[3.3]Projets tortueux et enneigés

Sven avait fait apparaître un nouveau nuage pendant que Jen parlait. Il faut dire que cet accessoire avait une grande utilité. Pouvant faire office d'oreiller, ou plus simplement de truc à tripoter quand on réfléchit, notant mentalement ce qu'elle disait. La situation semblait passablement compliquée... Un peu comme une casserole dans laquelle on faisait de la pâte à choux. Il fallait remuer tout le temps. Bien que l'analogie culinaire n'allait qu'un temps, parce que les choux à la crème, c'était bon, alors que tout ceci était plutôt indigeste. Peut-être y avait-il simplement eu trop de choux à la crème ? Ou de la crème pas fraîche. Il fallait toujours travailler avec des ingrédients de première fraîcheur. Les concepteurs de l'attaque l'avaient d'ailleurs bien compris, vu qu'ils avaient utilisé des enfants, et non pas des vieux, nonobstant le fait qu'à part Olivier, il ne connaissait pas de mutant "vieux".

C'est toutefois un sourire d'intense satisfaction qui s'afficha sur le visage de Sven quand il vit Anna rentrer, puis son cher coéquipier Fabrisio, avant que Chloé n'arrive et s'effondre au sol. Mis à part la dernière qui pleurait d'être dans le sauna, les autres semblaient se réjouir de son idée, et des efforts d'Ivy. D'ailleurs, où était Ivy ? Quel dommage qu'elle n'ait pas été là pour, elle aussi, cueillir les fruits de cette réussite, ce qui était le comble pour Ivy, bien que Sven s'était laissé dire qu'elle était plutôt spécialiste en tomates.

Jareld demanda un résumé de la situation. Sven toussota pour se donner une contenance, puis pris la parole.

"Eh bien... Déjà, il faut savoir que cet institut n'est qu'une couverture, pour un énorme lit qui se situe en sous-sol. Nous sommes certes une vraie école, avec certes des élèves plus ou moins normaux, mais en plus, nous nous entraînons avec nos pouvoirs, et ils nous arrive de faire des missions commando, en équipe.

Par exemple, Fabrisio ici présent fait partie de mon équipe. C'est Mlle Deneos qui nous supervise.

En tout cas, Jen est allée à Londres, avec des autres que tu ne connais pas, et leur professeur, le Dr. Zachary. Et là, malheureusement, il s'est fait enlever par deux autres mutants. Finalement, il s'avère que le Dr. Zachary a été un des premiers profs contrôlés et..."

Il s'interrompit.

"Bon, je résume. En fait, y'a tout un tas de gens là dehors qui ont l'ambition d'exterminer tous les mutants ou de nous exploiter à des fins que la bioéthique réprouve. Par exemple, on a vu des anciens amis à nous clonés et lobotomisés pour servir de tueurs sanguinaires. J'ai entendu dire qu'une fausse école à Paris avait fait du recrutement pour finalement expérimenter sur les élèves. Y'a aussi deux mutants qui jouent les chercheurs de trésors, et qui ont kidnappé le Dr. Zachary, avant qu'il se fasse contrôler."

Il haussa les épaules.

"Enfin bref... Je ne sais pas de quel côté ça vient, mais c'est sûr que c'est eux. Ils sont là, dans l'ombre, depuis longtemps, à nous observer et attendre leur heure. Mais heureusement, Anna est intervenue... D'ailleurs, tu sais qui c'était de l'autre côté ? À défaut de savoir qui... Peut-être que tu sais où ils étaient. Comme ça, on y va, on détruit tout, et le problème sera reglé."

Il s'adressa un instant à Anna, avant de reprendre le fil de ses nébuleuses déductions.

"Mais ce que dit Jen est assez gênant. On se croirait dans une pièce de théâtre où les gens passent leur temps à se faire cocu...

Donc si je récapitule, c'est des enfants qui ont possédé les professeurs... Enfants qui ont été upgradés par des prises télépathiques, et une grosse machine, grâce à un mutant qui a trouvé comment faire des cyborgs sans qu'ils soient anéantis lors de la transformation.
Mais c'est des enfants mutants, et le guérisseur aussi, et les deux autres qui ont pris Adam, et Adam aussi. Et moi aussi d'ailleurs, je suis un mutant. Tout ça contrôlés par des humains ? C'est pas possible. Ils ne peuvent pas tous être aussi bêtes."

Il claqua des doigts et pointa son index sur Jen avant de s'écrier.

"Je sais où est Adam ! L'Oregon ! C'est au Nord de la Californie. Je vous parie un tour en Sven ascensionnel qu'il est là-bas. Bon... L'état de Washington aussi est au nord de la Californie. À ne pas confondre avec la ville, ni avec le porteur de perruques. Ah, et puis aussi une province du Canada. Et au dessus, c'est le pôle Nord, il me semble."

Fabrisio, maintenant mêlé au groupe, écoutait à droite et à gauche, piochant des éléments dans les brides de conversations qu'il entendait.
Il ne manqua bien sûr pas d'entendre le long mais non moins intéressant monologue de son coéquipier. Pour une fois que le jeune homme ne faisait pas de jeu de mot douteux. A ce constat, Fabrisio ne pu retenir un léger sourire. Sourire qui s'effaça aussitôt qu'il entendit.

- Qui que se soit, commença-t-il, je compte bien leur faire payer. On a pas le droit de faire ça, surtout pas à des jeunes. Qu'ils soient humains ou mutants.

La réponse d'Anna à le question de Jade était peu convainquante. Mais en même temps, à quoi d'autre s'attendre? La réponse était devant ses yeux, dans les ruines que formaient désormais une bonne partie d l'institut et que Anna regardait inlassablement, pensive. La pauvre jeune femme était elle aussi très perturbe par les evenements et Jade sentait bien qu'elle se posait des questions sur sa place en ces lieux.

Jade sentait Anna grelotter de plus en plus à ses cotés. Elle se sentait un peu coupable de la priver de son manteau.

"Viens, on va se mettre au chaud. Je ne sais pas pour toi. Mais moi j'ai envie de trouver celui qui est la cause de tout ça et de lui faire payer. C'est pas en restant congeler ici qu'on y arrivera ..." Dit la jeune femme en se levant doucement.

Jade la regarda quelques secondes, admirative. Sa simple présence avait suffit à la faire passer d'un état de désespoir profond à à un désir de savoir, de comprendre et peut être même... de se venger. Quoi qu'il en soit la jeune fille ne voulait plus pleurer, elle n'en était plus capable de toute manière.

Elles se dirigèrent alors toutes deux vers la petite cabane ou plusieurs personnes étaient déja entrées. Sur le chemin, Jade regarda à nouveau Anna, elle était toujours perdue dans ses pensées. Jade fit glisser le manteau de ses épaules et remis sur le dos de sa camarade son bien. Elle lui frotta doucement le dos ensuite dans le but de la réchauffer et de lui apporter en retour le réconfort qu'elle venait elle même de lui fournir.

