[NeXus]2.13 Sang d'encre

Alice examina la lettre, incrédule.

"Qu'est-ce que c'est que cette histoire... Qui double qui dans cette affaire ? Plus j'en apprends et plus ça me paraît incroyable..." dit-elle pensivement en étudiant les mots.

"Si les destinataires de cette lettre ne font qu'un avec mes poursuivants de la CIA... Alors Bishop fait affaire avec eux tout en s'assurant quelques billes incognito."

"Le périphérique..." reprit Alice d'une voix lointaine. "Le périphérique !" s'écria-t-elle après quelques secondes.

"Vous avez retrouvé ma carte mémoire ?!" s'exclama-t-elle, le visage soudain plus dégagé, les yeux pétillants.

"Alors ils ne nous ont pas tout pris !"

Elle se laissa aller dans sa chaise, comme épuisée.

"J'y ai stocké tout mon projet d'article sur cette affaire. Les photos, ces photos que j'ai prises sans votre consentement, étaient destinées à appuyer mon enquête quand j'aurais assez de preuves pour dévoiler tout ça au grand jour."

Elle écouta les révélations de William. C'était bien pire que tout ce qu'elle avait imaginé en dérobant ce sang.

"C'est abominable..." murmura-t-elle, avant de jeter un regard consterné à Robin.

"J'imagine que si on parle de moi dans ce dossier et qu'on m'a fait passer pour morte, je suis dans de beaux draps à présent ? Et ces clones, qu'est-ce qu'on peut faire ?"

Toujours debout, Cassandre laissa planer la question d'Alice un moment, pendant qu'elle réfléchissait.

"A priori... je dirais que si l'on vous a fait passer pour morte, votre vie fait déjà partie du passé pour les deux factions concernées... Ils n'hésiteront sûrement pas à réellement se débarrasser de vous maintenant que vous représentez une nuisance et que vous ne leur êtes plus utile. En restant ici... vous êtes en danger, mais nous le sommes également."

Elle se tut à nouveau, les yeux perdus dans le vague.

"Nous avons un contact dans la police londonienne, vous pourriez peut-être le rejoindre et attendre que cette affaire se tasse. Je crois malheureusement que votre quête s'achève ici, mais si vous avez vraiment stocké vos informations sur cette puce, laissez-nous prendre le relais en nous donnant les codes d'accès... J'ai une petite idée de ce que nous pourrions en faire..." dit-elle pensivement, une expression presque amusée sur les traits. Visiblement, elle avait quelque chose derrière la tête.

"Pour l'heure, allez tous vous reposer. William, merci de ton aide. Je ne sais pas ce que tu as prévu, mais tu es le bienvenu ici autant que tu le voudras."

Elle attendit que les présents commence à se disper, se pencha vers Olivier qui était resté silencieux durant le briefing et lui glissa à mi-voix :

"Il faut qu'on parle..."

Après quoi, elle appela Frank quand qu'il ne quitte la pièce.

"Frank, je voudrais te parler." lui dit-elle simplement en attendant qu'il la rejoigne.

Myou se sentie griser (puisque c'est la couleur de son sang... !) au clin d'Ivy, et se leva d'un bond. Ca voulait dire quoi ? Qu'elle ressentait un point commun entre elles ? Et puis quoi encore ? Non, elle avait décrété que sa peau à elle resterait N-O-R-M-A-L-E ! ... Du moins ce qui pouvait encore l'être !

Tout d'un coup assez furieuse, elle décida de sortir prendre l'air dans le hangar. Le monde, c'était vraiment pas pour elle. Surtout quand elle essayait de cacher sa curiosité devant une fausse colère d'enfant indécise...

"On a les échantillons, grâce à William... et Léo"

Il préférait rendre les mérites à chacun sur ce coup là, lui s'était retrouvé collé au mur comme un imbécile.

"Mais ils ne nous servent pas à grand chose."

Les explications de William menaient l'affaire encore plus loin que ce qu'ils en avaient vu. Tous les zombies n'étaient peut-être pas des clones, à commencer par un des deux Jon Parker...

*On aurait du les ramener avec nous*

Non, c'était stupide... Ils n'avaient pas vraiment l'air de vouloir les suivre de toute façon.

"Pour l'heure, allez tous vous reposer. William, merci de ton aide. Je ne sais pas ce que tu as prévu, mais tu es le bienvenu ici autant que tu le voudras.
Je crois que tu as perdu ton job de toute façon... Il reste pas mal de lit de libre et on est mieux ici que dehors !"

