[EVENT]Autour du chalet

A l'extérieur du chalet de la neige à perte de vue. Derrière, la montagne et ses forêts, majestueuses.

Un environnement somme toute idyllique à contempler, loin de toute activité humaine. Seul le froid mordant pourrait être de nature à décourager quiconque de demeurer trop longtemps. Et que les plus inconscients évitent de s'éloigner trop loin : dans ce désert blanc, une tempête et c'est la mort assurée !

Ce sujet peut-être dupliqué au besoin

Face à la baie vitrée du chalet, Esther fumait une cigarette en observant le paysage enneigé qui s'offrait à elle. Des vacances à la neige ? Elle se sentait dans la peau d'un prof d'un établissement normal, devant chapeauter des têtes de crevette bruyantes et turbulentes à l'occasion du voyage de classe de fin d'année...

Faisant des ronds de fumée, Aleph se rappela qu'il était bon de vivre. Et qu'on était bien petite face à l'immensité de la nature. Dans 600 ans peut-être que ce spectacle serait toujours le même, alors qu'elle serait... ailleurs.

Laissant des traces de pas dans la neige, elle se déplaça de quelques mètres, étirant comme elle le pouvait des muscles bien trop sollicités. Elle était vieille. Et usée. Son visage en portait les stigmates.

Depuis quand n'avait-elle pas ri ? Le souvenir fugace de la partie de poker avec ses collègues lui revint à l'esprit... Autre temps, autre lieu, autre Esther. L'Aleph présente était peut-être soulagée par la fin de Nemo mais bel et bien fatiguée de tous ses longs derniers mois.

Habillée légèrement, exhibant ses cuisses au vent qui ne la mordait point, la thermokinésiste nota que normaux ou pas les élèves allaient surement être des élèves... pénibles et braillards.

Et que c'était pour cela qu'elle avait signé.

Adossé à un des murs du chalet, le Yun jouait à un jeu sur son portable en reniflant. Saloperie de neige. C'était beau, mais qu'est ce que c'était chiant. Ca glissait, ça mouillait, c'était froid et ça faisait couler le nez.

En plus, il n'avait jamais chaussé de skis de sa vie et n'avait jamais tenté de faire de la luge. Autant dire qu'il préférait éviter de se ramasser en public par amour propre. Du coup, il glandait dehors sans trop savoir quoi faire. La Kof' fumait une clope peinard en profitant du paysage. Pour une thermo, le coin devait être sympa. Un coup de raz le bol et elle faisait une piscine party géante.

Encore qu'il n'avait pas froid. Il avait de bonnes bottes épaisses, un jean, un gros sweat noir à capuche qui cachait un bracelet de force au bras gauche qui ne le quittait plus depuis quelque temps et surtout, une grosse doudoune noire qui lui donnait des formes bien plus imposantes que l'asperge qu'il était. Par dessus ça, un gros casque de musique blanc sur les oreilles le reliait à son appareil afin d'écouter ses chansons favorites.

Terminant sa partie de lancer de javelot sur son portable, il s'avança vers Esther en retirant son casque sur son cou, question de faire la causette. Il ne manqua pas de se presque-casser la gueule deux fois en lançant des jurons bien sentis à ce tas de merde blanche puis lança, une fois arrivé à distance raisonnable de dame clope " Quand est ce que vous nous faites fondre ce foutoir qu'on puisse bouger normalement ? "

Comment des gens pouvaient passer leur vie là dedans ? Bande de sado !

Purement dans son élément, Edouard avait fait plusieurs allés et retours entre l'arrière du chalet et l'intérieur. Certains avaient compris son manège, d'autres possiblement ceux qui ne venaient pas de la région, non.

On l'avait vu sortir avec un attirail de réchaud, plusieurs bouteilles de plastique beige de 1L, et une table longue qu'il avait trouvé à l'intérieur.

Après quelques minutes il était revenu chercher un gros chaudron dans lequel il avait déposé une boite de bâtonets de bois.

Une dizaine de minutes et il passait devant avant d'aller chercher d'autres personnes à l'intérieur :

- Esther, Kyoto... Dégustation de tire d'érable à l'arrière ! Touuut le monde est invité !