Jade poussa la porte de la cabane et entraina Anna à l'interieur de la chaleur bienfaisante. Il y avait déja un bon petit groupe à l'interieur et la discussion allait bon train. L'entrée d'Anna fut tout de suite repérée pendant que Sven était apparemment en train de résumer la situation. Jade en avait presque oublié que c'était Anna qui venait probablement de tous leur sauver la vie. Le résumé de Sven interessait tout particulmierement Jade qui se précipita pour aller s'asseoir près du groupe et écouter de quoi il retournait.

Beaucoup d'informations à emmagasiner. Jade arrivait le matin même et avait été coupé de ces informations. Adam Zachary avait été enlevé? Des enfants télépathes qui controlaient des mutants à distance? Des mutants, des cyborgs, des humains... Toute une histoire...

"Je sais où est Adam ! L'Oregon ! C'est au Nord de la Californie. Je vous parie un tour en Sven ascensionnel qu'il est là-bas. Bon... L'état de Washington aussi est au nord de la Californie. À ne pas confondre avec la ville, ni avec le porteur de perruques. Ah, et puis aussi une province du Canada. Et au dessus, c'est le pôle Nord, il me semble."

Jade commençait à s'interesser de très prêt à tout ca. Ellle se rapprocha légèrement de maniere à capter toutes les informations qui seraient divulguées par la suite.

Jess ne se sentait ni légère avec un poids particulier sur les épaules, aucune boule dans le ventre, rien. Et c'était cela le pire. Ne rien ressentir. Elle n'en pouvait plus, elle était exténuée, et ne pensait plus à rien. Elle ne sentait que le contact de Fabrisio qui acceptait son étreinte, la seule manière qu'elle est trouvée pour lui montrer qu'ils étaient deux dans le jardin à être dans le même cas. Les autres aussi avaient perdu des gens, mais il n'y avait qu'avec lui qu'elle ressentait ce lien si particulier. Jess ferma les yeux à son tour, et laissa vaquer son esprit aux bruits environnants.

C'est alors qu'elle entendit dans son communicateur que les profs n'étaient plus contrôlé. Alors c'était ça ? Oui bien sur. Ils n'étaient pas eux même. Il n'avait jamais été eux même pendant cette attaque. Mais l'idée de les en faire sortir ne l'enthousiasmait pas, des fois qu'il y ai une rechute de l'un d'eux. La nouvelle suivante était déjà plus bienvenue, celle déclarant Adam et Carrie comme vivants. Elle frissonna, peut-être de froid, peut-être aussi en entendant les hurlements déchirant de Georgia. Elle serra Fabrisio un peu plus fort, comme pour se rassurer, puis écouta le message de Kirsten. Le reste autour n'était plus que brouhaha. Des gens bougeaient, d'autres messages allaient et venaient, certain semblaient eux aussi se laisser aller dans la neige. Pourtant, il allait falloir se relever. Bientôt. Oui bientôt mais pas tout de suite. Elle n'en avait aucune envie, rien ne valait la peine de se relever, de continuer. Plus rien. Encore une fois.

Jusqu'à ce qu'elle entende la voix de Sven, et qu'elle pense aux Nexus dans leur totalité. Frank ? Où était Frank ? Il était le seul dont ils étaient encore sans nouvel dans leur équipe. Elle l'écouta, lui qui avait toujours cette joie de vivre qui lui était si particulière. Était-ce par simplicité d'esprit, ou tout simplement par caractère ? Elle s'en fichait, il avait raison. D'ailleurs, même s'il était souvent bizarre, il y avait souvent, pour ne pas dire toujours, une grande part de vérité et de logique dans ses propos, malgré toute la volonté du jeune homme pour la caché. C'était comme ça que Jess le voyait. Elle se détourna de lui en écoutant Jen, qui ne supportait pas les mutants récemment arrivé. Il fallait dire qu'elle en avait vu des vertes et des pas mûrs ici, depuis le temps qu'elle y était...

Jess écouta Sven parler de taupe, et ne se rendit pas compte que son esprit partait à la dérive. Il y avait des voix, plein de voix... elle se sentait bercer, entraîner ailleurs, dans un endroit très lointain. Seules les voix de Sven et Jen lui parvenait encore. Jusqu'à ce que Fabrisio se décide à bouger. Il allait mieux ? Elle n'aurait su le dire sur l'instant, mais elle était contente de voir qu'il ne restait pas amorphe dans son coin. Seulement voilà... il semblait être prêt à tenter de surmonter tout ça. Ce qui était loin d'être son cas.

Elle se redressa et suivit les autres dans leur mouvement, tentant de reprendre pied à la conversation, à la situation, afin de tenter de s'accrocher désespérément à quelque chose. Une fois remises en ordre, peut-être que ses pensées parviendraient à se mettre ensemble pour former quelque chose de cohérent, mais pour l'instant c'était pire qu'un vieux tas de linge sale qui s'accumule sans précaution depuis des années.

Son cerveau prenant les informations une par une par ordre d'arriver, Jess réalisa alors que personne n'avait répondu à Kirsten, et décida de le faire, histoire de faire quelque chose. De plus, il fallait qu’elle sache pour l’inquiétude qu’elle avait vis à vis de Frank.

« Ça va Kirsten, pas de souci pour Sven, Fab et moi. Où est Frank ? Il va bien ? »

L'Oregon... c'était une assez bonne idée. Quand il voulait Sven pouvait avoir de bonnes idées. Par contre l'idée d'attendre que les profs s'en mêle n'était peut-être pas la meilleur, tant que la menace de contrôle mental était toujours là, leur compagnie n'était pas des plus sécurisante. Ayant repris du poil de la bête, Jen tapa du poings dans sa main en disant d'un air féroce :

- Pour le moment les profs sont out et l'ennemi a juste reculé pour mieux nous attaquer de nouveau. Ils ne pensaient peut-être pas qu'on s'en sortirait ainsi, que nous avions la puissance télépathique suffisante pour les repousser, mais la prochaine fois ils ne feront pas la même bêtise. Je suis d'avis de ne pas tarder, de prendre des forces restantes pour lancer au moins une équipe de sauvetage pour Adam et de rechercher la base si base il y a !

Se levant comme si de rien n'était, une grande assurance dans ses yeux, Jenifer s'apprêtait à sortir du sauna et déclara :

- Je crois que les X-Rays sont plutôt en forme, il est grand temps de retrouver notre professeur référant ! Si d'autres veulent se joindre à cette mission ils seront les bienvenus, je vais retrouver mes équipiers pour organiser le départ. Qui m'aime me suive ! lança-t-elle avec un clin d'oeil malicieux.

