[X-Rays 8.2.2]West Potomac Park

Quelle journée que le 17 mai... Matinée normale, après-midi à peu près normale, mis à part l'absence chronique d'Adam... Puis sonna l'heure d'y aller. Par monorail. Pas de véhicule officiel. Le trajet était calme, Adam semblait détendu, même si on pouvait se douter qu'il cogitait ferme.

Finalement, le monorail arriva à Washington, et ils changèrent pour une ligne urbaine qui fut interrompue plusieurs arrêts avant de s'approcher du parc national. Tous les passagers furent évacués, à l'exception des X-Rays.

"Bon... Ca va être à nous de jouer à partir de maintenant.", dit-il d'un ton terriblement fataliste.

"Prochain arrêt : Washington Monument"

Cet arrêt atteint, trois personnes entrèrent dans le monorail, dont deux étaient familières à présent des X-Rays.


"Bonjour Dr. Zachary. Vous avez ramené du renfort. Parfait. Les renforts de la police, veuillez me suivre."

Adam hocha la tête, et Rachel, Jeremiah, Michaël et Grégoire sortirent du monorail, laissant Georgia, Elly, Daniel, Alexander et Jay dans le monorail, avec Adam et l'Amiral.

Une fois le monorail reparti, Nana Secoulit présenta l'autre femme.

"Je vous présente Amanda Saya, de la police de Washington. Elle est là pour vous superviser et vous aider dans votre mission.", un petit sourire de cette dernière, et toutes deux partirent à grand pas vers le Washington Memorial, où l'on pouvait voir une importante foule amassée.

"Notre mission est double : nous devons quadriller le parc national. Surveillance, et identification. Tout intrus ou suspect doit être appréhendé et neutralisé, et ramené au Washington Monument pour évaluation. Nous devons également faire part de tout élément qui nous paraîtrait suspect, ou de nature à compromettre la mission de ceux en charge de la protection du Jefferson Memorial, ou la sécurité de l'ensemble de l'opération."

Amanda hocha la tête. Rachel, Jeremiah, Michaël et Grégoire n'eurent pas trop de mal à comprendre à qui il était fait référence. De toutes évidence, l'opération était prise très au sérieux.

"Notre seconde mission consiste à nous déployer en formation au cas où le Jefferson Memorial serait attaqué, afin de prendre en tenaille les assaillants, entre le groupe de protection et nous. Les neutraliser et les appréhender. Autant que faire se peut, ne pas faire un usage de la force létale, sauf en cas d'urgence vitale pour vous ou vos coéquipiers."

Arrivés au point de rassemblement, les X-Rays purent voir une grande carte holographique.


Nana Secoulit les amena à des tables, où se trouvaient des brassards fluos et des communicateurs semblables à ceux de l'Institut.

"Ceci est notre matériel de reconnaissance. Les brassards sont équipés de transpondeurs et des ballons surveillent tout le théâtre des opérations depuis le ciel. Les communicateurs nous permettront de rester en contact, et vous informeront si les personnes en face de vous sont alliées ou copient nos brassards. Je vous laisse avec Mlle Saya."

Nana Secoulit partit à nouveau à grand pas. Amanda leur fit signe de les suivre, et se rendit à l'armurerie. Tout en s'équipant de multiples armes de poing et couteaux qu'elle accrocha dans tous les endroits possibles, elle leur expliqua.

"Ca déconne pas tout ça... Une balle entre les deux yeux, voilà ce que méritent ce genre de mutants. Vous savez vous débrouiller j'espère, parce qu'on a pas le droit de vous donner des armes, et je tiens pas à être la seule à canarder. Alors ouvrez grand vos mirettes et vos esgourdes, et faites chauffer le feu d'artifice."

Sur ces paroles empreintes de sagesse, ils retournèrent au point de rassemblement où Nana Secoulit donnait ses ordres. On pouvait voir des agents de police et du FBI, armés jusqu'aux dents. Certains avaient des détecteurs infrarouges au sol. Aussi étrange que cela puisse paraître, Nana Secoulit était en civil. Tailleur pantalon, talons... Et ne semblait pas armée. Elle donnait ses ordres d'une voix autoritaire qui forçait le respect de ses subordonnés, assignant chacun à une zone précise sur la carte.

