[KonyX 6.11] Convalescence cinéphile.

La rationalité semblait déserter peu à peu le salon, aux yeux de James, déjà perturbé par les sous-entendus omniprésents. Avait-il bien formulé sa question? Mais oui, pourtant! fut sa réponse.

La logique de la situation devait donc être trouvée dans l'esprit de ses interlocuteurs, et non dans un éventuel défaut de communication de sa part. C'était la jeune femme blonde qui avait répondu à ses questions, en endossant, apparement, le rôle de Jay Sirian, un autre anglais qu'il avait pu croiser dans les couloirs de l'aile des garçons. Ce dernier aurait donc participé à une mission de sauvetage de jeunes mutants enlevés par le gouvernement russe, au sein de l'équipe Kozax. Voilà, cela devait être ça, James commençait à y voir plus clair. Et c'est au cours de cette mission que les Kozax avaient croisé Assya. Mais...Jay n'était-il pas chez les X-Rays? Peut-être le nom des équipes n'était-il pas tellement important, il fallait voir plus large : l'Institut avait mené une mission en Russie, et quelqu'un se servait de cet élément pour tendre un piège.

Voilà ce qu'il fallait retenir de ce discours...surprenant. A part le fait que la jeune femme avait évidemment l'esprit qui ne fonctionnait pas tout à fait normalement, déduction renforcée par l'aspect de la peluche qu'elle escomptait offrir à Vivonia. Pour un peu, James aurait presque envié l'absence de vue de cette dernière, mais non, cette pensée était injuste par rapport à la souffrance que l'aveugle devait éprouver.

Quant à l'attitude de Daniel, elle ne put que provoquer un froncement de sourcils réprobateur chez James : offraient-ils un spectacle tellement plaisant que le maori se permette d'en profiter, comme un supporter de foot avachi sur son canapé, bière et paquet de chips à la main, allant même jusqu'à mettre un fond sonore? Ecoeurant.

Mieux vallait se concentrer sur les efforts de Jeremiah, et sur la suite de la conversation, continuée d'ailleurs par Alexander, dont il se rappelait bien puisqu'ils s'étaient inscrits en même temps à l'Institut.

Tout en observant les réactions de Viconia et de Jeremiah, James continua son interrogatoire, complétant à sa façon les questions posées par Alexander, notant comment celui-ci avait immédiatement pensé à relancer la jeune femme en l'appellant "Jay".

"Vous parlez d'une secte, mais vous disiez juste avant qu'il s'agissait d'un programme commandité par le gouvernement russe. Qu'en est-il exactement? Et pourquoi les envoyer en Inde? Et cela n'explique pas la manipulation de cette Assya...Cela vous dit quelque chose, Alexander?"

Elle avait envoyé sa réponse. Etant donnée la limitation de ses moyens de communication, elle n'espérait rien. Elle se sentait juste un peu mieux. Apaisée en fait.
Elle fronça un sourcil. Et pourquoi donc ? Elle était toujours incapable de créer, ne savait plus comment parler et le monde était une obscurité opaque. La situation était ce que l'on pouvait qualifier de « critique ». Et pourtant, elle se sentait étrangement rassurée.

Viconia, dos droit, mains sur les genoux, tendit l'oreille. Jeremiah, qui lui proposait un test quelques instants plus tôt, lui proposait à présent de lui transmettre quelque chose.
Elle haussa les épaules, mains ouvertes vers le ciel. Se dégonflait-il ? Elle était pourtant toute dispose...

Elle commença à palper le vide autour d'elle, cherchant à déterminer ce que faisait son geek de voisin. Sa main tomba sur quelque chose de pelucheux. Elle ramena sa seconde main afin de palper plus complètement l'objet. Elle essaya lentement de s'en saisir, se demandant si c'est de cela qu'il parlait. Une peluche ?
Maintenant qu'elle avait régressé au stade pré-oral, on allait la border, lui donner une peluche, voire même le biberon ?
Non, elle se faisait mauvaise.
Alors que le débat auquel elle ne pouvait participer faisait rage autour d'elle, elle ramena la peluche sur ses genoux.
Par quelques palpations, elle chercha difficilement à déterminer l'espèce. Un ours anatomiquement disproportionné a priori. Recousu. Et un peu gras... Comble, le cadeau n'était même pas neuf...
Se raisonnant et soupirant, elle essaya d'afficher un sourire. Elle devait essayer d'être moins méfiante et hargneuse.

Après tout, elle ne s'était pas faite sucer le cerveau à cause de James, Miah ou Jay... QUOI PARDON ???

