EVENT : Le dancefloor

(Clair de lune en terrasse)

Alors qu'elle allait franchir la porte donnant sur l'intérieur de l'institut, Juliette fut dépassé par une Georgia qui, visiblement, avait su prendre sa propre décision Concernant la situation. Elle-même avait décidé de renoncer afin de ne pas lui imposer ce choix qu'elle savait bien cruel, libérant ainsi la jeune fille de sa promesse. Certes, la gothique romantique ne s'était pas privée d'un soupçon de morale, mais ce n'était pas un mal à son sens, bien au contraire.

Ramener ses fesses... Georgia manquait vraiment de féminité songea Juliette, dans tous les sens du terme. Mais elle était ainsi, et finalement ce n'était pas méchant... Dans sa bouche, on pouvait même dire que c'était très conviviale. Ravie de cette hardiesse opposée à la crise de jalousie déplacé de Camille, Juliette se tourna brièvement en direction de celle-ci et la regarda solitaire. Elle avait l'air abattue, désemparée... Sans doute, la gothique romantique aurait-elle du à ce moment la se dérober et conseiller à Georgia de retourner voir sa moitié autoritaire et possessive, à forte tendance schizophrène. Mais elle y renonça, jugeant que plaie d'humeur n'était pas mortelle et, que bien souvent, la peine et la tristesse rendait bien plus humble et raisonnable. La question était maintenant de savoir si Camille aurait assez de jugeote pour apprendre quelque chose de ce qu'il venait de se passer.

c'est donc sans regret, mais elle était Juliette après tout, le manque de sentiment devait surement être une chose que les gens lui accolait sans l'ombre d'une hésitation, qu'elle se désintéressa de l'éconduit et qu'elle dirigea ses pas en direction du foyer afin de rejoindre la première étape de son voyage initiatique en Georg'land... Une terre encore bien inconnue, bien que maintes fois observer de loin. De rtour dans le foyer, Juliette embrasa la salle du regard. Elle fut tout de suite attirée par deux chose... La première était Alixtide en train de ramper au sol, et très rapidement Juliette renonça à comprendre. Elle se dit que s'il se trainait ainsi, c'est qu'il avait certainement une bonne raison... Une raison typiquement alixtidienne, bien évidemment. Mais il n'était pas le seul à ramper sur la piste de danse... Il y avait aussi Daedalion, et la gothique romantique s'interrogea sur le pourquoi de cette attitude. Lorsqu'il s'accrocha à la jambe de Vincent et qu'il lui envoya une décharge, Juliette leva légèrement les yeux au ciel... Les garçons, toujours en train de faire les idiots dans les fêtes, pour se faire remarquer... C'était très enfantin, mais ne disait-on pas que les hommes restaient toujours des grands enfants..?

Finalement, elle se détourna de ces deux derniers, apercevant enfin Georgia sur la piste, solitaire. D'un pas fluide qui donnait l'impression qu'elle glissait plus qu'elle ne marchait, notamment du au fait que sa longue robe ne laissait rien entrevoir de ses escarpins vernis de ténèbres, Juliette se rapprocha de celle-ci en fendant la foule des danseurs. Une fois à quelques mètres d'elle, la gothique romantique lui sourit à nouveau généreusement et lui lança à travers le brouhaha musical, tout en lui tendant une main offerte :

"Que de péripéties ma chère... Est-ce que ta main va finalement emporter celle de ta cavalière..?"

Le propos était facétieux, et peut-être mal venue vu ce qu'il venait de se passer. Mais pour Juliette rien de tout ceci n'était grave et Georgia avait remonté un peu dans son estime en agissant de la sorte... Que Camille fasse la tête et aille bouder si elle le voulait, la jeune femme ne s'en sentirait absolument pas coupable...