"Saya et Xavier, West Potomac Park !"

Saya tourna immédiatement les talons, et s'en fut dans la direction du West Potomac Park, avec les quatre jeunes de l'Institut.

Dans leur dos, on pouvait entendre une liste de noms, et les policiers se disperser...

La fin de journée était claire et dégagée. Seul le soleil rougeoyait au loin. Le calme avant la tempête...

Lorsque la porte du monorail se referma sur l’équipe qui allait être au cœur du dispositif de défense, la poitrine de Grégoire se serra. Non pas qu’il craignait pour leur sécurité – il savait bien qu’ils pouvaient arrêter une armée à eux seuls – mais il n’aimait pas l’idée de les laisser en première ligne. C’était pourtant la solution la plus sage pour Grégoire. Sa seule bonne volonté ne suffirait sûrement pas à contenir l’attaque qui se préparait. Il eut un regard vers Rachel, puis écouta Nana Secoulit faire les présentations et présenter les détails de leur mission.

Grégoire prit un brassard sur la table ainsi qu’un communicateur et commença à s’équiper. Il était pressé d’être dans le feu de l’action car attendre sans savoir ce qui allait réellement se passer était plus angoissant que de se mettre concrètement en marche contre le feu de l’ennemi. L’endroit grouillait d’agents et l’endroit semblait se préparer à dresser un véritable siège.

Secoulit les envoya au West Potomac Park, à l’instar des autres agents dispersés dans la zone qui devait être quadrillées. L’agent Saya devait sûrement être leur chaperonne. Une drôle d’impression, à vrai dire. Grégoire marcha dans les pas de Saya sans broncher. Il se retourna vers les autres et dit d’une voix si basse qu’on l’entendit à peine :

« Et s’ils avaient des alliés ici ? Et si la menace venait aussi de l’intérieur ? »

Grégoire promenait son regard sur l'ensemble des personnes qui s'agitaient dans la zone, sur Secoulit, sur Saya. Non, il devenait parano.

Puis il s'adressa à l'agent qui les devançait :

« Nous sommes envoyés dans une zone précise du parc ? »

Le trajet de monorail se fit un peu plus en silence qu'elle ne l'aurait voulu. Ou bien c'était parce qu'elle était trop préoccupée par ses affaires pour écouter si les gens parlaient. Elle regardait les cartes qu'on lui avait donné et essayait de se souvenir du plus d'endroit possibles, des routes et des bâtiments à proximités...Des centaines de choses se bousculaient dans sa tête, mais elle fut rappelée à l'ordre par la voix de Adam. Et son ton ne lui plaisait pas...même si elle comprenait la gravité de la situation. Si les mutants de EXZ arrivaient vraiment à faire leur attentat, la condition mutante en serait gravement affectée. Comme si tout ce qui se passait sur Génosha n'était pas assez. Pour détendre l'atmosphère, Rachel afficha un sourire et déclara:

"Go Team"

Ils furent rapidement rejoint par les personnes qu'ils avaient eu la chance d'observer lors du briefing, et aussi quelqu'un qu'elle ne reconnaissait pas. Au bout d'un court moment ils étaient arrivés à destination et durent quitter le monorail. S'arrêtant devant la porte, Rachel leva la main vers ses amis pour leur dire au revoir tandis que la porte se refermait. Ils étaient seuls maintenant. La jeune femme soupira et se racla la gorge faiblement. Elle n'aimait pas vraiment toute cette situation...

Les détails de la mission leur furent exposés plus en détails et Rachel réfléchit aux pouvoirs de ses coéquipiers. Ils n'avaient pas vraiment de pouvoirs offensifs, à part Grégoire qui pouvait envoyer des bourrasques de vent. Et ils voulaient qu'ils neutralisent des gens. Faut pas rêver. Lorsqu'ils arrivèrent à l'armoirie, Rachel garda son sang froid devant toutes les armes qu'elle n'aimaient pas. Elle tendit la main vers un brassard et un communicateur qu'elle prit.