Reconnaissant la voix de Georgia, la jeune fille sursauta. La peluche grasse et la présence ridiculement peu furtive de la blonde firent l'addition dans son esprit.
Il y eut un blanc figé.
Un long blanc.

Puis les épaules de la finnoise se soulevèrent convulsivement, tandis qu'un sourire tordu s'afficha sur son visage.
Elle était fatiguée, fatiguée d'en avoir peur, de la fuir. Elle avait d'autres problèmes, bien majeurs... Et après tout, elle avait essayé de la protéger avant sa succion cérébrale.
Mais surtout. Touchée.
Elle referma sa main gauche sur la chose grasse et la tendit approximativement dans la direction de Georjay. Sur son visage, un sourire. Un sourire apaisé, simple.
Touchée par le geste aussi improbable que spontané, venant sans nul doute d'elle. Touchée, mais elle ne pouvait la garder.

Alors que son communicateur se remit à grésiller sans prévenir, la jeune fille sursauta de nouveau et faillit lâcher la peluche.
Elle écouta la première phrase le sourcil gauche froncé. Elle ne comprenait pas trop le but de la proposition.
Son cœur fit un bond. En fait, elle s'en fichait.
Même si c'était pour s'assoir à côté de lui dans l'herbe, un burin en main, enterrant son passé vigoureusement, l'affaire était conclue.
Toute cette sollicitude l'énervait et ne contribuait qu'à la garder d'avantage enfermée dans son corps. Yanis n'était pas du genre émotif, encore moins irrationnel.
S'il avait une idée, ce serait certainement utile. Comme il l'avait dit plus tôt, être là en tant que lui-même, c'était tout.

Comme un prolongement de sa propre pensée il ne finit pas la proposition, lui établissant simplement un langage adapté.

Ramenant la peluche vers elle, Viconia chercha calmement l'oeil de l'ours. Décrochant son communicateur, elle frappa assez fermement de micro du communicateur contre le plastique de l'oeil.
Ceci fait, avec le plus grand naturel, elle remit son communicateur, et retendit la peluche vers Georgia avec un sourire de remerciement.
Non, elle ne pouvait pas la garder, ce n'était pas bon pour Georgia.
Le geste était considéré, avait touché sans hargne, mais il ne fallait pas en faire trop.

A peine cassandre partit, Jason sentit comme quelquechose d’oppressant en lui… Il ne saurait dire quoi au juste. Comme si la seule personne qui pouvait donner un sens à tout ça les laissait la. Bien sur, ce n’était pas ça du tout. Elle l’avait dit elle-même, elle partait pour justement activer les réseaux et agir. Mais au milieu de tous ses camarades, qui papillonnaient autour de Vic, Jason se sentit soudain comme un poisson hors de son bocal. Il avait un peu de mal à respirer, quelque chose lui faisait mal au cœur. Sahari. Vic.. combien d’autres encore ? En regardant les blessures de Daniel, il se dit qu’il était passé à un cheveu de mourir, lui aussi, et tout ça sous ses ordres à lui…

Comment être un chef de mission quand on arrivait décidément à rien. Il avait besoin de parler. De ça… d’autres choses. Ça faisait trop longtemps qu’il gardait tout pour lui, qu’il était présent pour tous ceux qui en avaient besoin. Le rocher, optimiste, souriant, gentil, prévenant… Mais à l’intérieur l’encre noire se mêlait à la blanche, comme un écho à ses manifestations, blanches et noires, elles aussi. Et au milieu de tout ça, il ne trouvait même plus le réconfort dans les bras de Luther. Parcequ’au début, il pensait ses blessures superficielles, alors il se contentait de prendre son pied avec lui. Parcequ’ensuite, il avait commencé à l’aimer pour de bon, il continuait à le voir, à le serrer contre lui, à s’endormir contre sa peau tiède. Mais à présent, ses vieux démons commençaient à refaire surface. Et un baume apaisant ne suffisait plus. Il voulait plus. Il avait besoin de plus. Il ne savait pas vers ou se tourner.

Robin ? suite à leur duel, ils avaient bu pas mal de bierres ensemble. Non.. trop récent… Une amitié avait commencé à naitre avec Viconia, mais elle avait besoin qu’on lui fiche la paix. Miah, lui, avait plein de qualités, mais ne saurait pas quoi lui dire. Nan avait ses propres blessures sociales…Lucas et Jade ? ils vivaient leur parfait amour. Pareil pour l'abeille et sa suisesse... Et puis dans la chambre, c’était lui qui jouait le rôle de confident, ouvrant un chemin au geek que celui-ci n’aurai sans doute jamais foulé livré à lui-même.

