[X-Rays 2.10]two o'clock tea

Une odeur familière et réjouissante chatouilla les narines du chef Garrison quand il entra dans le confort, et surtout la chaleur, de l'institut. Du Earl Grey. Comme quoi, cet institut semblait également être capable de se renseigner.

Josh retira sa veste, et la plaça soigneusement sur l'accoudoir d'un fauteuil avant de s'installer sur l'assise, devant la table basse. Il commença par poser ses mains sur la tasse, pour se réchauffer un peu, puis sortit de la poche de sa veste une clé mémoire, ainsi qu'un mini projecteur holographique qu'il entreprit d'installer au centre de la table basse.

Prévenir qui de droit... Sans doute Cassandre, peut-être aussi Olivier. Les élèves de Zachary aussi ? Après tout, ils avaient également le droit de savoir... La petite réunion informelle qu'il avait prévu risquait fort de se transformer en une conférence... Mais d'un autre côté, c'était compréhensible. Il espérait bien que ses collègues rameutent toute la maison s'il venait lui aussi à disparaître !

Saut temporel - Cours

Malgré de petits accidents de parcours, la fin de la fête des StryX s'était bien passée, mais Ivy avait appris de source sûre par son meilleur informateur qu'Alixtide était à l'article de la mort à l'infirmerie. Peut-être que son refus de l'accompagner à la soirée l'avait poussé à se faire sauter le caisson... Sven n'en avait pas dit plus, il lui avait transmis les informations telles qu'elles arrivaient. Elle s'était donc promis d'aller s'assurer de la santé de l'attachant pouilleux s'il en réchappait quand elle aurait le temps. Elle avait également promis à Angel qu'ils passeraient du temps à se raconter des histoires quand ils auraient le temps aussi.
Pour l'instant, ce n'était pas le cas. Et pourquoi ça ? A cause de ces stupides corvées imposées aux élèves. Comme par hasard, elle n'était pas assignée au jardin mais au salon cette fois, salon qui avait eu des jours meilleurs puisqu'une partie de la soirée des StryX s'y était déroulée. Et si le mobilier avait repris sa place, elle était bonne pour une séance de boniche.

Vêtue de la robe d'été verte offerte à Noël par Rachel, car elle n'avait rien trouvé d'autre de propre dans son armoire, le tube de l'aspirateur entortillé autour de son cou, Ivy déboula tant bien que mal dans le salon, en traînant derrière elle l'aspirateur, qui ne manqua pas de heurter tous les obstacles sur son passage, même ceux qui ne l'étaient pas d'ailleurs. On aurait dit un petit mulet énervé.
La rouquine verdâtre s'arrêta, les yeux ronds, sur le seuil en voyant l'étranger se frotter les mains sur la théière. Qui c'était lui ? Etant là, elle se disait qu'elle n'avait rien à craindre, mais elle n'aimait pas trop les gens qui faisaient comme chez eux, ça lui rappelait trop les manières de Vayne Malone. Et le fait que Vayne effectivement chez lui à l'institut maintenant ne lui donnait aucune excuse !

"Ca va ? Vous voulez des biscuits avec ?" lança Ivy en guise d'introduction en traînant son attirail dans la pièce. Elle n'avait pas l'air méchante, juste un peu grognon. Elle brancha l'aspirateur à la prise et se démena pour dérouler le tube, dont la longueur et la texture semblaient s'allier pour accentuer son agacement.

Certes, il avait passé la soirée à éternuer la veille. Certes, il n'avait jamais réussi à trouver Jen. Certes, il n'avait pas eu l'occasion de parler à qui que se soit, trop occupé à chercher son amie, mais aussi trop bougon pour que les autres élèves aient réellement envie de lui parler, sauf les membres de son équipe qui s'en seraient fiché, mais il se trouve qu'ils étaient tous trop occupés pour porter attention à Nan'. Mais la soirée était terminé, on était le lendemain, Nan' n'avait plus de poudre sur le visage, les oiseaux chantaient et il était de bonne humeur. D'ailleurs, en descendant l'escalier, il vit Ivy se battre, littéralement, avec l'aspirateur.

"Brrr... Pauvre elle.... C'est pas cool l'aspirateur!"

Ce qui lui rappela brusquement qu'il était de corvée de planchers... Mais il ne pourrait logiquement pas les laver tant qu'ils ne seraient pas propres. Il la suivit donc, désirant avoir un peu de compagnie et, il devait l'avouer, savoir si elle ne savait pas où diantre était sa coloc la veille! Il entra donc dans le salon presque sur ses talons, entreprenant de lui parler avant même d'y être réellement.

-Ivy! Kwé! Tu as vu Jen hier soir?

Il se retint, une fois de plus, de poser la question qu'il s'était toujours posée, sachant qu'on accueillerait son interrogation comme si elle était ridicule : Outre les saletés, les aspirateurs peuvent-ils nous débarasser aussi des mauvais esprits? Parce que honnêtement, quand on vit à Pikogan, on n'a pas peur des saletés. Par contre, des mauvais esprits, un peu plus.

Et comme il se demandait pourquoi Ivy offrait des biscuits, il mit le pied dans le salon et vit, non sans une surprise dissimulée, l'inspecteur Garrison. Il se fit violence et le salua de façon plus convenable que ses collègues.

-Bonjour Monsieur Garrison. C'est une tisane à quoi?

Il ne s'attendait pas à rien d'exceptionnel. Les tisanes occidentales n'étaient pas aussi exotiques que leur équivalents algonquins (racines de saule, feuilles de hêtre, cocottes de sapin, etc) et Nan' avait maintenant l'habitude d'entendre parler avec déception de tisanes qui n'étaient bues que "pour le goût" et non pas, comme il se devait, pour éloigner les esprits...
Lui qui, la veille, aurait tout donné pour n'entendre parlé ni de Joshua ni d'Adam, durant la soirée, était paradoxalement heureuse de voir la tête blonde de l'inspecteur en cet après-midi.

