[X-Rays 2.8] Retour de mission : La mort donne faim ?

[ terrain de sport]

Jonas avait mis quelques minutes a rejoindre la cuisine, il n’était guère presser et cela lui avait donné l’occasion de réfléchir a ce que serait son menu, a Kitty, que pouvait-elle faire en ce moment ? Elle avait semblé pressée de quitter le terrain, à River, s’en sortait-elle ? Il espérait qu’il ne lui arriverait rien, pourvu qu’elle soit prudente… Arrivé devant la cuisine, il remarqua un jeune homme qui semblait attendre quelque chose, il n’avait pas encore eu l’occasion de le rencontré, il s’approcha donc.

« Salut, moi c’est Jonas, et toi ? » Demanda-t-il à Alixtide, après tout, c’était l’occasion de rencontrer quelqu’un d’autre à l’institut, autant en profiter.

Sortant ses mains des poches de sa veste coupe-vent, il la tendit au jeune homme, mieux valait démarrer sur un bon pied, après tout, il ignorait combien de temps il vivrait ici, il valait donc mieux éviter de se faire des ennemis, même si avec certains, c’était déjà le cas.

« Tu attend quelque chose ? » Ajouta-t-il, curieux de savoir ce qu’il pouvait faire ainsi.

Cassandre avança jusqu’au milieu de la pièce, sous le regard médusé de Lucas qui n’en revenait toujours pas. Il l’avait suivie des yeux dans son court déplacement, et tout, sa démarche comme l’aura qui se dégageait d’elle, plaisait à un point étonnant chez Lucas. Lorsqu’elle lui adressa la parole, d’une voix désinvolte et aimable, Lucas faillit défaillir. Les courbes souriantes des lèvres de la psychologue avaient capté toute son attention, et il s’était pendu à elles en écoutant avec ravissement le doux son de la voix de la créature enchanteresse. Il sentit même son cœur manquer un battement lorsqu’elle prononça son prénom. Tout son corps tressaillit en un frisson lui parcourant l’échine.

*Comment se peut-il qu’elle connaisse mon nom ?*

Il y eut alors quelque secondes qui passèrent sans que rien ne survienne, et où un silence relatif envahit la cuisine. Lucas restait là, sans se rendre réellement compte qu’il instaurait ce silence par son manque de réponse. Après un court instant, il s’en rendit compte, et cligna des yeux deux fois, comme pour s’assurer qu’il n’était pas en train de rêver. Non, il n’était pas assoupi et en train de faire le songe le plus plaisant qui soit. Cassandre Deneos était bel et bien devant lui, si belle, et il prit conscience de la situation.

Aussitôt, ses joues s’empourprèrent et il baissa les yeux au sol, avant de les relever vers le visage divin qu’il admirait maintenant sans cesse depuis que son regard l’avait croisé. Il s’approcha, d’un pas, vers la psychologue, et balbutia un instant pour répondre enfin quelque chose et prendre un peu de contenance, même s’il fut maladroit.

« Heu… Oui… Lucas, oui… »

*Oulà… Il faut que je me calme… Pas de stress, il faut respirer…*

Il prit une grande inspiration qu’il libéra presque aussitôt par un long souffle après lequel il reprit la parole, toujours aussi rouge et gêné, mais plus confiant dans ses paroles. Vainement, il essaya de faire abstraction de l’attraction naissante qui apparaissait envers la psychologue.

« C’est au sujet d’Alixtide, si vous le connaissez… Il a cet après midi tenté de mettre fin à ses jours en avalant un bol de détergent et… d’autres choses peu recommandables. Je l’en ai empêché, mais j’ai peur qu’il recommence. Je pense que ça serait une bonne chose que vous lui parliez, vous savez certainement les mots qu’il faut… »

Puis, soudain, la vision de Malik apparut dans son esprit. Sa dette envers lui n’était pas payée, et il se devait de respecter l’engagement qu’il avait pris auprès de celui grâce à qui il avait connu l’existence de l’institut… Qui d’autre que la psychologue pouvait mieux savoir ?