"'Canarder? Mirettes et Esgourdes?" murmura-t-elle en tournant la tête vers Grégoire, Michael et Jeremiah.

Mais quel langue parlait-elle? Ce n'était certainement pas de l'Anglais Standard. Probablement un dialecte américain étrange...Ah les américains. Elle enfila le brassard sans roncher et installa le communicateur. La question de Grégoire sonna un cloche aux oreilles de Rachel et elle s'exclama à voix mi-forte:

"West Potomac Park! C'est super loin du Memorial ça!...Et ils veulent qu'en cas d'urgence on fasse un sprint jusqu'au Memorial pour botter des fesses?"

Bon. Elle savait qu'elle était téléporte et qu'elle pourrait les téléporter jusqu'au mémorial. Mais Saya, elle, le savait peut-être pas! Et Rachel n'était pas certaine qu'elle devait dire quels étaient leurs pouvoirs. Surtout si ça montrait qu'ils étaient vulnérables aux attaques...Et qu'ils ne pouvaient pas vraiment faire "chauffer le feu d'artifice". Peut-être auraient-ils mieux faire de diviser les équipes autrement...ça ne ressemblait pas vraiment à ce qu'ils avaient dit au briefing.

Michael était très excité par cette toute première mission. Ce ne fut qu'une fois descendu du monorail, après avoir embarqué dans le "U-Bahn", ou train de banlieue, qu'il se rendit compte que ce qu'il prenait pour de l'excitation était en fait une bonne part de stress. Une très bonne part. Il salua sobrement les officiers. Peut-être un peu trop sobrement. Il pensa à Pablo qui aurait certainement été lécher les amygdales de l'amiral en guise de salutation pacifique et se dit que son simple hochement de tête lui permettrait certainement, au moins, de la garder. Pour combien de temps? Ils furent guider dans l'armurerie et Michael déglutit en voyant toutes ces façons de blesser, faire souffrir et même tuer. L'espace d'un clignement d'oeil, il se souvint de Becky la Sniper, mais il occulta ce souvenir, tel qu'il se l'était promis. Il n'avait même pas osé dire aux Lex, lorsqu'il avait eu ouïe-dire de leur mission, qu'il connaissait l'ordre. Qu'il en "faisait partie". Selon lui, ce n'était qu'un groupe de fous, de toutes manières! Il salua également la moitié de l'équipe qui se dirigeait directement au coeur de l'action d'un signe de tête.

L'autrichien écouta les directives en tentant de les noter autant que possible dans son calepin, le même que lors du briefing, qu'il avait pris avec lui. Il déglutit quelques fois en écoutant l'agente Secoulit, puis pris silencieusement son brassard et son écouteur. Avec un sourire en coin, le germanophone songea que Mlle Saya lui donnait une raison de plus de ne pas aimer la langue anglaise et répondit à Rachel.

-Je ne suis pas anglophone, imagine comment je n'ai rien compris. Peut-être que J...Spy pourrait nous éclairer.

Il donna une tape amicale à l'épaule de Jeremiah, en faisant bien attention qu'elle ne soit pas assez puissante pour le blesser ni assez longue pour qu'il n'en fasse un malaise (il avait entendu dire que l'espace vital du geek était assez sacrée).

Tout en scrutant l'espace où ils marchaient, Michael répondit à moitié à la question de Grégoire et à moitié à la plainte de Rachel, en soupirant :

-La partie ouest, oui... ce sera peut-être plus rapide de nager pour se rendre au mémorial de Monsieur le président Jefferson.

Réajustant son communicateur -un brin moins confortable à son goût que celui de l'institut-, il enchaîna :

-Vous pensez qu'on devrait rester ensemble au milieu du parc ou qu'on devrait se disperser? Je serais pas contre d'aller w...vers le monument de Monsieur le président Roosevelt, pour tout vous dire!

Il le pointa et, sans attendre la réplique de ses compagnons, fit une dizaine de pas en cette direction, puis s'arrêta et se retourna, pour les enjoindre soit à le suivre, soit à se disperser.

