Le départ de Boston

Benoit Saize regarda Ken froidement droit dans les yeux. Il fut pris d'un petit ricanement.

"à cause de moi..."

Il répéta ces paroles sur différents tons, ponctuant chaque étape de nouveaux ricanements.

"Le créateur lui-même doit-il répondre devant vous de votre médiocrité ? Allons... à cause de moi... Je n'ai en rien été impliqué dans tous vos évènements, et vous devriez au contraire vous estimer heureux."

Il répéta à nouveau : "à cause de moi..."

Un nouveau ricanement, puis il reprit :

"S'il n'y a qu'une chose que vous devez apprendre dans votre vie, c'est le moment d'ouvrir vos oreilles : même si le seigneur vous a mal fait, il vous a fait libre, et vous a donné, comme aux autres, le libre-arbitre. Ce que vous vivez n'est que la conséquence des choix que vous avez fait." Un nouveau ricanement. Un nouvel "à cause de moi..."

Il croisa les bras.

"Mais n'hésitez pas, cassez moi donc la gueule comme vous dites. Prouvez au monde que j'ai raison de me battre contre les monstres de votre espèce qui se laissent guider par le malin et par leurs pulsions sauvages. Les enfants de Dieu sauront discerner la vérité. Mais je ne pense pas que vous ayez ce don."

Sur ces froides paroles, il tourna les talons, et s'éloigna à pas lents.

"La Bible n'appelle-t-elle pas à la tolérance ?"

Ken n'était plus énervé...ou du moins, contrôlait sa colère.
Il sentait toujours une grande rage au fond de lui, mais il n'avait pas envie de donner raison à cet imbécile de prêtre en lui explosant la tête...il valait mieux que ça. Il lui lançait donc un regard très noir et froid, parlant d'une voix assez dure et cassante en espérant pouvoir prendre à son petit jeu le croyant, même si il avait malheureusement quelques doutes à ce sujet.

"Pourtant, je ne vois dans vos actions et paroles, ainsi que dans celles de ceux qui disent prêcher la voix de votre Dieu, si tant est qu'il existe, que de l'intolérance, de la violence et de la cruauté. Jésus n'a-t-il pas lui-même pardonné à Pierre ou à Judas ? N'a-t-il pas lui-même offert la rédemption aux voleurs et aux criminels qu'il croisait ?"

Le jeune homme avait été obligé d'étudier la Bible étant jeune, et il en avait gardé des souvenirs assez précis. Ne croyant pas en tout ça, il avait quand même réussi à avoir un certain respect envers ceux qui pensaient à l'existence d'une puissance supérieure, même si ce respect disparaissait de plus en plus alors qu'il rencontrait des êtres comme l'homme qui commençait à partir.

"C'est étonnant d'entendre de telles paroles sortir de votre bouche alors que vous dites suivre l'exemple de cet homme. Je ne suis pas un Mutant...du moins, vous n'en avez pas la preuve. Et même si j'en étais un, je n'aurais pas demandé à l'être. On ne demande pas à naître brun, blond, albinos ou gaucher. Il me semblait qu'on avait condamné l'intolérance face aux différences physiques il y a plusieurs dizaines d'années...pourquoi ne pas faire de même envers l'intolérance face à la Mutanité ? Après tout, ça se ressemble..."

Il soupira légèrement avant de remettre mieux son sac sur l'épaule. Il attendit alors la réaction du prêtre, se doutant bien qu'il aurait une réponse et espérant presque pouvoir continuer ce débat...ça lui permettait de contrôler sa colère et il mettait donc des vies hors de danger pour le moment.

Le prêtre s'arrêta alors que Ken déblatérait ses messages auxquels plus personne ne croyait, mais ne se retourna pas. Une fois qu'il eut terminé, il se retourna, regardant le jeune mutant d'un air éteint, absent, distrait. Attitude passablement hautaine et méprisante : manifestement, son discours avait été prononcé dans le vent.

"Vous avez fini ?" demanda-t-il d'un ton détaché

N'attendant même pas la réponse, il reprit sa route, se fendant d'un bruyant fou-rire, et tourna au coin d'une rue.

