Prendre un bain d'air

Les Alpes. Les Andes, même. Voilà ce qui manquait terriblement à l'Autrichien. Pas de montagnes dans les environs. Pas de nuages qui s'accrochent et s'effilochent aux pics. Pas de faîtes enneigés à perte d'horizon. L'impossibilité de changer strictement de climat au bout de quelques heures de marche. Les États-Unis, le rêve américain, n'étaient-ils que poudre aux yeux. Ou alors se trouvait-il de l'autre côté, en garde montée du Pacifique? L'institut n'aurait-il pas pu s'installer à San Francisco ou à Denver! Ou même dans la grise et froide Seattle? Oh! Il y avait bien les Adirondacks, avec leur modeste kilomètre et demi d'élévation (sans compter le temps qu'il fallait pour les rejoindre...) Au moins, à Innsbruck et au Pérou, il était déjà aux pieds de la montagne, ou à son flanc. Parlant de flanc, Michael poussait Jeremiah devant lui.

-Tu vas t'intoxiquer si tu restes plus longtemps à l'intérieur. Cette chaleur est étouffante, tu aurais dû penser à ouvrir ta fenêtre.

Il y avait déjà quelques semaines que celle de Michael était ouverte à tous vents, sauf en cas d'intempéries.
Il inspira un bon coup et soupira un tout aussi bon coup. Ils avaient beau être dehors, il y avait un trop grand parfum de céréales, et il manquait des effluves de conifères et de neige, peut-être d'un peu de boue, également, pour qu'il se sente totalement bien. C'était comme si il était dehors sans être en extérieur.

Des jonquilles commençaient à fleurir timidement et Michael leur lança un coup d'oeil avant de demander à Jeremiah, en espérant que celui-ci n'ait pas d'allergies :

-Tu ne trouves pas que ça sent bon et pur?

"Attention, mon café !"

Jeremiah lança un regard outré par dessus son épaule alors que Michael, promu son geôlier personnel pour l'occasion, lui envoyait une légère tape dans le dos pour le faire avancer. Malgré les larges cernes qu'il arborait, le jeune homme s'efforçait de garder la tête haute et un visage boudeur sous ses cheveux fraichement lavés et ses habits propres. L'autrichien ne lui avait pas tellement laissé le choix : il était rentré dans son antre tel un bulldozer tranquille et bon gré mal gré, l'avait arraché à la console sur laquelle il était vissé depuis plusieurs jours, à grand renfort de chips et de boissons gazeuses, pour le balancer dans la salle de bain. Et malgré toute la mauvaise volonté qu'il y avait mis, les coups de pied dont il avait gratifié la porte, rien à faire... Les nouveaux Bon Samaritain étaient toujours les pires, ignorant que quelque chose était impossible -faire sortir le geek de sa chambre quand il en avait décidé autrement par exemple-, ils s'empressaient de le réaliser.

Enfin au moins Jeremiah avait réussi à imposer un détour par la cuisine pour récurer le vital breuvage qui l'aiderait à affronter l'extérieur. Et le soleil : lui qui était enfermé dans le noir depuis plusieurs jours eut un brusque mouvement de recul en émergeant dans le jardin. Plissant les yeux sous la lumière soudaine, le jeune homme se protégea d'une main, non sans émettre une énième plainte :

"Aaaaaah je foooooonds ! Et c'est ta faute !"

Un regard accusateur à son tortionnaire sous sa main en visière plus tard, le X-Rays daigna avancer un peu. Il venait d'apercevoir un banc sur lequel il se laissa tomber, comme s'il n'avait déjà pas passé tout son temps assis ses derniers jours.

"Pfff... Ça suffisait pas que les gens veulent nous faire cramer et que les génoshéens pètent leurs câbles, faut encore que les newbies de chez nous s'y mettent !"

Abandonnant un instant son ton agressif -il venait de boire quelques gorgées de café qui l'avait un peu calmées-, le jeune homme lança un regard blasé à son camarade qui essayait de l'éveiller aux joies du grand air :

"Chouette... Lança-t-il sans enthousiasme. Des petites fleurs et des papillons... Les jonquilles seront sympa le jour où elles feront deux mètres et qu'elles mangeront des gens... J'en ai massacré plein avec Conan quand il était niveau 1, c'était le pied !"

L'ennui avec Jeremiah, c'est que même au milieu d'un jardin fleuri et loin de son ordinateur, il n'était jamais vraiment déconnecté.

L'ennui avec Jeremiah, songea Michael, c'était que même au milieu du parc de l'institut et relativement loin de sa chambre, il était toujours un peu déconnecté. De la réalité, cela va sans dire. Michael soupira, mais sourit dans le dos du geek : c'était véritablement un numéro.

-Petit un, tu ne fonds pas, tes yeux s'ajustent à la luminosité. Quand tu restes trop longtemps à la noirceur, tu deviens plus vite aweugle. Petit deux, la nature est parfaite comme elle est. J'aimerais pas être dévoré dès que je mets le pied dehors. Petit trois, j'étais pas à Génosha, je suis pas un grand guerrier wétéran comme toi.

Lui, il avait juste vu son ami le plus intime être fusillé gratuitement par une bande de fous. C'était une seule personne qui était morte sans le mériter, pas des milliers comme Spy avait certainement déjà vu...

Michael s'asseya donc en tailleur, sur la pelouse presque sèche, en face de Jeremiah. L'Américain aimerait certainement cette impression de supériorité que ça lui conférait, mais l'Autrichien n'était au sol que parce que ses fesses trouvait cela plus confortable et que, après tout, c'était -à peu de choses près- l'été, alors aussi bien en profiter!

-Quand tu continues de râler, je t'amène de force au gym : je cherchais quelqu'un pour m'assurer au mur d'escalade!

