[NeXus 6.7] Des primes et intérim

Les Nexus avaient fait le voyage en Blackbird jusqu'en Grèce. C'était peut-être dû au crash auquel ils avaient échappé lors de leur mission spatiale, mais Cassandre avait pris ses marques dans le jet issu du passé, et le préférait au X-jet, froid et neuf. Elle l'avait posé, comme lors de la dernière mission, au sommet d'une tour de parking désaffectée, et avait activé le camouflage. Il faisait chaud et le soleil cognait avec agressivité sur la capitale grecque.

Sibylle avait pris soin de fournir une carte d'Athènes ainsi que quelques euros et des tickets de monorail aux élèves.

"Je ferai de mon possible pour vous rejoindre rapidement." leur assura-t-elle, avant de leur donner des recommandations de dernière minute, comme une mère à ses enfants au premier jour d'école.

Le trio se retrouva donc lâché dans Athènes aux environs de 11h30 du matin. Le temps de trouver leur chemin, ils arrivèrent dans la rue Íon Dragoúmis aux alentours de midi.


La rue était étroite et plutôt chaleureuse. A l'écart du centre-ville, le quartier semblait essentiellement fréquenté par des riverains. Remontant la rue, ils trouvèrent sans mal la petite agence d'intérim. Petite enseigne défraîchie. Elle ne payait pas de mines de l'extérieur. Au dessus se trouvaient 4 étages d'habitation, dont la porte d'entrée principale se trouvait sur la droite de la façade du bâtiment. A gauche de cette porte, les élèves pouvaient voir l'entrée de l'agence.


Sur la vitrine de l'agence étaient collées des affichettes descriptives de formations et emplois, comme dans n'importe quelle agence de ce type. L'immeuble, assez profond, était collé à l'immeuble voisin sur la droite, mais une allée sur sa gauche semblait mener à une arrière-cour.

[Hrp : bienvenue dans ce mode jeu ! Les règles habituelles s'appliquent. Faites des résolutions précises quand la situation l'exige (notamment sur l'intensité d'utilisation de vos pouvoirs). Une résolution partielle fait avancer l'horloge pour tout le monde du temps nécessaire à l'exécution de l'action. Etant donné que vous n'êtes que trois, la durée du tour va être réduite à 4 jours sur ce mode jeu. Amusez-vous bien !]

Le voyage jusqu'en Grèce c'était plutôt bien passé. Il avait déjà vu le Blackbird, mais c'était la première fois qu'il montait dedans. en s'asseyant il eu la nostalgie de ses premiers occupants. Il y a 100 ans il avait conduit les premiers X-men en mission et maintenant il emmenait a génération suivante... Vers une bien sombre histoire...

Il faisait bon ici, et le pays natale de son professeur semblait plus que sympathique. Mais une chose plus dangereuse que les plages et la moussaka les avait amené ici. Et le trio Nexus était pour le moment posté devant.

Habillé comme un simple touriste, avec son T-shirt rouge, son panta-court beige et ses basket Robin était l'incarnation vivante d'un américain moyen. Il se tourna vers ses coéquipières. Ah qui aurait cru qu'un jour il aurait eu une tornade blonde et une tempête rousse avec lui? Quoique qu'il avait déjà eu une tornade rousse... Mais les deux à la fois!

"Bon... On a qu'a faire comme on a dit. Je vais tenter de voir un peu l'immeuble. J'en fais le tour et je regarde si il y a d'autres moyen d'entrer. Vous allez voir l'agence? Regardez les offres d'emploi sur la vitre et essayez d'en savoir plus. un plan même sommaire de l'intérieur pourrait nous aider. Bon silence radio sauf urgence... a toute les filles..."

Un sourire au lèvres Rob avait saluer les filles avec la main d'un geste désinvolte. Puis il s'était approché de la porte d'entrée et avait regardé les noms inscrit.
Avant de faire le tour de l'immeuble en tentant de repérer quelque chose intéressant : Sortie de secours, vasistas ou autre possible moyen d'entrer.

Georgia avait passé la moitié du voyage en BlackBird crispée, les ongles plantés dans les accoudoirs. Même si elle était la plus fervente admiratrice de Dame Cassandre - du moins, se plaisait-elle à le croire - la simple idée que le jet dans lequel elle se trouvait était piloté par une aveugle avait quelque chose de terrifiant...

... et d'un peu humiliant : après tout, Cassandre lui aurait demandé de piloter le BlackBird que Georgia aurait répondu présente ! Elle avait bien conduit le van dans le Vermont, non ? Et personne ne s'en était plaint (ou alors étais-ce qu'elle était trop occupée à jacter pour entendre les cris de terreur de ses passagers ?) !

Quoi qu'il en fut, elle écouta avec attention les recommandations de Cassandre, leur mère à tous et décida d'agir judicieusement pour cette mission d'infiltration.

Elle avait adopté une tenue civile, décontractée. De bonnes baskets pour courir. Un short pour montrer ses jambes, son premier atout séduction. Et un débardeur pour laisser ses bras libres dans leurs mouvements, histoire de pouvoir coller des beignes à tous les méchants.

Et puis, peut-être que la rousse craquerait pour elle dans cette tenue, véritable gloire à sa silhouette chétive et malheureuse ?

