Pélerinage en camaieu de rouges

Trouvant que le temps s’y prêtait à merveille, surtout le soir, Jason avait ressortit sa tenue qu’il s’était « customisée » pour l’expo, avec Yanis et La finnoise il y avait maintenant une éternité.


Même si il avait un peu chaud, il mettait alors sa veste sur son épaule, nonchalamment, en marchant. Elle allait mieux, c’était ça, qui comptait vraiment. La vie reprenait son cours, et bientôt, les élèves allaient pouvoir intervenir pour contrecarrer ces malades mentaux qui lobotomisaient les mutants. Tous les jours, depuis un certain temps, il faisait une sorte de pèlerinage, et ses pas, après l’avoir conduit au parc ou les jolies couleurs rouges et brunes se mêlaient au vert sombre et à l’ocre, les rires aux piaillements des oiseaux, le menaient invariablement devant la devanture du salon de Thé. Il n’y entrait pas toujours, se contentant parfois de regarder en souriant les gâteaux sur la devanture, repensant à la dernière scène qu’il avait jouée à l’intérieur avec un certain québécois. IL se sentait apaisé ici, loin des préparatifs stressants qui avaient cours à l’institut. Il y a quelques jours, il avait posté un courrier, qui était un reflet du mail qu’il avait envoyé à Amélie, dans l’espoir qu’elle le recevrait.

Amélie. J’espère que tu vas bien. J’étais incapable de te parler. J’étais effondré suite à la mort de Josh. Je tente de donner une image joyeuse à tout le monde, ici. Mais tu sais aussi bien que moi que ma part sombre n’est jamais très loin. Tu sais à quel point Josh avait remplacé toute l’ombre par de la lumière. Et tu sais à présent aussi que j’aurai voulu vivre tout l’amour que je lui réservais. Je n’ai pas eut le temps. Malgré le fait que j’ai rencontré un garçon formidable, et beau comme un dieu, je me sens seul comme jamais. Dans cette solitude, un visage me revient. Le tiens. Associé à de bons souvenirs. A un moment inoubliable en compagnie de celui que j’aimais plus que tout. J’ai appris que tu as un don toi aussi ? Et oui, moi aussi. Il s’est révélé quand.. Tu sais… dans l’hôtel… j’ai survécu. Pas lui. Je.. S’il te plait, donne moi de tes nouvelles, explique moi dans quoi tu es embarquée… parle moi… trouve moi, car moi je me perds, petit à petit. Et je n’ai même plus l’intention de me trouver moi-même. J’ai plus le courage de trouver tout le temps du courage. Je me rends compte à quel point tout ça est vain… Tous ces gens qui veulent du mal aux mutants… Et toutes mes nuits à espérer que tout ce que j’envoyais comme amour me reviendrait, nourri par mon amant. C’est le cas, je veux dire… Je sens bien qu’il tient à moi, mais j’ai envie de faire du mal à ceux qui nous en font.. je veux dire, nous, les mutants… C’est comme si j’avais tenté de rapiécer un pantalon trop vieux. Ça tient un temps… mais la fissure réaparait. Je voudrai avoir le don de m’envoler, de disparaitre. Je tiens trop à la vie pour repenser à ce que je voulai faire à l’époque. Mais je suis las.. si las… Signé : Jason »

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Ce soir, il était venu un peu plus tard que d’habitude. Le salon de thé n’allait pas tarder à fermer, sans doute, mais il regardait l’alignement des gâteaux dans la devanture comme si c’était un livre d’image, comme lorsqu’il était enfant, dans cette autre vie ou sa mère et son père l’aimaient encore. Il faudrait qu’il prenne des nouvelles de son frère tout de même. Lui ne pouvait pas l’avoir rejeté en bloc. Ouais… il prendrait de ses nouvelles. Le reflet qu’il vit dans la vitre lui fit porter ses doigts sous ses yeux, tirant un peu, voyant qu’il avait des cernes. Avec un sourire en coin, il pensa qu’une partie de cette fatigue était beaucoup plus agréable que d’autres parties, grâce à son amant…

Peut-être Jason avait-il été un peu trop absorbé par ses pensées, mais il sursauta presque en entendant une voix derrière lui.

"Mon petit doigt me dit que l'un de ces gâteaux fait l'objet de ta convoitise, même si quelque chose de plus profond semble te tracasser."

