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[Oryx 2.4] Ville inconnue - La geôle Empty [Oryx 2.4] Ville inconnue - La geôle

Lun 25 Fév 2008 - 5:59
Camille se réveilla dans une cellule froide, au plancher et aux murs également dallés de pierres grises. Aucune fenêtre, juste un lit et un lavabo. La sortie consistait en une grille et donnait à un couloir également grisâtre. Tout ce qu’il fallait pour contrer cette bonne vieille dépression saisonnière des états du nord, quoi!

Elle n’avait aucune idée du temps qui était passé, ni aucune notion de l’heure qu’il était. Mais elle avait faim. Un peu. Mis à part celà, elle n'avait pas vraiment à se plaindre sur son état physique.

De l’autre côté du corridor, elle pouvait voir deux cellules dans lesquelles se trouvaient, chacun dos au même mur, la secrétaire de la commission électorale et un homme un peu plus âgé qui disait vaguement quelque chose à Camille. Apparemment, Camille avait été endormie un peu plus longtemps que Janie et les surprenait en pleine discussion.

"… t’ai dit que ça n’était pas le cas, Daniel, je ne sais pas comment…"
"Calme-toi, Janie. Je ne t’ai pas accusée de quoi que ce soit comme tu semble le croire. Je ne faisais que demander! Si tu dis que tu as été discrète, je te crois. Mais parbleu comment ont-ils pu savoir que tu les espionnais?"

En se levant, Camille fit craquer son lit et les deux personnes se tournèrent vers elle. L'homme reprit la parole, comme si ils étaient dans un fumoir.

"Bonjour Camille. Ou bon soir, on n'est jamais trop certain ici... Pas trop endolorie?"

Janie se leva, l'air de se préoccuper autant de son état, malgré son silence.


Dernière édition par Sahari Fouba le Mar 26 Fév 2008 - 3:30, édité 1 fois
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Lun 25 Fév 2008 - 10:01
Bizarre, ça avait été bizarre. Camille se souvenait de la table renversée, qu'elle avait poussé, de sa concentration, puis de la fuite éperdue derrière le reste de l'équipe, suivant la route ouverte par Abaigh et Draena.

Puis plus rien, black-out, si ce n'est une légère douleur dans le dos, un picotement, comme un nerf qui se coince. Ensuite, un oeil qui s'ouvre, l'autre, et un lieu inconnu mais qui n'avait rien à voir ni avec l'infirmerie qu'elle s'était coltinée grâce à l'intelligence toujours très vive du Serbe libidineux et du non moins limité intellectuellement quaterback de pacotille, ni avec sa chambre, ni avec aucun autre lieu connu de l'Institut. Elle était donc ailleurs.

*Raisonne, ma grande.*


Endormie, on l'avait endormie. Elle avait du être touchée par une de ces saletés de fléchettes que tiraient les super-GIs. Elle s'insulta durant quelques secondes pour son altruisme : si elle avait utilisé son pouvoir pour elle, pour sprinter, elle serait dehors, à râler avec le reste de l'équipe, ou sur le reste de l'équipe, ensuite à oublier pourquoi elle râlait, et enfin à rigoler avec Abaigh, ou Georgia, ou Gabrielle, enfin, elle serait pas dans cette...cellule, oui, elle étit en tôle.

Elle se frotta les yeux et comprit que l'homme qui était dans une situation à peine plus reluisante que la sienne lui parlait. A côté, une femme, qu'elle avait déjà vue. Ses pensées réassemblées lui rappelèrent qu'il s'agissait de la secrétaire de la commission qu'elle avait vue endormie.

Elle se redressa sur le lit, et s'adossa, avec la tête en arrière.

*Reste calme. Rien d'inquiétant, les autres viendront certainement m'aider, s'ils s'en sont sortis.*


Elle jeta un coup d'oeil circulaire aux autres cellules, mais ne vit ni Breton puant, ni Afro râleuse, ni Chinois kung-fu, ni Irlandaise sauvage, ni Sahari imposante. C'était toujours ça. Camille se dit qu'elle aurait une belle plaque dans l'Institut : "s'est sacrifiée pour permettre la fuite de ses camarades, à la nation mutante reconnaissante, hommage à la jeune Camille Le Guern".

Elle se retourna vers l'homme qui lui parlait.


Ca va, la tête embrouillée...


Elle faillit demander "On est où ?" mais elle comprit vite que ce serait totalement inutile : Daniel - tel était son nom - et Janie étaient dans une situation identique à la sienne.


Comment vous connaissez mon nom ?


Elle regarda ses vêtements, qui n'avaient pas changé : pas de pyjama rayé avec un matricule, pas d'étiquette pour reconnaître plus facilement le spécimen, pas de tatouage. Pas de traceur. Enfin peut-être pas.

Elle se leva, et se plia jusqu'à toucher ses pieds. Elle devait bouger, sinon rapidement elle virerait fada. L'enfermement et les espaces clos n'étaient pas exactement son dada.


Je vous demande pas où on est, mais moi je sais pourquoi je suis là. Vous êtes aussi des mutants ? Ou vous nous soutenez ?


Elle se rassit, détaillant la monotonie des quelques mètres carré qui l'entouraient. Elle regretta de n'être pas une télépathe, histoire de pouvoir demander un S.O.S capté par quelqu'un, Anna par exemple.

Télépathe...télépathe...

Elle regarda l'homme dans les yeux.


Je vous connais, non ? Par hasard, c'est pas vous le type qu'on devait aller défendre ?


Elle pria pour qu'il réponde "non". Parce que déjà, elle avait un peu peur en présence de télépathes, ils pouvaient lire ses (mauvaises) pensées, c'était impoli. Ensuite, elle imaginait que si ses ravisseurs avaient les moyens d'attraper des gros poissons comme un sénateur (ou candidat sénateur, elle ne se souvenait plus pour quoi elle était allée à la Commission), alors le menu fretin comme elle serait rapidement éliminé, ou oublié.

Elle se jura, si elle en sortait vivante, de faire passer un quart d'heure horrible à l'instigateur de la mission suicide, qui que ce soit, même si c'était Cérébra. Elle se voyait déjà verser une tasse de café sur les processeurs. Pas de quartier.

Mais avant ça, il fallait sortir. Pas gagné. Elle rassembla ses genoux contre sa poitrine.

Elle devait être forte. Là, elle aurait bien aimé avoir la main de Georgia à serrer.



[Dis...le orange ça fait supra mal aux yeux, tu peux changer steup' ?]
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Mar 26 Fév 2008 - 5:09
Ce fut Janie qui répondit.

"Hé bien ma petite, dis-toi bien que je ne fais pas mon boulot si mal que semble le penser Daniel..."

D'ailleurs, contrairement à celui-ci, elle semblait lasse et atterrée. Vu l'environnement, c'était normal. En fait, c'était de loin l'attitude du politicien, car c'était bien McCuffrey qui se tenait dans la cellule face à Camille, qui semblait déphasée en ce lieu.

Celui-ci fut le prochain à répondre, confirmant les soupçons de Camille.

"J'aurais plutôt dis que c'était vous qui me souteniez, en effet. Et pour répondre à votre précédente question, Janie n'est pas une mutante, mais une vieille connaissance qui a accepté de me rendre un petit service."

"J'y ai perdu mon job et je suis en prison, Dan. On laisse tomber le petit, je t'en prie..."

Ledit Daniel continua comme si de rien n'était. Peut-être n'avait-il pas vu personne d'autre depuis trois mois?

"Pour ma part, vous devez déjà savoir que je suis télékinésiste."
Il perdit son sourire.
"Celà suffirait théoriquement à me sortir d'ici, malheureusement ce n'est pas le cas. Il semblerait qu'ils ajoutent un anestésiant particulièrement efficace contre les pouvoirs mutants. D'ailleurs, ils devraient bientôt revenir nous en donner une dose."

Voyant que Camille s'était rassise en position foetale, ou à peu près, il s'accroupit aussi et reprit plus doucement, et sérieusement.

"Allons, Camille, ils ne te feront pas de mal. Ils veulent seulement nous faire taire en nous enfermant..."
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Mar 26 Fév 2008 - 17:34
Camille était restée prostrée pendant que les présentations de ses deux compagnons d'infortune se faisaient. Elle ne réagit qu'à la dernière phrase, et plutôt violemment.

Mais quand ils veulent je me tais ! S'ils me le demandent ! Je signerais n'importe quoi, même un décret qui dit que je dois plus utiliser mes pouvoirs, si ça pouvait me faire sortir d'ici !


Elle s'était mise à crier. Après coup, elle comprit que c'était inutile. Ce n'était pas à Daniel et Janie qu'elle devait en vouloir. Elle fut prise d'une soudaine poussée de désespoir, et enfouit sa tête entre ses genoux. Sa voix était sourde lorsqu'elle recommença à parler.


Je vais pas vous paraître très sympa, mais j'étais pas la plus chaude pour aller vous aider.

