[NeXus 6.7] Des primes et intérim

Alida / Georgia marqua une petite pause qu'elle mit à contribution pour observer du coin de l'oeil les objets qui se trouvaient sur le bureau de son interlocutrice, ainsi que les mains de cette dernière.

Puis elle fit son plus beau sourire et lâcha, d'un air qui se voulait naturel :

"C'est un entretien d'embauche, non ? Tout le monde ment. Enfin, j'appelle ça embellir la vérité... Vous devez avoir l'habitude, je pense..."

Georgia transforma son sourire en moue espiègle.

"Ce qui compte c'est que j'ai vraiment besoin de bosser. D'action quoi. D'aventures. Voir du pays, ce genre de trucs. Cette ville est sympa mais j'étouffe..."

Elle posa la main sur le bas de son débardeur. Une lueur pétillante dans le regard.

"Mais tout n'est pas faux... Loin de là... Et je peux vous le prouver..."

Georgia commença à remonter son débardeur, dans le but avoué de l'enlever. Elle s'arrêta à mi chemin.

"Votre constatation visait à voir si je peux me déshabiller ? Ou alors mon pedigree est sur votre écran ? Ou bien..."

Elle laissa retomber son débardeur.

"Vous lisez dans mes pensées ?"

Georgia eut un petit rire sonore. Et se tint prête à agir. Elle termina néanmoins :

"Alors qu'avez vous à me proposer ?"

Du côté de la cave, la silhouette n'avait toujours pas esquissé le moindre geste ni formulé le moindre mot. Rob non plus n'avait pas réagi, pourtant il senti rapidement que quelque chose clochait. C'était comme si un poids immense s'abattait progressivement sur ses épaules, l'écrasant petit à petit. Autour de lui, les miettes au sol semblaient palpiter comme des poissons morts, tandis que la poussière en suspension était irrémédiablement attirée vers le bas. Sous cette force mystérieuse, le mutant fut rapidement contraint à se courber, un genou à terre, puis à carrément s'affaler à plat ventre sur le sol dégoûtant, incapable de se tenir debout plus longtemps.


Dans l'agence, l'ambiance s'était passablement refroidie, même si les deux employés affichaient toujours un sourire colgate. Marco tapa de nouvelles informations sur son clavier. L'homme éluda totalement le sous-entendu de la jeune fille.

"Hum... Moui... Cela devrait pouvoir se faire." dit-il après avoir tapé une dernière ligne sur son clavier et jeté un dernier regard critique sur Viconia. Il pivota alors sur sa chaise de bureau en direction du casier situé derrière lui, tira un tiroir, puis un autre, à la recherche de quelque chose.

Elefetheria quant à elle, resta insensible au petit numéro de Georgia. Son visage replet arborait toujours la même expression souriante, mais elle ne regardait absolument pas la mutante. Ses yeux étaient rivés sur son écran, et les réponses semblaient couler sur elle comme de l'eau sur un imperméable. Quelqu'un qui aurait subi une trépanation n'aurait pas réagi différemment.

Le bureau de l'employée était une réplique de celui de Marco, et probablement de celui du troisième employé, qui ne leur prêtait pas la moindre attention. En réalité, l'homme au troisième bureau ne bougeait pas d'un cil, scotché à son écran. Aucun effet personnel ne s'y trouvait, et il était extrêmement bien rangé. Outre l'équipement informatique, Georgia remarqua un pot de crayons, une pile bien ordonnée de chemises cartonnées de couleur, le tout surmonté d'un lutin souple. En miroir de l'autre côté de la pièce, Viconia pouvait voir exactement la même chose sur le bureau de Marco. Elfetheria avait des mains boudinées, mais dotées d'une certaine aisance sur un clavier, comme put le remarquer Georgia en les observant s'activer à la saisie d'informations.

"Eh bien... J'ai une mission d'aide humanitaire en Inde à vous proposer. Vos compétences médicales y seront bien reçues." répondit finalement la femme.

