[X-Rays 2.1]Retour d'entrainement

« A ne pas refaire les mêmes erreurs. »

Le ton de la jeune fille était si sérieux lorsqu'elle prononça ces quelques mots, que lorsqu'elle s'en rendit compte après quelques secondes elle regarda Fab de côté avant de sourire. C'était comme si, volontairement, elle tentait d'avoir une attitude plus enfantine plutôt que de comprendre tout ce qui se passait autour d'elle.

Jess se tourna vers le dossier du canapé, ou elle prit appuit en posant ses bras croisés et les mains pendantes de l'autre côté. Lui... c'était Wood. Elle avait plutôt une bonne mémoire des noms en ce moment, bien que ce n'était pas toujours le cas. Chacun ici lui laissait un souvenir impérissable notamment à cause de leur particularité. Et en plus elle l'avait traîné avec Avatar le jour des portes ouvertes.

Elle le laissa parler en souriant, tout en le fixant comme pour augmenter la gêne qu'il semblait avoir à lui parler. Il avait peur ? Intimidé ? Non apparemment cette crainte était plutôt dû à son pouvoir.

« Ma...chose poilue qui grogne... et moi, on est ravi de t'avoir aidé! »

Jess réfléchit à sa proposition de faire quelque chose pour elle, et hésita à l'envoyer chercher Ernest qui ne revenait pas avec son jus de pomme. Mais comme c'était lui qui l'avait proposé, elle laissa tomber, et abandonna l'idée qu'il revienne un jour.

« Merci, là comme ça, ça va. Mais je retiens ta proposition! »

Sur ce, elle eu un sourire emprunt d'une certaine malice et fit apparaître Avatar derrière Wood. Celui-ci en fit le tour rapidement et se dressa brusquement. Avant que le jeune homme n'ait eu le temps de réagir, il se tenait déjà sur ses pattes arrières, pattes avant sur son torse et langue pendante, tête à quelques centimètres de celle de Wood. Autant dire qu'il n'avait rien de léger...

« Je crois qu'il veut aussi être remercier! »

Jess, elle, se laissa retomber derrière le dossier du canapé en regardant Fab et en riant doucement.

Pour le moment, après que tout le monde ait tiré, le score était en faveur de l'équipe du Vieux Continent, mais qui menait de seulement quelques points, une poignée finalement. Néanmoins, ils étaient en tête, et Ken sourit avant de se tourner vers Ivy, sa seule coéquipière non occupée pour le moment.

"On s'en sort plutôt bien. Ca fait du bien de voir que certaines choses ne changent pas, comme le fait que les Irlandais sont les meilleurs."

Il lui fit alors un petit clin d'oeil. Il savait qu'elle ne le considérait pas comme un véritable représentant de son pays, mais il voulait quand même lui prouver que malgré sa naissance à Boston, il était autant natif de l'Irlande qu'elle. Il avait fait de la culture de cette contrée ses valeurs, et il était bien décidé à lui prouver tout cela.

*Enfin, si elle me laisse faire ça. Apparemment, elle est aussi tarée et dingue que les Irlandaises que j'ai pu rencontrer jusque là...et c'est un compliment. Ca fait du bien d'avoir quelqu'un comme ça ici. Qui sait, elle pourra peut-être m'en apprendre plus sur mes ancêtres et mes origines...et l'Irlande. Ca serait bien...*

C'était un vieux rêve pour lui que de connaître encore mieux le pays où il aurait voulu naître, et la présence d'Ivy allait peut-être aider à réaliser ce rêve. En plus, il pensait que si ils devenaient amis, il pourrait aller avec elle, peut-être, là-bas...mais il décida de se calmer. Mieux valait ne pas espérer trop vite pour ne pas être déçu trop grandement.

*Ouais...mieux vaut attendre. Je ne veux pas me faire des plans pour le futur alors que rien n'est sûr. Je vais plutôt me concentrer sur le jeu et les autres, ça vaudra mieux.*

O'Connell regarda alors Wood, qui tentait d'expliquer certaines choses à une jeune fille qu'il ne connaissait pas mais qu'il avait salué auparavant. Il sourit légèrement en voyant comment son camarade et coéquipier JustiX essayait de s'en sortir, étant donné que c'était quand même très humoristique et étrange.

*Alalala...je crois que ce Wood est définitivement un grand malade. Je l'aime bien. Même si il est totalement taré, au moins il vit sa vie comme il l'entend et ne se pose pas de questions. En plus, c'est un mec bien. J'suis content d'être avec lui dans l'équipe...*

Immédiatement, la pensée des JustiX lui rappela l'entraînement qu'ils avaient subi et les soucis qu'il en tirait. Il soupira légèrement, s'en voulant de se gâcher ce moment par de tels rappels, et le jeune homme se força alors à changer son esprit, voulant à tout prix passer des bons moments ici pour tenter d'oublier ce qu'il s'était passé dans la Salle des Dangers.

C'est alors que Kevin Quest, membre de l'autre équipe, dit certaines choses étranges. Le Mutant fronça les sourcils et l'écouta, se demandant bien ce qu'il pouvait dire par tous ces moments mystérieux et sans vraiment de liens.

"Euh...ça va ?"

Il s'était approché de lui, légèrement inquiet de ce qu'il venait de se passer et surtout curieux de savoir la raison de tout ça.