« Et…Sinon, vous ne connaîtriez pas une certaine Alyssandre ici ? »

Il entra alors dans un mutisme respectueux, pour laisser le temps à Cassandre de répondre, alors qu’il ne cessait de la regarder fixement, ému par elle et ce qu’elle faisait naître en lui…

Cassandre patienta sans bouger jusqu'à ce que Lucas se décide à parler. Il avait l'air hésitant... Mais les craintes du jeunes hommes parvinrent cependant à la dérider un peu. Elle réprima un sourire amusé.

"Oh, oui je connais Alixtide, mais Camille a raison, c'est dans sa nature de mutant d'agir ainsi, il n'y a aucune inquiétude à avoir, il est en parfaite santé, même si je conçois que le voir ingérer ce type de liquides peut être... déconcertant. Tu viens d'arriver je crois ? Il va falloir t'habituer à ce genre de petits détails." répondit-elle calmement. Elle parut surprise d'entendre le prénom d'Alysandre. Cela faisait un moment qu'ils étaient sans nouvelles, depuis que la jeune femme était repartie en France au chevet de son père.

"Alyssandre ? Si, elle a passé quelque temps à l'institut, mais elle est en France en ce moment. Tu la connais ?"

Avant que la délicieuse psychologue ait eu le temps de répondre, Camille se décida à bouger après avoir terminé une Xième canette. La jeune fille arriva près de Lucas et attira un instant son attention, brisant le lien qui était presque en train de se consolider entre les yeux du jeune mutant et celui de Cassandre, tellement le regard qu’il lui avait porté était fort et insistant, béat d’admiration.

Ainsi, Camille lui expliqua qu’il ne fallait en aucun cas s’inquiéter pour Alixtide, puisque manger ce genre de machins chimiques et repoussants faisaient partie de son pouvoir. Étrange mutation génétique qu’avait du être la sienne, et Lucas se demandait comment il arrivait à vivre ainsi, imaginant assez peu le goût du savon ou de l’eau de javel dans sa bouche. Avec un sourire gêné et quelque peu timide, il opina de la tête aux dires de la jeune fille, qui sans doute avait remarqué son trouble, puisque depuis le début de la matinée, c’était la première fois qu’il la voyait sourire. Le rouge de ses joues se marqua encore plus lorsqu’il prit conscience que la manière dont il reluquait la prof était peu discrète, et il détourna le regard de la jeune fille à l’instant où Cassandre reprenait la parole pour confirmer les dires de Camille.

Ainsi donc, Alixtide n’avait pas eu d’envie suicidaire, et Lucas s’était laissé dévorer par son imagination visiblement trop fertile. Il se sentit un peu bête d’avoir réagi comme ça, le mutant aimant les déchets ayant du le prendre pour un illuminé un peu exagéré sur les bords.

Mais la voix de la psychologue lui fit à nouveau attirer le regard sur elle, et encore une fois, il ne put s’en décrocher, souriant béatement en la contemplant dans son court discours.

*Qu’elle est belle…*

Lorsque ce fut à son tour de répondre, Lucas fut un peu pris au dépourvu, et même s’il avait écouté attentivement la moindre parole de la psychologue, il ne sut que répondre sur le moment, et hésita à nouveau, timide et toujours aussi perturbé, les joues carrément cramoisies par le sang qui lui montait au visage, et conférait à son corps une chaleur importante.

« Oui, je m’y habituerai… Promis… Je ne connais pas Alyssandre non, mais un mutant français du nom de Malik, celui grâce à qui je suis ici aujourd’hui, la connait et m’a demandé de lui remettre son bonjour et toutes ses bonnes pensées. C’est également grâce à lui qu’elle était venue ici, d’après ce qu’il m’a raconté… Il m’avait fait promettre de lui donner de ses nouvelles. Vous ne savez pas quand elle reviendra ? »

Alixtide en était à envisager des cambriolages en série dans le linge sale des chambres de l'aile des garçons, quand l'interrompit un élève fort courtois. Sans doute un bleu qui venait se faire bien voir des autres élèves. Il était dommage que l'Institut ne prévoit pas de bizutage en règle pour les nouveaux mutants. Ce pourrait être très drôle, et à coup sûr une activité permanente vu le flux et reflux des jeunes débarqués du vrai monde.

