Drôle de nom pour une pièce

Le cyber-mutant resta dans le flou concernant la nature de l'amour. La Finnoise avait néanmoins émis une réponse d'une logique satisfaisante à la New-Yorkaise. Les mauvais choix conduisaient à de mauvaises situations. Cette réponse surprit Yanis. Il la surprit parce qu'il était d'accord. Cette affirmation correspondait à ses propres schémas de pensée. Or, il était surprenant d'entendre ce genre de déclaration factuelle dans la bouche de la jeune artiste.
La propriétaire de cette bouche retira sa main de son front. Il avait néanmoins eu le temps d'évaluer le choc thermique, qui lui semblait encore dans les clous, même si ce fut d'une voix amoindrie que Viconia lui répondit. Une réponse claire et nette. Elle n'allait pas bien, et son mal être n'était pas lié à une fièvre. Le mal être psychologique était certainement plus difficile à guérir. On ne voyait pas la zone à traiter à l'oeil nu et se médicamenter sagement dans ce domaine était particulièrement ardu. Kanata proposait d'ailleurs sa propre homéopathie à Georgia. L'Algérien, lui, aurait été bien en mal de suggérer à la rousse comment modifier son état, et ça l'inquiétait pour leur sculpture. Tout ce qu'il avait pu relever par ses sens était que Viconia était dans son état normal quelques instants plus tôt, même enthousiasmée par la robe qu'elle devait avoir passé du temps à concevoir, s'il en jugeait par les pansements qu'elle avait ajoutés à ses doigts depuis leur dernière rencontre. Il pouvait d'ailleurs lancer une nouvelle unité de mesure à l'échelle Viconia : le pansement à l'heure. Sur la base des trois doigts coupés, il pouvait conclure qu'elle s'était investie dans ce projet vestimentaire, et au détriment de leur propre projet. Un projet important dont le résultat déterminerait son succès aux rattrapages. L'image vivace de la Finnoise lorsqu'elle lui avait demandé son aide lui revenait très clairement en mémoire. Georgia était donc une priorité plus pressante que les rattrapages. Il y avait eu la déclaration publique de Georgia. C'est à ce moment-là que Viconia avait commencé à dysfonctionner, et qu'elle avait autorisé son amie à détruire son oeuvre, pourtant prioritaire... Il ne voyait qu'une chose : Viconia en voulait à Georgia, et Georgia voulait Viconia. Les raisons conduisant à cette conclusion restaient floues, comme des fils invisibles qui manipulaient des marionnettes.

"Hum. Peut-être." répondit-il à Kanata, tout en observant sa partenaire quitter le foyer. Yanis n'avait pas réellement eu l'occasion de juger de la couleur de ses cheveux sous le soleil, en attendant vérification, il laisserait donc le bénéfice du doute au Japonais. Finalement, l'Asiatique était resté juste suffisamment longtemps pour rafler la mise. Plutôt futé. Georgia remercia le nano-mutant pour sa présence dans la pièce. Cela avait été tout à fait fortuit et intéressé, puisqu'il était venu faire quelques recherches pour les JustiX. Et finalement, elle était la responsable de sa présence forcée sur place lors de sa déclaration. Il n'avait vraiment rien à voir là-dedans.

Détachant son regard du chemin qu'avait emprunté Viconia, l'Algérien alla silencieusement éteindre l'ordinateur qu'il avait utilisé. Il fit de même avec celui utilisé par Keyah, lorsque la voix d'Alixtide résonna dans son communicateur. Sûrement que Mina n'avait rien trouvé. Il avait bien fait de ne pas ouvrir le mutant comme un goret.

Il quitta alors le foyer sans rien ajouter concernant ce qui s'était passé.

Saut temporel