Après avoir bredouillé un merci a Jade, les deux mutantes pénétrèrent dans le sauna. La différence de température la fit souffler alors qu'elle regardait de biais Sven qui lui souriant de toutes ses dents. Elle repéra assez vite Chloé, inconsciente qui avait été visiblement installée là faute de mieux. Encore une qui allait être sérieusement perturbée par ce qu'elle avait vu et surtout fait ... Il ne manquait que Michel... Anna s'installa machinalement à côté de sa coéquipière, enlevant son manteau et son bonnet qui lui tenaient, pour le coup, bien trop chaud.

Sven avait entrepris de faire la synthèse de ce qu'il se passait. Ce qui désola la télépathe puisqu'elle se rendit compte que finalement, ils ne savaient pas encore grand chose. Elle savait que quelques équipes avaient été mêlées à des affaires plus ou moins louches, pour ne pas dire totalement et elle se doutait qu'il allait falloir se diriger dans cette direction. A défaut d'avoir vu des zombies tueurs et d'avoir rencontré des mutants corrompus, elle avait assisté à la destruction de toute une ville et de tous ses occupants. Elle ne savait pas ce qui était le mieux ...

"Je ne sais pas qui c'était ... Tout ce que je sais c'est que l'épicentre se trouve près de Paris ... "

Si elle savait qui était l'auteur de tout ça, elle serait déjà partie pour bien lui faire sentir qu'il lui était hautement antipathique. Mais à défaut de vraiment savoir, foncer dans le tas, comme le suggérait Sven lui paraissait sur le coup une excellente idée.

Si le nébuleux mutant venait de faire une belle récapitulation, cela ne l'empêchait pas de dévier un peu du sujet en fin. Le temps pour Anna de se recentrer sur le plus gros problème qu'ils n'aient jamais connu jusqu'ici, ses genoux remontés contre elle et la tête qui lui paraissait toujours aussi lourde, entre ses bras.

"Retrouver Adam et Carrie serait déjà une bonne voie pour nous aider a démêler cette histoire. Ils ont été possédés, mais ils doivent bien avoir quelques informations à nous donner ..."

Tout était bon à prendre et à essayer : Si ils ne se rappelaient de rien, elle pouvait toujours les aider à se souvenir ...

Jennifer qui reprenait soudainement du poil de la bête la fit sursauter. Retrouver son professeur semblait l'obnubiler. Anna ne pouvait pas lui reprocher. En ce qui la concernait, elle s'en faisait plus pour les petits télépathes.

"Je ne sais pas si ils vont recommencer leurs attaques psychiques. Lorsqu'on a nous même ... attaqué ces enfants, commença t elle d'une voix un peu étranglée, ils se sont repliés très rapidement. Ils ont eux même coupé leur possession d'Adam et de Carrie. Ils n'ont même pas chercher a nous déstabiliser. Si tous ces télépathes s'y étaient mis ensemble, je ne sais pas ce que ca aurait donné, mais ca aurait pu égaler notre puissance. Nous mettre hors jeu, Kitty et moi leur aurait permis d'avoir le champ complètement libre. Soit ils ne savaient pas que l'on pouvait déployer une telle puissance télépathique, soit cette attaque avait un autre but que celui de tous nous anéantir... De toute façon, une possession de plusieurs personnes en même ne se fait pas en un claquement de doigt. On a donc un peu de temps devant nous."

Mais quoi qu'il en soit, elle était tout à fait d'accord sur le fait qu'il allait falloir riposter rapidement et avec précision. Si par bonheur elle avait raison, il n'y aurait plus d'attaques psychiques, mais ils devaient certainement avoir d'autres moyens offensifs et/ou défensifs. De toute façon, ce qui lui importait beaucoup pour l'instant, n'était pas le pourquoi, mais le qui.

"Les télépathes sont en France. On pense directement au CIAM, accessoirement disparu. Mais qui avait des relations avec le DNSMH et ... le petit gars que certains d'entre nous ont croisé ce matin dans le jardin, il n'était pas français ... ?"

Elle cherchait toutes les relations que l'on pouvait faire et qui amenait à la France. De toute façon, il allait falloir se déplacer pour avoir le fin mot de l'histoire. Anna leva les yeux sur la X-Ray. Si elle avait recharger ses batteries, ce n’était pas le cas de tout le monde. Partir ce soir lui paraissait un peu prématuré et précipité. Elle ne fit cependant aucunes remarques. Si elle avait été capable, elle aussi serait déjà sur le pied de guerre.

Ce fut d'abord une douce sensation de chaleur qui envahit Olivier, avant qu'un brouhaha de voix familières ne se mette à sonner à ses oreilles. Où pouvait-il bien être ?

Olivier ouvrit les yeux dans la cabane de bois, puis regarda doucement autour de lui. Une partie des élèves semblait s'être réfugiés ici. Que faisaient-ils ? Ils discutaient d'histoires de complots, de télépathes, de retrouver Adam...

Nahik s'assit sur un banc de bois puis se frotta rapidement les yeux. Il fallait tirer la situation au clair. S'attendant à ce que les élèves l'assaillent de question auxquelles il ne pourrait malheureusement pas répondre... du moins, pas pour l'instant, Olivier prit directement les devants.

"Je vous laisse discuter de tout ça... Pour l'instant, je crois que j'ai besoin de prendre l'air et de faire le point sur la situation. Nous nous retrouverons plus tard."

Il se mit debout sur ses pieds et quitta le sauna qui avait visiblement poussé de façon incongrue au milieu du jardin. Sans doute là l'œuvre d'Ivy, même s'il était évident que l'instigateur de cette nouvelle attraction était déjà dans la pièce.

Une fois dehors, Olivier réalisa que l'institut avait subi de très sévères dégâts. Il resta interdit un instant, puis demanda à une interlocutrice invisible.

"Cerebra, je veux un rapport complet de tout ce qui s'est passé ici... Et de tout ce que les élèves racontent depuis."

Salle de classe

La jeune femme était restée assise à écouter tous les propos de chacun avec attention, mais malgré la tentative de résumé de Sven, elle persistait à ne pas comprendre grand-chose. Heureusement elle ne semblait pas être la seule, et elle se résigna donc aux quelques informations qu’elle avait réussi à emmagasiner correctement, il fallait l’espérer, puisque ces nouvelles données semblaient être le pilier central de tout ce qui allait être révélé petit à petit aux membres de l’institut au fil des jours et des avancées des groupes qui allaient se mettre en expédition pour contre-attaquer.

Yrianna avait envie de venger son nouveau chez-elle, et de se venger aussi de la domination qu’on avait établi sur les professeurs qui semblaient se démener depuis des temps immémoriaux pour sauvegarder la tranquillité des mutants. Elle avait donc envie d’agir, parce qu’elle se sentait l’une d’entre eux, et commençait donc à son échelle en se souciant du cas semblant désespéré de la jeune mutante entrée en pleure dans le sauna, et qui sous leur nez à tous s’était évanouie.