Ken n'en pouvait plus.
Il avait essayé de contrôler sa rage en déblatérant un discours un peu pompeux mais normalement provocant pour le prêtre, et voir que ça ne servait à rien le rendait fou. Lui qui avait déjà énormément de mal à contrôler sa colère et ses accès de fureur depuis qu'il avait comprit qu'il était un Mutant, il n'arrivait plus à garder son sang froid...surtout qu'il n'en avait pas vraiment envie.

En effet, après l'incident à l'intérieur du bâtiment près d'eux et après ce qu'il y avait subit, le jeune homme sentait toute sa rage exploser au fond de lui, et il n'avait plus envie de la contrôler. Cet homme l'empêchait d'aller à Salem Center, d'atteindre cette nouvelle vie qui s'offrait à lui...et il ne pouvait l'accepter. Il ne pouvait ni ne voulait, d'ailleurs.

"Vous..."

La colère se lisait dans ses yeux.
Serrant les poings jusqu'à ce qu'ils en deviennent blancs, O'Connell décida que ça n'avait que trop duré. Même si ça ferait du mal à la réputation des Mutants, même si ça n'était pas une bonne chose, même si il savait que c'était mal...il fallait qu'il donne une leçon à cet homme cupide et imbécile.

Prenant donc une grande inspiration, il commença à courir vers le prêtre, prêt à le frapper ou du moins à le menacer pour pouvoir libérer la rage qu'il avait en lui, tout en espérant se faire frapper pour pouvoir libérer ses pouvoirs. Il savait que ce n'était pas une bonne chose, mais il en avait envie...Et il était temps pour lui maintenant de s'occuper de ses besoins personnels, même quand ils sont mauvais et sanglants...

Le prélat se retourna une nouvelle fois, et regarda Ken comme si c'était la première fois qu'il le voyait. Feignant de le reconnaître, il poussa un soupir d'exaspération.

"écoutez, je suis un homme très occupé, et je n'ai malheureusement plus de temps à perdre avec vous. Si vous souhaitez me voir, je vous engage à prendre rendez-vous auprès du secrétariat de ma paroisse, mais en attendant, j'ai fort à faire, donc si vous voulez bien m'excuser..."

Il roula un peu des yeux, puis se retourna encore, avançant tranquillement vers le centre ville, mains croisées sous son vêtement.

Ken soupira lourdement.
Même si il était énervé, même si il avait une énorme colère au fond de lui, il savait qu'il ne devait pas insister. Ce type était quelqu'un de mauvais, salaud et très certainement vicieux, mais ce n'était pas une raison pour qu'il retourne chez les flics à cause de lui. Déjà qu'il avait un casier judiciaire maintenant et qu'on le regardait d'une autre façon depuis, ça ne valait pas la peine de s'attirer encore plus d'ennuis comme ça...il en avait bien assez pour ça.

"Ouais...
Mais on se reverra..."

C'était un peu pathétique de dire ça et il le savait, mais il n'avait pensé à rien d'autre. Le jeune homme regarda le prêtre partir en soupirant, avant de se tourner et de regarder la station de car à quelques mètres de lui. Que pouvait-il faire, maintenant ? Quelles étaient ses maigres options ?

*Le car est partit...
J'ai même pas réussi à avoir l'argent du billet...
Je me suis fais avoir en beauté, en fait...Ces types ont tout fais pour m'énerver et m'empêcher de prendre le car, et je me suis fais avoir...Quel crétin je suis, quand même...Qu'est-ce que je peux faire, maintenant ? Je n'ai presque plus d'argent et je n'ai aucun moyen d'aller à Salem Center...Pff...Journée de merde...*

Il soupira lourdement avant de commencer à marcher dans les rues de Financial District. Le jour était encore jeune mais O'Connell n'avait déjà plus beaucoup d'espoir, son regard vide trahissant son état d'esprit et surtout la grande mélancolie qui régnait désormais dans son coeur meurtrit par ses faiblesses et par ses culpabilités qui étaient légions...

Malgré le matin, l'effervescence regnait déjà dans ce quartier de Boston livré à la folie du marché et des affaires. Partout, hommes et femmes d'affaires déambulaient tels des fourmis, rivés à leur téléphone oreillettes, parlant à des interlocuteurs qui souvent n'étaient qu'à quelques mètres tout en faisant de grand gestes. Rarement il y avait eu une telle concentration de personnes, et paradoxalement, rarement les gens ont été aussi individualistes et abandonnés.