Derrière lui, il put voir un visage qu'il n'avait plus vu depuis quelques temps déjà...


Suivi par un autre familier.


"Salut Jason ! Tu nous invites à boire le thé ?"

Aussi improbable que cela put paraître, Arthur et Charles avaient répondu à sa bouteille à la mer.

Alors que l’irlandais commençait pratiquement à saliver devant la devanture, une voix derrière lui le fit sursauter. S’attendant à tout et n’importe quoi en ce moment, mais surtout à n’importe quelle forme d’agression, il serra les poings en se retournant, et resta la bouche béante, l’air idiot, en apercevant Charles et Arthur… Charles et Arthur !!! Ils étaient venus !
« Ben merde alors ! Charles et Arthur ! Si je m’attendais à ça ! » Ni une ni deux, il se précipita vers eux, pour les prendre dans ses bras… Son cœur s’emballait, c’était un moment magique, il n’arrivait pas à croire à leur existence, la, tout de suite, il fallait qu’il les serre contre lui pour en être sur… Dans un flot incompréhensible de paroles, on pouvait distinguer surtout, murmurés, des « merci… merci… ».

Un sourire Colgate au visage, les yeux humides, il les regarda un moment, histoire de fixer ce moment au cas où le reste devait tourner en jus de boudin. Du coin de l’œil il avait cru apercevoir jolène, mais il n’en était pas sur. « Avec plaisir, je suis tellement content que vous soyez venu… Vous ne pouvez pas savoir comme ça compte pour moi… Euh… j’crois bien qu’il y a d’autres étudiants de l’institut, dedans, ça me dérange pas, moi, mais… comme vous voulez ». Il leur sourit, secouant la tête, comme pour être sur qu’ils ne disparaitraient pas d’un seul coup, comme un mirage au milieu du désert. Les détaillants des pieds à la tête, comme un gamin face à son héro de toujours, il se retenait à grand peine de se jeter de nouveau sur eux pour les serrer dans ses bras. Il repensa à sa façon assez incongrue qu'il avait utilisé pour les contacter.

« Alors vous avez vu mon annonce ? J'y crois pas ! J'étais pas sur que ça marche ! on peut entrer et je vous invite, ou, si vous préférez, on va se balader dans le parc ? J’ai plein de trucs à vous dire, même si je prend cette initiative seul… j’veux dire… des trucs personnels, mais aussi des trucs qui nous touchent tous… » il était redevu sérieux, soudainement, aussi chassa t il cette soudaine froideur d’un haussement d’épaule. Et puis merde ! Venant se coller de nouveau à Charles, il le pris pour la deuxième fois dans ses bras, en lui disant « si tu savais ce que tu as fais pour moi… C’est grâce à toi, à vous deux, si j’ai pu revivre un peu. Mais en ce moment, j’ai peur de ce que je ressens, de ce que je deviens, petit à petit… » Il s’accrochait à lui, doucement, comme si c’était quelqu’un d’intime, comme si c’était son frère, sa mère qu’il n’avait, socialement, plus, son amant, même si ça allait mieux depuis quelques jours avec Luther. Oh comme il l’aimait sa culpabilité chérie, en ces temps ou le passé le rattrapait.

Charles se raidit face à la démonstration d'affection de Jason, alors qu'Arthur s'y prêta de bonne grâce, tout en se marrant discrètement.

"Jason, s'il te plaît... C'est très gênant...", finit-il par marmonner, avant qu'Arthur n'enchaîne.

"Oui, nous avons vu ton annonce. J'aime autant que l'on entre, nous sommes debout depuis quelques temps déjà, et puis il commence vraiment à se faire tard... décalage horaire.", ajouta-t-il avec un clin d'œil. Après tout, ils venaient d'un endroit où la nuit était déjà probablement assez avancée.

"Ne t'inquiète pas pour tes camarades, nous n'avons pas l'intention de leur faire de mal...", se sentit obligé d'ajouter Charles, non sans faire savoir à sa façon qu'il s'agissait d'humour noir.

Jason, Arthur et Charles s'installèrent à une table non loin de celle de James et Jolène auxquels Arthur se contenta de jeter un coup d'oeil alors que Charles se massait les tempes du bout des doigts, avant d'expliquer à Jason, sur un ton parfaitement factuel, mais un peu fatigué tout de même.