Elle releva timidement le menton, s'attendant à se retrouver face à des regards pleins de reproches. Ce serait compréhensible, et elle se dit que peut-être, elle aurait mieux fait de mentir histoire d'éviter de se faire des ennemis des deux seules personnes qu'elle pouvait cotoyer.

Déjà j'avais peur que ça se passe mal, et ça s'est mal passé, pis en plus, j'imaginais que ce serait mieux si vos défenseurs n'étaient pas QUE des mutants.


Elle tourna légèrement la tête vers Janie.


Genre, avec aussi des gens comme vous, ç'aurait été vachement plus crédible, moins sectaire. Ca nous aurait évité la première page de La Sentinelle.


Elle demeurait à moitié enfouie derrière ses rotules, seuls émergeaient ses yeux et son front. En quelque sorte, elle tentait de se protéger de l'adversité du monde extérieur. Et puis si d'aventure elle venait à pleurer, elle ne tenait pas à ce que ça se transforme en spectacle tous publics.


Et résultat, je suis ici, alors que j'aurais pu mille fois me tirer pendant qu'il y'avait tout ce bazar. Simplement, on était six. Y'en a qui étaient capables de se débrouiller, genre Sahari ou Abaigh, mais les autres, il fallait les aider à atteindre la sortie. A cause de ça...


Elle se sentit triste de dire une chose pareille. Mais elle se rappelait ses craintes dans le briefing avant de partir, qui finalement n'avaient pas clairement trouvé de réponses. Le plan B était passé à la trappe, la fuite avait été un bordel sans nom, et elle se retrouvait au trou.


Mais pour le pouvoir, je veux même pas tester. Il a aucun intérêt si je reste dans une cage. Qu'ils me piquent autant qu'ils veulent.


Inconsciemment, elle espérait que jouer les filles normales pourrait lui valoir de la clémence, sans trop y croire. Ca ne lui pesait pas trop : quel plaisir y aurait-il à faire des ronds en courant sur quatre mètres carrés ? Elle serait tarée avant la nuit qu'elle ne percevrait de toute façon pas.

Elle regarda les murs, le plafond, le sol, d'un gris qui lui donnait désespérément envie de chialer. Pourquoi était-elle venue dans cet Institut ? Elle aurait très bien pu continuer longtemps à sécher les cours de chimie et à s'éclater sur un stade, sans que rien ni personne ne vienne la saoûler. O.K., y'avait aussi des filles sympas, des vraies amies, et même quelques mecs pas trop nazes...mais ça valait vraiment le coup si c'était pour finir dans un minicube, et peut-être sur une table d'opération dans un futur proche ?

Elle se cacha déréchef, et eut un sanglot. Elle ne remua pas lorsqu'elle posa la question qui la démangeait le plus.


Et monsieur Daniel...vous en savez quoi qu'ils veulent pas faire d'expériences ?


Elle arrivait encore à se retenir d'éclater en larmes, mais la qualité de la réponse du politicien serait pour beaucoup dans la forme de l'expression de son chagrin.
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Mer 27 Fév 2008 - 5:23
Daniel sourit, en répondant à Camille. Décidément, soit il avait toujours été d'un calme exemplaire, soit quelques mois en prison vous replaçait les idées...

"À ton âge, et peut-être même à l'âge que j'ai maintenant, je ne serais certainement pas aller plaider pour un vieux mutant incapable de se sortir lui-même du pétrin dans lequel il se trouve, si ça peut te rassurer."

Lorsqu'elle fut interpellée, Janie, qui s'était rassise par terre entre temps, pris la peine de répondre.

"Oh, mais ma chérie, il y en a d'autres qui y sont allés, des gens normaux, même carrément pathétiques parfois. Si tu savais la quantité de gens que j'ai vu passer. Certains sortaient par derrière, comme ils disaient, et d'autres, qui semblaient moins crédibles, pouvaient ressortir librement. Je serais bien aller leur dire ma vision des choses, mais on m'a donné une autre tâche."

Voyant le chagrin de Camille, et pensant probablement au sien, un nuage sembla passer sur le visage de Janie, pendant que McCuffrey s'asseoyait lui aussi de nouveau au sol. Il prit un certain temps avant de répondre, mais il avait perdu son sourire cette fois.

"Parce qu'il n'y a malheureusement pas que nous quatre ici et que je n'ai jamais entendu dire qu'ils sortaient quelqu'un. Mais j'avoue que je pourrait refaire erreur, en effet..."
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Mer 27 Fév 2008 - 11:20
Camille n'avait été rassurée sur presque aucun point, si ce n'est qu'elle se savait en présence de personnes intelligentes, certainement plus qu'elle, vu qu'elles avaient vécu sur le fil du rasoir pendant plus d'un après-midi. Bon, à l'inverse, ça n'avait pas suffi au sénateur pour rester hors d'atteinte.

Elle s'essuya les yeux, en se promettant une chose : si elle se mettait vraiment à pleurer, ce serait sur une épaule amicale, pas ailleurs. Avant, c'était improductif, autant occuper son énergie à autre chose, comme poser des questions à ces gens qui semblaient au courant de plein de choses. Réfléchir à une évasion, oui, pourquoi pas, mais la petite Bretonne n'était plus habituée à devoir agir sans sa vitesse, elle se demandait comment elle s'en sortirait. Et puis l'endroit devait être de ceux où tout a été pensé, repensé, modifié, protégé et compagnie.

Elle s'assit en tailleur, les yeux encore rougis.


Vous savez où on est, alors ?


C'est vrai qu'ils semblaient très au courant, pour des prisonniers. Mais s'ils s'adonnaient à l'espionnage, c'était plutôt logique. Elle pria pour qu'on ne lui réponde pas "sur/sous une base militaire", parce que malgré sa confiance dans certains OryX, elle ne voyait pas qui serait capable de jouer les John Rambo. Et l'infiltration, si ça fonctionnait déjà mal dans un pauvre immeuble avec dix terroristes moisis, elle préférait ne pas imaginer ce qui se passerait dans un camp gardé par des soldats hargneux - et compétents.


Et vous avez vu qui d'autre ? Y'a des mutants, ou seulement des gens pas intolérants ?


Elle se souvint que le professeur Zachary, le Bocuse de la chimie, avait disparu depuis un bon bout de temps. A priori, c'était en Russie, mais sa méconnaissance et son manque d'intérêt pour les sujets top secret et sécurité défense autorisait des hérésies pareilles. En plus, il n'était pas totalement inconcevable d'imaginer une entente entre des Russes et des Ricains, quand il s'agissait de faire des trucs stupides.

Le seul minuscule, microscopique point qui lui permettait d'espérer, c'était le sénateur, qui avait avoué que, sans leur substance bizarre, il pourrait sortir (par extension "les" sortir) d'ici. Alors, même si elle se doutait que c'était désespéré, elle chercha à en savoir plus.


Leur "inhibiteur"...vous savez combien de temps il dure ?


Elle se tut, ensuite, si ça se trouve, il y'avait des micros. Alors elle garderait ses idées pour elle, en espérant qu'éventuellement, les autres enchaîneraient intelligemment.
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Sam 1 Mar 2008 - 7:44
"Je n'en ai pas la moindre idée. Sous le sol, probablement, au vue de la fraîcheur. Janie?"

"Je ne sais pas non plus. Je pense qu'ils craignaient que leur petite secrétaire stupide ne répète des choses qu'elle n'aurait pas dû savoir, alors ils faisaient bien attention de ne pas parler devant moi. Et puis un moment donné, ils ont visiblement fini par douter de mon allégeance." Répondit-elle avec une pointe d'amertume dans la voix.

Elle eut un faible sourire suite à la question de Camille, qu'elle jugeait peut-être comme un peu naïve.

"De mémoire, je dirais que j'ai vu quelques individus qui étaient clairement mutants passer par "la porte de derrière", sinon comme je n'assistait pas aux réunions et que je ne les ai pas toutes écoutées ni enregistrées, je ne pourrais pas te donner un nombre précis."
Elle ne paraissait pas déçue ou quoi que ce soit par rapport au manque d'informations qu'elle avait, mais peut-être un peu lasse de toutes ces questions. Daniel, par contre, était visiblement le genre de personne qui adorait parler et échanger des idées, puisqu'il enchaîna :

"Oh j'ai vu passer au moins une quinzaine de personnes devant ma porte, mais je crois qu'il y a d'autres entrées, ou d'autres cellules dans d'autres corridors. Mais la seule personne avec qui j'ai pu parler, c'est Jordan, ton voisin. Il semble avoir eu droit à une dose particulièrement forte la dernière fois et..."

La discussion prit fin subitement. Camille n'eut pas la réponse à sa dernière question, mais visiblement que leurs gardiens connaissaient assez bien les effets de l'anesthésiant pour en calculer assez précisément la durée. Un homme entra en face, pendant qu'un autre venait voir Camille et que quelques autres restaient dans le corridor.

"Bonsoir monsieur le président..."
"Bonjour petite. Je te conseille de pas bouger, sinon ça fera plus mal."