Après quelques mois passés à l'Institut... Edouard s'était bien amélioré pour retenir les noms... mais c'était pas encore tout à fait au point. Cette grande difficulté le laissait au cours avec des surnoms, et aussi un malaise des "Mr. et Mme".

Edouard portait une tuque noire, une veste de cuir brun dont le col était entouré de fourrure synthétique, sous cette veste il portait un chandail épais de laine verte. Il portait des gants épais dont les bout de doigts étaient coupés pour laisser place à plus d'agilité. Un jeans et des bonnes bottes d'hiver. Le froid n'avait pas l'air de le déranger. En fait il ne le dérangeait pas du tout. Ce qu'il gardait pour lui, c'est qu'il se transformait de temps à autre sur quelques secondes à peines, seulement pour garder sa chaleur corporelle. Et aussi, ça lui servait d'exercice pour combattre l'esprit animal qui le gagnait quand il se transformait.

"Une tire de quoi ?"

Ken s'approcha d'Edouard, chacune de ses expirations formant un petit nuage devant sa bouche. Il avait froid, à la différence de ses camarades. S'il portait un pull, un gros blouson et un jean chaud, il avait du mal à s'habituer à ce changement de température aussi violent. Boston souffrait aussi de ce genre de climat, mais il se surprenait à avoir un peu mis de côté les souvenirs de sa vie d'avant.

"Salut, Ed'."

Il fit un sourire à son nouveau camarade... d'équipe. JustiX. Ils faisaient tous deux partie des JustiX, et lui était revenu dans le groupe. Chez lui. Ca lui faisait à la fois bizarre et plaisir d'arborer à nouveau les couleurs de l'équipe qu'il avait rejoint en premier à l'Institut. Il avait fondé ce groupe qui avait après battu de ses propres ailes, même s'il en avait fait partie jusqu'à la dernière composition.
Il en avait vu, des membres... Pablo, Noémie, Juliette, Alex et bien d'autres encore. Kitty, Luther... ça avait changé. Beaucoup de choses avaient changé, mais Carrie était restée. Cassandre et d'autres professeurs étaient partis, mais Carrie, elle, était restée, alors qu'elle était toujours apparue comme la moins capable d'en faire autant pour ses élèves. Il n'avait jamais douté de son attachement, mais elle était toujours apparue comme plus froide, plus détachée.

Il se souvenait par exemple de sa demande d'explications sur son éloignement de l'équipe qui était restée sans réponse, ce qu'il avait toujours regretté. O'Connell aurait besoin de lui reparler, mais il choisirait mieux ses mots, alors. Il n'avait pas envie d'entrer en conflit avec elle, alors qu'elle avait prouvé à tous qu'elle serait toujours là pour ses élèves. Pas comme Cassandre, par exemple. Il ne comprenait pas son attitude et était désolé pour ceux qui avaient été proches d'elle.

Cependant, alors que l'année allait bientôt changer, le temps n'était peut-être pas à ça. Ressasser les souvenirs semblait normal une telle journée, à l'heure du bilan, mais l'ancien et nouveau JustiX voulait aussi penser à l'avenir. A son "retour" et à ce que ça changeait.
Il ne serait plus maintenant avec Rachel dans l'action - et ce ne serait peut-être pas plus mal. Il l'aimait, mais il se rendait compte qu'il était moins concentré quand elle risquait sa vie et qu'il le voyait. Peut-être pourrait-il être plus efficace si elle n'était pas dans les parages... peut-être pourrait-il éviter des disparitions. Comme celle de l'homme qu'il avait tué. Comme celle de Milan.

Fury soupira ; décidément, les idées noires lui collaient à la peau, paradoxalement dans un univers aussi blanc. Il se força cependant à s'approcher d'Esther et de Kanata, qui semblaient ne pas souffrir du froid.

"Bonjour. Je vois qu'il y a d'autres masochistes qui préfèrent le froid et la neige à la chaleur et au luxe du chalet. Quoique... vous avez pas l'air d'avoir froid. Je suis donc le seul taré qui soit comme ça."