En tout cas, une journée d'hiver ensoleillée s'annonçait, les rayons du soleil dissipant les brumes et la rosée redonnant un petit peu d'espoir à une situation bien terne.

(HJ/ désolé j'avais inversé ma façon d'écrire dans les derniers posts : j'avais mis en grand mes paroles et en italique mes pensées, alors que c'était le contraire. je rectifie à partir de maintenant /HJ)

"Hum..."

Ken regarda les personnes autour de lui.
Le matin se levait lentement dans Financial Distict, et malgré l'animation qui régnait partout dans le quartier et dans toute la ville, la rosée et l'ambiance mettaient du baume au coeur du jeune homme. Bien sûr, la situation était difficile et très grave, mais bon...il n'était pas mort et il était à nouveau libre. C'était déjà pas mal, surtout qu'il pourrait sûrement encore réussir à aller à Salem Center, même si ça ne serait pas forcément aujourd'hui.

*Mais oui...
Bon, ok, là je suis très déçu, mais ce n'est pas la mort non plus...
J'ai été enlevé et emprisonné par des tarés qui étaient sûrement prêts à me frapper, voir pire...et j'ai évité de libérer ma rage et mes pouvoirs sur eux. Alors ouais, bien sûr, je peux pas aller à Salem Center pour l'instant, mais bon...je pourrais sûrement encore y aller un jour. La journée commence à peine...qui sait ce qui peut encore arriver ? Et qui sait comment elle se finira ?*

Allant mieux grâce au soleil qui se levait et à l'humeur qui allait un peu mieux grâce à ça, O'Connell remit correctement son sac sur son épaule avant de soupirer légèrement en regardant tout le monde bouger autour de lui. Il resta ainsi quelques instants, avant que son ventre ne se mette à signifier qu'il avait faim, ce qui lui rappela d'ailleurs qu'il n'avait pas vraiment prit de petit déjeuner...et que la nourriture lui manquait.

*Hum...
Bon, une journée sans vrai petit déjeuner, c'est pas le top non plus...et si je m'accordai un petit extra' ? Un petit déjeuner dans un café ? Ca changerait un peu le début de la journée, et puis ça me permettrait de partir de plein pied...Ouais...Allez...C'est ce que je vais faire...*

Le Mutant avisa un petit commerce où les chauffeurs de car et voyageurs allaient souvent pour manger, et il décida alors de s'y rendre, marchant d'un pas motivé et sûr alors que son moral remontait en flèche, même si ça restait encore un peu précaire.

(pas de problème. Je me fie plus aux guillemets et étoiles de toutes façons)

Un petit commerce bien entretenu, propret, et animé surtout par une musique d'ascenseur bien consensuelle. Un endroit agréable où faire une petite pause toilettes avant de reprendre une route, mais sans doute pas le genre d'endroits où râper son fond de culotte sur les hauts tabourets de bar en bois pendant des jours.

Ici, une collection de bonbons en libre-service. Là, des sucreries chocolatées, là encore, diverses boissons plus ou moins arômatisées et plus ou moins pétillantes. Des distributeurs, un petit bar, l'atmosphère sentait bon les croissants chauds, le café et le chocolat.

Immédiatement à la droite de Ken, un petit coin kiosque proposait tout un tas de journaux d'actualité ou de hobbys, masquant à la vue de la rue et des entrants quelques tables, pour l'instant encore inoccupées...

(HJ/ merde j'avais pas vu la réponse ! /HJ)

"Hum..."

Ken n'aimait pas ça.
Il aurait bien voulu passer plus de temps ici, mais tout lui faisait comprendre que la consommation la plus rapide serait la plus appréciée. Il soupira légèrement en pensant à la journée difficile qu'il vivait, mais chassa rapidement tout ça pour essayer d'être le plus optimiste possible...il restait encore beaucoup d'heures pour devenir sombre.

"Bonjour..."

