Ballade en tête à tête

Bureau d'Adam

Jen avait un peu tiré l'algonquin puis avait fini par lâcher sa main en arrivant dans un coin du jardin. Elle ralentit également le pas et leva le nez, comme pour profiter de l'air frais et du Soleil, elle exposa sa frimousse au ciel, un large sourire se dessinant sur ses lèvres alors qu'elle fermait les yeux.

Choisissant un coin tranquille au pied d'un arbre, elle s'assit au pied de celui-ci et sans rien dire, attendit la réaction de son équipier, toujours les yeux fermés et le visage tendu vers les cieux, son minois charmant tout souriant.

Nan' et Jen avaient croisés quelques personnes dans les corridors, mais ce n'était rien en comparaison à l'attroupement qu'il y avait dehors. Plusieurs élèves entraient ou sortaient du jardin, dont quelques-uns que Nan' connaissaient plus ou moins, et d'autres qu'il ne connaissait pas du tout. Un attroupement, parmi lequel il reconnut le fantôme de la veille, s'était formé plus loin. Le jardin ne manquait certes pas de vie. Et au lieu de se diriger vers une quelconque présence humaine, Jen avait choisi de s'installer au pied d'un arbre dont l'Esprit, au grand plaisir de l'algonquin, semblait serein, pour l'instant.

S'installant à l'ombre, assis en tailleur, Nan' attendit les premiers mots de Jen, pas du tout intimidé par le silence que leur attitude respective causait. Il se questionnait tout de même, tout en laissant le climat enchanteur de la fin de l'été bercer ses sens.

"Qu'est-ce qu'elle voulait me demander? Est-ce qu'elle attend que je parle le premier? Sûrement pas, puisque c'est elle qui voulait me parler."
Il observa un instant un monarque, petit papillon qui quittait Pikogan environ une demie lune avant ce temps-ci de l'année et qui, selon la légende, allait former de grandes colonies oranges et noires dans des contrées bien plus chaudes, pour rendre hommage aux esprits du feu, dont ils étaient les messagers, tels des prophètes minuscules au souffle brûlant.

Spoiler:

Sans pouvoir expliquer comment, Jen savait que Nanikana était non loin. Certes elle savait qu'il l'avait suivi mais elle sentait l'endroit où il s'était installé, et cela était plutôt étrange. Le silence qui règnait était apaisant après le tumulte de l'entraînement, la réunion dans le bureau d'Adam et même avant ça le jardinage... en fait ce premier jour avait été plutôt agité !

Ouvrant ses grands yeux verts sur l'algonquin, Jenifer lui sourit et commença à parler :

- Je suppose qu'il te sera un peu plus agréable de parler si je parle avant, je sais que tu es un peu réservé, enfin plus que moi mais ça c'est pas très dur ! dit-elle le sourire redoublé.

- Alors commençons par le commencement... Je suis née à Paris, ma mère est française et mon père vient de New-York. Elle est docteur et lui dans les affaires mais le plus important c'est qu'ils ne sont presque jamais à la maison, en gros ils partent vers 7h pour rentrer vers 22h donc je les voyais surtout pour leur souhaiter une bonne nuit. Pour me défouler je fais un art martial, du Taekwondo, depuis des années. J'ai découvert mon pouvoir un soir alors qu'un homme essayait de m'agresser et je l'ai aveuglé. J'ai fait un malaise en pleine rue un soir et c'est à l'hopital qu'on m'a parlé de l'institut... Voilà en gros mon histoire. Je suis très intéressée de savoir... tout sur toi, ta culture... j'idéalise peut-être mais j'ai l'impression que c'est passionnant !

Et cela se voyait; ses yeux brillaient de milles étoiles alors qu'elle appelait Nan' à parler.



[HRP]

Nanikana Adawe a écrit:Pour cause de déménagement, rentrée et présentation surprise, je risque de ne pas pouvoir être aussi assidu qu'en général jusqu'à dans deux semaines environ... Et ensuite, je serai en plein coeur de mon infernale troisième session, la plus intense du bac...
*Mode mélo-dramatique ON*
Mais qu'est-ce que je vais faire?!
*Mode mélo-dramatique OFF*

Nan' avait quitté le monarque des yeux pour écouter les propos de sa coéquipière, en s'efforçant de tout comprendre, mais il devait s'avouer que plusieurs termes, tels que "arts martiaux" ou "Thé Qu'wonne Dos" ne lui disaient rien. Il n'avait aussi qu'une vague idée de ce qu'était une agression, mais rien de plus.