Avatar, le protecteur de Jessica, apparut alors derrière Wood et fit le tour de ce dernier pour venir se dresser de tout son corps, en se servant du torse de Wood pour appui. Visiblement, la bêbête voulait un gros calinou puis que sa langue était de sortie et qu'il n'avait aucun signe extérieur d'animosité. Presque instinctivement, Wood avait fait le lien entre Avatar et Charleston, son pouvoir et sa fuite d'Angleterre, l'institut Charles Xavier et l'hôpital où avait séjourné Miss Emmerson... Mais le chien de Jessica ne semblait pas partagé l'avis de Wood et lorsque ce dernier tenta de le repousser pour son propre bien, Avatar réagit vivement, d'une en aboyant fortement et d'autres, en réinsistant sur la pression qu'il effectuait sur le torse du jeune blondinet. Wood eut un sursaut et tomba sur les fesses, avec Avatar en train de lui lêcher la figure.

(( Bah... C'est normalement là que je devrais avoir des crampes, commencer à baver un peu et voir des choses... ))

Le sourcil arqué et interrogateur dans un premier temps, Wood encercla l'animal dans ses bras et lui fit un gros calin. Un très gros calin... Un calin pour le remercier, brave bête, de l'avoir tiré d'une sale affaire mais aussi un calin pour tous les calins du monde, tous les calins que lui-même n'auraient plus, pour tous les les calins qu'il voulait faire aussi... Oui, on ne pouvait pas spécialement dire que ce chien noir était des plus beaux, on ne pouvait pas dire non plus que son pelage était des plus soyeux, effectivement, des fois, Avatar "grognoutait" un peu et montrer les dents, effectivement, à deux reprises, Wood crut que c'était la fin pour lui ou un de ses membres, mais ce gros patachon d'Avatar était la seule bestiole "vivante" capable de faire des calinous à Wood sans tomber dans un coma plus ou moins prolongé. Même s'il venait tout droit des méandres profonds des peurs les plus secrètes d'une adolescente mutante et était censé faire peur ou bien attaquer les gens, il se retrouvait ici, à l'institut, la peluche improvisée de Wood. D'ailleurs ce dernier ne desserrait toujours pas son étreinte et dans sa tête, le sujet était clos et clair : la terre pouvait s'arrêter de tourner qu'il resterait là dans ce salon, assis par terre, à caliner "la grosse bestiole velue" ! Il savait aussi cependant qu'il était venu le temps de reprendre la partie de flêchettes et il savait aussi qu'il ne pouvait concilier les deux, et en plus, ici, par terre, il était trop loin de la cible...

"Jessica... Merci... Tu peux me le laisser encore un peu, dis ?" gratifia-t-il l'adolescente avant d'aller vite reprendre ses flêchettes et se mettre sur la ligne de jeu. Il visa sommairement et lança une à une les flêchettes sur la cible. Sans même regarder le résultat, il alla un peu voir ses partenaires.

"Désolé, hein... Mais vous comprenez, je peux toucher personne alors bon... J'en profite !" s'expliqua-t-il avant de retourner vite fait auprès du chien noir...

Jess regardait la scène d'un air amusé. Avatar profita du fait que le jeune homme était à terre pour lui nettoyer le visage de long en large et en travers. Il ne pouvait pas être sous l'effet des pouvoirs de Wood, bien que Jess ignorait pourquoi. Tout ce qu'elle savait c'est que le jour des portes ouvertes il l'avait traîné sur plusieurs mètres sans pour autant déclencher le pouvoir du jeune homme. Aussi elle s'était dit qu'ici ça ne lui ferait rien non plus.

Wood sembla d'abord un peu perplexe, voir inquiet devant Avatar, mais peu après il lui demandait déjà de lui laisser encore un peu... ce ne devait pas être évident de ne pas pouvoir avoir de contact physique avec les autres. Elle lui répondit en riant.

« C'est d'accord Wood. Je crois qu'il t'aime bien lui aussi! »

Jess cessa de rire, mais elle souriait toujours. Elle observait le jeune homme tiré ses fléchettes en quatrième vitesse avant de parler rapidement aux autres et d'en revenir à Avatar. Ce ne devait vraiment pas être facile à vivre tous les jours.

En les regardant, elle songea qu'Avatar aurait surement besoin d'un peu plus de...soin. En faite, elle commençait à avoir réellement envie de le chouchouter, alors qu'elle n'y avait jamais songé. Au départ elle le voyait plus comme la représentation de son pouvoir uniquement. Ce qu'il était. Mais il y avait plus. Il était la pour elle, il existait, et pas uniquement pour la défendre, se battre, ou la rassurer. Il était bien réel lorsqu'il était là.

Jess laissa cette idée de côté pour plus tard et se tourna vers Fabrisio, qui lui ne semblait pas vraiment rassurer à l'idée de s'approcher d'Avatar.

« Dis Fab, tu crois que tu peux les dessiner comme ça ? Ils sont tellement trognons! »

Elle lui sourit comme pour l'encourager à le faire, comme emprunte d'une nouvelle énergie à les voir s'amuser ainsi.