Et il y avait eut la mission à paris. Il avait été perturbé d’apprendre ce qu’était devenue Amélie. Perturbé de savoir qu’elle avait un don, elle aussi. Il s’était contenté des rapports plus ou moins informels de leur mission, se sentant assez mal d’avoir embarqué ses camarades dans ce périple, sans savoir qu’ils se retrouveraient dans une sorte de rêves psychédélique dangereux.

Il réussit tout de même à sourire quand il vit et surtout entendit le manège de Georgia, et son cadeau qui ne ressemblait à rien, mais qui était si touchant venant d’elle. Il l’enviait, la, tout de suite. Elle vivait les affres de la tentative de séduction. Ou tout est encore possible, ou l’angoisse se marie avec l’espoir. Comme cette nuit à l’institut, lorsqu’il avait laissé son lecteur de musique jouer la sérénade à une chaussure perdue dans la rosée. Le regard un peu triste, il resongea à ce qu’il avait prévu pour Luther dans son cube. Au temps qu’il y avait passé… A la vacuité d’un tel acte. Après que tout le monde soit parti, ce soir la, il était rentré dans le cube, et s’était passé le programme destiné à son amant. Il était resté la des heures, perclus de fatigue, et c’est avec une tête digne des Jeremiah des grands jours qu’il était retourné dans sa chambre, les yeux rouges et fatigués. Les jours qui suivirent, il démonta sa machine, ne répondant pas aux demandes des autres camarades, qui mirent sans doute son changement d’humeur sur le compte d’une lubie artistique. Il poussa un grand soupir et salua les élèves présents.
« Je vous laisse je… je… prends l’air… » Dit il, se dirigeant vers le foyer, une idée en tête. Il fit tout de même un arrêt sur Alexander, précisant « très mignon… sans doute sa prochaine proie… » et c’est avec cette remarque sibylline qu’il sortit.
chambre de Jason et Jeremiah

Georgia eut très peur l'espace d'un instant. Alors même que Daniel mettait un fond sonore pour habiter la bande son de sa vie de blondinette déséquilibrée, la mitalienne observa Viconia manipuler ce pauvre Garfuroncle. Que voulait-elle faire avec son communicateur ?

Elle eut très peur.

Et son soulagement n'avait d'égal que l'effroi qu'elle venait de ressentir. Récupérant dans ses mains le compagnon de toute son enfance, la blonde toucha légèrement les mains de la rousse. Était-ce un sourire de remerciement qu'elle pouvait lire sur son visage ? Ou bien l'éternelle consternation de celle qui n'arrive pas à se défaire des assauts d'une minette de Little Italy franchement envahissante ?

Elle avait joué et pour une fois elle avait gagné.

Triomphe de courte durée à vrai dire... Ça ne changeait pas grand chose à la situation. La rousse était toujours aveugle et muette. Et une place vide et angoissante se trouvait toujours à l'endroit où aurait du se tenir le cœur de la blonde. Damned.

Georgia écouta distraitement les réflexions de James et d'Alexander. Elle n'était pas historienne de l'Institut. Et n'avait jamais été ni LeX ni KozaX mais...

"Je crois me souvenir que la NYCU avait déjà été attaquée il y a quelques mois de ça... Par une nana ailée qui avait été ma colloc à l'Institut. Mariann. Une nana qui a carrément pété un boulon. Mais alors franchement pour le reste... Je dois admettre ne pas avoir trop suivi"

Elle avala sa salive : effectivement ses réflexions en tant que GeorJay n'étaient pas des plus claires. Comme désolée de cet état de fait, elle fit une drôle de petite moue et ajouta à l'attention de James :

"Les KozaX pourront t'en dire plus que moi je pense mais... Entre le gouvernement russe et la secte Nemo je ne saurai te dire qui manipulait qui. Pour Assya... A la dernière mission, avec Vic on est tombées sur une agence d'intérim qui kidnappe des mutants pour leur faire faire des sales boulots contraints et forcés. Genre du terrorisme ou de l'assassinat. Ils ont un télépathe qui semble être chargé de les conditionner. Du moins en partie. Pour le reste, faudrait discuter avec les gens qui sont partis à Tunis chercher Sahari : il y aurait une affaire de chirurgie derrière... Façon on finit de conditionner les gens avec des bistouris... Brrr !"