Il avait le pressentiment qu'ils recroiseraient les types en noir, et il vaudrait mieux être capable de serrer les rangs à ce moment là.

Et puisque Cassandre les congédiait, il se dirigea vers la sortie avec les autres.

"En plus il y a écran géant dans le salon et ce soir il y a 'Alien vs Predator vs Terminator vs Robocop'. Ca serait dommage de manquer ça !"

Mais non; la psychologue n'allait le laisser partir comme ça.

"Je vous rejoins..."

Il alla se placer à coté d'elle, les deux mains dans le dos appuyé sur le dossier d'une chaise. Même si il se doutait que ce n'était pas nécessaire, il toussa légèrement pour indiquer sa position.
Il jeta un coup d'oeil vers la porte pour s'assurer que tout le monde sortait avant de soupirer.

"Je suis désolé de lui avoir crié dessus... Je sais bien qu'elle a vécu des trucs difficiles et tout, mais..."

Il leva les bras au ciel.

"Regardez le bordel que c'est maintenant... C'était déjà le bordel avant qu'on s'en mêle bien sur; mais au moins c'était loin de nous... C'était plus facile avant... Maintenant on est obligé de démêler tout ça; pas vrai ?"

Ses excuses étaient un peu bancale, mais sincère. Il s'en voulait de ce qu'il avait dit avant leur départ en mission. Son opinion sur la journaliste, en revanche, n'avait pas beaucoup changé. Elle restait à ses yeux une idiote capable de croire que rassembler des photos de l'institut pouvait les aider d'une façon ou d'une autre.

Cassandre attendit que la salle se vide avant de répondre au jeune homme, un léger sourire sur les lèvres :

"Ce n'était pas précisemment de ça que je souhaitais te parler, mais puisque tu regrettes, je suis sûre que la principale concernée serait intéressée par ce que tu viens de me dire..." sous-entendit la psychologue. Frank Dumphy formulant des excuses, c'était un fait assez exceptionnel pour être pris en considération. La tension qui avait habité l'équipe avant le départ de mission semblait avoir fait réfléchir chaque membre, Cassandre y compris.

"J'ai moi aussi des excuses à te faire. Tu n'avais pas totalement tort, j'ai été négligente. Ce que j'avais pris pour ma fatigue sur la précision du briefing... J'aurais dû tout suite m'en inquiéter et sentir un ou des mutants derrière mon incapacité à visualiser la pièce. Je ne referai pas deux fois la même erreur. Qu'on le veuille ou non, cette affaire nous touche. Plusieurs élèves sont impliqués, et les conséquences de ces expériences peuvent avoir un impact considérable sur notre sécurité à tous ici. Cette impression de distance que nous procure l'institut, nous devons nous en méfier. Nous faisons partie intégrante de ce qui se passe hors de l'institut, bien plus que je ne le voudrais d'ailleurs. Démêler tout ça avant que ça n'empire, c'est un risque que nous devons courir pour nous protéger tous." expliqua-t-elle calmement. C'était la jeune femme et non la psychologue ou le professeur qui parlait, et dans son propre mea culpa, elle s'était placée au même niveau que Frank.

"Etudier tous les aspects d'un problème, jauger le pour et le contre et opter pour le moindre mal, c'est une composante essentielle de ta responsabilité de leader, Gravity." poursuivit-elle, avec cette fois, un regard appuyé.

'... si toutefois, tu te sens toujours de l'accepter."

"Bah, je..."

Il ne s'était pas attendu à ça lorsqu'elle lui avait demandé de rester, mais il avait senti venir sa proposition alors qu'elle lui donnait son propre point de vue sur les relations institut-extérieur.
Il se serait bien jeté sur l'occasion, mais il avait la sensation de trahir Fabrisio. Un peu comme si on venait de lui agiter un nouveau jouet sous le nez avant de le lui retirer.
Il se gratta la nuque, un peu gêné.

"Il va falloir que je parle à Fabrisio."

Mais suivre ses ordres dans le labo avait de temps en temps un goût amer, et si quelqu'un devait savoir ce qu'il faisait, c'était bien Cassandre.

"Mais j'accepte, bien sûr."

Est-ce qu'il devait la remercier ? Il lui était reconnaissant, mais de là à lui parler franchement comme il venait de le faire.

"Je... Je vais rattraper les autres"

Une fois par jour, c'était un bon début. Il ralenti devant la porte, mais ne s'arrêta pas. Les autres étaient un peu plus loin dans le couloir, il pressa le pas pour les rejoindre.