Sans bien remarquer les remontrances de Rachel sur le tour qu'elle lui aurait volé, Ivy se détourna de la cible une fois son talent exercé. Elle n'avait pas envie de s'amuser à compter, d'autant qu'elle s'exposerait sûrement aux fléchettes des autres.
D'une petite pirouette sur elle-même, elle zieuta un moment les élèves installés dans les canapés, et qui fourrageaient les poils du gros chien noir qu'on voyait souvent tourner autour de Jessica. Enfin une amie de la nature, il était grand temps ! Son regard pétillant se posa ensuite sur Ken, qui semblait quant à lui vouloir sympathiser. Méfiante, Ivy se demanda une nouvelle fois ce qui pouvait bien pousser tout le monde à se montrer mielleux avec elle ces derniers temps. Ils espéraient peut-être quelque chose d'elle... Mais quoi ? Fruits et légumes à volonté ? Décoration instantanée de leur chambre ? Remèdes contre les rhumatismes ? Filtres d'amour ? La liste était longue en fait quand on y réfléchissait...

Dans ce fourmillement de questions qui fusaient à travers son esprit pour aussitôt disparaître dans le néant de son étourderie, la jeune fille remarqua que Ken clignait très souvent de l'oeil, comme si quelqu'un ne cessait de jouer avec un interrupteur. Elle mit ça sur le compte des fléchettes et répondit, de sa voix haut perchée bercée d'intonations en dents de scie :

"Ou comme le clignement de ton oeil." dit-elle, ingénue, avec une franchise déroutante.

Elle fit quelques pas vers Jessica en attendant que les autres finissent de tirer et déclarent les scores. Ivy s'accroupit près du chien, ses bras enserrant ses genoux, un sourire attendri sur les traits. Elle tendit doucement la main vers sa truffe pour le laisser humer son odeur. Par chance, Kitty n'était pas là, sinon elle aurait sûrement filé se cacher dans sa robe.

"Tu sais que ta maîtresse s'est autorisé un roupillon dans ton dos, toi ? Tu devrais la tenir à l'oeil !" lui dit-elle, la mine malicieuse.

"Ah oui, j'avais presque oublié dis-donc, Wood. Tu fais bien de me le rappeler !" releva-t-elle aux paroles du londonien, qui semblait apprécier la compagnie animale autant qu'elle et Jessica.

"En cherchant bien, y a sûrement d'autres trucs poilus que tu pourrais toucher sans blesser personne..." ajouta-t-elle, sa frimousse arborant soudainement une moue pensive (les yeux levés au ciel et l'index posé sur le coin de la bouche), sans chercher à explorer les différents sens de sa phrase.

"Hum... De la mousse ! Je te fais de la mousse dans ta chambre, si tu veux !" finit-elle par s'exclamer en joignant les mains au niveau de son épaule gauche. Quel délice de marcher dans une pièce moquettée à la mousse fraîche, douce... Si ça pouvait adoucir un peu la condition du mutant, alors pourquoi s'en priver !

Jessica Ryder a écrit:« Dis Fab, tu crois que tu peux les dessiner comme ça ? Ils sont tellement trognons! »

Drôle de question. Fabrisio la regarda un instat, puis regarda le jeune empétré dans les pattes de la bête. C'est vrai, il y avait quelque chose de loufoque dans cette situation.
Le jeune italien sourit à son tour, contenant difficilement un fou rire. L'ambience était détendue, telle qu'il les appréciait. Fabrisio se sentait bien, parmi des gens comme lui.
Il reprit sa feuille et son crayon et regarda la scène qui se déroulait devant lui

- Je peux toujours essayer, dit-il en rigolant.

Et ce faisant, il commença a esquisser quelques traits.
D'abord sans relation, les traits s'unirent petit à petit et le dessin commença à se préciser. Bien qu'ils bougeaient pas mal, c'était assez drôle de dessiner quelque chose d'aussi drôle.

"Euhh.."

Tout le monde s'interessait au super cool chien, et Rachel aurait aussi été tentée si Kevin, à qui elle avait adressé la parole, ne s'était pas tout simplement détourné de Ken et elle pour s'occuper de l'animal. La jeune femme posa ses mains sur ses hanches et s'éclaircit la gorge, indignée. Au moins, il aurait pu leur dire qu'il ne voulait pas parler. Ce qu'elle pouvait détester plus que les gens impolis...elle ne savait pas! La moindre des choses c'est de répondre à quelqu'un qui vous parle. Meme si c'est pour dire qu'il ne voulait pas répondre. Rachel vola un cookie et tourna les talons vers l'encadrement de l'entrée du salon. Elle regarda Ken et dit:

"Je vais être dans ma chambre. Quand tu voudras la guitare, tu viendras me rejoindre. Tu connais le chemin?"

La jeune femme mordit vivement dans le cookie et jetta un coup d'oeil mauvais à Kevin. Dès la prochaine heure, elle lui aurait sans doute pardonné, mais il restait toutefois dans une petite liste dans sa tête. Elle sortit rapidement du salon et monta à l'étage. Elle termina en moins de deux son cookie et se frotta les mains pour enlever leurs miettes. Par le temps que Ken arrive, elle aura aussi le temps de se changer.

[Chambre de Rachou]

Ken en avait assez de tout ça, et il serrait les poings pour ne pas se laisser entraîner par la rage qui commençait à naître au fond de lui. Et il avait bien du mal, il fallait bien l'avouer.

