[LeX 8.1] Prophètes, déserts

Des son entrée dans la salle de briefing, la gothique romantique sentit l’atmosphère de la pièce devenir pesante de bien étrange et malsaine manière. L’austérité du lieu, déjà fortement prononcé en temps normal, rendait cette impression de lourdeur encore bien plus palpable pour celle qui était, sans l’ombre d’un doute, la maîtresse incontestée de l’éthéré au sein de l’institut. Elle ressentit presque immédiatement comme une pression invisible sur ses gracile épaules dénudés et une imaginaire chaleur s’empara alors de ses chairs offertes. En son for intérieur, Juliette se dit alors que pour sa première mission officiel avec les LeX, le sujet de celle-ci devait être d’une gravité sans cause commune.

Après les quelques brefs mais intense secondes ou elle s’était figé sur le pas de la porte afin d’accompagner ce mélange envahissant qui empoisonnait assurément l’atmosphère ambiante, la gothique romantique s’avança à nouveau à travers la pièce afin de gagner de son pas tranquille et silencieux un siège. Tout en parcourant la faible distance qui la séparait de son but, son regard de glace balaya la pièce… Le professeur Kofman trônait sur son siège, le visage aussi sombre que sa posture était sévère. Pour qu’elle arbore cette attitude parfumé d’une inflexibilité et d’une rigidité aussi dénonciatrice qu’une empreinte ADN, c’est que le sujet qui l’avait poussé à les rassembler devait être lui-même d’une importance des plus capitale. Esther trônait, tel un seigneur et cette impression qui parcouru la gothique romantique se trouva renforcée par la présence à ses côtés de cette étrange jeune femme aussi silencieuse qu’une ombre ténébreuse. Juliette ne la connaissait pas, mais elle avait cependant le sentiment qu’elle lui rappelait quelque chose… Dans une pensée fugace, la jeune femme à la ténébreuse toilette s’interrogea : Si le professeur Kofman était le seigneur et que cette femme était son vassal fidèle, alors qu’étaient-ils, eux.. ? Ses chevaliers fidèles peut-être, répondant sans attendre à l’appel de leur reine souveraine.. ? Ce fut une pensée qui arracha un bref et subtile sourire à ses lèvres délicieusement parcouru de douceur satine.

L’écran de visioconférence attira alors son regard… Un homme y apparaissait, attendant visiblement lui aussi que le briefing puisse commencer. Contrairement à la jeune femme, celui-ci ne lui était en rien connu si ce n’était sa tenue d’un temps aujourd’hui révolu et qui, à contrario de son porteur, sonnait étrangement familier. Entre cet homme, dont l’anachronisme certain ne laissait planer aucun doute et cette femme debout auprès de professeur Kofman qui laissait émaner de sa personne une certaine saveur gothique des plus assumé, la gothique romantique se sentait légèrement comme en… Comment dire… En famille, oui… C’était sans doute là, le terme le plus adéquate selon elle. Pour un peu, on aurait même pu avoir le sentiment que c’était en réalité les autres qui n’était pas à leur place.

Se détachant de l’écran, Juliette laissa alors son regard cristallin se perdre lascivement sur les sièges occupés autour de la table. Il y avait Lucas, qui n’avait pas l’air d’aller très bien. Elle savait que la mort du fondateur de l’inter-MHT avait très douloureusement ébranlé le jeune homme, même s’il n’en avait rien dit concrètement. Mais concernant la dissimulation des sentiments, l’italienne en connaissait bien des arcanes, sans le moindre doute. Cependant, elle le pensait tout de même plus fort que cela… Ou bien alors, était-ce elle qui était plus insensible qu’elle ne se l’imaginait.. ? Mais en réalité elle avait sincèrement de la peine pour celui qui se faisait si orgueilleusement appelé Rock. Contrairement à elle qui avait perdu depuis fort longtemps ses illusions idéaliste, le mutant découvrait seulement maintenant cet instant affreusement douloureux ou la réalité du monde des hommes, ce monde tellement imparfait, vous ouvrait les yeux sur toute l’horreur de la condition humaine et de ses aléas les plus cruels. Certains, trop faible pour y résister cédait avec aisance à l’appel de l’oubli éternel et sa rassurante froideur, tandis que d’autres préféraient sombrer dans un dangereux repli sur soi.. Et lui, qu’allait-il faire.. ? A cette interrogation, il était le seul à pouvoir y répondre, que ce soit d’une façon… Ou d’une autre…