Qu’avait-elle donc fait ? Elle n’osa se le demander de peur qu’au moment du réveil de la demoiselle Chloé elle ne se laisse aller à trop de question qui aurait pour seul effet sans doute de la rendre un peu plus malheureuse encore. Et puis soudain, son visage lui revint comme le tonnerre qui avait toujours un temps de retard sur son éclair. C’était une des jeunes mutantes qui avaient participé, sur la fin, à se débarrasser des clones richardesques. Peut-être se sentait-elle coupable de ce qui s’était passé sous ses yeux ? Peut-être s’imaginait-elle que si son pouvoir avait été plus puissant, les choses ne se seraient pas passé ainsi ? Mais personne n’y pouvait rien, c’était le fait de la nature si ce désastre avait été perpétré, et elle ne savait pas trop comment est-ce qu’elle allait bien pouvoir essayer de le lui faire comprendre à son réveil. De toute façon, d’autres pouvaient très bien se charger de cela, et la mutante mouche ne se tritura pas plus l’esprit, recentrant de nouveau son attention sur le sujet principale : celui de la riposte pour éviter que plus jamais l’attaque mentale ne puisse se reproduire.

A son plus grand soulagement, Yrianna vit son rival de bac à sable s’en aller avec quelques difficultés manifestement très handicapantes. Il voulait sans doute fuir tout ce qui se passait maintenant qu’il en savait trop pour ce que sa pauvre cervelle ne pouvait en supporter. Ce n’était pas qu’elle méprisait ce garçon, mais leur premier contacte n’avait pas été des plus tranquille, et elle regrettait même cette petite prise de bec un peu futile dans la circonstance des choses.

Et puis, Jen s’aventura à un soupçon de réponse à ce que venait de dire la mutante il y a quelques longs instants déjà. Certes, les professeurs étaient libérés de leur prison mentale, mais il fallait maintenant faire vite, et voir avec eux ainsi qu’avec les autres élèves quoi faire avant que l’offensive ne reprenne. Alors, cela ne servait à rien de croupir dans cet endroit trop petit pour accueillir tout le monde, et Yrianna finit par s’étirer de sa position un peu dérangeante pour son dos encore douloureux après la chute qu’elle avait fait du premier étage. Elle resta là sur son banc au côté des autres encore quelques moments, histoire de sortir de la torpeur intellectuelle dans laquelle elle s’était volontairement plongée afin de ne pas succomber à la pression de ses craintes qui ne demandaient qu’à exploser au grand jour. Et enfin, prête à mettre le large sur ce sauna où l’agitation régnait de plus en plus, elle se leva définitivement, encouragée de voir le professeur Olivier enfin se réveiller et partir lui aussi vers l’institut.

Elle avait très envie de se sentir en sécurité, et de trouver des têtes connues bien qu’elle n’en connaissait que trop peu à l’heure actuelle. River, Lucas, Kitty, Louison et Kala, voilà les gens qu’elle avait envie de voir. Ils faisaient partis de ceux avec qui elle avait passé une bonne partie du début d’après midi et ils formaient les maigres repères de sa nouvelle vie établie un peu à la va-vite.

Alors, pointant le nez dehors après avoir dit un timide au revoir aux autres, elle chercha du regard Jen qui était pourtant partie d’un pas lent. Elle ne la vie pas et ne trouva au loin qu’un Olivier qui s’apprêtait à pénétrer dans le bâtiment. Yrianna n’avait aucune idée de l’endroit où elle allait pouvoir trouver les autres et pensa que suivre un peu le professeur dans les couloirs qu’elle connaissait encore vraiment trop mal serait déjà un bon départ. Se mettant donc à sa poursuite d’un pas plutôt vif, elle se laissa conduire à distance jusqu’à la salle de classe qui était pour le moins bruyante.

S’il y avait du bruit, alors il y avait aussi du monde, et d’importantes chances de trouver les personnes qu’elle désirait par-dessus tout revoir pour discuter un peu de tout ça sur un ton plus confiant qui lui permettrait de poser les questions qu’elle désirait, et surtout, de voir comment est-ce que la contre attaque s’organisait de ce côté, puisqu’elle n’était pas sans croire que l’institut tout entier était sur le point de donner la réplique : c’était la réaction la plus naturelle à attendre d’élèves et de professeurs qui voulaient survivre dans des conditions descentes…

Salle de classe

Jareld écouta avec attention le résumé de Sven qui n'étant pas des plus précis avait au moins le mérite d'être clair.
D'autres élèves entrèrent, Jareld reconnut Anna la fille de l'infirmerie, sinon il ne connaissait personne. Daedalion était parti depuis un moment... Certainement gêné par ce monde...
Jen parla de récupérer le professeur Zachary, ce que Jareld trouvait judicieux, mais elle parlait de le récupérer en y allant avec une équipe: les X-rays...
Peut-être agissait-elle précipitamment, mais il semblait que c'était une bonne idée, et qu'il ne fallait pas rester ici, passifs. Mais Jareld aurait aimé y participer il n'avait pas envie de rester dans ce sauna et à parcourir l'institut, en sachant qu'il risquait d'être de nouveau la cible d'une attaque. Il avait besoin de se sentir utile...
Le professeur à lunettes se réveilla brusquement, il prétendit avoir besoin d'air, alors il sortit en hâte du sauna et laissa les élèves à leurs discussion. Oui, décidément les professeurs étaient "out" comme l'avait dit Jen.
Jareld se concentra de nouveau sur les conversations quand Yrianna sortit à son tour du sauna... Sans doutes, avait-elle mieux à faire, ailleurs...
Jareld proposa soudain:

"Pourquoi se limiter qu'à une équipe? Vous pourriez faire appel à d'autres personnes elles vous seront tout aussi utiles... Personnellement, je me porte volontaire pour vous assister dans votre mission si vous ça ne vous dérange pas..."

Jareld tentait le tout pour le tout mais il ne voulait vraiment pas rester à l'institut tandis que les autres étaient occupés à le défendre... Il était temps d'aider cette école, car celle-ci sera aussi une aide pour lui. Et après tout, ne défendait-elle pas un idéal de l'intégration des mutants dans la société?
Il devait donc se battre pour ses idées, et ce qui étaient contre, qui nuiraient à l'accomplissement de cette idée, de manière aussi violente devaient en subirent les conséquences... Et Jareld voulait participer.
Même s'il ne comprenait pas de quoi il en retournait complètement, il en comprenait suffisamment pour faire ce choix, de défendre l'institut.
C'est avec une certaine appréhension qu'il attendit la réaction du groupe. Jareld remit ses jambes normalement et mordit l'intérieur de sa joue en attendant.

Jen était vraiment sidérante. Oh, bien sûr, Sven savait qu'elle débordait d'énergie. La preuve, par sa seule présence, elle était parvenue à chauffer les pierres, bien que son povuoir mutant n'y était sans doute pas étranger.
Toutefois, lorsqu'elle sortit de la pièce en proclamant "qui m'aime me suive", Sven ne se doutait alors pas qu'Olivier allait revenir d'entre les morts pour la suivre.