Le gardien qui s'occupait de Camille l'avait avertie tout en lui prenant le bras, et elle n'eut pas le temps de répondre qu'il lui fit l'injection automatisée. Elle s'endormit aussitôt.

~*~


À son réveil, Camille constata d'abord qu'on l'avait déplacée sur son lit. En se levant, elle put voir que McCuffrey et Janie dormaient encore. Par contre, elle entendait le bruit caractéristique d'un ustensile qui gratte une gamelle de métal, dans une cellule voisine. En observant bien sa propre chambre, elle trouva aussi une gamelle remplie d'une gibelotte qu'il valait certainement mieux manger sans poser de questions, accompagnée d'ustensiles et d'un verre d'eau. Un petit pincement se faisait encore ressentir là où on l'avait piquée.
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Sam 1 Mar 2008 - 14:19
Le sommeil forcé avait au moins permis de recharger les batteries énergétiques de Camille. Sans trop de surprises, elle ne s'éveilla pas d'une humeur particulièrement avenante. En même temps, elle avait beau tourner et retourner la situation dans sa tête, elle ne voyait pas l'ombre de la queue d'une solution positive se dégager. Et en plus, elle sentait qu'elle allait mourir d'ennui avant qu'une hypothétique équipe de sauveurs n'arrive. C'était peut-être ce qui (à cet instant précis) l'énervait plus : elle n'avait tué personne, n'avait pas provoqué d'émeute (après tout, c'étaient ces abrutis et leurs fusils qui les avaient attaqués !), ne représentait pas un danger pour l'avenir des Etats-Unis, bref, n'avait rien d'une criminelle. Ou bien, inconsciemment, elle rejouait Dr Camyll et Mrs Hyde, mais, sincèrement, elle en doutait.

Et donc, elle se retrouvait bloquée entre quatre murs avec strictement RIEN à faire. Elle avait 17 ans, bordel ! Ca leur coûterait quoi de lui refiler un bouquin, un passe-temps, un casse-tête, un cahier et un crayon avec le bout émoussé (des fois qu'elle attaque son gardien et lui tranche la jugulaire avec la mine acérée), ou n'importe quoi qui lui permette de ne pas se faire ch...perdre son temps. Et puis elle n'avait pas les capacités intellectuelles pour créer une bombe atomique ou un missile à neutrons avec un bic et un calepin. Son pouvoir n'était pas la métamorphose en McGyver.

Autre motif d'irritation : la "gamelle" avec ce qui devait être la nourriture. Sur ce point, Camille avait envie de leur hurler que quitte à les faire passer pour des animaux, autant oublier les couverts et les nourrir de croquettes, ce serait totalement cohérent. Leur ragoût immonde rendrait presque Alixtide appétissant. Il manquait plus qu'une petite séance de torture pour qu'elle fasse une demande de mutation à l'Alcatraz de la belle époque.

La faim la tiraillait, mais elle répugnait à se faire servir comme une esclave dans une plantation de canne à sucre. Elle tendit l'oreille : quelqu'un semblait ne pas s'embarrasser de pareilles considérations. Ce devait être le Jordan dont on lui avait parlé avant sa sieste forcée. Encore un truc qui l'énervait : ne pas savoir quelle heure il était. Ca les tuerait d'accrocher une pauvre horloge à trois dollars dans le couloir ? Ou bien c'était un moyen de torture psychologique, visant à les faire avouer quelque chose. Sourire amer. Les ordures qui l'avaient amené ici pourraient certainement en savoir un peu plus sur quelques farces plus ou moins méchantes à l'Institut, mais s'ils cherchaient des secrets militaires ou technologiques, ils étaient mal barrés.

Elle s'approcha du mur qui jouxtait sa cellule, et tendit l'oreille, mais 'ouït rien d'autre que le bruit de la fourchette contre le récipient - la gamelle, oui.


Jordan ? C'est ça ?


Génial. Elle allait passer son temps à papoter avec les autres détenus. Jordan...c'était qui, au juste ? Un mec, sûr, mais sinon ? Un gosse, un ado, un homme, un vioque ? Américain, anglais, français, israélien, guatemaltèque ? Sympa, cool, silencieux, méchant, sauvage ? Elle ne le voyait pas. Elle pouvait imaginer n'importe quoi.

Parler, ça lui éviterait de finir aux trois quarts tarée. Elle se questionnait sur sa résistance à cette situation. Sur l'aberration de son enfermement, sans qu'on ne lui ait RIEN demandé, dit, proposé, sans accusation, sans procès, sans cadavre. Est-ce que - en supposant qu'elle sortait un jour - sa rancoeur serait suffisante pour la rendre adepte de la violence gratuite contre tous les soldats qu'elle croiserait ?

Elle posa sa main contre son bras qui la piquait toujours. Autre point de réjouissance : elle pourrait se déguiser en héroïnomane, ensuite. Bien qu'elle ait toujorus fui les drogues, elle se demanda si elle refuserait une dose de coke qu'on lui proposerait, là, maintenant, tout de suite. Elle deviendrait une loque, mais le temps passerait plus agréablement.


Qu'est-ce que tu...enfin...qu'est-ce que vous faites ici ? Vous avez fait quelque chose de mal ?


Elle n'attendait pas vraiment de réponse, l'important, c'était pour elle de savoir que derrière le mur, c'était un être humain qui l'entendait, et pas un ballon de volley nommé Wilson. Si elle en venait à cette extrémité, promis, elle se noyait dans son verre d'eau.


J'm'appelle Camille.


Elle se dit aussi qu'elle rayait définitivement Bouddha de la liste des divinités utiles. Il n'avait rien fait pour l'aider. Mais peut-être qu'Allah, Yahvé ou Vishnou l'aideraient plus ?
Pff...elle ne pouvait même pas situer l'Est pour faire une prière correcte.
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[Oryx 2.4] Ville inconnue - La geôle Empty Re: [Oryx 2.4] Ville inconnue - La geôle

Mar 4 Mar 2008 - 4:47
"Oui? C'est bien moi. Tu doies être la p'tite de l'institut..."

Une voix grasse et mature, usée par le temps, ou le travail, répondit aussitôt, comme un écho, à Camille. À croire qu'il n'attendait que celà. Il ne prit pas vraiment de pause avant de poursuivre.

"Tu lui a donc parlé? C'est rare qu'on est éveillés en même temps que les autres détenus autour de nous, il faut être sacrément chanceux, ou rester quelques mois... 'Veulent pas trop qu'on discute, ceux-là!"

Son niveau de langage laissait croire qu'il ne faisait pas forcément partie d'une élite éduquée ou bourgeoise de la société. Un homme du peuple, en somme.

"J'suis ici pour la même raison qu'toi. J'ai décidé d'aller témoigner, mais ils ont dû se dire qu'à défaut d'être intelligent comme M'sieur Cuffrey, j'tais une menace en raison de ma motivation..."

La jeune mutante pu entendre son voisin repousser son écuelle et se lever.

"Enchanté, Camille."

Manifestement, il ne semblait pas d'un homme doté d'une volubilité immense, mais quelque chose dans sa voix indiquait néanmoins qu'il était heureux d'entendre la voix de la jeune mutante.
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[Oryx 2.4] Ville inconnue - La geôle Empty Re: [Oryx 2.4] Ville inconnue - La geôle

Mar 4 Mar 2008 - 19:19
Quelques mois...
La température corporelle de Camille dut chuter de trois degrés en entendant le prisonnier parler de "mois". Elle supportait déjà les heures avec une difficulté croissante. Elle secoua la tête, comme pour chasser la pensée de son esprit. L'important, c'est de garder un mens sana, même si le corpore sano, c'était pas évident. En particulier si elle devait se doucher dans son lavabo. Elle doutait d'ailleurs que ce soit une blague des geôliers sur sa taille.
En pensant à ça, et se fiant aux paroles de Jordan selon lesquelles les siestes étaient plutôt longues, elle ôta son pull et son et son T-Shirt, puis entreprit de faire un brin de toilette, tout en continuant la conversation. Elle ouvrit le robinet.


Comment vous savez que je viens de l'Ins...ah oui, vous parlez aussi avec le sénateur...


C'était la logique même, finalement. Ou bien, il avait entendu des gardiens parler, quoique ce fut moins probable, au vu des cerbères qu'ils se coltinaient. Elle maudit ces radins qui ne lui avaient laissé en tout et pour tout qu'une pauvre savonnette qui lui ferait quatre lavages au plus. Oh, en suppliant, ils seraient peut-être assez sympathiques pour lui en donner une autre ?


Vous êtes là depuis longtemps ? Enfin...vous vous souvenez de la date à laquelle on vous a amené ici ?


Elle ne voulait pas trop poursuivre sur le sujet, mais il fallait bien se préparer au pire, savoir à quoi s'attendre. Elle se frottait les bras dos à la porte de sa cellule, des fois que Daniel ait la mauvaise idée de se réveiller maintenant. Elle réfléchit, et se dit que le pauvre homme n'avait sans doute plus du tout la notion du temps, et comme les gardiens n'étaient pas des plus loquaces...