Wind s’était levée aux aurores ce matin-là, de toute façon, elle n’arrivait plus à dormir. Trop chaud un instant, grelottant de froid l’instant d’après, elle s’était maudite un nombre incalculable de fois d’être restée dehors par une température aussi glaciale… et en tenue romaine ! Lorsqu’elle avait repoussé les couvertures pour la énième fois, il faisait encore nuit, et elle avait gagné la salle de bains attenante dans le noir, pour ne pas réveiller River. Elle se força à rester sous la douche tiède, pas assez chaude à son goût, mais idéale pour faire baisser la fièvre, et n’en était sortie que lorsque sa cadette avait manifesté son besoin, elle aussi, d’occuper la salle de bains. L’aînée ne passait guère de temps, par ailleurs, à s’apprêter : hormis un lait hydratant, seule touche parfumée qu’on pouvait lui reconnaître, les maquillages et autres lotions, parfums, bijoux autre que les deux pendentifs qu'on lui avait offerts et qu'elle ne quittait pas lui étaient parfaitement inconnus. Les bracelets qu’elle portait la veille avaient d’ailleurs fini dans le tiroir de sa table de chevet, et elle doutait qu’ils en ressortent de sitôt. Il n’avait donc pas fallu plus de quelques instants pour qu’elle ouvre la porte et cède la place à sa cadette.

Il ne lui fallut guère plus de temps d’ailleurs pour passer du peignoir rose à une tenue bien plus chaude : un pull en épaisse laine rouge, à cotes anglaises et col roulé, au-dessus d’un sous-pull crème aux manches longues retombant sur ses mains presque au niveau des phalanges et d’un pantalon en velours assorti. Des bottes fourrées écarlates et une ceinture de cuir clair complétaient l’ensemble, mais elle aurait presque rajouté son manteau pour descendre prendre son petit déjeuner, ce qu’elle se força à ne pas faire, parce que si besoin était de sortir, elle attraperait plus froid encore. Elle s’était préparé un petit-déjeuner presque identique à ce qu’elle avait avalé la veille au soir, thé, miel et citron, si ce n’était que s’y ajoutaient un jus d’orange, un yaourt, et une aspirine, avant d’aller suivre les cours matinaux pour lesquels, une fois n’est pas coutume, sa concentration n’avait pas été des plus exemplaires. Des rumeurs couraient sur les événements de la veille, mais elle n’y avait guère prêté attention, jusqu’à ce que les noms de Kitty et River soient mentionnés, et elle avait pris peur tout autant qu’une vague de colère à l’encontre de sa cadette l’avait paralysée un instant. Fort heureusement, la fillette semblait se porter bien ce matin, et elle n’avait pas voulu revenir sur un épisode qui devait être fort désagréable. Elle l'écouterait si la petite Stryx en ressentait le besoin, mais ne forcerait pas les choses. En revanche, une discussion avec Riv’ s'imposerait ; plus tard, cependant.

Après les cours, elle était repassée par le hall, pour y voir toujours son petit mot à l’attention de la prof accroché au panneau d’affichage, ce qui la fit sourire un instant, et pour vérifier la tâche qui lui était assignée. L’aspirateur, avec Alixtide, Michel et Rachel… Ca n’était pas tout à fait la tâche qu’elle préférait à vrai dire, et les courbatures qui endolorissaient ses muscles depuis la nuit n’étaient pas pour l’encourager. Mais la londonienne restait assez habituée des tâches ménagères, et elle s’en acquittait toujours, refusant de laisser le travail aux autres. Elle avait donc ouvert le placard pour y trouver un aspirateur en moins, avait haussé un sourcil, surprise qu’un de ses camarades se soit attelé à la tâche avant d’aller déjeuner comme elle, et avait commencé par les salles qu’elle supposait moins usitées que la cuisine à cette heure-ci, à savoir le foyer qui trouverait sans doute son lot d’habitués un peu plus tard dans l’après-midi, puis le hall avant de rejoindre le salon… Elle fut surprise d’entendre le bruit de l’aspirateur en approchant de ce dernier, terminant le nettoyage du hall, et arrêta son appareil, laissant le fil s’enrouler, perplexe. Elle passa une main sur son front, trop chaud pour n’être dû qu’à l’effort, et se promit d’aller prendre un nouveau cachet une fois sa tâche achevée.

Son regard erra une seconde sur la porte du salon. Lequel de ses camarades s’attelait à la tâche ? Tirant l’engin qu’elle trouvait décidément bien lourd aujourd’hui, elle poussa la porte et resta un instant interdite devant une Ivy aux démêlés avec le tuyau de son propre aspirateur, Nan, pas loin d'elle, fidèle à lui-même et... Joshua Garrison, sirotant son thé.

- Bonjour, fit-elle, esquissant un sourire, mais ses yeux brillants en disaient long sur son état physique.

Elle délaissa l’engin et salua son coéquipier d'un sourire un peu plus convainquant, puis s’approcha de l’inspecteur, lui tendant la main en guise de salut. Elle observa un instant l’irlandaise, puis son propre appareil, et reposa les yeux sur Garrison.

- Il y a plus agréable comme cadre, pour déguster un bon thé chaud… On tombe mal il semblerait…

Légèrement embarrassée, elle finit par s’approcher de sa camarade et posa une main sur son épaule pour attirer son attention.

- Ivy… Laisse, je suis de corvée d’aspirateur aujourd’hui… Occupe-toi plutôt des vestiges du buffet, si tu veux, j’ai l’habitude de dompter ces bêtes-là…

Elle désigna l'aspirateur et lui adressa un sourire engageant, ou tout au moins qui se voulait ainsi, et revint auprès de son compatriote.

- Vous permettez ? demanda-t-elle, désignant un fauteuil face à lui, attendant son accord cependant pour s’asseoir. J’imagine que si vous êtes de retour parmi nous, c’est que vous avez quelque chose à nous annoncer…

Son timbre restait neutre, bien que qui la connaissait parfaitement eût pu déceler une pointe d’angoisse dans son regard.

Garrisson s'était saisi de sa tasse pour la porter à ses lèvres quand une sorte de branle-bas de combat se fit entendre... La soeur jumelle de pinocchio faisait son entrée, et visiblement, elle était tout aussi irritable que le pantin était naïf, ce qui prêta le flegmatique anglais à sourire.