Maintenant que c'était à son tour de parler, il perdit son regard un instant dans le vide, se remémorrant cette histoire de talc avec Ivy. Il souhaita que Jen ne lui répète pas le reproche, car il savait qu'il serait toujours honnête et il pensait que c'était ceci qui avait déplu.

-Chez moi, on dit qu'il ne faut pas parler inutilement et que le silence à de grandes vertues, dit-il sur un ton plus explicatif que d'excuses. Je suis né dans le village algonquin de Pikogan, près de Amos et Val d'Or, tout comme mes parents, leurs parents et tous nos ancêtres depuis plusieurs années. Mes parents ont eu plusieurs enfants. Je suis le deuxième plus vieux et oncle d'un seul enfant, à ma connaissance. La troisième enfant, Naga', était très malade et mes parents m'ont envoyé chercher Wika, un médecin de New York qui est de mon peuple. Ils ont déjà perdu 'Nute plusieurs lunes auparavant et je devais m'aquitter à bien de cette mission pour ne plus ébranler la famille. C'est très important, la famille, chez moi. Je me suis rendu à Val d'Or, où on m'a endormi et, par chance, je me suis réveillé à New-York. Par contre, j'étais emprisonné.

Il marqua une pause et se raidit. Il n'avait raconté cette histoire qu'une seule fois, à Shannon. Il inspira profondément en observant les espèces de vagues que le vent d'été formait sur la pelouse de l'institut, comme un océan de gazon vert. Ce qu'il avait à dire ne lui plaisait guère et les ébranleraient certainement, Jen et lui.

-Un homme nommé Billy Boy m'a montré des images de mon village, comme dans cette boîte qui montre des images -je ne me souviens pas le nom- et des images cruelles et terrifiantes.
Nan' semblait hypnotisé par ce qu'il racontait. Il se remémorait tous ces événements à la fois.

-Hector m'apportait à manger, mais il n'avait pas le droit de me parler. Après beaucoup de repas, ils m'ont amenés dans un autre lieu, plein de terre et de sable, où je devais me battre contre un homme immense, à la mort. Les algonquins ne se battent pas sans raison, comme celà. Et nous ne tuons jamais lorsque ça peut être évité. Mais, l'autre homme semblait décidé à me tuer. C'est là qu'un vent s'est levé, emportant un nuage de poussière dans le visage de l'autre homme. C'était la première fois que je faisais quelque chose du genre, je pense. Mais il s'est élancé sur moi quand même et s'est assommé. Et je... Je l'ai...

Nan' ne finit pas la phrase. Il s'était mis à frissonner, inconsciemment. Avec tout ce que son orgueil lui permettait, il continua.

-Ils m'ont ramené dans l'autre pièce. Et j'ai croisé une femme qui pleurait. Elle ressemblait à ma soeur aînée et ce souvenir me décida à faire quelque chose pour sortir de cet endroit. J'ai parlé à Hector, après que Billy Boy m'eut appelé "Mutant", lui demandant de me libérer pour que je puisse aller trouver un docteur pour ma soeur. Le lendemain, Billy Boy s'est effondré devant moi, Hector m'a libéré et j'ai courut dans de long passages, jusqu'à une porte.

En un sursaut, Nanikana se rendit compte qu'il ne s'était jamais inquiété par la suite de ce qu'il était advenu de Hector. Billy Boy, dans toute sa cruauté, l'avait-il tué? Il poursuivit néanmoins, se rendant compte que son récit lui faisait du bien, la tristesse de ses pupilles revenant en même temps que son récit avançait.

-Là, il y avait une femme, dans une grande pièce comme l'entrée de l'institut, mais en plus grand. Elle est venue me parler et m'a dit qu'elle s'appelait Shannon et était journaliste. Elle m'a demandé de lui raconter mon histoire, puis m'a aidé à rencontré Wika en me promettant de me faire visiter l'institut, où je trouverais des gens comme moi. Nous avons rencontré Wika, et il est partit à Pikogan, puis je suis venu ici.

Il respira profondément de nouveau. Voilà le moment le plus dramatique, selon lui.

