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[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 Empty Re: [Rockford] La nuit, tous les chats sont gris

Sam 4 Juil 2009 - 4:00
Ève fusilla Thomas du regard mais ne dit rien. L'avocate serrait ses petits poings bien contre elle, cherchant désespérément un truc cinglant à dire... Mais avant que la fourberie verbale ne vienne à Ève, cette dernière passa à autre chose. Thomas remarqua qu'elle haussa le sourcil alors que Miko fondait à nouveau en larmes. L'avocate eut un petit rire porcin et commenta sur un ton qui trahissait un grand amusement :

"Les jolies filles ne sont pas celles que l'on croit, p'tit gars... Mais si TomTom veut épouser celle-là, il devra faire beaucoup de concessions..."

Quant à la petite asiatique, elle tenta de se calmer et entre deux sanglots s'expliqua :

"Je ne suis pas jolie. Je ne suis plus jolie. Tu es gentil Thomas mais tu ne me comprends pas. Parce que tu me verrais telle que je suis réellement, tu me haïrais ! Comme tous les autres ! Comme mon papa pour qui je ne suis plus sa fille chérie mais... Mais..."

Elle cherchait avec difficulté ses mots.

"Une chose !" finit-elle péniblement.

"Au moins là dessus on est d'accord, gamine" répliqua sèchement Ève. "Maintenant il ne nous reste plus qu'à savoir comment on t'attrape, comment se débarrasser du bouffon et du mioche sans laisser de traces et t'amener au lieu de livraison où tu verras des gens qui t'apprécieront à ta juste valeur"

Miko s'indigna. Lançant un regard noir avec ses grands yeux.

"Mais JE NE VOUS SUIVRAI JAMAIS" cria-t-elle. "Vous êtes mauvaise !"

Elle prit une grande inspiration et répondit à nouveau à Thomas.

"Je sais pour l'école... Mon père m'en avait parlé... Et il m'a dit que MÊME les sales mutants voudraient pas de moi. Et que le mieux à faire c'était de me jeter sous un train. Mais aujourd'hui il est différent..."

Marquant une légère pause pour réfléchir et trouver ses mots, elle reprit son souffle. La gamine était perturbée.

Puis d'un coup elle saisit la main de Thomas et l'entraîna dans une ruelle un peu à l'écart. Ève suivit les deux adolescents d'un pas tranquille. Visiblement l'esprit de Miko était pour elle comme une sorte de balise GPS.

Une fois à l'écart de la grande rue et après avoir vérifié que personne d'autre ne les suivait, Miko chuchota à Thomas et à son acolyte.

"Vérifiez juste qu'il n'y a personne qui vient. Et comme ça vous verrez qui je suis réellement"

Elle commença à dégrafer son chemisier. En cours d'exercice, elle se retourna, et montra son dos nu à Thomas et Eve.

[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 C95w6al9


Une masse noire, purulente et franchement dégoutante se trouvait sur le dos de Miko. Pire même ! Quatre "tiges" poilues et jaunâtre partaient de cette masse ! L'horreur absolue étant qu'elles bougeaient lentement, comme suivant le rythme de la respiration de la jeune fille. Le tout dégageait une forte odeur acre très déplaisante. La peau du dos de Miko était pourrie. Et des lésions qui semblaient récentes indiquaient que c'était évolutif.

"Voilà, je suis une chose..." termina-t-elle d'une drôle de voix, mélange de peur et de honte...
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[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 Empty Re: [Rockford] La nuit, tous les chats sont gris

Sam 4 Juil 2009 - 20:46
Thomas ignora consciemment la remarque d’Eve. De toute façon, il n’aurait pas su quoi lui répondre, et maintenant que Miko s’était mise à pleurer, il ne tenait pas à se disputer avec l’avocate et laisser la fillette seule. Par contre, ça, c’était un truc qu’il ne comprendrait jamais : pourquoi, dès qu’un garçon se montrait gentil avec une fille, y avait-il forcément de l’amour dans l’air ? Pourquoi ? L’amitié, ça existait, non ? Miko était gentille, adorable, et Thomas voulait juste l’aider, parce qu’il était gentil. Point. Ca n’allait pas plus loin ! Mais expliquer ça à l’avocate aurait mis du temps, aussi Thomas l’ignora-t-il superbement, préférant s’occuper de la fillette qui bredouillait quelques explications. Alors que le jeune mutant lui tendait un mouchoir en papier maladroitement tiré de la poche de son blouson, l’avocate prit la parole à son tour, persiflant sur le fait que la petite était, comme elle le disait si bien, une chose.
Mais il s’avéra que la gamine n’avait pas tout le temps besoin de Thomas pour jouer les protecteurs : elle hurla à l’adresse d’Eve, avant de se retourner, calmée, vers l’enfant qui n’avait pas ouvert la bouche durant l’échange. Il avait deux sœurs, et il savait d’expérience qu’on n’interrompt pas deux filles qui se cherchent- des noises. Ca risquait toujours de se retourner contre vous ! Quoi qu’il en soit, Miko lui révéla qu’elle aussi avait entendu parler de l’école, mais son père… pourquoi tout était différent, subitement ? Le petit ne put s’empêcher de considérer avec méfiance le changement des sentiments du père de la fillette. Cela ne lui disait rien qui vaille, franchement ! Et avec Eve qui commençait déjà à se demander comment se débarrasser de Kent et lui… non, c’était trop de coïncidences, et les coïncidences, ça n’existait pas.

Mais avant que Thomas n’ouvre la bouche pour aborder le sujet, Miko le prit par la main et l’entraîna dans une ruelle. Le contact de la petite était chaud et rassurant, et l’enfant se sentit rougir. Il rougit encore plus, d’ailleurs, quand sa nouvelle amie commença à déboutonner son chemisier, même s’il ne voyait pas trop où elle voulait en venir par là. Eve les rejoignit, et le mutant baissa vivement la tête pour cacher la rougeur de ses joues. IL ne manquait plus qu’Eve s’en aperçoive et se moque de lui ! Il n’allait pas lui tendre une perche, ça, sûrement pas !
Mais Miko se retourna, et le petit comprit où elle voulait en venir : leur montrer en quoi elle était différente, en quoi elle était une chose… et pourquoi les autres disaient toutes ces horreurs sur elle. Elle acheva de se déshabiller, et Thomas ne put retenir un hoquet de stupéfaction, et un pas en arrière. Heureusement que Miko était de dos, ainsi, elle n’avait pas pu surprendre sa réaction… le petit l’espérait ! Car ce qu’il avait sous les yeux incitait franchement à prendre ses distances : c’était... répugnant, il fallait bien l’avouer. De là où il était, le petit croyait voir qu’une bestiole affreuse s’était posé sur le dos de l’enfant, s’ancrant dans sa chair comme si elle était chez elle. Quatre tiges, ou bras, ou choses partaient de la masse noire de la « bête », respirant au même rythme que la propriétaire originelle du corps. En plus, une odeur âcre et désagréable s’élevait de la chair en putréfaction de la jeune fille, là où la chose semblait prendre ses marques. C’était franchement peu ragoûtant, et Thomas comprenait mieux ce que disait Miko, maintenant.

Cependant, il y avait une chose que Miko, elle, n’avait pas comprise. Thomas était un enfant, et il avait un cœur en or. Souvent, les enfants ont beaucoup moins de préjugés que les adultes : ils sont plus malléables, plus compréhensif aussi. Certes, ils peuvent se montrer particulièrement tyranniques et odieux les uns envers les autres, mais Thomas était une crème. Et, surtout, il était empathe. La détresse ressentit par Miko, tout à l’heure, il ne l’avait pas oubliée. Et, tous ces éléments mis bout à bout faisaient que, malgré l’étrange chose qui ornait le dos de la jeune fille, le petit ne s’enfuirait pas. C’est vrai que cette chose le terrifiait, le répugnait surtout, mais il voyait à travers elle et, à travers, il y avait une fillette qui avait désespérément besoin de son aide, et de son amitié.
Passant outre sa répugnance, Thomas fit un pas en avant, observant avec attention ce que Miko avait dévoilée. Puis il prit la parole, demandant d’une petite voix.

"Et…ça te fait mal ? Quand ça bouge, je veux dire ? Ca te permet de faire des trucs en plus ?
Tu sais, ce n’est pas si affreux que ça en a l’air. Et puis, y’a des mutants qui sont même bleus, à ce qu’il parait"


Bon, le savoir de Thomas concernant les mutants n’était pas énorme, loin de là, mais il fallait qu’il rassure la petite. Elle avait un énorme besoin d’être rassurée sur ce qu’il ressentait, il le devinait.

"T’es pas une chose, c’est vrai. Et moi, je te trouve toujours aussi jolie."

Il avait mis dans sa voix toute la conviction qu’il était capable de mettre et de faire entendre, mais il craignait qu’Eve, à ses côtés, n’émette quelques paroles désagréables. Il lui darda un regard noir, espérant la dissuader d’exprimer tout commentaire.
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[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 Empty Re: [Rockford] La nuit, tous les chats sont gris

Dim 5 Juil 2009 - 3:53
Miko se moucha à nouveau dans le mouchoir de Thomas. Reniflant de manière grotesque, la petite fille entreprit de se rhabiller. Les tiges qui s'avéraient être, à la réflexion, les pattes de la bien vilaine chose qui lui poussait dans le dos, se recroquevillèrent au contact du tissu du chemisier. Comme s'il existait pour l'heure un accord tacite entre Miko et la masse noire répugnante pour une coexistence à peu près viable.

"Tu es gentil" gémit la gamine. "Mais c'est de pire en pire. Les pattes c'est récent. Je n'ose pas trop y toucher, je ne veux pas d'un médecin voit ça, je veux..."

Nouveaux sanglots dans la voix fluette de la gamine...

"Je veux juste être comme les autres. Comme avant"

Ève ricana légèrement. Visiblement, cette dernière s'accommodait parfaitement de sa qualité de mutante.

"Ça ne me fait pas mal. C'est juste désagréable. Comme si mon corps ne m'appartenait plus. Comme si j'étais en train de devenir une autre que moi. J'ai peur..."

Elle se retourna, entièrement habillée.

"J'ai des désirs qui ne m'appartiennent pas. Je mange de plus en plus mais je ne grossis pas. Je suis comme déconnectée d'avec mon corps. Qu'est ce que je vais devenir, Thomas ?"

Alors que la gamine se lamentait sur son triste sort, Ève claqua des doigts et afficha un sourire satisfait.

"Je sais quel jour on est. Enfin... Je le savais déjà. Mais je sais ce que le père de la chose veut lui proposer. Mon employeur, le Cabinet Lange & Manners, a envoyé un courrier aux géniteurs de cette horreur pour leur proposer de les en débarrasser moyennant finances..."

L'avocate s'approcha des deux enfants, avec un sourire mauvais...

"Mais maintenant ça suffit. J'ai perdu trop de temps. Je vais d'abord effacer ses souvenirs récents à la mioche... Puis je te maitriserai petit homme, physiquement bien sur... Tu es immunisé contre mes pouvoirs mais je ne suis pas démunie. Puis je te ramènerai, toi la créature, pour accomplir ma mission..."

Thomas remarqua alors que la jeune femme s'avançait vers eux que le fond de la ruelle changeait sous ses yeux. Le mur de briques qui bouchait l'allée devenait petit à petit translucide, laissant deviner le même décor que lors de leur rencontre dans l'espace avec l'homme étrange... Miko, quant à elle, ne sembla pas remarquer la transformation des lieux... Mais peut être était ce qu'elle était terrorisée par Ève ?
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[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 Empty Re: [Rockford] La nuit, tous les chats sont gris

Dim 5 Juil 2009 - 14:30
Les paroles amicales de Thomas ne suffisaient pas à la rassurer, malheureusement, et Miko gémissait tout haut sur son sort. Le petit comprenait, dans un sens : lui, il était peut-être mutant, mais cela ne se voyait pas, alors que la fillette, elle, aurait porté un panneau annonçant sa mutation que cela n’aurait pas été pire !Eve ricana méchamment tandis que la petite répondait à sa question : cela ne lui faisait pas mal, heureusement, mais elle avait de moins en moins l’impression d’être la seule à contrôler son corps, et ressentait des désirs qui, sans nul doute, appartenait à l’espèce de parasite qui prenait vie sur elle. Le jeune mutant frémit à l’idée de ce qu’elle devait ressentir : ne plus pouvoir se contrôler, cela devait être si étrange qu’il avait même du mal à l’imaginer.
Mais quand Miko se retourna, entièrement rhabiller, en lui demandant ce qu’elle allait devenir, Thomas n’hésita pas : à nouveau, il prit la main de sa camarade, et la regarda bien droit dans les yeux pour lui répondre avec franchise.

"Je ne sais pas. Mais mes parents sauront, ou Kent, peut-être. En attendant, ils pourront nous emmener à cet institut pour les mutants, et peut-être que de là, quelqu’un pourra t’aider. Moi en tout cas, je ne te laisserais pas changer, et personne ne te fera du mal, c’est promis !"