Esther jeta un œil au truc emmitouflé et encapuchonné qui lui avait adressé la parole. Un instant elle crut que c'était le petit inuit avant de reconnaître son élève. Visiblement, le cadre ne convenait pas à tous et déjà, ça commençait à se plaindre !

Elle médita sur le fait que ce petit bienheureux ignorait sa chance : il avait froid, il avait chaud alors qu'elle...

Esther sourit :

"Peut-être plus tard, j'allais faire un peu de footing. Courir dans la neige et très agréable et bon pour le teint"

En fait elle ne savait pas ce qui était bon pour sa peau et, à la rigueur, elle s'en fichait. Les hommes avaient disparu de sa vie. L'un était mort et l'autre était une immonde crevure. Même Milan, qu'elle aimait bien, avait préféré passer de vie à trépas avant qu'elle puisse entamer un quelconque rapprochement.

Elle soupira et ajouta :

"J'aime bien l'hiver. Tout est blanc, tout est silencieux et tout est mort. Il y a une certaine quiétude dans le funeste"

Esther jeta sa cigarette au sol avant de se lancer dans quelques étirements. Elle remarqua l'arrivée d'Edouard qui parlait d'une tire d'érable. L'israélienne songea qu'il devait s'agir d'une quelconque spécialité québécoise mais ne put se défaire de l'image d'une voiture avança au sirop d'érable.

Quoi qu'il en fut, elle n'avait pas faim et préféra laisser sa part au ventre sur pattes qu'était Kanata.

"Je ne me permettrais aucun commentaire sur votre santé mentale, Ken. Aujourd'hui, je me sens en vacances. Et vu vos accoutrements respectifs, je me plais à penser que je suis chanceuse de ne pas ressentir les variations de température : une seule garde robe et aucune doudoune"

Elle avait fini de s'échauffer et le coin commençait à devenir trop peuplé pour elle. Ne désirant nullement faire les frais d'une quelconque thérapie de groupe, Esther s'élança en courant dans la neige.

La forêt enneigée

Le Yun observa sa prof avec surprise quand elle annonça qu'elle comptait aller courir dans la neige. Comment on pouvait avoir envie de ça ? Et bon, le coup du bon pour le teint, il s'en foutait un peu fallait avouer. Elle rajouta qu'elle aimait la neige parce que c'était calme. Et mort. La mort était-elle quelque chose de recherché par sa prof ? Le calme probablement, quoique depuis Halloween, il se passait rien de spécial, de façon générale. Sur le plan personnel par contre... son bracelet de force lui rappelait qu'il était vivant.

Edouard avait beau trimballer des trucs, il finit par enfin expliquer ce qu'il foutait. Dégustation de tire d'Erable ? Kyoto ? Mais... Mais... C'était lui, ça, Kyoto ? Ils avaient été en France ensembles quand même... Il avait zapé son prénom... Putain le boulet. Aussitôt qu'il avait quitté l'équipe, il avait effacé les prénoms de sa base de données ou bien ? Traitre !

Ken arriva ensuite. "On n'est pas venu ici pour rester dans une chambre j'imagine. Attraper la crève ici doit être plus cool que chez nous. Et plus probable surtout.

La LeX leur faussa soudainement compagnie pour partir courir. Grand bien lui fasse, il ne la suivrait certainement pas. Il se dirigea alors vers Edouard, curieux de savoir ce que c'était que ça, la tire d'Erable. " Heu. Scuse Montréal, mais c'est quoi ton machin au juste ? C'est sucré ? " Le salé, il y touchait pas. Jamais.

- D'érable ! Vous allez voir c'est délicieux !

Edouard arborait son grand sourire. Et il l'affichait vraiment grand. Ce presqu'imbécile heureux avait l'air pleinement dans son élément au froid. Que dis-je, au gel.

Kanata approche.

- Oui, très sucré !

La légende qu'était l'appétit du Yun le précédait, et Edouard était certain de l'avoir gagné avec ça.

Il salua Esther comme elle partait, et s'adressa à son ancien et nouveau coéquipier en même temps.