Mettant sa main en visière -en grimaçant encore-, pour ne pas être ébloui par le soleil dos auquel Miah s'était assis sans le cacher véritablement à Michael, ce dernier s'avança légèrement par terre jusqu'à avoir le visage dans l'ombre du geek. Il demanda ensuite, sur un ton tiraillé entre la vénération respectueuse et la jalousie curieuse :

-Comment c'est, d'être en équipe, et de faire toutes ces missions? On se sent comment? Utile, j'imagine, non?

En un mois, l'autrichien avait plutôt bien réussi à cerner le geek : il appréciait en effet de se sentir soudainement le plus grand des deux. Disons que ça le consolait un peu de s'être fait expulser manu militari de sa propre chambre. Assis en tailleurs sur son banc, le jeune homme se redressa un peu. Ajoutés à cela les termes qu'employaient Michael et la légère lueur de jalousie qui s'était allumée dans ses yeux bleus, et vous obteniez un geek secrètement ravi d'être considéré comme un héros. Dans la vraie vie, malgré son année passée à l'Institut, ce n'était encore pas monnaie courante, autant dire qu'il appréciait l'hommage à sa juste valeur et qu'il n'allait certainement pas contredire le nouveau-plus-si-nouveau, quand bien même sa participation personnelle au sauvetage du monde reste modeste.

Les deux mains autour de sa tasse, le garçon marqua un temps de réflexion avant de répondre à la question de son jeune padawan. En tant que grand sachem autoproclamé, il se devait d’avoir l’air d’un vieux sage malgré son apparence… pas tout à fait adaptée au rôle qu’il se donnait pour l’occasion.

"Ouais. Utile, c’est le mot. C’est pour ça qu’on y va d’ailleurs, risquer de se faire tuer, c’est pas une motivation suffisante… On fait ce qu’on peut. Et on essaye de pouvoir continuer à se regarder dans le miroir. Peut-être. Éventuellement. C’pas super évident."

Moué, certains dentus de l’Institut, sans les nommer, devait sans doute avoir un peu de mal après les évènements du mois dernier. En attendant, ce n’était pas un discours très super héroïque et Jeremiah se reprit rapidement, d’autant plus que le newbie se permettait de le menacer !

"Et puis évidemment, on sauve la veuve et l’orphelin, on punit les méchants et tout le monde nous acclame ! Cool hein ? Faut juste… Avoir un décodeur pour percevoir les hourras…"

Dont seuls étaient munis les geeks très doués pour porter des œillères et entendre ce qu’il voulait quand ça les arrangeait. L’option n’était fournie qu’avec la compétence « déconnexion de la réalité », et c’était bien fait pour les autres ! Jeremiah avait peu à peu relevé le menton, jetant un coup d’œil perçant à son camarade qui n’hésitait pas à employer les grands moyens pour lui faire peur :

"Je râle si je veux ! Le défia-t-il avec une moue farouche. La nature, c’est ennuyeux, et le soleil… il est trop fort, rien à voir avec mes yeux !"

Amis de la mauvaise foi, bonjour.

"Ess... Essaye, juste pour voir !"

Lui, dans une salle de gym, on aurait tout vu. Peut-être qu’il se mettrait à neiger du coup, ça serait toujours ça de pris… Quoique le froid le fasse tout autant bougonner. Mais le X-Rays n’était pas décidé à se laisser décoller du banc : Michael avait déjà réussi à l’arracher à son fauteuil, et s’il y avait mise à exécution des menaces, il comptait bien prendre sa revanche et se cramponnait de tous ses longs doigts de poulpe au banc… Pas évident avec une tasse à moitié pleine.

Michael n'aurait su dire pourquoi il s'était lié d'amitié avec le geek : il y avait beaucoup d'autres garçons de son âge. Peut-être parce que, hormis Pablo, il était le premier avec lequel il avait vraiment parlé à l'institut. Avec Mina, mais Michael ne s'était pas vraiment adressé à Mina. Heureusement, tout de même, qu'il s'était rapidement habitué à être constamment entouré d'hybrides : il supportait désormais très bien les Mina, Mateo et Josh de ce monde. Il leur parlait même comme à n'importe quel autre élève, en fait. Comme quoi il avait réellement pu mettre ses préjugés -ou plutôt ses craintes- de côté.

Et parmi tous les jeunes de son âge, c'était sur Jeremiah qu'il était tombé. Michael n'aurait pas pu trouver un élève plus diamétralement opposé à lui. Pour l'instant, tout en sachant pertinemment bien que l'Américain exagérait, il buvait ses paroles comme un enfant auquel on raconte son conte préféré. Souriant à la façon de présenté les choses que le geek avait, Michael opinait de temps à autre du chef. Peut-être que c'était parce qu'il était drôle, avec sa façon de ne rien voir comme tout le monde, que Jeremiah était devenu son ami aussi facilement.

-Je savais pas que tu avais un miroir! Ne put-il s'empêcher de taquiner Jeremiah, en plissant exagérément les yeux.

Il éclata ensuite de rire. Un décodeur? Apparemment, peu de gens à l'institut en avaient, selon ce qu'il avait entendu depuis son arrivée. La version de Jeremiah différait sincèrement des autres qu'il avait pu entendre.

Calmant son rire, il offrit son sourire éclatant en réponse à la moue infantile du geek, qu'il avait fini par comprendre qu'elle était sa façon à lui de sourire (ou en tout cas, c'était comme ça qu'il voyait la chose).

-Et tu le veux souwent, ça c'est certain!