Elle acquiesça aux propos de Rob. Et fit un petit signe de la tête à Viconia.

"Bon on laisse Rob faire ses trucs. Tu pourrais peut-être entrer à l'intérieur de l'immeuble, en faisant style que tu cherche une adresse ? Pis, une fois sortie bredouille, tu pourrais demander ton chemin avec une adresse prise au hasard sur la carte d'Athènes ? Quant à moi, je vais aller faire du lèche-vitrine. Bon courage !"

Georgia s'approcha de la vitrine, en marchant dans la rue, l'air de rien. Elle se posta, avec un air de petite fille perdue, devant les petites annonces et entreprit de les lire, tout en essayant d'observer ce qui se passait à travers la vitre : nombre d'employés présents, configuration des lieux, présence ou non de porte, elle comptait noter mentalement tous ces éléments.

[Hrp : ne faites pas de résolution partielle lorsque vous êtes seul. Les résolutions partielles d'exploration ne sont utiles qu'aux coéquipiers qui sont au même endroit. C'est pour ça que je vous ai mis le résultat en résolution globale sur ce tour.]

Arrivé près de la porte de l'immeuble, Robin put jeter un oeil à travers la porte vitrée, cette dernière étant fermée. Viconia ne put d'ailleurs pas entrer. Il s'agissait d'un petit hall d'entrée comportant 4 boîtes aux lettres. Un interphone était fixé au mur devant la porte, sur lequel il put lire :

• Arvanitaki
  
• Khatzikyriakos-Ghikas
  
• Gonçalvez / Gallagher
  
• Spyropoulos

L'affectation des étages, en revanche, n'était pas indiquée sur les sonnettes. Longeant ensuite le bâtiment par la gauche, le mutant put constater que l'immeuble était plus profond que large. Tournant à l'angle pour accéder à l'arrière-cour, il remarqua une rangée de containers à ordures sur roulettes, le long du mur du fond, ainsi qu'un porte-vélo. A part ça, la cour était vide et plutôt propre. Contre la façade arrière de l'immeuble se trouvaient deux portes, l'une ressemblant à une porte de service côté agence, l'autre plus jolie et opaque, côté habitations. Du côté habitation, un escalier de pierre descendait également vers un probable sous-sol. Une porte de bois, un peu moins récente cette fois, se trouvait en bas de l'escalier.


Georgia se planta devant la vitrine et entame son observa des lieux. Certaines annonces étaient écrites uniquement en grec. Elle en remarqua néanmoins 3 sur des plaquettes bleues (contre roses pour les annonces en grec) rédigées en bilingue.

Hôte(sse) d'accueil pour service dans club privé

• Profil recherché : diplômé(e) d'une école de tourisme/restauration, vous avez entre 25 et 35 ans. Vous maîtrisez le grec, l'anglais + une autre langue couramment. Une expérience dans le domaine est un plus.
  
• Qualités requises : dynamique, souriant(e) et aimant le contact avec le client.
  
• Type de contrat : CDI.

Appel à bénévole : séisme en Inde

• Profil recherché : recherche bénévoles pour venir au secours des victimes du récent séisme de New-Delhi. Vous avez une formation dans le domaine médical et parlez anglais ou hindi.
  
• Qualités requises : courage, efficacité, altruisme, débrouillardise.
  
• Type de contrat : N/A.

Coursier

• Profil recherché : étudiant.
  
• Qualités requises : dynamisme, vitesse, ponctualité.
  
• Type de contrat : temps partiel.

L'agence était pourvue d'un comptoir de réception occupé par une jeune femme. Des sièges étaient disposés le long de la vitrine et sur le mur latéral gauche, dont 4 étaient occupés par ce qui devaient vraisemblablement être des demandeurs d'emploi. Le comptoir était flanqué d'une porte de chaque côté, fermées, mais qui devaient mener au reste des locaux.

La rue était toujours calme. Des passants arrivaient à une vingtaine de mètres.

Un immeuble standard... S'il fallait masquer un sombre trafic de mutants la couverture était idéal... Rob réfléchit un peu au options possibles. Deux portes, comme dans un jeu Télé. Laquelle essayé en premier? La porte de l'agence était forcément un bon choix. Mais il valait peut être mieux essayé la porte du bas. Le sous sol communiqué peut être avec l'immeuble. Et la porte plus vieille pouvait se forcer plus facilement...

Espérons que du côté des filles tout allait bien. Il irait les rejoindre au besoin, mais pour le moment il fallait trouver une voie d'entrée pour ce soir. Avisant els différentes portes il opta pour la moins difficile à ouvrir...

Robin décida donc de tenter d'abord de descendre vers le sous sol et de voir si la porte pouvait s'ouvrir. Regardant discrètement autour de lui Robin allait tenter de bouger sa main plus rapidement sur la poignée pour la faire céder au besoin. Derrière il ne devait pas y avoir un laboratoire secret ou une meute de robots sanguinaires. Alors du calme Rob. Il n'avait de grosses réserves après sa discussion avec les filles de l'équipe mais ça devrait suffire, pas la peine surement d'aller à la vitesse maxi...

