[29 mai 2109] L'Avenir est un long passé.

Malgré la pluie, malgré les nuages, malgré l’obscurité ambiante, Juliette trouvait que la journée était des plus agréable. Le fait qu’elle apprécie ce temps, plus qu’un autre nettement plus ensoleillée, lui était en vérité d’un grand secours. Dans ce sentiment de plaisir qui allait certainement à l’encontre de celui de la plupart des résidents de l’institut. Elle venait de passer les dernières heures à ré viser ses cours, dans l’optique de préparer son examen de fin d’année qui approchait à grand pas maintenant, consciente que après celui-ci elle se devrait de quitter définitivement le cycle scolaire afin de se plonger courageusement dans la véritable vie professionnelle. Elle n’avait pas encore vraiment choisi entre les arts et la psychologie, mais les deux la tentait terriblement et elle possèderait bientôt les deux diplômes lui autorisant le droit d’exercer dans l’un ou dans l’autre… Quelque part, cela la rendait un peu nostalgique… Ce serait la fin d’une époque après tout, quoi que l’on puisse en dire…

Harassée par ses révisions, Juliette avait finalement décidé de se réserver une petite pose afin de se procurer un peu de détente bienvenue, avant de retourner se remplir la tête de tout ce qu’elle se devait de connaître sur le bout des doigts et de devenir, peut-être, la toute première psychologue gothique romantique, de l’histoire de cette noble profession. A coup sur, elle ferait sensation dans ce milieu. Aussi paradoxal que celui puisse paraître, la jeune femme avait décidé de se vider l’esprit en se rendant au foyer afin de lire les dernières nouvelles. A force de réviser, elle en avait quelque peu oublié le monde et l’événement qui avait récemment traumatisé toute une nation. Bien qu’elle ne se sentait pas concerné par cette tristesse nationale de par son statut d’européenne, Juliette s’intéressait toutefois au conséquence, bonne ou mauvaise, qui découlerait de cet attentat aussi surprenant que audacieux. Après tout, tout était lié en ce monde, c’était une vérité que nul ne pouvait nier.

En pénétrant dans le foyer, son regard se porta sur le mutant avachi sur l’un de canapé, telle une masse inerte et sans force et elle reconnu quelques secondes plus tard Alexander. Celui-ci avait visiblement attiré Elly dans ses filets, puisqu’ils paraissaient tous les deux terriblement absorbé par une vidéo qui passait en boucle sur l’écran de l’ordinateur du jeune homme et dont elle entendait faiblement le son.

‘’Bonjour vous deux…’’

Leur dit-elle alors tout simplement dans un sourire, avant de se diriger vers un fauteuil dans lequel elle s’installa confortablement après avoir attrapé un exemplaire de l’Eastern News et de la nauséabonde Sentinelle qu’elle commença à parcourir afin de glaner quelques informations en général et sur les réactions mondiales suite à l’assassinat du président des Etats-Unis, quelques jours plutôt, en particulier.

Pour quelque mystérieuse raison, Juliette ne parvint pas à trouver l'édition du jour des journaux.

Les éditions du jour des deux quotidiens ayant mystérieusement disparu de la table basse du foyer, Juliette se désintéressa des autres numéros présent dont elle avait déjà eu l’occasion de lire le contenu les jours précédents. Sans doute, les deux journaux désirés étaient-ils quelque part dans l’institut, entre les mains d’élèves peu respectueux du partage avec la communauté.

Alors qu’elle se demandait si elle allait retourner étudier ou bien alors aller à la cuisine afin de se restaurer d’une boisson chaude, toujours bienvenue en ces temps humides, Elle vit Daniel faire son entrée. Le maori avait avec lui un assez grand carton rempli de diverses choses qui pouvait de prime abord être considéré comme un bric-à-brac de choses inutile, mais très rapidement il la détrompa, elle, ainsi que Elly et Alexander, en leur apprenant qu’il avait l’intention de construire un cerf-volant dans le cadre de l’une de ces fêtes traditionnelles dont il leur avait déjà parlé, lui semblait-il.