Il y avait aussi Jolène, qui avait prit place au côté du jeune homme, tel un inconscient baume bienfaisant. Son sourire, teinté d’une hésitation maladroite, en était la plus perceptible des traces. Présente, était aussi Mina… Mina la harpie, mais également Mina la jeune femme que son apparence dissimulait aux yeux du monde mais certes pas à celui de la gothique romantique. Son apparence inquiétante contrastait de fort étrange manière avec la fragilité toute juvénile de la mutante au physique hors du commun et rendait cette dernière délicieusement attachante. Les autres membres de l’équipe manquaient encore à l’appel et Juliette se demandait s’ils allaient rapidement arriver afin qu’ils puisse enfin connaître le pourquoi de ce malaise qui empuantissait la salle de briefing de sa nauséabonde odeur, tout en s’installant à son tour sur un siège qui était totalement à l’opposé de ceux de ses camarades… Les vieilles habitudes… Presque un réflexe pavlovien, diraient les plus moqueurs…

Juliette salua alors l’ensemble des intervenants d’un ‘’Professeur Kofman… Mademoiselle… Monsieur…’’ accompagnant ses mots d’un sourire poli mais sans exagération. Elle n’eu aucune parole de salutation pour les LeX déjà présent dans la salle… Pourquoi en aurait-elle eu une de toute façon, puisqu’elle les avaient déjà croisé dans les couloirs de l’institut, quelques heures plus tôt…

Amarenna revenait de Salem Center lorsque le message était arrivé sur son communicateur. Une convocation avec son équipe. Elle aimait mieux ça. Un instant, elle avait craint qu'il ne s'agisse de Robin. Mais non, fort heureusement, pour le coup, il fallait le reconnaître. La jeune femme s'était contentée d'effleurer la joue d'Alex de ses lèvres avant de le laisser pour se rendre en salle de briefing. Bien sûr, elle se demandait ce qu'il en était. Pourquoi cette convocation. A tel point qu'elle n'avait même pas pris le temps de se changer. Elle était déjà en retard. Le tatouage qu'elle venait de se faire au bas du dos était donc parfaitement visible. Et honnêtement? Elle se moquait complètement de ce que pourraient dire les autres à ce sujet. Cela ne les regardait pas. La seule chose qu'elle espérait, c'était que personne ne se douterait de rien concernant le X-Rays. Parce qu'elle tenait bien à profiter encore de cette situation, de cette relation cachée qui lui faisait du bien.

"Bonjour!" lança-t-elle à la ronde.

Sa voix était, presque, guillerette. Presque, toutefois. Car dès que son regard se posa sur Amelie et sur l'homme à l'écran, son visage se rembrunit. Elle pouvait le sentir, c'était le début de nouveaux ennuis. Ils avaient signé pour en chier, de toute façon. Son regard se posa sur Alban et sur Edeas. Aucun des deux ne savait dans quoi ils s'étaient embarqués. La jeune femme vint s'installer près de Mina.

De son siège, Juliette regarda les derniers membres de son équipe arriver à leur tour dans la salle de breifing. Il ne manquait que l’abeille, qui n’avait visiblement pas entendu l’appel du professeur Kofman ou bien qui n’avait, pour une raison ou bien une autre, pu les rejoindre. Peu importait de toute façon, neuf ou dix cela ne faisait guère de différence dans les faits Les retardataires s’installèrent les uns après les autres, laissant un effet de surprise se dessiner sur le visage de la gothique romantique lorsqu’elle vit Alban et Edéas venir à leur tour s’installer autour de la table. Ainsi, ils avaient été invité à participer à cette mission.. ?