Déjà, Ivy s'était permise une petite réflexion sur ses clins d'oeil alors qu'il ne les faisait que par simple sympathique et parce qu'il en avait l'habitude. Pour qui se prenait-elle, cette petite arrogante qui avait eu la chance de naître en Irlande ? Bien sûr, elle était plus Irlandaise que lui, mais ça ne voulait pas dire qu'il ne se considérait pas comme tel !
Le meilleur représentant d'une culture est celui qui l'aime et qui la fait vivre, pas celui qui est né dans le pays où elle a été créée. Il serait bon que la jeune femme se rappelle cela, ou qu'elle l'apprenne plutôt.

"Mon oeil va bien. Il te salue. Espérons que tes bonnes manières fassent pareil, même si elles semblent bien endormies."

La réponse avait été cinglante et un peu méchante, mais O'Connell en avait assez. Blessé, usé lors de l'entraînement, il pensait s'amuser ici dans ce concours avec Wood, mais ce n'était pas du tout le cas et il n'avait plus aucune envie de continuer.

Il lança donc un regard froid à l'Irlandaise avant de se tourner vers Kevin, qui avait adressé à Rachel et à lui-même une jolie fin de non-recevoir. Les deux Mutants lui avaient parlé pour savoir ce qu'il avait, et lui ne trouvait rien de mieux à faire que d'aller s'occuper d'un chien !
C'en était trop pour le jeune homme, dont les nerfs étaient mis à rude épreuve aujourd'hui.

"Merci de me répondre, hein Kevin. Ca fait du bien de sentir qu'on intéresse les gens. Quelle leçon de savoir vivre."

Encore une fois, il avait été un peu blessant, mais il s'en fichait. Il en avait assez d'être toujours gentil, et la colère qui explosait en lui commençait à sortir. Et il n'avait plus vraiment envie de la garder en lui...après tout, lui aussi avait droit de péter les plombs parfois.

"J'y vais. Salut."

Il s'était adressé à Wood, le seul présent qu'il connaissait et appréciait, et se dirigea sans un mot vers la chambre de Rachel. Il s'était peut-être fait des ennemis avec ce qu'il venait de dire, mais il s'en fichait. Ken en avait marre de se faire marcher sur les pieds et de toujours subir, et il était temps qu'il prenne les choses en main...de manière définitive.

Chambre de Rachel.

Jessica acquiessa à la demande de Wood, très ravi..
Ivy vint se poser aussi près de Wood, encore plus ravi...

"Bah oui, Ivy ! Et au fait... Comment elle va, Kitty ? Tu en as parlé aux profs ? Parce que bon... C'est pas cool... Faudrait tenter de faire quelque chose pour elle... Surtout que je comprends pas..."

Kevin se rapprochait aussi du chien de Jessica, Fabrisio, que Wood n'avait encore jamais remarqué jusqu'à présent se mettait à dessiner Wood et Avatar et Ken et Rachel interrompait le jeu en filant dans la chambre de Rachel...

(( Ils sont bien pressés tous les deux... ))

"A plus, Ken !" dit-il avant de continuer d'exposer sa théorie pas si bête au sujet de Kitty l'écureuil...

"... Parce que moi, j'ai eu aucun problème pour redevenir humain, la dernière fois... Même en écureuil ! Remarque, c'est peut-être parce que les pouvoirs de Kitty ont cessé de fonctionner à ce moment-là... Heureusement que je ne suis pas resté écureuil..." mentit-il alors, un sourire au coin des lèvres, imaginant être un écureuil dans la chambre d'Ivy... Se faire caliner par la rouquine... Explorer son corps avec ses petites pattes griffues... Grignoter des noisettes, juché sur son épaule... Toujours avec elle, même quand elle devait aller botter les fesses de SacdeRiz...

Kevin parla et partit mais Wood ne comprit rien, mais alors vraiment rien. De toute façon, il s'en foutait royalement, il calinait sa nouvelle peluche improvisée, espérant à chaque seconde que cette dernière ne disparaisse pas comme elle était venue, comme par magie... Ca lui faisait du bien ce petit moment de gaité et d'insouciance, surtout après l'entraînement qu'ils avaient fait... Au début, c'était du genre "les vacances en folie" et c'était devenu très vite... Non, Wood préférait ne pas y penser et recentra son attention sur Avatar. Mine de rien, ca lui permettait de ne pas trop penser à Ivy, enfin du moins de paraître moins stupide qu'à l'ordinaire... Et tout çà grâce à Jessica ! Wood regarda un instant Fabrisio. Eux deux avaient un point commun, à priori, l'art... D'ailleurs Wood n'y avait pas encore réfléchi jusque là mais y-avait-il des cours d'art en Amérique ? Pourrait-il continuer d'apprendre l'histoire de l'art ? Apprendrait-il de nouvelles techniques ? La gym, c'était cool et tout, mais Wood savait aussi que cette passion ne pourrait pas durer longtemps et que surtout, elle ne serait pas suffiseament rémunératrice pour lui, dans sa vie d'adulte. C'est pour çà qu'il lui parut tout à fait convenable de devenir artiste peintre ou gérant d'une galerie d'arts... Oui, artiste peintre, c'était comme gymnaste... A moins d'être reconnu, il n'allait pas gagner beaucoup d'argent...

"Heu... Fabrisio ?... Tu prends des cours de dessin ?" demanda-til enfin, très intéressé par la réponse...

