[France] Première sortie depuis un long moment.

Samantha était allongée sur le dos, évoluant au rythme des vagues se fracassant sur la plage de galets non loin. La mer lui avait manqué, cela faisait bientôt un an qu'elle n'était pas sortie de chez elle de sa propre volonté au début et puis elle s'était lassée et c'était ses parents qui l'ont gardée enfermée ensuite. Elle ne s'était pas rebellée car d'un côté les arguments de ses parents en faveur de l'enfermement n'étaient en aucun cas contestable et ensuite elle préférait demander un compromis ayant une chance d'être accordé qu'une rébellion qui ne mènerait de toute manière à rien à part à des catastrophes.

Elle sentit tout à coup les galets dans son dos et sut que le courant l'avait fait refluer sur la plage. Samantha n'aimait pas vraiment les plages de galets comme celle-ci, cachés au pied d'une haute falaise mais si elle voulait se baigner, elle n'avait pas le choix. Elle eut un petit rire sans joie face à la dérision du mot employé: baigner n'était pas vraiment le terme exact puisqu'elle évoluait dans son élément. Elle se confondait avec la mer, ne faisant presque plus qu'un avec elle: elle n'était juste que de l'eau propre pensante dans de l'eau moins propre sans vraiment de conscience. Elle soupira, toujours allongé sur les galets: voilà à quoi elle en était rendue, de l'eau propre pensante.

Elle secoua la tête pour penser à autre chose, l'être humain avait subi plusieurs évolutions et elle en était une de plus. D'après son professeur d'SVT, l'homme de néandertal avait bien côtoyé l'homo sapiens alors pourquoi les mutants ne cohabiteraient pas avec les humains "normaux"? Une petite voix dans sa tête lui indiqua que l'on était pas à la même époque et que beaucoup de facteurs rentraient en jeux dont le principale était la peur. Que penser fasse à un homme qui peut lire dans vos pensées les plus secrètes ou vous broyer comme un vulgaire papier?

(moi, en plus, je suis visible ce qui n'est pas le cas de tout le monde)

Samantha ne pouvait pas cacher son pouvoir car il avait totalement transformé son corps pour en faire un golem d'eau comme dans certains livres ou jeux vidéos. Elle se terrait donc chez elle pour sa propre sécurité et pour ne faire paniquer personne dans la grande ville de Brest.

Ma chérie, viens ici!

Sa mère l'appela ce qui intrigua Samantha: elle ne devait rentrer qu'à la tombée de la nuit afin de ne pas attirer les soupçons. Elle paniqua et se demanda si quelqu'un ne l'avait pas vue avec son corps fait d'eau. Elle resta tout de même allongée malgré l'appel de sa mère et attendit un indice quelconque sur ce qui pouvait bien se passer.

[Bienvenue dans ta phase courtier ! Pense à lier ta fiche personnage en signature, et à corriger ton âge pour qu'il corresponde à celui de ton personnage. Bon jeu !]

La mère de Samantha était postée au bout de la plage, à une cinquantaine de mètres de Samantha, pieds nus, avec dans une main des chaussures de villes à talons bas inadaptées à la marche périlleuse sur des rochers, et dans l'autre un bout de papier qu'elle agitait avec excitation. Elle adressait de grands signes à sa fille, tout en se retournant fréquemment afin de s'assurer que personne ne la voyait. Le fait d'avoir un enfant si extérieurement mutant ne l'avait pas rendue intolérante, au contraire, mais elle était naturellement devenue méfiante et prête à réagir à toute menace potentielle.

Elle continuait à appeler.

- Sam ! Chérie ! Viens voir, ça va t'intéresser !

Elle avança de deux pas, puis manqua de perdre l'équilibre, ne se rattrapant que par de grands moulinets des bras. Comprenant que sa fille, elle, ne risquait pas de se faire mal, elle arrêta sa marche et se décida à employer son argument-massue.

- Ca concerne ta chanteuse préférée ! Viens !

Après un dernier coup d'oeil à 360°, elle ajouta :

- Il n'y a personne, ne t'inquiète pas !

L'avantage d'être faite d'eau, c'est que les galets ne faisait aucun mal à Samantha puisqu'ils la traversaient plus ou moins. C'était par ailleurs une chose étrange, elle était constituée d'un liquide mais pouvait maintenir une certaine cohérence à son corps. Il n'était malheureusement pas temps de philosopher la dessus car sa mère l'appelait un peu plus loin sur la plage. Elle se retourna pour se mettre à plat ventre et regarda droit devant elle sa mère avec ses chaussures et un bout de papier qu'elle semblait exhiber fièrement comme un trophée acquis avec moult efforts. La jeune fille soupira de soulagement, il n'y avait apparemment aucun danger et sa mère n'avait pas une voix catastrophée sinon plutôt enjouée.

- Sam ! Chérie ! Viens voir, ça va t'intéresser !

Samantha aurait froncé des sourcils si elle en avait car elle se demandait bien ce qui pourrait l'intéresser en ce moment précis. Tout ce qu'elle voulait pour le moment c'était nager tranquillement dans l'eau afin d'apaiser son esprit encore tourmenté par sa soudaine "transformation". En réalité, elle espérait beaucoup d'autres choses comme une loi qui permettrait aux mutants de vivre normalement, elle croyait cela encore possible et l'attendait avec impatience. La mutante regarda sa mère faire deux pas hasardeux et se mit à rire quand elle manqua de tomber bien qu'elle puisse se faire très mal sur les galets. C'est d'ailleurs elle qui eut l'idée de l'emmener sur une plage de galets plutôt que de sable de peur que celui ci ne soit pas assez compact pour laisser sa fille se mouvoir dessus sans se transformer en boue sablonneuse. Une fois son fou rire passé, la femme ajouta:

- Ça concerne ta chanteuse préférée ! Viens !