A la traîne malgré le statut d'ancien qu'il partageait avec Rachel, Jeremiah suivait le petit groupe, foulant l’herbe du parc comme eux mais la tête ailleurs. Il s’était refermé dès leur départ de l’Institut et comme la plupart des X-Rays, avait passé le voyage silencieusement, ramassé sur lui-même et les yeux obstinément fixés sur le paysage qui défilait par la fenêtre du monorail. Évidemment, l’entrée en scène des officiels était arrivée bien trop vite, mais il commençait à s’habituer à ce tiraillement dans son estomac au début d’une nouvelle mission.

A présent les mains enfoncées dans les poches de sa veste en jean usée, le jeune homme guettait le ciel de fin d’après-midi quand la bourrade amicale de Michael le rappela à la réalité, lui tirant au passage un grognement. Il avait écouté les consignes d’une oreille distraite mais les dernières recommandations de l’inspecteur Saya n’étaient pas parvenues jusqu’à son disque dur.

"Hein ? Éclairer sur quoi ?"

Les choses sérieuses commençaient maintenant qu'on leur avait attribué une zone à surveiller. S'efforçant de ne pas stresser plus que nécessaire alors qu'il ne s'était encore rien passé, Jeremiah lança un regard outré à Grégoire. Non pas que l'idée lui paraisse saugrenue mais au contraire, elle l'enfonçait encore plus dans sa paranoïa habituelle, et il préféra suivre les autres sur les questions techniques plus faciles à résoudre.

"Ben... On se disperse alors. Répondit-il au regard interrogateur de Micha. Rester en groupe pour surveiller, c'est pas très efficace. Et puis toute façon, vu le terrain, on aura pas de mal à se rejoindre en cas de pépin."

Surtout vu leur téléporteuse attitrée en fait, mais il était inutile de le crier sur tous les toits. Tripotant son brassard, le jeune homme se décida finalement pour les abords directs du bassin de l'autre côté duquel il pourrait guetter le mémorial qui les intéressait. Au pire, même s'il ne se passait finalement rien dans son coin, il y avait plein de paires d'yeux à l'affut un peu partout dans ce parc qui lui permettrait de ne pas louper les évènements.

L'attente s'installa et maintenant à son poste, Jeremiah rongeait son frein. Amanda Saya avait confirmé leur déploiement et même si cela lui semblait logique, être légèrement isolé de ses camarades X-Rays ne le rassurait pas beaucoup. Comme les autres, il scrutait les alentours, ignorant ce qu'il devait chercher. Et puis, en même temps que l'inspecteur, il se rendit compte que les lumières avaient disparu et déglutit. Et voilà, le bordel commençait, EXZ entrait en action et lui, il aurait préféré être dans son lit, bien caché sous sa couette. La tête tournée vers la direction dont provenait la voix étouffée d'Amanda, Jeremiah avait recommencé à jouer nerveusement avec son brassard coloré.

De nouveau, le jeune homme fit un tour d'horizon depuis son point de vue, cherchant d'autres mouvements suspects. Et comme on l'y encourageait, il se décida à tenter un truc qu'il n'avait jamais fait (jamais volontairement en tout cas) en se projetant dans plusieurs cibles/flics ratissant le terrain en même temps pour balayer la zone couverte plus rapidement.

Étendant ses perceptions, Jeremiah put capter une série confuse d'images, montrant le Lincoln Memorial, et le Roosevelt Memorial. Il était assez difficile de donner un sens à tout cela, mais de ce qu'il pouvait en voir, tout avait l'air calme.

Jusqu'à ce que subitement, tous les regards convergent vers le sud est, au niveau de l'agence de l'énergie, d'où provint un intense rayon lumineux qui alla frapper un ballon dans le ciel, qui tomba en une colonne de flammes.

À peine une minute plus tard, un rayon identique, provenant cette fois du QG au Washington Memorial en abattait un second. Les perceptions des autres indiquaient une relative confusion, puis un retour au calme. Sang-froid de l'entraînement, probablement.