Après les quelques instants de flottement inhérents à toutes installations autour d’une table, le calme s’abattit lourdement sur la pièce tandis que tous attendirent, comme cela était de coutume, que leur professeur référent prennent enfin la parole afin de leur expliquer la raison de ce rassemblement. Il s’agissait sans l’ombre d’un doute d’une mission étant donné la présence des deux jeunes élèves en leur sein, ainsi que celle de cette femme aussi rigide qu’une statue de pierre et de l’homme, présent par l’intermédiaire de l’écran de visioconférence. Mais alors qu’il avait semblé à la gothique romantique que Esther allait finalement ouvrir la bouche afin de justifier ce rassemblement, ce fut en fin de compte l’homme qui s’octroya le droit de prendre la parole en premier. Il poussa littéralement le professeur Kofman à commencer, ce qui sonna étrangement comme un ordre en dépit du ton aimable avec lequel cela avait été prononcé. D’ailleurs, le fait que l’israélienne paraissait crispée donna l’impression à Juliette que l’intervention de cet homme lui hérissait légèrement le poil.

Toutefois, elle prit cependant la parole et commença par leur annoncer que Alban et Edéas rejoignait les LeX, ce qui laissa quelque peu la gothique romantique de marbre même si elle n’avait, fondamentalement, rien contre ces deux nouvelles intégrations. Ils étaient les bienvenue au sein de l’équipe, mais il n’y avait certes pas de quoi lancer des pétales de roses en l’air afin de fêter l’évènement. Puis, ce fut le début de l’inexplicable… Esther leur annonça que cette nouvelle mission serait entièrement sous les ordres de l’homme en visioconférence et que ses directives seraient à égale valeur avec celles qu’elle pourrait elle-même leur donner. Juliette en resta littéralement abasourdie, ne pouvant accepter le fait que le professeur Kofman les confie ainsi à un parfait étranger, fut-il d’élégantes toilettes et manières, sans leur offrir la moindre explication. Surprise, la gothique romantique fut ensuite intriguée par le fait que Esther laisse sa phrase en suspens, rapidement reprise par l’homme qui se fait appeler Sebastian Melmoth.

Celui-ci se présenta à nouveau, ajoutant qu’il était le grand maître de l’ordre invisible d’Europe… Invisible, ce terme sonna étrangement familier aux oreilles de Juliette qui fit rapidement le rapprochement avec ce mystérieux Collège invisible à qui l’institut avait déjà eu affaire auparavant. D’un signe, il ordonna ensuite à Esther de faire l’image d’une main étrange à l’écran et la mutante s’éxecuta sans dire un seul mot… Enfin, presque… Car un soupir fusa de ses lèvres et, en tant que docteur es soupir, la gothique romantique avait la désagréable sensation de percevoir un certain sentiment d’agacement dans celui du professeur Kofman. Malmoth reprît rapidement la parole, leur expliquant ce qu’était cette main, la main de gloire et leur parla de militaires désireux de mettre la… Main… Sur cette main afin de l’utiliser. Il évoqua aussi un mystérieux projet nommé Blue Book, ce qui éveilla un souvenir dans l’esprit de la gothique romantique… Blue Book… Ce n’était le nom d’un programme militaire du siècle dernier, visant à étudier la question et l’existence des extraterrestres.. ? Alors, cela signifierait que la main de gloire serait d’origine non terrestre.. ?