Elle passa un doigt dans chaque oreille pour être sûr d'avoir bien entendu: depuis qu'elle avait changé, elle avait arrêté de harceler ses parents pour aller voir Tasia en concert. Cependant elle continuait de l'aduler et l'écoutait en boucle dans sa chambre si bien qu'elle connaissait toutes les paroles sur le bout des doigts. Samantha se demanda pour quelle raison lui offrirait-on la possibilité de voir sa chanteuse préférée alors qu'elle était clairement anormal pour la majorité des gens. Prenant surement son air surpris pour de l'inquiétude, sa mère regarda aux alentour et lui cria:

- Il n'y a personne, ne t'inquiète pas !

Résolue à dénouer ce mystère, Samantha se leva d'une manière spéciale: elle contrôlait l'eau de façon à ce qu'on est l'impression qu'elle se relevait avec la seule force de ses chevilles, les jambes et tout le corps tendus à la manière d'un zombi revenu d'entre les morts. Une fois debout, la jeune fille avança vers sa mère en courant avec un grand sourire sur le visage et sans se soucier des galets car de par sa nature, elle ne risquait pas de chuter. Elle s'arrêta à deux pas de sa mère et la regarda avec un grand sourire et lui parla d'une voix où on sentait poindre la curiosité et l'envie.

Qu'est-ce qu'il y a maman?

Samantha avait légèrement éclaboussé sa mère au passage et attendait sa réponse impatiemment en serrant ses propres mains dans son dos façon jeune fille bien sage.

Mme Lemoine regarda arriver sa fille comme tout parent admire un bambin devenu grand, excepté que son bambin a elle avait évolué de bien étrange manière. Lorsque Samantha ne fut plus qu'à quelques mètres d'elle, elle protégea instinctivement la feuille des gouttelettes qui ne manquaient jamais d'accompagner un arrêt des mouvements de sa fille, en la cachant derrière son dos. Elle la ressortit une fois que l'air fut un peu plus sec.

- Regarde.

Elle lui montra la feuille. Il s'agissait d'un texte directement imprimé à partir d'internet, comme en témoignait la présence d'une barre de navigation à moitié coupée par l'imprimante. A côté d'un logo ayant lui subi une césure, se trouvait une photographie de Kasia entourée de ses musiciens.

En-dessous, on pouvait lire le texte suivant :

« Vous saviez certainement que la célèbre chanteuse pop Kasia entreprenait à l'automne une tournée mondiale exceptionnelle, effectuant un concert sur chacun des six continents ? Et bien nous avons l'immense privilège de vous annoncer que c'est notre belle agglomération nantaise qui a été choisie afin d'accueillir l'étape européenne. Une scène sera exceptionnellement installée dans le grand parc de l'ancienne école vétérinaire, et nous espérons accueillir jusqu'à 150.000 personnes.
La réservation des places aura lieu à partir de demain matin 10h en ligne et par téléphone, mais les Nantais auront le privilège d'avoir à disposition une billetterie ouverte dès ce soir 20h et ce pour toute la nuit, dans la cour du château des ducs de Bretagne. »

Suivaient des indications pratiques, site web, numéro de téléphone, plan d'accès au château par les transports en commun, et ce en huit ou neuf langues différentes – il y'en avait certainement plus, mais la page arrivait à son terme. Visiblement, les organisateurs étaient conscients du caractère exceptionnel de cette prestation à venir, la star ne quittant qu'exceptionnellement son auditorium d'Helsinki, et ils mettaient les petits plats dans les grands.

La mère de Samantha attendit que sa fille ait fini de lire avant de poursuivre avec un grand sourire.

- Avec ton père, nous pensions partir le plus tôt possible, il y'a un train pour Nantes en gare de Brest dans trente-cinq minutes, on y serait sur les coups de vingt heures trente.

Elle regarda sa montre, afin de savoir s'il en restait bien trente-cinq, ou trente-quatre.

- Mais il risque d'y avoir du monde, tu t'en doutes, et nous rentrerons certainement tard dans la nuit. Donc je te laisse le choix : ou bien on te ramène maintenant à la maison, ou bien tu restes ici plus longtemps que prévu, en me PROMETTANT d'être très discrète.

Elle avait brusquement repris un ton sérieux, afin de bien montrer que si l'heure était plutôt aux réjouissances, il ne fallait pas manquer bêtement de prudence.

Quand Samantha atteignit sa mère, elle n'avait plus le papier visible et elle commença à douter de la véridicité des paroles selon lesquelles son bout de papier concernait sa star préférée: Kasia. Doutes infondés car elle le ressortit de derrière son dos avant de le lui coller devant son nez.

-Regarde

La feuille avait été imprimée à partir d'un site internet sans s'occuper de supprimer la mise en forme liée au site d'où le texte était issu. On voyait encore une moitié de barre de navigation mais c'est sur le texte que Samantha était concentrée. Elle eut le réflexe de prendre le papier mais se ravisa au dernier moment car elle savait que si elle le prenait, il serait illisible. Elle fixa donc le texte et fut de plus en plus excitée et joyeuse au fur et à mesure de sa lecture: la star qu'elle adulait passait tout près de chez elle. Elle sautilla sur place tout en se retenant de crier pour ne pas se faire remarquer. Tout était sur le papier: moyen de transport, date, heures... et ceux en plusieurs langues mais elle finit par arriver à la fin de la feuille et le texte avait été coupé. Apparemment, les organisateurs attendaient vraiment beaucoup de monde et c'était à près tout normal vu que la chanteuse ne quittait que très rarement la ville d'Helsinki.

-Avec ton père, nous pensions partir le plus tôt possible, il y'a un train pour Nantes en gare de Brest dans trente-cinq minutes, on y serait sur les coups de vingt heures trente.

Voir sur un bout de papier que sa star passait près de chez soi était une chose mais entendre sa propre mère qu'ils devaient y aller en famille était cent fois mieux. Samantha était tellement heureuse qu'elle ne put retenir un bref cri de joie puis se rendant compte de sa gaffe, elle mit ses mains sur sa bouche. Madame Lemoine regarda sa montre comme pour voir si ses paroles étaient exactes et poursuivit ensuite sur sa lancée.