-Mais je ne sais toujours pas si ma soeur est encore vivante. Ma famille ignore ce qu'il est advenu de moi. Et si ils savent ce que j'ai fait, ils m'auront peut-être renié, si je décide de retourner chez moi. Je me sens perdu, un peu. Malgré tous les gens qu'il y a ici, j'ai souvent l'impression d'être seul et si différent...

Son visage n'avait que très peu perdu sa rigidité et sa sécheresse durant tout ce discours, et malgré le bouleversement intérieur qu'il ressentait, il devait paraître bien moins ébranlé qu'il ne l'était réellement.
Ce ne fut qu'à ce moment, après avoir monologué longuement, que l'algonquin s'aperçut qu'il n'avait pas réellement répondu à Jen. Du moins, il avait présenté ses origines tout comme elle, mais il n'avait pas parlé du reste. D'ailleurs, il en avait oublié ce qu'était ce reste, trop absorbé par son récit, mais sentait qu'il avait passé à côté d'une question.

Nan' semblait tellement en harmonie avec la nature, il aurait pu être un rocher ou une souche d'arbre posée là, dans le jardin de l'institut, faisant partie de ce paysage naturel. Même son regard semblait se poser sur un quelconque esprit inconnu de la jeune Yankee. Il était vraiment à des années lumière de la vie grise et morne de la City où tous les êtres humains mènent des vies parallèles, se croisant sans jamais se rencontrer. Jen eut un peu peur à la première phrase de son équipier que celle-ci soit la seule, connaissant son caractère peu loquace, mais en réalité, elle ne s'attendait pas à une confession aussi importante.

Loin de lui présenter un résumé aussi bref et presque quelconque que celui de la jeune citadine, Nanikana avait certes commencé par une petite présentation de son ancienne vie dans son village, sa famille, alors que Jenifer écoutait, son visage naturellement souriant et ouvert, mais l'histoire se teinta de noir et de rouge lorsque Nan' en arriva à son départ du village. Alors qu'elle avait "simplement" fait un malaise, le jeune algonquin avait été enlevé et obligé à participer à des combats clandestins. Il semblait particulièrement traumatiser en racontant ce passage obscure de sa récente vie, et il y avait de quoi. Là où elle s'inquiétait de cauchemars, lui en avait vécu un, maintenu en captivité et forcé au combat tel un chien d'attaque. Il avait même peut-être... cet homme dans l'arène... Nan' ?!

Jenifer n'arrivait pas à imaginer le jeune garçon obligé de tuer un homme pour survivre. Et pourtant, alors que les yeux de la jeune fille trahissaient la confusion dans son esprit, elle se souvint de la base Eden, de ces hommes prêts à tuer des mutants, non des humains pour eux. A ce moment là, c'était eux ou les anti-mutants... et ce fut eux. Un souvenir perdu dans un coin de sa mémoire revint à la surface... l'odeur métallique du sang qui s'était répandue dans le hangar de la base, elle n'en avait pas eu conscience jusqu'à présent mais son corps évanoui l'avait tout de même enregistré. Même elle, avait attaqué et entendu l'inimaginable son des os de votre ennemi qui se brisent sous votre coup. Combien furent tués dans l'explosion ?

Détournant un instant le regard comme reprendre ses esprits, elle le fixa à nouveau sur son camarade, cette fois bien moins un regard interrogateur qu'un regard compatissant... elle comprennait parfaitement. Sentant à quel point son équipier pouvait être troublé par ses révélations, Jenifer se pencha en avant et, posant sa main droite sur le genou du garçon, elle le fixa droit dans les yeux et lui dit d'une voix toute aussi troublée :

- Nous irons là-bas ensemble Nan', je te le promet ! Nous irons voir ta famille, ta soeur, même si pour cela nous devons emprunter le X-jet exprès ! Et je suis certaine qu'ils comprendront que tu n'avais pas le choix, car même moi je sais que tu n'aurais pas fait cela si tu n'y avais pas été obligé. Ne t'en fais pas. Ici tu trouveras toujours des gens qui t'accueilleront, te comprendrons... des gens... des gens qui t'aimeront.

Et sans pouvoir elle-même comprendre ce qui avait bien pu la pousser à faire cela, Jenifer se pencha encore un peu plus en avant, inclinant légèrement la tête et fermant les yeux, ses lèvres se posèrent doucement sur celles de l'algonquin.

Salon

Draena sortait, une clope éteinte au bec, jouant avec son briquet qui lui démangeait depuis au moins quelques heures.