Puis, arriva enfin la raison de leur présence… Ils allaient devoir aider le Collège invisible à récupérer cette rameuse main, alors que auparavant ce même obscur organisme refusait tout rapprochement avec l’institut. Mais que croyait-il donc.. ? Que l’institut était un instrument qu’il pouvait utiliser, avant de le rejeter une fois son travail accompli.. ? Cette utilisation évidente de leur personne déplut très fortement à la gothique romantique, qui compris rapidement pourquoi Melmoth tenait tellement à récupérer cette fameuse main, au point de les impliquer, lorsqu’il évoqua la prochaine mise en place d’un dirigeant mondial de leur ordre… Chaque section du Collège invisible avait apparemment son candidat à placer à ce poste, ce qui en soit n’était pas vraiment une surprise au vu de leur indépendance les uns par rapport aux autres. L’homme parlait de récupérer la main afin de la détruire, mais un tel objet pouvait se révéler très utile pour appuyer la candidature de leur candidat à cette fameuse élection… Juliette esquissa alors une mine de dégoût… En fin de compte, toutes ces belles paroles d’empêcher les militaires ou les autres sections du Collège de mettre la main sur l’artefact, ce n’était rien d’autre que de la politique. Le sang de la gothique romantique ne fit qu’un tour à l’idée de n’être qu’un instrument entre les mains de ces arrogants hautains et, lorsque Melmoth en eu enfin fini, elle se leva d’un bond et s’écria :

‘’Un instant, voulez-vous.. ?’’

Ses deux mains à plat sur la table de conférence, elle tourna son regard de glace en direction de l’écran de visioconférence et dit à melmoth sur ton qui ne souffrait aucune condescendance en retour :

‘’Il importe peu que vous connaissiez Alban, ceci n’est pas un gage de confiance dont vous pouvez vous prévaloir auprès de nous afin de nous voir vous obéir sans dire un seul mot. Je trouve qu’il est présomptueux de votre part de venir nous voir afin de quérir nôtre aide sous le prétexte fallacieux d’intérêts communs, alors que nous savons tous les deux que si vous en aviez eu l’opportunité, vous vous seriez certainement volontiers passé de notre concours. Vous avez besoin de nous, mais vous vous refusez à le reconnaitre.’’

La gothique romantique prit un instant afin de souffler et d’évacuer cet agacement qui pointait subrepticement en elle, puis elle reprit :

‘’Si cette fameuse main de gloire est aussi dangereuse que vous le dites, alors nous irons la récupérer afin que personne ne puisse l’utiliser à des fins malhonnêtes. Mais NOUS irons la récupérer et NOUS nous chargerons de la mettre hors d’état de nuire… Nous ne serons en aucun cas les outils du Collège invisible ou de quiconque d’ailleurs. Que ceci soit bien clair pour vous et tous les vôtres monsieur Melmoth, ou quel que soit votre véritable identité… L’institut est ses résidents ne sont pas et ne seront jamais des instruments librement utilisable par quiconque en ressent le besoin.’’

Une fois les choses mise au point avec Melmoth, Juliette tourna son regard en direction de Esther et l’interrogea à son tour, bien que le ton précédemment employé se transforma en quelque chose de plus doux, de plus amical…

‘’Mademoiselle Kofman, dites quelques chose s’il vous plait… Comment pouvez-vous nous demander d’obéir aveuglément aux ordres du Collège invisible, alors qu’il est évident qu’ils privilégient avant toute chose leurs propres intérêts.. ? Si cette main est vraiment au Mexique, alors nous irons la récupérer… Nous avons affronté Nemo, nous avons affronté …’’

La voix de Juliette se noua l’espace d’un instant, lui donnant brièvement une fragilité des plus désarmante tandis que son regard se perdit fugacement sur la table de conférence.

‘’… Timmy…’’

Ajouta-t-elle dans un murmure, avant de reprendre une certaine contenance et de poursuivre :

‘’Ou étaient-ils durant ces évènements.. ? Pourquoi ne nous ont-ils pas aidé.. ? Et aujourd’hui, uniquement parce qu’il en font la demande, nous devrions leur déléguer notre indépendance.. ? Expliquez nous pour quelle raison mademoiselle Kofman… Expliquez nous pour quelle raison vous nous abandonnez en démissionnant ainsi de vôtre rôle.. ?’’