Thomas avait une confiance énorme en ses parents, et il était persuadé qu’ils pourraient faire quelque chose, même si cela n’était que leur donner de l’argent et les laisser partir pour cette école de mutants. Oui, ses parents étaient tout à fait aptes à gérer cette situation que thomas ne savait pas trop comment gérer lui-même. Après tout, les parents soutenaient leurs enfants… et ils n’avaient pas voulu l’écarter quand le petit avait découvert ses pouvoirs. Eux sauraient… s’il arrivait à les joindre.
Eve choisit ce moment pour intervenir, se rappelant subitement quelque chose. Au fur et à mesure qu’elle parlait, Thomas sentit la fureur glacer son cœur. Bon, peut-être que le père de Miko ne savait pas à qui il confiait sa fille, peut-être que… mais cela lui semblait simple, pourtant. Son père voulait se débarrasser d’elle, tout ça parce qu’elle était mutante ! La vendre à un groupe de… de forcenés qui lui ferait du mal ! Il jeta un regard désolé à la fillette, et serra plus fort sa main quand l’avocate commença à se rapprocher.
Ce qu’il craignait depuis l’annonce qu’Eve serait son adversaire était sur le point de se réaliser : il savait que l’avocate était immunisée contre ses pouvoirs, mais qu’elle le surclassait largement sur le plan physique. Elle n’avait beau pas être une fille balèze, lui, il n’était qu’un gosse, et cela faisait un sacré avantage pour la femme. Elle comptait effacer les souvenirs de Miko et le liquider, hein ? Et bien, il ne la laisserait pas faire !

L’enfant la regarda avec défiance, sans lâcher la main de la jeune asiatique qui semblait paralyser. Par peur, ou par autre chose ? Quoi qu’il en soit, Thomas affichait un air bravache qu’il était loin de ressentir : il mourrait de peur. Pas pour lui, mais pour ce qu’il allait arriver à la jeune fille dont il serrait la main, et pour la déception qu’il lirait sur le visage de Kent et pour… et pour n’avoir pas su défendre sa nouvelle amie. L’enfant analysa rapidement les possibilités qui s’offraient à lui : il n’y en avait pas des masses. Tenir tête à Eve était impossible, et seul restait la fuite. C4est à cet instant que l’enfant remarque que le muret, dans le fond de la ruelle, commençait à disparaître, laissant la place à un vide immense qui lui rappelait l’endroit qu’il venait de quitter : l’espace, ou l’illusion de l’univers, et l’être étrange qui les avait accueilli dans la grotte. Thomas sentit l’espoir se gonfler dans son cœur : peut-être qui finalement, il y avait une solution ! Il fallait juste espérer qu’Eve ne les empêche pas de passer, mais le petit comptait sur le fait que l’avocate soit sûre de son fait, et ne fasse que ricaner davantage en les voyait s’enfuir, non vers la rue, mais vers le fond de la ruelle. Pourvu, pourvu que Thomas ne se soit pas trompé !

"VIENS, COURS !"

Cria le mutant en entraînant par la main son amie, vers le fond de la ruelle. Il songea furtivement que si Miko lui résistait, il ne pourrait pas mettre son plan à exécution, mais il espérait qu’elle lui ferait assez confiance pour se libérer de l’emprise hypnotique d’Eve.
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[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 Empty Re: [Rockford] La nuit, tous les chats sont gris

Lun 6 Juil 2009 - 1:57
Miko hurla de terreur en voyant la haine dans l'œil d'Ève. Sa main inerte dans celle de Thomas, elle se laissa traîner en avant.

L'avocate, pourtant, n'allait pas se laisser faire ainsi. Découvrant, l'issue de secours inespérée qui s'offrait aux deux enfants, elle se mit à courir elle aussi... Les petites jambes de Thomas contre les gambettes en forme de bottes de 7 lieues de la femme : le combat était inégal. Et chaque mètre que Thomas dévorait avec sa compagne d'infortune était autant de mètre de perdu sur Ève. Finalement presque au même instant, les 3 mutants franchirent le seuil du passage...

Flash lumineux. Perte de repères. Thomas était une fois de plus tombé dans le trou du lapin blanc ! Il ne sentait plus la main moite de Miko et n'entendait plus les jurons de l'avocate. C'était même à se demander s'il avait encore des oreilles ou des yeux... Et s'il avait voulu crier, il n'aurait pu ouvrir sa bouche ! Seules les ténèbres s'offraient à lui : compactes, uniformes, épaisses... Le passé s'était dérobé sous ses pieds, il avait été arraché au présent et l'avenir se présentait sous de terribles auspices...

*
**


Quand la sensation fut à nouveau. Et que la lumière réapparut. Thomas était allongé sur une froide dalle de béton. Le plafond d'une sorte d'usine désaffectée ou d'un hangar s'offrait à ses yeux. Où était-il ?

Le cliquetis d'un fusil que l'on armait fit sursauter le jeune garçon. Tournant la tête, il vit, qu'une fois de plus, il n'était pas seul.

[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 Mentalist4


Les trois individus avaient l'air plutôt surpris de sa présence ici, par terre. La femme pointa son fusil mitrailleur sur le jeune Thomas. Son air était déterminé et sa visée assurée.

Le gros type derrière elle pointa un fusil encore plus gros dans une autre direction : quand Thomas tourna le regard pour voir la cible, il put constater qu'il s'agissait d'Ève, installée dans la même position que le jeune mutant.

Finalement, le dernier homme prit la parole en dégainant un imposant révolver qu'il garda à bout de bras, sans viser qui que ce soit.

"Charlie, Moses, tout doux..."

Sa voix était douce en dépit de l'expression de dureté qui émanait de son visage, visiblement travaillé par les épreuves.

"Charlie, je ne les "sens" pas ces deux là. Essaye de scanner leurs pensées, pour me dire s'ils portent une couronne de vie ou pas..."

La fille plissa les yeux et au bout de quelques instants répliqua :

"Ils ont un bouclier mental. Les deux. Tu crois que c'est du à une interférence toxicologique ? Genre du KW 128 ?"

L'homme pointa son révolver sur Thomas et ajouta à l'attention de sa collègue.

"Ben soit c'est des dormeurs bourrés d'AntiAristote... Soit c'est des espions humanoïdes de chez Lange, Manners & James. Quoi qu'il en soit, on n'a pas des masses de temps devant nous. Il faut se décider. Moses, va falloir que tu les examines..."

La fille détourna le canon de son arme pour viser Ève, tandis que le gros Moses reposait son arme et se retroussait les manches.

"Alors, vous êtes des humains ? Des mutants ? Des syndromes X ? Des dormeurs ? Des couronnés ? Ou quoi ?" termina l'homme au révolver, visiblement impatient.

Ève déglutit bizarrement une fois de plus.
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[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 Empty Re: [Rockford] La nuit, tous les chats sont gris

Lun 6 Juil 2009 - 13:01
Eve avait vite comprit… trop vite, malheureusement. Thomas fonça, entraînant une Miko qui faisait plus office de poids mort qu’autre chose, vers le muret qui s’estompait. Il n’avait pas besoin de se retourner pour s’imaginer sentir le souffle de la femme sur leurs talons, pas besoin non plus d’extrapoler en se disant que cela serait très juste. Finalement, du coin de l’œil, il aperçut l’avocate franchir avec eux le muret, presque synchro… et tout bascula.
A nouveau, toute sensation disparut. Tout n’était que noir, absence de couleurs, de sons, de sentiments. Thomas ne se sentait pas rassuré, mais ici, il était comme apaisé… anesthésié, plutôt, serait exact. Il n’y avait plus rien, dans cet étouffant cocon noir.

Et puis subitement, tout revint en même temps. Combien de temps s’était-il écoulé? Une minute, une heure, une semaine peut-être ? En tout cas, ils avaient quitté la rue : ses yeux s’étaient ouverts sur un plafond très haut au dessus de sa tête, une sorte de plafond d’usine poussiéreuse et peut-être abandonnée : on voyait quelques points de rouille ici et là. Thomas prit conscience qu’il était allongé sur le dos, le froid s’insinuant à travers le mince blouson qu’il portait. Mal à l’aise, il gesticula pour se redresser, et fut interrompt par un cliquetis qui, s’il ne lui était pas familier, lui disait vaguement quelque chose : le bruit d’une arme. Prudemment, il tourna la tête, et son regard tomba sur trois personne : une fille, qui braquait une arme d’une taille impressionnante sur lui, un autre homme qui, Thomas le constata rapidement, visait Eve, et un troisième qui semblait être un peu plus calme que les deux autres, malgré sa tête qui ne disait rien qui vaille.
L’enfant sentit l’abattement le gagner, et des larmes pointèrent à ses yeux. Pourquoi ? Il s’était cru sauvé, il avait vraiment cru qu’il pourrait sauver Miko et que tout redeviendrait bien ! Au lieu de ça, il était précipité au milieu de ces malades, transi de froid, affamé, sans aucun espoir de fuite et avec, pour seul horizon, la compagnie d’Eve. Où était Miko, d’abord ? Et lui, où il était ?
Les autres parlaient entre eux, de choses que l’enfant ne comprenait pas. C’étaient qui, ces gens ? Seul le nom du cabinet d’avocats lui fit dresser l’oreille : c’était les employeurs d’Eve, il reconnaissait le nom. Et apparemment, dans la bouche de ces gens, ce n’étaient pas des amis…c’était toujours ça de pris. Quand au bouclier mental, Thomas savait ce qui les dérangeait : tout comme Eve, ils ne pouvaient lire en lui. Bien fait ! Et puis, le dénommé Moses reposa son arme et se remonta les manches. Thomas frémit en le regardant : il ne savait pas ce que le gros allait faire, mais franchement, il n’avait pas envie de le savoir.

Quand celui qui le visait posa une question, Thomas réagit soudainement, sa prudence vaincue par la fatigue, la peur et l’incompréhension. Il se redressa, se mettant assis sur le sol dur et froid pour regarder l’autre bien dans les yeux. Sa voix laissa échapper quelques petits trémolos, mais le petit serra les dents pour ne pas pleurer devant ces brutes, et devant Eve. Il devait être fort, même s’il était terrifié. Chassant d’un geste énergique les larmes qui brillaient encore dans ses yeux, il parla… ou plutôt il cria.

"Je suis un mutant ! Et le reste, je sais même pas ce que c’est ! Vous êtes qui, d’abord, vous ?"

Il avait avoué qu’il était un mutant, mais en même temps, il n’aurait pas pu le cacher, surtout si les autres en étaient aussi. Par contre, il ne glissa pas un mot sur Miko. Peut-être que la fillette était là, dans un coin, et qu’elle allait venir à sa rescousse ? Ou peut-être aussi qu’elle, elle était restée dans l’endroit noir qu’il venait de quitter et, dans ce cas, ce n’était pas la peine d’en parler. Quand à Eve… Thomas avait hésité à la dénoncer. Après tout, peut-être qu’en disant qu’elle était avocate, les autres le laisseraient repartir sain et sauf ?
Pourtant, Thomas n’avait pas pu s’y résoudre. Pas parce qu’il aimait bien Eve, non, loin de là ! Mais les hommes et femmes de ce hangar n’avaient pas l’air d’être des gentils, et l’idée qu’il puisse être celui qui condamnait Eve à mort le répugnait. Il ne voulait pas qu’elle meure, même si elle, elle n’avait sûrement rien contre le fait qu’il soit exécuté. Mais être responsable de sa mort… non, l’enfant ne pouvait s’y résoudre. C’est pour ça qu’après ses paroles revendicatives, il resta muet, regardant avec un regard noir l’homme qui lui faisait face.
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[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 Empty Re: [Rockford] La nuit, tous les chats sont gris

Mar 7 Juil 2009 - 1:36
L'homme sourit de toutes ses dents.

"C'est bien vrai ça gamin ? Tu sais pas où on est ? T'es un satané drogué ? C'est ça, hein ?"

Moses lui posa une patte imposante sur l'épaule et lui lança :

"Chef, du calme... C'était peut être rien qu'une fausse alerte"

Avant que le chef ne puisse répondre, Ève se redressa et lança à toute allure :

"Oui, oui nous sommes des satanés drogués de mutants ! Nous venons de nous traîner hors de notre abri et... Nos souvenirs fichent le camp..."

La voix de la jeune femme était hésitante. Et des larmes embuaient ses yeux.

L'homme tiqua et pointa son arme sur l'avocate.

"Et comment tu te souviens de tout ça beauté ?"

Nouveau bruit de gorge suspect chez la jeune femme. Nouvelle réponse hésitante.

"J'avais pris des notes avant que l'on se shoote. Histoire de pas tomber des nues quand on se faufilerait hors de l'abri..."

L'homme redressa son arme et la rangea dans le holster qu'il portait à la ceinture.

"Convaincant comme réponse. Et typique des sales camés dans votre genre"

Soufflant discrètement, l'avocate se permit un clin d'œil de connivence à Thomas. Décidément cette femme était étrange...

Moses s'approcha néanmoins d'Eve dont il palpa le ventre sans ménagement. Puis il effectua la même opération sur le jeune Thomas. Entrant en contact mental avec l'homme, le mutant put se rendre compte qu'il avait une trouille incroyable.