Viconia avait regardé Georgia s’éloigner dans sa petite tenue touristique d’un œil morne. Elle avait évité de penser à mal et rabâcher et s’était contentée de faire la part des choses en faisant comme si elles n’étaient que coéquipières.
Rien de plus, et, non non, elle n’avait pas envie de lui bouffer le nez à chaque fois que la blonde lui faisait face.

La rouquine était habillée dans l’esprit canicule, chemisier sans manches vert et jupe de tennis noire arrivant mi-cuisses. Elle portait un grand chapeau de paille à ruban vert pour éviter de cramer et portait un sac à main vide au côté.

Elle avait laissé Georgia inspecter la vitrine, tandis qu’elle jetait un œil curieux à l’intérieur du hall de l’immeuble.
Haussant les épaules, elle s’approcha ensuite de la vitrine et, sans un regard pour Georgia, jeta un œil aux annonces comme si elle cherchait une confirmation quelconque.
Tombant sur l’annonce pour une hôtesse de club, elle eut un sourire en coin, bomba la poitrine, et entra d’un pas décidé dans le hall de l’agence.

Sur son chemin, elle inspecterait tout : l’emplacement d’éventuelles caméras, l’aspect des gens attendant dans le hall, ce qu’elle voyait du bureau de la secrétaire et de ce qu’il y avait derrière, en résumé n’importe quoi pouvant l’aider à déterminer quelle était cette agence et comment entrer dedans par la suite.

Elle alla, saupoudrant son déhanché de manière exagérée, poser son sac sur le comptoir face à la secrétaire. Elle était en contre-jour, elle avait 19 ans… A tout hasard, elle vieillit un rien ses traits avant de capter le regard de son interlocutrice.
Dans un anglais nasillard, elle lui annonça :
« -Bonjour, je viens pour l’annonce… Hôtesse. »

La blonde se plongea dans la lecture attentive et approfondie des annonces. Après tout, elle était en infiltration et elle n'était pas Georgia B., minette mutante et horripilante mais bel et bien une autre personne... Comme une étudiante italienne un peu naïve et timide, qui ferait un voyage culturel au pays d'Aristote et Sappho. Elle se dandina légèrement. Et se passa la main dans les cheveux. Il y avait des passants dans la rue.

La fausse italienne - vraie timbrée poussa la porte de l'agence. Et chercha un siège où s'asseoir en attendant que quelqu'un s'occupe d'elle. Elle en profita néanmoins pour jeter un œil dans la rue, voir ce qu'allaient faire ces passants...

Une minette avertie en valait toujours deux !

De son côté, il ne fallut pas longtemps à Robin pour casser la poignée de la porte, qui lui resta dans les mains. La serrure était quant à elle toujours intacte et la porte verrouillée.

Dans l'agence, l'ambiance était relativement feutrée, presque studieuse. Les quatre autres personnes bouquinant tranquillement en attendant leur tour. A l'angle que formait les deux rangées de sièges se trouvait une table basse, sur laquelle reposait divers magazines, brochures et catalogues. Sur le mur latéral droit trônait des casiers de rangement.


Georgia s'installa donc sur un siège de la rangée latérale gauche, afin de pouvoir garder un oeil sur l'extérieur. Les passants qu'elle avait remarqués marchèrent tout en discutant devant l'agence, sans même jeter un regard vers la vitrine, et poursuivirent leur chemin.

Dans la rangée de Georgia se trouvaient deux tourtereaux occupés à échanger des mots doux à voix basse tout en survolant ensemble un magazine people :


Dans la rangée de sièges longeant la vitrine se trouvait près de la table un trentennaire lisant un livre, et plus loin une dame entre deux âge occupée à lire un dossier.


Viconia s'était approchée du comptoir de réception tout en scrutant son environnement. Elle ne remarqua aucune caméra apparente. Le bureau de la secrétaire était banal. On pouvait y trouver des fournitures de bureau habituelles, un ordinateur bien sûr, un téléphone, une imprimante, quelques chemises de dossiers empilées çà et là... Sur le mur derrière la secrétaire se trouvait un tableau de service, dans lequel des fichettes colorées étaient insérées, mais Mirage se trouvait trop loin pour déchiffrer ce qui était inscrit.

La secrétaire était une jeune femme sûrement pas beaucoup plus âgée que les élèves. Elle arborait une expression d'intense concentration et des cernes très marquées.


Elle esquissa immédiatement un sourire appuyé quand Viconia prit son comptoir d'assaut. Georgia trouva que Viconia avait l'air plus mature et assurée que d'habitude.

"Bonjour et bienvenue chez Energóntas. Vous avez déjà un dossier chez nous ?" répondit la jeune femme dans un anglais relativement correct. Son accent était plus prononcé que celui de leur professeur, même si les mêmes inflexions étaient aisément identifiables.

Rob avait l'air malin. La poignée lui était resté dans les mains et ne lui laissait pas beaucoup de choix. Les filles devaient être en place dans l'agence ou entrain de fureter. Et pas question de revenir les mains vides! Forcer la porte? Un peu barbare non? Avisant le temps Sonic se dit qu'il devait être temps de "forcer" un peu le destin et de prendre des risques...

Se reculant un peu il regardant partout pour voir si quelqu'un le regardait et il poussa d'un coup sec avec son épaule sur la vieille porte. Pas la peine d'aller trop vite, mais lancé comme une petite voiture devrait suffire. Rob se disait qu'un coup suffirait mais peut-être en faudra-t-il deux ou plus. Coups qu'il n'hésiterait pas à mettre...