Moi, je suis arrivée le 16 janvier environ. Si ça peut vous donner un ordre d'idée.


Une fois qu'elle eut finit le devant, elle tenta de se laver le dos, et commença à se contorsionner. Elle frotta la jolie petite cicatrice "offerte" par Math, dont Georgia avait grandement limité l'amplitude. Soupir. Elle mourrait peut-être sans avoir pu se venger de lui. Faute de mieux, elle utilisa le couvre-lit comme une serviette. A cet instant, elle comprit pourquoi on parlait de "privilège" pour ceux qui avaient accès à l'eau courante et aux produits d'hygiène de base.


Vous étiez motivé comment ? Je veux dire...vous étiez dans une association de militants, ou plutôt vous utilisiez votre pouvoir pour aider des gens comme le sénateur ?


Après le haut, le bas. Elle remit maillot et pull, ôta son pantalon poussiéreux depuis le jeu sous les tables, et se lava une jambe après l'autre. Elle eut un petit sourire malgré tout, elle avait trouvé un exercice de gymnastique facile qui la maintiendrait en forme.

Oui, c'était décidé, au prochain passage d'un gardien, elle demanderait un crayon et du papier, ou un jeu de cartes, n'importe quoi qui puisse lui permettre de passer le temps plus vite en ne pensant à rien. Déjà qu'ils étaient partis pour lui pourrir le reste de sa courte existence, ils pouvaient bien faire un effort pour rattraper leur vilénie. On pouvait toujours rêver. Surtout qu'ils ne lui avaient pas proposé de solution alternative, ni même de trahir ses amis. Même si elle ne l'avait pas fait, ça aurait voulu dire qu'ils étaient prêts à passer des marchés pour la libérer.

Elle se dépêcha de finir son lavage, n'ayant pas tellement envie de dévoiler ses fesses à n'importe qui. C'était le seul point positif : ils ne l'avaient pas touchée. Mais elle avait assez entendu d'histoires sur les prisons pour s'attendre avec une pointe d'angoisse au pire.
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[Oryx 2.4] Ville inconnue - La geôle Empty Re: [Oryx 2.4] Ville inconnue - La geôle

Dim 9 Mar 2008 - 5:57
"J'suis arrivé vers la fin novembre, si tu veux tout savoir. Mon rendez-vous était schedulé pour le 28 en fait..."

Il ne dit pas un mot quant à la douche improvisée de Camille, bien qu'il entendait l'eau coulé et se doutait de ce qu'elle faisait. Par contre, il soupira en apprenant qu'il était là depuis presque deux mois, et pris un certain temps de réflexion avant de répondre à Camille.

"Oh tu sais, je ne suis pas un mutant. Par contre, j'ai perdu tout ce qui restait de ma famille à cause de cette peur stupide des gens comme toi et mon fils. Je l'ai élevé seul depuis qu'il a cinq ans. Quand j'ai vu qu'il n'était pas comme tout le monde, je me suis inquiété pour lui, mais je l'ai toujours soutenu. Le pauvre, il était effrayé. On s'est arrangé pour 'cacher' tout ça du mieux qu'on le pouvait, mais il y a un peu plus d'un an, juste avant les Fêtes, il est revenu à la maison avec les deux yeux au beurre noir. Il m'a raconté comment une bande de voyoux s'étaient mis à plusieurs pour le tabasser, en l'insultant, et comment il avait été chanceux qu'une voiture de police passe par là."

Le vieil homme soupira. Il y avait quelque chose dans son ton qui laissait entendre que ça lui était pénible de relater ces événements, mais aussi quelque chose qui laissait comprendre que ça lui faisait du bien.

"Il..."

Il y eut un silence. Camille put se douter que l'homme sanglotait silencieusement, bien qu'elle fut incapable d'entendre le moindre hoquet.
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Dim 9 Mar 2008 - 16:41
Camille hésita à se mouiller les cheveux. Elle n'avait pas terriblement envie de donner l'impression de se coiffer avec de la margarine, mais sa pitoyable savonnette ne ferait pas long feu, et il était sans doute plus judicieux de la réserver à des usages plus primordiaux. Finalement, elle se contenta de se mouiller la figure histoire de se remettre les idées en place.

Son petit exercice de gymnastique - pied sur céramique - lui avait en plus montré qu'elle était malheureusement bien loin de la taille moyenne des êtres humains américains de 2108, pour lesquels l'usage du lavabo devait être prévu. Elle estima leur rendre seize ou dix-huit centimètres. Pourquoi avait-elle fait de l'athlétisme, et pas de la danse ou de la gym comme toute fille qui se respecte, histoire de pouvoir se coincer les pieds derrière la nuque ?

Deux mois...ça ne les dérangeait donc pas de garder des gens aussi longtemps dans l'ignorance. Le côté triste était qu'elle ne pouvait pas savoir ce qui l'attendait : le mode opératoire devait différer entre "normaux" et "anormaux". Elle écouta attentivement Jordan expliquer la raison qui l'avait amené ici. Encore une fois, elle se considéra, dans un sens, comme chanceuse. Parce qu'on ne l'avait jamais saoûlée à cause de son pouvoir quand elle était au beau milieu des minots. Parce que les personnes au courant ne l'avaient pas trahie. Parce qu'elle n'était entrée dans un commissariat que pour se plaindre du racket de son téléphone - par le même type qui avait le premier goûté à son arrêt musculaire, en plus. Elle n'avait presque rien perdu. Tout le contraire de son voisin de cellule.


Vous êtes pas obligé de continuer, vous savez.


Elle s'était rassise, dos au mur qui la séparait de son interlocuteur.


Je peux pas vous dire "je vous comprends, j'ai vécu des choses pareilles", parce que ce serait pas vrai. J'ai presque jamais eu de souci avec ma..."différence". A part aujourd'hui.


Ce fut à cet instant qu'elle se rappela l'existence de ses parents. Quelle lettre recevraient-ils ? "Votre fille a été tuée dans un accident de la circulation" ? "Votre fille a été portée disparue lors d'un trek dans l'Himalaya" ? "Votre fille s'est suicidée avec une tronçonneuse" ? Ou bien...rien ?

C'est pour ça, certainement, que je suis en prison. Parce que je pensais pas qu'on pouvait être aussi vicieux. Les autres devaient se méfier à cause de leurs expériences d'avant, mais moi, non.


C'est peut-être pour ça qu'elle se sentait souvent déphasée, dans l'Institut, à côté de tous ces types et ces nanas super responsables et conscients de la difficulté de vivre dans le monde qui les entoure ? Peut-être qu'elle était restée bloquée au stade gamine capricieuse ? Non, elle devait être faite ainsi, voilà tout. Tous n'avaient pas connu les culs-de-basse-fosse des services secrets, tout de même.

Et...?


Elle voulait demander "Et votre fils", mais non, n'y parvint pas. Jordan parlerait s'il le voulait. Et puis après un certain temps de cohabitation forcée, il y'avait des chances pour qu'ils sachent presque tout l'un de l'autre...

Un point la titillait tout de même.


Et...si vous n'êtes pas un mutant, comme Janie, pourquoi ils vous endorment ?
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Mar 11 Mar 2008 - 3:41
"Merci."

L'homme s'était ressaisit rapidement. Un bruit de vêtement froissé indiqua qu'il se relevait.

"C'est gentil, mais ça fait du bien d'en parler un peu. À des gens qui ne risquent pas de me regarder comme si j'étais le fils de Satan..."

La question de Camille coupa toutefois la parole de Jordan, qui décida de lui répondre avant de s'attaquer à la fin de l'histoire de son déchirement familial...

"Mon voisin, de l'autre côté, il prétend que c'est pour limiter les échanges d'informations. Il dit que les mots sont souvent de terribles armes. Si tu veux mon avis, il a passé trop de temps devant la télé!"

Il soupira bruyamment. L'homme devait être gigantesque : on aurait dit un ours qui soufflerait la maison des trois petits cochons...

"En mars dernier, mon fils est parti. Philip. C'était tout ce qui me restait et me raccrochait à la vie. Il n'a pas voulu me dire où il allait. Il a parfois parlé d'Australie, ou d'Amazonie. Je sais qu'il adore l'Égypte. Je suis certain qu'il a fait exprès de semer la confusion sur sa destination pour que je ne puisse pas le retrouver, ni personne d'autre. Il ne m'a pas redonné de nouvelles. Je savais qu'il partirait, qu'un jour, ça serait simplement trop voyant, mais je ne voulais pas me l'avouer, et quand ça m'est arrivé, je n'ai pas su comment réagir. Je l'ai regarder partir, sans même avoir la force de lui dire que je l'aimais."

Le craquement du lit de la cellule voisine indiqua que, au bout de ses cent pas, Jordan avait fini par se jeter sur son lit, qui donnait vraisemblablement sur le même mur que celui de Camille.