- Vous pouvez m'attendre derrière, l'érable est en train de chauffer, ça devrait être prêt bientôt. J'passe chercher d'autres personnes et j'arrive.


Cuisine et salle à manger

Une silhouette vêtue d'un gros manteau en duvet et d'un bonnet de laine duquel sortaient quelques mèches brunes tourna le coin, deux grosses raquettes attachées aux pieds. Elle marcha à toute vitesse vers les deux jeunes hommes qui discutaient dehors. Les joues de Carrie était rougies par le froid, tout comme son nez, mais ses yeux pétillaient d'une énergie nouvelle. Elle venait de faire un tour en forêt, seule et était carrément tombée en amour avec la nature du Québec. Elle aurait pu rester des heures et des heures seules en plein centre de la forêt et écouter le vent ou observer les quelques animaux qui s'activaient toujours en hiver. C'était magique.

"Bonjour les jeunes." dit-elle d'une voix calme.

Le regard de Carrie tomba sur la neige et la tire que venait de préparer Edward. D'après ce qu'elle avait lu sur le Québec, le temps des Sucres arrivait dans quelques mois...Avait-il vidé leur réserve de sirop d'érable pour en préparer de la tire? Elle espérait que non; elle adorait le sirop d'érable! Elle adorait tout du Québec! Les gens étaient différents de la France et des USA, la nature était différente - en fait le style de vie était complètement différent aussi. Carrie tendit la main vers un bâtonnet et y enroula un morceau de tire qui colla immédiatement dessus. Elle se tourna vers Kanata et Ken et leur envoya un de ses rares sourires.

"Comment allez-vous, les garçons?", demanda-t-elle.

"Euh... faut qu'on boive ou mange un truc qui gèle sur de la neige ?"

Ken regarda Edouard partir après qu'Esther ait fait de même. Il se tourna vers Kanata, le regard emplit d'étonnement.

"Je suis le seul à penser que c'est hygiéniquement une horreur ?"

Il n'avait rien contre le Québec ou même le Canada, mais il n'y était jamais venu et trouvait ce genre de choses assez étrange. De plus, il savait que Rachel venait d'ici et qu'elle avait de très mauvais souvenirs de sa famille. Elle n'aimait pas en parler et le peu qu'il avait su découvrir sur sa vie "d'avant" ne lui plaisait pas du tout.
Il savait qu'il ne pouvait rien faire pour arranger le passé, mais... au fond, il attendait toujours de voir le "bon côté" de ce pays après avoir vu ce qu'il avait laissé comme traces sur celle qu'il aimait. Il espérait pouvoir lui donner de bons souvenirs durant ces petites vacances pour qu'elle se détende et ait une meilleure expérience au Canada, mais il était bien conscient que ça serait dur.

Cependant, O'Connell fut stoppé dans ses réflexions par l'arrivée de Carrie. Surpris d'abord par son sourire, il lui répondit rapidement. Il était content de la voir. Il n'avait pas encore eu l'occasion de discuter avec elle depuis sa réintégration dans les JustiX. Il avait eu des mots... durs envers elle quand il avait rejoint les LateX. Il en regrettait certains, mais pas tous.

Même s'il n'avait jamais demandé de traitement de faveur, Fury avait espéré une explication sur son "transfert". Il avait été un des fondateurs des JustiX, leur leader sur une génération et un membre pour la seconde. Il avait combattu pour Carrie plus que quiconque à l'Institut et l'estimait énormément. Il aimait sa force, son courage, son abnégation ; il savait que quoiqu'il arrive, jamais elle ne renoncerait. Et il avait toujours su que quoiqu'il arrive à un de ses élèves, si elle pouvait le sauver, absolument rien au monde ne l'empêcherait de le faire.
Beaucoup la voyaient comme une personne froide, détachée et brutale, mais il savait que c'était faux. Elle avait été son mentor, et il avait dû s'en détacher. Maintenant qu'il était de "retour", il était heureux de se retrouver à nouveau sous son aile même s'il avait grandi et qu'il en avait moins besoin.