Il ne répliqua pas, il savait que ça serait aussi utile que d'essayer d'empêcher un enfant de pleurer à coup de sucettes confisquées. Il se promit tout de même de penser à acheter des lunettes de soleil au geek. Des très opaques. Comme ça, le soleil serait moins "fort". Pour l'ennuyante nature, il comptait bien lui prouver le contraire, sans le lui dire : Jeremiah avait parfois assez de mauvaise foi pour couler son propre navire si le vent ne soufflait plus dans sa direction.

Surpris, Michael cligna stupidement -et il se rendit bien compte qu'il devait avoir l'air stupide- des yeux et se gratta le côté de la tête en se levant, le sourcil très interrogatif.

-D'accord, dit-il lentement en se rapprochant du banc, mais d'abord, on va t'enlever la tasse. Faudrait pas que quelqu'un s'ébouillante.

Arrachant le café des mains de Miah, il le posa sur le chemin de macadam, à environ un mètre et demi du banc, puis contourna celui-ci pour être derrière Miah.

-Donc, ma mission est de te lewer de ton banc, et la tienne d'y rester. Le newbie -il buta sur le mot- contre le wétéran!

Et sans crier gare, ou même abribus, ou aéroport, il appuya ses mains contre la planche derrière le dos de Jeremiah, les y engouffra nonchalamment et les ressortit presque instantanément pour pousser dans le dos du geek afin de le forcer à se lever -ou à tomber le nez au sol.

"En fait j'emprunte celui de Jason. Pour se brosser les dents c'est plus pratique."

Le grand sachem avait accompli haut la main sa mission et pour cacher l'ombre de sourire qui commençait à pointer le bout de son nez devant l'éclat de rire de Michael, il porta la tasse à ses lèvres. Le secret de l'affabulateur efficace, c'est de soutenir contre vents et marées sa version. Et si le monde entier affirme le contraire, c'est que tous les autres ont tort. Autant dire que l'entêtement qu'il était capable de montrer sur des questions souvent futiles l'aidait bien à garder le cap. Et si jamais il changeait brusquement d'avis, à assurer que son discours avait toujours été celui-ci. Bref, l'art ou la manière d'avoir toujours raison.

Haussant les épaules avec une moue boudeuse à la remarque de l'autrichien sur ses incessantes plaintes, le jeune homme se replia dans un silence outré alors qu'il buvait son café. Et vas-y que je te sors un sourire colgate. Ce n'était pas la peine de faire le malin avec ses 32 dents blanches bien alignées quand on était pas capable d'articuler correctement ! Surtout quand on pouvait tirer des tronches aussi improbables.

"Laisse cette tasse tranquille ! Brailla-t-il au nez de son camarade alors que celui-ci prenait au sérieux son défi. Tu... Mais laisse tomber, tfaçon je vais gagner et tu vas aller pleurer dans les jupes du caporal !"

Et malgré tout le cœur qu'il y avait mis, sa tentative d'intimidation fut un fiasco puisqu'une fois de plus, on chercha à le déloger son perchoir. Cramponné au bois, le geek s'attendait bien à une utilisation de pouvoir intempestive, mais sentir la brusque poussée de Michael lui tira tout de même un grognement. La résistance farouche qu'il opposa, doigts enroulés autour des planches et talons bien plantés dans la terre, ne fut pas suffisante, l'autrichien réussit assez rapidement à l'expulser du banc et Jeremiah se retrouva le nez dans les jonquilles. Ce qui lui déplut fortement. Les gens avec qui il s'était jusque là lié d'amitié, c'est à dire ceux qui le supportaient plus ou moins bien, et que lui-même acceptait un peu plus longtemps dans son espace vital (le geek avait l'espace vital large), n'avaient jamais tenté la manière forte pour le faire bouger un peu. Même Jade, si elle revenait souvent à l'assaut, abandonnait assez rapidement devant son mauvais caractère et sa tête de pioche. Mais il faut dire que vu le poids plume que représentait la jeune fille, elle ne pouvait pas se permettre comme Michael de le bousculer un peu plus...

Roulant sur lui-même pour se retrouver face à son agresseur, le X-Rays chercha rapidement autour de lui le moindre truc qui aurait pu lui servir d'arme. La tasse était trop loin, ce qui était dommage puisque se recevoir du café bouillant était en général assez dissuasif, et si l'idée de brandir une jonquille en braillant d'une voix de fausset "le pouvoir des fleurs !" le traversa de façon assez saugrenue, il abandonna vite ce projet. Même pour la bonne cause, parce qu'un bon fou rire de Mich' lui aurait laissé le temps de fuir, il n'avait pas particulièrement envie de se rendre plus ridicule qu'il ne l'était déjà.

"Ça compte pas ! Je suis par terre, pas debout !"

Trouver une idée de diversion, vite. Qu'il puisse se carapater dans sa chambre.

"Là-bas ! Un poulpe !"

C'est un Adam, dont la large ride frontale manifestait une intense contrariété, qui fusa hors de l'Institut, le téléphone vissé à son oreille, et s'engagea dans un arpentage en règle du lieu transformé en salle des tourments éternels.

"Oui, mais Mlle Saya, encore une fois, je... Non... Mais j'en sais rien, je ne l'ai même pas encore reçu ! Oui, mais... Et en quoi est-ce que tout ça me concerne ?!"

Une conversation manifestement animée

"Mais comment voulez-vous que je le sache ?! Et vous ? Vous savez où est mon ordinateur portable ?! Non ? Bon ben alors faites votre boulot et foutez-moi la paix !"

Et sur ces entrefaites, il raccrocha au nez de sa correspondante, et balança le téléphone dans un massif à proximité de Jeremiah et Michaël, qui n'avaient pu que difficilement manquer l'échange animé.

Le directeur fourra ses mains dans son pantalon, et s'approcha de Jeremiah et Michaël en grommelant.