Georgia sourit légèrement. Il n'y avait rien d'autre à faire.

"Ce qui expliquerait peut être le cas d'Assya. Et de Sahari par la même occasion... Enfin, si tu veux en savoir plus je te conseille d'aller en parler à Cassandre. Y a plus qu'elle à l'Institut pour gérer ce sac de nœuds"

Reportant son attention sur les choses qu'elle considérait comme essentielle, la blonde oublia le fond sonore de Daniel (elle était ravie de voir qu'il semblait aller mieux) et lança d'une toute petite voix de minette échaudée à sa rousse :

"Dis... Euh... Ça te dirait qu'on aille dans ta chambre ?"

Elle avala sa salive rapidement et précisa :

"Enfin, euh... J'ai bien tout compris ce que tu m'avais dit l'autre fois et je m'excuse de mon comportement, euh... déplacé. Mais, j'ai réfléchi aussi : j'y connais rien en art mais je me disais qu'on pourrait essayer de faire un truc artistique. Genre bosser sur les reliefs et les textures. J'suis pas sure que t'aies de la peinture épaisse chez toi mais on peut essayer ? Qu'est ce que t'en penses ?"

Bien sur le problème de la communication était entier. Elle posa sa main contre celle de Viconia.

"T'as qu'à choper ma main si ça te dit et on y va. Sinon, tu sais où je suis et je sens que je vais me manger une tarte. Et franchement, je l'aurais certainement pas volée"

Ses genoux tremblaient et sa mine était anxieuse. Comment faisait-elle pour toujours se retrouver dans de pareilles situations ?

Alors que Jason passait à coté de lui, laissant au passage une phrase qui étonna Alexander allant jusqu’à le faire bugé, le mutant télépathe resta un cour instant après que Jason sois parti dans le vague.

«C’était quoi cette phrase ? »

Lança il dans le vide des personnes présente, pas sur que pour le coup il veuille la réponse, il secoua la tête pour ne plus y repenser, regardant Viconia faire son œuvre sur le nounours, devant une Georgia en mode panique, avant que celle-ci ne vienne à lui répondre.

Mariann, le nom de la mutante raisonna dans ça tête de façon brutal, le regard du mutant qui avait l’air si amical, ce mua en un regard profond de colère et de haine, ses bras tombèrent le long de son corps poing serrer.

« C’était donc d’elle d’on tu me parlais a mon arriver… »

Rétorqua il avec un air lugubre, qui n’allait pas du tout avec la personnalité habituel d’Alex, son regard ne fixais personne, il était dans le vide, dans un murmure il ce parla à lui-même, sans vraiment faire attention qu‘il venait de perdre le contrôle de son pouvoir et que tout le monde entendait.

« Imbécile… je suis un imbécile! »

Tout ce recoupais dans ça tête, l’attaque de la NYCU qu’il avait stoppé, les morts, Mariann… le faite que Bob ne s’avait pas pourquoi il faisait ça, la secte, tout ce mélangeais d’un coup dans la tête du mutant, il fini par regarder James qui lui posais la question de savoir si ça lui disait quelques chose, le mutant força un sourire, mais cela ce voyais.

« Disons que j’ai rencontrer cette Mariann… et cela n’a pas été… une bonne rencontre James! »

Il garda le sourire forcer, avant de regarder tout le monde et de prendre la direction de ça chambre.

[ Ailleurs]

Jeremiah sourit légèrement, d'un de ses sourires tordus dont il avait le secret. Le cadeau de Georgia avait eu l'air de faire son petit effet, malgré le craquage complet de la jeune fille sur son camarade d'équipe, tant mieux pour elle. Par contre, lui qui se réjouissait d'être enfin utile à quelque chose, tout seul, comme un grand, revint bien vite à la réalité : s'il avait au début eu l'impression que son pouvoir fonctionnait, Viconia ne manifesta aucune réaction particulière et il soupira silencieusement, levant un regard déçu vers la blondinette à la peluche cradingue qui avait posé une main sur son épaule.

"Vic ? Ça a pas eu l'air de marcher, désolé... Heu... Bref. J'y vais."

Après tout, entre le soutien affectueux de Georgia et d'il-ne-savait-qui-au-communicateur, et celui plus technique de James, la jeune artiste semblait bien entourée, il se sentait un peu de trop. Se relevant, il attrapa l'ordinateur qu'il avait posé de côté et s'éclipsa de la pièce, enregistrant dans un coin de son esprit trop curieux l'intéressante conversation qui s'y tenait. A méditer. Ou pas, il ne se sentait pas franchement d'attaque à réfléchir longuement cet après-midi.