*Mmh... c'est peut-être pour ça qu'elle a pas voulu me garder chez les JustiX : pour que je vole de mes propres ailes et que je sois pas dépendant d'elle. Ouais... c'est peut-être ça. Et elle avait peut-être raison de le faire...*

Cessant là ses réflexions, Ken prit alors la parole d'une voix douce. Il appréciait vraiment Carrie.

"Bonjour, mademoiselle Marcin. Ca va, ça va : je sens plus mes orteils, mes doigts sont déjà engourdis et le concept même de nez a disparu de mon visage, mais je dois bien m'en tirer vu que je respire encore. Et vous ? Vous tentez le maquillage sans maquillage avec le froid ?"

Il n'était pas forcément drôle, voire même assez lourd, mais O'Connell aimait rire de ses blagues et préférait en faire, même des nulles, pour essayer de détendre l'atmosphère. Et c'était bien ce qu'il fallait à l'Institut avec son lot de tragédies chaque semestre.

Jay était sorti dans ce froid inimaginable pour une seule raison: se rendre compte qu'à l'intérieur, c'est mieux. Bien sûr, il avait déjà vu de la neige, il avait déjà dormi dehors quand il faisait froid, mais depuis il s'était habitué au chaud. Genosha lui manquait presque pour le coup. Néanmoins, il avait un avantage sur les autres élèves de l'Institut, lui il ne touchait pas à la neige, il volait juste au-dessus. Sortant du chalet, il avait entendu des voix et s'en était naturellement dirigé. Là, se trouvait Ken, Kanata et la prof Marcin. Ken semblait avoir froid, très froid puisqu'il se plaignait, bien que les autres n'allaient pas beaucoup mieux non plus.

-Salut tous. Dîtes, ça ne tente personne qu'on demande à Rachel de nous emmener à Genosha?

C'était une entrée en matière assez particulière, mais si l'ambiance était froide, une note d'humour pouvait bien la réchauffer, ce qui ne serait pas du luxe dans toute cette neige.

-J'ai un pull et une veste qui me rend énorme et pourtant, j'ai encore froid... Pourquoi les types qui maîtrisent le feu ne sont jamais là quand on a besoin d'eux?

Jay dans sa veste ressemblait presque à Niko et rendait sa tête assez ridiculement petite mais c'était le prix à payer pour ne pas avoir trop froid.

Cuisine et salle à manger

- Nope ! Aucune !

Edouard sortait du chalet, il venait tout juste de cacher son "flask" dans sa poche intérieure. Et oh combien il souriait en s'approchant du groupe.

- Vous êtes dans l'pays du nouvel an perpétuel !

Edouard hoche la tête en regardant sa nouvelle chef d'équipe. Puis ranchérit de ses dents et de son sourire tout aussi perpétuel.

- Ici on profite et on fête dans les temps dur... alors on profite et on fête tout le temps !

Il attrape le sceau de sirop chaud et en verse quelques tas sur la table de neige.

- Essayez c'est super bon ! fit-il en attrapant un bâtonnet et en se prenant une tire. Il se la met en bouche complètement, gardant le bâtonnet en bouche comme un cigare.

- Ch'retourn' à l'intchérieur... Ch'vais faire cuir quequ'cho'je de mon cru !

Il approche du chalet, cherche dans la neige un moment, puis se relève et pose ses mains sur ses hanches. Il fixe toujours le sol, l'air déçu. Se grattant derrière la tête, il passe en mode chien. Du coup, ses mains-pattes se lancent dans la fouille pour ce qu'il a perdu dans la neige. De temps à autre, il enfouit sa tête dans la neige et renifle fort.

Après quelques trous, il retrouve enfin un gros sac transparent, se retourne et lève le sac en l'air tout content.

- RWAH ! ... toussote Hem... j'ai trouvé...

L'air gêné, on peut voir des steaks congelés dans le sac. Il les avait déposé dans la neige au préalable en arrivant et pour les faire dégeler doucement et naturellement.

"Je pense qu'un réveillon aux Bahamas, sur la plage, en maillot de bain avec une boisson fraîche à la main, allongé sur un transat avec des copains et la mer surplombée d'un coucher de soleil devant nous, ça concurrence assez fortement le Québec dans le genre 'fêtons au mieux la nouvelle année'."

