Chambre de Kalalli et Kanata

Thorne semblait vouloir embarquer la princesse Kalalli au pays des bisounours roses et le jap dans sa générosité sans borne la lui laissait, il devait aller voir la sienne !

Le polymorphe récupéra la photo d'Akihabara dans un tiroir, et se retourna pour filer vers le jardin lorsque ce crétin de Thorne lui barra le chemin en gonflant le torse, dans le genre « moi Tarzan, toi Jane, moi sodomiser Jane. ». Rien de très réjouissant, donc. Le Yun observa l'Inuit en se demandant si le télékinésiste voudrait pas plutôt enculer Cheetah. Il planta ensuite son regard dans celui de l'homme des cavernes. « Tu veux quoi Thorne ? Dégage, je veux passer. ».

Le vil personnage ne broncha pas ce qui obligea Kanata à faire du forcing lorsque soudainement, il se sentit décoller du sol. Les expériences télékinésiques étaient cools quand on était pas pressé. « Refous moi parterre ou je te flingue. Grouille ! ». Adam s'exécuta d'une façon que le Yun n'avait pas prévu, puisqu'il se fit éjecter comme une merde et alla bouffer un mur.

Un peu sonné, le garçon se releva en se tenant la tête d'une main. « Putain Thorne, t'es mort. ». Le japonais se transforma en Kalalli et se jeta sur l’original sans crier gare pour le mettre au sol. Il lui donna quelques tapes au visage afin que celui-ci réponde par des coups. Comme le Renand l’avait prévu, Adam les sépara par télékinésie et les observa tous les deux, à un mètre du sol, afin de déterminer lequel était le vrai. Sans attendre une seconde, le polymorphe se mit à chougner comme l’original l’aurait fait.

Thorne ne réfléchit sembla-t-il pas assez puisqu’il reposa Kalalli Yun au sol et balança le merdeux contre le même mur que Kanata avait dégusté vingt secondes plus tôt. Le gamin se tenait la tête en commençant à pleurer et Adam réalisa qu’il s’était probablement planté. Le japonais se retourna vers son lit et se jeta sur sa commode pour récupérer Mr CouProc. Ce type semblait vouloir le tuer, il allait lui foutre la trouille.

Se faisant à nouveau soulever par le col, le LeX envoya son arme blanche dans l’épaule d’Adam mais en visant comme un pied, le télékinésiste se le prit dans le torse. Kanata retoucha le sol un peu violemment alors que l’OryX s’écroulait au sol. Putain ! Putain !! Il venait de le buter ?! Le Yun jeta un œil sur le mioche qui le regardait, effaré de ce qu’il venait de faire. « Quoi ? C’pas ma faute hein ! » Bon en fait c’était carrément lui qui avait merdé. Mais c’était ce con là qui s’était interposé pour rien.

Kanata redevint lui-même alors que des bruits de pas se faisaient entendre. Le garçon alla regarder Adam et lui retira la lame après l’avoir mit sur le dos. Une énorme auréole de sang sur le torse, l’OryX semblait en mauvais état. Le Yun porta ses doigts à son cou pour vérifier le pouls, lequel était inexistant. « Oh putain, il est mort !! ». Kalalli porta ses mains à sa bouche et se dirigea au pas de course vers la porte, tentant de fuir l’assassin. « Putain tu vas où toi ?! ». Kanata se jeta sur les jambes du gamin et le fit tomber au sol dans un bruit sourd.

Le Jap lui grimpa dessus pour le bloquer et repoussa la porte en tendant le bras. Le merdeux se mit alors à gueuler à l’aide. Le Yun le fusilla du regard. « Mais ta gueule ! Ferme-là !! ». Totalement affolé et pressé par l’Inuit qui continuait à brailler comme un cochon qu’on égorge, le Yun se sentit forcé de lui foutre une baffe. « Ta gueule ! Ferme ta gueule putain !! C’était un accident ! Ferme là !!! ».

Du sang coulait le long de la lame de CouProc jusqu’à sa main. Kanata tentait de faire désespérément taire Kalalli qui pleurait en gémissant. Il avait beau lui bloquer la bouche, le remuer par les épaules, lui donner des baffes, il continuait. Le Yun était paumé. Sans réfléchir, il fila une série de trois coups de poings dans la gueule de l’Inuit qui lui fit tourner la tête violemment à chaque frappe.