- Mais il risque d'y avoir du monde, tu t'en doutes, et nous rentrerons certainement tard dans la nuit. Donc je te laisse le choix : ou bien on te ramène maintenant à la maison, ou bien tu restes ici plus longtemps que prévu, en me PROMETTANT d'être très discrète.

Bien sûr qu'elle ferait très attention bien qu'elle ne savait pas encore comment bien cacher sa particularité. Une fois le moment de joie passé, c'était l'appréhension et l'excitation qui primaient avec une pointe d'impatience. Samantha savait qu'elle ne pourrait rester une minute de plus en ces lieux car elle y était venue pour se reposer mais avec l'événement qui arrivait, elle ne pourrait plus rester allongée sur l'eau à réfléchir.

-Je te le promets maman mais comment on va faire? Je suis très visible tout de même. Rentrons maintenant, ça nous laissera plus de temps pour préparer le voyage.

Elle resta devant sa mère, prête à la suivre dés qu'elle donnerait le signe du départ et le visage illuminé d'un grand sourire.

[Ne cite que tes propres paroles dans tes posts, inutile de répéter ce que disent les PNJ ]

Madame Lemoine sembla rassurée par la décision prudente de sa fille. Elle lui avait laissé le choix afin de ne pas la vexer en réduisant arbitrairement une de ses rares journées à l'air libre, mais elle préférait amplement savoir sa fille à ses côtés plutôt que se baignant à des kilomètres d'elle.

Très bien. Reste là, je vais vérifier si le chemin est toujours libre.

Elle avait pris l'habitude de doubler voir de tripler ses repérages, un marcheur voulant prendre l'air marin était si vite arrivé...Elle rangea la feuille dans sa poche, fit quelques pas afin de se retrouver sur un sol plus ferme, remit ses chaussures, regarda à droite, à gauche, en haut, vers sa fille, puis commença à marcher sur le sentier. Elle mettait généralement quinze à vingt minutes pour faire l'aller-retour, mais le rituel avait généralement lieu la nuit. Le jour, elle se devait d'être encore plus prudente, et mettrait sans doute un peu plus longtemps.

Samantha se retrouva de nouveau toute seule sur la plage, alors que le ciel commençait à marquer les premiers signes de la fin de journée, le orange remplaçant le bleu dans la baie. A peine deux minutes après le départ de sa mère, elle put voir la forme d'un bateau de taille moyenne – une vingtaine de mètres de long – apparaître, et se stopper au large de la plage, à la limite de sa zone de mouillage.

Puis des bruits de pas et de discussions se firent entendre, venant des falaises peu praticables situées à l'opposé du sentier permettant de quitter facilement la plage, qui faisait environ quatre-vingts mètres de longueur. Plusieurs personnes semblaient sur le point d'arriver et parlaient à voix haute, tandis que hors de l'eau, Samantha était parfaitement visible.

[Désolé c'est l'habitude. Je trouve ça plus clair]

La mère de Samantha sembla soulagée de voir sa fille repartir immédiatement avec elle ce qui intrigua la jeune fille. Elle se demandait ce qui serait arrivé si elle aurait émie le souhait de rester nager encore un peu sans sa mère. Bien qu'elle ne soit arrivée que depuis peu de temps, madame Lemoine voulu vérifier si le chemin était encore libre. Samantha soupira et senti son cœur se resserrer en voyant sa mère s'éloigner d'elle en regardant un peu partout. Elle jeta un coup d'œil vers sa fille et disparut du champs de vision de la mutante alors qu'elle s'engageait vers le chemin de la sortie.

Samantha regarda le ciel qui avait quitté sa teinte bleutée pour une jolie couleur orange, si il n'y avait pas eu le concert, elle serait restée jusqu'à ce que l'on voit les étoiles sur un fond d'un noir d'encre. Elle n'était jamais rentrée de jour, toujours de nuit car c'était à ce moment là qu'il y avait moins de risque de croiser du monde. La jeune fille soupira en regardant la voute céleste, être une mutante ne lui posait pas de problèmes en soit mais en être une visible lui en posait.

A peine deux minutes s'étaient écoulées depuis le départ de sa mère qu'un navire d'une vingtaine de mètres à vue d'œil stoppa à la limite de faire racler le fond à sa coque. Prise de panique par l'absence de sa mère et l'arrivée du bateau, elle se dirigea à toute vitesse vers le chemin pour s'y cacher en attendant que les intrus partent.

A mi-chemin entre le sentier et la mer, elle entendit des bruits de conversations fut prise d'une crise d'angoisse telle qu'elle n'en avait jamais connue.

(Purée! Ils se sont donnés le mot!)

Ne prenant même pas la peine de réfléchir, Samantha se redirigea vers la mer en marchant le plus vite possible mais courbée de façon à ce qu'on la prenne que pour une illusion d'optique au cas où on l'apercevrait du navire. La seule chose qu'elle se rappelait à ce moment, c'était qu'elle pouvait plus facilement se cacher dans l'eau que sur terre et que si ça tournait mal, elle pouvait toujours fuir assez vite. Elle tenta de se tapir le plus profondément possible dans l'eau et ne bougea plus.

[Je ne sais pas encore les réelles capacités que je peux avoir alors je laisse comme ça pour le moment et n'utilise aucun pouvoir]

[Voici un ancien barême pour ton pouvoir, cela peut te permettre d'avoir une idée de tes capacités, même si le tien sera différent.]

Malgré sa confusion et ses hésitations, Samantha put se cacher dans l'eau salée sans que personne sur le bateau ne l'ait aperçue, à la fois à cause de la distance, puisque le navire mouillait à plusieurs centaines de mètres, et parce que les marins semblaient occupés à faire descendre deux Zodiacs dans l'eau grâce à un treuil.

A l'opposé, les hommes de la falaise avaient fait leur apparition. Ils étaient six, vêtus soit de pantalons noirs, soit de treillis, et donnaient l'impression de faire partie d'un détachement militaire, avec leurs cheveux courts et leurs couteaux à la ceinture. Deux par deux, ils portaient de larges caisses métalliques de couleur sombre. L'un d'eux sembla regarder dans sa direction, puis se ravisa, et reprit sa discussion avec son binôme.