"Je le reverrai..."

À sa voix, Camille déduisit facilement que Philip avait été élevé par son père monoparental qui, malgré ses moyens limités, avait tout fait pour lui assuré la plus belle vie possible. Ou quelque chose dans ce goût-là, et peut-être en un peu moins rose bonbon...
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Mar 11 Mar 2008 - 4:57
Comme Camille s'en doutait un peu, Jordan avait envie de parler. Dans une cage, on n'avait pas grand chose d'autre à faire pour passer le temps. Un instant, elle pensa faire des scoubidous avec ses cheveux coupés, mais l'idée s'étouffa dans l'oeuf : elle les avait aux épaules, et surtout pas assez épais, et mieux valait s'ennuyer sainement que virer neurasthénique à force de faire des noeuds de kératine.

Elle l'écouta en ponctuant ses paroles de "Hmm", montrant ainsi son attention. Il ne le savait pas, mais c'était un honneur qu'elle lui faisait. Il était rare que Camille s'intéresse particulièrement aux dires de quelqu'un qu'elle ne connaissait ni d'Eve, ni d'Adam. Elle était très fière de son talent pour montrer clairement à un interlocuteur qu'elle le considérait comme à peine plus important que le chewing-gum collé sous sa semelle.

La réflexion de son voisin lui rappela un souvenir d'enfance.


Vous savez, quand j'étais petite, en France, j'avais un maître d'école qui s'appelait Satan Floc'h. J'imagine qu'il doit avoir des gosses, des vrais fils de Satan...


Son esprit s'égarait un peu. Quelques secondes gagnées sur la monotonie et la laideur des murs.


Maintenant, on donne ce qu'on veut comme prénom. Tenez, à l'Institut, si vous saviez combien y'a de prénoms bizarres ! Une Wind, une River, un Kieran, une Ivy, une Relena...et je vous en épargne !


C'est vrai qu'il valait mieux éviter de citer Draena et surtout Alixtide. Camille s'imaginait que si des gens étaient intéressés par l'idée de venir la chercher dans un futur plus ou moins proche, c'étaient bien les OryX. Or, si en passant Jordan glissait "Ah ! Vous êtes les types aux prénoms moches, comme m'a dit votre camarade", les retrouvailles pouvaient s'effectuer dans une ambiance tendue peu en adéquation avec la situation.

Elle essaya de se rappeler les films d'action de son père. Ils y faisaient quoi, les types, en prison ? Ah oui : de la musculation. Des pompes et des abdos, des tractions - mais il fallait une barre pour ça, il n'y en avait pas ici - et sinon ils dormaient ou papotaient. Elle opta pour les abdominaux, mais seulement quand la conversation serait terminée. Il fallait dépenser ses passe-temps avec parcimonie.


Si c'est pour ça, c'est vraiment très con. Avec des vraies cloisons, ça marcherait. VOUS ENTENDEZ ? VOUS ÊTES CONS !


La poussée d'adrénaline était venue d'un coup d'un seul, et la détendit formidablement. Elle se sentit en paix avec elle-même et surtout avec la stupidité profonde de ses geôliers, aussi rusés qu'un personnage de Tex Avery.


Excusez-moi.


Elle mit sa tête en arrière, le sommet de son crâne collée contre le mur.


Vous avez déjà crié comme ça, en deux mois, ou bien vous êtes capables de garder votre calme ? J'aimerais bien savoir le faire...


Elle espéra que sa petite colère ponctuelle n'allait pas lui occasionner une piqûre. Mais s'ils comptaient mater son caractère pourri, ils allaient avoir à faire face à une opposition féroce.

Son esprit divagua de nouveau...Amazonie, crocodiles, Nil, Egypte, confiseries, vitesse...Australie, kangourou, sauter, athlétisme, New York, Georgia, Institut. Retourner à l'Institut. Comment ça s'était passé déjà ? Ah oui. "Signature mutante détectée".

Tilt.

Elle baissa d'un ton, même si elle savait son geste un poil pathétique.


Dites...si mes amis viennent, je leur dirai de vous prendre avec nous. Dans l'Institut, on a une espèce de machine, Serre-à-bras, je comprends pas comment elle fait, mais elle est capable de savoir où sont tous les mutants. Si vous avez envie de retrouver votre fils, ça pourrait être un bon moyen !


Et puis un activiste pro-mutant, c'était une pièce rare, à protéger et manipuler délicatement, tout de même. Sincèrement, Camille plaignait le pauvre homme, qui se retrouvait face à l'adversité, mais en plus en ayant eu avant une vie difficile.


Vous...vous n'avez pas de femme ?


Elle allait vite savoir si elle était allée trop loin. Elle n'espérait pas, parce que son espace était réduit à peu de dimensions, et s'en fermer une ne serait pas stratégiquement très intéressant.


Sinon...vous pourriez me parler de votre fils ?


Pas par intérêt particulier, mais parce qu'elle aimait sentir ses pensées dériver sans but. Et un mutant inconnu, quoi de mieux pour enflammer l'imagination ?
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Jeu 13 Mar 2008 - 5:38
Jordan ne sembla pas comprendre tout l'humour de la blague bretonne, car on entendit plutôt une mouche voler que son rire, suite à cette histoire de français satanique. Pour ce qui était des prénoms, il ne répondit pas plus, soit il en avait entendu d'autres, et des pires, doit il s'était endormi.

Le silence qu'il laissait ainsi s'épaissir commençait d'ailleurs à se faire lourd lorsque Camille pêta un câble. Le grincement des ressorts du lit, pour expulser le corps de l'homme témoignèrent d'ailleurs de son état de veille.

"Ça va, petite? Il se passe quoi?"

Lorsqu'il sembla finalement comprendre ce qui s'était passé, il fit une légère réprimande à Camille :

"Ne me fais plus de peurs comme ça! Il y a d'autres façons d'exprimer sa colère... Et des moins dangereuses pour ses voisins cardiaques!"

Il ne répondit qu'à renforts de "hum" aux propos de Camille-la-papotte, soit trop concentré à remuer de sombres pensées, soit trop occupé à préparer un plan d'évasion, soit perplexe quant à la santé mentale de sa voisine de geôle. Impossible de dire pourquoi. Jusqu'à ce qu'on reparle de sa vie.

"Non, sa mère était une ancienne amie. On a eu une aventure, puis elle m'a laissé Philip pendant qu'elle poursuivait ses études, et nous nous sommes perdus de vue. Avec un môme, je te fais pas dire que c'est bien plus difficile de se trouver une compagne, même à vingt ans!"

"Il ne m'en a jamais voulu de ne pas avoir garder contact avec elle. Il a compris très jeune que ce n'était pas normal qu'il n'ait pas de maman. Il est brillant comme elle, ça c'est certain... Mais je crois quand même que ça lui a manqué, à un certain point. C'était un enfant assez turbulent, j'ai passé beaucoup de temps à l'école, avec sa directrice. Il avait beaucoup d'amis, tout le monde l'aimait bien. Les professeurs me disaient de ne pas le réprimander, que c'était un bout-en-train et qu'il faisait des tours intelligents. Je n'arrivais pas à le croire."

"Après ses devoirs, il jouait dehors avec ses amis, comme tous les enfants, puis il rentrait et lisait un peu. Je ne sais pas de qui il tient celà par contre, je n'ai jamais lu un livre entier. Il voulait toujours m'aider dans tout ce que j'entreprenais, débrouillard comme pas deux. Puis il a vieillit et nous avons mal supporté son adolescence. Je le reconnaissais pas, il était devenu taciturne et... bizarre.


Jordan arrêta son monologue, comme si il cherchait son courage, ou l'inspiration pour continuer. Peut-être le bon mot aussi? Le portrait qu'il venait de dépeindre de son fils était certes idylliques, mais il semblait pourtant réel, avec des zones d'ombres qu'il avait simplement sautées rapidement.
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Ven 14 Mar 2008 - 10:08
Camille était un peu déçue. Son voisin était certes sympa, mais il avait le sens de l'humour d'un mormon dépressif cancéreux en phase terminale. Inutile de compter sur sa gouaille pour le divertissement, en même temps, c'eût été trop beau de tomber sur la réincarnation de Jeff Dunham comme compagnon de cellule. Et c'est vrai que la vie n'avait pas été très clémente avec ce pauvre Jordan. Elle n'avait pas vu sa tronche, elle ne pouvait pas savoir si en plus d'être poissard, il faisait partie des victimes de Mère Nature. M'enfin. Il est des fois où on n'a pas le choix. Cette fois en faisait partie.

Pardon, pardon...


Cardiaque, en plus. Elle se dit que le machin là-haut, quel que soit son nom, était un sacré plaisantin. Ou les. Pourquoi pas "les" ? C'était pas plus idiot.