Il parla d'une voix peu forte aux rares personnes présentes avant d'aller s'installer devant le petit bar. O'Connell posa lourdement son sac par terre, avant de passer sa main dans ses cheveux pas vraiment coiffés. Il soupira encore une fois, attendant que quelqu'un vienne le servir si c'était ainsi que ça se passait, tout en regardant les titres des journaux dans le petit kiosque, espérant y trouver une note d'espoir même si il savait que ça serait difficile vu le statut actuel des Mutants...

Une massive femme d'une quarantaine d'année s'avança devant Ken, sourire milleux, coiffe et tablier arborant un "Simone à votre service" en lettres pseudo-calligraphiées, elle avait tout de la tenancière de salon de thé qui appréciait peut-être un peu trop les viennoiseries, mais savait sans doute très bien les faire.

"Bonjour monsieur. Que puis-je faire pour vous être utile ?"

Personne d'autre aux tables. Manifestement, vu le taux de remplissage des corbeilles, le salon venait d'ouvrir.

"Euh..."

Ken était encore fatigué.
Après tous les événements des derniers instants et le malaise accumulé ces derniers jours depuis qu'il avait découvert son statut de Mutant et qu'il avait été envoyé en prison quelques temps pour une action qu'il regrettait, il sentait la lassitude prendre lentement le contrôle de son corps. Il bailla donc assez grandement avant de lever des yeux fatigués et entourés de cernes vers la dénommée Simone, essayant de lui faire un sourire alors qu'il lui parlait d'une voix plutôt calme et posée.

"Bonjour."

Son sourire se fit plus grand à ce moment-là, tandis qu'il se passait lentement les mains dans les cheveux.

"Euh...
Je voudrais...
Je voudrais un café et un croissant, s'il-vous-plaît."

O'Connell lui fit un autre sourire alors qu'il posait sa main dans la poche de son pantalon pour vérifier que son portefeuille était toujours là. Etant rassuré, il attendit le retour de la dite Simone en continuant à regarder les journaux, lisant beaucoup trop de titres sur le danger des Mutants et les pseudos dérives qu'ils semblaient amener. Il secoua la tête de dépît en mettant ses mains sur son visage, visiblement très fatigué par tout ça.

*Pff...
Monde de merde, quand même...
C'est quoi cette société où dès qu'on est différent, on nous pourchasse pour nous foutre sur des bûchers ? C'était sous l'Inquisition, ça...et c'était il y a plus de 500 ans, je crois. Alors pourquoi ça continue comme ça ? Les dérives du XXIe siècle ont pas montré à tout le monde que l'obscurantisme et l'extrémisme, ça amène que des malheurs ?*

Le jeune homme soupira encore, continuant à se remettre lentement de ses émotions en ne sachant pas du tout quoi faire maintenant, et se demandant bien comment il allait réussir à se sortir de cette situation...

Simone se retourna, s'affairant à préparer un café long dans des tasses, fait ô combien désuet dans cette époque où tout est à usage unique, et un gros croissant fort appétissant dans une petite serviette en papier.

Elle déposa le tout devant Ken avec un sourire plein de fierté de ses créations.

"ça fera 5$ s'il vous plait."

Elle suivit ensuite son regard.

"Ah, vous regardez les journaux... Ceux là sont ceux d'hier, j'attends mon livreur. Vous avez vu un peu toutes ces histoires de mutants ? C'est vraiment affligeant je trouve, toutes ces horreurs qu'ils racontent dans les journaux. Enfin bon..."

Elle poussa un léger soupir et regarda un instant par la fenêtre.

"Affligeant ?"

Ken ne savait pas quoi dire.
Il avait été surpris de voir que la dénommée Simone avait captée son attention sur les journaux, et il n'était pas sûr de savoir quoi faire ou quoi dire. Dans quel sens la femme avait-elle dit ces quelques mots ? Voulait-elle dire qu'elle trouvait que les Mutants étaient des horreurs, ou bien que tout ce qu'on disait sur eux était beaucoup trop violent et disproportionné ?