Samantha put entendre des bribes de la conversation des hommes de tête.

- ...à l'heure...déjà ça..

- ...pas grand chose...temps...misère.

- T'inquiète...grosse...

Elle était trop éloignée pour comprendre ce qui se disait, mais visiblement, les types avaient rendez-vous avec le bateau. Au loin, le chargement des Zodiacs débutait.

Samantha regarda en direction du bateau et vit des personnes en train de tenter de mettre à l'eau des zodiacs à l'aide d'un treuil ce qui expliquait peut être pourquoi elle n'avait pas été repérée. Ils avaient donc l'intention de débarquer sur la plage ce qui inquiétait la jeune fille car elle ne savait pas combien de temps il pourrait bien rester, surtout si ils campaient sur la plage.

Elle tourna son regard vers la falaise d'où venaient les voix et vit les hommes arriver: d'où elle se situait, elle pouvait voir des hommes habillés soi en noir, soi en treillis. En plissant des yeux, Samantha pouvait voir que la plupart des hommes portaient des couteaux à la ceinture, leur donnant l'air de militaire. Ces mystérieux individus portaient des lourdes caisses de couleur sombre dont le contenu était on ne peut plus mystérieux. Le cerveau de la mutante fonctionnait à plein régime maintenant qu'elle était hors de vue et elle spéculait sur qui pouvaient bien être ces personnes.

L'ampoule proverbiale s'alluma et elle se récita deux hypothèses en regardant tour à tour le navire et les hommes sur la plage. Première possibilité: c'étaient des militaires évacuant du matériel secret ou dangereux vers une destination lointaine à l'abri des regards. Deuxième possibilité: c'était des criminels faisant une livraison de produits volés et/ou dangereux. Samantha préférait nettement la première hypothèse car au moins, si sa mère débarquait d'un coup sur la plage, elle avait moins de risque de se faire agresser même si ce risque existait.

Samantha entendait des bribes de conversations et elle s'inquiéta car les paroles qui atteignaient ses oreilles faisaient pencher la balance du côté des brigands. En attendant d'en être sûr, elle se tapit dans le fond de l'eau et tenta une approche la plus discrète possible vers le navire en évitant de faire le moindre remous.

Le bateau était à quelques hectomètres de la plage, ce qui aurait nécessité plusieurs minutes de nage à Samantha si elle avait voulu l'atteindre. Les marins mirent moins de temps que cela à charger leur mystérieuse cargaison sur les Zodiacs, et à prendre la mer en direction des falaises, où semblaient les attendre les six hommes et leurs caisses qui devisaient tranquillement, sans que la mutante puisse entendre quoi que ce soit de leurs paroles, s'étant éloignée d'eux.

Les embarcations voguaient avec vitesse et légèreté, s'approchant rapidement du point de rencontre. Les hommes à bord n'avaient aucun signe qui permit de les reconnaître de loin, quant au contenu des caisses qu'ils avaient chargé, il demeurait hors de portée.

Cependant, l'avancée de Samantha l'avait menée presque exactement sur la ligne droite entre les Zodiacs et les hommes de la plage, elle pouvait voir distinctement la coque se rapprocher de sa position. Si elle restait à la surface de l'eau, il risquait d'y avoir choc, ou pire, repérage...

Samantha nageait en direction du navire mais si elle allait plus vite qu'un homme normalement constitué, ce n'était pas encore assez car le bateau se situait assez loin. Elle se propulsa aussi vite qu'elle le pu et maudit sa mutation qu'elle trouvait faible par rapport aux désavantages qu'elle avait. Se dissoudre dans l'eau et se reconstituer plus loin auraient été très pratique selon elle mais elle ne pouvait pas le faire et se contentait donc de nager en rallant intérieurement. La mutante n'entendait plus les voix des hommes sur la plage, même pas des mots et elle commença à regretter sa décision de s'approcher du bateau.

Les personnes sur le navire lui donnèrent raison car leurs petites embarcations avaient été mises à l'eau et chargées. En voyant ceci, Samantha s'arrêta et se mit à réfléchir: les deux groupes possédaient de la marchandises et ils s'étaient donnés rendez-vous d'après un des hommes sur la plage. Les zodiacs allaient vite, très vite même, plus que ne le croyait la jeune fille et elle était en plein dans leur trajectoire. Paniquée, elle poussa un cri silencieux sous l'eau mais pas invisible à cause des bulles qui sortirent de sa bouche. Sans prendre le temps de réfléchir, elle se propulsa sur un côté à toute vitesse sans faire vraiment attention à sa visibilité.

L'esquive de Samantha lui permit de ne pas entrer en collision avec le bateau à plein vitesse. Même si elle intégralement faite d'eau, pas sûr qu'un choc de cette ampleur eut été agréable pour la mutante. Cependant, elle fut happée par le courant créé par la trajectoire de l'embarcation, et avança de plusieurs mètres. Il ne lui fallut que quelques brasses pour se retrouver à moins de dix mètres de la plage, en trois fois moins de temps qu'elle n'avait mis pour le chemin inverse.

Les Zodiacs ralentirent et s'immobilisèrent au bord de l'eau, leurs occupants sautant sur le sable rendu malléable par la marée. Ils étaient quatre, deux par bateau, vêtus comme ceux qu'ils étaient venus rencontrer, à l'exception de leurs bottes imperméables et de leurs cheveux, tous blonds, là où aucune tendance ne se dégageait des premiers arrivés. Aucun ne semblait armé, et ils ne regardaient pas là où était la mutante.

Un grand brun s'approcha des marins du Zodiac qui avait failli percuter Samantha, leur serrant vigoureusement la main. Il commença à parler en anglais.

- Bonsoir. La chasse a été bonne ?

Le blond interrogé répondit avec un accent qui ne dit rien à la mutante.