[ Jardin]

Triste constat provenant de Jeremiah. La main sur l'épaule de Viconia, il fit tomber la sentence tant redoutée : pas d'efficacité des pouvoirs de projection.
La jeune fille frissonna, et en un instant, se rendit compte de sa solitude. Sa solitude passée, par choix, et non regrettée. Sa solitude à venir, incertaine, angoissante, et imposée.
Coupable de quelque chose ? De prétention ?
S'était-elle crue toute puissante, elle qui cherchait à remettre son art en question, sans vraiment y parvenir, par égocentrisme artistique exacerbé ?
Son pouvoir avait-il à ce point agit sur elle qu'elle en avait oublié sa propre humilité le payant de sa sécurité ?
Ou bien, avait-elle tout simplement influencé son pouvoir ?
Il fallait cesser de l'envisager avec couardise telle une présence malfaisante, bien utile pour se dédouaner de ses actes.
Son pouvoir, à l'instar de son art ou de ses yeux couleur marigot, était une prolongation de son être. Elle vivrait et mourrait avec, non pas par choix, non pas avec regret, mais parce que c'était ainsi. Elle était lui, il était elle. En un sens, il était même beaucoup plus elle qu'elle ne l'aurait pensé.

L'œil aveugle de la finnoise se brouilla, tandis que Georgia lui déclarait à nouveau suavement de se retirer dans ses propres appartements.
La rousse triste n'eut pas le temps de ressentir le désespoir de faire face à la marée montante que l'on ne saurait arrêter. Et ce malgré toute notre rage et notre conviction face aux flux et reflux de Neptune.
Georgia corrigea. Georgia eut là une bonne idée du point de vue de son statut Viconien.

La pâlotte nordique eut un faible sourire en coin résigné. Étaler un résidu pitoyable de ce qui ne serait pour le moment rien d'autre qu'une lamentation sans but et auto-flagellatrice ne la tentait pas le moins du monde. D'autant plus qu'elle ne voulait pas se montrer vulnérable devant la personne qui saurait le mieux, selon son opinion, exploiter ultérieurement n'importe qu'elle faille.
Dur de faire cette constatation tout en se rendant compte que l'on parlait là d'une de ses seules amies. Compagnes de traumatisme. Infortunée camarade sur le champ de bataille.

Prise d'une impulsion, Viconia ne fit rien d'autre que d'attraper la main de Georgia.
Mais ce geste fut concomitant d'une projection. Assise aux côtés de Viconia, on pouvait à présent très nettement se demander comment Kitty avait pu étendre son pouvoir jusqu'à la téléportation. Et ce qu'elle faisait, avec son sourire de Sainte, la main posée sur le crâne de l'aveugle-muette.

Viconia, avant de décider de s'auto-placer en échec et mat, tentait une dernière action salvatrice.
Un dernier espoir.
Et pour cela, sa meilleure ressource était le zèle de Georgia.

Pas de nouvelles algériennes. C'était à la fois blessant et à la fois compréhensible.
Forte de ce nouvel élan d'auto-sauvetage, Viconia essaya de rendre muet le bouton rouge qui bipait avec insistance sur la console des « tout va mal, c'est le crash ! ».

La crise de Viconia semblait momentanément finie, et tout le monde partait petit à petit, laissant la jeune femme seule en compagnie de Georgia. La même Georgia qui venait de leur servir un sacré numéro. Mais apparement, ses repères à lui n'étaient pas forcément valables à l'Institut. Parmi le remue-ménage créé par les différents départs, le jeune britannique cru entendre vaguement des bruits de sirène, au loin, mais son souci immédiat restait l'aide qu'il pouvait fournir à Viconia. Mais il ne voulait pas non plus déranger, elle serait sans doute entre de bonnes mains avec son amie...Vraiment? Bon, il vallait mieux carrément demander plutôt que de se reposer sur son raisonnement. Communiquer, voilà quelle était la clé. Du moins il l'espérait, et c'est avec un brin d'appréhension qu'il se tourna vers la blonde extravertie :

"Bon, Georgia, Viconia, si vous avez besoin d'un coup de main, sachez que je reste à votre disposition." déclara t'il solonnellement. Puis, ajoutant après une petite pause : "Mais si vous préferez que je vous laisse, n'hésitez pas à me le faire savoir."