"Bonjour Mademoiselle. Non merci pour les biscuits, je viens de déjeuner..." Il déjeune à 14h lui ?

Mais déjà, deux visages un petit peu plus familiers faisaient leur entrée. L'algonquin, et la britannique du groupe, visiblement malade... En cette saison, quoi de plus normal ?

"Bonjour M. Adawe, bonjour Mlle Smith. Installez-vous, oui." il serra la main de l'anglaise, et répondit non sans un léger rire à Nan.

"C'est du thé. De la tisane de feuilles qui poussent en Asie, avec de la bergamote, pour celui-là..."

Puis, démontrant sa faculté de sauter du coq à l'âne.

"Et en effet, je suis venu parce que j'ai quelques nouvelles à vous annoncer. Mais je pense qu'il vaudrait mieux que M. Fleury ou Mlle Deneos soient également là pour les entendre ?"

Il but, enfin, sa gorgée de thé.

Jen était de passage dans les couloirs de l'institut, bien décidée à voir Nan, le cavalier fantôme de la veille, elle avait du mal à avaler le lapin de la veille mais... elle se dit bien vite que tout serait oublié en voyant le visage de l'agonquin. Ce qu'elle n'avait pas imaginé était qu'une autre personne serait présente et surtout pas l'inspecteur Garrisson. Aussi lorsque la jeune fille entra dans le salon, elle resta bloqué un instant, cherchant le soutient visuel de quelqu'un et entre sa colloc, son chéri et sa "grande soeur" elle fut rassurée.

Jenifer s'avança, et l'oeil traduisant bien sa crainte qu'il ne vienne apporter de mauvaises nouvelles, ou peut-être même des nouvelles quelles qu'elles soient, la jeune X-Rays croisa les bras comme pour éviter de lui serrer la main et dit d'un air gêné :

- Bonjour monsieur Garrisson... cela faisait bien longtemps qu'on ne vous avait vu ici...

Elle hésita à rajouter "trop longtemps" mais se retint. Elle oublia même de saluer les autres mais son visage en montrait suffisamment pour qu'elle soit toute excusée. Jenifer semblait presque morte de peur à l'idée des nouvelles qu'apportait Joshua, le souvenir de la prison d'eau vue par Cassandre lui était encore trop frais à l'esprit, et le manque de son professeur pesait toujours autant même plus encore et se ravivait avec cet anglais de mauvais augure.

Saut temporel

Comme Enzo et comme la plupart des nuits, Cassandre n'avait pas très bien dormi. La jeune femme s'inquiétait encore du sort d'Alixtide, qui avait néanmoins suivi les OryX à leur rendez-vous politique. Vêtue avec son éternelle sobriété d'un chemisier blanc, d'un cardigan noir et d'un pantalon en jean, une tasse identique à celle de Joshua dans les mains, la psychologue fit son entrée au salon d'un pas tranquille qui ne trahissait en rien l'appréhension latente depuis la disparition d'Adam.

"Bonjour à tous." dit-elle doucement en s'approchant de la table.

"Monsieur Garrison..." dit-elle courtoisement à l'adresse du policier, à qui elle tendit la main en tenant sa tasse de l'autre. Ne manquaient plus que Tim et Olivier conclut-elle après un petit survol des lieux.
Le bruit de vaisselle attira son attention vers Ivy. Elle eut un petit sourire en coin. Il allait falloir être subtile pour la faire partir quelques instants sans la froisser.

"Ivy ? Tu devrais faire des allers retours à la cuisine pour ramener tout ça. Prends ton temps, la vaisselle est fragile." dit-elle sur le ton du conseil, avant de reporter son attention vers Garrison. Elle prit une gorgée de thé en silence pour accompagner le visiteur, sachant que rien ne serait dit tant que tout le monde ne serait pas réuni.

Garrison garda sa tasse à l'écart d'Ivy, qui avait entrepris de creuser la mer d'Irlande entre son fauteuil et la table basse. Une gamine de caractère ! Elle serait une très bonne recrue, mais il doutait que ses patrons acceptent si facilement d'avoir une chipie irlandaise dans les basques.

Jen et Enzo arrivèrent. Il ne manquait plus que le jeune français... Et le directeur. Toujours en retard celui-là, songea-t-il.

A l'arrivée de Cassandre, il se leva pour lui serrer la main, doutant légèrement que la (non-)voyante puisse apprécier son geste, il n'en restait pas moins quelqu'un de poli.

"Mlle. Deneos, c'est un plaisir. Mlle. Watts, M. Calvo."

Il se rassit, puis reposa sa tasse, tripotant machinalement les appareils qu'il avait amené, comme pour vérifier qu'ils avaient bien une présence tangible.

"Oui, en effet, cela fait un certain temps que je n'étais plus venu. Mais cette fois, j'ai le plaisir d'avoir des informations intéressantes à vous communiquer."

Il laissa un petit instant pour ménager un faux suspens.

"Nous avons identifié de façon formelle les ravisseurs du Dr. Zachary."

Ivy s'y tenait à son rôle de petite souillon mécontente. Elle faisait claquer les plats de partout. Ce n'est que lorsque Cassandre l'interpella qu'elle consentit à se retourner.

"Mouaif..." répondit-elle fraîchement. La psy était bien trop polie avec Garrison, mais aussi avec Ivy, du moins au goût de l'Irlandaise.
Cela dit, en tentant de soulever son gros tas de vaisselle avec ses petits biscottos, la rouquine se rendit vite compte du bienfondé des paroles de la non-voyante.
Bêtement, elle vérifie d'un coup d'oeil que Cassandre n'ait pas remarqué son moment de faiblesse musculaire, mais c'était débile, elle ne risquait pas !
Divisant sa pile par trois, Ivy embarqua une partie des restes vers la cuisine en ronchonnant : elle sentait bien qu'on essayait de lui cacher des trucs, ce que vint confirmer Garrison deux secondes plus tard.
Elle avait néanmoins laissé allumé son communicateur à destination de Georgia, posé sur la table parmi les assiettes restantes.