La gothique romantique demeura debout, immobile, les mains bien à plat et solidement campé sur la table. Si son intention n’était en aucun cas de reprocher quoi que ce soit au professeur Kofman, force était de reconnaitre que l’accusation que sous entendait le propos de la jeune femme était d’une violence certaine et remettait littéralement en question, faute d’une explication digne de ce nom et de surcroit acceptable par tous, la légitimité de la mutante à pouvoir leur ordonner quoi que ce soit.

Amarenna s'était contentée d'écouter le début de la réunion. Les interventions de Juliette et de Lucas, les réponses d'Esther et de Melmot. Melmot que connaissait l'une des deux nouvelles recrues de l'équipe. Recrue qui était, d'ailleurs, dévolue à jouer un rôle important dans une élection. La jeune femme fronça les sourcils. Elle ne savait pas ce qu'il avait fait pour en arriver là, mais Alban pouvait être certain d'une chose, il était dans de beaux draps.

Chacun était libre d'aller où il le souhaitait, sauf deux personnes: Alban, désigné volontaire pour l'élection, et candidat, et Lucas qui devrait aller à la recherche de la main verte avec Esther. Amarenna ne savait trop où aller. Quel combat choisir? Car il était clair qu'elle participerait. Mettre sa vie en danger, c'était ce qu'elle savait le mieux faire. Cameron Dwyer, Timmy, le Parangon, l'attaque des militaires, et elle en passait et des meilleurs. Elle avait toujours risqué sa vie. Même à son retour sur Genosha. Et elle avait changé. Elle était plus froide, plus distante que jamais. Et ce, presque avec tout le monde. Pourtant, elle ne laisserai pas ses coéquipiers dans la mouise. Parce que risquer sa vie pour les autres, c'était précisément ce qu'elle savait faire de mieux.

Et, si elle jugeait Alban parfaitement capable de se débrouiller tout seul, avec l'aide de Jolène et de Mina, qui plus était, elle n'allait pas les laisser se dépatouiller seuls. Edeas venait, d'ailleurs, de se joindre au groupe.

"Je serai aussi de l'élection." dit-elle simplement d'un ton neutre.

Elle était heureuse d'avoir l'ancienne Latex avec elle sur ce coup. Après tout, c'était celle qu'elle connaissait le mieux dans l'équipe, puisqu'elles avaient été ensemble du temps des Latex. Elle adressa donc un sourire chaleureux à sa voisine. Elle en adressa un autre à Jolène. Les deux jeunes femmes partageant la même chambre, cela créait des liens, il fallait bien l'admettre.

Et puis... D'une certaine façon, Amarenna pensait être plus à sa place dans cette mission qui lui semblait bien loin de la force brute. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à son père, diplomate, et à son grand-père, ancien sénateur. Même si celui-ci l'avait rejetée quand il avait eu vent de ses pouvoirs, il n'en était pas moins que du temps de l'enfance de la franco-américaine, ils étaient relativement proches. Peut-être pourrait-elle être d'une quelconque utilité dans ce milieu là... et pour la force brute, elle avait donné sur Genosha. Elle préférait le retour à quelque chose de plus... Subtile, dirons-nous.

Arrogant, cet homme, au demeurant charmant, était profondément arrogant. La gothique romantique ne savait pas si cela était dû au fait de se croire supérieur aux autres à cause de cet ordre mystérieux et qui agissait dans l’ombre, ou bien si cela était un don inné chez lui. Quoi qu’il en soit, le relent de dédain qui avait accompagné sa demande officielle d’aide avait très nettement un parfum de contrainte lasse. Qu’importe, tant que le Collège invisible viendrait solliciter la coopération de l’institut, Il devra descendre de son piédestal au déplaisant accent de divin. Lorsque Mateo lui posa la sotte question de savoir si Sebastian était son père, Juliette tourna vivement son regard en direction du mutant qu’elle foudroya d’un regard cristallin aux reflets irisés de sévérités.