"Je ressens un énorme trouble ici depuis que je suis arrivé. De la terreur, de l'horreur. C'est assez oppressant. Les gens ont peur, ou ont du chagrin."

"Mais ça nous fait quand même plaisir de te voir hein !", conclut Arthur.

C’est donc en charmante compagnie que Jason s’installa, bien décidé à faire bonne figure. Décidément ce salon de thé avait de plus en plus de bons moments associés dans son esprit. Il allait devenir accroc. Un peu plus loin, l’irlandais pu apercevoir Jolène avec James et leur fit un signe de la tête, histoire qu’ils ne croient pas qu’il les snobait. Simplement, il était avec Charles et Arthur, et ça n’avait pas de prix. Cependant, Charles ne tarda pas à parler de ce qui le tracassait dans le coin. Jason ticqua à la mention des troubles qui semblaient perturber Charles.

« Oui… c’est assez… chaotique en ce moment. On a deux problèmes sur les bras. Localement, il y a eut des attaques de... Euh… » (Il baissa un peu la voix) « parangons… Je ne sais pas si vous savez ce que c’est.. l’institut essaye de déterminer d’où ils viennent, et qui les crée.. Des sortes de… d’humanoïdes génétiquement modifiés, pouvant se transformer, générer des armes sur leur corps… Très violents, ils ont fait plusieurs morts ici, dans le centre commercial, en centre ville. C’était plutôt gore… »… Le serveur arriva avec leurs commandes, instant que Jason mit à profit pour étudier chaleureusement ses camarades de table. Ce qu’il ressentait pour eux était assez ambigu. De la gratitude, de l’amitié, de l’attirance physique, aussi, bien sur… et ce curieux sentiment, auquel il ne prêtait pas trop d’importance, mais qui revenait comme une interrogation : Pourquoi les autres de l’institut les considéraient comme des sortes de… de monstres froids et calculateurs ? IL n’arrivait décidément pas à superposer cette image à celle de Charles ou de Arthur.

« zetes toujours aussi craquant hein » parvint il à dire, sans même rougir, pour une fois. Toutes manières, Charles sentait surement ce que Jason ressentait pour eux deux. Il prit un air un peu plus sombre, cependant, alors qu’il s’apprêtait à parler de la suite.
« L’autre truc pas drôle… C’est que des mutants sont enlevés, un peu partout, et mis à disposition sur une sorte de catalogue par des gens sans scrupule… Mais on va bientôt partir en expédition punitive à ce sujet… Zont maamme… enfin.. S’en sont pris à des gens de l’institut… des gens que j’aime bien… » Son regard se fit très sombre… « ils ont un système bien rodé… une sorte de contrôle télépathique poussé, ce qui fait qu’ils peuvent avoir sous leur contrôle des mutants, qui agissent comme des marionnettes sans réelle volonté…. Ça craint… » Un gros soupir plus tard, il ajouta : «Je sais, c’est pas très protocolaire, je devrai pas vous parler de tout ça et blablablba.. Toutes ces histoires de secrets à garder, de groupes adverses etc… Paraitrait qu’il faut pas qu’on vous fasse confiance. Mais j’en ai rien à foutre ! Marre de jouer au pt’tit soldat, et puis qui sait, vous risquez vous aussi d’être touchés, ils ont un moyen quelconque pour trouver les mutants qui les intéressent et les kidnapper » Il touilla distraitement sa cuiller dans sa tasse et se lança pour le sprint final « … et puis il y a moi.. A force qu’on vienne me chier dans les bottes régulièrement, je … je change. Tout revient à la surface… J’veux dire… Avec Luther, c’est plutôt pas mal, je me sens amoureux, mais chui pas sur de son côté… Et je repense à la mort de mon premier amour, et à toutes ses merdes qui nous empêchent de vivre correctement… Du coup… je me contiens à grand peine de .. d’exercer une certaine violence.. Même mon don change… » Comme il a peu avec Luther, jason fit la démonstration de son pouvoir et du côté sombre qui était maintenant associé à son don. Il fit la moue, en voyant le résultat… IL avait beau savoir que ça venait de son esprit, il n’y pouvait rien…

Charles et Arthur écoutèrent Jason sans faire de bruit, mis à part Arthur qui se débattait avec une monstrueuse religieuse. Charles se contenta de sursauter au compliment de Jason, comme si ce soudain changement de ton et de sujet l'avait surpris.