Ken avait apprécié l'humour de Carrie et n'avait finalement au fond rien contre le Québec. Seulement, il n'aimait pas forcément le froid et aurait bien voulu un réveillon "différent", même s'il était très content de pouvoir changer d'air et de retrouver tous ses copains de l'Institut. Être un peu éloigné de leur "maison" et des souvenirs qu'elle contenait n'était pas une mauvaise chose pour changer d'année, surtout que les marques des souffrances étaient encore vivaces chez beaucoup.

Instinctivement, il se toucha la joue gauche et grimaça... ça ne faisait plus mal mais ça serait toujours là. Sa blessure à l'avant-bras droit avait guéri et il avait une marque, mais la cicatrice sur son visage était toujours présente et le serait toujours. Stigmate de bataille. Regret éternel de ne pas avoir donné plus pour sauver Milan.

Ce fut à ce moment qu'Edouard se transforma en animal et se mit à chercher... des steaks. Qu'il avait caché dans la neige.
Et après, il fallait encore croire que les québecois et canadiens étaient sains d'esprit. Bien sûr.

O'Connell tourna un regard inquiet vers Jay et haussa les sourcils ; il était strictement hors de question qu'il touche à ce liquide gelé que tout le monde semblait adoré. Les locaux étaient peut-être extrêmement sympathiques et gentils, ça n'empêchait pas qu'il était prudent. Et qu'il tenait à son estomac, au moins un peu.

Lac Gelé

La destination de Derek se trouvait à être la chaleur du chalet, mais en revenant du lac, il avait aperçu Edouard et Carrie ainsi que certain autre élèves. Il avait deux mots à dire à Edouard et il jugea donc le moment propice. Il avait donc bifurqué pour aller rejoindre le petit groupe dont certain mangeait de la tire... de la tire en hivers ??? Il regarda autour et vit une bouteille de sirop. À voila donc la raison de ce met si délicieux. Il salua Jay de la tête ainsi que Ken en passant devant eux, les mains bien enfouie dans son immense manteau Kanuk. Son nez avait une teinte rougeâtre, visiblement, il avait passé quelques temps dehors.

Il se dirigeait vers Edouard d'un pas décidé, il n'avait pas le sourir au visage, loin de là. Alors que ce dernier semblait tout heureux de tenir des steak dans ses mains, Derek le poussa dans la neige sans explication. Un sourire mesquin apparut. sur le coin de ses lèvres.

-Ça c'est pour m'avoir convaincue de venir me geler le cul ici. Dit il en français

Du pied, il envoya une autre bordé de neige au visage du mutant barbue.

-Ça...ben c'est pour mon propre plaisir. Ajouta-t-il toujours dans sa langue natal.

Maintenant satisfait de sa vengeance personnel sur son ami, il se dirigea vers la tire et s'en prit un batonet avec une ÉNORME quantité de tire qu'il s'empressa de déguster, se beurrant le visage au passage. Au moins, Edouard avait fait en sorte que sont retour ne soit pas une total catastrophe en ayant préparé une si bon "repas". Derek adorait le sucre. Une vrai "bibitte" à sucre made in Québec.

Bien sûr qu'ils n'étaient jamais contents si les profs ne se décidaient pas à leur donner un temps convenable et qui n'était pas dans un extrême ou un autre. Il faisait moins de 20 degré, moins de 20! A tous les coups, ça faisait 50 degrés d'écart avec Genosha, un truc à tomber malade en bref.

-Ouai enfin, Québec pour le Nouvel An, Genosha pour les vacances, c'est clair qu'on est dans le climat du moment... Et je suis d'accord avec Ken, faut tout tenter, pas forcement rester dans les stéréotypes!

Mot de quatre syllabes, à croire que réfléchir dans la neige lui permettait de sortir des mots compliqués.
L'arrivée de Derek lui fit penser à autre chose qu'aux temps: les joies de la neige. Il était vrai que faire un peu de sport pouvait les réchauffer. Plus que manger le truc bizarre qu'Edouard leur avait conseillé et que Derek mangeait à son tour.