Avec les lois anti tabac qui s'étaient durcis, il devenait difficile de pouvoir fumer tranquillement. Elle se dirige donc à l'écart et allume sa clope, espérant qu'aucun empêcheur de fumer se pointera.

Aspirant la première bouffée avec délectation. Sentant sa gorge picoter, puis ses poumons s'emplirent de cette toxine, se répendant dans l'oxygène de son corps, transporter ensuite jusqu'à son cerveau.

**Fumeur / mutant même combat... On lutte pour notre survie**

Regardant si Zia à suivie.

Un nuage de barbe-à-papa rose...

Voilà sur quoi Jen était en train de voler. Elle était perdue loin au dessus des nuages, comme si le temps et la pesanteur n'avaient plus aucune prise sur elle. Ce baiser sembla durer un temps infini. Elle sentait la douceur de ses lèvres et se laissait emportée.

Une légère secousse... quelque chose dans son dos... Son dos ?!

Ouvrant les yeux, elle se rendit compte enfin de ce qui se passait. Elle avait le visage à quelques centimètre de celui de Nan'... non il était collé au sien ! Ses lèvres...

Jenifer se recula brusquement. Ainsi en appui sur ses mains, elle regardait son équipier avec les yeux écarquillés. Elle resta plusieurs secondes ainsi, bloquée, le souffle court... Elle ne savait pas ni quoi faire ni quoi dire. Elle ne comprenait même pas comment elle en était arrivée là ! Elle l'appréciait beaucoup mais... pourquoi ?!

Elle tenta de bredouiller quelque chose mais son cerveau ne sachant pas lui même ce qu'elle devait dire, elle se contenta de :

- Je... tu... mais... je...

Bien souvent dans ces cas là, on souhaiterait disparaitre. Le problème avec Jenifer, c'est que c'est possible. Et c'est ce qui se passa alors qu'elle devenait de plus en plus transparente jusqu'à sembler être faite de cristal. Elle ajouta dans un souffle :

- Désolé...

Elle pensait avoir à se reprocher ce geste totalement irréfléchi, impulsif... tout à fait son genre en fait. Elle le regardait, elle se sentait proche, il semblait perdu, seul, et elle... elle ne savait pas.

Nan' finit par cesser de se poser des questions et se laissa aller à savourer ce baiser, mais il sembla que ce n'était pas le moment pour lui de goûter ainsi ce moment qui aurait dû être un peu plus magique. Jen s'était reculée et balbutiait à présent, confirmant à Nan' que ce geste n'avait rien de quelconque. Alors sincèrement mal à l'aise, ne sachant ni que faire ni que dire -étonnement...-, Nan' était comme figé dans l'espace, mais pas dans le temps. Alors que Jen devenait transparente, les petites brises qui soufflaient aléatoirement sur le parc -ou du moins dans leur entourage immédiat- s'éteignaient l'une après l'autre. Il n'avait pas remarqué que quelqu'un s'était installé, un peu plus loin, aussi à l'écart. Ni que les branches de l'arbre sous lequel il était ne ballotaient plus. Il se rendait peu à peu compte, proportionnellement à la disparition de Jen, que le baiser lui avait bel et bien apporté du réconfort et qu'il se sentait maintenant moins seul. Un peu. Beaucoup? Les deux à la fois, en fait. Seul de son origine, mais accompagné malgré tout dans sa vie.

Nova a écrit:- Désolée...

"Oups... ce doit être à mon tour de parler... Je dis quoi?"

Nanikana Adawe, être réfléchi, observateur parmi les autres, se laissant rarement aller à écouter ses impulsions (contrairement à son instinct...), devait réagir le plus rapidement possible à une situation à laquelle il n'avait jamais songé, été préparé ou quoi que ce soit.

Totalement déboussolé, et inhabitué à entendre quelqu'un dire qu'il était désolé aussi bonnement, les seuls syllabes qui parvinrent à sortir de sa bouche furent :

-Pourquoi?

Et voilà qu'il parlait à la femme invisible!

Ce fut particulièrement surprenant de voir à quelle vitesse Jen réapparut. Là où elle s'était éclipsé progressivement, elle redevint visible en un clin d'oeil. Le seul mot de Nan' avait suffit à remettre en question ce qu'elle pensait avoir compris de ce qu'il venait de se passer. Elle repensa aux derniers instants de ce baiser... si c'était bien Nan' qui lui avait tapoté le dos, alors pourquoi semblait-il serein lorsqu'elle avait rouvert les yeux ?