Tranquillement, Viconia ne broncha pas et attendit que son conseiller se saisisse de ce qu'il cherchait.
Elle lui adressa un "Parfait, où est-ce que je signe ?" satisfait, mais elle restait cependant sur ses gardes. Après tout, peut-être que cet employé lobotomisé s'apprétait à sortir une arme. Dans un tel cas, elle serait bien mal avisée de tenter n'importe qu'elle attaque mentale : la cible semblait hermétique.

Après avoir jeté un regard furtif en direction de Georgia et de sa propre conseillère, comme pour s'assurer que celle-ci ne lui piquait pas son job, elle entreprit de détailler le moindre indice de ce qui pourrait se trouver dans le fameux casier.

Ainsi là aussi, Georgia ne faisait plus aucun effet ? Elle en aurait presque été déçue... si cela ne lui avait permis de prendre une conclusion d'importance : son interlocutrice n'était pas psy. Non. Ni même humaine ou mutante au sens plein et entier du terme. Un vrai entretien d'embauche aurait eu une autre conséquence : elle se serait prise une tarte ou on lui aurait signifié poliment mais fermement de ramasser ses affaires et d'aller jouer ailleurs.

Georgia n'eut donc pas à se déshabiller. A son plus grand regret (et peut être même au plus grand désarroi de Viconia, qui savait ?).

Elle aurait quand même été curieuse de savoir comment un écran d'ordinateur pouvait-il être plus palpitant qu'une blonde écervelée en train de s'agiter hors de son débardeur ? Il y avait une base de données assez fournies derrière... ou alors la seule compétence de la dame grassouillette était de faire office de détecteur de mensonge sur pattes ?

Quoi qu'il en fut...

"L'Inde, c'est chouette. Et l'humanitaire, ça bute... Enfin, c'est cool quoi. Ça me dit bien, ouais, ça me dit même bien"

Alida avec son anglais à la sauce bolognaise avait une voix pleine d'enthousiasme. Ça ne serait probablement à rien face à Elefetheria mais bon... Elle termina :

"Et maintenant qu'est ce que je fais ? Y'a des papiers à signer ? Faut que j'ailles où ?"

La silhouette qui faisait face à Rob s'avança d'un pas tranquille vers le mutant soumis. Il ne répondit même pas à Sonic. Une fois devant lui, dominant l'élève de toute sa hauteur, il se pencha et asséna un violent coup de poing sur la tempe du jeune homme, qui perdit connaissance.

Rob continue de jouer ici.


Dans l'agence, la porte du fond à droite s'ouvrit sur un homme et une femme en civil, qui remontèrent silencieusement le bureau vers le sud.
Viconia ne distingua que des chemises cartonnées dans le casier. Marco se retourna, sans arme, et posa le dossier qu'il avait tiré sur son bureau. Il saisit un stylo et se mit à écrire à l'intérieur, sans prêter attention à Viconia.

"On va s'occuper des formalités." répondit Elefetheria à Georgia, en se tourna elle aussi vers son casier pour y chercher un dossier. Elle se mit elle aussi à remplir, comme si Georgia n'était pas là.

Marco finit par reprendre la parole.

"Ces personnes vont s'occuper de vous." dit-il à Viconia.

Viconia apprécia d'un oeil aussi surpris que peu enjoué le fait que deux personnes débarquent illico sans un coup de fil et se proposent de se « charger d'elle ».
Tentant une incursion onirique, elle tenta de projeter son « vieillissement global » sur l'un des deux, celui qu'elle pourrait deviner comme « à son intention ».
Si le mal de tête pointait, il allait falloir laisser faire les choses en étant doublement sur ses gardes.
Haussant un sourcil, elle demanda à son chargé de dossier : « Ah, déjà ? Eh bien, c'est rapide ! Comment cela-va-t-il se passer concrètement ? »

Cette dame était décidément très étrange : pas de réponses aux questions légitimement posées par Georgia, pas le moindre soupçon d'attention à ses éternelles bizarreries. Soit elle s'ennuyait dans son travail, soit elle s'en fichait. Ou alors elle en avait tellement vu que... Ou bien ?