*Hum...
Après tout, ça serait possible qu'elle soit quelqu'un de tolérant...après tout, on a toujours dit que l'être humain était plus complexe qu'il n'en avait l'air, même une serveuse dans un commerce comme ça. Mais bon, mieux vaut rester prudent...Je suis encore près des tarés qui m'ont enlevé avant, alors mieux vaut ne pas trop en dire...et surtout essayer d'en savoir plus pour savoir comment réagir...*

O'Connell lui fit donc un sourire tranquille et doux, l'encourageant donc à continuer alors qu'il lui parlait d'une voix assez calme et posée, aussi chaleureuse que possible.

"Comment ça ?
J'avoue que je n'aime pas trop tout ça...C'est un peu...terrifiant tout ce qu'on trouve là-dedans..."

Il n'en disait pas trop et encourageait Simone à parler, alors qu'il sortit son portefeuille et déposait cinq dollars sur la table. Le jeune homme attendit donc la réaction de la serveuse à ce moment-là, commençant lentement à boire son café chaud en espérant ne pas être tombé encore une fois sur une folle raciste...il avait eu sa dose pour la journée.

Simone s'accorda un temps pour encaisser les 5$, puis elle s'appuya sur le bar.

"Je ne sais pas... Ces journaux m'ont tout l'air d'être de torchons à sensations qui essaient de foutre les pétoches aux gens pour qu'ils votent pour eux à la suite. De toutes façons, qu'un mutant vienne me chercher des noises, et il tâtera de mon rouleau à pâtisserie."

Une menace à ne pas prendre à la légère.

"Il parait qu'on en voit pas mal des mutants sur la Côte Est, depuis que cette espèce d'école a ouvert à Salem. J'étais allé voir comment c'était aux journées portes ouvertes y'a pas longtemps. Un peu bizarre si vous voulez mon avis..."

"Hum..."

Ken était surpris.
Il ne s'attendait pas à voir tant de tolérance et d'ouverture d'esprit chez une "simple" serveuse dans un petit commerce près d'une station de car. Il s'en voulut immédiatement d'avoir mal jugé la dénommée Simone, qui semblait beaucoup plus sympathique et tolérante que la majorité des gens qu'il connaissait et qui se disaient "intelligentes". Il lui offrit un grand sourire quand il entendit ses premières paroles, avant de commencer à lui parler d'une voix calme et posée, appréciant vraiment ce qu'elle venait de dire.

"Je ne pense pas que les Mutants soient foncièrement dangereux. Bien sûr, il y a des exceptions, mais comme dit, il y a des monstres et des fous partout. On peut citer des dizaines d'exemples d'Humains ayant commis des atrocités, et rien ne dit que les Mutants feront de même. Je pense plus que la majorité d'entre eux voudraient vivre en paix avec l'Humanité...mais ce n'est malheureusement pas toujours possible."

Il tentait de cacher le plus possible la mélancolie qu'il ressentait à ce moment-là, ne voulant pas trop montrer qu'il était un Mutant car n'aimait pas trop le crier sur tous les toits vu le contexte actuel et ce qu'il avait subis quelques instants auparavant.

"Après tout, pourquoi leur en vouloir d'être nés ainsi ? C'est comme si on pourchassait les gauchers et les rouquins parce qu'ils seraient soi-disant dangereux...Un Mutant peut faire plus de dégâts qu'un Humain, oui, mais ce n'est pas pour ça qu'il faut l'enfermer ou le condamner immédiatement..."

O'Connell sourit légèrement après cela, avant de repenser aux dernières paroles de Simone. Apparemment, elle était allée à Salem Center et avait visitée l'école où il désirait aller, même si maintenant ça semblait beaucoup plus dur. Une idée commença lentement à germer dans son esprit, et son sourire s'agrandit encore plus pour être le plus charmeur et le plus sympathique possible, alors que les mots sortaient à nouveau de sa bouche en direction de la femme à ses côtés.

"Ah oui ?
Vous y êtes allée ?
Je crois que ça m'intéresserait bien de visiter, ou au moins de voir comment c'est...Vous y êtes allée comment, au fait ? Il y a des navettes ou de choses de ce genre ?"

Le jeune homme caressait l'espoir que Simone pourrait lui indiquer le moyen de rejoindre Salem Center autrement que par le car, et même si sa manoeuvre n'était pas très discrète, il avait vraiment envie de pouvoir y aller. Il lui fit un autre sourire avant de commencer à manger négligemment son croissant, ayant très faim même si autre chose lui occupait l'esprit à ce moment-là...