Son déballage d'idées ne le fit pas réagir. Notamment celle sur Cérébra. Il devait être bouché. On lui proposait de localiser son fils, et il répondait "hum". Ou bien il n'écoutait pas, ou bien il était d'un flegme incroyable. Il fallut revenir au chapitre papounet pour qu'il redevienne un tantinet réactif, et volubile. Elle haussa les épaules et leva les yeux au ciel - avantage des conversations en aveugle, s'il était désagréable, elle pouvait même lui tirer la langue. Parlons de Philip alors. Avec un peu de chance, il lui ferait une description physique idyllique, qui la ferait un peu plus rêver que la moyenne de l'Institut.

Oh, elle était un peu méchante, sur le coup. Il y'en avait deux ou trois baisables, comme dirait un mec en sens inverse. Simplement ils l'attiraient pas. Surtout quand ils se mettaient à parler.

Marrante, d'ailleurs, l'histoire. Jordan était un chic type. Ils couraient pas les rues, les étudiants qui gardaient le contact après avoir hum...mis un polichinelle dans le tiroir d'une camarade. En général, dans les neuf mois, ils se trouvaient un job, une réorientation, une nouvelle vie, si possible à deux mille bornes de là.

Le seul bémol était l'âge. Jordan faisait quel âge ? Si c'était quarante, ça laissait un Philip dans la vingtaine, cool. Si c'était cinquante, Philip était déjà un croûton, la loose.


Boute-en-train ? Il faisait quoi, comme tours ?


Question purement intéressée, des fois qu'elle trouve de bonnes idées de passe-temps pendant les pénibles heures d'enseignement obligatoire. C'était pas glorieux, mais lorsque l'innovation était en panne, il fallait se montrer capable de picorer des idées de-ci de-là.

Un lecteur boute-en-train. Diantre, ça courait pas la calotte polaire. En général, les déglingos préféraient la téloche ou les activités physiques. Peut-être que papa idéalisait son môme, ou peut-être que Philip avait tout pour plaire. Ca devenait franchement intéressant.


Vous savez, l'adolescence, ça se passe jamais bien pour un parent. Je le sais, mon père a commencé à perdre ses cheveux quand j'ai eu treize ans.


Si Jordan ne lisait pas, il n'était peut-être pas tellement au point sur la crise en question. Alors que Camille masterisait sur le sujet, en plein dedans qu'elle était. Ou bien...


Et puis en général, les mutants se révèlent à cet âge-là. Peut-être que ça lui est arrivé et qu'il a rien dit, mais qu'il a intériorisé. Quand on se découvre certains pouvoirs, y'a largement de quoi devenir taciturne, croyez-moi.


Enzo, par exemple, ç'avait pas du être commode. Le choc pour les parents qui apprennent que leur fils est devenu une bouteille de Cristalline sans plastique !
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Dim 16 Mar 2008 - 7:34
"Bah, différents trucs. À huit ans, il a bouché la fontaine pour les mains avec du papier, et il l'a laissé couler pendant les cours, en posant un dictionnaire sur la barre qui contrôlait le débit d'eau et que les enfants actionnaient avec les pieds. Ça a résulté en une inondation de la salle de bain. Sinon il sautait pieds joints dans les flaques d'eau quand il passait près des filles. Dévisser les salières au restorant, aussi. Ce genre de bêtises de gamin. Il s'est calmé en vieillissant."

Jordan s'arrêta de parler quelques secondes, comme si il réfléchissait à quelque chose. Il revint à la parole par un autre de ses "hum" que Camille appréciait tant.

"Mouais, c'est certain que c'est pas facile l'adolescence. Je me souviens qu'à une époque, il n'arrêtait pas de me demander si je trouvais que telle ou telle personne ou chose sentait fort. À force de m'entendre répondre que non, il avait arrêté de demander. Moi je pensais que c'était son imagination. Mais un an plus tard, je me suis aperçu qu'il faisait de l'insomnie. C'est là qu'il s'est mis à lire, en fait, pour ne pas me réveiller. Le problème, c'est qu'il lisait dans l'obscurité. C'est là que j'ai découvert qu'il était différent. Et puis ça a pris un peu de temps pour faire le lien avec les odeurs qu'il sentait toujours plus que moi. Ensuite, sa barbe est apparue, forte, et son corps s'est couvert de poils. Ses yeux ont changé de forme peu à peu. J'étais terrorisé par mon impuissance à l'aider. Lui était honteux de ce qui lui arrivait. Il a fini par abandonner l'école à 16 ans, quand il m'a dit qu'une queue lui poussait. Il ne mangeait que de la bonne viande et ne buvait que de l'eau et du lait. Il restait enfermé à dormir toute la journée et était actif de nuit, à jouer avec les objets qui traînaient. Enfin, tu voies le genre, je crois..."
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Lun 17 Mar 2008 - 12:59
L'esprit de Camille venait de subir une de ses plus cruelles désillusions, certainement amplifiée par la carcéralité des lieux. Elle commençait à se représenter le Philip comme une sorte d'idéal mutant, aventureux, courageux, indépendant, bref, pour ainsi dire parfait. Un feutre, des habits clairs pour ne pas être marqués par les longues marches dans le désert, la capacité à survivre à tous les impondérables inhérents à la vie au grand air, le teint hâlé, le demi-sourire en toutes circonstances. Boum badaboum. Philip était un gros matou. Pratique lorsqu'on est infesté par les rongeurs, mais quelques années-lumière plus bas sur l'échelle personnelle du charme de la Bretonne.

Décidément, cette vie de prisonnière semblait être une succession de déceptions. Ses geôliers la prenaient à priori pour un animal - nourriture à la gamelle, eau à peine trottinante, zéro loisir, zéro soleil - ses camarades étaient soit des télékinésistes pas foutus de ne pas se faire enfermer, soit leurs copines conspirationnistes, soit des papas nostalgiques. Les murs étaient moches, elle s'ennuyait sec, elle voulait son doudou.

Néanmoins, faute de mieux, elle continua à entendre la véritable histoire du garçon félin. De toute façon, elle préférait les chiens. Est-ce que Flood aurait été accepté à l'Institut ? Il était adorable, il perdait pas ses poils - ce sont les chiens à poils ras qui les perdent, tout le monde sait ça - il n'aboyait pas, il ne faisait pas trop de conneries, bon, quand même, il avait tendance à sauter trop haut et à retomber anarchiquement sur divers ustensiles plutôt fragiles, mais ça n'en faisait pas pour autant une nuisance ! Si elle s'en sortait, il faudrait qu'elle pose la question à Sahari.


Vous avez jamais entendu parler de l'Institut Xavier ?


De toute façon, tout le monde était au courant, que c'était un établissement spécial mutants. Secret de polichinelle. En parler là ne changerait strictement rien.


Ils accueillent tous les jeunes mutants. Votre fils aurait pu demander à y aller. Il aurait peut-être même pu apprendre à contrôler sa métamorphose.


Elle parlait d'un ton las, monocorde, vidé de tout enthousiasme. La description physique de Philip avait achevé de la démoraliser. Et puis elle commençait à avoir mal au crâne, et le mal de crâne la foutait de sale humeur. Toujours.
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Mer 19 Mar 2008 - 4:11
Il y eut un râclement d'on-ne-sait-quoi dans la cellule de Jordan.

"Oh, bien sûr que si, j'en ai entendu parlé. Cet été, aux nouvelles, comme tout le monde. J'ai même regardé le débat entre le directeur et ce bonhomme Zachary. Sauf que mon fils était déjà parti depuis quelques mois, et comme je t'ai dit, il n'a pas jugé nécessaire de me laisser ses nouvelles coordonnées. Et puis, de toute manière, il aimait mieux la solitude. Je ne pense pas qu'il aurait aimé être entouré de gosses de riches tapageurs."

Manifestement, Jordan avait quelques préjugés vis-à-vis de l'institut Charles-Xavier. L'homme conclut dans sa barbe, comme pour se convaincre lui-même :

"Et puis, il devait être trop vieux."

La dernière réplique de Camille attira manifestement plus son attention, car le ton de Jordan avait augmenté d'un cran, ainsi que son débit.

"Tu crois? Il pourrait redevenir comme avant? Tu as des amis comme Philip? C'est ce serre-bras qui leur redonne leur apparen..."

La porte s'ouvrit, comme un cri d'espoir de revoir le jour, pour se refermer aussitôt, taisant aussitôt tout espoir d'évasion. Jordan se tut instantanément et Camille put l'entendre se rendre à son lit et s'y étendre. Les gardiens n'étaient pas les mêmes que la dernière fois, et ils fonctionnaient différement, apparement plus professionnellement, comme pu observer Camille alors qu'ils "s'occuppaient" de McCuffrey, endormi.
L'un des deux pénétra dans la cellule pour injecter l'anesthésiant au mutant, alors que le second geôlier, arme à la main, montait la garde à la porte. Ils en eurent rapidement terminé avec le premier prisonnier et se dirigèrent vers la cellule de Camille.

Celui qui avait comme tâche d'endormir les détenus lui adressa la parole.

"Vas t'étendre, ce sera plus confortable pour toi et plus facile pour moi..."