Toute occupée à chouchouter Avatar, tout en prenant garde à ne pas toucher Wood par mégarde, la petite rouquine ne fit attention au coup de sang de Ken que lorsque ce dernier quitta la pièce. Elle se retourna à son passage :

"Tu m'as parlé ?" demanda-t-elle, une expression interrogatrice sur ses traits facétieux. Voyant le mutant quitter la pièce avec Rachel, elle haussa à nouveau des épaules. Kevin s'empressa à son tour de les laisser. Ivy se tourna vers la cible. Les joueurs avaient abandonné la partie en route.

"Eh ben, quelle bande de mauvais joueurs !" claironna la péronnelle en se redressant de sa petite taille. Les inviter à jouer pour les planter comme des fléchettes sur la photo de la reine d'Angleterre, c'était fort !

Son mécontentement passé aussi vite qu'une bourrasque de vent, Ivy se tourna vers Nan. Lui au moins avait la tête sur les épaules comparé à ces lâcheurs.

Si Rachel nous fait pareil aux prochains entraînement, je vais finir par rejoindre Sven, moi...

"C'est une espèce de grooooos cailloux qui vole dans l'ciel, même que s'il nous tombe dessus... Ben, on risque de le sentir passer." expliqua Ivy, en ciblant précisemment la question réelle de Nan malgré son erreur de prononciation : après tout, Ivy arrivait à se comprendre elle-même, et elle passait une grande partie de son temps avec Sven, ça aidait... Tout en répondait à l'indien, l'adolescente s'empara d'un cookie constellé de pépites de chocolat, et qui, si on l'observait de très loin, les yeux plissés, aurait pu passer pour un astéroïde. Elle fit voler son astéroïde improviséa autour de Nan en petit bonds agiles avec un bruit d'avion, puis dirigea l'astre cosmique vers sa bouche pour y donner un grand coup de dents.

"Tu vois ? Comme cha !" dit-elle après avoir avalé sa bouchée.

"A ce que disait la boîboîte, un de ces cookie géant est tombé en Sibérie..." dit-elle en désignant la télévision du menton.
Elle se rendit ensuite compte qu'elle n'avait plus faim du tout, et qu'elle avait peut-être gâché un cookie pour rien. La culpabilité l'assaillit aussitôt.
Elle revint près de Wood, qui se faisait tirer le portrait, et lui planta son morceau de cookie entamé dans le bec.

"Tiens, Wood, j'peux plus rien avaler en fait !" expliqua-t-elle avec une petite moue désolée.

"Kitty m'a l'air plutôt contente comme ça... Je suis pas sûre qu'elle soit coincée en fait... Si ça se trouve elle l'a voulu !" répondit la jeune fille après une courte réflexion. Elle nota mentalement que Wood ne semblait pas vouloir de sa moquette fait maison. Cette pensée la déçut quelque peu, elle s'était fait une joie de tapisser sa chambre comme la sienne, et s'était déjà imaginé les décorations qu'elle pourrait y apporter.

S'interrompant un instant, Fabrisio regarda le jeune qu'il dessinait et qui venait de lui poser une question.

- Oui, j'en suivais, en Italie. J'étais étudiant en art avant que ... Fabrisio fit une pause, posant alors un regard sur ses mains. Ouvrant et fermant celles-ci, comme pour se décontracter les muscles, il releva alors la tête pour chasser ses idées noires. Bref, oui, j'étudiais l'art. Avant.

Il continua de griffoner mais les deux modèles ayant bouger, il n'avait alors plus de base sur lesquelles se reposer. Il appliqua alors quelques ombres par-ci par-là et montra le résultat à Jessica.

- Bon, commença-t-il, j'espère ne pas avoir trop perdu la main. J'ai toujours eu un peu de mal à représenter les animaux.

Chambre de Zia

Zia s'était levée de sa sieste et avait profité du confort de la salle de bain luxueuse de l'institut pour se décrasser. Depuis combien de temps n'avait-elle pas vu de si près les fastes du monde riche ? Encore trop faible pour réutiliser son pouvoir sur ses jambes, elle s'était traînée jusque dans les couloirs de l'institut à coup de béquilles, son regard de jais lorgnait les appliques, les boiseries rustiques, les tapis, les vases qui décoraient les lieux. Elle n'avait toujours pas rencontré de responsable mais s'en préoccupait bien peu : apparemment tout le monde faisait ce qu'il voulait ici, et elle ne mettrait pas longtemps à remettre les voiles jusqu'à Port-Au-Prince. Si elle pouvait éviter d'avoir à s'expliquer, c'était tant mieux.
C'est ainsi que la créole tomba sur le salon. Le grand écran du téléviseur était bien loin des petits posts à l'image vacillante que l'on trouvait dans les troquets de son île. Plusieurs enfants se tenaient dans la pièce. Certains semblaient murs, mais quand on avait pas connu la rudesse de la misère comme Zia l'avait fait, on n'était qu'un enfant préservé par la vie.

Elle fit quelques pas dans la pièce, et donna simplement un hochement de tête bourru aux occupants du salon, avant de se laisser tomber dans un fauteuil, légèrement à l'écart.

Alors que Kevin se tournait vers Wood et Nan' pour laisser échapper son incompréhension, le jeune algonquin l'écouta sans ciller, bien qu'il ne comprenait pas en quoi Ken était une femme...