Était-ce là la vraie nature de l'amour ? Le baiser du prince charmant était pulvérisé. Renvoyé directement aux oubliettes de l'histoire. Une simple intervention de Jen suffisait à remettre tout ce petit monde d'aplomb, et c'était tout bonnement incroyable pour Sven qui vivait encore, parfois, dans les contes de fées.

Le jeune norvégien se mit alors sur ses pieds.

"Bon, puisque notre radiateur s'en va, le sauna devrait refroidir en quelques heures, et je ne veux pas rester là, parce qu'il faut battre le fer tant qu'il est chaud, et comme nous sommes chauds dans une baraque en bois, il faut trouver le fer pour le battre avant qu'il refroidisse."

Cet objectif d'une clarté cristalline énoncée, Sven enchaîna.

"Nous devons aller prévenir les autres. Toutes les bonnes volontés seront utiles pour ce qui nous attend. Les mauvaises volontés aussi. Tant qu'il y a de la volonté, ça me va. Tout le monde peut-être utile. Nous allons multiplier les pains dans la figure.

Suivez le flambeau de Jen, nous allons lancer l'appel à la mobilisation générale. La conscription va reprendre. Et on aura pas usurpé notre réputation de terroristes comme ça.

Chloé, reste pas dans le sauna, tu vas attraper froid."

Pour quelqu'un d'aussi pacifique et lisse que Sven, il était curieux de l'entendre proférer de telles paroles guerrières. C'était sans doute sa façon à lui d'évacuer le traumatisme.

Salle de classe.

[ Salle de classe]

Jade se souvint de quelques éléments qui étaient en cours avant son départ pour la France. Le CIAM était sujet à débat et une équipe avait été envoyée en France pour enquêter sur le sujet. Jade se souvenait très bien en avoir entendu parler durant les événements, puisque l'explosion de l'école était passée aux infos. Elle était sur le canapé avec ses parents qui étaient visiblement écœurés par l'existence d'une telle école. Il n'était pas du tout fait mention de ce qu'il se passait réellement dans cette école, mais ils n'élevaient surement pas de futurs gentils citoyens mutants.

Quoi qu’il en soit ils semblaient apparemment faire parti du complot qui avait pour résultat l’état actuel de l’institut et de ses habitants. Olivier Fleury entra dans le sauna, un peu groggy. Il s’assied un moment sur un banc et écouta silencieusement la conversation qui avait cours. Lui aussi avait du subir le contrôle télépathique, tout comme chacun des profs.

Il était clair que si une attaque était en cours contre l’institut, elle n’était probablement pas terminée… Nouvelle image de Lyu en tête… Jade ferma les yeux tandis que ses narines frissonnaient et son menton tremblait. Elle serra le point et tenta de contenir sa colère montante ainsi que ses larmes qui menaçaient une nouvelle fois de couler. Elle inspira un bon coup, doucement alors qu’.Olivier quittait le sauna, un peu après Daedalion.et suivi de Jenifer et Yrianna. Le sauna commençait effectivement à se vider pour qu’une contre offensive se prépare. Plus qu’une envie, Jade commençait à ressentir le besoin d’exprimer ce qu’elle avait sur le cœur.

*Lyu… Bon sang…*

« Comment peut-on être assez mauvais pour agir si minablement ! C’est minable, y’a pas d’autre mot ! »

La voix de Jade était ferme et soutenue. La colère qu’elle ressentait devait sortir. Elle ouvrit ses yeux.

« Utiliser des mutants pour se débarrasser des mutants, c’est vraiment pitoyable ! C’est d’une lâcheté, c’est… Pour le coup, on est plus vraiment les plus dangereux ! Je comprends même pas pourquoi ces gens agissent dans l’ombre. J’ veux dire, tout le monde à l’air tellement d’accord sur le fait qu’on est dangereux, qu’on n’est pas normal, qu’on est des armes ! Pourquoi ils ne viennent pas directement ici avec leurs armes et qu’ils nous tuent tous un par un. Ou alors une petite bombe ! C’est tellement pratique ! Comme ca, tout le monde applaudira ! Mais manifestement, ils ont trouvé une arme bien plus efficace…»

Elle reprit une inspiration, sentant que ce qu’elle disait tombait comme un cheveu sur la soupe, elle tacha d’être plus objective.

« Je suppose que l’institut n’est qu’un lieu d’entrainement ! Pour eux… Pour les comploteurs… J’veux dire… c’est les mutants dans leur intégralité qui sont visés la !? Il est évident que l’institut est un lieu de concentration de mutants, mais qu’il en reste encore bien, bien plus dans le monde. »

Jade parlait presque plus pour elle

« Si j’ai bien compris, donc, ce sont exclusivement les profs qui ont été contrôlés, dont deux qui ne sont pas ici… Mais pourquoi les profs ? Ce sont pourtant probablement ceux qui doivent être les plus difficiles à contrôler, non ? Et puis, le contrôle de plusieurs élèves éparses dans l’institut aurait peut être moins mené sur la piste d’une attaque extérieure… »

Elle tachait de se mettre à la place des attaquants, mais faute de vraiment y arriver, elle se dit que ce n’était peut être pas le bon moment de réfléchir à tout ca.

Elle se releva alors, à son tour, l’air sévère. Jareld et Sven reprirent de l’aplomb à leur tour avant de sortir suivre Jenifer:

« C’est sur qu’on va pas se laisser faire ! Si y’a une contre attaque d’organisée, je veux en faire partie ! »

La jeune fille commença à se diriger vers la porte. Elle n’était toujours pas en grande forme, mais était bien décidée à ne pas baisser les bras. Elle regarda les gens présents dans la pièce, puis Anna et la pauvre Chloé…

Salle de Classe

Sven avait prit la parole et avait fait comprendre à Jareld que toutes les bonnes volontés étaient bien sur acceptées. Satisfait, Jareld sourit un moment, jusqu'à ce que Sven décide en harrangant la foule de l'emporter en-dehors du sauna à la suite de Jen.
Jareld très décidé se leva à son tour, et suivit Sven dans le froid. Il vit Daedalion qui était dehors, les rejoindre.
La drôle de troupe entra dans l'institut, menée vers la salle des classes. Cette troupe avait soif de vengeance...

[salle des classes]

Toujours maître de lui même, Olivier se releva et repartie elle ne sut où, comme à son habitude. Anna le suivit du regard, soulagée de voir que son professeur reprenait ses bons vieux réflexes. Comment allait il réagir lorsqu'il verra l'institut a moitié détruite ? Lorsqu'il saura ce qu'il a fait ? Elle ferma les yeux quelques instants. Ce n'était pas son problème et s'abrutir avec de telles questions n'était pas bienvenue. Elle reporta son attention sur Sven puis sur Jade, qui eux aussi, commençait a adopter un comportement combatif.