Avisant la gamelle toujours aussi pleine, il eut un sourire timide.

"Et tu devrais en profiter pour manger, parfois
On sait que c'est pas appétissant, mais faut vivre avec."

"On a les mêmes rations, alors..." compléta son collègue.
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Jeu 20 Mar 2008 - 0:49
Camille était désappointée. Très. Elle n'aimait pas ça du tout, en particulier par la faute de son voisin.

Mais pour qui il se prenait, ce vieux schnock, avec ses préjugés pourris ? Il en voulait à la terre entière, ou bien seulement à ceux qui acceptaient de l'écouter ? Dans ce cas, c'était clair, elle la fermerait définitivement, et il apprendrait à converser et à raconter ses conneries à son lavabo, qui se lasserait certainement aussi un jour ou l'autre. Elle trouverait une occupation quelconque qui lui éviterait de subir la hargne alors que ce n'était pas sa faute si môssieur engendrait des mélanges de Calvin et Hobbes.

Et puis il se justifiait, comme si ça ne suffisait pas de dérouler un tapis de généralités sans aucun fondement. La bêtise humaine dans toute sa splendeur.

Pour un peu, Camille l'engueulerait, mais elle respectait encore un peu le sommeil des autres. Pfouu. Souffle, ma grande. Il a pas la belle vie non plus. Si c'était une raison suffisante pour la considérer aussi mal ou non, là était la question. Elle renonça à le convaincre que, non, elle n'était pas née avec une cuiller d'argent dans la bouche et qu'elle n'était pas la seule à l'Institut, et qu'un pauvre gars à moitié changé en chat se ferait certainement pas lourder sans raison.

Sale con. On la coffrait, et en prime à côté d'un sale con. Qui au moins n'était pas anti-mutant. C'était bien sa seule qualité. En même temps, il aurait pas été emmuré s'il avait eu l'élégante idée de la considérer comme une nuisible. Et elle aurait pu, qui sait, lui coller une mornifle sans avoir la moindre arrière-pensée.

Grunt.

En plus, il fallait lui répondre honnêtement, histoire de pas finir de saborder sa réputation. Sans ironie ? Non, c'était pas précisé.


C'est-à-dire que les gosses de riches que je fréquente ne grimpent pas tous aux arbres, mais il en existe au moins quelques uns qui se transforment à volonté en animaux.


Elle se leva, et entendit à ce moment que les gardiens arrivaient. Génial, l'heure de la sieste, alors qu'elle se levait à peine. Au moins, elle ne manquerait pas de sommeil. Mais à priori, ils paraissaient un peu sympathiques. Elle pouvait tenter de jouer les charmeuses histoire d'améliorer son ordinaire.


Un instant ! Je me passe la tête sous l'eau, et je suis à vous.


Peut-être qu'ils seraient assez sadiques pour la piquer dans le dos alors qu'elle se re-débarbouillait, mais elle espérait plutôt gagner un peu de temps histoire d'engager une conversation légèrement brouillée par le filet d'eau.


M'en parlez pas. Je mangerai, pas d'inquiétude. Pis je ferai de l'exercice pour être en forme et présentable.


Elle éteint le robinet et secoua la tête pour évacuer un peu l'humidité.


Dites, je peux faire ne serait-ce qu'une toute petite requête ?


Elle avait mis ses mains dans le dos, comme si ça la gênait de poser une telle question.


C'est-à-dire...j'm'ennuie un peu, et pour passer le temps, j'aime bien dessiner...si vous pouviez me trouver un crayon et un peu de papier...pas grand chose, et promis, je m'ouvrirai pas les veines avec la mine. Et je ne sais pas fabriquer de mitraillettes en origami non plus. Je suppose que vous savez ce dont je suis capable.


Ou pas, actuellement. La loose. Bon, elle avait réussi à parler, ils étaient peut-être plus sympas que les autres, et, en signe de sa bonne volonté, elle alla s'allonger sur son matelas et remonta sa manche droite, tournant la tête vers le mur pour éviter de regarder la piqûre.
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Jeu 20 Mar 2008 - 4:18
Le gardien regarda Camille d'un air étonné, lorsqu'elle lui déclara qu'elle allait se doucher avant de dormir. Pas que ce soit une idée absurde, mais dans les circonstances, si. Il était resté près d'elle et n'avait pas répondu. Probablement ne l'avait-il pas jugé nécessaire, en fait...

Il la suivit jusqu'à son lit, et ne lui répondit qu'en préparant son injection :

"Nous verrons ce que nous pourrons faire, mais nous ne pouvons rien garantir."

Camille ne sentit même pas le pincement de l'injection et s'endormit aussitôt. Elle se réveilla quelques minutes à un moment, puis se rendormit d'un sommeil un peu plus agité, durant lequel elle rêva.

[HJ : J'aimerais bien que tu racontes le rêve SVP, ça risque d'influencer la suite...]
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Jeu 20 Mar 2008 - 11:49
Aïe !

Quelque chose venait de piquer Camille au bras. Qu'est-ce que c'était ? Encore une de ces maudites fléchettes ? Non, il n'y avait pas de fléchettes dans la forêt. Enfin si, dans certaines tropicales avec des cannibales, mais pas dans une tempérée et boueuse comme celle-là. Exclu. Elle tourna la tête, elle avait reculé et s'était appuyée contre un acacia. Elle balança un coup de pied dans le tronc de l'arbre par pur plaisir, et s'aperçut trop tard qu'elle était pieds nus. Elle passa plusieurs minutes ensuite à ôter les épines de sa voûte plantaire, en serrant les dents, bien que la douleur soit curieusement anesthésiée.

Elle se leva, regarda un peu alentour. Elle ne reconnaissait pas les lieux, mais c'était sûrement très loin de New York. Il pleuvait sans discontinuer, elle avait les deux pieds dans la gadoue. Pourquoi être venue sans chaussures ? Et pourquoi cette robe "modèle Ivy" ? Elle l'avait empruntée ? Faite faire sur mesure ? Poussée comme Marilyn, à même la peau ? Impossible de s'en souvenir. Bon, pas grave, autant l'explorer, et puisque le destin lui offre une monture - un cochon sanglé, tout de même, quelle drôle d'idée ! - autant s'en servir.

Niveau confort, très bof, mais le machin rose avance à un rythme correct. On sent dans son regard qu'il n'a pas inventé la poudre ni la graine de truffe. Elle observe la nature. Bizarre. Des lapins, d'habitudent, ils fuient la compagnie. Combien ? Cinq ? Non, dix...attendez...vingt, trente ? Ils se multiplient à une vitesse, c'est assez terrifiant ! Elle cesse de les regarder, commençant à avoir mal aux yeux. Autant revenir à des sujets plus intéressants, comme la biche qui trottine en évitant de faire de la purée de lapin à côté d'eux. Sympathique, le regard plein d'amour, ou alors c'est une vue de l'esprit.

Trois pierres dressées au milieu d'une clairière. Y'a qu'un endroit où elle a déjà vu des menhirs, c'est près de chez elle. Bon, c'est pas Carnac, ça, c'est certain, mais peut-être Brocéliande ? La pluie, le cochon...possible. Ils ont oublié les panneaux d'indications. Tiens, une chouette, ça vit pas la nuit normalement ? Elle doit être insomniaque.

Et puis il y'a ce gros sanglier qui apparaît, et qui commence à poursuivre son cochon. Ce serait une truie, en fait ? Difficile à dire, et puis quand elle court, on a du mal à regarder. Camille se promit de reprendre la voltige, un de ces jours. Les lapins détalent, la biche lui jette un regard las, comme si le poids entier du destin de l'univers s'était abattu sur ses épaules ou presque. Dramatique, il ne manque qu'une symphonie mineure de Beethoven. Ca a des épaules, une biche ?

Et puis brusquement, volte-face, le domestique fait face au sauvage, et la cochonnière est éjectée et va heurter le bas d'un sapin qui avait tort de se trouver là. A Brocéliande, se cogner la tête contre un conifère, c'est bien une honte. Non ? Ah non, elle se réveille, cette fois, elle se retrouve dans l'Institut, dans le hall, mais il n'y a personne. Pas un bruit. Pas un vêtement, aussi, ils n'ont pas résisté à la téléportation. Elle se savait pas capable de telles choses.

Elle explore le salon, personne. Pas plus de monde dans la cuisine, mais les réserves astronomiquement importantes en quantité prouvent que Niko était là il y'a peu. Elle se sert un peu de jus d'orange qui se révèle être du pamplemousse, mais elle n'est pas à ça près. Puis elle continue sa recherche d'âme qui vive. Echec dans le foyer, échec dans les salles de classe, elle va même jusqu'à la salle des dangers qui la plonge brièvement dans une salle de cinéma avec l'écran au plafond et les spectateurs allongés - pas mal, l'idée ! même si le film est un affreux navet vieux d'un siècle, avec un type à rouflaquettes qui s'est planté trois barres de fer dans les mains pour faire croire qu'il était méchant.