Pour sa part, la gothique romantique n’avait jamais construit de cerf-volant… D’ailleurs, elle n’en avait même jamais utilisé. Ses parents étaient bien trop souvent occupés par leurs obligations professionnelles accaparantes et, lorsqu’ils avaient du temps libre à partager avec elle, leurs loisirs n’étaient pas vraiment de ce type. De même, au pensionnat ou elle avait passé une grande partie de son adolescence, les activités ludiques étaient nettement plus concrètes en terme d’intérêt. Il était difficile de dire si cela avait été un bien ou un mal, mais toujours était-il que c’était ainsi.

C’est pourquoi, plus empli d’une curiosité certaine que d’un réel intérêt pour la chose, elle quitta son fauteuil et se dirigea en direction de Daniel auprès duquel elle s’installa. Son regard se perdit brièvement sur le contenu de ladite boite contenant tous le matériel nécessaire à la construction d’un cerf-volant, puis elle lui dit :

‘’Je n’ai jamais eu l’occasion de faire du cerf-volant, c’est facile à fabriquer.. ?’’

Elle observa alors le maori esquisser les prémices de l’armature du cerf-volant, s’interrogeant sur la fiabilité d’une construction aussi artisanale… Mais après tout, elle n’y connaissait que très peu de choses en aérodynamique, voler dans les airs n’avait jamais été l’un de ses rêves les plus récurrent en vérité.

L’idée de construire des cerf-volant attirait apparemment l’attention. Ce fut les deux filles présentes dans la pièce qui se rapprochèrent en premier lieu de Daniel, ce qui pouvait laisser supposer que la construction de cerf-volants était une redoutable et visiblement efficace, tentative de séduction masculine chez les maoris. Comme pour ne pas être en reste, Alexander tenta lui aussi une approche afin de participer à la confection de ces cerf-volants destinés à fêter la nouvelle année dans la culture du mutant tortue.

Finalement, le foyer était en passe de devenir le tout premier atelier de construction de cerf-volants de l’institut, ce qui aurait certainement donné lieu par la suite à un bien joli ballet aérien de formes géométriques et des couleurs, de toutes les dimensions. C’était la promesse d’un spectacle alléchant sur le papier, qui malheureusement ne verrait jamais son aboutissement en terme de concrétisation sur le plan pratique car, à peine les quatre mutants furent-ils penché sur le processus de fabrication des dits cerf-volants, qu’un homme lourdement armé et harnaché comme un commando ou bien encore un terroriste, pénétra brusquement dans la pièce en jetant un coup d’œil rapide, avant de marmonner quelque chose sous sa cagoule à l’attention d’une personne absente du foyer.

Quelle que fut sa véritable nature, il ne fallait pas être grand clair pour comprendre qu’un homme seul, aussi bien équipé qu’il puisse être, ne se risquerait jamais à investir un institut rempli de mutant, avec comme seul armement ce qu’il pouvait lui-même porté. Plus qu’un suicide, c’était une folie… Ou un acte de foi, au choix ! Ce propos marmonné s’adressait donc certainement à son supérieur, ce qui laissa logiquement penser à la gothique romantique que le reste de l’institut devait être dans la même situation qu’eux… En soi, cela ne la rassurait pas vraiment en vérité.

L’homme, plus proche du soldat entraîné que du terroriste lorsqu’on l’observait un peu plus attentivement, leur annonça alors que lui et le reste de son commando prenait le contrôle de l’institut. Juliette se partagea entre un sentiment tout naturel de surprise et un sentiment d’indignation, jugeant ce comportement assurément peu cavalier et digne des états les plus barbares de la planète. Est-ce que les Etats-Unis avaient sombré dans un régime dictatorial en une nuit.. ?