"Y'a des gens qui s'imaginent qu'on peut faire des miracles sous prétexte qu'on s'appelle l'Institut Xavier. Vraiment... Quelle honte. Tu jardines Jeremiah ? C'est une bonne idée. C'est une activité apaisante."

-Scheisse! Ça va, jeune?, demanda-t-il d'un ton empressé en utilisant l'équivalent anglais du terme allemand pour "pote".

Que Jeremiah soit déséquilibrer, il s'y attendait. Qu'il se lève, c'aurait été tout à fait normal. Mais qu'il déboule au sol, la tête dans les jonquilles. Il réprima l'envie de reprocher au geek de les avoir fripées et lui répliqua :

-Tu vas pas rester étendu là toute la vie, quand même... faudra bien que tu te lèwes un jour!

Ah! L'implacable logique teutonne. Face à la diversion du chicagoan, il plissa des yeux en souriant.

-Je l'ai déjà vu. Rouge à pois clignotants.

La diversion était très drôle et sympathique, pour autant que Michael savait qu'elle était fausse. Du moins, c'est ce dont il était persuadé jusqu'à ce qu'il entende du bruit derrière lui. On aurait dit quelqu'un qui parlait. Avaient-ils accueilli un hybride poulpesque? Se retournant finalement, comme Jeremiah le désirait, il observa le professeur Zachary s'approcher d'un air hagard, les bras ballants dépassant toujours de l'autre côté de la planche.

Le directeur lui avait caché sa nature de poulpe? Non non non. Jeremiah s'attirerait de gros ennuis si Adam l'entendait. Ne comprenant pas trop ce que le professeur des X-Rays racontait sur son téléphone, Michael retira prestement ses bras du banc lorsque l'adulte mentionna l'opinion public et les préjugés sur les miracles circulant autour de l'établissement. Croisant les bras derrière son dos, comme un gamin qu'on venait de prendre à faire un mauvais coup, il se montra tout sourire lorsqu'il répondit, plus rapidement que le geek-jardinier.

-Et ensuite, on ira au mur d'escalade, en ville.

Audacieusement, il poussa sa chance à ajouter :

-Ça lui gonflera ses statistiques au niveau de la force. C'est bien ça le terme, Spy?

Puis, parlant de Miah, il se retourna prestement vers le professeur référent de ce dernier en demandant :

-Vous avez des problèmes d'ordinateur, monsieur le docteur professeur?

"Pas forcément ! Répliqua le geek en omettant volontairement de répondre à la première question de Michael, histoire de le faire un peu culpabiliser. J'peux y aller... à quatre pattes ! Ou appeler Rachel pour qu'elle me téléporte !"

L'attaque du poulpe ne semblait pas avoir très bien fonctionné, et pourtant... Même si ce n'était pas ce qu'il attendait (il n'attendait pas grand chose en fait), il y eut finalement bien diversion. C'était la preuve que quand on gardait la foi en Saint Conan, tout pouvait arriver ! Suivant des yeux son professeur référent dans ses pérégrinations tourmentées, le X-Rays regretta de ne pouvoir se projeter que dans les yeux et pas dans les oreilles. Fouineur de première oblige, il était très curieux de savoir ce qui se passait, et fut donc plutôt content quand Adam raccrocha pour se diriger vers eux avec un air maussade. A la remarque de ce dernier sur le jardinage, le garçon jeta un bref coup d'œil à la pelouse parsemée de fleurs qui l'entourait, puis il haussa les épaules en se relevant.

"Non c'est..."

Plus rapide que lui, l'autrichien s'empressa de confirmer cette version et de nouveau, le geek se sentit obligé de lui lancer un regard assassin. Il voulait aller faire du sport ?? Ok... Il rigolerait moins quand il se retrouverait coincé en haut de la paroi ! Passant sous silence ses plans machiavéliques, le jeune homme lança une grimace à son camarade :

"Mais bien sûr... Tu montes si tu veux mais je reste sur le plancher des vaches !"

Revenant à Adam, le geek loucha sur le téléphone que le directeur était en train de balancer, puis pencha légèrement la tête de côté, pensif :

"Moi, la dernière fois que j'ai perdu mon pc, je l'ai retrouvé dans les toilettes."

Il ne précisa pas si c'était quelqu'un qui lui avait piqué ou si c'était lui qui l'avait oublié, et dans ce dernier cas, ce qu'il fichait aux toilettes avec son laptop.

"Qu'est-ce qu'ils nous veulent ?? On peut toujours leur envoyer Georgia."

Uhuh. Où ça une blague nulle ??

Adam détectait une certaine rivalité entre Jeremiah et Michaël. Qui était probablement en défaveur de Jeremiah, qui avait plutôt l'habitude de régler ce genre de question une manette à la main. Adam préféra soigneusement éluder le sujet, non sans tout de même donner son avis personnel.

"J'aime beaucoup l'escalade. Mais plutôt au grand air. J'ai déjà escaladé tout un tas de trucs ! Falaises, montagnes, pylônes électriques, cheminées d'usine... Sur un mur, je trouve que c'est trop... artificiel."

Puis finalement, la question de son ordinateur.

"Non, en fait, quelqu'un a caché mon ordinateur. Je soupçonne Cerebra de m'avoir fait un sale coup, parce qu'elle refuse de me dire où il se trouve. J'ai cherché un peu partout dans mon labo, à mon bureau, à la cuisine, sous les coussins du cana..."

Il fut interrompu par le téléphone qui manifestait de façon bruyante l'intention d'un interlocuteur encore inconnu de communiquer avec le directeur. Adam leva les yeux au ciel, soupira, et alla chercher le téléphone dans les jonquilles tout en pestant.