Plus aucune réponse, plus de lumière. Ça ne sentait pas bon. A une distance quantifiée entre Saya et Rachel, Grégoire était en alerte. Il dézippa son blouson afin d'être plus libre des ses mouvements. Que pouvaient-ils faire à part être aux aguets et... attendre l'offensive plus qu'éminente.

Mais ce fut un rayon provenant du QG qui attira l'oeil de Grégoire. Puis un ballon enflammé, comme dégringolant du ciel.

"Mais qu'est-ce que...?"

Ca y est, l'attaque était lancée mais loin du Jefferson Memorial et loin du Washington Monument, Grégoire avait l'impression d'être un peu en dehors de la bataille.

La destruction des ballons de surveillance n'était forcément pas un fin en soi mais allait permettre aux forces mutantes de se mettre en place. Grégoire se concentra alors sur les environs pour voir si des forces terrestres ne se déployaient pas ou si des dégâts terrestres n'étaient pas en train d'avoir lieu pendant que les agents avaient tous le nez en l'air.

À la grande surprise de Grégoire, plus il essayait de voir quelque chose, moins il y voyait clair. Un brouillard épais s'était subitement levé, et s'épaississait à vue d'oeil, si bien qu'il finit par à peine distinguer le bout de ses mains, dont le déplacement créait de petites volutes brumeuses.

Joggant jusqu'au monument Roosevelt, fort de l'assentiment de m'zelle Saya, Michael s'arrêta à l'entrée du monument en se demandant ce qu'il devrait y faire ensuite. Il jeta un coup d'oeil à l'intérieur lorsqu'un ballon enflammé fit chute, embrasé à partir du QG. Le QG où leur professeur était supposé veillé aux opérations?

-Monsieur le Profe..., débuta-t-il en regardant anxieusement autour de lui. Toutefois, il s'arrêta en voyant le dense brouillard monter de nulle part. Il en avait connu, des brouillards, dans l'Innstal, et celui-là n'avait rien de naturel.

-Heilige Scheisse râla-t-il, avant de se reprendre (ils n'avaient pas le temps de se laisser aller à leurs humeurs. Aussitôt, il se calma et ouvrit son communicateur en direction de son équipe et Adam simultanément.

-Loom, c'est la purée de pois ici. Les militaires ont des lunettes de vision infra-rouge? Njord, tu pourrais chasser la brume, tu crois, pour qu'on y voit? Spy, tu pourrais essayer de voir par des gens qui ne sont pas supposés être là. Warp, tu crois qu'il vaut mieux attendre ou que tu surveille le mémorial?

Il éteignit alors son communicateur avant d'hurler, dans la noirceur :

-Madame l'agent Saya, vous avez des lunettes IR?

Puis il se tut et, par réflexe, se cala contre le mur : il pourrait toujours entrer dans le monument pour se protéger de quoi que ce soit. Il tendit l'oreille aux moindres bruits en changeant d'idée : et ce monument-ci était également destiné à exploser?

Amanda ne répondit pas à Michael, même si on pouvait voir le cône de lumière diffus de sa lampe torche balayer les alentours. Elle était probablement très concentrée...

Rachel atterrit dans le QG, qui était pour l'essentiel une tente marabout, avec des radios et des écrans de contrôle partout. Deux des écrans n'affichaient plus rien. Les autres affichaient des vues du champ de bataille par en haut. On ne pouvait pas reconnaître les gens, mais il était évident qu'ils étaient désorientés. De façon surprenante, il n'y avait aucune brume sous la tente, comme si la toile avait suffi à la laisser à l'extérieur.

Sitôt eut-elle atterrit, sitôt une forêt d'armes se pointa sur elle, alors qu'Adam criait.

"Ne tirez pas !!"

Adam fit les gros yeux à Rachel.

"Rachel ! Tu n'as rien à faire ici ! La situation est sous contrôle, au moins sous la tente. Il y avait un tireur à proximité, mais il a disparu sitôt son forfait accompli. Aucun risque pour nous, ne t'inquiète pas, j'ai fait le nécessaire.", conclut-il avec un clin d'oeil, sans entrer plus dans les détails, même si Rachel en avait probablement une petite idée.