Le gamin pissait du sang au nez et avait au visage des écorchures dues aux coups de poings, au coup contre le mur et au sang d’Adam qu’il avait sur les mains. « Putain putain putain, je fais quoi là ? Putainnn ! » Comment c’était possible ça ? Pourquoi il avait pas fermé sa gueule ce con ? Et pourquoi l’autre était intervenu ?!

Toujours à califourchon sur Kalalli, Kanata se retourna vers la porte qui venait de s’ouvrir violemment. Jason venait d’entrer avec Charis et Josh. Ils observèrent la scène. Un Adam mort avec une entaille énorme au torse. Un Inuit tabassé jusqu’à en perdre connaissance. Et le Yun sur ce dernier, avec un couteau de boucher à la main. Le regard empli de crainte, le jap lâcha « Je voulais pas ! Je voulais pas… je voulais pas… » alors qu’il commençait à avoir les larmes aux yeux.

Une énorme forme bleue se matérialisa dans les airs et frappa le Yun au visage qui fut assommé aussitôt. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il était attaché aux pieds et aux mains à un lit de l’infirmerie. Dans un coin de la pièce, les professeurs discutaient en lui jetant de temps en temps des regards sévères. Dans un autre coin, quelques élèves étaient là autour du lit de Kalalli qui semblait être toujours assommé. Il repéra Jason, Charis, Josh et Dominico. Ce dernier se retourna soudainement en repérant que le Yun les observait et s’approcha le regard mauvais, prêt à lui démolir la gueule.

« Crève enflure ! Tu vas payer pour Adam ! »

Jason se jeta sur lui pour le retenir alors que les professeurs prirent la relève pour les faire tous sortir. Un silence pesant s’installa. Esther soupira en l’observant puis prit finalement la parole.

« Tu as tué Adam, et Kalalli est dans le coma. Pourquoi as-tu fait ça ? Pourquoi ? »

Le Yun détourna le regard. « Ils l’ont cherché, c’était leur faute ! ». Sahari sortit violemment en claquant la porte. Adam Z s’approcha à son tour et prononça la sentence :

« Tu mériterais qu’on te livre à la police mais tu nous ferais mauvaise publicité. On va te relâcher mais l’Institut Xavier sera ton ennemi à présent. Je ne retiendrai pas les élèves qui voudront ta peau. »

Surpris de la punition relativement clémente, Kanata sourit. « Vous pouvez pas me virer ! C’était leur faute. C’était pas la mienne ! Je me suis juste défendu ! ». Le directeur fusilla le jap du regard si bien qu’il préféra la fermer. Il savait que ce type était capable de le tuer en deux secondes. On le détacha, puis on le fit sortir de l’infirmerie. Des élèves flanquaient le couloir et le transperçaient du regard. Fier comme un coq, le Yun planta ses yeux dans les leurs, un à un, en avançant royalement entre eux.

Amené aux grilles de l’Institut, le Yun se vit remettre 50$ avant de se voir jeter à la rue. « Ouai c’est ça, foutez moi dehors ! J’en ai jamais rien eu à foutre de votre cause de merde pour les mutants ! Allez vous faire foutre ! ». Bande de connards. Ils comprenaient vraiment rien à rien. Il se gratta l’arrière du crâne en observant la route. Il allait foutre quoi ? Sans réfléchir, il commença à se diriger vers le centre ville lorsqu’une voix l’interpella derrière lui. Jay et Ken se tenaient debout à quelques centimètres de lui.

Surpris de leur apparition, le Yun n’eut pas le temps de se défendre lorsque deux poings synchronisés percèrent l’air pour venir lui cogner la gueule de plein fouet. Le jap se retrouva comme fauché et tomba lourdement en arrière sur le dur béton du trottoir. Sirian s’approcha encore et lui fila deux coups de pied dans le bide et O’Connell en rajouta un dans le visage. Putain ! Ca faisait un mal de chien.

Dans la force du désespoir et de la colère, Kanata se transforma en Adam Thorne. « Alors quoi les lopettes, on veut me tuer à nouveau ? ». Adam Yun se releva en se tenant au mur de l’enceinte de l’Institut. Lucas apparut soudainement en traversant ce mur à quelques mètres du groupe sous sa forme de golem et s’approcha également de l’attraction du jour pour lui coller son poing en pleine figure sous forme humaine. A nouveau, le Yun se retrouva sur le cul, sonné, pissant le sang de la gueule un peu partout alors qu’il redevenait lui-même.