Finalement le colosse s'écarta des deux acolytes et lança :

"Ils sont clean patron. Mais on en fait quoi ?"

Le chef et Charlie se calmèrent. Puis s'approchèrent des deux mutants à terre, les invitant à se relever. Thomas ne ressentit rien en dépit de leur proximité...

"Ce sont certainement les deux seuls êtres humains encore vivants dans cette nécropole. On peut pas les laisser crever ici. Et puis, qui sait, la femme sait peut être se servir d'un flingue ? Même si c'est des sales drogués..."

Reportant son attention sur Ève qui venait de se remettre debout et sur le jeune Thomas, il expliqua :

"Bienvenue dans la vraie vie les idiots. En plus vous allez assister à un moment d'histoire : comment trois andouilles encore plus bêtes que vous vont faire le dernier baroud d'honneur de l'humanité avec un Hummer et quelques armes automatiques"

Charlie posa des yeux aimants sur Thomas, puis lança à l'attention de son boss.

"Soit pas dur avec eux, chef... C'est pas parce qu'ils cherchaient un peu d'espoir qu'il faut leur jeter la pierre"

Le chef se passa la main dans les cheveux et répliqua, sèchement :

"Écoute poupée, c'est pas parce que tu partages ma couche même si t'as moins de seins que Moses que tu vas me donner des leçons... Et puis l'espoir..."

Son ton se fit plus grave. Plus dur encore.

"L'espoir s'est barré quand les saletés couronnées ont buté ma famille en 2110... Mais ça m'empêche pas de regarder la réalité avec des yeux en face des trous... Hein les toxicos ?"
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[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 Empty Re: [Rockford] La nuit, tous les chats sont gris

Mar 7 Juil 2009 - 10:59
Bon, apparemment, son éclat plein de sincérité avait laissé l’homme de marbre. Thomas lui en voulut un peu, mais cela ne lui semblait pas être le bon moment pour argumenter. Quoique quand l’autre le traita de drogué… le jeune mutant eut du mal à ne pas répondre. Il n’était pas un drogué, et que cet…cet imbécile puisse le croire l’irritait ! Il croyait quoi, celui-là ? Thomas n’avait que treize ans, il n’avait jamais touché à rien, et il ne commencerait pas maintenant ! Et… et… Le petit était à court d’arguments à l’intérieur de son esprit, mais cela ne l’empêcha pas de braquer un regard furibond sur l’homme, le chef, apparemment.
Et puis, Eve prit la parole, déclarant qu’effectivement, ils étaient des mutants drogués et tout ça. Elle avait l’air de s’y connaître, du moins, beaucoup plus que Thomas. Elle semblait maîtriser un peu mieux que lui les tenants et les aboutissants de son mensonge, aussi, l’enfant se garda-t-il bien de protester. Il regarda attentivement l’échange entre le chef et l’avocate, et dût admettre que celle-ci se débrouillait très bien : les larmes, les sanglots, on aurait pu jurer que c’était vrai, même si cela ne l’était sûrement pas. Enfin, Thomas pensait que cela ne l’était pas, puisque Eve demeurait imperméable à son pouvoir. Et puis, elle était une menteuse, une méchante, depuis le début, et l’enfant doutait fort qu’elle puisse réellement être en train de pleurer. Quoiqu’elle n’avait pas l’air à son aise, mais il était sûr qu’elle mentait.
Apparemment, son discours avait fait de l’effet, et le clin d’œil de connivence qu’Eve lui fit n’échappa pas à Thomas, qui soupira discrètement. Mettre sa vie entre les mains de cette…cette vipère ne lui plaisait absolument pas, c’était un fait. Mais le problème, c’est qu’il n’avait pas d’autre solution que de jouer le jeu dont elle distribuait les cartes. Elle maîtrisait ça mieux que lui, et pour l’instant, Thomas n’avait d’autre choix que de jouer au mouton docile et obéissant. Il détestait cela, mais ça semblait être le choix le plus judicieux, pour le moment…. Du moins, tant qu’Eve ne cherchait pas à le faire tuer. Il se méfiait toujours autant d’elle, et ce n’était pas sa soudaine gentillesse qui le ferait changer d’avis !

Le dénommé Moses s’approcha d’abord de l’avocate, puis de lui, pour lui palper le ventre. Thomas eut bien un mouvement de recul, mais l’autre ne lui laissa pas le temps de se rebeller. Par contre, une fois l’homme assez proche, Thomas put ressentir ses sentiments, et cela fit vaciller tout le petit raisonnement qu’il s’était construit : l’homme avait peur, une peur incroyable qui lui vrillait les entrailles. Mais pourquoi ? L’enfant l’observa d’un œil interrogateur, mais cela ne répondit pas à sa question muette. Il songea bien a utiliser on pouvoir pour déceler autre chose que de la peur, ou même pour augmenter cette peur : il savait le faire, il l’avait fait une fois. Deux, en fait, mais la deuxième s’était soldé par un cuisant échec. Seulement, l’homme était si terrifié que Thomas doutait pouvoir lire autre chose à travers ses sentiments : sa peur était imposante, implacable, et elle étouffait tout autre sentiment ou volonté : l’homme crevait de trouille, c’était clair, et rien de ce que pouvait faire l’empathe ne pouvait y changer. Quand aux deux autres…
Quand ils les aidèrent, Eve et lui, à se relever, Thomas ne put rien lire en eux, et cela le laissa perplexe. Il ne pouvait donc pas lire les sentiments des mutants ? Ou seulement ceux qui avaient une sorte de bouclier ? Parce qu’il avait pu lire en Miko, et elle était une mutante. Donc, cela laissait seulement ceux qui avaient les moyens de protéger leurs esprits. Les mutants qui avaient un pouvoir sur l’esprit, peut-être : les télépathes, comme Eve… ou les télékinesistes, comme Kent, qui était peut-être même pas télékinésiste, si ça se trouvait !
Et puis, les autres reprirent leur conversation. Thomas abandonna là ses réflexions, cherchant à comprendre tout ça un peu mieux, parce qu’il détestait se sentir perdu comme il l’était actuellement. Par contre, il ne comprenait pas plus où ils se trouvaient : une nécropole ? Un lieu où il y a des morts, c’est ça ? Le chef les gratifia d’une gentille annonce qui fit frissonner l’enfant, et pas seulement parce qu’il avait froid : il avait assez joué aux jeux vidéos dans sa vie pour savoir ce qu’était un baroud d’honneur et franchement, ça craignait !

Le petit remonta la fermeture de son blouson jusqu’au cou même si ça ne changeait pas grand-chose vu l’épaisseur du tissu, et reporta son attention sur le petit groupe. Charlie le regardait avec douceur, et l’enfant songea que c’était parce qu’il était encore petit : toutes les filles avaient envers lui une sorte d’instinct de protection… sauf Eve, apparemment. Le petit lui fit un sourire malheureux, jugeant que s’attirer la sympathie de cette Charlie ne pouvait pas être mauvais pour la suite des évènements. Il n’avait pas trop envie d’assister à l’histoire, lui ! La suite de la conversation prit une allure un peu plus graveleuse pour le jeune mutant, qui baissa les yeux, trouvant d’un coup le sol de l’usine complètement fascinant à travers la couche de crasse qui le recouvrait. Dès que la conversation prenait un tour « interdit aux moins de 18 ans », il avait tendance à se refermer. C’était plutôt attendrissant à constater, mais l’enfant ne pouvait s’empêcher d’être intimidé par ça. C’était bien un des seuls sujets qui l’intimidait, d’ailleurs !
Le chef avait un ton dur et grave, et Thomas ne put s’empêcher de relever la tête pour le regarder. Il avait une voix étrangement hypnotique, qui vous faisait presque ressentir le moindre de ses sentiments. Et il avait l’air drôlement dur en parlant des saletés couronnées qui avaient tué sa famille… en 2110. Thomas regarda Eve, surpris. Alors comme ça, ils étaient dans le futur ? Et apparemment, une sorte de guerre était en train de se dérouler ?
S’il n’avait pas eu peur du passé, l’enfant était nettement moins crâneur vis-à-vis du futur. Et c’étaient quoi, les saletés couronnées ? Et qu’est-ce qu’il était arrivé à sa famille ? Et Miko ? Et qu’est-ce qu’ils allaient faire, là ? Trop de questions tournaient dans la tête de Thomas, et seuls les trois autres avaient le pouvoir d’y répondre. Alors, l’enfant tourna la tête vers celle qu’il considérait un peu plus encline à lui répondre : Charlie.

"Dites… c’est la guerre, dehors ? Et la ville de Rockford, vous connaissez ? Je… contre quoi vous vous battez, au juste ? J’voudrais juste savoir si mes parents vont bien, vous comprenez."

Termina-t-il d’une voix lamentable, en regardant Charlie avec espoir.
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Mar 7 Juil 2009 - 13:27



Charlie hurla aux paroles du chef. De rage, elle jeta son fusil au sol dans un grand fracas.

"C'est pas parce que t'es un de ceux qui a souffert en premier de la grande déflagration que les autres n'ont pas souffert ! T'y penses, toi, dès fois A MA FAMILLE ? T'es vraiment qu'un sale égoïste !"

Moses s'interposa quand le chef voulut faire un mouvement pour aller consoler Charlie qui maintenant pleurait.

"Laisse la, chef, on est tous à cran, ok ?"

Le colosse avait une voix douce. Et l'émotion se lisait sur son visage. Suffisamment pour que le chef lâche l'affaire et reporte son attention sur Thomas.

"Ouais on peut dire ça, p'tit... Au fond, je t'envies un peu. T'as du grandir dans un monde virtuel. Là où dehors la Mort est de sortie. Et puis, on se bat pas, p'tit... On se lève et on crève c'est tout"

Il passa une main dans les cheveux du petit mutant.

"On se bat contre qui ? Contre quoi ? J'sais même plus après tout ce temps... Ca serait trop long à t'expliquer en fait. Mais la Grande Déflagration de 2108 a surpris tout le monde. Même ses instigateurs. Et la créature originelle n'aurait jamais du tomber entre les mains de Manners, Lange & James. Maintenant elle a infecté toutes les villes, tous les pays, toutes les contrées..."

Le Chef baissa les yeux, en signe d'impuissance.

"Et des fois quand je ferme les yeux... Quand je ferme les yeux, j'ai l'impression que ce truc est en moi. Comme je l'ai déjà vu dans tant de personnes..."

Puis il regarda à nouveau Thomas et lança d'une voix grave :

"Rockford ? Illinois ? J'ai vécu là bas, p'tit bonhomme quand j'avais ton âge... Y'a plus rien qui vive là bas qui n'a que 4 pattes, p'tit... Je peux te l'assurer. Désolé..."

Relevant un sourcil, le chef ajouta :

"Mais t'as fait comment pour vivre tout ce temps, p'tit ? Ca fait une paye qu'il n'y a plus rien de vivant là bas... Tes parents ont vécu dans les décombres avant de te coller dans un abri ou quoi ?"

Le ton était nullement agressif. Et le regard témoignait d'une compassion appuyée pour le jeune garçon.
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Mar 7 Juil 2009 - 16:32
Charlie s’était mise à hurler, jugeant injustes et égoïstes les paroles de son chef. Celui-ci s’avança pour la consoler, mais le gros bonhomme s’interposa. Il avait raison, le dénommé Moses : mieux valait la laisser se clamer toute seule, du moins, c’était l’avis de Thomas. Du coup, le chef se chargea de répondre à la question du jeune mutant. L’enfant le jugea assez gentil, finalement : il lui faisait un peu peur, mais il répondait à ses questions du mieux qu’il pouvait, c’était quand même sympa, surtout s’il s’apprêtait réellement à monter au front.
Mais les nouvelles n’étaient pas très bonnes, Thomas le comprit vite. Un combat indiquait un espoir de vivre, mais à ce que laissait entendre l’homme, il n’y en avait aucun. Le soldat _parce que le jeune mutant trouvait qu’il ressemblait sacrement à un soldat, ou un mercenaire, peut-être_ ébouriffa les cheveux du gamin, qui se laissa faire sans rien dire. Son beau-père aussi faisait tout le temps ça, en l’appelant champion, ou lutin. Thomas leva la tête vers le chef du petit groupe, qui s’efforçait de bien lui répondre. Oh, il expliquait bien, ce n’était pas ça le problème : seulement, il parlait de choses que Thomas ne comprenait pas. La grande conflagration ? La mort, partout ?
Parce que concernant la créature tombée entre les mains de Lange et compagnie, il craignait justement de comprendre, et cela ne lui plaisait pas. Il y avait trop de similitudes, trop d’indices pour qu’il puisse faire semblant de ne pas comprendre. La créature, c’était Miko. Et le cabinet, c’étaient les patrons d’Eve. Et la guerre, enfin, l’invasion… et cette chose en lui…

L’enfant sentit les larmes lui monter aux yeux, et ce n’est pas l’aveu du chef, comme quoi Rockford était désormais aux mains de ces choses, qui arrangeait l’angoisse qui montait en lui comme une vague part à l’assaut de la grève. Et la peur, aussi. Et un profond sentiment de culpabilité…
La question du chef le détourna quelques secondes de ses pensées. Comment avait-il pu vivre là-bas alors que tout était mort depuis longtemps ? Mais on était en quelle année, exactement ? Ses parents, ses sœurs… il était tout seul, alors ?