Concentrée sur son personnage, Georgina Beccaria se sentait devenir italienne. Des clichés fusaient dans son esprit. Spaghettis. Gondoles à Venise. Tour de Pise. Dolce vita. Elle se serait bien baignée dans la fontaine de Trevi.

Tournant la tête à droite, elle chercha parmi les magasines une quelconque plaquette publicitaire présentant l'agence. Puis, sans égard pour Viconia - sa terrible rousse - elle tourna la tête sur sa gauche, vers les deux tourtereaux.

"Dites" commença-t-elle en anglais, en prenant son accent italien. "Vous croyez qu'il y en a pour longtemps à attendre ? J'veux dire... Pour avoir un boulot"

Georgia fit un sourire au couple.

"J'veux dire c'est la première fois que je postule à un truc... Et j'sais pas trop comment ça fonctionne"

Elle tentait de se faire attendrissante. Comme une gamine paumée.

Au milieu de son vaillant rôle de composition, Viconia ne pût s'empêcher de se faire la réflexion que la secrétaire avait un indubitable air de la prostituée décalquée au petit matin. Le panneau de service derrière montrerait très certainement qu'elle avoisinait les 120 heures par semaine.

La jeune fille se redressa, passa sa main dans ses cheveux et affirma d'un ton greluchoïde :
"-Eh bien non, je suis arrivée récemment, mais je suis prête à tout pour percer."
Remarque qui avait été accompagnée d'un regard explicite : oui oui, une hotesse prête à beaucoup de choses pour le patron.
"-Que faut-il faire ?"

Et, avant d'attendre la réponse, elle se pencha avec un air outré et compatissant vers la jeune fille surbookée :
"-Ma pauvre, vous avez l'air é-pui-sée !"
Sans qu'elle ne s'en rende compte, Viconia empruntait des airs à Annaelle, sa grande patronne des précieuses.
"-J'ai quelques trucs qui pourraient vous requinquer, contre le surmenage !"
Elle désigna son sac à main, joli, mais dont on devinait la sous-marque avec un air complice de bonne copine.
"-Qu'elles horaires faites-vous donc ici ? Pas trop dur ?"

Elle avait vraiment l'air concernée.

Etant toujours seul, Sonic défonça tranquillement la porte, dont le bois vermoulu craqua autour de la serrure, qui resta accrochée au montant. Le battant arraché s'ouvrit pour révéler un couloir étroit, complètement noir et sentant la moisissure. Une petite ficelle pendouillait sur le côté de la porte. Il s'agissait d'un interrupteur, qui révéla les murs défraîchis d'un réseau de caves. Un embranchement se trouvait immédiatement dans l'axe de la porte, à environ 2 mètres de Rob, et continuait soit tout droit, soit tournait à droite.


Georgia dérangea les deux amoureux en plein flirt, après avoir fait chou blanc parmi les prospectus et magazines sur la table. Ils se retournèrent vers elle, apparemment pas habitués à ce qu'on leur parle en anglais. Ils échangèrent quelques mots dans une langue aux consonances arabes, la jeune fille pouffa de rire, puis tenta de répondre :

"Attendre, oui. D'abord le dossier. Après, dévez attendre qu'un labeur arrive."

"Parfois, labeur est déjà là. Alors, ça marche plou vite." ajouta son compagnon.


Du côté du comptoir, l'interlocutrice de Mirage eut une moue dubitative aux propos explicites de la Finnoise.

"Vous n'aurez besoin que de remplir un dossier pour "percer" dans l'intérim..."

Visiblement, elle ne semblait pas considérer que le travail par intérim pouvait constituer une véritable carrière. Lorsque Viconia s'aventura sur un terrain plus personnel, les expressions faciales de la jeune femme se figèrent, tout comme son regard. Elle cligna des yeux, puis tapa quelques commandes sur le clavier de son ordinateur sans répondre. L'imprimante se mit en route et la réceptionniste tendit le dossier à remplir à Viconia.

"Voici le dossier à remplir. Vous serez appelée en entretien par l'un de nos recruteurs quand vous aurez terminé."

Dossier d'inscription a écrit:Nom :
Prénom :
Date de naissance :
Nationalité :
N° S.S :
Permis de travail : oui / non
Formation et diplômes :
Expériences professionnelles :
Langues maîtrisées :
Autres compétences :
Centres d'intérêt :
Bilan de santé : oui / non
Race : humain / mutant
Si mutant, définir la nature du pouvoir :

Georgia sourit aux deux amoureux avant de leur dire avec le même accent :

"Ben j'espère que vous aurez rapidement du travail. D'ailleurs en parlant de ça, vous voudrez bien m'excuser"

La blonde se leva et se dirigea vers le comptoir, toujours sans aucun égard pour Viconia. Après tout, si elle voulait rester discrète, il fallait qu'elle reste dans son rôle d'étudiante en galère. Et une étudiante en galère ne rentre pas dans une agence d'intérim pour faire du tricot, enfiler des perles ou taper la causette. Nope. Elle était là pour avoir un travail pour joindre les deux bouts. Et manger des pâtes à tous les repas.