Cuisine

Wind s’exécuta quand Garrison l’autorisa à s’asseoir. Elle hocha la tête par deux fois, quant au type de thé qu’il buvait, et lorsqu’il supposa qu’il serait bon d’attendre Miss Deneos et Mr Fleury avant d’aborder les choses importantes. Elle entendait Ivy pester dans son coin sans trop comprendre pourquoi à vrai dire. De toutes les manières, elle n’eut guère le loisir de s’y intéresser davantage : il fallait croire que le hasard faisait bien les choses, voilà que Jen apparaissait à son tour dans le salon. La londonienne croisa son regard, et lui sourit légèrement, comme pour l’inviter à les rejoindre. Elle voyait bien l’embarras de sa camarade, à force, elles commençaient à bien se connaître toutes les deux, et la posture qu’elle avait adoptée renforçait ce que traduisait son regard.

L’anglaise trouva un peu cavalière la façon dont elle s’adressa à l’inspecteur, mais en effet, vu son état, elle n’en fit aucune remarque, et ne lui en tint pas rigueur non plus d’ailleurs. Enzo sembla bien moins surpris en arrivant, et la blonde en déduisit que la nouvelle avait commencé à circuler. Apparemment, le trio professoral et les X-Rays seraient conviés à cette petite réunion dont elle ne connaissait pas encore le contenu bien qu’elle restât quelque peu anxieuse, tout comme sa camarade. Elle avait cependant davantage l’habitude de masquer son trouble, ce qui évitait bien des questions embarrassantes et des regards compatissants.

La suivante à passer le seuil de la porte fut Miss Deneos, et Wind se demanda un instant si elle avait été prévenue comme Enzo, ou si son pouvoir lui avait indiqué la suite des événements. En tout état de cause, il ne manquait plus que Tim et le Docteur Fleury. Et elle commençait à envier leurs tasses de thé. Au fur et à mesure que la journée avançait, elle sentait sa gorge de plus en plus irritée, non contente d’être déjà fiévreuse, et elle n’aurait pas été contre une boisson chaude sucrée au miel. Plus tard. Et l’aspirine aussi d’ailleurs, plus tard.

- Bonjour Miss Deneos, répondit-elle au salut de la psychologue, un léger sourire sur les lèvres quant à sa façon très diplomate de congédier l’irlandaise, toujours grognon.

Garrison tripotait les appareils qu’il avait déposés sur la table basse, signe d’une nervosité qui n’était pas pour la rassurer. Elle croisa un instant le regard de Jen, tout aussi angoissé, celui de Nan, toujours neutre, d’Enzo, insondable… Jusqu’à ce que l’inspecteur réponde en premier lieu à la remarque de Nova : des informations intéressantes ? La blonde sentit son pouls s’accélérer. Ils avaient identifié les ravisseurs d’Adam… L’anglaise hocha la tête et ferma les yeux un instant, partagée entre le désir de poser mille questions à son compatriote, et le… devoir ? Le mot était un peu fort, mais c’était à peu près ça, d’attendre Tim et le directeur. Elle se doutait qu’ils devaient être au courant, l’un comme l’autre, à présent, et qu’ils ne tarderaient plus à arriver, mais elle ne pouvait pas rester à attendre, sans rien faire, alors elle actionna son communicateur et s’adressa aux deux « invités » manquants.

- Professeur Fleury, Tim ? Nous sommes tous au salon, nous n’attendons plus que vous… L’inspecteur Garrison a des nouvelles à nous annoncer, et je crois que vous apprécierez d’être présents pour les révélations…

Et elle apprécierait aussi de ne pas avoir à patienter davantage. Elle n’avait pas donné plus de précision, estimant que ça n’était pas à elle d’annoncer les trouvailles de l’équipe de recherche mise en place par le britannique.

- J’avoue que je suis curieuse d’en savoir plus, Mr Garrison, mais j’imagine que les avoir identifiés n’est que la première étape, n’est-ce pas ?

*Sinon, le Professeur Zachary serait avec vous…* termina-t-elle pour elle-même…

L'algonquin n'avait aucune idée de ce que Ivy lui avait dit, mis à part son nom, et il crut que c'était sa façon bien à elle de lui faire remarquer qu'il n'était pas toujours agréable de se faire saluer dans une langue inconnue. Mais comme tout le monde ici, presque, connaissait désormais le salut algonquin et que c'était le seul mot qu'il disait dans sa langue natale, il se dit que ce n'était pas un bien grand péché.
Il haussa les épaules et regarda la rouquine végétale aller brasser un peu de vaisselle, perplexe. Elle l'avait cherché? Lui aussi l'avait cherchée. Ils étaient quites. Et puis, lui aussi avait un drap sur les épaules à ce moment, en plus du visage poudré (il s'en souviendrait longtemps!)

Bien que Nan' trouva ridicule de donner le nom d'une lettre à une boisson (à quand le Èm et le Air?), il ne dit rien d'autre à l'inspecteur. De toute façon, l'arrivée de Wind, de Jen, d'enzo et de Cassandre. Il salua la première d'un sourire, sans trop savoir si c'était l'idée de passer l'aspirateur ou si c'était la fatigue qui lui donnait cet air. Il ne la salua pas la seconde, car elle ne l'avait pas saluer, après l'avoir fait tourner en rond pendant presque toute la soirée. Cependant, il salua chaleureusement Enzo, s'approchant de lui.

-Kwé Enzo! Ouioui, M. Garrison vient de le dire! [HJ : Qu'il avait des nouvelles...]

Il n'avait répondu que d'un simple bonjour à Cassandre, avant d'écouter la déclaration de Joshua.

"Moi aussi je les avais identifiés. Ils étaient grands, bruns, tout habillés en noir... Les parents de Juliette, sûrement..."

Alors qu'Ivy sortait de la pièce, Nan' se demandait si il devait avertir le directeur ou laisser la psychologue le faire, mais s'apprêtait tout de même à appeler son coloc. Il fut cependant devancer par Wind, qui avait la voix un peu différente, à moins que se soit ses oreilles qui lui jouent des tours.