Le discoure de Jade lui rappela que les anti-mutants avaient déjà tenté de les attaquer de front. Aux portes ouvertes. Même si ils avaient fait quelques dégâts, ils n'avaient pas réussi à leur faire aussi mal. Il avait fallu des télépathes pour les mettre plus bas que terre. Des télépathes, c'était si horrible de penser qu'elle était elle même capable, même à moindre puissance, de faire la même chose. Et des enfants ... Décidément, ça lui restait en travers de la gorge.
Si la question de Jade trouvait une réponse positive, a savoir que cette attaque visait les mutants en général, pourquoi ne pas s'en prendre aux cas isolés, cela aurait été tellement plus simple pour eux.

Le monde quittait le sauna, suivant Sven pour elle ne savait où. Mais visiblement, le jeune mutant savait ce qu'il faisait. Etrangement, il avait l'air de toujours savoir ce qu'il faisait ... Anna ne se posa pas vraiment de question et passant le bras de Chloé sur son cou et le sien autour de la taille de sa coéquipière, elle la souleva tout en faisant signe à Jade de la suivre. De voir la jeune fille se montrer aussi combative lui fit dire qu'elle n'avait pas à douter sur ce qu'il allait suivre. Il fallait qu'ils mettent quelques pains dans la figure, comme l'avait si bien dit Sven.

Salle de Classe

Hangar Jardin

Alors qu'elle croisait ceux qui rentraient, Laura n'y prêta pas attention. Elle avait froid, peut-être plus à l'intérieur d'elle-même, même si la température ambiante n'arrangeait pas les choses. Elle s'assit. Autour d'elle que du blanc, que du silence, que du vide. Si elle avait pu voir, elle aurait vu ce mur devant elle, ces élèves pas très loin dans le sauna de Sven, si elle avait pu entendre, les voix et les divers bruits de pas dans la neige seraient parvenus à ses oreilles, si elle avait pu sentir le froid et l'humidité de là où elle était assise, si elle avait pu prononcer un mot... Mais rien de tout cela, il n'y avait plus rien, plus personne. Juste elle, son coeur serré, glacé. Puis ces mots dans sa tête, Rachel, Sahari... Sahari. De retour. Comme Gabriel. Lequel d'entre eux avait tué Luna ?

Tout autour d'elle reprit alors vie et elle se releva. Elle resserra ses doigts sur son carnet, elle regarda méchamment le mur en face, comme s'il s'agissait d'un des professeurs. Sa voix revint alors et elle commença à parler :

"Pourquoi ? Merde ! On était sensés être en sécurité ici ! Non ! Non ! Depuis le début on subit ce genre de trucs !!! ON EST SENSES PERDRE COMBIEN DE GENS QU'ON AIME ?! Je les déteste... Je les déteste ! Pourquoi ? POURQUOI ? Luna ! Reviens j't'en prie... Dis-moi comme Georgia que c'était une blague ! S'te plait... S'te plait... ALLEZ VIENS !!! POURQUOI TU VIENS PAS ? Pourquoi tu m'as pas appelée ? Purée mais j'aurais pu faire quelque chose !!! J'suis trop une amie bidon ! Ca va être qui maintenant ma super-coloc si t'es plus là... J'AI PASSE TROIS MOIS AVEC TOI TU POURRAIS TENIR COMPTE DE CE QUE JE DIS NON ?! REVIENS !!! REVIENS !!! ALLEEEEEZ !!! Purée... Mais ... Mais tout à l'heure on s'amusait bien ... On a même pris des photos ensemble tu te rappelles ? T'auras même pas pu les voir ! T'es dégueulasse ! T'avais pas à me quitter comme ça ! C'est dégueulasse ! S'te plait reviens... on a encore une blague foirée à rattraper."

Tout le long de ses paroles, Laura avait versé des larmes par centaines et elle recommençait à sangloter en repensant à tous les bons moments passés avec sa colocataire et tout ce qu'elle ne pourrait pas faire avec elle. Elle qui avait supporté ses crises, elle la connaissait si mal finalement... Elle aurait du mieux la connaître ! Elle aurait du la sauver... Elle suffoquait à présent, tout en tentant de se calmer, elle s'énervait encore plus, prenant la neige à pleines mains et la balançant de toutes ses forces contre le mur. Puis elle poussa un hurlement digne des plus grandes chanteuses de métal pré-adolescentes, suivi d'un autre tout aussi déchirant. La gorge en feu, n'allant toujours pas mieux, elle se laissa tomber à la renverse sur la neige. Elle n'avait plus qu'à se laisser mourir... Elle ferma les yeux mais ne parvint pas ni à s'endormir, ni à perdre conscience, ni quoi que ce soit qui aurait pu lui apporter la paix. Au lieu de ça, elle se mit à trembler de froid et peut-être par déprime aussi...

Non. Ca ne pouvait pas se passer ainsi. Déjà elle allait trouver l'élève ou le prof qui avait fait ça et lui faire payer. Si c'était un élève, elle allait trouver le prof qui l'avait forcé à faire ça et lui faire payer. Puis elle allait trouver qui était derrière tout ça, et lui faire payer.

"On a pas le droit de nous faire souffrir comme ça." chuchota-t-elle à défaut de pouvoir crier.

Tout d'un coup, comme si le mot souffrir était directement assimilé à un prénom bien connu, elle repensa à sa dispute avec celle qu'elle avait considéré pendant plusieurs mois comme sa meilleure amie. Elle ne pouvait pas la laisser là toute seule ! S'il lui arrivait n'importe quoi... elle se le reprocherait ! Comme elle culpabilisait déjà pour Luna... Elle recommença à pleurer doucement.

"Jess..." appela-t-elle toujours de sa faible voix.

Elle savait qu'elle était là, elle l'avait vue. Un peu de courage. Elle devait se lever. Même si son amie était avec Fabrisio... Avec difficulté, elle se redressa et fit bouger ses doigts immobiles à cause du froid. Elle ramassa ses affaires et se força à crier d'une voix horriblement cassée :

"JEEEEEEESS !!!"

Elle se racla la gorge mais ne put pas recommencer. Alors elle marcha jusqu'à elle :

"Je... reste. Je voulais que tu le saches.... veux pas te laisser tomber...."

Hangar
Sahari avait suivi Laura dehors sans trop savoir ce qu'elle devait faire. Elle l'avait laissée hurler contre le mur, se tenant à l'écart et encaissant les coups. Elle qui était une adulte avait de la difficulté encore à accepter la mort des gens qu'elle appréciait, alors elle ne pouvait que comprendre l'importance du désarroi de Laura. Elle resta là, à l'observer, son esprit maternel germant au fond d'elle. Elle ne désirait que prendre l'enfant dans ses bras et lui dire qu'il ne lui arriverait plus le moindre malheur mais... on ne fait pas de promesses qu'on ne peut tenir. Et puis si Laura l'avait repoussée une fois, pourquoi pas une deuxième?