"Bonjour !" lança-t-elle à la standardiste en anglais et toujours avec son même accent du midi. "C'est là qu'on récupère le dossier ? J'ai besoin de boulot alors... Me voilà !"

Le but n'était d'ailleurs pas de faire de vieux os. Juste récupérer le dossier. Le remplir. Ouvrir les yeux et les oreilles. Et enregistrer ce qui se passe. Rien de plus. Rien de moins. Dès qu'elle aurait le dossier, elle compterait bien retourner s'asseoir. Non pas à côté des amoureux. Mais plutôt entre les deux à qui elle n'avait pas encore parlé.

[Hrp : envoyé par mp par Viconia]

La narine gauche de Viconia frémit devant la réaction de la secrétaire. Beaucoup de réactions stéréotypées, peu de marge variable ou émotionnelle, un air peu frais.
La personne qui lui faisait face était-elle douée de toute la marge de manœuvre inhérente à une personne de son âge ? Rien n’était moins sûr.
Semblant outrée, Viconia attrapa la fiche sans rien de moins que des lèvres pincées. Lèvres qui restèrent pincées lorsque la blonde fit irruption dans son champ de vision, comme si celle-ci venait lui voler sa future carrière.

D’un air digne, elle attrapa l’un des stylos du bureau et s’exprima rapidement sur sa fiche :
Nom : MacWhannel
Prénom : Rosa
Date de naissance : 16/04/ 2084
Nationalité : xxxxxx
N° S.S :
Permis de travail : oui
Formation et diplômes : musicologie, langues scandinaves
Expériences professionnelles : accueil de camping, animatrice de camp de vacances musical, serveuse en restaurant trois étoiles, violoniste et pianiste d’animation en restaurant
Langues maîtrisées : Anglais, finnois, russe
Autres compétences : Accueillante, serviable, discrète, motivée
Centres d'intérêt : tourisme, divertissement, musique
Bilan de santé : oui
Race : mutant
Si mutant, définir la nature du pouvoir : hallucinations musicales

Ce fut rapide, efficace, instinctif et relativement improbable. Viconia n’avait aucune idée de l’endroit où cela la mènerait.
Victorieuse, elle tendit sa fiche à la secrétaire, tout en demandant :
« - Il y a des choses à dire pour faire bonne impression ? »

Il planait dans le sous-sol une atmosphère pesante, claustrophobique et un silence assourdissant. Les semelles de Rob glissaient sur la terre battue humide qui tapissait le sol grossier de la cave. S'engageant dans le boyau de droite, il ne marcha que quelques mètres avant de déboucher sur une porte sur sa droite, elle aussi fermée, à l'aide d'un cadenas cette fois. Le tunnel continuait encore, et il pouvait discerner un autre box sur la paroi de gauche un peu plus loin.
Les portes étaient également faites de bois, des planches grossièrement juxtaposées et clouées entre elles. Rob pouvait sentir des filets d'air circuler entre les planches.


Après avoir salué Georgia, la réceptionniste tendit également un dossier identique à la mutante, qui retourna donc s'installer entre le jeune homme et la femme d'âge mûr. Elle récupéra ensuite la fiche de "Rosa MacWhannel" et l'invita à patienter dans la salle d'attente, après lui avoir répondu avec la même indifférence que la motivation était toujours un plus.
Son téléphone sonna et elle répondit promptement en grec. Elle échangea quelques mots avec son interlocuteur, puis raccrocha et s'adressa à la femme d'âge mûr. Les jeunes filles ne comprirent pas exactement ce qui se disait, mais en voyant la femme se lever puis au signe de la réceptionniste, s'avancer vers la porte de droite, elles purent déduire que la dame avait été appelée en entretien.

La réceptionniste retourna à sa besogne et se mit à taper à l'ordinateur, jetant de temps à autres des regards furtifs à Viconia et Georgia. Environ 5 minutes plus tard, le téléphone sonna à nouveau. Lorsqu'elle raccrocha, l'employée se tourna vers Viconia.

"Mademoiselle MacWhannel, vous êtes attendue dans la section 1." dit-elle en désignant la porte de gauche.

Bon les contes de la cryptes n'était pas loin. Ambiances glauques à en faire frissonner les plus aguerris... Ken lui avait narré l'Oregon et ça ressemblait un peu à ça. Mais c'était le silence le plus inquiétant... Silence = pas de pouvoir... Sonic n'était pas peureux de nature, mais là il y avait de quoi foutre la trouille à n'importe qui... Enfin il allait falloir faire avec! Là haut deux filles étaient surement dans des postures bien plus dangereuses...

Approchant des portes Robin essaya de regarder entre les planches le contenu des deux box. Celui de droite fermé par un cadenas était le plus suspect. Il allait surement falloir mettre un coup pour l'ouvrir mais ce ne seras pas pour tout de suite... revenir le soir au cas où par là... Il fallait d'abord trouvé une entrée...

Bon sang venir seul n'était peut-être pas une si bonne idée...

Georgia ne se préoccupait plus que de son dossier à remplir. Elle mâchonna le stylo, tout en réfléchissant à sa nouvelle identité. Peut-être que le temps d'une mission, elle pourrait être autre chose qu'une loose intégrale ?