Ils allaient gagner? Ce n'est pas l'algonquin qui l'aurait prédit, puisqu'il ne savait toujours pas compter les points et, en fait, s'en fichait. Aucun jeu à Pikogan n'utilisait des points. Certains enfants de VAl d'Or que Nan' avait observés parfois jouait à des jeux aussi discriminants, mais chez le peuple algonquin, le principe de supériorité ne s'établissait pas avec des chiffres, mais avec une victoire incontestable. Mais généralement, ils jouaient pour s'amuser et les enfants faisaient tour à tour les chasseurs et les proies, en parvenant très bien à prendre leur rôle. Mais la fin de son discours fut plutôt cahotique dans l'esprit de Nan', qui réléchissait à l'éducation compétitive que recevaient l'Homme Blanc. À croire, parfois, que l'entraide, pour eux, n'existait pas. Voyant que Wood ne réagissait pas plus que lui-même aux paroles de Kevin, Nan' ne chercha pas à avoir une quelconque réaction autre que la sienne : l'impassibilité.

Ce fut la voix enfantine et chantante de la rouquine qui le tira finalement de ses pensées. Elle lui expliqua que les Acer Droïdes étaient des gros cailloux tombés du ciel et comme Nanikana avait cru comprendre, elle avait imagé son explication par un biscuit qui volait comme le X-jet dans lequel il était embarqué ce matin-même. Sceptique, il se promit d'ajouter à sa liste de questions pour Tim une précision sur cette définition. Mais elle repartit aussitôt, laissant Nan' dans le mystère de sa dernière révélation :

"C'est quoi la sibérie?" se demandait-il.

Alors que tout le monde était occupé autour de Jessica et son chien (ce qui n'était pas mal en fait puisqu'elle était en deuil et qu'ils pourraient lui changer les idées), l'amérindien remarqua une nouvelle-venue, à la peau plus foncée encore que Rob, qui marchait en se tenant sur deux bouts de bois plutôt que sur ses jambes qui semblait, de toute l'évidence que Nan' pouvait observer, fragiles et frêles.

Il s'approcha de la jeune femme qui semblait énormément plus mature que la plupart des occupants du salon. Dans ses traits, il décela un expérience de vie semblable à celle d'une mère, et pourtant, s'il se fiait à la grande partie de la population ici, elle ne devait certainement pas être mère... Question de statistiques! Néanmoins, ce qui intriguait réellement l'adolescent n'était pas à savoir si la femme avait ou non de la marmaille, mais plutôt pourquoi elle se tenait avec ces bâtons.

-C'est quoi ça? demanda-t-il sans plus de préambules en pointant les béquilles, cet instrument médical ne s'étant pas encore rendu à Pikogan (ou les habitants de son village étant trop indépendants des blancs...)

[Kévin, Avatar n'est pas censé être gentil. Même si je l'ai joué dans ce sens jusque là, il ne l'a été qu'avec Myou et Wood à qui il a sauvé la vie... Donc même s'il n'attaque pas il ne faut pas en faire trop non plus...]


Jessica eut un sourire gêné pour Ivy lorsque celle-ci révéla à Avatar qu'elle avait dormit, et qu'il n'avait pas été là pour empêcher la jeune fille de la réveiller brutalement. Il fallait dire qu'elle lui en avait demandé beaucoup à l'entraînement. Puis elle sourit plus naturellement lorsqu'Ivy proposa à Wood autre chose qu'il pouvait toucher. Seulement pour Jess, de la mousse, ou tout autre plante, ce n'était pas vraiment vivant... Mais l'intention y était.

Puis la jeune fille se retourna vers Fabrisio qui débutait une esquisse des deux compères. Plutôt réussit d'ailleurs, même si au début elle n'avait pas reconnu, le dessin avait prit peu à peu une forme concrète.

Jess observa la scène, dont Avatar prenait peu à peu le rôle principale. Ivy et Kévin s'approchère, et Avatar se laissa faire, bien que Jess sentait qu'il n'était pas très content de se retrouver ainsi entouré et touché. Il n'en avait pas l'habitude, et semblait ne pas vraiment être prêt pour se genre de chose. Son rôle était la défense, et non celui d'une peluche, bien qu'il l'acceptait volontiers avec Jess, Myou, et Wood.

Ivy fit bouger les modèles alors qu'elle enfournait un cookie dans la bouche de Wood sans lui demander son avis, ce qui fit rire Jess encore une fois. C'était vraiment une bonne journée, comme elle n'en avait pas passé depuis longtemps. Ici, c'était maintenant comme chez elle. Et tous était comme elle, ce qui en faisait comme une grande famille pour la jeune fille. Elle se tourna vers Fabrisio qui terminait son dessin.

« Il est parfait! Je peux le garder ? Tu me fais un autographe ? »

Jess lui sourit, pensant réellement que le dessin était parfait. Autant que l'aurait pu être une photo, sauf que celui-ci avait l'avantage d'être fait main. De son côté, Wood semblait scotché à Avatar. Elle attendit qu'il se décide à le lâcher pour le faire disparaître, afin de le laisser se reposer au calme, dans ce lieu inconnu qu'était son inconscient.

Elle vit une jeune femme entrer sur des béquilles, et aller s'assoir un peu à l'écart. Nan alla vers elle ne l'interrogeant sur les béquilles, et Jess se demanda comment elle allait le prendre. Mais elle retourna vite à son idée première que Fab lui signe le dessin.


[Jessica reste le temps que Fabrisio réponde puis part dans sa chambre.]

Tandis qu'Ivy expliquait à Nan ce qu'était un acer droïde, Fabrisio révéla d'une qu'il avait étudié l'art et de deux, qu'il était italien...