"Ça n'arrête pas depuis ce matin ! Allô ? ... Quatre saisons et trois fromages ? Et un faux numéro, ça vous va aussi ?"

Il raccrocha au nez avant de reprendre.

"Je ne suis pas sûr que leur envoyer Georgia soit une super solution. Tout à l'heure, c'était la police. Une inspectrice... Amanda... Amanda Saya. Une histoire de terrorisme mutant, j'ai pas tout compris, elle était complètement hystérique."

Le directeur haussa alors les épaules.

Fortement surpris par la réaction de Jeremiah en présence du professeur, Michael le regarda de côté en haussant fortement les sourcils. Il venait de dire qu'il irait avec lui au mur d'escalade s'il pourrait rester sur le plancher des vaches? C'était véritablement un volte-face, mais un volte-face qui fit plaisir à l'Autrichien : d'une manière ou d'une autre, Jeremiah acceptait de s'éloigner de son antre et de son PC.

Par contre, le professeur Zachary semblait se méprendre sur ses intentions. Évidemment que l'Autrichien préférait l'escalade au naturel, en plein air. Il adorait le plein air. Il n'était pas certain par contre d'avoir envie d'essayer sur des pylônes -il pensa aux risques de chocs électrique- ou dans des cheminées -il n'aimait pas du tout la fumée d'une cigarette, allez imaginer d'une usine!-, mais il était clair que rien ne valait une bonne vieille paroi naturelle. Sauf que les basses-terres de la côte est n'en offraient que très peu, ou alors elles étaient éloignées... Aussi il se justifia à force de mains qui bougeaient sans trop savoir ce qu'elles décrivaient.

-C'est certain professeur, je trouve aussi que c'est trop artificiel. Et que le grand air c'est mieux! Si vous connaissez des montagnes dans le coin, dites-le moi! Parce que ça me manque vraiment.

Non mais, il le prenait pour qui, le directeur? Il avait l'air d'un gars qui passe ses journées au gym pour épater la galerie? Non, ca, ce n'était pas dans sa définition de sport. C'était à peine une compensation!

Son outrance fut rapidement délocalisée par Jeremiah, qui se valut cette fois un regard douteux, un oeil quasiment fermé, l'autre exagérément ouvert. Dans les toilettes? Quelle idée saugrenue. D'autre part, il ne savait pas que Cerebra jouait des tours aux professeurs. Aussi demanda-t-il innocemment :

-Cerebra fait souwent des sales coups?

Et Jeremiah qui voulait envoyer Georgia. Malgré la bêtise de l'idée, Michael sourit franchement. Peut-être que la "kiss theory" de Georgia fonctionnerait véritablement. Même auprès d'un terroriste mutant? Et d'une policière hystérique? Une femme hystérique, c'était fréquent -enfin, ca dépendait aussi des pays-, mais une policière hystérique?

-Il a fait quoi le terroriste? Vous êtes certain que c'est pas Jeremiah qui est allé au marché en oubliant de se laver, manqua-t-il de rajouter, mais il se dit que ce n'était pas le moment de jouer au plus gamin. Après tout, il fallait être sérieux!

"Et ma pizza alors, M'sieur Z?" dit alors Rachel en arrivant près des hommes.

Se trouvant hilarante, la jeune femme se mit à rire sans retenue jusqu'à ce qu'elle se rende compte que finalement, ce n'était peut-être pas si drôle que cela! Elle réalisa ensuite, paniquée, que Monsieur Zachary allait peut-être vraiment croire que c'était elle qui avait téléphoné pour commander une pizza alors que ce n'était pas vrai! Elle avait simplement entendu sa conversation...Oh mon Dieu! Elle allait se faire jeter de l'équipe, jeter de l'Institut! Elle allait tout perdre, se ramasserait dans la rue à jouer de la guitare pour des peanuts...Lorsque Rachel se rendit compte qu'elle avait arrêté de respirer, elle expira et inspira profondément afin de reprendre une respiration normale. Elle regarda Adam et secoua la tête avec un sourire embarassé:

"Je...Je plaisantais. J'ai pas téléphoner pour la..."

Rachel se racla la gorge et tourna la tête vers Michael qui heureusement se mit à poser des questions à Adam. Elle lui envoya un sourire éclatant, ainsi qu'à Jeremiah et Adam. Elle passa une main dans ses courts cheveux et enfonça ses deux mains dans les poches de ses shorts en jeans. Rachel avait décidé à nouveau de s'habiller comme une cow-girl - après tout ils étaient en mai! - et portait une chemise à carreaux, des shorts déchirés mi-cuisse et des bottes de cowboy. La jeune femme se rendit compte qu'elle avait manqué une partie de la conversation lorsque Jeremiah mentionna que il retrouvait son ordinateur dans les toilettes et Michael s'informa sur si Cérébra jouait souvent des tours. Sentant une blague venir, Rachel ne put s'empêcher de dire:

"Cérébra a aussi un sens de l'humour artificiel, M'sieur Z...? "

Elle eut quelques éclats de rires, mais se tut rapidement. Bon. C'était pas drôle. Elle soupira et figea un sourire sur son visage. La conversation devenait sérieux, elle devait arrêter de faire des blagues idiotes - et de boire du lait au chocolat le matin. Rachel fronça les sourcils et regarda Adam avec sérieux:

"Des terroristes mutants? Pourquoi nous a-t-elle appeler? Elle pense tout de même pas qu'on fait les grabuges?"

Foyer

(Sous forme astrale)

Derek atterit sur le gazon frais, mais il ne ressentit pas l'impact. Pendant un instant il se demanda comment il pouvait passer au travers les murs et toujours être capable de marcher sur le sol. Ah les lois étranges de la physique mutante. Rapidement il chercha un endroit du regard ou il pourrait se dissimuler de la vue de ce foutu Animus. Il aperçut les différents arbustre du jardin et s'y engouffra.