Il l'entraîna un peu plus à part.

"Tu es une des plus expérimentée du groupe, et ton pouvoir peut être très utile pour le déplacement d'urgence ou la détection, tu n'aurais pas du les laisser derrière toi, surtout que je t'avais dit de veiller sur eux. Retourne auprès des autres."

"Dr. Zachary, le Jefferson Memorial est sous le feu ennemi.". Effectivement, on pouvait voir à un écran qu'un des bonshommes non-identifiables envoyait des choses sur le Memorial. Sauf qu'il visait excessivement mal. Sans doute le brouillard.

Adam poussa un petit soupir, et se contenta d'un regard appuyé sur Rachel. Il fallait qu'elle y retourne.

Le ciel leur tomba sur la tête aussi rapidement que ces ballons dégringolaient depuis tout là-haut. Grégoire se demanda alors si la décision de séparer était la plus judicieuse à faire. Ils n’avaient plus de contact radio et maintenant plus de contact visuel. Terroristes 1, X-Rays 0. Mais Grégoire comptait faire son possible pour changer la donne.

Grégoire eut l’impression de distinguer la voix de Michael, au loin, comme traversant avec peine ce rideau de brume.

« Vous êtes là ? Je pense qu’il faudrait essayer de resserrer les rangs si on veut essayer de faire quelque chose… Rachel ? »

Elle était la seule à pouvoir les sortir de là. Et c’est d’ailleurs sa voix que Grégoire parvint à distinguer de l'autre coté du rideau de fumée.

« Rachel ! Plus rien ne fonctionne ! On ne pourra plus communiquer ! »

Pas de réponse, elle était sûrement déjà partie aux nouvelles. Grégoire sentit la chaleur l’envahir. Il se sentait bien seul. Il tâcha de rassembler ses forces et faire preuve d’un maximum de sang-froid. Il pouvait faire évoluer la situation à leur avantage.

Il leva se main pour se rendre compte de la densité de la fumée : tout ça n’était pas très naturel. Bien trop épais. Afin de dissiper le maximum de brume possible, Grégoire créa des courants d’air à partir de la paume de ses mains. D’abord légers puis plus importants, en fonction de la façon dont la brume réagissait. Le but étant de dégager le maximum d’espace pour qu’il puisse se repérer dans l’espace et peut-être, libérer ses coéquipiers de cette étreinte angoissante.

Grégoire put constater que la brume disparaissait, comme repoussée par le vent. Il parvint à se dégager une zone claire d'une dizaine de mètres autour de lui, où il trouva Rachel qui venait de réapparaître, quoiqu'un peu dans le vent.

Malheureusement, mis à part Warp, il n'y avait plus grand chose à voir dans la zone.

L'agent Saya ne répondit pas, et Michael comprit qu'il avait probablement trahi sa présence en hurlant de la sorte. Première erreur de débutant. Il espérait simplement ne pas se faire rabrouer sa bleuosité à leur retour.

Rangeant son calepin, Michael réfléchit rapidement, établissant un bilan de ce qu'il savait et de ce qu'il ignorait. Ils étaient aveuglés et muets. Bon nombre de militaires contre une poignée de mutants. Dans cette poignée se trouvait manifestement une Juliette et un Lyu, selon le nom qu'il avait vu au memorial le jour-même, ainsi qu'un Ken, quoiqu'il n'avait pas forcément besoin de se prendre des coups. Juliette protégeait forcément Lyu afin qu'il ne soit pas vu à bousiller les communications. Où pouvait-il se trouver alors? À un endroit calme, certainement, et peut-être près de matériel informatique, ou peut-être que non.

Une chose était certaine, l'intérieur de n'importe quel monument pouvait être une cachette idéale. Et il se trouvait devant celui de m'sieur Roosevelt. Aussi, Michael décida-t-il finalement de s'y rendre, le plus silencieusement possible.

Contournant le monument jusqu'à sa porte, l'Autrichien y entra et, dès qu'il mit le pied sur le sol du monument, entreprit d'y pénétrer pour sonder furtivement la pièce. Si quelqu'un s'y trouvait, il pourrait certainement sentir sa présence au sol.