Vexée qu'on lui montre si peu d'attention, la blondinette émis l'hypothèse que la grosse dame devait être pucée façon Bishop Industries. Ou bien être un clone. Un robot. Ou un truc du genre. Bref, que la dame ne faisait pas partie des "vrais gens" dans l'acceptation courante de ce terme.

Comme elle ne voulait pas réellement être recrutée et que leur temps était compté ici comme en témoignaient la présence de deux nouveaux arrivants, la blonde décida de mettre à contribution les instants que lui laissaient les formalités d'Elefetheria.

S'assurant au préalable que personne ne faisait réellement attention à elle, Georgia examina les inscriptions sur les dossiers de la table. Puis, faisant pareillement attention à ne pas rentrer dans le champ de vision de la grosse dame, elle tenta de soulever la pochette d'un de ces mêmes dossiers. Pour voir. Juste pour voir.

La projection de son vieillissement ne rencontra pas d'obstacle particulier sur l'homme, qui s'était dirigé vers Viconia. Il posa sa main sur l'épaule de la mutante. A ce moment, elle ressentit comme une sorte de décharge électrique fuser dans tout son corps, inaudible et indolore, mais qui l'empêchait de faire des mouvements. Avec horreur, elle put constater que l'expression de Marco n'avait pas bougé d'un iota durant la manoeuvre. L'employé poussa même le vice jusqu'à poursuivre tranquillement sa paperasserie comme si de rien n'était.

De son côté, Georgia put lire la mention "Catalogue 2108" sur le lutin en tête de pile. Ouvrant ledit lutin, elle eut le temps d'avoir un bref aperçu de la première page. Il s'agissait d'une sorte de tableau, comportant différentes informations ainsi qu'une photographie incongrue. Sentant les pas de la femme inconnue se rapprocher dans son dos, elle n'eut le temps que de lire quelques bribes écrites en anglais.

N° article	Description	Type d'utilisation	Statut	Affectation	Apparence
[Illisible]	Spécimen femelle nordique [Illisible]	Plaisirs	En service	[Illisible]

Finalement, Eleftheria se retourna, une liasse de papiers en main. Elle prit tranquillement un stylo et se mit à écrire, tandis que la femme qui avait fait irruption quelques instants plus tôt se rapprochait silencieusement de Georgia, aussi souriante qu'une porte de prison. Une fois à hauteur de la jeune fille, elle lui balança un crochet du droit sans plus de cérémonie. La force de la femme était telle que Georgia décolla de sa chaise et atterrit sur son postérieur, la joue en feu. Eleftheria se mit à fredonner une mélodie guillerette en grec pour remplir le dossier, sans accorder une once d'étonnement ou de compassion à ce qui se tramait juste devant son bureau. La femme qui avait frappé Georgia parut néanmoins surprise que la jeune fille ne soit pas K.O. au premier round. Elle contourna agilement la chaise qu'occupait la mutante quelques instants plus tôt et avança résolument vers Miracle.

Viconia ne comprit pas spécialement ce qui lui arrivait. Tandis que son chargé de dossier poursuivait tranquillement sa besogne, elle se retrouva paralysée des pieds à la tête sans plus de formalités.
Bien... Cyniquement elle ne put s'empêcher de noter qu'un certain nombre de choses étaient à présent claires.


En voyant le second taser sur pattes se déplacer de manière acrimonieuse vers sa partenaire enamourée, la jeune fille projeta rapidement sur l'employée catcheuse.
Elle projeta le fait qu'elle réussisse à bouger de nouveau et se jette (avec agilité) sur l'employée, toutes griffes dehors, s'interposant par là même entre le chasseur et la proie.
Là encore, l'illusion ne rencontra pas d'obstacle : la femme qui avait frappé Georgia s'arrêta sans raison apparente, le regard fixé en face d'elle comme si elle observait quelqu'un posté devant elle. Elle donna un formidable coup de pied retourné dans le vide, puis enfin, consentit à lâcher un mot.