Ce ne fut que le dernier commentaire de Wind qui éveilla totalement l'esprit de Nan' (ainsi que sa curiosité, mais surtout son attention) à leur raison d'être ici... La première étape de quoi? La première étape pour retrouver Adam, pardi!! Espérons seulement que les suivantes soient un peu moins longues... En même temps, au vu des efforts qu'ils avaient dû fournir ces derniers mois, aussi bien ne pas critiquer l'efficacité du service policier anglais...!

Olivier avait terminé son cours en retard aujourd'hui, ce qui avait imposer à lui et ses élève de manger plus tard que le autres. Après une rapide repas néanmoins équilibré, il était prêt à rejoindre Cassandre qui devait déjà avoir accueilli le Chef Garrisson.

Le communicateur d'Olivier l'interpella alors qu'il était aux toilettes. Ils étaient tous très pressés ce matin.

"J'arrive." bougonna-t-il en refermant sa braguette.

Le directeur, une fois dans le salon, s'avança vers l'Anglais. Il lui tendit la main pour la lui serrer.

"Bonjour Chef Garrisson, heureux de vous revoir."

Après ce salut court mais solennelle, Olivier salua d'un geste le reste de l'assemblée et s'installa à coté de Cassandre (Assis ou debout, selon comme elle est, je ne sais pas)

"J'ai raté quelque chose? Ça s'est bien passé tes cours?"demanda-t-il en aparté à la voyante qu'il avait croisé au petit dejeuner.

Saut temporel

Pourquoi fallait-il toujours qu'il soit dérangé pendant qu'il feuilletait les bouquins qu'il avait piqué dans le salon pour son cours de la matinée ? Le français avait parfois véritablement l'impression qu'il était maudit.

Bon, il s'agissait de Wind, alors passait encore, mais pour lui dire que Garrison l'attendait ! Tim soupira bruyamment, les sourcils froncés. Il se leva du lit de Nan, où il bouquinait tranquillement " Devenir un pro de l'impro ", il le referma bruyamment et descendit rapidement les escaliers, l'air toujours un peu bougon, pour finalement rejoindre le salon.

Une fois passé le pas de la porte, il écarquilla les yeux, surpris par la taille de l'auditoire de l'inspecteur anglais et lança un " Bonjour " aussi impersonnel que possible.

Il aurait bien été plus incisif avec l'anglais, mais la présence de deux de ses professeurs, notamment celle de Mlle Deneos, qui lui inspirait toujours un mélange de respect et de crainte, l'en dissuada. Il croisa simplement les bras en s'appuyant contre le mur près de l'entrée du salon et, après avoir fait un rapide tour d'horizon, il continua, sans se départir de son attitude froide :

" On attend encore quelqu'un ?"

Il chercha rapidement le regard de Wind pour la remercier de l'avoir convié à cette petite réunion et, une fois cette formalité effectuée, il braqua son regard sur Garrison. Qu'il dise ce qu'il avait à dire, qu'ils aillent sauver Adam et qu'il s'en aille une bonne fois pour toute !

Garrison regarda l'assemblée... Non, il ne manquait plus personne. Il se leva pour laisser sa place, et de toutes façons, parce qu'il était plus pratique et poli, quand on doit prendre la parole, de se lever.

Il poussa un léger soupir pour vider ses poumons, puis allumer l'appareil qui afficha la photo d'une personne que les X-Rays commençaient à bien connaître.



"Je vous présente donc Derek Hunter. Il a 27 ans, et est originaire de Liverpool. Il n'est pas enregistré dans nos fichiers de police, ce qui peut se comprendre vu la discretion générale qui l'entoure. Vous serez sans doute ravi d'apprendre que ce charmant monsieur est diplomé en langues et civilisations. Nous avons reconstitué sa vie jusqu'à un an dans le passé. Rien de bien notable à signaler : pas de casier, rien qui ne puisse sembler louche au premier abord, si ce n'est une carte d'un programme de fidélité de diverses compagnies d'aviation et trans-continentales qu'il a énormément utilisé. Il s'est rendu aux quatre coins du monde, et son dernier voyage en avion date d'il y a environ un an. C'est là que cette photo a été prise, à l'aéroport Charles de Gaulle, à Paris. Il se rendait à New York. Il s'est énormément rendu à Londres, Tokyo, Paris, et Los Angeles. Depuis, plus de traces de lui. Nous supposons que son pouvoir est devenu assez puissant pour le transcontinental. Il a totalement disparu de la circulation : plus de cartes de crédit, plus d'abonnements, plus rien.

Jusqu'à ce qu'on le récupère à Londres. Nous l'avons sédaté pour qu'il ne file pas, et nous le réveillons de temps en temps pour l'interroger..." Garrison eut l'air plus ou moins gêné en faisant cette révélation. Ce n'était pas vraiment ce qui se faisait mieux dans la catégorie droits de l'Homme...

Il changea alors la photo, laissant apparaître une figure non moins avenante.


"Et voilà sa grande soeur, Hope Hunter. 29 ans, même ville. Diplomée en ingénierie électronique. Ca paraît assez étrange, de ce que j'en ai vu, mais c'est bien le cas. Même université que son frère. Elle y a d'ailleurs un trophée de kung fu, avec une photo. On peut l'y voir, avec son frère, le directeur de l'époque, son maître, et un autre homme que nous supposons être leur père, Terry.
Nous avons retrouvé leur maison d'enfance, elle a été rasée il y a 9 mois. Rachetée par un consortium quelconque... G.F. investment, qui a d'ailleurs racheté toute la banlieue pour faire un programme de réhabilitation.
Tout comme son frère, elle a beaucoup voyagé dans sa vie, même si elle préfère de très loin le monorail. De ce que nous avons pu reconstituer, il semblerait qu'elle rejoigne Derek à divers endroits. Ce qu'ils cherchaient, je pense que nous en avons maintenant une petite idée..."

Il coupa son générateur vidéo, puis expliqua.