L'haleine fleurie de détergent, Alixtide répondit avec la même cordiale courtoisie à son vis-à-vis, tout en lui serrant la paluche avec conviction.

"Salut enchanté, je suis Alixtide mais les profs m'appellent Monsieur Pitre. Ben tu vois j'attends ici qu'un ami fasse la place nette dans la cuisine. Hé oui il faut une sorte de deuxième service pour les mutants qui ne mangent pas de ce pain là. J'espère que ça tombe bien pour toi aussi. C'est pas tous les jours qu'on tombe sur quelqu'un de bonne volonté comme Lunas, heu Jocasse, heu enfin le démélange de vous deux quoi. Ah purin, j'ai une de ces faims."

Il soupira, se souvenant que la prof de philo était là aussi normalement, selon les dires de la mutante balance. Il crut bon d'en informer le jeune novice.

"Fais attention, si la prof de philo sort. Enfin elle est très gentille, mais quand elle a pas, si jamais elle a pas ses lunettes, elle tue les gens avec son regard. Oui oui ... y'a toujours de la vigilance à avoir ici. Mais Madame Fleury se contrôle bien, à ce que j'ai compris depuis son massacre du camp Saint Bernard. Bref ... heu ... ça serait bien qu'ils aient fini ..."

*Et pourquoi il nous enferme dehors Lucas d'ailleurs ? Purin ...*

Il haussa les épaules à l'adresse de Jonas, soupirant d'impatience.

Jonas s’écarta un peu lorsque le jeune OryX ouvrit la bouche, il fit un peu d’air devant son nez avec sa main, comment pouvait-on avoir une telle haleine ? Une fois qu’il eu reculé de quelques pas, il regarda Alixtide.

« Pouah… Qu’as-tu mangé pour avoir une telle haleine ? Trente oignons ? » Demanda-t-il en grimaçant.

« Et qu’entend-tu par place nette ? » Ajouta-t-il, en continuant de s’aérer.

Il regarda ensuite la porte de la cuisine, puis revint sur le jeune mutant lorsqu’il lui parla de la prof’ de philo, un massacre au camp Saint Bernard ? Tuer avec le regard ? Il dévisagea Alixtide, comme si celui-ci venait de lui expliquer qu’une bombe atomique allait exploser sous l’école.

« Je… Euh… Ferait attention… » Dit-il, peu rassuré par les dires d’Alixtide.

« Je vais…Euh… Entré, mais j’éviterai de la regarder alors… Je ne tiens pas à être exterminé… Tu entre avec moi ?» Finit-il.

Il préférerai qu’il lui dise oui, surtout après ce qu’il avait raconter sur la prof’, était-elle vraiment si dangereuse ? Jonas espérait qu’il se trompait, mais qui sait ? Il avait déjà vu pas mal de choses étrange ici, et il n’était plus à sa près…

"Je vois..." répondit doucement Cassandre après avoir entendu l'histoire de Lucas. Ce Malik semblait être un allié discret mais efficace, le genre d'alliés qu'on aimerait plus avoir les jours où les responsables de l'Institut disparaissaient par exemple.
Elle se souvenait du départ de la mutante française comme si c'était hier. En réalité, cela faisait peu de temps qu'elle était partie, juste après l'expédition de sauvetage au Camp Labrador à laquelle elles avaient toutes deux participé. Cependant les événements s'enchaînaient si vite à l'institut que Cassandre avait l'impression d'y être psychologue depuis des mois.

"Elle n'en savait rien elle-même lorsqu'elle est partie. Elle m'a simplement dit qu'elle reviendrait quand elle aurait fini ce qu'elle avait à faire en France." répondit-elle, sans précision la raison du départ d'Alyssandre, après tout, ça ne regardait qu'elle.

"Je te tiendrai au courant quand j'aurais de ses nouvelles, tu pourras lui faire la comission en personne." ajouta-t-elle, avant de se détourner vers la porte.