"Marco." dit-elle calmement.

Ce que ça pouvait faire mal !

Alors que Georgia était plus ou moins en train de paresser en examinant le catalogue 2108 de l'agence, se demandant bien si son argent de poche lui suffirait pour commander le spécimen nordique - qui lui rappelait quelque peu Kristen - elle s'était ramassée une mandale.

Vu la force de l'impact, nul doute que la petite blondinette serait au pays des fraises tagadas au prochain coup.

Viconia, quant à elle, avait l'air étonnamment figée.

Et voilà que maintenant, Miss catch-attack se mettait à frapper des choses qui n'existaient que dans son esprit.

Elle sourit bêtement. Vu qu'elle ne savait faire presque que ça. Et se concentra.

Georgia entreprit de transférer ses deux blessures bénignes (les fesses et la joue) sur l'ensemble des gens qui n'étaient pas Georgia ou Viconia.

C'est à dire Elefetheria, le type dont la catcheuse venait de prononcer le prénom, la catcheuse elle-même, l'homme qui était derrière Viconia et quiconque se retrouverait bêtement pris dans son champ de vision.

Et tout en faisant ça, elle essaya de se relever pour mettre un peu de distance entre la tigresse qui l'avait cognée et elle-même.

Lorsque l'agresseur de Georgia l'avait interpellé, le dénommé Marco, toujours assis à son bureau, se détourna calmement de sa besogne et braqua son regard sur Viconia, toujours clouée sur sa chaise par le deuxième homme de la pièce. La mentaliste sentit une vague télépathique tenter de briser son bouclier psychique. Vu la violence de l'attaque mentale, Marco n'avait pas l'intention de faire dans la dentelle pour parvenir à ses fins, quelles qu'elles soient.

Georgia put se relever et reculer de quelques pas, malheureusement la cloison sud du bureau lui coupait la retraite. La mutante ne s'était pas blessée en tombant sur les fesses, elle clona donc l'hématome en formation sur sa propre joue à leurs adversaires ; comble d'ironie, cela ne cloua même pas le bec d'Eleftheria, qui continua de fredonner et de remplir ses papiers, après avoir distraitement tâté sa joue.

La femme qui avait frappé Miracle aspira l'air entre ses dents serrées suite au clonage, mais continua d'avancer vers la New Yorkaise acculée, le visage fermé. Elle fléchit légèrement les jambes, préparant visiblement une attaque de son cru.

Du côté de Viconia, la blessure avait momentanément interrompu l'assaut psychique dont elle était victime, mais elle pouvait déjà sentir que Marco se concentrait de nouveau pour terminer le travail. Par réflexe, l'homme-tazer avait retiré sa main de l'épaule de la mutante pour la porter à sa joue, libérant provisoirement la jeune fille de son emprise. Le corps de Mirage était parcourut de fourmillements résiduels.

Tendis que Viconia projetait avec tout son coeur sur la kick-boxeuse, quart nord, elle sentit que son cher conseiller était en train de l'asaillir par le flan ouest, tandis que le flan est lui laissait une petite fenêtre.
La jeune fille avait l'impression qu'elle venait de se faire électrocuter et que chacun de ses membres se remettait avec plus ou moins de flou desa sidération transitoire.
Son premier mouvement fut de se tenir la tempe tout en s'écartant du taser.

"-Marco est télépathe !"
Cri rapide à l'intention de la New-Yorkaise. Si elle pouvait l'écarter, alors tout serait plus simple.

Si le télépathe était aussi doué qu'elle le préssentait, il allait falloir agir vite tout en verouillant son esprit au maximum.
Pour cela, elle se remémora le visage de Pipilotti qu'elle avait un jour dessiné au fusain pour communiquer avec Charis. Elle se fixa sur ces traits gris et tristes, et ne pensa à rien d'autre, ne ressentit rien d'autre.