Il jeta ensuite un regard désespéré à Arthur qui essuyait tant bien que mal la crème patissière sous son nez, puis répondit à Jason.

"Je n'étais pas au courant pour toutes ces affaires là. C'est certain qu'il y a quelque chose de préoccupant dans tout cela... Nous transmettrons le message."

Arthur intervint sur ces entrefaites.

"Ah, c'était ça ? J'ai été appelé il y a quelques temps par une indic du Sénat, pour mettre en place trois gars de chez nous, et les en sortir. Dont un à envoyer chez Alexis. Elle m'avait parlé du trucs glauques par la suite, mais je n'ai pas trop suivi toute l'affaire... Faut dire, en général, je ne fais que le taxi."

Charles se gratta derrière la tête, et but dans sa tasse de thé, avant de reprendre.

"Dans l'ensemble, on n'est plus au courant de grand chose. Encore, un peu aux USA, mais rien du tout en Afrique, nous n'y avons pas de réseau. On va essayer de se tuyauter et voir ce qu'on peut faire, un peu réveiller les gens... Même si j'avoue que ça m'intrigue. J'en parlerai à Renaud. Ca fait longtemps que je ne l'ai plus appelé."

Arthur ajouta, alors que Charles se mettait à manger.

"Ne t'en fais pas pour l'histoire de protocole. Je sais que nous ne sommes pas vraiment en odeur de sainteté à l'Institut... Plus ou moins à raison d'ailleurs. C'est gentil d'avoir partagé tes infos. Mais ne t'en fais pas pour nous non plus. Nous ne sommes pas nés de la dernière pluie, et s'en prendre à l'un d'entre nous..."

Il plissa légèrement les yeux, et porta sa tasse à sa bouche d'un air amusé. Oui, s'en prendre à eux serait sans doute très déplaisant. Une fois reposé sa tasse, il continua,

"J'ignorais qu'il était possible de localiser les mutants. À part votre Cerebra, je ne connais rien qui en soit capable... Mais d'un autre côté, je ne suis pas un spécialiste en technologie."

Et finalement, Jason y allait de sa démonstration et de ses soucis. Arthur regarda Charles, qui comprit rapidement que c'était encore à lui de répondre.

"La plupart des gens s'imaginent que ces souvenirs sont des blessures et des cicatrices... Et que comme les cicatrices physiques, elles sont plus fragiles que ce qu'il y avait à l'origine, et s'ouvrent plus facilement. Selon moi, toutes les expériences sont des choses sur lesquelles on construit sa pensée et son avenir. Les gens évoluent, et dans notre cas, les pouvoirs évoluent aussi. Tout en restant le même."

Charles regarda un instant Jason, qui sentit un léger vertige, comme s'il avait du mal à se concentrer. Il pouvait presque voir les yeux marrons de Charles le regardant à l'intérieur. Puis tout cessa. Charles sirota alors sa tasse, tout en regardant Jason, me ne dit rien de plus.

Jason se laissait prendre au jeu, qui semblait tellement bien rôdé, des deux ganymèdes devant lui. Aussi charmant l’un que l’autre, bien que dans un style très différent, ils semblaient se compléter à merveille, entre le stoïcisme professionnel de Charles et la candeur presque enfantine d’Arthur, même si Jason savait à quoi s’en tenir si ce dernier venait à être menacé. Il réussit même à surprendre Charles, visiblement, et cela lui remonta le moral. A vrai dire, en étant très honnête, il ne dirait pas non à une autre séance pas forcément très habillée avec ce dernier, mais c’était du domaine du fantasme, de la projection.

« On va partir bientôt en Afrique pour tenter de couper court à tout ça… Je vai pas me la jouer utopiste. Ça risque d’être tendu la bas. Mais depuis quelque temps j’ai envie d’aplatir quelques pifs, et tant pis si ce n’est pas raccord… » en fait, il voulait non seulement faire mal, mais aussi avoir mal, comme pour se punir… « Ouais, c’est ce qui nous intrigue le plus en fait… Comment font ils pour localiser les mutants dont ils ont besoin ? Après, ils ont un téléporteur, pour la partie purement technique… Mais comment ils nous trouvent ? Mystère…. »

Et puis Charles vint à se rescousse, à sa façon. Il lui expliqua que les expériences, bonnes ou mauvaises, forgeait la personnalité et l’avenir d’une personne, et Jason ne pu qu’acquiescer. Mais il se sentit rapidement observé en profondeur par l’empathe. Le sentiment, bien que pas vraiment désagréable, le laissa très perplexe. Pour décoincer l’atmosphère, il déclama « alors, c’est grave docteur ? « avec un air mutin.