Tout en inscrivant lentement avec sa belle écriture en pattes de mouche les éléments qu'elle allait soumettre à l'agence d'intérim, la blonde se disait qu'elle serait pas mal pour la mission bénévolat en Inde. Et si c'était ça la chance de sa vie ? Après tout, vu la tournure des derniers événements de sa vie sentimentale, elle était grillée pour 1000 ans. Alors, peut être qu'en rentrant couverte de gloire du lieu du séisme, elle pourrait demander à Adam et Cassandre de lui remettre une belle couronne de lauriers et de lui offrir Viconia, vestale parmi les vestales.

Elle observa le questionnaire une fois remplie et parut satisfaite d'elle-même :

Nom : Leopardi
Prénom : Alida
Date de naissance : 01.08.2087
Nationalité : Italienne
N° S.S :
Permis de travail : oui / non
Formation et diplômes : 1ère année de soins infirmiers
Expériences professionnelles : aide-soignante en maison de retraite, baby-sitting, telemarketing
Langues maîtrisées : Italien, anglais
Autres compétences : Permis de conduire, scout, participation à l'organisation de manifestations caritatives
Centres d'intérêt : Musique / Sports de combat / Voyages
Bilan de santé : oui / non
Race : humain / mutant
Si mutant, définir la nature du pouvoir : /

Au fond Alida Leopardi n'était pas si bidon que ça... Après tout, Georgia était calée en guérison minute et elle est presque sure de pouvoir réaliser un massage cardiaque ou un point de compression... en théorie. Certes la manifestation caritative en question était un spectacle scolaire pour s'amuser un peu sur le dos des profs, mais... Qui n'avait jamais menti sur un CV ? C'est le dol du commerçant, celui qui fait qu'on présente la vérité sous un jour plus sympa ! Quant aux voyages, elle qui n'était jamais allée plus loin que Coney Island, depuis qu'elle était à l'Institut, elle en avait vu du paysage ! La Nouvelle Orléans, Paris, le Vermont, l'espace, l'Inde, Génosha, l'Afrique du Sud et maintenant la Grèce ! Si les voyages forment la jeunesse, Georgia était une femme d'expérience...

Elle se leva et alla reposer le questionnaire rempli.

Viconia était allée s'assoir, jetant un coup d'oeil attentif aux différentes personnes autour d'elle. Se posant sur un fauteuil alors que la femme d'un certain âge était convoquée, elle demanda au jeune homme :
"-Vous êtes déjà venu, c'est un plus d'être mutant ?"

"Rosa" avait décidé de se la jouer mutante affirmée. Après tout, faire plaisir au client en lui faisant entendre la 5e de Beethov ne coutait pas grand chose.
Georgia, de son côté, semblait également inspirée.
Viconia se demanda si elle avait fait le deuil suite à son refus. La finnoise n'avait aucune envie d'aller lui parler et de prendre le risque d'une deuxième déclaration ou situation gênante, mais d'un autre côté, elle n'avait aucune idée de ce qui pouvait se passer dans la caboche blonde, et il fallait avouer que cela la travaillait.

Lorsque MacWhannel, nom d'un héro de roman qu'elle avait beaucoup aimé, fut apellé, elle se leva et se dirigea vers les bureaux de sa démarche chaloupée.

Sonic tenta de scruter les ténèbres du box droit entre les fentes de la porte. Ce ne fut pas une mince affaire ; l'éclairage provenant du couloir rencontrait son dos, et il dut se tortiller un moment pour commencer à recouper ce qu'il voyait. Il crut discerner de gros sacs à patates en toile rêche entassés dans le box, mais il était difficile d'affirmer avec certitude de quoi il s'agissait.

L'expression égale, la réceptionniste dévisagea un instant Georgia puis se saisit de la fiche d'Alida Leopardi et reprit son travail après avoir indiqué à la jeune fille de patienter.

Le jeune à la mine affable déshabilla Viconia du regard quelques secondes, puis lui répondit avec un sourire :

"Moi ? Oh, disons que ça fait plusieurs semaines que je travaille de mission en mission, ça me fait un peu d'argent de poche à côté de ma thèse." répondit-il dans un anglais impeccable. "Mais pour les mutants, je dois dire que je n'en ai jamais vu ! Vu qu'ils le demandent dans le formulaire d'inscription, j'imagine qu'ils en reçoivent. Ils ont sûrement leurs raisons." ajouta-t-il en haussant les épaules en signe d'ignorance.

Il se pencha légèrement en avant et baissa la voix.

"Dites, vous êtes étrangère, non ? Ca vous dit que je vous fasse une visite guidée après votre entretien ?" proposa-t-il avec un sourire enjôleur.

"Bonne chance en tout cas, vous trouverez sûrement preneur !" lui dit-il lorsqu'elle fut appelée, avec un clin d'oeil.


La mutante passa donc la porte de gauche, qui donnait accès à une profonde salle rectangulaire pourvue de 3 espaces bureaux disposés en quinconce les uns par rapport aux autres. Un employé s'affairait à chaque bureau, qui était équipé d'un ordinateur, de matériel bureautique et d'une armoire-casier, derrière chaque employé. Comme la réception, la pièce était d'un banal à pleurer. Des fenêtres aux murs ouest et nord, une porte au fond à droite du mur nord, et une porte au fond du mur est.