*hihihi on me trouvera jamais ici*

Il gardait un oeil en direction du Foyer. Il ne vit donc pas Miah, Michael, Adam et Rachel qui se trouvait non loin de lui. De leur côté, eux voyait très bien le derrière de Derek dépasser de sa position accroupie et immobile.

Georgia, Miracle Lass, miracle de la part de l'Institut... Alors, définitivement non ? Bon, OK. La blague était nulle et histoire d'éviter trop de regards consternés, Jeremiah n'insista pas. Adam et Michael entamait une discussion passionnante sur l'escalade et le grand air mais l'attention du geek (d'autant plus volatile que le sujet ne l'intéressait absolument pas) fut attirée par la jeune fille sautillante qui les rejoignait. L'air excédé qu'avait tiré le directeur après avoir répondu à un énième coup de fil inutile avait déjà tiré un sourire à Jeremiah et l'intervention de la cow-girl lui arracha un pouffement. Apparemment, il n'était pas le seul à trouver surprenant que Cerebra se mette à faire des blagues :

"Sans rire, elle a le sens de l'humour ?? Ptet que c'est elle qui a diffusé votre numéro à tous les chieurs ! Vous avez fait quelque chose qu'elle a pas aimé ?"

De même, il avait un peu du mal à concevoir une I.A., même très élaborée, avec des goûts et des dégoûts. A la rigueur, la protection de l'Institut était peut-être la grande passion de Cerebra, et encore... C'était surtout son job, elle était conçue pour ça. De toute façon, il préférait ce sujet, ou même mieux encore, celui du mystérieux premier coup de fil que le professeur était en train de leur expliquer, plutôt que celui de l'escalade. Malgré son plan diabolique, malgré le fait qu'il ait quasiment accepté d'accompagner Michael... Il ne mourrait pas d'envie d'affronter la ville, et encore moins un endroit grouillants de sportifs. Le cauchemar, c'était peut-être même pire qu'un grand magasin. Avec un peu de chance, le sujet du terrorisme, quand même carrément plus intéressant, ferait oublié à son camarade ses projets stupides. Lui renvoyant une grimace alors que ce dernier le regardait d'un drôle d'air après l'histoire de l'ordinateur et des toilettes, le geek revint à son professeur référent, attendant les réponses aux questions des autres :

"Tant que c'est pas nous qui sommes censés recevoir un colis piégé..." Marmonna-t-il pour lui-même.

Non loin de là, un derrière éthéré s'agitait dans les fourrés, et Miah haussa un sourcil :

"C'est le cul de Derek là-bas ?" S'informa-t-il d'une voix neutre, curieux.

"Je ne sais pas trop si Cerebra a le sens de l'humour, mais en tout cas, je ne vois pas qui d'autre aurait pu...."

Il fut coupé par l'apparition d'un hologramme familier.


"Dr. Zachary, votre ordinateur portable est dans la boîte aux lettres. Ainsi que le courrier d'aujourd'hui et d'hier.", annonça-t-elle sur le ton terriblement factuel que lui imposait son synthétiseur vocal.

Tel un gamin pris en faute, Adam fourra ses mains dans ses poches, et s'en fut vers le portail en grommelant.

Il en revint quelques minutes plus tard, sans son ordinateur, mais avec les journaux, dont l'Eastern News qu'il tenait ouvert devant lui.

"Oui donc, Il y a une histoire de terrorisme, je ne sais pas trop quoi, et l'inspectrice exige qu'on fasse le ménage chez... Oh tiens, il y a votre nouveau professeur dans l'Eastern News, il est photogéni..."

Il ne termina pas sa phrase, pris d'une violente quinte de toux, entrecoupée de quelques sacres bien sentis. Finalement, il tendit le journal à Rachel, ouvert sur la page deux, et se contenta d'un sobre.

"Je crois que j'ai besoin de m'assoir..."

Le momentum dramatique de la scène fut quelque peu coupé par l'arrivée de Rachel-la-joyeuse. L'Autrichien était tiré entre la tentation de sourire parce que la blague de la téléporteuse, vraie ou non, était franchement drôle, et la conservation de son air préoccupé du moment : après tout, ils traitaient d'un sujet sérieux! Avec le directeur qui plus est! Au moins avait-elle la décence de se montrer mal à l'aise, et cette fois Michael n'hésita pas à lui envoyer un sourire poli. Si faute avouée est à moitié pardonnée, les malaises authentiques suffisaient généralement à s'attirer le pardon complet de Michael. Car Michael était tout-puissant et distribuait le pardon comme d'autres le pain et le vin, c'était connu...

Au moins, depuis son arrivée, Michael avait su se montrer assez sociable pour passer le plus clair de son temps libre -quand il n'enquiquinait pas Jeremiah, en somme- à rencontrer les autres élèves, voir les professeurs, et avait-il ainsi appris à mieux les connaître. Il savait donc qu'il pourrait fortement apprécier Rachel lors d'un party, mais un peu moins pour un travail de recherche demandant une concentration et un sérieux extrême.
La dernière hypothèse de la cow-girl le fit tout de même frissonner dans le dos. Comme quoi elle savait aussi se montrer terre à terre : l'institut, soupçonné? Voilà qui était inquiétant. Et qui ne faisait pas parti du contrat quand on l'avait expédié à l'institut avec Pablo!