"Ah ben sympa pour la partie technique !", râla Arthur sans méchanceté, suite aux explications de Jason, avant de continuer, sur un ton plus factuel.

"Ben te gêne pas pour mettre des bourre-pifs hein, si ça peut te soulager et faire avancer la cause mutante dans le monde. De toutes façons, si c'est des gens aussi dangereux que tu le dis, tu risques fort de te retrouver obligé à le faire, ça te donnera une caution morale en plus !"

Arthur se replongea alors dans sa tasse de thé. Charles en profita pour expliquer.

"Non, ce n'est pas grave... Disons, une accumulation de frustrations et de doutes. La plupart des gens ne voient d'incertitudes que sur l'avenir. Dans ton cas, tu en vois beaucoup sur le présent également, ainsi que sur le passé. Je pense que tu cherches constamment à faire au mieux pour les causes que tu estimes justes de défendre, mais tu as simultanément un sentiment d'impuissance -les résultats ne sont pas ceux que tu escomptais- et de doute -tu te demandes s'il aurait été possible de faire mieux-. Ceci nourrit frustrations et remises en causes."

Il s'arrêta un instant pour boire, sondant au passage du regard la réaction de Jason à ses déclarations, puis termina.

"Le fait est qu'au final, tu n'as pas le pouvoir de changer le passé, il ne sert donc à rien de se lamenter à essayer de le réécrire. La seule chose sur laquelle tu as de l'influence, c'est le présent, et par extension, l'avenir. Mais là encore, tu ne peux pas toujours prévoir la conséquence de tes actes, et de tes choix. Pas de façon précise en tout cas... La seule certitude que tu peux avoir, c'est ce en quoi tu crois, et ce pour quoi tu te bats quand le moment vient, à partir de là, tu es condamné à faire au mieux, mais surtout, à ne pas avoir de regrets."

Arthur ajouta d'un ton plus morne.

"Et ne va pas croire que les certitudes sont fixées dans le temps... Il arrive qu'elles fluctuent elles-aussi.

Ceci dit, j'ignore comment on localise des mutants. Comme je te l'ai dit, à ma connaissance, rien au monde à part votre Cerebra ne le permet."

Jason haussa les épaules, d’un air faussement contrit, quand Arthur fit semblant de mal prendre la remarque à propos du téléporteur. Il fit ensuite une drôle de moue, quand Arthur lui donnait presque une absolution aux aplatissements de nez futur qu’il allait peut être devoir donner… Une caution morale… ouais… il était pas du genre à ce dire « en utilisant les mêmes méthodes que ton ennemis « etc etc, mais quand même, ça lui faisait un drôle d’effet de réfléchir à l’avance à des solutions radicales…

Il fut ensuite très attentif à ce que lui disait Charles, une lueur de reconnaissance dans le regard alors que le brun lui donnait à sa façon quelques encouragements. Comme d’habitude, il avait vu juste. « toujours tireur d’élite à ce que je vois, Charles… Ouais… » soupir « j’imagine qu’il y a de ça, c’est sur… j’veux dire… j’ai tellement été le canard boiteux de la famille que la j’essaie de servir à quelque chose, de.. De représenter quelque chose. On compte su moi, enfin, je crois… j’voulais bien faire, quoi.. Et ce n’est pas ce qui s’est passé… ». Il passa sa main derrière la nuque, gêné...« je sais bien que j’ai pas le pouvoir de changer ce qui c’est passé, et c’est vrai que ça à marché longtemps, j’veux dire… josh.. sa mort, j’veux dire… ça c’était bien calmé… et puis c’est revenu me hanter… alors de tout mon être je me dis que c’est finit, que j’y peux plus rien, mais le fait d’avoir eut des nouvelles d’une amie commune, ça m’a tout retourné… ».

Un gros soupir plus tard..