Alors que l’italienne s’apprêtait à s’insurger ouvertement contre cette intrusion intolérable, Alexander leur signifia dans une pensée qu’il allait prendre le contrôle du militaire. Juliette eu un doute sur cette action. Si l’homme n’était pas seul et il ne l’était sûrement pas, cela ne risquait-il pas de les rendre réellement dangereux au regard de leur assaillants.. ? Mais à peine eu t’elle le temps de se faire cette petite réflexion, que le télépathe avait déjà franchi le pas. Elle vit alors le malheureux soldats devenir un vulgaire pantin sans volonté, remettant son arme à un Alexander qui lui apparut alors soudainement bien petit avec une telle arme entre les mains. Il s’agissait d’une arme de poing assez massif, qui réclamait sans doute une force certaine afin de s’en servir en toute sécurité. De fait, la voir entre les mains du jeune mutant ne lui semblait pas vraiment être une bonne idée au vu de la situation.

Mais ce qui était fait était fait, et maintenant que le soldat était sous leur contrôle il serait des plus sot de ne pas en profiter pour l’interroger sur les raisons de sa présence ici. Mais avant cela, la gothique romantique se tourna en direction de ses camarades présent dans le foyer et leur dit en une consigne de prudence :

‘’Que personne ne commette de folie, ils doit certainement y en avoir des dizaines d’autre dans tout l’institut alors n’agissons pas sottement avant d’en savoir plus…’’

Puis l’italienne se tourna plus particulièrement en direction du télépathe et lui dit :

‘’Alexander, inutile de leur donner une raison de se montrer agressif pour le moment, vide le barillet de son arme et rend lui afin qu’il continue de penser qu’il a le contrôle de la situation… Nous n’avons pas besoin d’armes après tout, n’est-ce pas.. ?’’

Après ce conseil que la gothique romantique jugea sage en l’absence d’explication sur le pourquoi du comment de cette prise de contrôle de l’institut, elle se tourna enfin en direction du militaire sous contrôle et l’interrogea :

‘’Soldat… Dites nous qui vous-êtes et combien êtes-vous dans l’institut… Pour quelle raison en prenez vous le contrôle.. ? Qui a ordonné cette opération et quelle est la raison qui a présidé à cette décision.. ?’’

A défaut de les aider à se débarrasser de ces envahisseurs, tout au moins ces quelques réponses leur permettrait de comprendre avec plus de justesse l’abracadabrante situation actuelle. Toute à ses questions, Juliette s’interrogea… Pourquoi, Cerebra ne les avait elle pas avertit de cette intrusion armée.. ?

Sous le contrôle d'Alexander, le soldat n'avait aucune possibilité de répondre, l'eut-il voulu. Juliette n'obtint donc en guise de réponse qu'un grand silence...

Devant l’absence de réponse du militaire, Juliette se demanda si elle avait bien saisi l’essence du pouvoir de son camarade mutant. Il lui avait paru des plus évident que le contrôle mental imposait un contrôle total sur la personne, aussi bien physique que psychique, mais en cet instant présent elle du bien reconnaître son erreur d’appréciation concernant la capacité de Alexander, ce qui n’allait assurément pas arranger leurs affaires. Lorsque Alexander, dont elle avait visiblement surestimé le pouvoir, pencha en faveur de l’avis de Elly concernant l’arme du dit militaire en expliquant le pourquoi du comment de son attaque mentale, Juliette n’en cru pas ses gothiques oreilles… Il avait agit aussi sottement, par simple curiosité.. ? Uniquement pour savoir si, oui ou non, il pouvait le faire.. ? Grand dieu, le télépathe n’était pourtant pas un jeune mutant découvrant à peine ses pouvoirs, il avait déjà une certaine expérience en la matière… Voilà qui n’était pas rassurant, de la part de quelqu’un possédant un tel pouvoir.