Voilà, il avait même évité toute allusion au handicap de Viconia. Il ne serait pas dit qu'il laisserait tomber après avoir offert son aide. Mais dans un coin de son esprit, il cherchait déjà les excuses qu'il pourrait bien fournir pour son absence à l'école. Bah, il n'aurait qu'à dire la vérité, moins quelques détails : secours à personne en danger, premier devoir du secouriste.

Il attendit donc la réaction des jeunes filles, récupérant son sac en prévision d'un prochain départ, soit à la suite des demoiselles, soit en direction de Salem Center et de son établissement scolaire.

Ainsi Alexander connaissait Mariann ? Georgia eut l'air surprise, étant persuadée que cette dernière était quelque part en prison... Elle vit le petit manège du télépathe et comprit assez rapidement que la rencontre n'avait pas du être des plus agréables...

Elle ferma les yeux, tentant de se rappeler ce jour-là, où sur le perron de l'Institut Gabrielle l'avait embrassé devant Lyu et Mariann. Souvenir agréable, mais souvenir lointain : après tout Lyu était mort, Mariann avait viré délinquante terroriste et Gabrielle... était partie. C'était presque comme s'il s'agissait d'une autre Georgia qui aurait vécu cette scène de volupté adolescente...

Tant pis.

Et les garçons s'en allaient un à un... D'abord Alexander puis Jeremiah, visiblement contrit de n'avoir pu rien faire pour Viconia...

Ne restaient plus que les deux NeXus, Daniel sur le canapé et un James, très poli et très serviable...

Et la main de Viconia dans la sienne. Georgia en frémit et un peu plus elle en aurait eu des larmes aux coins des yeux !

La projection mentale la fit bondir et serrer un peu plus fort la main de la rousse : Kitty. Kitty en ange guérisseur, la main sur le crâne de son aimée...

Le cœur de Georgia avait du faire un bond. Elle était essoufflée. Son pouls s'accélérait... Quelle idiote... Quelle misérable idiote. Maintenant tout était clair.

Elle remercia James en bredouillant :

"C'est sympa... Euh... Vraiment sympa. J'apprécie beaucoup ce que tu fais et... J'suis sure que Vic aussi. Mais... Euh... Faut qu'on file !"

La décision était prise. Le chemin clair. La communication rétablie. Si ça marchait la rousse pourrait lui brailler à nouveau dessus. Et même si c'était pour qu'elle se mange un nouveau violent râteau, la blonde préférait ça à la malheureuse créature qu'était devenue son amie artiste...

Sans plus attendre, elle conduisit par la main Viconia hors de la pièce...

Piscine

Le spectacle de Georgio-Viconien devenait pour le moins en moins intéressant surtout que la finnoise recevait des message par communicateur. Et elle semblait vouloir faire répondre l'odieuse peluche. Cette idée fît sourire Dany, Mais le regard lourd de sens de James transforma ce sourire en mine perplexe. Il ne comprenait pas ce que l'anglais lui reprochait. Peut-être voulait-il du pop-corn. Daniel pensait avoir été clair, les friandises était en libre service. Il compris ensuite que les reproches venait du fait qu'il désapprouvait le fait que Daniel voie la cour théâtrale de la Mitalienne comme un spectacle. Mais il pensait que s'il metait fin à la supercherie, Georgia ne manquerait probablement pas de lui faire payer. Et il pensait aussi que soutenir Georgia en l'appelant Jay revenait pour lui à trahir Vico'. La solution restait d'observer sans rien dire. De tout e façon Viconia avait visiblement flairer le mauvais coup. Déjà elle rendais la peluche. Mais la New-Yorkaise n'en restait pas là Elle lui proposait de partir dans une chambre. Les gens partait les uns après les autres. Si bien qu'il se retrouvait face à James. Il se leva à son tour et en récupérant ses victuailles sous ses bras. Il récupéra son film et dit en passant la porte.

Si on me cherche je suis dans ma chambre. A plus.

Ailleurs (Chambres)

Le calme était de retour dans le salon, James se retrouvait seul. Apparement, plus personne n'avait besoin de lui, et le jeune britannique pouvait vaquer à ses occupations. Et il avait une journée de cours à moitié loupée à prendre en marche, il n'avait que trop pris de retard.

James récupéra donc sa serviette et sortit du salon, ruminant encore un peu sur la vie à l'Institut. Si la scène du matin était représentative, son séjour allait être...interessant. Poussant un soupir de découragement à l'idée de la soirée qui l'attendait, avec les cours à rattraper, le jeune homme pris la direction de Salem.

Dans les rues de Salem.