Viconia fut accueillie au premier bureau par un homme d'une trentaine d'années et typé méditerranéen, qui tituba un instant en se levant de sa chaise.


Il eut un petit rire nerveux puis invita Viconia à s'installer sur la chaise en face de la sienne de l'autre côté du bureau.

"Mademoiselle MacWhannel, Marco Poulos, je serai votre conseiller recrutement. Mettez-vous à l'aise." lui dit-il avant de jeter un coup d'oeil aux informations qu'il avait sur l'écran de son ordinateur.

"Joli CV pour quelqu'un de votre âge. Vous êtes expatriée pour les études ?" demanda-t-il, sans quitter son écran des yeux.

Pendant ce temps, Georgia fut à son tour invitée à entrer dans la section 1 par la porte de gauche. Le jeune homme auquel avait parlé Viconia, fut quant à lui appelé en section 2, par la porte de droite.
En entrant, Georgia put voir Viconia au bureau 1. Une femme au bureau 2 lui fit signe d'approcher, étouffant discrètement un bâillement dans sa main. Il s'agissait d'une femme d'une trentaine d'années, rondouillarde et à la chevelure frisée.


"Mademoiselle Leopardi, bienvenue ! Installez-vous, je m'appelle Eleftheria, je vais m'occuper de vous." lui dit-elle en l'invitant à s'asseoir d'un geste de la main.

"Alors comme ça, vous êtes étudiante italienne en médecine ? Vous m'avez l'air très portée sur les autres, vous avez déjà pensé à faire de l'humanitaire ? Oh, mais je vois là que vous avez déjà organiser des manifestations caritatives. Vous pouvez m'en dire plus sur votre expérience ?" dit-elle, les yeux rivés sur son écran.

Après avoir jeté un rapide coup d'œil en direction des fenêtres, à la recherche d'un complément d'information quant au niveau de sécurité des lieux (épaisseur des fenêtres, présence ou non de barreaux, d'un appareillage électrique quelconque, de volets, d'un rideau de fer ou de caméras, ...) Georgia ne se fit pas prier pour poser ses fesses sur la chaise qu'on lui offrait. Elle sourit à son interlocutrice... Quel prénom étrange ! Elle se demandait si la dame rondouillarde était bel et bien grecque...

Elle sourit (largement) à la dame.

"Bonjour Madame" lança-t-elle d'une voix pleine d'enthousiasme et colorée par son bel accent italien.

Puis, elle croisa les jambes et commença à répondre, l'air de rien :

"Non, non, j'ai commencé une école d'infirmière l'année dernière. Pour tout vous dire, j'avais réfléchi à faire médecine mais je me sentais pas de faire autant d'années avant de me rendre utile. Alors, j'ai choisi un cursus plus pratique. Voilà, tout. Et le stage que j'ai fait en maison de retraite cet été m'a donné envie de prendre un an pour m'endurcir un petit peu. Histoire d'avoir un peu vécue avant de boucler mes études"

Elle avala sa salive et se recoiffa.

"Mais je sais faire les soins courants. Et je suis volontaire pour tirer partie de n'importe quelle expérience. J'veux dire, dans toute chose, il y a du bon. Et si je peux être utile à quelqu'un, ça me va !"

Nouveau petit sourire ravi sur les lèvres, la blonde poursuivit :

"L'humanitaire, ouais tout le temps... Parce que bon de un, c'est des voyages et j'adore voyager pour aller au contact des gens. Pis de deux, les gens dans la détresse, j'veux dire, si on s'occupe pas d'eux qui va le faire ? Bien sur que ça m'intéresserait... D'ailleurs..."

Georgia eut un petit rire sonore pendant la pause qu'elle marqua. Elle était à fond dans le personnage d'Alida. Non. Elle ÉTAIT Alida.

"C'était au bahut. J'étais dans une association d'aide aux sans domicile fixe. On avait, avec des amis, monté un petit spectacle comique pour les sans abri. Eux, ils payaient rien. Et ils étaient dans la même salle que les gens qui payaient. C'était cool. Façon, vous, vous allez au spectacle et vous vous retrouvez assise entre deux personnes sans ressources. J'me dit que des fois - sans ça - y'a plein de gens qui n'auraient jamais parlé et partagé un moment avec un SDF de leur vie"

Drôle de façon de réinterpréter l'expérience "anniversaire de Carrie" mais c'était ce qu'elle avait trouvé de mieux... Sachant que le meilleur restait à venir...

"J'avais joué dans le spectacle. Pis écrit le communiqué de presse. C'était sympa. Pis, on avait juste après la représentation, pour gonfler la caisse, fait un stand "bisou contre argent" pour les pauvres. J'aime donner de moi même"

Elle eut un nouveau rire enfantin. La situation était cocasse : elle réinterprétait ses frasques à la sauce humaniste universaliste.

"Pis j'ai posé nue pour les clochards. Pour un calendrier de mon école... Qui a été interdit par l'administration... Bref, j'ai tendance à être un peu exaltée quand il s'agit de m'investir dans une cause. C'est moi quoi, je fais pas les choses à moitié..."