Renonçant finalement à soulever l’inutilité de son acte et de sa prise d’arme, l’italienne écouta Daniel leur annoncer ce qu’il avait pu entrapercevoir à travers le couloir. Comme elle l’avait pensé, leur mystérieux visiteur n’était pas seul, ce qui ne pouvait signifier qu’une chose : ils était tout simplement envahis par l’armée ou un autre corps d’assaut s’y rattachant. La question demeurait cependant la même : Pourquoi.. ? L’homme en tenue d’assaut n’étant apparemment pas en mesure de répondre à leurs interrogations en étant sous le contrôle mental de Alexander, il allait donc falloir obtenir les réponses par une autre manière, une manière plus intrusive… Après quelques secondes de réflexions, la gothique romantique tourna son regard en direction du télépathe et lui demanda :

‘’Alexander… Est-ce que tu penses pouvoir obtenir les réponses à nos questions, en lisant directement ses pensées.. ? Essaye aussi de savoir comment ils ont pu pénétrer ici et s’il sait quelque chose sur les professeurs, car je doute que l’armée ai pu pénétrer ici sans que eux-mêmes ou Cerebra n’interviennent.’’

En effet et c’était peut-être bien là un des points les plus inquiétant de la situation présente : Que faisait donc Cerebra.. ? Pourquoi, n’avait-elle pas agit, pourquoi ne les avait-elle pas averti de cette intrusion en force et en armes.. ? Quelque chose n’allait pas et la gothique romantique se sentit soudain envahit par un bien curieux pressentiment des plus désagréable.

Dire que la situation se compliquait singulièrement était un euphémisme…

D’après les informations rapportés par Daniel qui avait jeté un œil discret dans le couloir par la porte entrouverte du foyer, le responsable de toute cette agitation militaire était ce fameux amiral qui avait eu affaire à l’équipe s’étant rendu au mémorial Jefferson. A la vue de leurs relations plutôt bonne avec le gouvernement et comme en témoignait la présence de Roberta dans leurs murs, on aurait pu penser que cette présence en arme n’avait rien d’inquiétant, Mais d’après ce la gothique romantique en avait entendu dire, cet amiral en question n’appréciait pas vraiment les mutants. D’ailleurs, le fait que ses hommes ne prennent pas de gants en était une preuve assez flagrante ma foi.

De son côté, Elly prônait la libération du soldats sans autre forme de procès, les replongeant dans l’ignorance la plus totale. Bien qu’elle n’approuvait pas la réaction un peu trop prompte de Alexander, Juliette avait cependant l’esprit pratique et elle pensait que puisque le mal était fait, il fallait au moins ne pas gâcher l’occasion d’en apprendre plus sur les raisons de la présence de ces militaires. La jeune fille se rendit finalement devant le nombre, faisant preuve d’une prudence que l’italienne jugea assez extrême en faisant rempart de son corps au télépathe. Mais il était vrai que la gothique romantique, de par son pouvoir, pouvait se permettre des prises de risques que d’autres mutants plus vulnérable ne pouvaient se permettre.

Alexander répondit par l’affirmative à sa demande de lecture des pensées, mais avant qu’il ne puisse s’exécuter la voix affaibli et moribonde de Josh crépita dans leurs communicateur. Il était apparemment dans le hangar en train de se faire tirer dessus par les militaires, ce qui heurta Juliette qui ne pu alors qu’être en accord avec la conclusion du télépathe sur la nature pacifique des militaires présents. Elle allait acquiescer à sa demande de se rendre dans le hangar afin de porter secours aux lupin, lorsque ce fut la voix du professeur Walker qui résonna dans les communicateurs cette fois-ci.

Ce dernier les enjoignit de ne pas résister aux soldats et de se montrer pacifique, mais la gothique romantique doutait fortement que ce fut le mutant à poils court qui avait agressé des dizaines de militaires à lui tout seul. Quoi qu’il en soit, tout ceci prenait une tournure désagréable et il était temps d’y mettre un terme afin d’obtenir des réponses digne de ce nom. Tournant son regard en direction de Elly, Daniel etAlexander, Juliette leur dit en réponse à la proposition du télépathe :

‘’Je descends au hangar avant que l’irréparable ne soit commis, de vôtre côté essayez de savoir pourquoi cerebra n’a pas réagi en interrogeant un professeur.’’

Puis, aussitôt dit, l’italienne quitta la pièce.

Hall