- Oui. Très. Tombés sur un joli petit groupe.

Il parlait avec une voix grave, économisant ses mots.

- Tous eus.
- Parfait.

Un deuxième homme de la plage s'approcha du premier. Il portait un petit sac en bandoulière, qu'il donna au premier. Celui-ci l'ouvrit et le présenta au marin.

- Voilà pour vous.

Celui-ci toucha quelques secondes le contenu, sembla satisfait, et aboya aux autres des ordres dans une langue que la mutante n'avait jamais entendue.

- Dra ! Di alt. Fort !

Ceux-ci commencèrent alors à débarquer sur la plage de longs sacs isothermes de couleur gris métallisé, de forme variable, car leur contenu semblait assez peu rigide. De l'un d'entre eux dépassait un long éperon noir. Le chef des marins le désigna.

- Vous payez bien. Ceci en bonus.

Samantha se dégagea rapidement et bien qu'elle ne fut pas très discrète, personne ne sembla la remarquer bien que le courant créé par le bateau la fit se rapprocher de la plage. En réfléchissant un peu, la mutante se dit qu'elle avait eu de la chance de ne pas se faire repérer et que de plus, le choc n'aurait peut-être été sans conséquence pour elle étant faite d'eau. En se creusant encore un peu la tête, elle se souvint qu'elle n'avait jamais essayé de se mettre sur le chemin de quelque chose en pleine vitesse et ne savait donc pas les conséquences que cela pouvait avoir. Elle se cacha comme elle put au fond de l'eau car elle était maintenant très près de la plage et attendit.

La jeune fille n'eut pas à attendre longtemps car les deux Zodiacs s'étaient arrêtés au bord de la plage, leurs passagers sautant sur le sable humide. Presque rien ne les différenciaient de ceux qu'ils venaient rencontrer à part leurs bottes de navigation. Samantha nota qu'ils étaient tous blond si bien qu'elle pensa à une même famille ou à une pure coïncidence ce qui se pouvait aussi. Un des hommes venus de la falaise s'approcha des marins et leur serra la main, confirmant une nouvelle fois à la mutant qu'ils s'attendaient et avaient rendez-vous de longue date.

L'homme qui vint à la rencontre des navigateurs blonds se mit à parler anglais et Samantha tendit donc l'oreille pour tenter de comprendre ce qu'il disait. Exercice plus compliqué à cause de l'usage d'une langue autre que la sienne et elle se félicita d'être aussi proche car cela aurait été encore plus difficile au loin. Le brun parlait de chasse tandis qu'un des blonds confirma dans un anglais accentué d'une façon inconnue que celle ci avait été bonne. Apparemment, un groupe de quelque chose avait été éliminé par les marins et les hommes venant de la terre semblaient en être satisfait.

Un homme s'approcha de celui qu'elle surnommait le brun avec un petit sac qu'il lui donna avant que celui ci n'en montre le contenu aux marins. Le blond sembla satisfait après avoir tâté le contenu du sac et donna ce qui semblait être des ordres aux autres navigateurs présent à côté de lui. Samantha devinait l'ordre plus qu'elle ne le comprenait car la mutante ne connaissait en aucun cas la langue utilisée, seul le ton lui avait mis la puce à l'oreille. Les marins s'exécutèrent et débarquèrent des sacs isothermes gris métallisé aux tailles et aux formes variable et un affreux et horrible doute s'insinua dans l'esprit de la jeune fille. Elle croyait avoir affaire à des hommes qui payaient des braconniers pour leur ramener de la viande ou du poisson, surement extrait d'espèces protégées. Elle remarqua un long éperon noir qui dépassait d'un des sacs et elle crut reconnaitre là un espadon.

Le grand blond montra le même sac et le désigna comme un bonus, Samantha était hors d'elle: un animal protégé offert comme cadeau pour récompenser la générosité d'un malfrat, ce n'était pas possible. Elle se retint à grand peine de sortir de l'eau pour les noyer, avec son corps si il le fallait, pour leur apprendre à respecter les animaux marins. La prudence prédomina tout de même dans son esprit et elle n'avança pas bien qu'elle trépignait et bougeait dans tout les sens dans l'eau.

L'accord fut froidement conclu entre chef des pêcheurs et des revendeurs, la poignée de main la signant. Les hommes en treillis étaient occupés à remplir leurs caisses avec les sacs tout juste achetés, leur volume semblant légèrement inférieur à l'offre, puisque le sac à éperon fut posé au-dessus de l'une d'elles. Le supposé espadon n'avait pas été pris en compte, mais ils n'avaient pas l'intention de le gaspiller.

Les autres marins commencèrent à retourner leurs Zodiacs afin de reprendre la route vers leur petit navire, quand l'un d'eux poussa une exclamation dans la même langue étrange que précédemment, désignant le sentier qui quittait la plage. Tous se retournèrent, et purent voir une silhouette approcher, sans doute madame Lemoine revenant de son inspection. Les pêcheurs accélérèrent la cadence, et dix secondes plus tard, ils étaient prêts à redémarrer

- Erwan et Jo, débarrassez-vous en. De force si nécessaire.

Les opinions de sa mère sur la pêche et le braconnage étant proches des siennes, Samantha pouvait assez facilement imaginer sa réaction en découvrant l'activité à laquelle s'adonnaient les pêcheurs. Et même non armés, ils restaient très athlétiques, et largement capables de faire du mal à une femme sans défense.

[Si tu désires exécuter des actions à risque, en attendant ton barème, sache que ton personnage est en tant qu'élémentaire sensible uniquement à un "découpage" en trop de parties pour qu'il se reconstitue. Tu peux faire agir Samantha en connaissance de cause.]