Brusquement, comme on laisse échapper l’eau d’un barrage, Thomas se mit à pleurer. Des larmes amères et chargées d’un lourd chagrin, qui secouaient ses épaules sans faire de bruits. A cette instant, il se fichait qu’Eve puisse le voir, que les autres, pas si méchants que ça d’ailleurs, puissent penser qu’il était un couard,ou un gamin immatures. Seule la pensée de sa culpabilité avait sa place dans son esprit : tout était de sa faute, tout. IL avait échoué et, à cause de lui, le monde entier souffrait. Il lui avait bien dit, à Kent, qu’il n’était pas à la hauteur ! Et résultat, c’est Eve qui avait remporté la victoire, parce qu’il avait perdu dans cette confrontation. D’ailleurs, l’idée qu’Eve était en réalité la coupable ne lui vint même pas à l’esprit.
Finalement, Thomas parvint à assez retenir ses larmes pour expliquer d’une voix tremblante ce qui se passait. Les autres devaient être médusés devant sa soudaine crise de larmes, et il leur devait une explication, même si tout cela ne servait à rien.

"C’est… c’est à cause de moi, tout ça ! Vous savez, c’est Miko, et elle est gentille, elle, c’est pas de sa faute si c’est une mutante ! Et puis, il y avait Eve et cet affreux bonhomme, là, Jesse, et ils ont dit qu’ils voulaient donner la Dame du buisson aux avocats. Mais Kent et moi on ne voulait pas, alors, on a subi des épreuves et… et maintenant, tout le monde est mort ! C’est à cause de moi, c’est parce que j’ai pas réussi. Mais j’avais rien compris, moi, je savais que j’étais trop petit."

L’enfant se laissa tomber assis sur le sol glacé, les mains autour de ses bras, et recommença à sangloter. Son récit n’avait sans doute ni queue ni tête aux oreilles des trois soldats, mais lui, il savait ce qu’il disait. Tout était de sa faute, parce qu’il avait échoué. Il ne savait pas que c’était si important, il ne savait pas que… que… il ne savait plus vraiment, en vérité. Il était juste fatigué, très fatigué, et la fatigue qui s’était abattu sur ses épaules n’arrangeait rien à l’histoire.
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Mar 7 Juil 2009 - 18:06
Les trois guerriers écoutèrent ébahis Thomas alors que le garçon se confondait en explications. Ève, quant à elle, le foudroya du regard. Au fur et à mesure que le jeune mutant parlait, le visage de l'avocate se fit plus dur pour devenir menaçant puis hystérique.

"Tu es déstabilisé, petit" lança rassurant le chef.

"Je ne sais pas quel simulacre de réalité tu as subi dans ton caisson hypnotique. Les drogués utilisent en principe des souvenirs des temps heureux. Ceux où on avait encore une famille à chérir ou des soucis autres que la simple survie ou le respect de son intégrité physique"

L'avocate se calma quelque peu à ces paroles. Et enchaîna brusquement :

"Et puis, Thomas, tu as oublié que dans ce cabinet... Plus personne n'est humain depuis au moins..."

Entre deux mots, elle plissait les yeux. Comme pour mieux lire les pensées du colosse. Soudain, l'avocate afficha une mine surprise et terrorisée.

"10 ans ? Depuis au moins 10 ans... Oui c'est cela..."

Un léger sourire s'afficha sur ses lèvres.

"Depuis que Jesse James a été assimilé. Le crétin qui n'aurait jamais du devenir associé..."

Le chef regarda à nouveau d'un air paternel le petit Thomas.

"Ton amie a raison. Dans ce cabinet tout le monde marche maintenant à 8 pattes ou presque. Manners ne gère ça que depuis son cocon. Il n'y a que Jérôme Lange qui conserve sa forme humaine. Ça fait longtemps qu'ils ne contrôlent plus rien... Et c'est peut être ça le pire : avant nous nous battions contre des êtres humains, maintenant il n'y a plus que la désolation et le chaos... La guerre est perdue depuis des lustres"

Il toussa puis poursuivit.

"Et puis, toi t'as jamais connu le monde d'avant... Tes parents ont du te cacher dans un abri, j'imagine... Au fond c'est pas plus mal de pas avoir de mémoire. Moi même j'étais très petit quand tout a pété. J'ai plus aucun souvenir de cette période. J'sais même pas à quoi ressemblaient mon papa et ma maman... Pour tout te dire, p'tit bonhomme, je me souviens même pas quelle tronche j'avais à ton âge..."

Le chef fit un sourire empli de bonté à Thomas avant de lui tendre la main.

"Enchanté p'tit bonhomme en tout cas. Moi c'est Thomas, comme toi. Charlie, ici présente s'occupait d'un p'tit bonhomme comme toi, avant que..."

La jeune femme baissa tristement les yeux.

"Enfin peu importe... Et Moses est notre pilote"

Ève se fit toute mielleuse et se présenta finalement.

"Et moi c'est Ève"

L'homme la regarda en pouffant de rire.

"Ève ? Comme Ève Grafmayer de chez Lange, Manners & James ? J'ai descendu cette chipie d'une balle entre les deux yeux en... 2122 ? Un bien beau souvenir... Mais enchantée, Mademoiselle !"

Alors que les présentations s'éternisaient, Moses rappela tout le monde aux réalités.

"Patron, va falloir y aller. Je fais chauffer le moteur du Hummer"
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Mar 7 Juil 2009 - 18:47
Thomas savait que les trois autres ne comprendraient rien. Comment auraient-ils pu, en plus ? Même pour lui, c’était dur à comprendre, et il avait assisté à tout ! La seule qui pouvait l’aider à expliquer, c’était Eve, et les regards tour à tour menaçants ou hystériques qu’elle lui jetait certifiait clairement qu’elle n’abonderait pas dans son sens. Même ce qu’elle avait dit, utilisant son prénom comme s’ils étaient copains, indiquait clairement au petit qu’elle ne le laisserait pas faire. Pourtant, ici, entouré de ces gaillards, Thomas devait bien avouer qu’il n’avait plus peur d’elle. Elle ne pourrait pas lui faire du mal sans éveiller les soupçons, et le regard compatissant de Charlie, la voix amicale du chef… l’enfant était presque sûr qu’ils se rangeraient de son côté si Eve le menaçait. Presque. Ca avait toujours été le problème de Thomas, ça : il avait beaucoup trop tendance à faire confiance aux autres, surtout s’ils étaient adultes et sympathiques. Pour Eve c’était fichu, mais les trois autres, il les aimait bien.
Petit à petit, Thomas se calma. Il frissonnait toujours, mais au moins, ses larmes s’étaient taries. Il écoutait avec attention tout ce qui se disait, cherchant comment faire comprendre que ce n’était pas le délire d’un drogué, mais bien la vérité qu’il racontait. Mais le problème, c’est que même la vérité avait un air de délire et n’était pas très cohérente. Eve en tout cas avait l’air ravi : elle devait penser que leur couverture de drogués ne sauteraient plus, maintenant. Et, apparemment, découvrir que son copain Jesse était mort la ravissait, ce qui raviva le mépris de Thomas : il croyait qu’ils étaient amis, ses deux-là, collègues, tout du moins.

Le chef regarda l’enfant avec douceur, avant de prendre la parole. Il ne savait sans doute pas que plus il parlait, plus Thomas se sentait coupable. C’était Miko, c’était son amie qui avait infecté tout le monde, à commencer par ceux qui l’avaient kidnappé à cause de son échec. Et maintenant, ils étaient invincibles, et plus personnes ne pouvaient vivre normalement : soit vous étiez morts, soit vous vous cachiez. Le chef lui révéla que lui, il ne se souvenait même plus de ses parents, et l’enfant leva les yeux sur lui, lui offrant un regard désolé. Il avait peine à imaginer ce que c’était de ne pas connaître sa famille, lui qui avait toujours vécu, jusque là, entouré par les membres de son petit clan familial.
Quand Thomas, donc, le chef, lui tendit la main, le jeune mutant la prit avec gravité avant de se relever. Les présentations continuèrent et, au fond de lui, le petit Thomas jubila de savoir qu’Eve avait été tuée dans le futur, en 2122. On devait être loin dans le futur, alors, très loin… mais l’année importait peu, en fait. Parce que ce qu’il fallait, c’est empêcher que tout cela ne dégénère. Thomas ne savait pas comment, malheureusement, il ne pouvait pas voyager dans le temps, mais il lui semblait important de faire tout comprendre aux trois autres. Eve jouait un double jeu, elle faisait la gentille, mais au final, elle aussi était coupable dans cette histoire. Peut-être que si elle ne gagnait pas maintenant, tout rentrerait dans l’ordre, qui sait ?
La voix de Moses s’éleva, annonçant qu’il allait faire tourner le moteur du Hummer. Thomas ne savait pas exactement ce que c’était : il croyait se souvenir qu’il s’agissait d’un véhicule, mais c’était déjà vieux quand il était petit, alors là, ça devait être extrêmement vieux ! Quoi qu’il en soit, il devait faire quelque chose ! Agrippant la veste du chef, le dénommé Thomas, il se mit fermement devant lui, plantant son regard dans les yeux de son homonyme.

"C’est faux, je ne suis pas déstabilisé, et on a jamais été des drogués. Vous ne comprenez pas, mais vous devez me croire. Tout ceci, c’est de ma faute, et de la sienne. Je m’appelle Thomas Cassidy, et je suis né le 17 décembre 2095. Je suis un mutant, et Eve aussi. ON a été envoyé dans le passé, puis ici, dans notre futur, et l’enjeu de tout ça c’était une petite fille, Miko. Elle avait dans le dos… comme une espèce de grosse araignée qui la possédait. C’est ça, les choses dont vous parlez, ces créatures ?
Bref, c’était notre mission : moi je devais la laisser repartir tranquille, sans qu’elle puisse faire de mal, et Eve, elle devait la ramener à ses employeurs. Le cabinet d’avocats là, Manners et je sais plus quoi. Elle a du gagner, je sais pas…
Mais c’est elle, la Eve que vous avez tué. Et c’est par Miko que tout ça a commencé."


Soupira Thomas, malheureux.

"Je vous promets que je ne mens pas, que je ne délire pas non plus. Si seulement vous pouviez lire dans mes pensées ! Je dis la vérité, c’est à cause de nous tout ça. Je… je sais que ça ne vous avance à rien de le savoir, mais, il le fallait. Je voudrais tant vous aider ! Je suis sincère, je vous promets !"

Le petit fixa encore plus intensément les yeux du grand Thomas, essayant de se servir de son pouvoir pour démontrer sa sincérité. Il était empathe après tout, et pouvait transmettre ses propres émotions. Du moins, il espérait que c’était comme cela que ça marchait : il n’avait pas encore eu l’occasion de se pencher sur le pourquoi et le comment de son don d’empathie. Par contre, il avait très légèrement oublié dans l'histoire que deux de ceux qu'il avait à convaincre était plus ou moins impermeable à son pouvoir.
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Mer 8 Juil 2009 - 1:50
Alors que Thomas débitait ses paroles en agrippant la veste du chef, celui-ci écouta, visiblement courroucé de ce qu'il entendait. Ses lèvres tremblaient et il regardait le jeune mutant avec effroi.

"Thomas... Mais le gamin a le même nom que..." lança Charlie, comme essoufflée.

Repoussant en arrière l'empathe, le chef aboya :

"Silence !"

Il s'écarta, se prit la tête et marcha en cercles. Un lourd silence se fit dans le hangar, seulement entrecoupé par les tentatives que faisait Moses pour démarrer le Hummer.

[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 Drqtoika


Alors que le moteur de l'antique véhicule consentait enfin à démarrer, Thomas le chef brailla :

"Le passé c'est mort. Et on ne peut rien y faire gamin ! Tout ce que tu racontes c'est des âneries, des mômeries de camés !"

Charlie regarda un instant son leader, avant de se diriger vers le Hummer, suivie de près par Eve, visiblement désarçonnée par la tournure des événements...

"Tu comprends, petit ? Tu comprends ? Tes parents sont morts, les miens sont morts, Charlie a du buter son propre gosse adoptif, on est DEJA tous morts ! Ta pote, ouais elle ressemble à celle que j'ai buté avec 6 pattes en moins, et alors ? Qu'est ce que ça peut changer ? Qu'est ce que ça peut faire ?"

De rage, il tapa dans une cagette en bois qu'il fit voler à travers la pièce.

"On n'a plus de futur gamin. Et c'est comme ça"

L'homme prit un instant pour se calmer. Respirer un grand coup.

Puis, sans ajouter le moindre mot, il se rua vers la porte coulissante du hangar et actionna un bouton. Le rideau de fer de la bâtisse se leva et fit place à un spectacle d'horreur.