‘’Cet homme n’est en aucun cas mon père, sois en certain !’’

Lui répondit-elle vivement, avant de se laisser retomber sur son siège en affichant une mine quelle que peu contrariée… Son père.. ? Lui.. ? Et puis quoi encore.. ? Cette Amélie, c’était sa sœur peut-être.. ? Elle croisa alors ses bras, affichant ainsi une détermination à ne pas se laisser marcher sur les escarpins par quiconque présent dans la salle de briefing… Ou bien encore, physiquement représenté par un écran en très haute définition.

Dans un silence sans faille, Juliette écouta alors Lucas exprimer son accord à propos de ses paroles visant à s’occuper eux-même de la destruction de la main de gloire, en lieu et place du Collège invisible. Cependant, il l’avait trouvé légèrement trop incisive… Certes, certes… Mais même si la gothique romantique était habituellement d’un calme et d’un douceur légendaire, il arrivait quelque fois que sa prédominance méditerranéenne envahisse sa précieuse personne. Nul ne pouvait aller éternellement contre sa nature après tout, même pas elle. En réponse, elle-même le trouva un peu trop naïf de s’imaginer que ce même Collège allait leur donner le détail de son organisation et leurs buts. Ils avaient certes besoin d’eux, mais certainement pas à ce point là tout de même. Toutefois, Sebastian lâcha quelques bribes d’informations plus ou moins lacunaires concernant cette fameuse main, objet de toutes les convoitises de la part des différents Collège à travers le monde, ce qui chiffonna encore un peu plus la gothique romantique qui se retint d’intervenir dans l’immédiat afin de ne pas interrompre le professeur Kofman, qui avait enfin décidé de participer plus activement à ce briefing des plus déroutant.

Selon elle, Melmoth avait raison en disant que la main de gloire ne pouvait pas être uniquement détruite sur le plan physique. Elle leur avoua d’autres choses encore, qui témoignait de sa connaissance de certaines informations qui, visiblement, leur était obstinément refusées. Une de ces informations, Cet enfant soit disant sauvé par le Collège Européen, sembla troubler l’israélienne qui tressaillit à sa subtile vocation. Zest-ce que par hasard elle le connaîtrait.. ? C’était en tout cas la question que se posait la gothique romantique, en la voyant ainsi à la limite évidente de la crise de larmes… Chose étrange que celle-ci, pour qui la connaissait habituellement tellement forte devant une assemblée. Peut-être, le fait d’être devant son équipe, ses élèves de prédilection, lui faisait-elle s’autoriser cette fragilité étonnante… Quoi qu’il en soit, le cœur de l’italienne ne pu demeurer insensible à cet appel au secours qui ne disait pas son nom et elle décida de s’adoucir à nouveau, à son tour. La mutante avait raison après tout… Leur confiance envers le Collège invisible demeurait des plus limitée, mais force était de constater qu’il avait accès à des possibilités et des connaissances que l’institut n’avait pas. Affichant un sourire encore timide, Juliette laissa machinalement ses bras se défaire et se déposer paisiblement sur la table. Ils allaient devoir travailler ensemble, alors autant ne pas rendre les choses plus compliquées qu’elles ne le seront déjà.