Une chose était pratiquement sure : le "pourquoi ?" de l'algonquin pouvait signifier qu'il n'avait rien trouvé de mal à son geste... mais était-ce bien la bonne traduction ou seulement celle que l'esprit troublé de la jeune mutante avait trouvé de mieux pour excuser son geste ?

Se remettant doucement droite, Jenifer l'air toujours aussi gênée bredouilla :

- Ben... euh... pour... enfin pour...

Incapable de décrire avec des mots dans l'état où elle était, elle se contenta de poser deux doigts sur sa bouche puis de les pointer vers son équipier.

* Bon sang mais qu'est-ce que t'as ! Tu l'as voulut après tout alors assume ma grande ! Si ça te dérange autant fallait y penser avant de le faire maintenant tu peux plus faire marche arrière alors va au bout de tes pensées que diable ! *

Jenifer prit une grande inspiration et chercha la force de fournir une réponse plus construite, il méritait au moins cela.

- Je ne sais pas ce qu'il m'a prit, je... j'ai pas réfléchi et j'espère que tu ne m'en veux pas, ça m'embêterait terriblement si à cause de ça... je tiens beaucoup à toi et... franchement je m'en voudrais à mort si tu m'en voulais ! finit-elle par dire, s'éclaicissant la gorge plus par un réflexe de timidité que par réelle nécessité physiologique.

Le pavé était lancé et elle observait de toute son attention la réaction du jeune algonquin. Son air toujours impassible n'était pas pour faciliter le décryptage pour Jen. Au moins ne l'avait-il pas repoussé mais est-ce que ce n'était pas simplement par respect qu'il lui avait... tapoté le dos ? Elle cherchait à en savoir plus sur lui et sur sa culture et ç'aurait été une bonne chose si elle avait pu savoir avant ce que son éducation en la matière pouvait être. Comment se vivaient les relations... "très amicales" dans son peuple ? Peut-être qu'on ne s'embrassait qu'après le mariage ou quelque chose du genre ?! Plus elle y pensait et plus elle prenait peur. Jenifer sentait un frisson monter malgré que plus aucun souffle d'air ne venait les caresser.

Salon

Prenant son temps, Zia finit par arriver dans le jardin. Comme tout était propre... On aurait dit qu'il avait été récemment entretenu. Ici pas d'odeur de poubelle, de mort ou de maladie...
Au loin, des jeunes se bécotaient. La jeune femme soupira, puis reprit sa marche lente vers Draena. Les effluves du tabac avaient été lâchées dans la nature.
Sans un mot, la créole taciturne tendit simplement la main vers le mégot, dans une attitude de "fais tourner" ancestrale. Chez elle, une cigarette était toujours partagée entre plusieurs bouches, et pour cause, le tabac pur restait de l'or en barres.

La pauvre Jenifer n'était pas vraiment rassurée par les... paroles de son équipier. Il semblait tellement impassible, et rien ne trahissait ce qu'il pouvait éprouver en cet instant. Mais après tout il ne fallait pas non plus s'attendre à des effusions de sa part. Et pourtant... elle aurait tant donné pour savoir ce qu'il avait éprouvé et ce qu'il éprouvait en ce moment même.

Il n'avait certainement pas compris la raison du frisson qui avait parcourru le corps de la jeune mutante, mais il restait Nan' et elle accueillit sa chemise avec un sourire emprunt de gêne et de plaisir à la fois. Nul besoin de mots pour exprimer les remerciements à l'algonquin, son sourire suffisait. Elle serra la chemise sur ses épaules, se retenant de sentir son parfum de manière moins discrète.

* T'es vraiment devenue folle ma grande ! T'as une case en moins ! Vas-y, jette-toi sur lui tant que tu y es ! Il aimerais peut-être... NAN ! Mais oh ! Arrête ma fille ou ça va vraiment mal se terminer ! Chui en manque à se point ou... ou c'est lui qui... waou... Rha mais dans quelle galère je m'embarque moi ! Vite... changeons de sujet si possible ! *

Essayant de faire comme si rien ne s'était passé ou tout du moins comme si l'incident était clos, Jen reprit la parole d'un air presque naturel :

- En ce moment je fais le même cauchemar presque chaque nuit, ça me tracasse vraiment. Je me vois au milieu d'un paysage dévasté, les arbres et tout autour de moi est brûlé ou tranché net. C'est vraiment un paysage horrible ! Et je suis au milieu de tout ça et... sans vraiment pouvoir expliquer pourquoi ou comment, je sais que c'est ma faute, que je suis la responsable de ce massacre... Tu sais faire des... comment ça s'appelle déjà... des pièges à cauchemar ou quelque chose comme ça ? Si tu veux bien on pourrait faire ça cet aprèm et en plus tu pourrait en profiter pour me parler de ta culture vu que tu as évité le sujet.