Les trois types le toisèrent du regard et le menacèrent de le tuer la prochaine fois qu’ils le croiseraient avant de repartir dans son ancien chez lui. Kanata resta assit quelques minutes, se sentant épuisé à cause des coups qu’il avait bouffé. Lorsqu’il releva les yeux, il vit Georgia, debout, qui le regardait à contre jour. « T’arrive que manant ? Tu peux me soigner ? ». Le garçon l’observa en se relevant doucement. Aucune réponse ? « Y’a quelqu’un ? Houhou ?».

Soudainement, sa blonde leva sa main et lui donna une gifle monumentale à laquelle Kanata ne s’était pas attendu. Le regard plein d’incompréhension, il la fixa alors qu’elle lui crachait au visage avant de se retourner pour partir. Le visage du Yun se crispa de colère. C’était finalement le coup le plus violent qu’il avait reçu. Douleur davantage mentale que physique. « C’est ça, casse toi connasse ! Laisse moi tomber comme les autres ! Dégage ! J’ai pas besoin de toi ! J’ai besoin de personne… de personne… ». Elle était déjà loin. Kitsune renifla en s’essuyant du sang qui coulait du nez d’un revers de main.

Cette fois, il était enfin tout seul. Personne pour le tabasser. Personne pour l’engueuler. Personne pour le transpercer du regard. Y’en avait aucun pour le soutenir. Comme si ça l’avait amusé de buter cet idiot de Thorne ! Personne n’avait comprit qu’il s’était défendu ! Tous des cons. Enragé, le Yun se barra vers le centre ville. Qu’ils crèvent tous. Eux comme l’Inuit. Ils l’avaient bien mérité !

Maintenant qu’il était seul, il devait bien se l’avouer. Il était terrorisé. Il avait beau avoir fait le fier face aux autres, il tremblait à l’idée d’être seul. Il n’avait plus rien. Plus personne. C’était un type dans un pays qu’il ne connaissait presque pas, avec 50$ pour vivre.

Plus il avançait, plus une énorme boule au ventre lui faisait mal. Il avait un putain d’hématome au bide depuis que les deux autres s’étaient acharnés. Il douillait sévère.

Les jours passèrent et rapidement, il se retrouva sans un rond. Il avait fait gaffe à dépenser sa thune pas trop vite. Personne voulait qu’il bosse pour lui. En même temps avec les fringues déchirées qu’il avait, on risquait pas de vouloir de lui. Et dormir à la belle étoile limitait quelque peu l’hygiène globale. Les nuits étaient encore fraiches et une super angine avait pointé le nez. Les cartons, ça tenait pas aussi chaud que dans les films. Il crevait la dalle au point d’avoir l’impression de se digérer l’estomac et se relever trop vite lui troublait la vue. Une nouvelle nuit tombait. Il avait fouillé un peu les poubelles sans rien trouver qui semble mangeable.

La poitrine lui brûlait et chaque quinte de toux lui déchirait le torse. Vie de merde. Ce qu’il aurait pas donné pour avoir un pieu et un truc chaud à bouffer. Ou quelqu’un à qui causer aussi. Ca faisait combien de temps qu’il avait pas ouvert sa gueule ? Le reste de Yun qu’il était écrasa une larme de fatigue. Chaque respiration lui faisait un mal de chien. Sans s’en rendre compte, il s’endormit sous son morceau de carton en repensant à sa vie d’avant, au Japon, où il était à peu près heureux.

Le Yun sursauta. Un putain de type avait klaxonné un camion qui déchargeait sa cargaison. Connard va. Les yeux lui collaient aux paupières, il avait l’impression d’avaler des lames de rasoir à chaque fois qu’il déglutissait, son estomac s’autodigérait et ses poumons semblaient incandescents. Une superbe journée en perspective quoi.

Kanata se releva en se tenant au mur, un peu dans les vapes, et ramassa sa bouteille en plastique à moitié remplie d’une eau de fontaine probablement impropre à la consommation. Mais c’était toujours mieux que de boire dans une flaque d’eau croupie. Une gorgée plus tard qui lui fit lâcher quelques jurons bien sentis, il sortit de sa ruelle-maison pour observer le trafic routier et surtout le camion qui s’était fait klaxonner. Un type déchargeait des fruits et des légumes dans des cagettes pour un commerçant. Un eldorado venait de naître.