Michaël parvint à se fondre dans le sol du Roosevelt Memorial. Toutefois, il ne s'y trouvait personne.

Les évènements s'accéléraient. Alors que l'agitation au sein des troupes se calmait, Jeremiah avait relâché sa vigilance pour récupérer une vision normale. Pas de chance, c'est ce moment que choisit le brouillard pour se lever et bientôt, il n'y vit plus à deux pas. Cette histoire avait des relents de film d'horreur : isolé des autres et perdu dans la brume. Et qui était le boulet qui avait parlé en premier de se séparer ? Le geek pesta intérieurement contre lui-même, il savait pourtant pertinemment, après tous les navets qu'il avait visionné, que c'était un plan qui finissait forcément mal. A sa décharge, il y a encore quelques minutes, le beau ciel de fin d'après-midi ne permettait absolument pas de prédire la suite des évènements.

Le cœur battant, le X-Rays alluma sa lampe torche, espérant que ça l'aiderait un peu. Il ne voyait plus les autres mais il les entendait et la voix de Micha' qui déchira en premier sa solitude fut la bienvenue.

"J'vais avoir du mal à trouver "quelqu'un qui ne devrait pas être là", sans avoir au moins une vague idée de où il est, justement. Je suis pas Mastermind. Warp y arrivera peut-être mieux avec une vue d'ensemble ?"

C'était quoi leurs objectifs déjà ? En gros, deux solutions, soit ils tentaient de récupérer les fouteurs de merde de l'arrière-garde, la personne qui déglinguait les systèmes électroniques et celle qui jouait à la gothique romantique casse-c... pied, histoire d'aider la flicaille à faire son boulot correctement, soit ils fonçaient au mémorial pour prendre à revers l'avant-garde. En attendant, il pouvait toujours filer un coup de main à distance.

Toujours posté le long de l'eau, Jeremiah fit quelques pas, prenant ses précautions pour ne pas se foutre à l'eau tout seul. Évidemment, vu le brouillard, difficile de voir le monument... Mais il savait à peu près où il se trouvait. Spy tenta alors de se projeter dans les yeux d'un des attaquants du Jefferson Memorial que Rachel avait pu apercevoir plus tôt sur les écrans, songeant qu'il pourrait peut-être informer l'autre équipe des mouvements de troupe par le communicateur de l'Institut s'il fonctionnait toujours. Au pire, il resterait toujours Warp airline.

Jeremiah parvint à établir un contact avec quelqu'un. Vraisemblablement à proximité du Memorial, dont on pouvait vaguement deviner la forme dans la brume. Toutefois, l'image était assez étrange : elle semblait floue, comme si le décor bougeait trop rapidement. Et la brume n'aidait probablement pas à y voir plus clair !

Rachel ne vit pas Michaël, qui était entré dans le sol pavé du Roosevelt Memorial. Toutefois, en tendant bien l'oreille, elle put entendre qu'il se passait des choses peu orthodoxes au niveau du Jefferson Memorial. Ou bien avait-elle rêvé ? ça venait de s'arrêter.

Il avait fait chou blanc : personne ne se terrait au Roosevelt memorial. Après avoir arpenté quelques instants le carrelage à découvert, Michael en vint à la même conclusion que Rachel, bien qu'il ne put l'avoir entendue. Aussi tranquille, songea Michael, et aussi joli, ce petit coin du parc devait être très romantique, contrairement à ce soir où il était simplement glauque et effrayant. Frissonnant autant que le peut quelqu'un d'encastrer dans la pierre, le Germain retourna ses pensées vers le moment présent.

Se souvenant alors que Grégoire leur avait demandé de resserrer les rangs, le Tyrolien décida de ressortir du carrelage, avec un restant de goût métallique en bouche, et de partir rejoindre ses coéquipiers.

Perdu dans le brouillard, Michaël ne trouva personne.

-Je n'ai trouwé personne. C'est mort ici. On devrait rejoindre madame l'agente Saya?