[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 14vodah4


C'était comme irréel. A quelques dizaines de mètres d'eux, dehors, une créature géante à 8 pattes se tenait là. On aurait pu la croire factice. Mais quand celle-ci commença à pivoter sur elle même et à lever une patte plus aucun doute ne subsistait.

"C'est ça la réalité Thomas !" hurla une dernière fois l'homme avant de se diriger à grandes enjambées vers le véhicule.
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Mer 8 Juil 2009 - 10:31
Thomas n’avait absolument pas pensé au fait que ses paroles allaient provoquer une telle réaction chez son interlocuteur. Lui qui avait l’air si gentil quelques secondes auparavant, il lui faisait presque peur maintenant, tandis que ses lèvres tremblaient. Charlie, elle aussi, paraissait estomaquée, et le jeune mutant craignait de comprendre pourquoi. Il avait le même nom que qui, d’abord ? Ca devait être une coïncidence, voilà tout, comme par coïncidence, le chef s’appelait Thomas… oui, l’enfant avait très vite oublié sa théorie sur les coïncidences qui n’existaient pas ! Et puis le chef le repoussa violemment, en arrière, en intimant le silence. L’enfant vacilla, recula de quelques pas, mais n’osa pas reprendre la parole, un peu effrayé, bien qu'il ne sache pas exactement s'il s'adressait à Charlie ou à lui. Certes, le petit avait oublié ses premières appréhensions, mais le chef semblait assez costaud pour lui faire du mal d’un simple mouvement d’humeur et, pour l’instant, il avait l’air assez perturbé.
Le silence s’abattit dans le hangar, seulement troublé par le bruit d’un moteur qu’on essayait de démarrer. Thomas pencha la tête et aperçut Moses en train de s’escrimer sur le véhicule. Comme quoi, il avait raison, ce truc était bel et bien une antiquité. Mais le petit ne se pencha pas plus sur la question : sortant de son mutisme songeur, le chef lui brailla que ce n’étaient que des bêtises, tout ça. Charlie et Eve se dirigèrent vers le véhicule, pendant que Thomas lançait un regard noir à l’avocate : pourquoi elle ne l’aidait pas ? C’était de sa faute, après tout, et elle avait vraiment envie de devenir l’associée d’une bête comme celle que traînait, bien involontairement, Miko ?
Mais Thomas, le chef, n’avait pas fini sont petit monologue. L’enfant sentit ses yeux s’embuer de larmes, et répliqua violemment :

"Non, mes parents ne sont pas morts ! C’est vous qui comprenez rien ! Ici, ce n’est pas mon monde ! Après, ça changera peut-être rien pour vous, mais ça pourra changer quelque chose pour moi, si je retourne chez moi. Je ne sais pas, c’est peut-être un truc temporel, ou une faille déclenchée par un trou noir… Mais… mais…"

Le chef frappa dans une cagette, faisant sursauter l’enfant balbutiant. Il lui assena une phrase qui sonnait comme une sentence, et le petit sentit son espoir fondre. C’est vrai, ce Thomas avait raison : qu’est-ce que ça pouvait bien changer, s’il ne rentrait jamais chez lui ? S’il devenait un mutant obligé de se battre pour sa survie ici, dans ce monde presque sans espoir ? Parce qu’il y avait toujours de l’espoir quelque part. Ici, il suffisait juste de bien le chercher !
Le grand Thomas fit mouvement vers le rideau de fer du hangar, qu’il tira d’un coup sec, offrant une vision d’horreur au jeune garçon. Une chose gigantesque se tenait là, une sorte d’araignée monstrueuse qui ressemblait, de très loin, à la chose qui Miko avait sur son dos. De très très loin, hein, parce que cette bestiole-là était aussi grande qu’un petit immeuble. L’enfant était immobile mais, même ainsi, il tremblait de tous ses membres. C’était donc ça, contre quoi ils se battaient… et c’était ça qui avait tué l’espoir.
Le chef lui hurla q’il s’agissait de la réalité, et se dirigea à grandes enjambées vers le véhicule, sans doute bien résolu à partir. L’enfant inspira un grand coup, et se plaça délibérément devant la porte, à un endroit où le Hummer ne pouvait manquer de l’atteindre. Il n’avait pas vu d’autres sorties, et espérait qu’il n’y en avait pas, sinon son plan tomberait à l’eau, mais il devait croire en la chance, ne serait-ce qu’un petit peu. En se plaçant sur le chemin du véhicule, le jeune mutant tournait délibérément le dos à l’affreuse bête du dehors. Cela ne le rassurait pas, pas du tout même, mais il ne devait pas laisser les autres partir vers une mort certaine. Pas avec Eve à bord, en tout cas. Elle savait des choses que les autres ne savaient pas, il en était sûr.
Il regarda un long moment le véhicule avant de crier, pas tout à fait certain d’être entendu.

"Et vous allez faire quoi ? Tuer ces bêtes une à une jusqu’à mourir ? Ca sert à rien non plus !"

Bien sur, ils n’allaient pas essayer de les raisonner. Depuis qu’elles étaient apparus, les humains comme les mutants avaient sans doute essayé de les raisonner sans succès. L’enfant ne savait pas quoi faire, mais il ne voulait pas laisser partir ces gens avec Eve à bord, et aller se faire tuer juste parce que c’était la seule chose à faire. Il y avait autre chose, il en était sur, il devait y avoir autre chose ! Peut-être que Eve…
Le gamin reprit la parole, ou plutôt, recommença à hurler, non sans s’être tournée avant pour voir si la créature se dirigeait vers lui.

"Eve pourra vous aider ! Elle ne fait pas que lui ressembler, c’est Eve, c’est elle qui est avocate et qui a ramené, la première, cette chose ! Servez vous d’elle pour… pour marchander, ou je sais pas."

Il ne savait vraiment plus, à présent. Il était complètement perdu, au bord des larmes, coincé entre un véhicule pas franchement bourré d’amis et une bestiole monstrueuse.
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Mer 8 Juil 2009 - 13:24
Le chef stoppa sa course pour écouter les paroles de désespoir de Thomas. Il parut hésiter un instant puis grimpa en quatrième vitesse dans le Hummer.

Alors que Thomas se retournait pour faire face au véhicule, il garda en tête l'image de la créature qui progressait lentement mais surement dans la direction du garage. L'objet de son déplacement ne faisait aucun doute.

Le véhicule démarra et roula vers le jeune mutant. Avant de freiner et de s'arrêter à quelques dizaines de centimètres de lui.

Le chef passa sa tête par la vitre du Hummer.

"Grimpe p'tit gars ! Tu comprends pas qu'il n'y a plus d'espoir aujourd'hui ? Tu comprends pas que notre assaut sur Lange, Manners & James est tout ce qui nous reste de dignité ?"

Thomas vit les visages des passagers, tous effrayés de ce qui se passait. De la vue de l'horreur qui ne manquerait pas des les attendre dans les prochaines minutes.

Charlie pleurnicha.

"Monte, Thomas... Je t'en supplie"

Et même Eve n'en menait pas large...

Ce fut finalement le chef qui termina :

"Même si cette Ève est celle que tu dis... Même si vous êtes des voyageurs du temps... Même si vous pouvez changez votre futur... Le mien est foutu. Écarte toi de mon chemin et monte dans le Hummer car..."

Son visage était embué de larmes.

"Car je ne pourrai jamais ordonner qu'on écrase un petit garçon qui est... moi même"
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Mer 8 Juil 2009 - 15:47
Tandis que l’enfant fixait, l’air résolu, le capot du véhicule qui s’avançait vers lui, il ne pouvait s’empêcher de s’imaginer que la bestiole, derrière, se rapprochait de plus en plus. Peut-être qu’elle prenait délibérément son temps, et qu’elle savourait de le voir de dos, là, à sa merci… mais ce n’était pas des pensées à avoir pour l’instant. L’enfant gardait ses yeux bruns braqués sur le conducteur du Hummer, calculant dans sa tête la distance qui les séparait. Et, malgré sa bravoure de façade, le petit ne put s’empêcher de soupirer de soulagement quand le véhicule s’arrêta à une dizaine de centimètres. En tendant bien la main, il pouvait le toucher… mais il faisait confiance à ses nouveaux amis. Enfin, presque. N’empêche, il n’en menait pas large, conscient que le capot de l’énorme voiture arrivait, à peu près, au niveau de son torse.
Mais Thomas n’avait pas été le seul à avoir peur. Il voyait Charlie pleurnicher à travers les épaisses vitres, et même le chef lui enjoignit de monter pour l’assaut final sur Lange, Manners & James. Assaut final pour le trio, malheureusement, pas pour les avocats. Et puis, faire tout ça pour de la dignité… à quoi ça servait, la dignité, si on se faisait tuer ? A moins que cette attaque était une sorte de façon de mourir libre, et pas asservi par ses bestioles… l’occasion d’un dernier coup d’éclat, comme dans un des films qu’il avait vu, où le héros se suicide pour faire péter la bombe et sauver la planète entière. Sauf que là, ça ne servait qu’à faire sauter la bombe, et pas à sauver des gens !
Et puis Charlie qui pleurait et sanglotait, le suppliant de monter… et même la tête d’Eve, qui semblait vouloir être partout ailleurs sauf ici… Mais finalement, le chef reprit la parole, et Thomas put voir qu’il avait les yeux brouillés de larmes. Ca lui semblait bizarre, presque déplacé : il n’avait jamais vu un grand gaillard comme ça pleurer, et l’idée d’en être la cause lui donnait un sentiment profond de honte et de doute.

Est-ce qu’il avait raison, est-ce que son futur était résolument détruit ? C4était sur, il n’y avait pas grand espoir, mais peut-être qu’on pouvait faire quelque chose, raisonner les gens du cabinet d’avocats, raisonner les bêtes, retrouver Miko… oui, peut-être retrouver Miko ! Peut-être que la bête originelle n’était pas morte, et qu’elle faisait toujours partie de Miko ! Et Eve, elle pourrait peut-être les aider ! C’est sur, le petit Thomas s’emballait, mais il ne baisserait pas les bras, jamais, même si tout était foutu. Il ne fallait pas.
Et puis, le chef parla à nouveau, et sa nouvelle fit un choc à l’enfant, qui eut l’impression qu’on lui enfonçait la tête sous l’eau. Il se sentait tout bizarre, détaché de tout devant cette vérité qu’on lui assénait. Mais au fond, il le savait, il s’en doutait. Il ne voulait pas voir la vérité en face, voilà tout. Mais maintenant qu’un autre que lui…enfin, que lui, mais pas lui en même temps… bref, que quelqu’un exposait cette vérité au grand jour, il commençait à l’intégrer. Alors, ce Thomas là, c’était lui ? Lui après des années de guerre, lui après avoir grandi dans ce monde affreux ?
L’enfant eut un pauvre sourire, poussa un long soupir puis, après un dernier regard derrière lui, vers l’extérieur, se résolut à faire le tour de l’engin et à grimper dedans. Il avait la gorge nouée, et n’osait pas trop regarder celui qu’il deviendrait plus tard, mais il prit quand même la parole.

"Je viens avec vous, et je vais vous aidez. Votre futur n’est pas fichu pour toujours, j’en suis sur, et je vais trouver une solution. Il faut retrouver Miko. Ca vous dit quelque chose, ce prénom ? C’est elle qui portait la bête en premier, elle la mutante ori… originale. Heu non, originelle. Elle, elle pourra nous aider !"

Puis il s’installa plus confortablement sur le siège, ignorant royalement toutes les personnes présentes, sauf le chef. Les autres devaient avoir des milliers de questions, mais le petit devait d’abord intégrer la nouvelle et pour cela, il avait besoin d’être silencieux. Mais finalement, il se redressa et farfouilla sous son blouson : autour de son coup, pendu à un lacet, se trouvait les clefs de chez lui. Thomas rentrait souvent seul, et il avait besoin de pouvoir ouvrir la porte sans demander à personne. Accroché avec ses clés, il y avait un médaillon : vieux, usé, il contenait une photo de lui et de ses sœurs. Pas de ses parents : il en avait quelques unes, mais elles étaient dans son cahier de texte, et ce dernier était resté dans son sac à dos, à Rockford, à côté de Kent. Cela lui semblait très loin, désormais, ce petit parc…
Quoi qu’il en soit, Thomas ôta les clés de son cou et les tendit avec gravité à son double plus âgé.

"Tiens."

Un mot simple, mais Thomas doutait de pouvoir en dire plus. Il ne savait même pas si son autre lui-même avait vécu la même vie, avait eu deux sœurs, comme lui. Peut-être pas, qui sait ? Peut-être qu’ils avaient des différences, tous les deux ? Mais cela lui semblait important de lui donner cela, quand même, même si ses… leurs… parents n’étaient pas dessus.
Puis l’enfant reporta son attention sur la vitre avant. Ils n’allaient pas tarder à déboucher à ciel ouvert, et pas tarder à rencontrer l’affreuse bestiole qui avait signifié la ruine de ce monde. De son monde aussi, en quelque sorte. Fixant soudain Eve qui n’avait pas dit un mot, il lui souffla :

"Toi, tu sais où on va, alors si tu veux pas te faire tuer comme nous, dis leur ce que tu sais !"