"Si quelqu'un a besoin de moi, je suis en salle de briefing." indiqua-t-elle pour prendre congé des deux élèves. Elle ouvrit la porte et s'arrêta net comme si elle voyait les deux élèves qui étaient plantés de l'autre côté.

"Quelle surprise, Alixtide !" dit-elle avec un soupçon de taquinerie. Quand bien même elle n'aurait pas son pouvoir, son odorat aurait détecté sa présence à plusieurs mètres à la ronde.
Elle passa entre les deux garçons, et prit la direction du sous-sol.

Salle de briefing

*Trente oignons ? Mais non puisque c'est de la lavande aux senteurs marines ...*

Il darda un regard perplexe au jeune nouveau, dont l'odorat semblait si peu expert. Ce brave allait rentrer dans la cuisine, lorsque sortit Cassandre, sans lunettes et toujours aussi cadavérique. Heureusement Alixtide ferma les yeux au quart de tour, et détourna même le visage, au cas où.

*On me fera pas croire qu'elle est aveugle, purin.*

"Heu oui quelle surprise vous aussi ..."

Bredouilla-t-il en entendant avec soulagement les pas de la prof de philo s'éloigner. Il se risqua à ouvrir les yeux au moment où sa silhouette disapraissait dans le virage du couloir. Il demanda à mi-voix à Jonas.

"J'espère que tu as bien évité de la regarder et qu'elle te regarde en même temps. Peut-être que la mort se déclare plus tard."

Il haussa les épaules, signifiant par là son ignorance sur la question. La pensée d'Alixtide se tourna alors vers Cassandre, Juliette, et l'impossibilité béante de réussir la mission. Il avait encore eu des frissons rien qu'en croisant la psychologue fantôme.

*Et si je disais à Juliette qu'il me faut un autre contrat, que celui-là est impossible, que la prof est toujours malade, ou toujours absente, ou toujours à lire dans le cerveau des gens, ou toujours avec des problèmes sûrement très importants, et que donc j'aurai aucune chance de capter son attention plus de deux secondes pour dire des compliments ... Parce qu'en plus, même si Juliette est sa préférée en classe, dans la vraie vie, la prof s'en fiche sûrement pas mal ... Alors que je vienne lui parler d'elle ... pfff ... Oh purin ... ça va l'évanouir d'ennui ...*

Ce qui était sûr c'est que parmi toutes ces bonnes excuses, il faudrait en choisir une seule. Sinon ce ne serait pas crédible. Le plus urgent était de manger. Plus tard, on établirait un autre plan pour tenter une autre approche. Parce qu'il ne fallait pas si facilement s'avouer vaincu avec Juliette.

Alixtide se posta derrière Jonas et lança avec gravité.

"Ok on entre ? Je suis le responsable du frigo moi ici."

Jonas tomba en arrière en voyant une jeune femme finissant ainsi sur les fesses, surpris, sans doute était-ce la prof’ dont il avait parlé, celle capable de tuer d’un seul regard, d’exterminer d’un seul coup d’œil, sans réfléchir, Jonas baissa le regard et attendit que cela se passe, espérant qu’elle ne le regarde pas. Une fois la psychologue s’éloignant, il se releva, en soufflant, comme si il venait d’échapper à la mort.

« Je l’ai pas regardée… sauf ses pieds…Je risque rien, j’espère? » Demanda-t-il, anxieux.

Il jeta tout de même un coup d’œil à la psychologue de dos, elle ne semblait pas dangereuse à voir comme cela… Mais il savait mieux que quiconque qu’il ne fallait pas se fier aux apparences, surtout ici.

« D’accord… On y va. » Répondit-il, en entrant dans la cuisine.

Une fois entré, il se dirigea immédiatement vers le frigo qu’il avait déjà visité une fois, l’ouvrit et en sortie un berlingot de lait, avec tous ses événements, il avait eu le temps de réfléchir a ce qu’il prendrait comme gouter. Il versa le lait dans un verre puis se tourna vers Alixtide.

« Tu en veux ? » Lui lança-t-il en montrant le berlingot.