Simone le regarda un instant avec un sourcil haussé, l'air vaguement interpellée.

"Vous sortez d'où vous déjà ? Je fais des cafés, des croissants, je vends des journaux. Humains, mutants, chats, saoulards, claudos, s'ils viennent salir mon salon de thé, ils se ramasseront des coups de balais, c'est aussi simple que ça la vie." bougonna-t-elle.

Elle alla remettre du café en grains dans sa machine puis vint répondre en haussant les épaules.

"C'est grand. Leur institut. C'est grand. Y'a des gens bizarres, mais ils savent faire la cuisine, et je m'y connais ! N'empêche que... on dira ce qu'on voudra, mais quand y'a ces espèces de machins qui ont tiré à vue sur tout le monde, c'est pas les andouilles comme ce curé qui nous ont sauvé, c'est les mutants qui sont allé s'y frotter."

Elle appuya sur quelques boutons, et une délicieuse odeur de café se répandit dans la boutique. Revenant, elle dit simplement.

"Vraiment, je sais pas ce que vous êtes comme type. Prenez le monorail ! Y'a pas moins cher et plus rapide que ça."

*Mais quel crétin !*

Si Ken avait pu se frapper le crâne et crier cette exclamation, il l'aurait fait. Mais il ne voulait pas passer pour un fou ou pour quelqu'un de dangereux, et il s'abstint donc, même si l'envie y était depuis que Simone avait prononcé le mot magique qui allait lui permettre de rejoindre l'Institut de Salem Center : monorail.

*Quel imbécile je fais...
Je me lamente parce que le car pour aller à l'Institut est parti sans moi, alors que je pourrais prendre le monorail depuis tout à l'heure ! Mais quelle stupidité ! Le monorail, même si je ne l'ai jamais pris, est la voie la plus sûre et la plus rapide pour aller à New York, et donc à Salem Center ! Crétin ! Quel crétin je suis !*

Le jeune homme arborrait néanmoins un grand sourire depuis avant, même si il s'insultait en pensées. Simone avait réussi à lui redonner espoir et à lui offrir la solution à son souci comme sur un plateau, et il sentait à nouveau son coeur battre la chamade. Il aurait voulu exploser de joie, mais il décida de se retenir...mieux valait ne pas trop attirer l'attention, surtout après ce qu'il s'était passé auparavant.

"Vous avez raison, je suis un peu trop curieux. Et je devrais sortir un peu plus de ma chambre d'étudiant...je passe trop de temps à étudier, j'ai pas toujours les pieds sur Terre."

Il fit un autre sourire à la serveuse avant de finir son croissant et de s'essuyer rapidement la bouche et les mains avec la petite serviette qu'il avait reçu avec. Il posa ensuite à nouveau son regard sur la femme qui venait de grandement l'aider, et reprit la parole d'une voix toujours calme et posée.

"En tout cas, merci pour le brin de conversation et tout ça. Ca m'a fait du bien de parler un peu avec quelqu'un de vivant avant mon départ...je devrais arrêter d'être tout le temps sur l'ordinateur, je crois."

O'Connell voulait ainsi expliquer son attitude étrange, et il espérait que ça serait bien accepté. Il termina son café, s'essuya à nouveau les lèvres avant de sourire et de se lever, juste devant Simone.

"Au revoir, alors. Et bonne journée."

Il lui fit un grand sourire, remit son sac sur l'épaule avec sa lannière et sortit d'un pas tranquille du petit commerce. Mais sitôt la porte franchie, il commença à courir vers la gare de monorail de Boston, espérant avoir un billet pour le voyage le plus tôt possible pour New York, espérant trop de l'Institut pour pouvoir encore attendre des jours voir des semaines dans cette ville qui ne lui plaisait plus, et qui surtout lui rappelait de trop mauvais souvenirs...

Bon, je vais être gentil, tu en as assez bavé comme ça, je te laisse arriver à l'institut. Tu peux te rajouter 2pts à ton barème.

Il y a actuellement un sujet en cours dans le jardin, tu n'as qu'à y passer. Pour info, c'est la fin de la journée quand tu arrives à l'institut.