Que Eve les aide était bien improbable, mais après tout, pourquoi pas ? Il devait explorer toutes les pistes pour qu’ils puissent, tous, rentrer un jour chez eux.
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Jeu 9 Juil 2009 - 1:26
A peine Thomas eut mis le pied dans le véhicule blindé que ce dernier démarra en quatrième vitesse. Moses avait une conduite rapide et saccadée mais il réussit à éviter l'araignée géante et a filer dans les rues désertes et accidentées de la métropole.

Le chef entreprit de répondre à Thomas sans quitter les yeux de la route. Il y avait chez lui une sorte de réserve, comme si tout cela était trop incroyable, trop énorme pour un esprit humain. Et ça l'était.

"Non... Comme je te l'ai dit, je n'ai aucun souvenir de ma famille ou de mon enfance. Ça ne me dit rien. Tout ce que je sais..."


Mais les mots se bloquèrent dans sa gorge. Charlie prit le relai.

"La créature originelle, peu importe son nom, a été confiée à Lange, Manners & James. Ils l'ont répliquée, fécondée et en larguant sur les métropoles du monde ses enfants, elle a parasité l'humanité entière. Les choses que tu vois dehors... Ont été, elles mêmes ou leurs parents, des êtres humains..."

Le chef reprit, quelque peu calmé.

"Nous allons au siège de Lange... Nous allons les affronter. Mais même si nous gagnons ça ne changera rien. Tu comprends ? Ca ne changera rien du tout !"

[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 Arraignee-louise-bourgeois.1204712442


Passant devant une autre arachnide, Moses commenta :

"Ça ce sont des sentinelles. Leurs crochets peuvent perforer l'acier. Mais ce ne sont pas les pires... Les pires sont celles que l'on ne peut voir qu'au dernier moment"

Le véhicule continuait à rouler... Du coin de l'œil Thomas pouvait apercevoir de temps à autre des nuées d'araignées se déplacer à la recherche de nourriture ou des arachnoïdes à tête humaine. C'était étrange et terrifiant.

C'est ému que Thomas Cassidy accepta de son homologue du passé les clés et le médaillon.

"Merci..." murmura-t-il.

Et il montra, accroché à son propre cou, la même clé, mais rouillée et abîmée par les ans, que Thomas venait de lui remettre.

Ève, enfin, éberluée par ce qu'elle voyait à travers la vitre du Hummer, lança sur un ton haché :

"Je vous servirai de guide une fois à l'intérieur... Mais l'entrée principale devrait être bientôt visible..."

[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 Hn7w122v


Tournant à gauche au virage suivant, Moses ne vit qu'à la dernière minute ce qui, l'instant d'avant avait été caché par un immeuble : le véhicule percuta de plein fouet l'une des pattes du monstre et, faisant un tête à queue, alla percuter un muret, s'immobilisant par la même occasion.

Dans l'habitacle, tout le monde était indemne ou presque. Le chef sortit le premier l'arme à la main. Prêt à faire feu sur tout ce qui aurait plus de deux pattes. Charlie se dégagea ensuite et s'installa en position de tir sur le capot du Hummer, lâchant plusieurs salves en direction de l'horreur.

Ève descendit et montra l'entrée de la bâtisse qui était bien visible, mais malheureusement située derrière la chose.

Enfin, Moses descendit, un peu sonné qu'il était de s'être blessé à la tête dans le choc.

La créature déjà se dirigeait, boitillante, sur le groupe.
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Jeu 9 Juil 2009 - 11:08
L’enfant avait bouclé sa ceinture et, eu égard à la conduite de Moses, s’en félicitait. La voiture, malgré son âge avancé, paraissait robuste et agile en tout cas, sous la poigne de l’homme qui était au volant. Le chef entreprit de répondre à Thomas, même si, clairement, il avait encore du mal à assimiler tout ça. Le petit comprenait : il était pareil. C’était d’ailleurs à peu près le seul moment où il était calme : en train de réfléchir à quelque chose de trop grand pour lui. Mais malheureusement, aujourd’hui, le jeune garçon n’avait pas ces quelques minutes, ces quelques heures qu’il lui aurait fallu pour intégrer pleinement la nouvelle : les énormes monstres qui défilaient par la fenêtre du véhicule le lui indiquaient bien. C’est pour ça que quand Charlie lui expliqua tout sur la créature originelle et son mode de fonctionnement, Thomas s’efforça de rester concentré : peut-être qu’il savait quelque chose qu’ils ignoraient, et peut-être qu’il pourrait les sauver.
C’est vrai, le petit Thomas prenait la survie de ses compagnons très à cœur. Trop à cœur, même, pour des gens qu’ils ne connaissaient presque pas, enfin, le chef, il le connaissait bien. Mais quand même, il était visible que l’enfant s’investissait à fond dans cette histoire, quitte à être cruellement déçu, comme cela en prenait le chemin. Mais le petit n’y pouvait rien : il avait à cœur de réussir, et n’hésitait pas à tout faire pour y arriver, même à imaginer les plans les plus farfelus qui soient.
Quand Charlie lui avait commencé ses explications, Thomas l’avait rectifié avec emphase :

"Pas « quel que soit son nom ». Miko, elle s’appelait. Et ce n’était pas de sa faute, ce sont ses employeurs, à elle, qui sont en cause."

Avait-il répliqué en désignant Eve du doigt. C’est vrai, tout ça, c’était aussi de sa faute ! Si elle n’avait pas livré la pauvre Miko… En tout cas, vu les explications de Charlie, c’était mal parti pour trouver Miko, qui devait être morte depuis bien longtemps. Peut-être pas, c’était vrai, mais il y avait quand même de fortes chances. Pas grave, Thomas cherchait déjà un autre plan. Il cherchait, mais il ne trouvait pas. Comment cinq encore humain pouvait faire cesser la menace de ces milliers, peut-être milliards, de bêtes ? Mais l’idée qu’elles avaient été humaines, à un moment où à un autre, le réconforta quelque peu. Peut-être qu’on pourrait les raisonner, les menacer, les… enfin, faire quelque chose.
L’enfant baissa la tête quand le chef reprit la parole. Il avait du mal à réaliser que c’était lui, en fait, qui parlait de cette absence d’espoir et de mort assurée. Il avait réellement cru que, plus tard, il garderait ses illusions d’enfant, qu’il serait optimiste… mais il ne parvenait pas à appréhender, dans son ensemble, la situation que devait avoir vécu ce Thomas-là. Seulement l’imaginer, ce qui n’était pas énorme. Pourtant, au fond de lui, il voulait encore croire à l’espoir, et même les paroles de son double ne le convainquirent pas d’abandonner.

"Ca changera. Parce qu’il faut que ça change quelque chose."

Bon, effectivement, l’argumentation n’était pas des meilleures, Thomas s’en rendit compte. C’était même un peu nul, comme argument, mais la force de conviction qu’il y avait mis suffisait sans doute à pallier cette lacune. L’enfant avait un regard déterminé, qui semblait indiquer à quiconque le regardait qu’il ne changerait pas d’avis. C’est avec intérêt qu’il se pencha pour observer la sentinelle, donc, celle avec des crochets qui perforaient l’acier. Brr, c’était effrayant rien qu’à imaginer, alors à voir… Le petit ne put supporter le spectacle longtemps, sous peine de basculer dans la panique. Il se remit correctement sur son siège et ferma les yeux, en se répétant que tout allait bien : il allait trouver une solution, tout n’était pas perdu. Quelle solution, aucune idée, mais il fallait en trouver une. D’urgence, si possible.
Quand l’enfant avait tendu les clefs à ce Thomas de l’avenir, il ne s’attendait pas à un merci, à vrai dire. Il n’avait pas réfléchi, tant ce geste lui paraissait normal, et le fait d’être remercié pour ça le poussa à dévisager son interlocuteur d’un air intimidé. Une timidité qu’i s’accentua encore lorsque le chef lui montra, à son propre cou, la même clef, davantage rouillée et usé certes, mais la même. C’était tellement étrange, et tellement riche en émotions que sur le coup, Thomas la petite pile électrique, ne savait plus quoi dire. Il se contenta de hausser les épaules, esquissant un vague geste qui voulait dire « c’est normal ». Le chef comprendrait, sûrement. Ils étaient presque pareil, après tout. L’enfant finit par lui accorder un grand sourire… de toute façon, il ne savait pas quoi dire, mais ce sourire disait sans doute tout ce qu’il y avait à savoir. Le petit était fier d’être devenu cet homme là, malgré sa fâcheuse tendance au pessimisme. Fier d’être devenu grand et balèze, d’avoir toujours cherché à protéger les plus faibles : Charlie qui avait perdu son enfant, Moses qui… il ne savait pas pourquoi Moses s’était joint à eux, mais bon, il avait sûrement une raison de rechercher la protection de celui qui était devenu chef de leur petit groupe, et qui partait maintenant pour un assaut suicidaire, juste pour ne pas attendre de se faire manger sans réagir. Le petit se demanda s’il deviendrait vraiment comme ça, lui aussi : il pensait ne pas avoir la carrure d’un chef, inconscient du fait que, depuis le début de cette aventure, il se conduisait plus ou moins comme tel, malgré son jeune âge.

Eve accepta finalement de jouer les guides. L’enfant lui lança un regard soupçonneux, conscient que si elle mentait, il ne pourrait pas le détecter, mais elle semblait aussi effrayée que tout le monde dans cette voiture. Peut-être avait-elle peur de ne pas être reconnu, peur de ce qu’elle avait contribué à créer, qui sait ? En tout cas, le gamin se promit bien de ne pas la lâcher d’une semelle : il n’arrivait pas à lui faire confiance.
Et puis, ce qui avait été jusque là qu’une petite équipée aventureuse se transforma en cauchemar : Moses ne vit qu’au dernier moment une bestiole que la voiture percuta de plein fouet, allant ensuite s’encastrer dans un mur. Les passagers, secoués mais indemne pour la plupart, excepté Moses qui devait s’être cogné la tête, sortirent rapidement pour se mettre en position de combat. L’enfant, ne sachant trop où était sa place, s’assura d’un regard que le blessé allait plutôt bien et se coula auprès du chef. Une idée saugrenue lui germa dans la tête, surtout qu’elle avait dû être tentée, déjà. Mais si ces bestioles avaient été humaines, peut-être qu’elles l’étaient encore un peu ? Peut-être que son pouvoir pourrait les atteindre ?
Thomas se concentra sur l’énorme chose qui arrivait. S’il arrivait à sentir en elle le moindre petit sentiment d’humanité, peut-être qu’il parviendrait à l’amplifier suffisamment pour qu’elle ne les attaque pas ? C’était fou et presque désespéré, mais bon, qui ne tente rien n’a rien ! Si elle avait encore un tout petit peu de l'humain que Charlie disait qu'elle avait été, ça marcherait! Il fallait que ça marche.
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Jeu 9 Juil 2009 - 22:32
Un déluge de balles s'écrasa sur la créature. Qui ne fut que quelque peu ralentie dans sa progression. Ça allait être très juste. Déjà, Thomas pouvait voir Moses se précipiter vers l'arrière du véhicule. Déjà, Thomas pouvait voir Ève recroquevillée sur elle-même, complétement affolée.

L'action de Thomas se solda par... un échec retentissant. Était ce la distance ? Ou le fait que la créature n'était plus que très vaguement humaine ?

Il avait échoué et son action avait été vaine... Sauf que... Sauf que son homologue du futur vint le voir et lui posa une main paternelle sur l'épaule.

"Petit. Laisse moi faire"

Il fit face à la créature qui avançait péniblement mais surement. Le chef se concentra et la démarche de la créature se fit plus hésitante. L'homme du futur brailla :

"Charlie aide moi !"

La jeune femme jeta son arme et se saisissant les tempes activa son pouvoir. La Sentinelle s'arrêta quelques instants... La télépathe semblait au bord de la rupture et... étonnamment une aide inespérée se manifesta en la personne de... l'avocate. Seconde attaque psychique. Second coup d'arrêt donné à la créature. Puis, Moses revint de l'arrière du véhicule, un lance roquette en mains. Le temps de décharger son imposante arme sur la Sentinelle et le passage était dégagé.

La petite équipe passa aux travers des restes partiellement calcinés de la chose. Conduit par le chef, qui lui tenait sa petite main dans sa grande paluche, Thomas était amené vers l'intérieur de la bâtisse.

"Petit, ne touche à rien. Son poison est mortel"

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Le petit groupe, armé jusqu'aux dents pénétra dans le hall de Lange, Manners & James. La vaste pièce était bien évidemment vide même si cette pensée n'avait rien de rassurant.

Ève brailla :

"Au fond à gauche c'est les escalators ! Ils ont pas l'air de marcher mais on peut les utiliser pour monter jusqu'au douzième et dernier étage... Sinon il y a les ascenseurs au fond à droite"

Moses balaya avec le bout du canon de son fusil mitrailleur la pièce.