"Tous deux ont disparu de la circulation depuis environ 1 an... Nous supposons qu'ils se servent du pouvoir de Derek pour voyager, mais cela n'explique pas comment ils arrivent à subvenir à leurs besoins primaires..."

Il laissa sa phrase en suspens, pour donner l'occasion aux jeunes de poser leurs questions, mais surtout pour demander, sans le dire, si l'Institut avait de quoi mettre au bout.

Olivier écouta avec attention les explications de Garrisson.

"Ils doivent appartenir à une organisation pour que vous n'ayez retrouver aucune trace de leur 'besoins primaires'."

Finalement, ces mutants n'était pas n'importe qui : un spécialiste en langages et civilisations et une ingénieur électronique.

"Et ça m'inquiète plus encore parce que des personnes aussi intelligente qu'elles ne doivent pas être du genre à se laisser influencer."

Comme Nan' se disait que la présence de la psychologue et du directeur aurait probablement pour effet de diminuer l'animalité de certains Rays envers Garrison, Tim fit son entrée, avec une froideur inégalable. Nan' lui répondit platement, à moitié agacé par son attitude focalisant un peu trop sur les sentiments négatifs (tsk tsk, les mauvais esprits viendraient probablement bientôt lui jouer de mauvais tours) et à moitié parce qu'il se demandait ce qui se tramait. Il se tramait beaucoup de choses en fait, au vue des longues (et pénibles) explications de Garrison, dont l'accent n'aidait en rien la concentration limitée de l'algonquin sur ses dires.

Ils étaient donc frères et soeurs, comme les X-Rays s'en étaient doutés. C'était chose courante, chez les mutants, apparemment. Et que se passerait-il si il apprenait que l'une de ses soeurs pouvait aussi faire des trucs étranges? Pas grands choses en fait...
Et pourquoi il leur avait donné le pseudonyme de "chasseur"? Sinon, c'était un bien étrange nom de famille...
Ils avaient un cursus fort long et impressionant (plus que celui de Nan', disons...), mais lorsque Joshua leur demanda comment les deux vilains mutants qui avaient kidnappé Adam pouvaient se sustenter sans qu'on ne les retrace, sa première pensée fut

"Bah, si vous le réveillez pour lui poser des questions, demandez-lui!", mais il s'abstint de commentaire, voyant que le directeur prennait la parole. Il l'écouta en se disant qu'il ne serait probablement jamais parvenu à de telles conclusions, mais qu'il aurait plutôt cru qu'ils vivaient "au naturel". Mais oui, c'était pourtant si simple!

-Chez moi, la chasse ne laisse pas de trace.

Il aurait aimé dire qu'ils avaient peut-être fait du camping, car il en avait déjà entendu parler entre d'autres élèves, mais il ne se rappelait plus du nom. Probablement que Tim comprendrait où il voulait en venir. Ou Enzo. Enzo était parfois bien plus attentif que leurs autres coéquipiers.
Nan' ne s'était pas aperçu que l'inspecteur avait changé de sujet pour qu'on ne remarque pas qu'il venait de dire qu'ils savaient désormais ce que cherchait les deux mutants. La technique avait donc bien fonctionnée avec l'algonquin...

Un sourire de Nan à son attention et l'algonquin s'approchait de l'élémentaire. Y avait-il un souci pour qu'il ne se dirige pas vers Jen ? Il faudrait qu'elle en parle à la brune plus tard... En tout cas, les deux invités manquants ne tardèrent pas à entrer à leur tour dans le salon, le professeur Fleury tout d'abord, qui s'installa près de Miss Deneos, puis Tim, toujours aussi réfractaire dès qu'il s'agissait de l'inspecteur et dont les quelques mots laissaient bien entendre le peu de sympathie qu'il éprouvait. Elle croisa son regard, et hocha imperceptiblement la tête.

Garrison se leva alors, à présent qu'ils étaient au complet, et son écran holographique s'illumina, affichant un visage qu'ils connaissaient bien. Le regard de l'anglaise se durcit un instant tandis que son compatriote faisait les présentations, si on pouvait appeler ça ainsi. Elle réprima un frisson au traitement infligé à l'homme, se répétant qu'il n'y avait pas d'autre solution. Elle avait beau garder un souvenir amer de leur rencontre, elle n'en restait pas moins peu encline à cautionner ce type de procédure...

Elle se focalisa donc plutôt sur le reste du discours : Deux têtes pensantes, d'après les informations qu'il avait pu récupérer, que ces Derek et Hope Hunter. Rien de très surprenant à ce qu'ils aient trouvé un moyen de disparaître de la circulation, même si elle non plus ne voyait pas très bien comment.

Le professeur Fleury avança une hypothèse, et la londonienne hocha de nouveau la tête, toujours silencieuse. Ca n'était pas ça, qui l'intéressait le plus dans son discours. "Ce qu'ils cherchaient, je pense que nous en avons maintenant une petite idée..." Parlait-il de ce qu'ils avaient emmené lors de leur dernière rencontre, ou Garrison évoquait-il de nouvelles informations dénichées au fur et à mesure de leurs recherches sur les deux frangins ?

- Peut-être, commença Wind, comme en réponse à la supposition du directeur. Je vois mal ce Derek et cette Hope partir à la chasse, en effet...

Son regard s'attarda un instant sur son coéquipier indien, puis revint vers chacun des autres membres de la petite assemblée pour terminer sur le Professeur Fleury.

- Vous pensez à la commission Eden ?

Ce nom revenait régulièrement, un peu trop à son goût. Jen l'avait évoquée la dernière fois qu'ils avaient vu Garrison, aussi n'éventa-t-elle pas un bien grand secret en reprenant le nom de cette organisation qui ne lui inspirait rien de bon... Dans l'expectative, elle reporta son regard sur l'autre anglais.

Garrison se rassit sur son fauteuil le temps que quelques hypothèses soient avancées, mais visiblement, les X-Rays ne semblaient pas plus enclin que ça à commenter ses révélations. D'un autre côté, peut-être une biographie de leurs adversaires n'était pas ce qu'ils attendaient.