La loose, encore.

Alors elle ressort, cherche dans le jardin, marche sur l'eau de la piscine juste pour voir si par hasard, elle chatouillerait pas Enzo, mais non, il flemmarde ailleurs, cette andouille. Puisque le liquide semble dur, elle s'y allonge et ferme les yeux. Et s'endort. Un peu étonnée quand même par l'étrangeté de la situation. Elle a piqué du jus de fruit à Niko, et son sixième sens ne l'a même pas averti ? Bizarre, bizarre...



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Mer 2 Avr 2008 - 5:41
-... vec tous les pots de vin qu'il y a, il n'y a plus rien d'étonnant. Mon cousin pourrait devenir président si il avait assez d'argent!

En se réveillant sur ces bonnes paroles, Camille pu voir quelques feuilles par terre près d'elle, avec des crayons de cire. Noir, vert, jaune, bleu, brun, violet et rouge. Il ne manquait que le orange. Les gardiens s'étaient-ils moqués d'elle ou bien était-ce là véritablement le fruit d'efforts?

Janie aperçut alors Camille qui se réveillait et lui demanda, à brûle-pourpoint :

-Dites-moi Camille, ce Serre-Bras dont Jordan m'a parlé, il existe vraiment? De quoi s'agit-il?

Camille eut alors la chance d'entendre la voix de son charmant voisin de geôle retentir.

-Elle ne me crois pas qu'il peut annuler vos différences et vous rendre normaux!

Il ne faisait plus aucun doute que Jordan, si il avait été mutant, aurait eu la capacité d'altérer la réalité. Du moins, il ne semblait pas exceller en matière de technologies...

-C'est impossible, ça se saurait! Imaginez le scandale si ça s'apprenait!

La femme lança un regard las en une direction qui laissait y supposer la présence de Jordan. On aurait dit une biche offensée. Peut-être considérait-elle qu'on aurait dû la placer en meilleure compagnie!
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Mar 8 Avr 2008 - 10:38
Camille bâilla, bâilla dérechef, et seulement ensuite entr'ouvrit les paupières. C'était le rêve le plus stupide de son existence qu'elle venait de faire, elle en était persuadée. Heureusement qu'elle ne s'en souvenait que par bribes. C'était du gâchis que d'encombrer sa mémoire avec des idioties pareilles. Sans doute un effet secondaire de leur traitement de choc, il était inconcevable que son esprit supérieur puisse se mettre à divaguer de la sorte.

Elle s'étira longuement, en ronronnant presque, et s'assit sur son lit, les yeux encore pleins de sommeil. Son regard vague passe distraitement d'un élément à l'autre, espérant un changement. Ô ciel ! Il y'en a un. Le gardien a été cool, il a réussi à dégoter quelques crayons de couleur et du papier. Et même si c'était pas avec ça qu'elle recréerait l'Impression : Soleil Levant, elle se promit de ne pas être contraignante si c'était encore le type sympa. Il venait tout de même de lui trouver un honnête passe-temps. Camille n'était pas une mauvaise dessinatrice : elle s'y entraînait depuis qu'elle avait commencé l'école, dans certains cours bien particuliers. Ceux où les profs l'avaient séparée de sa compagne de bavardage favorite.

Ensuite seulement, elle comprit que Janie lui parlait à elle. Camille. Oui, c'est moi, une seconde, le temps pour mes neurones de sortir de leur léthargie. Elle songea que leur somnifère aurait endormi net un cheval au galop. Puis elle eut encore quelques instants de réflexion pour bien comprendre ce qu'on lui demandait. Manque de pot, ils étaient tombés sur la pas douée avec les technologies. Si c'était Lyu qui avait été capturé, il aurait pu leur décrire le moindre micromètre de silice de Cérébra avec amour et volupté. Mais non. La compréhension de Camille se limitait aux boutons sur lesquels il fallait appuyer. Sorti de ça, le brouillard absolu. Ils venaient de demander à un sourd s'il préférait Mozart ou Beethoven.


Euh...je sais pas grand chose, mais cette machine, là, quand je suis arrivée, elle savait que j'étais une mutante. Elle a dit "Signature mutante reflétée"...ah non..."détectée", c'est ça, "Signature mutante détectée".


Elle se leva et se plia jusqu'à attraper l'arrière de ses pieds. Elle était ankylosée, avec l'impression d'avoir trois centimètres de coton autour des jambes.


C'est une sorte d'ordinateur qui peut dire où est un mutant. Par exemple, là, peut-être qu'elle sait que je suis avec Monsieur le Sénateur. Parce que c'est une fille, il paraît.


La notion de sexe de l'intelligence artificielle dépassait encore plus la Bretonne que le reste. Elle se redressa et regarda Janie.


Par contre, je crois qu'elle change rien en nous, ce sont les profs qui nous entraînent à nous contrôler. Quand je suis arrivée, j'étais juste un peu plus rapide qu'une fille sportive, et maintenant, je pourrais rattraper votre montre avant qu'elle touche le sol si elle tombait...


Elle tourna le dos à ses camarades d'infortune, et commença quelques exercices rudimentaires d'assouplissement. Elle n'avait pas osé finir sa phrase, qui pourtant tombait sous le sens. "...et s'il n'y avait pas ces satanés barreaux"
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Sam 12 Avr 2008 - 3:04
Janie soupira et se pinça les lèvres. Visiblement, les explications de Camille lui semblaient bien piètres et elle était déçue. De son côté, Jordan avait d'abord poussé quelques "Oh" admiratif en entendant les capacités stupéfiantes de la machine, et avait conclut avec un "Hon!" déçu, en apprenant que, contrairement à ses attentes, aucune machine ne pourrait rendre à son fils son apparence normale.

Daniel s'était réveillé entre-temps et avait pu entendre une partie de la réponse de Camille, ainsi que les réactions de leurs deux autres collègues de prison.

"Dites donc! On croirait qu'ils ne savent plus aussi bien se coordonner pour la distribution des piqûres. Je devrais probablement faire une plainte, il y a du laisser-aller..."

Il se leva et s'approcha de la grille, les mains croisées derrière lui, avec son sourire, qu'il semblait conserver même en dormant. Il salua Camille, puis Janie, au travers du mur, et se tourna vers la cellule voisine à Camille.

"Bonjour Jordan. Aujourd'hui, dans notre cours mutant 101, nous voyons que le développement de ces aptitudes, qui font apparition à l'adolescence, se développent alors rapidement, tout comme le reste de l'individu, en fait, pour ralentir avec l'âge adulte.

Il se retourna vers camille, l'oeil gamin. Il lui lança un regard du genre "Allez, il faut bien se changer les idées, non?"

Janie était resté muette, dans le seul coin de ses quartier que Camille ne pouvait pas voir. Jordan aussi était silencieux. Probablement intrigué d'abord par les révélations, puis bouche bée devant le manège de futur président, qui agissait à présent en enfant :

Aujourd'hui, notre invité spéciale, Camille, est là pour..."

Daniel laissa sa phrase en suspens et sembla porter son attention ailleurs, comme si il avait entendu un bruit qui n’avait pas sa place ici. Personne n’osa rompre son silence, intrigués par la soudaineté de celui-ci. Janie se rapprocha de la grille, intriguée.

Au bout d’une vingtaine de longues secondes, ils entendirent enfin les pas de quelques personnes, qui venait du bout opposé du couloir à celui qu’empruntaient généralement les gardes lors de leurs "tournées anesthésiantes". À voir le visage inquiet de Janie, Camille pu déduire qu’elle venait aussi d’entendre les pas. La jeune mutante aussi avait des raison de se poser un tas de question, malgré l’expression désormais assurée de McCuffrey. Et malgré qu’elle aurait dû se sentir anxieuse, Camille se sentit peu à peu se calmer. L’expression faciale de Janie aussi se détendit rapidement et ne laissa place qu’à une surprise contenue lorsque la voix de l’une des personnes qui s’approchait se fit entendre.

"C’est plus grand que je croyais, ici…"
"On arrive au bout."

Et, en effet, ils y arrivaient, car Camille les vit finalement apparaître à sa vue. Ils étaient trois hommes, visiblement dans la vingtaine. Deux d’entre eux se dirigèrent immédiatement vers la cellule du politicien.

[Oryx 2.4] Ville inconnue - La geôle Ryan[Oryx 2.4] Ville inconnue - La geôle Frankl11


Pendant ce temps, le troisième restait en retrait, au beau milieu du corridor, l’air ailleurs.

[Oryx 2.4] Ville inconnue - La geôle Charles


"Bonjour, messieurs. Nous ne nous attendions plus à un tel miracle!"
"Bonsoir" répondit celui qui était resté en retrait, d’un ton distrait.
"Nous ? depuis quand vous parlez de vous au pluriel, M’sieur le président ?"
répliqua le blond, sans que Janie ou Jordan n’expose le moindre désaccord. D’ailleurs, Camille aussi était toujours aussi zen.
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