Une poigne invisible le redressa subitement. D’un regard humide, il regarda tour à tour les personnes qui l’entouraient, puis, contraint par la honte, il se mit à fixer le sol. L’idée que l’on puisse encore le frapper le terrorisait. Il cacha rapidement sa manche couverte de vomi pour ne pas décevoir son professeur et, craignant une nouvelle humiliation publique, il n’osa prononcer un mot. Les choses avaient bien trop dégénéré, et il se savait responsable d’une telle escalade. « Ce que Lars affirme est vrai, dit-il d’une voix faiblarde, c’est ma faute…Encore et toujours ».

Il sentit ses jambes fébriles et son souffle douloureux. Il essaya de conquérir sa détresse en simulant un calme, une entreprise qui, malheureusement, échoua. D’une voix tremblante, il regarda son professeur référent. « Pas en publique Mlle Marcin, s’il vous plaît. Je vous attendrai devant votre bureau ». Sans attendre une réponse, il tourna les talons et partit en direction de la salle mentionnée. Il jeta juste un dernier regard à Vincent, déstabilisé par sa dernière réplique, il ne comprenait pas ce type, mais se surpris à penser que, peut-être, il finirait à l'apprécier.

Sans offrir de résistance à l’attraction de Georgia qui avait finalement glisser sa main dans celle dentelé de noire de la gothique romantique, Juliette se laissa attirer tout contre la personne de la jeune fille. L’espace d’un instant, elle avait vu son regard se perdre en direction de la scène, et elle fit de même. Juliette y vit Richard et Vadim, et elle s’en étonna très fortement… Elle avait pensé que ce concours était réservé aux élèves, mais apparemment elle avait fait erreur. Ne s’intéressant que très peu à ce genre de concours, la jeune femme ne compris pas vraiment le numéro des deux professeurs. Mais en croisant le regard émerveillé de sa cavalière d’un soir, il était évident que ce dernier lui était des plus plaisant. Juliette ne s’amusait-elle plus de rien.. ? Ma foi, c’était une hypothèse fort probable, tout au moins pour ce qui était des distractions les plus communes. Ou peut-être, s’en était-elle elle-même exclus, sans vraiment s’en rendre compte… Qui pouvait savoir en fin de compte.. ? Lorsque Georgia la taquina quelque peu avec son interrogation à mi chemin entre la facétie et une certaine provocation, Juliette lui sourit doucement tandis que un éclair de malice scintilla brièvement dans son regard clairsemé de ce bleu tellement profond et cristallin que l’on pourrait s’y perdre en quelques instants.

‘’Peut-être… Un peu de plaisir, qu’en dis-tu ma chère beauté végétale.. ?’’

Une référence à la nature même de sa robe, sans doute bien trop peu subtile, mais qu’importe… Juliette se sentait joueuse après ce qu’il venait de se passer à l’extérieur. Comme pour ajouter à son propos, la gothique romantique fit délicatement glisser sa main droite le long de la taille de Georgia en une caresse avouée, avant de venir se positionner au creux de ses reins. Elle y exerça alors une pression douce mais ferme, et rapprocha encore un peu plus le corps de la jeune fille du sien, en une proximité des plus intime, tandis que sa main gauche caressa celle de la New Yorkaise afin de l’emprisonner dans un carcan de dentelle soyeuse. Juliette ne prêta que très peu d’attention aux suites du conflit qui avait éclaté entre quelques-uns des garçons en son absence, et que Carrie, fidèle à elle-même, venait de régler de par sa seule présence. Sa priorité était de danser avec l’apprentie anarchiste qui se voulait visiblement taquine envers elle, mais ce qu’elle ignorait c’était que Juliette était aussi terriblement facétieuse en dépit de la retenue des plus apparente qu’elle affichait chaque jour. La gothique romantique entraîna alors Georgia dans une danse lente et chaloupée, sans réellement tenir compte de la musique. Il fallait dire que Juliette, pareillement à son mode vestimentaire, avait une nette préférence pour ces danse qu’elle considérait comme gracieuse et élégante, bien loin de celles, plus modernes, ou il fallait absolument se déhancher dans tous les sens pour dire que l’on dansait… Non, pour la gothique romantique la danse c’était tout autre chose de plus beau, de plus agréable au regard… La danse était un art, et non pas une suite de mouvements totalement désordonnés et sans beauté. L’espace d’un instant, le regard de Juliette tomba sur Cassandre… La douce et belle Cassandre… Avec elle aussi, elle dansera… Une danse merveilleuse et passionnée, qu’elle partagerons rien que toutes les deux.