Le jap traversa la rue et s’approcha l’air de rien du véhicule. Histoire d’éviter de se faire virer à coup de pied au cul, le Yun eut l’idée de se transformer en une vieille. C’est vrai quoi. Les vieilles, on les engueule jamais. Ca va mémééééé ? Vous voulez de l’aide, mémééééééé ? Le bon plan quoi ! Sauf qu’à peine la transformation démarrée, il faillit tourner de l’œil. Un malaise pur et simple. Il savait même pas que ça lui demandait de l’énergie de se transformer. C’était pas vraiment le moment de le remarquer.

Le temps de comater dix secondes contre le camion et le jap repartait à l’assaut un peu diminué ! Jusqu’au moment où… Georgia débarquait ! Sa blonde (ou ex blonde ?) marchait sur le trottoir de bon matin. Elle devait surement le chercher ! C’te veine qu’il la voit ! A un pas modéré il la rattrapa. « Hey, tu fais quoi là ? ». Miracle Lass se tourna vers lui et lui colla une baffe. Décidément. La main sur la joue, le Yun l’observa. « C’est bon, scuse pour ce que j’ai dis l’autre fois. Je le pensais pas… ». Il s’excusait pas tous les jours alors ptête qu’elle le prendrait en pitié ? Ouai ou pas en fait.

« Kanata ? »

Le jap se tourna. Oh putain. L’asthmatique. La télépathe. La copine du type qu’il avait tabassé. Celle qu’il traitait de merdeuse. Elle était pas à l’école d’ailleurs la môme ? Ca puait la mangouste équatoriale. Et là, c’était pas lui ! Lui c’était plutôt la mangouste africaine qu’il sentait. « Heu. Ouai ? ». Sobre et neutre. Pour une fois il l’agressait pas. Un œil sur sa blonde. Un œil sur la gamine. Des fois qu’il se prenne une baffe de la première. Pour la deuxième il craignait moins. Si la gamine se mettait en tête de l’attaquer parce qu’il avait traiter son eskimo de gay après lui avoir roulé une pelle, il était dans la merde. Heu. Elle pouvait lire ses pensées du moment du coup… ? Ho merde…

Une massue mentale s’abattit dans sa tête déjà douloureuse. Cette garce essayait de lui écraser le cerveau ou quoi ? Elle lui collait des nausées en plus de sa migraine monstrueuse jusqu’au moment où…

Le Yun s’écroula soudainement au sol, pris de tremblement alors qu’il essayait de vomir ce qu’il n’avait pas dans le ventre. Sa tête allait éclater, ses poumons étaient remplis de clous, la bile lui brûlait la gorge déjà atteinte de l’angine et son estomac atteignait les pires crampes qu’il avait jamais eu. Il avait l’impression que son corps disparaissait tant il souffrait en lui. Entre deux hoquets de douleur et de vomissement inefficace, Kanata essaya d’articuler une demande d’aide désespérée à Georgia, laquelle l’observait tranquillement. « Ai…de moi. Pitié… Geo…rgia… ».

Les gens marchaient dans la rue en l’évitant soigneusement alors qu’il était au milieu du trottoir. Un camion de poubelleux serait passé qu’ils l’auraient foutu avec les ordures à n’en pas douter. La gamine s’était tirée alors que les crampes disparaissaient laissant des décharges électriques le détruire de l’intérieur. Les larmes aux yeux, le Yun tremblait au sol. Sa blonde le regardait toujours, sans émotion. Est-ce qu’elle le détestait au point de le regarder crever devant elle alors qu’elle pouvait le soigner ? « Ai…de moi. » implora-t-il encore. « j’t’aime… ».

Il n’avait jamais cessé de l’aimer et il pensait souvent à elle, essayant de se convaincre dans des pensées que tout allait bien entre eux et qu’ils pouvaient se voir normalement. Le Yun se créait des scénarios en somnolant où il s’imaginait dormir avec elle ou faire des conneries à l’Institut. Être heureux quoi.

Le souffle brûlant, le jap leva difficilement les yeux vers elle lorsque sa blonde se prépara à tirer le penalty de sa vie… dans son ventre.

« Moi j’t’aime pas. »