La mutante ne s'était pas fait repérer malgré qu'elle bougeait beaucoup sous l'eau: elle hésitait à aller donner une correction à ces assassins. Il y avait juste un soupçon de prudence qui empêchait Samantha de sortir de l'eau et provoquer les hommes habillés en militaire. Un accord fut vite conclu comme l'indiquait la poignée de main échangée entre les marins et ceux venant de la terre ferme, par ailleurs, ceux ci commençaient déjà à mettre les sacs dans les caisses qu'ils avaient emmenées avec eux. La jeune fille pouffa quand elle vit qu'ils n'avaient pas prévu assez de place pour tout mettre mais ils n'avaient pas l'intention de laisser l'espadon en place car ils le mirent sur une des caisses.

Alors que les étrangers commençaient à remonter dans leurs petites embarcations, l'un deux désigna le sentier qui quittait la plage en parlant dans sa langue inconnue. Tous sans exception se retournèrent et même Samantha porta son regard vers le chemin. Elle espérait de tout cœur voir une escouade de police ou quelque chose du même genre même si cela était peu probable. Elle fut déçue de constater qu'une personne seule s'avancer et inquiète quand la mutante crut voir sa mère. Les marins ne s'attardèrent pas et terminèrent leurs préparations en moins de dix secondes, prêt à partir. Le grand brun donna l'ordre de se débarrasser de sa mère, de force si nécessaire et samantha paniqua.

Il fallait impérativement que la jeune fille trouve une idée quel qu'elle soit afin de sauver sa mère: elle la connaissait bien et elle savait que sa génitrice ne resterait pas de marbre devant des personnes qui massacraient les animaux marins pour le profit. La panique commençait à refluer pou laisser place à un semblant de réflexion: elle devait sortir de l'eau et occuper les hommes mais ne savait pas comment faire. La mutante ne réfléchit pas plus et se releva avant d'avancer vers le bord de l'eau en marchant.

Que faites vous sur ma plage stupides mortels?

Une idée lui était venue d'un coup, se faire passer pour une dryade ou quelque chose du même genre, si ces hommes ne savaient rien des mutants, ils pourraient y croire. Sinon, elle pouvait toujours dire qu'elle était une mutante ayant grandie dans la mer parmi les poissons. Les cours de son professeur d'histoire n'étaient pas forcément vain en fin de compte car ils allaient peut être sauver la vie de sa mère.

Pendants que les marins s'escrimaient à démarrer leurs embarcations le plus rapidement possible, les quatre hommes non affectés à l'élimination de la promeneuse s'occupaient de fermer leurs caissons isothermes en vue d'un départ le plus rapide possible.

Les marins, plus proches, se retournèrent brusquement en entendant les paroles de Samantha. Ils furent visiblement impressionnés, car deux d'entre eux restèrent comme paralysés, dont leur chef, pendant qu'un troisième tombait à la renverse dans l'eau et que le quatrième poussait un grand cri en la montrant du doigt, toujours dans la même langue étrange. Visiblement, s'ils étaient des braconniers, ils n'en étaient pas moins superstitieux sur tout ce qui touchait à la mer.

Ce fut le cri qui fit se retourner les six autres hommes, les deux brutes interrompant leur avancée. La mère de Samantha les aperçut, et s'écria :

- Qu'est-ce que vous f...

Elle s'interrompit, choquée, en apercevant sa fille debout au milieu de tous ces hommes. Les treillis étaient eux aussi assez stupéfaits de l'arrivée impromptue de la mutante. Seul leur chef ne semblait pas surpris. Il s'approcha de la mutante en la pointant du doigt.

- T'es quoi, toi, avec ta voix de gamine ?

Lui croyait visiblement moins à la théorie de la divinité ancestrale, même s'il resta prudemment à deux mètres de Samantha, n'osant pas s'approcher plus.

L'arrivée de Samantha eut l'effet attendu et même plus car tous stoppèrent leurs activités douteuses à la seconde même où elle eut finit de parler. Les quatre étrangers donnaient l'impression d'avoir vu le messie et un d'entre eux tomba même à l'eau et la jeune mutant s'efforça de garder un air mécontent. Quand aux hommes sur la plage, ils se détournèrent quand un des marin poussa un grand cri en montrant la fille aqueuse du doigt. Madame Lemoine sembla surprise car elle cria quelque chose mais la seule chose qu'espérait Samantha, c'est qu'elle eut la bonne idée de déguerpir au plus vite pendant que les deux tas de muscles étaient occupés à autre chose.

Malheureusement pour la mutante, le chef semblait moins prompt à la prendre pour un être mythologique et lui reprocha sa voix aigüe de surcroit. Il lui demanda aussi ce qu'elle était et un éclair de doute passa dans ses yeux avant qu'elle ne reprenne son air dur. Samantha se demanda bien pour quoi elle pourrait bien se faire passer, ayant conscience qu'elle ne pourrait pas réfléchir bien longtemps, elle répondit.

Je suis un esprit de ces eaux et ma voix est aussi pure qu'elle. Je vous demande de finir ce que vous faites et de vous en aller ensuite sans faire de vagues ou sinon...

La jeune fille tenta de se faire plus menaçante qu'elle ne l'était vraiment afin de les contraindre à partir au plus vite et sans agresser personne si possible. Elle aurait pu les punir de leurs massacres mais tout ce qu'elle souhaitait, c'était de pouvoir partir avec sa mère sans heurt.

Tous les hommes, malgré leur physique allant du solide au très imposant, semblaient au moins impressionnés par l'apparition de Samantha. En d'autres circonstances, ils auraient sans doute réagi de manière plus virile, mais le fait que l'élémentaire apparaisse en plein milieu de leur transaction les troublait. La jeune fille pouvait entendre les voix basses des treillis.

- Tu crois que c'est vrai ?

- Je sais pas...pas envie de prendre le risque.

- Elle est arrivée pile au mauvais moment...

Quant aux marins, ils étaient tous paniqués, et les dernières paroles de Samantha eurent un effet encore plus spectaculaire. Le chef lança la sacoche contenant sa paie sur la plage en criant quelques paroles incompréhensibles, attendit que celui qui était tombé remonte à bord, et les Zodiacs démarrèrent à toute vitesse, leurs moteurs vrombissant dans la semi-obscurité.