La douce voix de Cassandre faisait l’effet de miel qui coulait lentement au fond de la gorge du jeune mutant, une sensation chaude de bien-être plaisante et rassurante. Elle assura à Lucas qu’elle ne savait pas où se trouvais la dénommée Alyssandre… Tant pis, il la contacterait plus tard. Au moins, il était assuré qu’elle était bien arrivée à l’institut, ce dont Malik semblait s’inquiéter. La psychologue promit aussi à Lucas de le recontacter dès qu’elle aurait des nouvelles, et bien sûr, l’idée de revoir ou d’entendre à nouveau la douce voix de la séduisante Cassandre Deneos le fit voleter sur un petit nuage perdu dans les nimbes de son esprit ravagé de bonheur par cette entrevue courte, mais tellement plaisante, revigorante. Car oui, l’entretien magique était bientôt terminé, et la belle se tourna vers la porte et de sa démarche féminine tout à fait craquante prit congé de Lucas et de Camille.

Lucas restait là, sans rien dire, la main levée dans un vain signe d’au revoir à celle sur qui il avait flashé, aussi surprenant que ça puisse paraître. Il avait à peine su esquisser un

« Ok… »

Si faible qu’il ne sut si Cassandre avait bien entendu. La déesse au corps parfait, dont Lucas regardait maintenant l’arrière, les yeux dans le vide et l’esprit embrumé, passa la porte et disparut dans les sombres couloirs de l’institut, laissant entrer à sa place la putride odeur d’Alixtide, que Lucas, perdu dans ses pensées bienheureuses, ne remarqua même pas. Il resta là, debout, sans bouger, la main levée et un peu recroquevillée sur elle-même, un sourire béat et stupide aux lèvres, les joues roses et l’œil satisfait. Sa rétine avait imprimé en son cerveau la moindre parcelle de ce qu’il avait vu de cette créature de rêve, et cette image ne se décrochait pas de lui, même quand Jonas entra pour se servir dans le frigo.

Il ne se sentit pas plus gêné non plus par la présence de Camille à ses côtés, ni même celle d’Alixtide sur le seuil de la porte. Mais c’est alors que dans son esprit, il y eut un déclic.

*Camille… Alixtide… Oh non !!!*

Il se rendit compte que les deux antagonistes allaient très certainement se rencontrer, et qu’en plus, il avait failli à sa mission, puisque la délicieuse psychologue était partie vaquer à ses activités, femme prise qu’elle était très certainement. Avec les joues rouges et un air gêné, il se tourna vers la jeune fille et lui souffla :

« Pas un mot de tout ça, et on gardera de bons contacts ! »

Ce n’était pas une menace, loin de là, puisque jamais il ne serait venu à l’esprit de Lucas de faire du mal à quiconque, mais il préférait que personne ne sache rien du trouble qu’il avait eu en voyant Cassandre. Et il ne doutait pas une seconde que Camille l’avait observé, et avait compris l’intérêt peu discret qu’il portait à la psychologue. Les deux nouveaux arrivants n’avant vu que son air bête, il essaya de se redonner contenance avec une apparence plus ou moins normale, et relégua l’image alléchante de Cassandre au plan des pensées, se concentrant à nouveau sur la réalité, maintenant que le rêve était passé.

Il salua brièvement Jonas, qu’il ne connaissait pas, avant de s’avancer vers Alixtide d’un pas peu franchouillard.

« Heu…Désolé Alix… Je pense que tu n’auras pas ta discussion avec la psy aujourd’hui… Mais ce n’est rien, puisque tout va bien ! Hein ? Fais gaffe sinon, Camille est dans la place… »

Alixtide remarqua la présence de la fougueuse Bretonne, et imprima un léger recul, hésitant sur la conduite à tenir. Il l'évita du regard pour se concentrer sur la date de péremption de la brique de lait.