Profitant du départ d'Adam pour aller chercher son portable dans la boite aux lettres -sûrement encore un de ces modèles ultra-compact d'ingénierie allemande!- Jeremiah avisa un mouvement dans les buissons et demanda s'il s'agissait du cul de Derek. Tournant la tête, Michael put également voir le derrière évanescent de la forme astrale, qu'il siffla sans gêne, un sourire moqueur aux lèvres.

Sourire qu'il perdit dès le retour d'Adam. Celui-ci semblait un peu plus lunatique qu'à son habitude, mais Michael n'en fit pas de cas. Il préféra plutôt lire le journal par-dessus le bras du directeur, malgré l'impolitesse du geste, et demanda :

-Professeur, vous alliez pas chercher votre portable?

Suivant la lecture du directeur, il tomba sur la photo du dénommé Clark Walker et opina sobrement du chef pour convenir qu'il était photogénique. Sauf que le directeur sembla s'étouffer et jura. Par réflexe plus que par obéissance, Michael lui tapa dans le dos et le fit s'asseoir sur le banc où Jeremiah avait pris place quelques minutes auparavant.

-Monsieur le docteur professeur, vous allez bien? Êtes-vous devenu malade?

Foyer

(sous forme de chien)

Animus contourne un coin de mur, hume en l'air et tourne la tête vivement vers le Jardin en direction du groupe de personnes, il passe devant eux à vive allure sans même leur porter attention et court directement vers Derek.

Ayant passé par la porte d'entrée, ce que oui certains mutants font toujours, Derek attendait inutilement en regardant vers la fenêtre du Foyer.

- WARF !

* J'T'AI EU !*

Et Edouard claquait ses dents sur l'arrière-train du facteur fantôme de l'Institut.

Rachel fut surprise de la suite des évènements et eut quasiment une crise de cœur en voyant Cérébra apparaître devant eux. Qui disait maintenant qu'elle n'avait pas un sens de l'humour! On parlait dans son dos et là voilà qui apparaît comme cela sans crier gare...Comme quelqu'un qu'elle connaissait bien. Très bien même. La jeune femme se racla la gorge et se promit de ne plus apparaître comme cela devant les gens...quoi que c'était tellement drôle! Bon, elle ne pouvait pas vraiment blâmer l'IA de l'Institut de vouloir se défouler sur les morveux qui l'embêtaient tous les jours! Après tout, ce ne devait pas être facile d'être là sans pouvoir discuter avec qui que ce soit et devoir surveiller tout ce qui se passe. Solidaire, Rachel regarda l'hologramme avec un sourire compatissant jusqu'à ce qu'elle disparaisse et que Adam s'en aille chercher son portable qui était dans...la boîte aux lettres?

"Ton portable des les toilettes c'est bizarre...mais le sien dans la boîte aux lettres, c'est encore plus freak!" s'exclama Rachel une fois que leur directeur fut éloigné.

La jeune femme fronça les sourcils. Elle avait un mauvais feeling. À chaque fois qu'ils recevaient les journaux, quelque chose de pas cool se passait. C'était toujours comme cela. Elle attendit le retour de Adam qui revint sans portable. What the...Michael la devança et s'informa auprès de Adam sur pourquoi n'avait-il pas son portable. Rachel ne comprenait plus trop la situation. Le directeur de l'Institut fit une remarque sur le nouveau professeur et comment il était photogénique. Vraiment?! Rachel bondit sur ses pieds et s'approcha de Adam. Elle se hissa sur la pointe de ses pieds et colla sa tête contre l'épaule de leur directeur pour mieux voir le journal.

"Ah oui il est...M'sieur Z?"

Lorsqu'il lui donna le journal en sacrant, la jeune femme fronça les sourcils et regarda immédiatement l'article qui lui avait donné des problèmes. Sûrement l'article sur le manifeste EZX...

"Oy..."laissa-t-elle s'échapper tandis qu'elle lisait l'article.

Une fois sa lecture terminée, elle leva de grands yeux inquiets vers Adam. Silencieusement, elle tendit le journal à Jeremiah et Michael pour qu'il y jette un coup d'oeil. Rachel s'approcha de Adam et le regarda droit dans les yeux, son coeur battant la chamade dans sa poitrine.

"C'était à ce sujet qu'elle vous a appelé, l'inspectrice? Elle veut qu'on fasse le ménage... Elle veut qu'on empêche la destruction du monument vendredi. Qui sont ces cinglés?!"

Pendant que les deux comiques s'agitaient dans les buissons, le directeur avait fini par revenir, rapportant en plus de son ordinateur les dernières nouvelles du jour. Encore un point sur lequel Jeremiah était d'accord avec sa coéquipière : le coup de la boite aux lettres était carrément plus bizarre que celui des toilettes, mais, lors de l'apparition de Cérébra il y a quelques minutes et malgré l'attention avec laquelle il avait scruté son visage neutre, le jeune homme n'avait pas réussi à discerné l'ombre d'une émotion chez l'I.A.. Expérience à renouveler. Ou interrogatoire à mener, tout simplement.

Impatient comme toujours, le geek avait essayé de lire par dessus l'épaule de son prof à ses quelques commentaires, puis par dessus l'épaule de Rachel, quand Adam avait décidé de s'asseoir. Après tout ce que dernier avait vu, il fallait encore que ce soit du lourd pour le mettre dans cet état. Peine perdue dans les deux cas, il avait eu beau sautiller, ce n'est que quand le journal atterrit dans ses mains qu'il put parcourir l'article. Il ne fit pas de commentaire immédiatement, trop occupé à écarquiller les yeux au fur et à mesure de sa lecture, puis fit passer au suivant.

"C'est cool. Super. Génial. C'est vrai qu'on passait déjà pas assez pour des monstres."