Il se resservit une tasse de thé, y ajouta un sucre, puis touilla distraitement en expliquant :

"En fait, je pense qu'ils étaient à la chasse aux vestiges mutants depuis avant que vous ne les rencontriez... Ou alors, c'est qu'ils aiment le tourisme, mais au prix des voyages en avion, vu le train de vie des Hunter, je doute qu'ils puissent se le permettre si facilement."

Il souleva sa tasse et, juste avant de la porter à ses lèvres.

"Sinon, je suis également venu vous informer que Derek s'est enfui du lieu où nous le retenions la nuit dernière."

Tim ne se radoucissait pas. L'inspecteur anglais avait à peine remarqué son entrée, il n'avait même pas fait attention à l'air exagérément froid du spécialiste des températures élevées.Il avait simplement entamé son petit speech, avec une rigueur énervante, et ce petit manège avait frstré le leader des X-rays au plus haut point.

Mais Tim n'était pas homme à s'emporter. Il avait beau ne pas être anglais pour deux sous, il mettait rapidement sa rancoeur de côté quand des sujets plus stimulants intellectuellement se présentaient à lui. Aussi, quand Garrison commença son exposé, décolla-t'il son dos du mur pour rejoindre, sans même y penser, le fauteuil de Wind sur le dossier duquel il posa ses mains tout en regardant les photos de Hope et Derek défiler.

Fidèle à lui-même, il laissa les autres s'exprimer, en réfléchissant aux implications de toutes les informations qu'il avait enregistrées. Au bout de quelques minutes, il lâcha, pensivement :

" Diplômée en ingénierie électronique ? Et elle a un casque avec elle ? Est-ce qu'il est possible qu'elle sache le bidouiller."

Il se frotta le menton et continua, plus pour lui-même que pour les autres :

" Remarque, en trois mois, elle a dû comprendre comment il marchait et l'arranger à sa sauce."

Il soupira et se tourna de nouveau vers les autres alors que Garrison leur annonçait la nouvelle de la disparition de Derek. Tim serra les dents, se refusant à céder à la tentation de critiquer ouvertement l'anglais et son équipe. Il inspira profondément et, lorsqu'Enzo eut fini avec son flot de questions, il commenta :

" Il fallait bien s'en douter, vu ce dont il est capable. De toutes façons, c'est l'autre qui nous posait le plus de problèmes jusqu'alors."

Il regarda Garrison droit dans les yeux et lui demanda, d'une voix qui, pour une fois, ne trahissait aucune autre émotion qu'une curiosité interessée :

" Et, à part cette maison rasée, et à part leur père, on sait quelque chose des Hunter ? Ce serait peut-être une bonne idée de commencer à chercher Derek et Hope par là. Et peut-être Adam aussi."

Il regarda Enzo, dont il venait de se faire l'écho et continua :

" Vous avez dit que Derek et Hope ne laissaient plus aucune trace de leur passage, pas même des traces de leurs besoins primaires. Ils ont de la famille dans toutes ces villes où ils se rendaient souvent ? Ou des amis connus ? Un prof de kung-fu peut-être..."

Comme son équipier liquide, Tim avait hâte de retrouver Adam, de le savoir enfin sain et sauf à l'Institut. Et comme toujours lorsque le sujet de sa curiosité tournait autour d'un évènement qui suscitait de grandes émotions chez lui, le français avait tendance à partir dans tous les sens et à poser beaucoup de questions, en laissant momentanément de côté sa réserve habituelle.

" Peut-être que si on avait des photos de tous ces lieux, Miss Deneos pourrait reconnaitre..."

Sa conjecture mourut dans sa bouche, comme il prenait subitement conscience du fait qu'il assommait tout le monde de suppositions abracadabrantes.

Jen avait écouté les révélations avec peu d'entrain. En fait elle ne voyait pas vraiment l'intérêt puisque le côté frère et soeur ils avaient pu le voir rien qu'à leur ressemblance et ensuite pour leurs spécialité, ça ne faisait que confirmer l'idée que Hope risquait d'utiliser le casque ou savoir comment il fonctionne.

Ce qui fit se dresser les cheveux de Jenifer et lancer un regard d'abord furieux fut la révélation de l'évasion de Derek. Mais alors qu'elle reprenait un air sérieux, elle dit d'une voix froide :

- Mais je suppose qu'il ne vous a pas vraiment échappé par négligence n'est-ce pas monsieur Garrisson ?!

Elle s'attendait bien vu la mine du policier à ce que l'évasion de Derek ait pour but de le pister.

Garrison reposa sa table et croisa le regard de Tim à qui il sourit. Une certaine ardeur se dégageait de ce gamin, et une volonté de retrouver son professeur qui le touchait beaucoup.

"Je ne pense pas qu'elle sache comment il fonctionne... Pour deux raisons. Si ce casque est bien une interface pour télépathe, elle ne l'est pas, donc il lui manque la moitié des informations. De plus, ce casque a été construit avec une technologie dépassée depuis plus d'un siècle... Je ne suis pas sûr qu'elle sache en identifier tous les composants, et toutes les fonctions, surtout si vous en avez les plans de fonctionnement..."

Venait le sujet de la disparition de Derek... Là encore, Tim était très pertinent dans ses questions, de même que la jeune Jen, qui semblait assez clairvoyante.

"Oui, en effet, nous l'avons pucé et nous le suivons à la trace depuis qu'il s'est téléporté hors de notre cellule... On nous a interdit de le sédater. Ça devait arriver, mais personne ne nous a interdit de lui mettre un petit traceur.

Il s'est enfui il y a environ 3h, et s'est téléporté un grand nombre de fois depuis. Il est allé vers différent lieux, et nous avons envoyé une équipe partout où nous avions le droit d'aller sans enfreindre la souveraineté d'un pays."

Il but une gorgé de thé et ajouta, en apparté

"Pour ces cas là, je l'ai suivi moi-même."

Et, reposant sa tasse.

"Je pense qu'il est allé chercher quelques affaires, ou qu'il voulait faire disparaître des choses... Pour la plupart des endroits, il s'agit d'entrepôts, de zones commerciales, ou d'aéroport... Des lieux publics, pas ou peu de lieux privés."