Son regard fit un tour circulaire des bureaux à la recherche de n'importe quel objet suffisamment lourd ou cassant pouvant s'apparenter à une matraque ou un gros pot de fleur.
Pot de fleur, chaise, agrafeuse version old-fashion, unité centrale d'ordinateur assez lourde... Tout cela pour aller rapidement l'asséner sur le crâne de la souple agresseuse anti-Georgia. De ce qu'elle avait pu voir, l'italienne n'avait pas grand chose à se mettre sous la main.

Viconia avait soulevé sa chaise et s'apprêtait à frapper l'agresseur de Georgia, lorsque l'attaque mentale s'insinua dans une brèche de son bouclier psy, érigé partiellement puisque la jeune fille s'affairait en même temps. Une présence dérangeante s'installa dans son esprit, palpant souvenirs et sentiments intimes avec la délicatesse d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. La sensation pouvait être assimilée à une sorte de viol psychique. Soudain, Viconia ne vit plus rien, pas plus qu'elle ne put émettre de son. C'était comme si la jeune fille était placée devant son antithèse sensorielle.

Georgia put constater que Marco retournait à sa besogne et que l'homme-tazer se rapprochait à nouveau de Viconia, qui ne semblait pas dans son assiette, avant qu'un coup de pied chassé l'atteigne en plein abdomen, lui coupant le souffle. La New Yorkaise se retrouva de nouveau au sol, quasiment contre le mur sud, sans aucun objet à portée. La situation commençait à sérieusement tourner au vinaigre pour les deux jeunes filles.

Georgia, à nouveau au sol, à nouveau le souffle coupé, travailla du chapeau : et si, il y avait quelque part, ici un détecteur de pouvoirs ? Ou tout du moins une base de données permettant d'identifier qui est mutant et qui ne l'est pas ?

Après tout, Georgia et Viconia avaient franchi la MÊME porte. Contrairement à l'autre personne qui avait été appelée.

Sa parano bossait à fond et elle se souvint des espèces de boitiers blancs qui se trouvaient au plafond.

En gros cette agence était à la fois une vraie agence d'intérim et une couverture pour autre chose, des projets spéciaux.

Elle grogna. Sa condition de mutante faisait qu'elle était intéressante voire capitale pour accomplir des opérations douteuses... Le genre d'opération où l'on finissait par se faire exploser plutôt que de risquer la capture. Le genre de choses pour lesquelles on pouvait difficilement être volontaire.

Comme le meurtre, l'espionnage, la prostitution, ce genre de choses qui répugnaient la blonde.

Du coup : Elefetheria et les autres employés pouvaient s'affairer tranquillement à remplir leurs dossiers pendant que d'autres agents se chargeaient de rendre dociles les volontaires désignés...

Elle grogna. Elle n'allait pas se laisser faire. Et Viconia non plus.

Georgia tenta un nouveau transfert. De l'hématome en formation qu'elle devait avoir à l'abdomen. Sur toutes les cibles qui n'étaient ni elle ni Viconia. En espérant qu'elle gagnerait le temps nécessaire pour s'approcher d'Elefetheria.

Le clonage de Georgia fonctionna, car la lutteuse s'arrêta cette fois en se courba momentanément en deux en se tenant le ventre. L'homme-tazer accusa également le coup, bien qu'il semblait garder Viconia dans ses tâches immédiates. Marco et Eleftheria furent également atteints, mais se contentèrent d'un halètement sourd, avant de reprendre leurs activités bureaucratiques, pas plus émus que cela.

Georgia se rapprocha du bureau de la femme replète. L'écran affichait un formulaire assez complexe que la mutante ne pouvait pas déchiffrer d'où elle était. L'imposante employée restait un obstacle de poids pour pouvoir consulter librement l'ordinateur, bien qu'elle n'ait esquissé aucun geste hostile jusqu'ici, pas plus d'ailleurs, que l'employé du troisième bureau, toujours prostré à son poste.