*Est-ce qu'elle me déteste toujours ? Est-ce qu'elle a oublié ? Est-ce qu'elle va m'envoyer un truc à la figure ? Crier ? Me gifler ? Raconter une blague ??*

Il s'avoua totalement incompétent pour prévoir sa réaction. Il décida donc que lui n'avait rien à se reprocher, qu'il avait fait le maximum pour se racheter d'une faute imaginaire, qu'il était plus la victime qu'autre chose, qu'il était aussi un client floué, et donc qu'il n'avait à rougir de rien. Quand les filles ont leurs humeurs il est inutile de chercher une logique.

*Il faut ployer comme le roseau dans les lames de la moissonneuse.*

Ignorant donc Camille avec une froide philosophie, il refusa cordialement d'un geste de la main la proposition de Jonas. Il attendit que ce dernier en ait fini avec le frigo et répondit.

"Tu risques rien à croiser ses pieds. Seuls les yeux sont dangereux. Surtout sans lunettes."

Puis il accorda son attention à ce cher Lucas, qui tenait des propos pour le moins incohérents. Alixtide ouvrit de grands yeux.

"Tout va bien ?? Tu trouves ça toi ? Chaque jour que je passe sans parler à la psy, c'est un peu plus de mon espérance de vie qui passe dans l'autre moitié du sablier ! C'est une catastrophe pure et simple. Ralala ... Tu ne connais pas encore Juliette. Elle est capable de mener ta vie en enfer. Mais enfin de toute façon, j'aurai pas pu parler ici dans cette cuisine ouverte aux quatre moulins à tout le monde. Je dois attendre la chance de trouver la psy dans son bureau. Hé, je sais bien que t'as fait du mieux possible. Merci d'ailleurs."

Il fit un clin d'oeil, et plongea à son tour dans le frigo afin d'en extraire les aliments périmés. Il ne se faisait pas d'illusions, vu qu'il l'avait déjà épuré deux jours auparavant. Il soupira donc devant l'air froid qui lui enveloppait le visage. Il se leva, referma la porte vivement, contourna la Bretonne aigrie et fouilla directement dans la poubelle.

"Purin avec toute l'eau que t'as mis dans ma soupe, faut vraiment que je trouve de quoi épaissir ..."

Gromella-t-il du fond du sac.

Ignorant de quoi parlais les deux jeunes mutants, Jonas continua sa préparation de gouter après qu’Alixtide ai refusé sa proposition, il remit donc le lait à sa place et refermit le Frigo, se dirigeant ensuite vers l’armoire, qu’il ouvrit et dont il sortie une boite de biscuit, la refermant par la suite et s’installant à table avec son lait et ses biscuits.

« Je suis rassuré… » Répondit-il à Alixtide, lui confirmant qu’il ne risquait rien.

Il grimaça alors qu’Alixtide était entrain de fouiller la poubelle, que pouvait-il chercher ? Avait-il perdu quelque chose ? Jonas se le demandait.

Puis il se concentra sur Lucas, réalisant qu’il ne s’était pas encore présenté.

« Salut, je m’appelle Jonas. » Lui dit-il.

«Et toi ? » Ajouta-t-il, en lui tendant la main.

« Qu’es que tu fait dans la poubelle ? » Demanda-t-il finalement.

Il commença ensuite à manger, buvant son verre de lait par intermittence, ignorant Alixtide, et ne se doutant pas que ce qu’il cherchait n’était autre que son repas.

Alixtide entra enfin dans la cuisine en répondant à Lucas des choses confuses et incompréhensibles, comme souvent avec lui. Il lui parla à nouveau de cette Juliette qu’il ne connaissait pas, de sa vie qu’il compara à un sablier, de la psy qu’il ne croisait jamais dans son bureau et des efforts que le jeune mutant avait faits pour l’aider. Encore sous le choc de sa rencontre avec Cassandre, qu’il voyait toujours très nettement en image dans son esprit, Lucas se contenta de hocher gentiment la tête en observant les personnes présentes : Camille, qui observait sans se prononcer, ou du moins jusqu’ici, Alixtide, qui regarda dans le frigo après sa réponse, pour ensuite plonger littéralement dans la poubelle à la recherche de denrées rares qu’il semble tant affectionner. Il accusa même Lucas d’avoir mis trop d’eau dans sa gadoue horrible aux relents de déchets purulents. Enfin bon… S’il aimait ça, c’était son problème. Il penserait à lui lorsqu’il verrait de la nourriture putréfiée, et peut-être même qu’il en rapporterait un bout au mutant puant.