-Très peu pour moi, mais si j'ai faim, je me souviendrai de venir goûter ça.

Pour sa part, il avait surtout envie d'un café, un truc chaud, pas bon, mais qui néanmoins pouvait le réchauffer de l'intérieur.

-Bon, pour ma part, je crois que j'ai assez mis le nez dehors, qui vote pour un café bien chaud?

Décollant encore un peu, il se retrouva à un mètre du sol, prêt à se diriger à l'intérieur du chalet.

Immobile, un sac de viande à la main. Et l'instant d'après dans un "banc de neige" sac à la volée.

* Mais t'es malade *

Edouard a les yeux rivés sur Derek, bouche bée, complètement surpris, et écoute ce qu'il lui dit. Sans laisser paraitre, d'une main il roule un brin de neige. Et tousse. Plein de neige au visage, un sourire démoniaque se dessine sur son visage. Derek lui tourne le dos et se gave de sirop d'érable. C'est plus de temps qu'il ne lui fallait pour former une grosse boule de neige, s'approcher doucement et la lancer de toute force dans le cou de Derek avant de prendre vite fait deux bâtonets de tire, rattraper son sac et de courir vers l'intérieur.

- HAHA ! J'm'en vais faire à mangerrr !

Dit-il en disparaissant dans l'embrasure de la porte. Ensuite il court rapidement vers la cuisine.

Cuisine et salle à manger

"Vous êtes dingues."

Ken avait regardé Derek s'en prendre à Edouard et ce dernier lui répondre avec des boules de neige. Cependant, alors qu'on attendait une attitude sensée à toutes ces chamailleries, il envoya une grosse quantité de neige vers Jay, qui lévitait et voulait se placer au-dessus de la mêlée. Ca n'allait pas fonctionner.

"Alors ? Môssieur se croyait protégé en s'élevant au-dessus des mortels ? Môssieur va devoir reprendre pied sur terre s'il veut pas devenir l'abominable mutant des neiges !"

Il prit une autre pelletée de neige et l'envoya encore sur son camarade avant de faire de même vers Derek, reculant pour éviter les réponses qui ne tarderaient évidemment pas. Il avait bien sûr délibérément évité Carrie pour plusieurs raisons : respect, décence mais surtout peur de ce qu'elle pourrait lui faire en réponse. O'Connell l'appréciait et lui faisait confiance, mais son professeur avait une vision assez spécifique du monde, des règles et de la justice. Mieux valait éviter de la provoquer.

Pour autant, le jeune homme arborait un grand sourire alors qu'il se préparait à subir les frondes "ennemies". Il ramassait à nouveau de la neige, moins frileux et conscient du froid qu'auparavant. Il se sentait bien avec eux, avec des copains, en train de s'amuser et de faire des bêtises sans que ça soit vraiment grave.
Il n'avait jamais vraiment voulu se lâcher ainsi, se laisser aller. Avant, il s'empêchait à cause de la disparition de son père, de sa culpabilité et de sa volonté de s'occuper de sa mère en étant digne de son géniteur. Après, à l'Institut, il avait voulu être assez "bien" pour la charge d'élève et d'étudiant et avait été trop loin dans le moralisme et le côté boy-scout.

Pour autant, Fury n'était pas uniquement comme ça : il savait et aimait s'amuser et il voulait le montrer. Il souffrait plus depuis son arrivée à l'Institut avec les multiples disparitions, les drames et les blessures. Instinctivement, il se toucha avec ses doigts remplis de neige sa cicatrice mais... sourit, malgré tout.
Oui, malgré les drames, il avait vécu ses meilleurs moments ici et ne regrettait rien. SuperKen avait fait son temps, il l'appréciait encore mais il voulait aussi que les autres connaissent toute sa personnalité. Il avait toute sa vie encore pour être sérieux et responsable : il était temps pour lui d'être aussi crétin que les autres. Et il allait leur prouver qu'il était trèèès bon à ce petit jeu, alors qu'une de ses boules s'écrasait par erreur sur le pantalon de Carrie.

*Outch. Ca, ça va faire mal...*