Dans un fracas, la chaise que tenait précédemment Viconia s'abattit au sol. Elle fut bientôt rejointe par le corps sidéré de la finnoise, prostré sur ses genoux. La jeune fille avait la bouche ouverte comme dans une tentative désespérée pour crier tandis que ses yeux erraient sur le décor sans se fixer, comme si ils ne voyaient rien.

Une lame froide s'était insinuée dans son corps.
Pernicieuse et décidée elle s'était infiltrée dans tout son être, passé et présent pensé et vécu.
Elle avait frôlé, piétiné puis souillé chaque parcelle de son être, émis sa constatation perverse et déçue, puis était allée envahir des territoires toujours plus intimes. L'affectif, le complexé, le rêvé, le crée et le regretté.
La lame, affutée et cruelle, sectionna un à un chaque sentiment de sécurité, d'impunité ou de confiance en soi.
L'intrus ne se préoccupa pas des larmes de la finnoise ni des convulsions qui habitaient à présent son corps prostré sur le sol.

Puis, tout s'arrêta.
Ce fut l'obscurité la plus totale.
Viconia n'avait pas mal au crâne, ni nulle part ailleurs. Elle ne savait pas qu'elle était sur le sol, elle ne savait pas où elle se trouvait. Elle ne pensait même pas. Son corps était prostré, recroquevillé, tandis que son esprit saigné se trouvait dans l'obscurité la plus totale.

Il se passa un temps infini avant que la jeune fille eut enfin l'impression d'exister. Comme si elle venait de se lever dans l'obscurité la plus totale, dans le plus grand des silences et qu'elle appelait à l'aide sans que personne ne l'entende.
Non, elle ne voulait pas appeler.
Elle ne voulait personne. Elle ne voulait pas avoir à établir de contact quel qu'il soit.

Son corps se émit une dernière convulsion et la jeune fille vomit. Elle n'eut même pas le réflexe de s'essuyer la bouche. Pas plus que les larmes ou les sécrétions nasales qui hantaient son visage.

Les mains à plat sur le sol, les sons et sensations commencèrent à revenir. Enfin, pas toutes. Une manquait à l'appel. Une seule. Son univers.

L'artiste ouvrit grand des yeux hallucinés et terrifiés, tandis que ses mains souillées vinrent hystérique ment s'appliquer sur son visage, se tirant les cheveux et se tendant la peau du visage. Sa bouche s'ouvrit de manière démente mais aucun son n'en sortit.
L'être de Viconia n'eut même pas conscience d'avoir perdu sa capacité d'expression orale.
L'artiste était obnubilée par une unique chose. La perte de la vue.
La perte de ce qui avait construit sa vie, de sa communication avec le monde. La perte d'elle-même.

Tremblante, la jeune fille laissa ses mains se resserrer autour de ses genoux et resta ensuite prostrée en position fœtale sur le sol de l'agence.
Inconsciente du monde autour d'elle, inconsciente de la mission, inconsciente du fait qu'il y ait un avenir pour ce monde.

Ça avait marché. Sa petite blessure de rien du tout avait été efficacement clonée et Georgia ne s'était pas mangé de mandales depuis au moins 10 secondes... Mais est-ce que ça suffirait ?

Sa chère rousse était toujours dans un état lamentable. Et il y avait fort à parier que les employés de cette drôle d'agence se remettraient de leurs émotions dans une poignée de secondes...

Si le procédé de clonage de blessures était efficace, il avait un fort inconvénient : les lésions étaient minables. Georgia n'avait pas assez ramassé pour être durablement utile.

Fallait-il qu'elle attende de se faire éclater pour utiliser à nouveau ses pouvoirs ? Vu la puissance de son opposante et vu, surtout, le souvenir mordant de sa défaite contre Amarenna en simulation, la blondinette dut se rendre à l'évidence : le risque était trop grand.

Sans compter qu'il se tramait réellement quelque chose. Elefetheria semblait HYPNOTISÉE par son écran. Y'avait un truc de vraiment pas normal là dedans. Façon contrôle mental par vidéo ?