L'œil dans le vague, la blonde imagina la gueule d'un calendrier nu de l'Institut... Elle, en couverture bien sur, depuis le départ d'Ivy qui aurait pu la détrôner sur ce type particulier de représentation ? Et puis Ken, juste avec une cape de héros et des bottes de cow-boy... Sans oublier Kalalli posant dans des douches publiques, une petite serviette pour cacher le petit oiseau... Non c'était une diable de bonne idée. Elle en parlerait à M'sieur Z. en rentrant. C'était sur, ça allait lui plaire !

Après avoir répondu à l'affirmative au jeune homme avec un regard tout sourire, la jeune fille se leva et alla rejoindre son box.
Hé bé, tout le monde avait l'air ultra-motivé dans les environs... Était-ce l'ambiance méditerranéenne ou l'ultra-louche attitude d'une entreprise ayant quelque chose à cacher ?

L'écosso-finnoise salua son interlocuteur comme il se devait et prit place toujours aussi maniérée et projetant son illusion vieillissante avec conviction.
Elle jeta des regards appuyés tout autour d'elle, comme si elle se méfiait des autres demandeurs d'emplois et en profita pour aviser les portes (munies de codes ou non) et la sécurité des casiers privatifs.

Tranquillement, elle précisa :
« -J'aime voir du pays... Et diversifier.
Je viens faire un tour de la créativité musicale grecque à la fac et en sortant, tout en m'imprégnant de la façon de vivre. »
Haussant les épaules, elle ajouta :
« - Mais bon, ce n'est pas particulièrement chronophage. J'ai besoin d'argent et de rencontres ! J'ai vu une proposition sur la vitrine, l'accueil, ce serait jouable ? »

Elle lança un regard attentif à son interlocuteur, comme s'il allait décider de son avenir dans la seconde.

Rob arriva rapidement jusqu'au fond du couloir, qui se terminait en cul de sac. Sur le mur du fond étaient simplement installés des compteurs d'électricité et d'eau, reliés à la surface par des tuyaux qui traversaient le plafond. Alors qu'il revenait sur ses pas, un son distant perça le silence de mort et lui glaça le sang : il reconnut le grincement de la porte sur ses gonds. Bientôt, des pas aussi spongieux que les siens se firent entendre. Une silhouette fit irruption à contre-jour de l'éclairage dans le tunnel emprunté par Sonic. D'après la carrure, il devait s'agir d'un homme, il portait quelque chose d'encombrant et s'arrêta simplement au milieu du couloir, un peu avant le box scruté par Robin précédemment. Sans mot dire, il lâcha ce qu'il tenait. L'objet tomba lourdement dans un bruit étouffé.


Suite à leurs observations, Georgia et Viconia purent établir les faits suivants : les fenêtres ne semblaient ni blindées, ni barrées, ni dotées d'un rideau de fer. Elles avaient une dimension normale et s'ouvraient avec une poignée tout aussi normale. Le seul appareillage de sécurité consistait en de petits boîtiers blancs aux quatre coins du plafond, et dont le champ d'utilité était trop multiple pour être clairement identifié. Les casiers étaient apparemment en libre service, bien que placés directement dans le dos des employés, ce qui laissait à penser qu'ils étaient probablement les seuls à s'en servir. Les portes ne présentaient rien de particulier.

Le dénommé Marco, un sourire plastique vissé sur le visage, n'avait pas lâché son écran du regard alors que Viconia lui répondait. Projetant son illusion, elle sentit une sorte de choc mental en direction de son interlocuteur, et la désagréable sensation d'une migraine naissante se fit jour dans son esprit.
Lorsqu'elle parlait de l'université, Marco lui jeta un bref coup d'oeil, avant de se reporter sur son moniteur.

"Hum... Vérifions dans la base de données si ce poste est toujours disponible..." répondit-il en effectuant quelques manipulations sur son clavier. "Apparemment oui, le client est toujours en chasse. Rappelez-moi votre âge ?"

Il braqua finalement son regard sombre et pénétrant sur l'apprentie faussaire.
De l'autre côté de la pièce, Georgia en était plus ou moins au même point. Eleftheria n'avait pas moufté durant tout le monologue de la New Yorkaise, ponctuant le discours de hochements de tête mécaniques qui agitaient sa chevelure bouclée, sans même regarder la mutante.

"Waouh, eh bien ma foi, je ne peux conclure qu'une chose de tout cela : vous mentez." répondit-elle sur un ton aussi enjoué que lorsqu'elle avait accueilli la jeune fille. Cela n'avait pas l'air de la déranger, à en juger par son expression inchangée, et le fait qu'elle ne lâchait pas son écran des yeux. Elle tapota distraitement quelque chose à la manière d'un maestro puis sembla attendre la réponse de Georgia.

Lorsqu'elle sentit la migraine poindre, Viconia se retira immédiatement, et fronça les sourcils, comme gênée par ses pensées.

Evidemment, des psys pour filtrer le recrutement, quoi de plus intelligent.

Retombant sur ses pattes la jeune fille prit un léger regard outré, et répondit à son recruteur, dans la foulée :
"-24 ans, je fais jeune je sais on me le répète assez, mais j'en veux.
Je ne vous trouve pas super réceptif en ce qui concerne mes productions musicales ! Dommage."
Après tout, rien à câcher, et le tout y était d'y aller au bluff. Son personnage était sans gêne et irritant, elle le vivait jusqu'au bout. Et puis, qui n'était pas stressé lors d'un entretiens d'embauche ?