Lorsque Laura se laissa tomber dans la neige, Sahari s'approcha doucement, comme d'une bête blessée qu'on ne veut pas effrayer pour qu'elle ne nous saute pas au cou, et sursauta lorsque la petite fille rugit le nom de sa meilleure amie. Et là, Sahari augmenta l'allure, mais Laura décida à ce moment de se lever et de se diriger vers Jess. Et Sahari interrompit son mouvement, préférant laisser les demoiselles arranger les choses ensemble. Mais elle les observait, au cas où on aurait besoin d'elle.

Hangar Jardin

Il ne les trouva pas en chemin et c’est avec un pas absent que le jeune homme se rendit au jardin. Ephram, les mains dans les poches parcourut l’Institut, du moins fit attention là où il mettait les pieds encore une fois et repassa par le Hall. Il s’y arrêta un moment posant sa tête contre un pan de mur en réfléchissant. Depuis qu’il avait revu le professeur Fouba, un sentiment inexplicable était né en lui. Une sorte de joie peut-être de voir enfin un adulte, un de leur professeur, là pour eux. Il l’avait compris lorsqu’elle avait parlée qu’elle était à nouveau opérationnelle pour les aider. Bien sur, cette partie de lui qui repensait à l’attaque ne savait pas trop où se mettre, mais pour le moment il ne fallait plus regarder en arrière, mais bien avancer pour comprendre le fin fond de l’histoire.

Il ne vit donc pas une Laura déchainée au loin, mais une jeune fille effondrée dans les bras d’une amie. Sahari se tenait à l’écart et les pas de l’australien, étaient hésitants, mais il avança tout de même à pas feutrés dans la neige. Il ressentit immédiatement le froid, mais tenta de le faire refluer. Il avait d’autres choses à penser. Sa veste suffisait tout juste à maintenir à l’intérieur une température qui ne le perturbait pas trop. Le jeune homme arriva bientôt près de la prof, lui faisant un léger signe de la main. Ephram ne savait pas trop s’il fallait sourire, ni quel autre sentiment laisser apparaître sur son visage parfois encore enfantin. Il décida donc de laisser filer les choses et écrivit.

Ephram a écrit:
« Je suis Ephram Paye. Comment allez-vous après … cette simulation ? »

Il tendit le papier à Sahari. L’australien n’avait pas mentionné l’attaque, il ne voulait plus revenir pour le moment sur l’attaque, surtout qu’il se trouvait en sa présence. Il ne voulait pas non plus paraître impoli ou même provocateur comme Alec. Ce n’était pas son intention. Elle devait être aussi mal que les élèves, d’avoir était possédée de la sorte. Son regard repartit vers Laura, puis revint sur Sahari et il eu un léger sourire compatissant. A vrai dire il avait tout de même un peu de mal à la regarder dans les yeux, mais il se força, lui n’aimait pas qu’on détourne les yeux, alors il appliquait ce qu’il disait.

Infirmerie

Math marchait dans la neige. Les bras croisés, serrant son ventre. Le dos courbé, la tête baissée. Il avait froid, mais ses sombres pensés lui faisait oublié la température du dehors. Il avait beau retourné la situation dans tous les sens il avait un désagréable sentiment de culpabilité vis à vis de Kieran. Mais il n'arrivait pas à trouvé sa faute. Mais en cherchant bien il se rendit compte que ce n'était pas envers Kieran qu'allait sa culpabilité, mais envers Lyu. Il n'avait jamais éprouvé autre chose que du dégout et sans doute de la jalousie envers l'asiatique, et maintenant qu'il était partit Math regrettait les mauvaise pensé qu'il avait eu pour lui. Math se posait une question. Et si ça avait été lui qui y était passé ? Il imaginait sa tombe, la pierre et l'épitaphe qui l'ornait.

Math ne savait pas combien de temps il avait cogité, mais il leva un instant la tête. Il vit plusieurs élèves au dehors dont Jade qui semblait se diriger vers l'intérieur du bâtiment. Peut être pouvait il racheter son âme en présentent ses condoléance à la belle ? L'adolescent se frotta les bras pour se donner une contenance et se dirigea vers l'intérieur du Manoir. Il n'avait pas la conscience tranquille. Peut être qu'en allant voir Jade celle-ci l'aiderait un petit peu et vis versa. Peut être que Math pouvait faire passer plus doucement, juste un instant, la mort de Lyu...

Salles de classes

Resté à l'écart, Fabrisio avait vu chacun des élèves quittaient peu à peu les jardins.
Sans doute faisait-il trop froid pour eux. Pour Fabrisio en revanche, il se sentait à l'aise. Etait-ce son pouvoir qui le mettait à l'abri ou, inconsciement, la peur de rentrer dans l'Institut et de se rappeler ce qui s'y était passé ... il ne voulait pas y songer.
Il ne pu d'ailleurs pas avec l'arrivée de Laura et sa crise. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre la raison de ce trouble. La pauvre fillette semblait vraiment être affectée pour cette histoire. L'italien s'en voulu de rester prostré alors que des plus jeunes étaient eux aussi affectés.
Lorsqu'il vit un des professeur arriver, il eut un bref instant de panique. Il ne connaissait que très peu l'enseignant en question et se demanda si elle aussi avait été brutale. Sans doute. Mais on leur avait assuré que tout était redevenu calme.
Aussi s'approcha-t-il de Sahari d'un pas hésitant.

- Scusi, commença-t-il vous pensez que ça va aller pour Laura ? Les derniers événements ont l'air de l'avoir beaucoup touché. Est-ce qu'on peut faire quelque chose pour elle ?

Fabrisio s'arrêta un instant, observant Laura puis, se tournant vers Sahari, sa voix devint plus ferme, plus décidée.

- savez-vous ce qui va se passer maintenant ? Est-ce qu'une mission est prévue pour répondre à cette attaque ?

Jessica sursauta en voyant Olivier se redresser pour suivre Jen qui partait, plus motivée que jamais. La jeune fille n’avait pas vu le professeur inconscient, et le voir ainsi brutalement lui fit revivre la scène de quelques heures seulement auparavant, celle ou il y avait eu du sang partout, du sang grisé, métallique, celui de Myou. Non rien n’allait plus. Ce que Jade dit ensuite, comme quoi c’était les profs qui avaient été touché et pas les autres, Jess aurait voulu y répondre. Sauf que la jeune fille était déjà repartie, suivant le mouvement vers les salles de classe ou tout semblait commencé à s’organiser pour mener une contre offensive et des missions de sauvetage. La situation était bien compliquée... Elle dit quand même, plus pour elle même que pour les personnes présentes, ce qui lui passait par la tête, des fois que ça intéresse quelqu’un.

