictionnent ??"

Il se décolla du banc des ordinateurs et se promena quelque peu.

"Déjà il faut dire que c'était par un faux salon qu'on est entré. Un endroit fait de tunnels vertuels, creusés par les gens pas gênés et pas sympa du tout du Cortège Invisible. Je suis purin allé sauver une tévéporteuse tombée dans le faux salon devenu grand cube vide. Dans ce grand cube, il faut purin imaginer des trappes au milieu de purin chaque face. Et un petit cube encore, électrique, qui bougeait partout. C'est dans ce truc vangereux que mes fut-disant coléquipiers m'ont abandonné..."

Regard lourd de colère sur Juan, avant de poursuivre.

"Les femmes du Cortège ont dit : ceci est un virus qui nous attaque ! Un virus ? Moi je vois juste que c'est un truc qui a préturbé leurs tunnels vertuels spaciaux. Le cube éclectique m'a purin frappé au dos et je me suis rêvanoui. Quand je me suis évaillé dans la pièce suivante, c'était purin comme un fond d'égout, une caverne ragoutante, avec des os et des monstres et des trucs gluants. Puis j'ai rencontré la Gardienne de la purin Lumière, qui avait une voix de robot et était purin un robot ensacrée dans le mur !!"

Il fit de grands gestes avec ses bras pour tenter de figurer la chose.

"Elle était dépica... décapitée. Juste sa tête ! Et de son purin front elle m'a donné une puce, et est morte. Enfin à cause du virus, ou pourquoi d'autre ?? Et comme j'avais vu la mort et pris la puce, je suis devenu en quelque sorte son purin remplaçant dans le fait de donner la Lumière."

Il décida de ne pas mentionner les titres divins dont Mike l'avait affublé, parce qu'il redoutait que personne ne trouve plus l'histoire crédible.

"Et puis nous avons affonrté le fameux Tirbunal des Ténèbres. C'était une chose très bizarre. Un tube tordu, une grosse porte avec une forme d'homme moulé dedans. Et une grosse voix. Bon j'ai sauvé tout le monde comme d'habitude. Et pourquoi je sais que c'était qu'une machine ce truc ? Parce qu'il n'a pas vu que j'étais purin vivant, il me croyait purin mort, et surtout il a cru mes purins mensonges."

Il passa sa main dans son cou pour étaler l'huile de friture encore dégoulinante. Il tourna la tête vers Yanis, qu'il commençait à considérer comme un vrai spécialiste à même de comprendre.

"Comme une machine ordonateur tu vois ? Si dans "Rechercher" tu marques "vache volante", ben l'ordonateur il va quand même chercher même si ça n'existe pas ! Ben c'était pareil. Ah ah ! Il a trouvé notre vache volante et purin, on a été atiqués. Aquités."

Il mit les mains sur le dossier d'un fauteuil douillet, histoire de les essuyer l'air de rien, puis observa Yanis et Viconia pour répondre à leurs questions. Pendant qu'ils y songeaient, Alixtide fit une dernière remarque pour Kanata :

"Donc tu vois, ça s'est passé en Europe d'abord mais ensuite, purin ailleurs dans une dimension perpendiculaire. Et c'était les LeX mais seulement la partie de l'équipe qui n'était pas assez purin bien pour aller à la soirée de John Jacobs. Et de cette partie sans importance, Wormol n'a sûrement pas fait grand chose ! Comme Nikova. Vocania. Bref comme la fille. Parfois on est nul hein, on fait rien de bien super en mission !"

Il adressa au Japonais un clin d'œil d'encouragement.

Crâne d'oeuf avait mal pris ses propos. Ce qu'ils pouvaient être susceptibles ici ! A peine on disait un truc qu'on risquait de se prendre une baffe comme la boxeuse romantique l'avait démontré. La violence, toujours la violence. Il fallait être sournois. Kanata aurait beaucoup de choses à leur apprendre !

Le mexicain à la sensibilité à fleur de peau jugea utile de le sermonner. Le Yun leva les yeux aux ciels pendant la prêche et attendit patiemment qu'il termine enfin. "Tu sais, y'a pas d'honte à aimer les douches hein. C'est sympa aussi ce genre de trucs. Ca change des filles. Enfin je pense que t'en as pas connu des masses...Faut bien se faire la main sur ce qu'on a à portée." L'objectif de s'en faire un ami semblait compromis mais il n'avait pas envie d'arrêter de l'ennuyer. C'était distrayant.

Le mutant à l'odeur forte commença à raconter leur aventure en Europe. Heureusement qu'il était là, lui. Il avait beau être particulier, Alixtide était amusant et déjà moins prise de tête que crâne d'oeuf. Le LeX raconta ses péripéties palpitantes tout en étalant un peu le gras dont il était recouvert. Kanata jeta un regard à Juan "Tu devrais en emprunter un peu de graisse! Ca devrait t'éviter de marcher en canard !" Provocation pure ? Aucun doute.

Le Japonnais écouta attentivement l'histoire que le mutant racontait sans tout comprendre. Au fil de l'explication, il commença davantage à relever une à une les modifications de mots qu'il remarquait dans les phrases de Gargoyle qu'à essayer de relier les éléments qu'il donnait. C'était un vrai langage qu'il avait développé. Le Yun appuya lui aussi un regard lourd sur Juan lorsqu'Alixtide parla d'abandon. En plus d'être un rabat-joie, il était lâche. Puis le conteur termina par préciser que le Mexicain n'avait servi à rien dans la mission. Décidément, ce mec était un boulet !

Kanata jeta à nouveau un regard vers Juan comme quelqu'un qui prépare un sale coup et observe sa cible. Il reprit Alix, dans son langage " T'es pas purin nul toi en tout cas. La mission a réussi graisse à toi ! T'es le vrai porlier de l'équipe. Les autres seraient purins mal sans toi. " Voilà qui gonflerait l'égo du mutant odorant. Une sorte de récompense pour avoir raconté la mission, même s'il n'avait pas compris la moitié des informations tant elles semblaient invraisemblables. "Vous devez pas vous emmerder au moins ici. C'est pas trop dur les responsabilités envers l'équipe Alixspeed ?" Petit rajout d'une couche pour bien enfoncer le clou envers Juan. C'était ça être sournois. Attaquer indirectement ses ennemis tout en bâtissant ses alliances !