"Faut qu'on prenne une décision. Ça doit être bourré d'arachnoïdes et ça me dit rien qui vaille qu'on les voit pas"
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Jeu 9 Juil 2009 - 23:55
Franchement, c’était mauvais, très mauvais : même les armes n’arrêtaient pas cette chose. Elle avançait cahin-caha, doucement et maladroitement, mais elle avançait quand même. Et d’ici peu, elle serait sur eux, et là, l’enfant ne voulait même pas l’imaginer. C’est pour ça qu’il avait concentré son pouvoir, même sans savoir si cela pouvait avoir une quelconque incidence. Mais l’enfant avait la triste impression que ses efforts ne servaient à rien, et le fait est que sa tentative se soldat par un cuisant échec : il ne se passa absolument rien du tout, comme si Thomas n’avait rien fait. D’ailleurs, peut-être que ça ne pouvait rien faire, il n’en savait rien.
Le petit sentit une main se poser sur son épaule, en un geste paternel et réconfortant. Quand il leva les yeux, il rencontra le regard amical de Thomas, qui lui conseilla de le laisser faire. Curieusement, l’enfant ne rebella pas quand il l’appela « petit », trop conscient sans doute qu’effectivement, il n’était qu’un gamin parmi ces adultes. Et dans sa bouche, cela ne sonnait pas comme une insulte, plutôt comme une sorte de façon de prendre les choses en main. C’était drôlement rassurant, cette idée, et le petit ne détacha pas ses yeux confiants du chef qui s’avançait.

Alors, le petit Thomas se rendit compte de ce qu’il pouvait faire, et qu’il n’était pas parvenu à faire tout à l’heure. Lui manquait de puissance et de contrôle, mais le chef semblait maîtriser son pouvoir à la perfection. La créature sembla trébucher, sous les yeux quasiment émerveillés de l’enfant, fier de ce que son lui du futur accomplissait. Est-ce qu’il en serait capable, un jour ? Parce que pour l’heure, il se sentait bien inutile.
Charlie vint prêter main-forte à son chef _Thomas se rappela qu’elle était sans doute télépathe, elle_. Mais elle ne fut pas la seule : Eve aussi activa son pouvoir, les aidant à faire ralentir la créature tandis que Moses pointait son lance-roquettes dessus. Instinctivement, l’enfant se boucha les oreilles des deux mains et ferma les yeux, pour ne les rouvrir que lorsque leur ennemi était devenu un amas de ruines fumantes. La Sentinelle n’était plus prête de les embêter ! Mais il fallait déjà repartir, et Thomas fut rassuré de glisser sa petite main dans celle, bien plus, grande, de celui qu’il deviendrait un jour. Ce dernier lui ordonna de ne rien toucher, mais cette précaution était inutile : l’enfant n’avait d’yeux que pour le chef de leur petit groupe, levant ses yeux émerveillés vers lui. Tous les enfants ont besoin d’un héros, et le gamin venait de trouver le sien… peu importe s’il s’agissait de lui-même, en fait.
Aux yeux du jeune mutant, ce Thomas du futur incarnait la perfection : un leader, un meneur qui était suivi par un groupe sans peur, qui prenait des décisions et les exécutait et qui, en plus, était costaud et courageux. Et en plus, il prenait sous sa protection le petit, qui commençait à se sentir de plus en plus inutile à mesure que les secondes s’écoulaient. Même Eve pouvait aider, et en plus, elle leur servirait de guide une fois à l’interdit ! Mais lui, hein ? Un soudain découragement s’abattit sur l’enfant, qui raffermit sa prise dans la main du gaillard qui le dominait, et qui lui donnait l’impression de ne pas être si inutile que ça… même s’il ne servait à rien !

Le petit groupe s’arrêta dans l’entrée, et Eve indiqua la direction des escalators. L’endroit était dangereusement silencieux et vide pour un quartier général de bestioles, et Thomas n’avait pas besoin de sentir les autres pour savoir à quel point tous étaient tendus. Moses indiqua qu’ils devaient prendre une décision, et ce fut la voix enfantine du petit qui s’éleva en premier.

"Moi, je ne prendrais pas les ascenseurs. On sera coincé dedans, et on pourra rien voir. Ca va être plus long dans les escalators, mais c’est plus sûr."

Il haussa les épaules avant de retourner à sa contemplation admirative du chef, assez fier tout de même d’avoir dit ce qu’il pensait. Bon, ce n’était pas réellement le plan du siècle mais au moins, il prenait des décisions, et il servait à quelque chose. Attirant l’attention de son homonyme, l’enfant lui glissa à voix basse.

"Je suis bien un mutant, alors. Et je pourrais faire des choses terribles ! T’es drôlement fort, tu sais."

C’était une simple constatation mais, dans la bouche du petit gamin, cela sonnait comme le plus beau des compliments. Et puis, il y avait cette histoire de mutant… jusqu’à maintenant, Thomas n’était pas entièrement convaincu d’en être hein. Certes, il s’habituait à l’idée, mais entre supposer et voir de ses yeux la vérité, il y avait un pas que le Thomas du futur avait franchi pour lui. Curieusement, cela avait boosté la confiance en soit du jeune mutant : peut-être qu’il n’y avait pas erreur sur la personne, finalement. Il était fait pour être mutant, et il serait un mutant puissant, plus tard. Il devait juste attendre un peu… et, surtout, il n’avait pas été choisi dans cette quête par hasard. Il était un mutant, il était fort, et il était capable de bien des choses. Peut-être même d’empêcher que ce futur apocalyptique ne devienne réalité.
Puis l’enfant détourna quelques instants les yeux de son héros, les posant sur Eve. Il ne parvenait pas à faire totalement confiance à l’avocate : elle avait projeté de le tuer, après tout. Mais elle était utile, et plutôt sympa, quand elle avait peur de mourir. Finalement, l’enfant désigna les escalators du doigt et demanda, sans s’adresser à personne en particulier.

"Et… vous avez pas un moyen de les repérer à l’avance ? Avec vos pouvoirs, ou des détecteurs… quoique… est-ce qu’il y a des caméras, vous croyez ? S’il y en a, c’est relié au bureau de la sécurité et, en général, c’est situé à l’entrée. Quelque part par là."

Fit-il d’un geste vague. Il le savait, pour l’avoir déjà constaté dans divers bâtiments, que les bureaux des vigiles se situaient en général au rez-de-chaussée. Mais est-ce que les choses avaient besoin de caméras pour repérer les intrus, ça, cela ne faisait pas partie de ses connaissances.
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Ven 10 Juil 2009 - 0:50
"Le p'tit a raison" trancha le chef. "Les ascenseurs ne m'inspirent pas confiance. Moses, Charlie, je pense qu'on se rappelle tous du faux plafond et de ce qu'il contenait à Philadelphie. On refera pas l'erreur de se retrouver bloqués, sans pouvoir se tirer, sous une telle chose"

L'homme sourit à Thomas.

"Tu sais, j'échangerai tous mes pouvoirs contre... Quelques minutes de paix"

Il le regarda quelques instants, l'air triste.

"Désolé de t'infliger de telles horreurs"

Ève observa le petit garçon et, après quelques instants de réflexions, répliqua :

"A mon époque, la sécurité se trouvait bien à cet étage... Mais si les escalators ne fonctionnent pas, je pense qu'on va rien voir sur les caméras"

Petite pause pendant laquelle l'avocate afficha un léger sourire.

"Au moins si on ne peut les voir, ils ne peuvent nous voir !" ajouta-t-elle.

Bien piètre consolation pour tout le monde. Le chef fit un signe au groupe de le suivre dans l'escalator.

"Bon Thomas, Ève... Nous sommes équipés. Charlie et Moses ont un fusil mitrailleur, et un pistolet chacun. Moses a en plus plusieurs grenades incendiaires. Moi j'ai juste mes deux flingues et un couteau"

Sortant un révolver glissé sous sa ceinture, il le tendit à l'avocate.

"Je pense qu'on peut vous faire confiance. Après tout vos employeurs ne sont plus humains..."

L'avocate commenta, un brin ironique en acceptant l'arme.

"Ils ne l'étaient déjà pas à mon époque..."

Les premiers étages étaient des open space, simplement meublés de bureaux dévastés. L'équipe pouvait voir de ci, de là, quelques araignées se faufiler sous le mobilier. Aucune résistance de la part de Lange, Manners & James pour l'heure.

Finalement, en arrivant au dixième et antépénultième étage, le groupe constata avec effroi qu'il n'y avait plus d'escalator. Seule une porte tout au fond de la longue pièce semblait indiquer la présence d'un quelconque accès vers les deux derniers étages.

Mais avant cela, Thomas remarqua des choses invraisemblables. Horribles. Situées sur le passage qu'ils devaient emprunter.

Ève se décomposa et marmonna :

"C'était pas comme ça à mon époque. Ils... Les escalators donnaient jusqu'au dernier étage ! Et... Et c'est quoi CE TRUC ?"


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Les murs étaient tapissés de sortes d'œufs... Le contenu de ceux-ci ne laissait guère de mystère... Et certains d'entre eux remuaient légèrement.

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Thomas remarqua que tout près du groupe, juste à quelques dizaines de centimètres sur leur gauche, un œuf venait d'éclore. Et une araignée se faufilait de manière pataude dans leur direction. Sa taille était normale. Mais elle ne disait rien qui vaille...
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Ven 10 Juil 2009 - 10:52
Thomas afficha un sourire ravi quand le chef trancha en faveur de sa solution. Bon, c’était la plus logique, et il ne savait pas ce qui s’était passé à Philadelphie, mais quand même, l’idée que sa décision face force de loi avait un petit côté flatteur. Il renonça à demander, pour ce qui c’était passé dans l’ascenseur : les phrases à demi-mot du grand Thomas étaient assez claires : ça n’avait pas été de tout repos. L’homme reprit la parole, et l’enfant haussa les épaules avec une sorte de résignation. Il ne pouvait pas lui offrir ces instants de paix, malheureusement. S’il avait pu, lui aussi ce serait bien passé d’aller crapahuter à travers un immeuble plein de bestioles pour aller affronter des bestioles encore plus grandes. Mais il n’avait pas le choix, et le chef non plus ne l’avait pas. L’enfant lui fit un sourire encourageant, avant de répliquer.

"Bah, c’est pas grave, c’est pas de ta faute."

Il aurait bien voulu rajouter quelque chose, dans le genre « c’est pas grave, t’es là », mais il se rendit compte que cela faisait un peu mièvre. En général, les garçons de treize ans ont une vision bien particulière de leur ego, et de ce qu’il ne faut surtout pas dire pour passer pour un sensible, aussi Thomas n’ajouta rien de plus, se contentant de serrer fort la main de son homologue du futur. Cela suffisait, il n’y avait pas besoin de mot dans le regard qu’il avait posé sur son héros, un regard éperdu d’admiration. Cela faisait sans doute cliché de dire qu’il le suivrait au bout du monde… mais c’était pourtant la vérité.
L’enfant sentit soudain le regard d’Eve se poser sur lui, tandis qu’elle commentait son idée… Et la démontait en douceur. Ce n’était pas cassant, cela n’avait peut-être même pas l’intention d’être méchant : c’était juste une constatation élémentaire que le petit aurait du faire lui-même. Thomas se sentit bien bête, sur le coup : il aurait du y penser ! Il ne ferait jamais un bon chef, s’il oubliait de penser à des détails comme ça ! Mais qu’est-ce qui lui avait pris d’oublier ça, voyons ! L’air penaud, l’enfant prit la parole :

"J’y avais pas pensé, c’est vrai."

Bon, c’était clair qu’il n’y avais pas pensé, mais le petit avait éprouvé le besoin de se justifier et, surtout, d’avoir le dernier mot. Il ne laisserait pas Eve s’arrêter sur un de ses échecs, non mais ! Et puis quoi, encore ?
Puis le grand Thomas distribua les armes, l’enfant prenant mentalement note de leur arsenal, avant que le chef ne tende l’une de ses armes vers Eve. Le petit la regarda avec un air interrogateur tandis qu’elle prenait le pistolet, mais elle ne semblait pas animée de mauvaises intentions. Enfin, vu qu’il ne savait pas lire dans les pensées, et qu’il n’avait même pas accès aux sentiments de l’avocate, il ne pouvait le dire avec certitude. Au moins, une chose était claire : malgré sa bravoure et son pessimisme que le petit trouvait presque maladif, le grand Thomas n’avait pas l’air d’avoir perdu toute sa naïveté. C’était plutôt rassurant, décida arbitrairement le petit. Et puis, faire confiance à Eve, à ce stade, était presque obligatoire ! Toutefois, l’enfant nota qu’on ne lui avait pas proposé d’armes, à lui et, en réalité, il était plutôt soulagé.
Une fois, lors d’une fête de quartier, il s’était essayé au tir à la carabine. Ca avait été un massacre, il avait mis tout à côté ou presque. Il avait eu beau clamer, pour se défendre, que le laser de visée était défectueux, ça n’avait abusé personne, et surtout pas lui-même. Apparemment, dans le futur, il saurait se servir d’une arme, mais pour l’instant, il n’en était pas question.