Par un absurde concours de circonstance, Il semblait que Alban, ou Mathurin selon Sebastian, était un membre du Collège invisible et que, de fait, il allait participer à cette fameuse élection afin d’élire le prophète du Collège invisible.. Ce dernier en paru d’ailleurs tout aussi surpris que le reste de l’équipe présente, ainsi que Esther qui n’accordait apparemment aucun crédit de quelle que nature que ce soit, à cette obscure élection. De fait, le professeur Kofman leur demanda à tous de se diviser en deux groupes : le premier irait s’occuper de retrouver la main de gloire au Mexique, tandis que la seconde accompagnerait Alban en route vers son élection. Juliette resta quelques instants dubitative… Si elle divisait ainsi leurs forces en deux, alors qu’il apparaissait très clairement que la recherche de la main de gloire allait se heurter à une effroyable opposition, c’était sans aucun doute parce qu’elle craignait que ladite élection ne soit finalement pas aussi paisible que cela. Un point, que Sebastian confirma d’ailleurs à demi mot.

Certain élèves commencèrent à s’exprimer, curieusement pour tous accompagner Alban en route vers son élection. A leur décharge, Juliette reconnaissait que la terrifiante opposition décrite par Esther n’était guère encourageante pour les éventuels candidats à cette mission des plus périlleuse. Jolène, Mina, Amarenna et Edeas se joignirent finalement à Alban, ce qui ne laissa pas d’autre choix à la gothique romantique que d’accompagner le professeur Kofman et Lucas, consciente que la seule force brute ne leur permettrait certainement pas d’atteindre l’objectif de la mission, ainsi que, apparemment, Amélie qui représenterait sans doute la branche européenne du Collège. Ils seraient aussi accompagné de certains membres nord-américains du Collège, ce qui étonna la gothique romantique.

Finalement, Juliette reprit la parole mais avec un ton redevenu aussi tendre et doucereux qu’à son habitude :

‘’ Pour ma part, je vais donc accompagner mademoiselle Kofman et Lucas, afin de mettre la main sur… La main… Mais pour quelle raison, des membres nord-américains du Collège vont-ils nous accompagner.. ? Leur but étant très clairement en contradiction avec celui de sa branche européenne, ne risquent-ils pas de nous mettre des bâtons dans les roues dans une mission déjà bien difficile.. ? Récupérer la main de gloire va sans doute se révéler des plus périlleux pour chacun d’entre nous, mais devrons nous aussi nous méfier d’eux et veiller à ce qu’ils ne s’emparent pas de l’artefact afin de le mettre en sécurité, dans le but de nous empêcher de la détruire définitivement.. ?’’

Puis, se tournant plus particulièrement en direction de Sebastian, elle ajouta :

‘’Vous avez parlé d’occultistes et de rituel… Vous avez aussi évoqué le fait de faire apparaître le propriétaire de ladite main… Est-ce que vous sous entendez qu’il s’agit d’un membre appartenant à un démon, ou bien d’une autre créature affiliée à cette dénomination.. ? Pour ma part, c’est la première fois que j’entendrais parler de ce genre de choses… Est-ce que, par le plus grand des hasards, la nature du propriétaire de cet artefact peut nous être d’une utilité quelconque dans sa recherche et sa récupération.. ?’’

Qui sait… Etrange pour étrange, poser la question ne coûtait rien en fin de compte.

La gothique romantique était partagé entre sa méfiance, somme toute naturelle envers le Collège invisible et sa grande curiosité concernant celui-ci… Et ce n’était pas le propos des plus abscons de Melmoth concernant ce mystérieux propriétaire de la main et les rituels pour la détruire définitivement, qui allaient amoindrir cette dernière. Cette organisation secrète avait visiblement la capacité d’attirer, tout autant qu’elle pouvait rebuter… Rebondissant ensuite sur la proposition de Sebastian, Juliette ajouta encore :

‘’Ceci étant, je prends note de votre invitation et je vous confirme ma présence lors de la destruction de la main, puisqu’il ne peux apparemment en être autrement. Si nous ne pouvons la détruire nous-même, alors à défaut je témoignerais de sa destruction.’’

Voilà qui était dit... Une invitation ne tombait jamais dans l’oreille d’un sourd, lorsque était présente la gothique romantique.