« S’ils ont contrôlé les profs et pas les élèves, c’est parce qu’ils sont les plus puissants et font plus de dégât... En plus c’est les seules qui auraient compris tout de suite ce qu’ils se passaient, ç’aurait été trop facile pour eux de neutraliser des mutants comme nous... Et même en cas d’échec, ils étaient sur de ce qu’ils allaient provoquer. C’est vrai quoi! Nous on reste, mais ils ont dû se dire que jamais il resterait des élèves pour rester avec des profs fou à lier! »

Elle s’apprêtait à reprendre pied complètement dans la réalité, à relâcher tout ce qu’elle avait en elle, lorsque Laura intervint. Elle entendit des cris, se leva, fit quelques pas dans la neige hors du sauna qui commençait déjà à refroidir sans Jen pour l’alimenter en chaleur, et vit Laura qui avançait vers elle. Son propre prénom résonna à ses oreilles. Qu’est-ce qu’elle avait ? Elle semblait aller de plus en plus mal... et pourtant, elle déclara rester ici. Pour elle.

Jess ouvrit les bras pour recevoir son amie, oubliant toute leur discussion précédente. Pourquoi avait-elle changé d’avis, finalement ? Elle n’en savait rien, mais ne voulait plus se disputer avec elle. Mais elle savait très bien que, malgré ses efforts, leurs deux caractères étaient toujours opposés, et qu’elles n’avaient pour ainsi dire jamais les mêmes envies. Et pourtant elles étaient amies... aller savoir pourquoi deux personnes si différentes restent toujours ensemble.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi t’as changé d’avis ? Tu voulais partir pourtant... »

Une fois de plus, n’ayant pu relâcher la pression, sa voix était calme, trop calme. Et pourtant elle était contente de la décision de la jeune fille. Par dessus son épaule, Jessica vit Sahari qui observait Laura. Mais la femme fut bientôt interrogé par les paroles silencieuses d’Ephram, bientôt rejoint par Fabrisio. Jess se sentait rassuré par leur présence à tous les trois, non loin d’elles. Une autre jeune fille arriva, déclarant se porter volontaire pour une éventuelle mission. Oui, il fallait réagir.

Jess attendit une réponse de Laura, puis l’entraîna doucement vers le petit groupe, un bras passé au dessus de ses épaules, refusant de la lâcher quoiqu’il arrive.

« Oui il faut faire quelques choses! Ils ont retrouvé Adam, ils pensent qu’il est dans l’Oregon, et peut-être aussi Carrie, en France. Je pense que leurs équipes vont se charger d’aller les retrouver... mais il y a sûrement à faire aussi avec ceux qui vous ont tous contrôlé! C’est pas possible que ça recommence et pour pas que ça se passe il n’y a qu’un moyen, faut pas attendre et aller les arrêter! Ils font des trucs tellement horribles pour nous empêcher de vivre...»

De nouveau, la colère prenait le dessus sur Jess. Elle ne lâchait toujours pas Laura, et semblait pourtant prête à agir pour que toutes ces atrocités cesse enfin. Même si, au fur et à mesure que le temps passait, elle avait l’impression qu’il s’agissait d’une guerre sans fin.

S'il y avait une chose à laquelle Sahari n'avait pas été habituée lors de sa vie de semi-ermite, et à laquelle elle était confrontée presque tous les jours, comme en ce moment, c'était de rassembler les foules et d'être constamment entourée d'élèves qui lui demandaient des conseils, un avis ou autre. Ça ne lui déplaisait pas, bien que ça la mette mal a l'aise et qu'elle ne se sente pas toujours sûre d'elle. Mais malgré tout, elle tentait d'afficher une aisance pour cacher cette insécurité. Aussi répondit-elle à Ephram alors que Fabrisio s'approchait. Bien qu'elle n'aimait pas le choix du dernier mot qu'il avait inscrit, elle n'en fit pas allusion.

"Oui, Ephram, je sais qui tu es..." Ce n'était pas parce qu'ils étaient discrets qu'elle ne connaissait pas ses élèves! "Je ne vais pas trop mal, surtout en comparaison à d'autres. Et toi?"

Ses pensées voguèrent en direction de l'infirmerie, alors que son regard tournait plutôt vers Laura, et Jess, dont le jeune italien s'enquit de l'état. Sahari fronça les sourcils : elle n'était pas psychologue et ne se fiait que sur les impressions que Laura et sa forte personnalité lui avaient données.

"Nous sommes tous affectés, ça c'est certain... et comme Laura est jeune, il est d'autant plus terrible qu'elle ait eu à vivre de tels événements. C'est une fille forte, je pense qu'elle s'en remettra, mais il vaut mieux lui montrer notre support."

Sa réponse était plutôt une réflexion à voix haute, et alors que Fabrisio lui posait une seconde question, Mina arriva derrière la professeur qui se retourna pour accueillir ses pensées. Elle aussi semblait prête à partir à l'assaut de leurs assaillants : inverser les rôles comme dans un jeu de dominé-dominant. Sahari lui offrit un sourire franc et fier, mais ne répondit pas immédiatement. Elle venait de remarquer que Jess et Laura s'approchaient elles aussi du groupe. Autant répondre aux cinq étudiants simultanément!

"Tu te souviens de ce que Cerebra a dit dans l'infirmerie, qu'une contre-attaque se préparait en salles de cours?" demanda Sahari en direction de Mina, avant de s'arrêter quelques instants : Cerebra venait de lui parler via son communicateur.
"Les équipes ont été formées et nous partirons demain matin. Il faudra voir avec vos camarades ou le directeur où vous irez, semblerait-il, puisque je n'ai pas eu plus de détails."

Elle afficha un sourire à Laura, espérant qu'elle ne serait pas envoyé dans une de ces missions qui promettait de lui faire voir de nouveau des horreurs... Elle ne savait pas si elle devait s'adresser ou non à la fillette, mais se dit qu'elle préférerait peut-être qu'on ne lui manifeste pas une trop grande attention, pour ne pas se sentir traitée comme un bébé.

Mina enrageait de ne pas être de la partie, vu que les équipes étaient deja constituées, au vu des déclarations du professeur Fouba. Tant pis pour elle.

Mais à la réfléxion, c'était normal, personne ne la connaissait. Elle ne faisait même pas encore reellement parti de l'institut, et ne savait pas qui était cette "CEREBRA" dont parlait le professeur.

Bien, elle allait donc visiter l'institut et essayer de trouver un coin pour dormir.

ailleurs dans l'institut

Devant l'Inuit, de nombreuses personnes étaient sorties de la petite cabane étrange au milieu du jardin. Elles s'étaient toutes dirigées vers l'institut. Yrianna était passée devant lui sans l'apercevoir. Laura était elle arrivée de l'intérieur et s'était mise à hurler contre un mur.

Kala avait commencé à s'avancer vers elle lorsqu'il aperçu la dame osseuse. Il les observa discuter, puis vit d'autres élèves s'approcher d'elles. Il préféré les laisser entre eux, ne sachant pas réellement comment arriver dans le groupe.

Il jeta un rapide coup d'œil autour de lui. Petit à petit, le jardin se vidait. Il n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait faire. Il décida donc de se rendre à l'infirmerie qui était au sous sol d'après ce qu'il avait entendu.

Infirmerie