« Comment vous faites, vous ? j’veux dire… vous croyez encore en quelque chose ? Après ce qui s’est passé ? Sur genosha ? et les ambitions démesurées de.. euh.. » il rougit « pardon.. C’est pas très sympa de ma part ». Arthur semblait d’ailleurs y faire allusion plus ou moins. « chepa.. mystere et boule de gomme. Je me suis demandé si ils avaient pas de leur côté un mutant capable de.. de prédire plus ou moins l’avenir… ça permet, par extension, de trouver quelqu’un, enfin j’imagine… » sujet sensible, qui ramenait à Cassandre et son intérêt pour ganymède… il fallait trouver une pirouette… « dites, ça vous dit de faire une ptite balade ou un footing ? dans le parc ? J’peux même faire des massages, chui devenu pas mauvais… » fit il avec un clin d’œil mutin…

Charles se fendit d'un petit sourire blasé.
"En même temps, c'est mon boulot... On veut toujours bien faire, mais les choses ne tournent pas toujours comme prévu. Quant au passé, on le laisse généralement bien au chaud dans une boîte à chaussures, au fond d'un placard. Mais parfois... On fouille dans le placard à la recherche de totalement autre chose, et on ouvre cette fameuse boîte... Mais elle finit toujours par se refermer."

Arthur se sentant concerné par les remarques suivantes, répondit d'un ton plus pro, un peu semblable à celui qu'il avait utilisé lors de son intervention de police.

"L'avantage général que nous avons par rapport à vous jeunes gens de l'Institut, c'est que nous ne sommes pas, entre guillements, mutants à temps plein. Dans l'ensemble, nous sommes plus vieux, et nous avons un métier. Une vie normale quoi. Tu m'as vu, je suis policier..."

Charles coupa.
"Et moi libraire. Le fait est que c'est pas agréable et que beaucoup l'ont eu mauvaise en apprenant qu'ils s'étaient faits rouler dans la farine par Beckers. On savait tous qu'il était un peu mégalo, ceci dit. Mais la plupart d'entre nous a du mal à lui en vouloir, parce que beaucoup lui doivent un petit quelque chose pour nos vies perso... Mais dans tous les cas, Ganymède existe toujours, quand bien même nous n'avons plus de contacts avec lui. Ce qui prouve qu'il a bien travaillé... On essaie toujours de rendre service aux mutants, et on continue à se voir et à se rendre de petits services."

Arthur se montra ensuite un brin plus enthousiaste, et s'exclama en levant le pouce.
"Et on fait des barbecues aussi !"

Ils ne relevèrent néanmoins pas l'allusion à Cassandre. Charles et Arthur se levèrent alors, à l'invitation de se promener, puis Arthur se contenta de dire.
"On a qu'à aller au parc... Il doit bien avoir un petit bois ou des toilettes où apparaître discretos. Bon, on peut marcher aussi hein."

parc

En écoutant Charles et Arthur parler de leur boulot, et du fait de ne pas être « mutant à temps plein », Jason se rendit compte, enfin, d’un truc tout simple. C’était en partie ça qui clochait. Tous autant qu’ils étaient à l’institut, ils étaient mutants à temps plein. Les rares moments ou il avait une autre préoccupation en tête, c’était quand il faisait de l’art, à l’institut ou à la fac. A la pensée d’un Charles libraire, Jason eut un large sourire amusé. « J’imagine les clients et clientes qui viennent dans ta librairie pour demander des trucs improbables, juste pour profiter de ta vue et de ta voix quelques minutes ».

Oui, c’était carrément de la dragouille, mais Jason savait que ce ne serait pas pris pour plus que ça, du moins l’espérait il. Et puis après tout, c’était la stricte vérité et pour une fois qu'il pouvait un peu surprendre Charles, il allait pas se priver. Il semblait mal à l'aise qu'on l'apprécie, et ça faisait un peu mal au coeur, en pensant à ce que ça impliquait.... Il se leva à son tour, et commenta simplement, un peu tristement « ça fait si longtemps que j’ai pas fait de barbecue… », puis il sembla se secouer, comme si il se réveillait soudain, et alla régler l’addition.
« On va marcher un peu ? Pour aller au parc ? Comme ça je pourrai crâner si on me voit en aussi charmante compagnie… », assortis d'un clin d'oeil à arthur et d'une inspection des pieds à la tête un peu éfrontée...

parc