Se levant d'un bond, un large sourire sur ses lèvres, les yeux pétillants de joie, Jenifer tendit la main à son camarade en disant :

- Viens ! Il faut en profiter avant de partir en mission d'exploration avec ce cher professeur... ce dernier mot prononcé avec une lueur de malice dans le regard.

Nan' n'avait certes pas oublié la requête de Jen, mais le baiser l'avait légèrement déstabilisé... seulement légèrement... Mais ce qu'elle lui demandait lui semblait impossible. C'était comme définir une couleur à un aveugle, un son à un sourd, ou dire comment on se sent quand on est un homme versus quand on est une femme. Expliquer ses coutumes, son mode de vie, ses traditions, quelque chose d'ancré au plus profond de son âme, de vécu à chaque moment, d'irréfléchi et habituel. Et il devait le décrire, alors qu'il n'avait qu'une vague idée des différences entre son peuple et ceux de Jen, Tim, Pablo et tous les autres... Si il avait posé la question à Jen, qu'aurait-elle répondu? Aurait-elle peiné autant que Nan' à se décrire? À confirmer son identité?
Confirmer son identité. Nan' vivait au nord d'une province en crise identitaire depuis sa création, et malgré la distance, il en avait parlé et, à présent, semblait ne pas y avoir échappé.

Il jeta son regard d'acier dans celui de Jen, semblable aux feuilles des êtres à la sixième lune...

-Demandes-moi, je ne sais pas quoi dire.

Et il se leva à la suite de Jen, qui parlait déjà de confectionner un attrapeur de rêve. Elle semblait le vouloir à l'instant et l'algonquin se rendit compte, à ce moment précis, comment la patience était une vertue abandonnée sur sa "terre d'accueil". Il glissa ses doigts entre ceux que lui tendaient Jen et l'attira plus à l'intérieur du boisé en hochant la tête pour montrer qu'il l'avait comprise.

-Cela prendra au moins trois jours à confectionner, et la première étape est de trouver un rameau qui te vas bien.

Et cette étape était fort complexe et probablement plus exigeante encore que de choisir la coiffure et la tenue appropriée pour un bal, il s'agissait plutôt de trouver le partenaire idéal pour un bal qui durerait maintes nuits, des années durant! Mais Nan' n'ayant jamais entendu parler de bal ne songea pas à cette comparaison.

-Trouves un arbre sous lequel tu te sens en harmonie et demande-lui la permission de lui prendre un rameau. Je te conseille un noisetier. Ou un tilleul... Il me semble que ça ressemble à ta personne...

[HJ : C'est mon dernier post avant le saut temporel... tu pourras dire que t'as trouvé si tu veux ]

Draena donna simplement la cigarette à peine entamée à Zia et attendit son tour en regardant le ciel, le jardin et les alentours.

C'est sans mots dire, qu'elle fume en repensant à cette folle journée, et tout ce qui c'était passé depuis la Nouvelle Orléans.

En fin de compte, elle était heureuse d'être ici, d'avoir trouvé des personnes comme elle, qui pourrait comprendre ce qu'elle ressentait.

Une fois la clope terminé et en parlant de tout et de rien (Si Zia suit), elle retourne dans l'institut.

HJ : Je termine ma journée ici.

Jenifer et Nan passèrent une grande partie de l'après-midi à chercher l'arbre. Jen avait pratiquement oublié le trouble qui avait précédé.

Lorsqu'elle finit par découvrir un arbre, elle se tourna vers l'algonquin et lui dit en caressant l'écorce :

- Celui-ci... il est plus jeune que les autres et pourtant... il doit se battre pour arriver jusqu'à la lumière. Il est très courageux.

La fin de la journée se passa normalement, ou presque car il fallait se préparer au départ...

[HRP]C'est bon on peut clore.