Le laissant à ses fouilles archéologiques en quête de nourriture avariée, Lucas se tourna vers le nouveau venu : Jonas, qui se présenta à lui après avoir lui aussi fouillé le frigo pour en sortir un berlingot de lait. Lucas prit la main qui lui était tendue en signe de présentation, et dit à son tour son nom.

« Moi c’est Lucas, enchanté ! »

Mais le Jonas en question reporta vite son attention sur le garçon dans la poubelle, se demandant ce qu’il pouvait bien faire. Lucas sourit joyeusement à sa réflexion, puisque le matin même, c’est lui qui était pris au dépourvu quand aux mœurs étranges d’Alixtide.

Il se dit alors qu’il était bientôt l’heure d’aller se coucher, et il n’eut pas réellement envie de rester plus longtemps avec les autres. Il avait besoin d’être seul pour se remettre en question sur sa réaction de ce soir face à la psychologue…

Avec un sourire, il salua les personnes présentes.

« Bon, moi j’y vais ! À demain tout le monde ! »

Puis il quitta la pièce après un dernier signe, les pensées uniquement tournée vers une personne : Cassandre Deneos…

Chambre de Niko et Lucas

Alixtide ne trouva rien dans la poubelle, et seule resta la question incongrue de Jonas. Il soupira, ignorant toujours royalement Camille.

"Dans la poubelle ... pfff ... ben y'a même pas un petit cafard en détresse."

Il ramassa quand même, dans un pot de yaourt vide, de la poudre de café humide constellée de nouilles et autres restes alimentaires. De l'autre mains il retira un mouchoir usagé et trois feuilles de salade. Il garda tout ça maladroitement dans les mains, contourna Camille comme s'il se fut agi d'un poteau indicateur encombrant, et repassa devant Jonas.

"Les cafards, c'est bien non ? Moi c'est mon animal préféré, après le porc. Je suis éleveur de porcs. J'ai terminé mes études éh oui. Mais c'est pas avec les ordures toutes propres de l'Institut que je vais pouvoir commencer à élever les cafards ... Pfff ..."

Il jaugea du regard le nouveau tandis que les pas de Lucas s'éloignaient dans le couloir. Ce garçon avait l'air tout à fait normal comme un humain normal. Et pourtant ... il pouvait couver un pouvoir horriblement destructeur. Voilà ce qui était excitant à l'Institut : on ne savait jamais sur quelle bombe humaine on pouvait tomber. Alixtide sourit à son camarade erreure de la nature avec une cordiale compassion. Il fallait le mettre à l'aise ce pauvre bougre.

"Je demanderai à River. River attire les cafards."

Il regarda autour de lui, confiant. L'eau de la vaisselle de la prof était tentante, mais il s'en détourna. Il y avait assez d'eau comme ça dans le seau du salon.

saut temporel !

Jonas écouta les réponses d’Alixtide, écarquillant les yeux d’étonnement, il souhaite élever les cafards ? Était-il fou ? En tous cas, c’est ce que commençait à croire Zembla, encore des porcs, des chats, des chiens et tous les autres animaux il comprendrait… Mais des cafards.

Le jeune JustiX grimaça en voyant ce que sortait le jeune OryX de la poubelle… Que comptait-il en faire ? Jonas ne souhaitait guère le savoir, mais cela lui retournait l’estomac et lui coupa litteralement l’appetit.

Se levant et regardant une dernière fois Alix, il commença à ranger ce qu’il avait sortie et vida son verre de lait dans l’évier, il ne pouvait définitivement plus en boire la moindre gorgée, puis il se tourna vers l’OryX.

« Je vais aller me coucher, et je suis désolé de ne pouvoir t’aider avec tes cafards… Mais je n’ai pas encore réussi à me transformer en insecte… » Répondit-il finalement en faisant un signe de main et en quittant la pièce.

[ Saut temporel]