EXZ. Ça devait avoir une signification particulière mais jamais entendu parlé. Enfin, au moins, ça leur laissait deux jours... Puisqu'il imaginait mal, après ce qu'il avait vécu à l'Institut, que celle-ci reste passive devant la déclaration.

"C'était ça qu'elle voulait que vous receviez ?" Ajouta-t-il aux questions de Rachel qui, aussi vive que d'habitude, bombardait déjà leur professeur. Puis, le geek lança un regard éloquent à Michael, l'air de dire "tiens, tu vois, c'est ça, la vie ici... Alors tu sais où tu peux te la carrer, ton escalade ??".

Derek riait dans son fort intérieur. Édouard-Chien ne pourrais pas le retrouver, ici au milieu de nulle part. Derrière lui il entendit un sifflement étrange. Curieux il se retourna et remarqua le petit groupe autour du professeur Zachary… et le chien qui tentait de le mordre. Mais comment il faisait pour le retrouver à chaque fois! L’odeur ? Étrange, il était certain que sous forme astrale il n’avait aucune odeur, mais lui-même ne pouvait pas savoir, peut-être une perception sensorielle de l’étrange comme les chats. Pendant que ces questions lui traversaient l’esprit, Ghost entendit quelques bribes de Rachel et Miah.

*Des terroristes ?? Peut-être qu’il est temps pour moi d’arrêter ces idioties.Bah, les X-Rays semble s'en occuper*

Il remarqua que le petit groupe se partageait un journal. Il nota dans son esprit qu'il devrait se trouver une copie dès qu'il aurait gagner...parce qu'il allait gagner c'était certain.

Les claquements sonores des dents d’Eddog près de ses mollets l’encouragèrent à continuer. Si c’était l’odeur, Derek avait une idée pour semer son adversaire. Sans attendre plus longtemps, il se dirigea vers l’institut en courant à toutes jambes. La sensation était étrange, il ne s’épuisait pas et n’avait pas à reprendre son souffle. Peut-être qu’il aurait Édouard à l’usure et il s’épuiserait. Si seulement il pouvait lancer une foutu branche pour le distraire!!!

Derek fit le tour de l'institut et chercha son point d'entré, loin de portes ou fenêtres, handicapant par le fait même son poursuivant canin. Une fois sa cible en vue, il bifurqua soudainement et traversa le mur extérieur de l'institut.

Cuisine

Edouard grogne, allait-il enfin pouvoir avoir un steak de Derek ? Après tout il... il avait fait quoi au juste ?

- Grrrr wah WAH !
* C'est même plus drôle*

Edouard se penche en avant et prend un bon souffle alors que Derek se sauve derrière l'institut. Raccourci !

Reprenant ses jambes à son cou, Edouard vole (presque) en direction de la porte d'entrée, il allait le rejoindre à travers l'Institut !

Foyer

Tout en préventions, les élèves présents semblaient s'enquérir de la santé (physique ou mentale ?) du directeur de l'Institut, mis à part Edouard et Derek, qui, à l'image de ces toons faisant une tornade de bêtises au milieu d'une situation grave, semblaient totalement déconnectés de la réalité des choses.

"Si Michaël. Mais j'ai distribué les journaux à tout le monde, et... J'ai du le poser quelque part. Enfin bon, je ne suis pas malade hein, c'est juste que ces déclarations d'attentats à Washington... Oui, effectivement, il y a là une bonne raison pour que la tension artérielle de nos officiels fasse un pic."

Il regarda le journal de travers, comme s'il était l'incarnation des nauséabondes intentions de ce mystérieux groupe EXZ.

"Je ne sais pas trop ce qu'elle racontait. Elle voulait savoir si c'était nous, si on les connaissait, si on comptait intervenir, leur mettre des bâtons dans les roues, ou faire le ménage chez nous... Un peu contradictoire..."

Il semblait quelque peu troublé à l'idée d'intervenir là-dedans.

Michael se rendit compte de sa méprise et soupira. Il aurait peut-être dû commencer par lire le manifeste -qui s'était évadé en direction des mains de Rachel puis Jeremiah- avant d'évaluer le degré de photogénie du nouveau professeur. Lui, on pouvait dire qu'il était occupé : répondre à un interview pour l'Eastern et venir à l'institut la même journée! Peut-être contrôlait-il le temps. Ou alors, il avait un pouvoir d'ubiquité!

Sans prêter attention aux Justix qui canaillaient autour d'eux, Michael leva imperceptiblement le sourcil en entendant le professeur dire qu'il venait d'égarer de nouveau son ordinateur. Ce devait être un record, non? Égarer quelque chose moins de cinq minutes après lui avoir remis la main dessus, ca tenait du prodige... Et voilà que Jeremiah lui fichait le journal dans les mains. Manquant la moitié de la conversation, il commenta finalement l'article :

-Moi qui cherchait une façon d'adresser ma mutanité à mes parents, je pourrais leur enwoyer* une copie.

Son ton déconfit ne portait pas à confusion : l'Autrichien n'en revenait pas. Pourquoi les gens s'attaquaient encore entre eux? La guerre, la guerre, c'est pas une raison pour se faire mal!* Déjà, ces stupides conflits avaient tué Johan. Qui serait le prochain?
Il reprit, comme si il ne venait pas de passer un commentaire improbable :

-Pourquoi ne la rappelleriez-vous pas, une fois calmés? Vous pourriez avoir une discussion claire. Et puis, Rachel a raison, on devrait y aller.

Et, en réponse au regard éloquent de Jeremiah, il lui fit une petite tape derrière l'épaule en appuyant son point.

Comme tu viens de me dire, c'est notre rôle de sauwer la weuwe et l'orphelin. On peut pas laisser des innocents mourir!

En plus, il aimerait bien envoyer une photo du monument à sa cousine Laura, en souvenir...

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