(( C'est un artiste pur sang !!! ))

"Je suis sur que tu as plein de choses à m'appren... Humpfff..."

Mais sa phrase fut coupée nette par l'introduction dangereuse de son propre cookie dans sa bouche par l'intermédiaire de la malicieuse irlandaise. Manquant de s'étouffer de surprise, il recula et laissa alors Avatar tranquille, le temps de reprendre son souffle et de mâcher son biscuit. Ce fut à ce moment que Zia pénétra à son tour dans le salon et vint s'assoir un peu à l'écart. Elle était bizarre, cette fille... Elle avait un truc en plus, ou en moins, Wood ne pouvait le dire clairement. Ce n'était pas son infirmité qui le questionnait mais son regard et sa façon de bouger. Ivy tira encore une fois Wood de ses pensées en donnant son point de vue sur Kitty l'écureuil...

(( Tu m'étonnes, je vendrai mon âme au diable pour être à sa place, cette chanceuse... ))

Nanikana, tel un enfant de trois ans en pleine découverte du monde qu'il entourait et complètement sans-gêne, alla directement voir Zia et lui demanda cash ce qu'étaient ses béquilles. Il est des fois où un événement comme celui-ci vous fait ouvrir d'autres souvenirs, comme des boîtes, enfin plutôt comme des poupées russes, les souvenirs et les flashs s'ouvrent un par un. Et dans le cas de Wood, très vite, plusieurs souvenirs, plusieurs pensées vinrent s'ouvrir avant de l'ammener directement vers un souvenir pas très lointain, dans le bureau de Cassandre, où cette dernière avait tenté de lui faire comprendre qu'il ne fallait jamais abusé de ses pouvoirs... Il regarda alors Jessica avec un semblant d'excuse dans les yeux. Il tâta une dernière fois la tête d'avatar et lui fit un sourire avant de retourner encore une fois son regard vers Jessica.

"Pour ma part, j'ai eu ma dose de calinous ! Et puis je voudrais pas trop te fatiguer... Si vous voulez bien m'excuser, l'Angleterre doit donner un cours de bienséance..." finit-il par dire dans un accent "lord anglais", un sourcil arqué et perfectionniste et surtout un sourire moqueur dirigé vers Ivy... Wood se releva donc et partit "sauver" Zia des questions innocentes de Nan.

"Nanikana*... T'abuses... Que tu débarques de ton village et tout, je comprends... Mais quand même... Jamais, jamais, jamais, on ne va embêter une personne avec ses p'tits "défauts de fabrication"... Et encore moins une fille..." lui dit-il de façon bienveillante, ses grands yeux vairons plongés dans le regard de l'algonquin.

"Et on ne leur demande jamais ni leur âge, ni leur poids, ni combien elles ont dépensé pendant les soldes... Excusez le, m'selle, il est pas d'ici, il connait pas les codes de conduite..." finit-il par rajouter à l'adresse de Zia, un peu penaud et la voix vraiment désolée... Bien qu'il n'était pas handicapé et pouvait jouir de tous ses membres, il avait à son actif une paire de yeux pas communs et une première iddylle avec une adolescente sourde. Alors les questions embarassantes, le regard des autres, il connaissait. Bien que pour Wood, c'était rarement des regards malsains de compassion ou d'étonnement mais plutôt de curiosité. L'hétérochromie du jeune homme était suffiseamment remarquable et bien nette. Un oeil vert, un oeil bleu.... D'ailleurs, il les remontra bien en évidence à Nan...

"Crois moi, c'est pas marrant ce genre de question au sujet de nos p'tits défauts... On appelle çà des béquilles, ceci dit. Ca aide les personnes qui ne peuvent pas marcher correctement. Mais si tu connaissais Miss Tottington, alors tu saurais que les béquilles ont d'autres applications beaucoup moins dignes..." dit-il en se frottant la fesse pour tout commentaire sur comment la vieille voisine de Wood pouvait utiliser ses béquilles autrement que pour la marche...

Wood bailla largement et consulta l'horloge du salon.

"Bon ben c'est pas tout, hein... Mais j'ai plein de trucs à faire, moi !" admit-il le plus sérieusement du monde avant d'exploser de rire et de saluer tout le monde avant de quitter enfin le salon...

Chambre de Wood

*: Notez d'une croix blanche les rares fois où Wood prononcera le prénom de Nan' correctement...

Le confort du fauteuil dans lequel elle s'était assise lui faisait du bien. Son regard dur se posa sur le garçon qui s'était présenté à elle. Il n'était pas blanc. La créole le contempla des pieds à la tête, surprise de sa présence en ces lieux : jusqu'ici elle n'avait rencontré que des élèves WASP bon chic bon genre. Son regard, dur en toute circonstance, ne transmit en rien le léger soulagement qu'elle éprouva à voir un représentant d'une autre éthnie. Ce n'est que lorsqu'il ouvrit la bouche qu'elle pinça les lèvres.
C'était parti, les questions embarrassantes. Elle avait presque cru pouvoir y échapper en ne demandant rien à personne. La colère se fit jour dans son esprit comme un serpent venimeux. Elle-même était prête à mordre, à distiller son venin comme une bête blessée tente désespéremment une attaque. Mais l'expression de candeur de l'amérindien la fit hésiter, juste le temps suffisant à un blond maigrichon de venir aplanir les choses.