Le boss des hommes de la plage vit l'argent revenir à quelques mètres de lui, le fixa, mais n'osa pas aller le chercher. Même s'il semblait convaincu de ne pas avoir à faire à un rejeton de Poséidon, il doutait de l'étendue des capacités de l'être qui lui faisait face. Il écarta les bras pour faire signe qu'il n'attaquerait pas, et demanda.

- Si on prend nos caisses, et qu'on part, vous nous laisserez tranquilles ?

Il lorgnait avec insistance sur la sacoche échouée au bord de l'eau. Il fit un signe du doigt, et les deux hommes chargés auparavant de se débarrasser de la mère de Samantha s'approchèrent du pécule.

Samantha aurait été une jeune fille normale, elle aurait surement déguerpi en quatrième vitesse en voyant la carrure des hommes devant elle: ça allait du boxeur mi-lourd au professionnel aguerri du catch américain. La mutante n'en menait tout de même pas très large face à ces probables trafiquants et elle se doutait que dans une autre situation, ils auraient tiré et posé des questions après. Néanmoins, elle ne laissa rien paraitre contrairement aux hommes qui affichaient un visage troublé et murmuraient à voix basse entre eux. Pas assez cependant pour les oreilles de la jeune fille qui savait désormais qu'elle était apparue juste au bon moment.

Les marins, eux, étaient complètement paniqués ce qui contentait Samantha car ils partirent en quatrième vitesse à bord de leurs zodiacs. La mutante les regarda partir avec un air dédaigneux et tourna son regard vers le chef des pseudo militaire. Il lorgnait avec envie sur le paquet que le chef des marins avait jeté en hâte dans sa fuite. L'homme n'avait pas l'air aussi effrayé que ses hommes même si il montrait qu'il ne lui ferait aucun mal pour le moment en levant les deux bras.

Samantha fût surprise d'entendre le chef des treillis lui demander l'autorisation de partir avec ses caisses. La jeune fille réfléchit un moment car si elle les empêchait de partir, ils finiraient par vouloir tenter de le faire de force mais si elle acceptait, elle passerait peut être pour faible. Après un court moment de réflexion, elle déclara d'une voix sévère et impatiente.

Partez vite et avec vos affaires si vous voulez mais dépêchez vous, vous avez assez souillé la plage de votre présence.

Elle espérait qu'ils partiraient vite et sans faire de vague car elle ne pourrait pas tenir son rôle encore longtemps. Elle avait quand même peur et ne pouvait pas le cacher pendant une éternité non plus.

La sacoche chargée d'argent fut promptement récupérée, et les deux hommes chargés de l'affaire retournèrent auprès de leur caisse, qu'ils soulevèrent avant de tourner les talons et de se diriger vers le chemin emprunté pour descendre. Le chef et son acolyte les suivirent, non sans un dernier regard mi-méfiant, mi-toujours surpris à destination de la mutante. Ne restait qu'une paire, celle chargée de s'occuper de la malle sur laquelle était posé le grand sac "bonus".

Mme Lemoine avait jugé bon d'aller se tapir contre la falaise afin de se faire remarquer le moins possible. Elle s'éloignait lentement, presque imperceptiblement, ayant compris que sa fille ne craignait rien pour le moment.

Les retardataires, voyant leurs camarades disparaître dans le sentier très escarpé, démarrèrent, mais le sac en équilibre instable glissa et se vautra sur le sol, arrachant un juron typiquement breton à l'un des deux hommes.

- On le laisse ?

- Tu rêves ? Ca vaut une fortune ces bêtes-là, on en trouve presque plus !

Rassurés par l'absence d'agressivité de Samantha, ils avaient mis sa présence entre parenthèses, et étaient de nouveau concentrés sur leur job et la manière de le mener le plus efficacement possible.

- On arrivera pas à monter avec la bête entière, Loïc.

- Ludo, réfléchis...on la montera en morceaux. En tassant bien, ça tiendra à l'intérieur du coffre. Le big boss se fout que ce soit un peu abîmé.

Le dénommé Loïc sortit de ses poches deux couteaux à cran d'arrêt, et en tendit un à son acolyte. Puis ils sortirent le poisson - un espadon, effectivement - du sac, et le jetèrent à même le sable, se positionnant chacun à une extrémité. Et commencèrent à le découper méthodiquement, l'un par le rostre, l'autre par la queue.

- C'est sacrément costaud ces sales bestioles.

- Autant que c'est moche, dis. Si y'avait pas des zozos pour les racheter à prix d'or, j'en massacrerais bien quelques uns, juste pour le plaisir. Ca me changerait de la chasse aux cormorans.

Disant cela, Ludo jeta un bref coup d'oeil à Samantha, puis reprit son charcutage, ou plutôt son poissonnage, en règle. Quelques tripes dégoulinèrent sur le sable lors d'un coup de couteau trop audacieux, mais l'homme les remit rapidement en place à l'intérieur de ce qui ressemblait de moins en moins à un animal.

On ne pouvait pas dire qu'ils perdaient du temps en paroles et gestes inutiles, le paquet jeté par les marins fût vite récupéré et ils retournèrent à leur caisse pour l'emporter vers là d'où ils venaient. Le chef et son toutou partirent à leur tour en jetant un regard à moitié surpris à moitié méfiant sur Samantha. Elle était soulagé de les voir partir enfin et regarda aussi le chef, même avec la haine dans le regard car selon la mutante, ils méritaient tous la mort et elle leur aurait donnée si elle était sûr de ces capacités. Il ne restait plus qu'un duo d'imbéciles musclés qui devait surement s'occuper de la caisse restante avec le sac où se trouvait peut être un espadon.