Aux grands maux, les grands moyens, Georgia avait toujours pensé que sa gueule passerait toujours avant celles des autres.

Elle décocha un coup de poing en direction de la tempe d'Elefetheria. Le but était plus que de faire mal : de mettre KO. Ce n'était pas de la plus grande moralité mais Georgia ne pouvait malheureusement s'embarrasser de tels détails alors qu'il y avait péril en la demeure... Et avec un peu de chance, elle aurait ainsi des munitions pour la suite.

Eleftheria ne chercha pas à parer le coup de Georgia, pas plus qu'elle ne parut remarquer qu'un marron allait à lui tomber sur le crâne : le coup de poing de Georgia la frappa de plein fouet à la tempe, et la femme rondelette tomba de sa chaise, se cognant lourdement la tête au passage contre son bureau. Son corps encombrant s'affaissa inerte au bas de son espace de travail.

De son côté, la femme combattante s'apprêtait à sauter par-dessus le bureau qui la séparait de la New Yorkaise, lorsque la fenêtre située entre les bureaux 1 et 3 vola en éclats sous la projection d'une vieille poubelle en fer, poubelle qui termina sa course sur l'homme-tazer, qu'elle fit tomber par terre, l'empêchant bien malgré lui de terminer son travail auprès d'une Viconia sous le choc. La lutteuse se retourna vivement pour observer ce qui se passait. Marco et le dernier employé ne prêtèrent pas attention à l'entrée aussi spectaculaire qu'incongrue de la poubelle dans leur espace de travail.

A sa suite, la silhouette familière de Sibylle s'introduisit maladroitement dans le bureau par la fenêtre béante.

"Αφήστε τα κορίτσια μου !" lança-t-elle en grec à la cantonade. Elle avait l'air essoufflée et inquiète. L'effet physique sans doute, avait légèrement fait rosir ses joues pâles. Sans plus attendre, elle se précipita vers Viconia, qu'elle empoigna par les aisselles pour la forcer à se relever.

"C'est Sibylle, je suis là." dit-elle simplement à la mutante. Elles n'avaient pas réellement le temps de se pencher plus en profondeur sur le problème de la malheureuse.

"Où est Sonic ?! Il ne répond pas !" ajouta-t-elle à l'attention de Georgia, à qui elle fit signe de prendre la tangente par l'ouverture, avant que la lutteuse ne puisse réagir à l'intervention. Dire qu'elle avait confié les filles à Rob... Voilà qu'il manquait à l'appel et que ses deux élèves se retrouvaient dans de beaux draps.

La psychologue confia Viconia à Georgia, s'attardant quelques secondes de plus dans le bureau pour fermer la marche. Le trio quitta ensuite les lieux sans demander son reste.

[Hrp : ceci signe la fin du mode jeu ! Votre plan au briefing était bien ficelé, c'est dommage que vous vous soyez contentées (pour les filles) de jouer votre rôle-couverture sans chercher à interagir avec l'environnement là où cela importait. Vous étiez dans une mission de recherche d'informations. Vous avez commencé par faire des repérages, ce qui est une bonne chose, mais quand le MJ vous dit qu'un bureau est tout à fait banal et ne présente rien de particulier, il ne faut pas conclure qu'il s'agit d'une ruse pour vous piéger par la suite : c'est plutôt un encouragement pour tourner vos investigations ailleurs. De même, vous ne vous êtes penchées sur le comportement étrange du personnel que dans les tout derniers tours, alors qu'il a été répété de nombreuses fois de différentes façons que quelque chose ne tournait pas rond... Petite erreur de résolution lors de l'attaque psychique également, qui a mis Georgia dans l'embarras (et Viconia par la suite alors qu'elle aurait pu éviter l'intrusion mentale). Essayez de tenir un peu plus compte des éléments fournis dans la narration pour remplir vos objectifs au prochain mode !
Pour ce qui est de Rob, tu trouveras ton commentaire dans le mode jeu Tunis.

Viconia : 1 point.
Georgia : 1 point.]