Ils prirent donc les escalators, l’enfant restant quelques pas en retrait derrière le chef. Il jetait de fréquents coups d’œil alentours, mais aussi à Eve et à Charlie. Pas pour les mêmes raisons : Eve, parce qu’il voulait la surveiller, Charlie, parce qu’elle était… drôlement jolie. Il se souvenait des paroles du chef et, même si l’allusion à toute forme de sexualité le mettait encore mal à l’aise, l’idée que Charlie et Thomas soient…ensemble, des fois… lui faisait venir un stupide sourire aux lèvres. La jeune femme était vraiment belle, et, sans doute parce qu’elle était plus vieille que lui, il ne faisait que l’idéaliser un peu plus.
Mais arrivé au dixième étage, le petit dût bien vite arrêter de contempler en silence la jeune femme. Les escalators s’arrêtaient, au grand désarroi d’Eve, visiblement. Et malheureusement, ce n’étaient pas leur seul problème : des choses horribles, immondes, leur barraient le passage : des œufs. Des dizaines, peut-être des centaines, dont certains remuaient comme s’ils allaient laisser sortir les immondes bêtes qu’ils abritaient. Le petit groupe en était comme entouré, étouffé dans cet amas sordide et glougloutant. Le petit senti la bile lui monter dans la gorge, comme s’il allait vomir, et cela ne fit qu’accentuer son malaise. Reculant de quelques pas, il remarqua, sur leur gauche, une araignée tout juste éclose et qui se dirigeait, pataude, vers eux. Même si cela aurait pu être totalement fortuit, il avait l’intuition que cela ne l’était pas. Mais… elle se rapprochait et, le temps d’appeler du renfort, elle serait sur eux. En plus, c’était peut-être ridicule d’appeler à l’aide pour une toute petite araignée, quoiqu’elle soit quand même énorme, aux yeux de l’enfant.
Prenant une soudaine décision, Thomas s’en approcha dans l'intention de l'ui donner un coup de pied qui l'enverrait bouler à quelques mètres, sans toutefois la tuer. Si son intuition était juste, la bestiole ne se laisserait pas rabrouer comme ça, et elle reviendrait à la charge. Le petit attendait qu'elle fasse mine de trop se rapprocher, prêt à lui envoyer un coup de pied, et éleva la voix pour être entendu des autres.

"Je suis pas si sûr que personne ne nous voit. Elles… elles ont pas un système de communication, vous savez, comme les fourmis ? Parce que dans ce cas là, elles savent où nous sommes, et il suffit d’en tuer une pour que les autres rappliquent."

Levant le nez vers le plafond, puis vers les murs de la pièce, avant de se concentrer sur l'araignée qui s'approchait, il demanda encore.

"Moses ? Les grenades incendiaires… ça fait vraiment un grand feu, ou on pourra passer quand même ? Parce qu’il ne faut pas les laisser vivre, ces bêtes. Non, il ne faut vraiment pas."

Répéta-t-il, comme pour lui-même.
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Ven 10 Juil 2009 - 18:38
"Un système de communication ? Disons, petit, qu'il y a toutes sortes d'araignées dans notre monde... Des sentinelles, des araignées sauteuses, des araignées mutantes, des qui peuvent se téléporter, des qui ont des têtes d'homme, d'autres qui ont des corps humains, des géantes, des toutes petites, des pondeuses... et des télépathes" expliqua le chef.

"Celles qui sortent des œufs ne sont pas encore arrivées à maturation. Si certaines auront des pouvoirs spéciaux à l'avenir, pour l'heure elles sont juste... venimeuses et mortelles" termina-t-il.

Le colosse écouta avec attention les questions du petit Thomas.

"Compris, p'tit bonhomme" répliqua Moses en sortant une grenade de sa poche. "On va tout faire cramer. En arrière tous !"

Alors que la troupe allait pour se réfugier dans l'escalator qu'ils avaient emprunté quelques instants plus tôt, Thomas remarqua que la petite araignée, avant qu'il puisse se décider enfin à la frapper ou à prévenir la troupe, bifurqua rapidement et planta ses crocs dans le mollet du colosse.

Moses venait de dégoupiller une grenade. Sous le coup de la morsure, il poussa un cri de douleur et laissa choir à ses pieds la grenade. Cette dernière était sur le point d'exploser. Et l'immonde créature à 8 pattes était juste à côté de l'explosif.
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Ven 10 Juil 2009 - 20:33
Thomas l’écoutait attentivement mais, au fur et à mesure des paroles du chef, son air d’apparente assurance s’estompa. Il n’aurait jamais songé qu’il existait tant d’araignées différentes, celles qu’il côtoyait se limitant aux affreuses en cage et à celles aux longues pattes qui tissaient leurs toiles dans son jardin. Mais ici, dans ce futur, elles étaient drôlement plus nombreuses que ça ! Et chacune avait son propre rôle, un peu comme les fourmis, ce qui impliquait sans doute qu’elles communiquaient entre elles… ou pas. Peut-être une mémoire génétique, sinon ? Ou alors, les bestioles télépathes… Enfin, ça faisait trop de données inconnues pour que Thomas puisse prendre une décision. Et puis, si les araignées qui sortaient de ces œufs étaient des araignées normales, son pouvoir d’empathe n’aurait aucune incidence dessus. Ca ne marchait pas avec les animaux, il avait déjà essayé.
Mais si elles étaient venimeuses… l’enfant contempla avec inquiétude tous les œufs qu’il avait sous les yeux. Si elles sortaient toutes en même temps, ils étaient dans de sacrés draps ! Et en plus, rien ne disait que les trois autres avaient un sérum à disposition. Il espérait vraiment que si, mais peut-être pas, et dans ce cas…

"Venimeuses et mortelles ? Ca veut dire que vous ne pouvez pas avoir heu… un vaccin, ce genre de choses ?"

Demanda-t-il d’une petite voix, conscient que si la réponse était négative, l’entreprise prenait un aspect encore plus mortel. Le grand Thomas et les autres semblaient si sur d’échouer… est-ce qu’ils avaient raison, finalement, de ne pas croire en un futur meilleur ? C’était une perspective encore plus terrifiante que la montagne d’œufs qui s’offrait à leur vue.
Et puis Moses répondit à sa question avec enthousiasme. Ou plutôt, sortit rapidement une de ses grenades, dans l’optique de déclencher un joli feu de joie. L’enfant observa rapidement l’engin, qui ressemblait en tout point aux grenades que l’on trouvait dans ses jeux vidéos. Les concepteurs de ce type de jeu semblaient bien renseignés ! L’enfant n’était pas féru de jeu de guerre, et ne savait pas plus utiliser une arme qu’une de ces grenades, mais il tenait à savoir à quoi cela ressemblait : ça pouvait toujours servir ! Toute la petite troupe fit mouvement vers les escalators, pour mieux s’y réfugier quand le feu bousillerait ces sales bestioles. L’enfant se demanda avec inquiétude ce qu’il se passerait si les bêtes en réchappait, mais cela ne semblait inquiéter personne dans l’équipe, aucun n’ayant posé de questions. Ou peut-être que chacun se la posait, et n’osait le dire aux autres, qui sait ?
Et puis, Thomas revit soudain de la petite araignée, celle dont il avait eu peur qu’elle prévienne ses compagnes. Elle n’avait pas fui, comme il le pensait, dans l’agitation qui avait suivi leur retraite vers les escalators. Il l’avait perdu de vue à ce moment là, mais elle venait de réapparaître. Et, avant même qu’il ne puisse lancer le moindre avertissement, elle se précipita sur Moses et le piqua au mollet. Le pauvre laissa échapper un cri de douleur et lâcha la grenade dégoupillée, qui tomba pile à ses pieds, juste à côté de l’araignée qui, s’imagina l’enfant, les dévisageait avec méchanceté. Il fallait réagir vite, et Thomas sentit l’angoisse montée, sentiment renforcée sans doute par la douleur de l’homme blessé, à proximité, et par le fait qu’il ne maîtrisait pas encore ses pouvoirs de mutant à la perfection.

Les pensées parasites du colosse pouvaient le paralyser, il le savait. Une fois ou deux, les sentiments autour de lui étaient si fort que Thomas perdait le fil des siens. Or, il lui fallait garder la tête froide : la grenade devait dégager, et l’araignée avec, si possible. Mais comment ? Donner un coup de pied à la grenade ne serait pas sans danger, surtout avec l’affreuse bestiole à ses côtés. Mais le temps de traîner Moses à l’abri, elle aurait dix fois le temps d’exploser. Thomas ne savait que faire, mais il devait à tout prix se décider : les autres, déjà réfugiés près de l’escalator, n’arriveraient probablement pas assez vite.
L’enfant ne tergiversa pas plus longtemps : s’emparant du fusil mitrailleur que le blessé avait dans les mains, il s’en servit comme d’une raquette pour faire valdinguer la grenade près des oeufs, sans se mettre à portée des crochets de l’araignée. S’il avait pu, il se serait servi de l’arme pour abattre la bestiole, mais à part taper dessus, il ne pouvait pas faire grand-chose d’autre. D’un coup de crosse, il aplatit l’araignée et, sans réellement regarder si elle avait survécu ou non, se glissa sous le bras de Moses. Il était légèrement trop frêle et trop petit pour supporter le poids du gros homme, mais l’aider à se déplacer était dans ses moyens… du moins, il l’espérait. Tout comme il espérait que sa grenade ait atteint les œufs assez près. Après tout, il était tennisman, et pas golfeur ! Mais il n’avait pas franchement le temps de regarder, malheureusement.
En tout cas, ça faisait un sacré paquet d’espérances, tout ça. Et dire que le grand Thomas pensait que l’espoir était mort !

[Par contre, je ne sais absolument pas si j’ai le droit de faire ça… est-ce que cela implique plus d’une action ? Donc au pire, cher Courtier, tu barres tout, et tu as le droit de me disputer.]
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[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 Empty Re: [Rockford] La nuit, tous les chats sont gris

Sam 11 Juil 2009 - 0:07
[No soucy... Effectivement, il y a beaucoup d'actions même si elles sont rapides... Pour les besoins de la cause, je valide... Mais en mode jeu, prends bien garde à n'effectuer qu'une SEULE action... Wink ]

Tout s'accéléra. Se saisissant de la lourde arme de Moses par le canon, il abattit sa crosse sur l'araignée qui fut écrasée instantanément. Puis du plus fort qu'il put de ses petits bras frêles, il se servit de l'arme comme d'un club de golf et fit glisser la grenade vers les rangées d'œufs qui commençaient à éclore.

Thomas eut tout juste le temps de se mettre sous le bras du colosse avant que la grenade n'explose, projetant un déluge de feu à travers la pièce. Et c'est à l'abri sous Moses qu'il entendit les derniers hurlements de l'homme empoisonné par le venin, calciné par les flammes... Les araignées nouvellement nées poussèrent des cris qui auraient eu plus leur place dans la bouche d'êtres humains.

Quelques instants plus tard, le chef vint dégager le cadavre de son ami de Thomas.

"Il n'y a pas de vaccin. Plus de médecin, plus de remède, tu piges ? Du coup, c'est peut être mieux que Moses soit mort comme ça"

Jetant un regard sur lui même et les autres, le mutant put voir qu'il était indemne, tout comme le chef et les deux femmes. Relevé de force par son homologue du futur, il observa également les dégâts causés par l'arme incendiaire : la pièce avait été nettoyée de tous les œufs et le dos de Moses n'était plus que de la chair carbonisée...

Si le groupe ne s'était pas mis à l'abri et si lui même n'avait pas trouvé refuge en essayant d'aider Moses, il ne fait aucun doute qu'il serait mort au même titre que ce dernier.

"Allez, p'tit, on avance. On pourra pleurer notre pote quand on sera mort"

*
**


La traversée du couloir ne révéla aucune autre surprise et le groupe put accéder au onzième étage par un vieil escalier de service.

"On arrive à l'étage des associés minoritaires..." lâcha Ève, comme si faire le guide touristique était tout ce qui lui restait.

L'étage était presque entièrement vide. Seules les portes d'un ascenseur ultra moderne laissaient envisager une sortie vers les bureaux de Manners, Lange et James. En revanche, le cauchemar continuait !

Il y avait tout d'abord ces silhouettes humaines, comme enveloppées dans un cocon, qui reposaient sur une sorte de lit...

[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 Seveninbed


Puis, cette araignée qui s'activait autour d'une sorte... d'incubateur ?

[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 _42408518_louise_spider416


Et enfin et surtout, conservée dans une boite en verre translucide, cette chose pétrifiée...

[Rockford] La nuit, tous les chats sont gris - Page 2 Hiruko_5


Avant que le groupe ne puisse faire le moindre pas, quelque chose sembla vriller la tête de tous le monde... Et Thomas entendit, comme si on lui parlait directement dans son esprit :

"Shhhhh... Petits hommes... Shhhhhh... Mes enfants vont vous dévorer... Shhhh... On ne combat pas l'Empire, on le devient"

Et il semblait que l'araignée de l'incubateur remuait les pattes au fur et à mesure que les paroles s'inscrivaient dans les pensées de Thomas...
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