Le rattrapage du petit blond venait d'une bonne volonté. Peut-être un peu trop. Confinée dans le carcan de sa propre misère, Zia y voyait la destinée manifeste de l'homme blanc, venant à la rescousse de l'être inférieur, et éduquant les tribus barbares.Tout était dit.

"Le produit défectueux se tire d'ici." grogna-t-elle seulement en se levant à contrecoeur de son fauteuil moelleux, pour à nouveau soumettre ses bras à la cruelle tutelle des béquilles.
Elle avisa qu'au bidonville, tout le monde la connaissait ainsi. On imaginait pas Zia valide. Les béquilles faisaient partie de sa personne et de la représentation mentale qu'on se faisait d'elle. Ici, ses béquilles la démarquait des autres. Elle devait s'en justifier auprès du regard des autres, comme une faute qu'on expie. La jeune femme à la peau d'ébène quitta la pièce avec le maximum de dignité qu'une souillon infirme issue du ghetto le pouvait.

Chambre de Zia

Les présents semblaient se disperser aux quatre vents, tandis que Wood jouait les justiciers. A en juger par le regard de la fille qu'il venait de sauver, elle n'avait pas vraiment l'air d'avoir appelé SOS prince charmant, mais Ivy remarqua que l'anglais, malgré son ascendance britannique qui le faisait sans nulle doute partir du mauvais pied (sans mauvais jeu de mot), était plutôt sympathique.
D'ailleurs, elle ne lui aurait certainement pas proposé un remoquettage de sa chambre si ça n'avait pas été le cas.

"C'est fou ce que le temps passe vite, dis-donc !" s'exclama la jeune fille en voyant deux mutants sortir. La pièce se vidait.

"Quand je pense que les vrais cours commencent demain..." ajouta-t-elle d'une voix désespérée, en se frappant tragiquement le front de la paume.

"Bon, à plus tard tout le monde ! Et n'oubliez pas, le cookie géant vous tient à l'oeil..." termina la rousse avec une voie de conspiratrice.

Chambre d'Ivy et Jen

Bien qu'ils étaient impressionnant, Nan' ne se laissa pas démonter par les yeux vairons de Wood. N'était-il pas lui-même le seul de son clan à avoir les yeux aussi pâles? N'était-il pas gaucher aussi? Mais ça n'avait rien de défauts de fabrications, selon lui. D'ailleurs, fabrication de quoi?

L'amérindien se renfrogna, croisant les bras et jetant un voile froid devant ses yeux, dans une attitude qui aurait pu laisser penser qu'il écoutait attentivement ce que disait Wood et y réfléchissait, alors qu'en réalité, il était agacé. Son attitude, naïve et curieuse avait changé du tout au tout, passant à froide et distante, bien que seules ses pupilles et ses sourcils aient légèrement bougé.

"Non mais hé, j'ai l'air stupide? Et mes parents ne m'ont jamais élevés, peut-être?"

Différement, c'était sûr, mais Nan' avait été élevé, comme tout bon enfant de cette planète, selon certaines valeurs chères à son peuple et à sa famille. Bien qu'ils devaient avoir sensiblement le même âge, tous les deux, il ne lui répondit pas, préférant ne pas chercher le trouble. Néanmoins, son opinion commençait à se forger et il lui semblait que dans la famille Smith, seule sa coéquipière ait hérité d'un tant soit peu d'une qualité très prisée par les algonquins : être respectueux. L'amérindien le regarda s'éclipser sans rien lui dire, son regard le suivant jusqu'à ce qu'il ne puisse plus. Pourquoi s'était-il mis à rire ainsi? On aurait dit qu'il se moquait d'eux...
Ensuite, ses yeux couleur de neige sous la nouvelle lune se tournèrent vers Zia. Il sentit un malaise s'installé et, probablement pour la première fois de sa vie, il se sentit mauvais. Était-il comparable à Billy Boy? Las, les yeux s'embrouillant davantage de cette vague tristesse qui ne les quittait plus depuis plusieurs jours, Nan' ouvrit finalement la bouche.

-Désolé. voulut-il dire avec la posture digne de son peuple, mais les mots furent couverts par la jeune femme qui les avisait qu'elle les quittait à son tour. Son commentaire surpris Nan'.

"Est-elle plus brusquée par l'attitude de Wood que pas la mienne? Est-ce que ça signifie que Wood a eu tort et que je n'ai pas été si rustre?"

Hésitant à offrir son aide à l'haïtienne, ou à retourner s'asseoir, ou à faire quoi que ce soit d'autres, tellement intimidé par la situation et son erreur de conduite, il ne put que la regarder partir en se promettant de se reprendre auprès d'elle, car il avait cru lire un brin de sympathie dans ses yeux noirs.

Voyant qu'il ne restait que Fabrision et lui dans le salon, Nanikana lui lança un oeil rond, comme si il voulait lui demander des milliers de choses à la fois, en commençant par "J'ai mal agi" ou "Qu'est-ce que je fais maintenant?" ou encore "Euh, je me suis présenté à toi?"...
Mais au lieu de poser la moindre de ces questions, il en rajouta deux à sa liste de questions pour Tim (qui en comportait donc 5) : Pourquoi la dame avait-elle des béquilles et avait-il mal fait de lui demander ce que c'était.

Les premiers signes annonciateurs du coucher de soleil se montraient dans le ciel. Les mutants décidèrent d'aller dîner et de se coucher.