Cela ne répondait qu'à moitié aux questions de Tim. Regardant de nouveau le français, Josh répondit simplement.

"Mme Hunter est décédée il y a cinq ans... Cancer. Les grands parents Hunter sont de paisibles retraités qui n'ont pas vu leurs petits enfants depuis que ceux ci étaient au lycée. M. Hunter, lui, a disparu totalement de la circulation. Impossible de mettre la main sur lui. Peut-être a-t-il été enlevé... un avis de recherche a été publié, mais je n'y crois pas trop. D'après l'état civil, Derek et Hope sont les deux seuls enfants. Ils ont des tantes et oncles, mais ceux-ci affirment ne pas être en contact avec eux. Un témoignage à toutefois attiré mon attention."

Il rebut une gorgée de thé. il faut dire qu'il parlait beaucoup.

"Leur oncle. Le frère de leur père. Il a semblé surpris que la police mutante s'intéresse à son neveu et à sa nièce. Il m'a surtout précisé que, je le cite, ces pauvres gosses ne devaient pas avoir la vie facile vu comme leur père est raciste." il posa sa tasse et ajouta, encore en apparté. "Pauvres gosses, en effet..."

Il pianota sur son projecteur holographique, pour faire apparaître une carte de l'Europe, avec des numéros un peu partout sur l'Angleterre, la France, l'Allemagne et la Suisse.

"Leurs professeurs n'ont gardé aucun contact, y compris le maître de Hope, qui a vertement tancé son élève de s'être mise la police à dos, bien qu'elle ne fut pas là.

Tenez, voilà la carte des derniers déplacements de Derek. Il a fait un plus grand saut dernièrement, et ne semble pas avoir bougé depuis. Il a changé de continent. Tenez..."

Il pianota à nouveau, montrant une vie de l'océan indien, avec les côtes de l'Afrique de l'est. Quelque chose clignotait au large de Madagascar.

"Il est à cet endroit depuis relativement longtemps... Je suppose qu'il s'y trouve quelque chose d'important : une base, ou un pied à terre pour lui..."

Garrison se resservait tranquillement du thé, et si Wind aurait bien souhaité l’accompagner, elle se refusa à le lui demander. Elle pourrait bien se rendre aux cuisines tout à l’heure, de toute façon. Et de toute façon, il y avait bien plus important. Pas tant sur les recherches des deux visages un peu trop connus des X-Rays, c’était logique : ils n’en étaient pas à leur coup d’essai, ils avaient l’air trop bien formés pour de toute façon. Mais sur la disparition du frangin. La londonienne avait beau ne pas cautionner le traitement qu’ils lui avaient fait subir de prime abord - et apparemment, c’était aussi le cas de leur direction - elle n’était pas sûre de préférer le savoir reparti. Les garçons réagirent plus ou moins promptement. Plutôt plus dans le cas d’Enzo, ce qui la surprit légèrement. Elle s’était attendue à une réaction plus virulente de la part de Tim, qui gardait pourtant relativement bien son calme. L’italien vantait les supposées performances qu’ils auraient eus, à l’institut, et elle n’était pas sûre de partager son point de vue, mais elle restait curieuse des réponses que lui apporterait son compatriote.

Tim était venu s’installer près d’elle, aussi fut-elle aux premières loges lorsque le leader assena l’inspecteur d’un flot de questions qui ne pouvaient que démontrer le trouble que le sujet engendrait chez lui : elle avait déjà eu l’occasion de noter ce trait particulier dans le comportement de son co-équipier. En cela, ils différaient : elle-même avait plutôt tendance à se murer dans un mutisme attentiste, plus observateur que moteur, à vrai dire. Si le fait que Hope s’y connaisse en ingénierie électronique laissait entendre que les matériels du type du casque pouvaient être à sa portée, la spécificité de celui-ci ne lui permettait sans doute pas d’en appréhender tous les arcanes, ce qui en soit pouvait être rassurant. Le fait que nombre de télépathes aient disparus, moins. La disparition orchestrée de Derek, soulevée par Jen, la laissa tout aussi dubitative, elle n’aimait guère ce type de situation, même si les alternatives se faisaient rares. Elle doutait que les propositions de Tim, même si elles méritaient évidemment l’attention, les aide davantage : s’ils prenaient tant soin d’effacer leurs traces, auraient-ils informé qui que ce soit de leurs voyages ? Ca semblait bien peu probable…

Elle tiqua légèrement sur la remarque presque pour lui-même de Garrison : il avait suivi Derek lui-même ? Son pouvoir – dont il n’avait pas souhaité parler jusque-là – était-il identique à celui de leur adversaire habituel ? Ca expliquerait sa disparition de derrière l’escalier du 1st William Street. La disparition de la circulation du père Hunter lui resta en tête, bien qu’elle ne sut pas quoi en penser non plus. Comment réagissait-on, en tant que mutant qui se découvre, lorsqu’on connaît l’aversion de sa propre famille envers les siens ? « Pauvres gosses » disait l’inspecteur, et si elle ne pouvait pas vraiment se sentir pleine de compassion envers ceux qui avaient enlevé son professeur, elle se demandait à quel point cet état de fait avait motivé leurs décisions, leurs choix, leurs actes…

L’écran holographique faisait apparaître à présent la carte du continent Africain, l’île de Madagascar tout particulièrement, là où se trouvait Derek à présent, et puis un certain temps, au moins par rapport à ses autres déplacements. Elle n’aurait pas su dire si l’anglais avait quelque chose en tête pour leur annoncer tout cela, ou s’il souhaitait juste les tenir informés. Elle n’était pas sûre de savoir, de toute façon, si elle aurait préféré qu’il ne fasse que les tenir au courant, ou s’il envisageait de leur demander leur aide pour une expédition malgache… A bien y réfléchir, elle ne voyait pas si ça les aiderait même, de près ou de loin, à retrouver Adam. Les doigts croisés sur ses genoux, elle finit cependant par prendre la parole à son tour.

- Que comptez-vous faire à présent ?