Samantha jeta un coup d'œil vers l'endroit où sa mère avait été vu et ne remarqua personne ce qui soulagea son esprit inquiet. Elle reporta son regard sur les deux brutes épaisses qui tentaient de suivre les autres mais le sac tomba au sol, arrachant un juron breton à l'un des hommes. Au moins, la jeune fille savait qu'ils étaient breton et pourrait donner cette information à la police... ou du moins sa mère le ferait. Les deux hommes ne voulaient pas abandonner l'espadon sur place, la rareté de l'animal faisant surement son prix. Ce que ces imbéciles ne comprenaient pas c'est que c'est à cause de types comme eux qu'ils disparaissaient et maintenant ils s'amusaient à découper la créature en morceaux ce qui la dégoutait.

Samantha resta là à les regarder avec un air dégouté mais ne dit rien de peur de les avoir sur le dos, du moins elle tenta quand même quelque chose.

Vous pouvez vous dépêchez un peu?

Plus le charcutage avançait et plus elle était pressée de les voir partir en vitesse, la mutante était dégoutée car elle aimait les animaux de la mer et assistait à un massacre.

Le dénommé Loïc, qui des deux treillis restants partageait visiblement les titres de moins patient, moins débrouillard, moins tolérant et moins sympathique, arrêta sa découpe, interrompu par Samantha, et planta son couteau à quelques centimètres d'une des nageoires pectorales, faisant gicler quelques gouttes de chair à travers le trou créé. Ludo, lui, continua à faire de magnifiques tranches d'espadon, aptes à être présentées sur l'étal d'un poissonnier ou au menu d'un restaurant japonais. Il ne se préoccupait pas des interférences extérieures.

- Quoi ?

Loïc se leva, et se plaça face à Samantha.

- Cherche pas à faire ta caïd, petite. Si tu continues, tu vas avoir des ennuis, et pas qu'avec moi.

Il jeta un coup d'oeil visiblement dégoûté à la carcasse du grand poisson. Son camarade leva la tête

- Loïc, laisse...

- Non, Ludo. Si elle était dangereuse, elle nous aurait noyés depuis longtemps.

Il fit craquer ses doigts, se pencha pour récupérer son couteau, et se mit dans une posture de combat, jambes pliées, les deux mains en avant, la droite tenant l'arme. Ludo haussa les épaules, et s'employa à finir le découpage, peu attiré par le corps à corps. D'autant que la colonne vertébrale du poisson lui résistait.

Une de ses brutes, celui se nommant Loïc et découpant la bête n'importe comment, s'arrêta soudainement et planta son couteau dans la pauvre bête en faisant gicler des morceaux de poisson. Son camarade, lui, aurait pu être poissonnier tellement sa découpe était nette et très présentable pour un étal de poissonnerie. D'après ce que Samantha pouvait deviner de l'expression de Loïc, c'était qu'elle l'avait contrarié au plus haut point et elle ne trouvait pas ça très bon. Il la menaçait très clairement et d'après ses paroles il ne serait pas seul à l'attaquer, voulant surement appeler ses copains à la rescousse.

Mais il se trompait, son camarade tente au contraire de le dissuader de faire quoi que ce soit ce qui soulagerait considérablement la jeune fille. Loïc avait malheureusement compris qu'elle n'avait, au début du moins, aucune intention d'agresser qui que ce soit et semblait maintenant près à en découdre au vue de sa position. Samantha hésita un moment, ne s'avançant que lentement vers la grande baraque visiblement pressé d'en découdre. La mutante gardait tant bien que mal un air assez neutre afin que Loïc ne capte pas son appréhension. Au dernier moment, elle se jeta sur le tas de muscle pour essayer de le noyer dans son corps assez frêle par rapport à son adversaire.

L'attaque de Samantha surprit Loïc, dont le cri fut rapidement étouffé, sa tête se retrouvant au milieu d'un cube d'eau improvisé. Son camarade n'y prêta d'abord pas d'attention, et c'est seulement une dizaine de secondes plus tard, surpris par l'absence de bruit du duel, qu'il se retourna, lâcha ses outils, et se précipita afin de prêter main-forte au malheureux en train de se noyer, qui avait déjà lâché son couteau.

Il commença, peine perdue, à essayer de pousser Samantha, puis réussit à extraire son ami de la nasse en le tirant brusquement, et les deux hommes, emportés par l'élan, se retrouvèrent assis contre la dépouille de l'espadon, tandis que Loïc reprenait son souffle en haletant. Ils décampèrent presque aussitôt, abandonnant sur place caisse ouverte et poisson, allant sans doute prévenir le reste de leur équipe de leur mésaventure.

Lorsque tous deux eurent disparu, la mère de la mutante approcha en courant, expulsant enfin la panique qu'elle avait emmagasiné durant le face à face entre sa fille est les braconniers.

- Sam ! Ca va ? Alors ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qui étaient-ils ? Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?

Elle était soulagée, mais encore sous le choc, et n'avait pas la moindre idée de la manière de procéder désormais.

Le bateau des pêcheurs avait disparu, au loin.

C'était avec surprise que Samantha vit son attaque réussir bien mieux que dans ses plus folles espérances: la grosse brute n'avait eu le temps que de crier quelques secondes avant de se retrouver dans une nasse d'eau, sans aucune possibilité de respirer. Malheureusement pour la mutante, son collègue vint vite l'aider alors que Loïc était en train d'étouffer, lui faisant lâcher son couteau. La jeune fille ne voulait pas le tuer mais surveillait le moment où le braconnier s'évanouirait.

L'homme au talent de poissonnier tenta d'abord de pousser Samantha mais c'était avec satisfaction qu'elle remarqua ses mains lui passer au travers. Finalement, il finit par dégager son camarade en le tirant en arrière et ils tombèrent à la renverse contre les restes de l'espadon. Loïc reprit vite son souffle tandis que la mutante hésitait entre attaquer une deuxième fois ou fuir. Contre toute attente, c'est les hommes qui coururent à toute jambe rejoindre leurs camarades en abandonnant le reste de leur butin.

Alors que Samantha paniquait à l'idée de revoir la troupe entière en colère et prêt à en découdre, sa mère arriva en courant vers elle en posant pleins de questions que la jeune fille n'entendit même pas, paniquée à l'idée d'affronter toute la bande.

On fuit et vite! Passe devant je te couvrirais au cas où!