Mais pour l’instant elle se devait de faire honneur à sa cavalière du moment, et Juliette plongea alors son regard dans le sien en un immobilisme des plus dérangeant, tant l’insistance se faisait ressentir dans un silence troublant. Un silence, que Georgia brisa d’elle-même en lui parlant de Ken et de son départ… Elle s’amusa de son propos dans un éclat de rire bref et musical, et lui répondit :

‘’Alors sans doute, faudra-t-il recommencer encore une fois afin de lui en faire la preuve, ne crois-tu pas.. ?’’

Depuis sa séparation d’avec feu les JustiX, Juliette n’avait eu que peu d’occasion de communiquer sérieusement avec le leader de son ancienne équipe. Il avait sans doute bien trop à faire, avec la nouvelle mouture de l’équipe de Carrie dont il était rester la tête dirigeante. La gothique trouvait cela un peu dommage vu la qualité sans cesse amélioré de leur rapport initial difficile, mais c’était bien souvent ainsi… Les responsabilités séparaient les gens. Juliette sentit Georgia tenter de se blottir encore un peu plus contre sa personne et, comme pour appuyer sa tentative de rapprochement, elle-même resserra encore un peu plus délicatement son étreinte sur la courbure de ses reins, afin de la plaquer encore un peu plus contre son propre corps. Leur intimité devenait de plus en plus étroite, mais la nature de Juliette étant ce qu’elle est, ce n’était nullement une gène pour elle de se voir ainsi côtoyer au plus près une demoiselle. La situation pourrait sans doute paraître quelque peu tendancieuse, sachant que jamais encore la gothique romantique n’avait parlé à qui que ce soit de sa relation vis-à-vis des sexes, mais peu lui importait… Et puis… Le doute était une chose tellement amusante, que l’entretenir était presque un plaisir.

Georgia commença ensuite à énumérer toutes les choses qui les séparait. Une bien étrange manière de créer un rapprochement selon Juliette, mais il fallait bien convenir de la réalité de ces différences flagrantes entre elles. Toutefois, et même si elles n’en laissa rien paraître, Juliette apprécia le fait que Georgia l’aime bien. Elle-même ne la détestait pas en dépit de ce que la jeune fille pouvait sans douter en penser, en dépit de son comportement faussement rebelle qui finissait toujours par redevenir poussière sous le pas de l’autorité institutionnelle. Juliette lui sourit, une fois de plus, plus ou moins clairement attendrit par cet aveu venu du fond du cœur. Déposant sa ténébreuse chevelure contre la tête d’une Georgia blottit tout contre sa poitrine offerte, Juliette lui répondit d’une voix adoucit :

‘’Il est vrai que nous sommes très différente, mais… Qui sait… Tu as déjà accepté mon châle, alors peut-être que tu accepteras encore un peu plus venant de moi à l’avenir… La chrysalide prends tous le temps qui lui est nécessaire pour grandir, mais jamais elle ne reste emprisonnée dans son cocon protecteur… Et toi Georgia, resteras-tu chrysalide, ou bien deviendras-tu un magnifique papillon, resplendissant de beauté dans un ciel sans limite.. ?’’

Puis Juliette se tut, tout simplement… Elle continua d’entraîner la jeune fille au regard désormais clos au rythme de sa propre musique, se perdant finalement dans ce moment d’intimité qu’elle n’avait plus connu depuis son arrivée à l’institut. Camille et sa crise évidente de jalousie lui était déjà sortit de l’esprit, et de doute façon elle n’y attachait définitivement aucune importe de quelle que nature que ce soit.