Re: [3.3]Projets tortueux et enneigés

Maintenant vidée de son énergie, Louison se sentait légère et fragile à la fois. Ele aurait espéré pouvoir s'envoler loin de l'Institut, mais malheureusement, elle demeurait collée à la mince planche de bois sur laquelle elle s'était assise quelque temps plus tôt. Respirant avec difficulté, elle pleurait comme à chaque fois qu'elle avait rendu son repas. Puis, le temps s'arrêta. Autour d'elle vint s'installer une bulle opaque, qui la protégeait du monde extérieur. Elle percevait des mouvements et des bruits, mais elle ne leur portait pas attention, donc ils n'avaient aucun impact sur elle et la jeune femme pouvait demeurer immobile, l'esprit endormie. Elle évitait donc de réfléchir à ce qu'elle venait de vivre, ce qu'elle avait vu lorsqu'elle avait traversé la cuisine, mais surtout, elle évitait de réfléchir, elle ne pensait à rien. Cet état dura un certain temps, puis elle sentit qu'on s'approchait d'elle.

Toujours ailleurs, elle perçu la présence de Kalalli. Elle avait voulu l'aider plus tôt, le soulager de sa tristesse et de sa douleur, en vain. Loutre-Grise avait bien un don, en fait elle en possédait plusieurs, mais elle s'était sentie inutile durant l'attaque et ce qui s'en était suivi. Elle n'aurait jamais dû partir de chez elle...

L'adolescent demeura assis près d'elle, sans bouger et sans faire de bruit jusqu'à ce qu'une autre personne vienne se joindre à eux. Par réflexe, Louison leva les yeux vers lui lorsqu'il les salua dans sa langue natale. La jeune femme n'avait qu'une langue natale, l'anglais. Malheureusement, les métisses ne parlaient pas tous leur langue et c'était son cas. Élevée parmi les siens, elle aurait dû pouvoir le faire, mais sa tribu avait abandonné leur langue, désuète. Elle poussa un court soupir à peine perceptible, de tristesse et de déception, mais elle ressentit aussitôt une grande chaleur lorsque l'inuktitut salua dans sa propre langue. Les deux garçons possédaient une très grande richesse, il avaient conservé leur langue, ce qui était une bonne chose.

Louison repensa alors à toutes ces veillées où, fatiguée par de longues journées à l'école, mais fascinée devant toutes ces merveilles qui se déversaient dans ses oreilles, elle avait suivi les nombreuses légendes de son peuple. Les métisses avaient une histoire qui leur était propre et elle en était fière. Lentement, un urgent besoin de communiquer la tira de sa léthargie. Loutre-Grise voulait connaître ces deux garçons qui, comme elle, possédaient un don plus spécial que les autres. Elle posa un long regard sur elle-même. Elle était sale, poussiéreuse et pleine d'ecchymoses. Elle était dans un piteux état. Néanmoins, l'arrivée des deux garçons l'avait réveillée. Son corps et son esprit étaient meurtris, mais rien n'était définitif. Elle guérirait et la première étape était pour elle de parler. Elle leva lentement les yeux et rencontra le regard de Kala. Quelque chose de puissant l'obligea à garder les yeux rivés sur les siens. Elle répondit d'une voix enrouée à cause de la fumée et de la poussière avalées lors de l'effondrement.

"Salut!" Je m'appelle Louison Monet, je suis métisse. Mes amis et ma mère m'appellent Loutre-Grise."

Elle toussota un court instant avant de poursuivre. Sa voix était la même, mais elle renfermait un peu plus de fermeté. De plus, elle quitta le regard de l'inuit pour plonger dans celui de l'algonquin.

"Je ne parle que l'anglais et un peu de français, désolé. Mais comme disait souvent ma grand-mère, si tout le monde parlait la même langue, qui engagerait les traducteurs? Ça me parait logique, non?

Elle fit un rapide clin d'oeil pour montrer qu'elle plaisantait, puis elle posa une question qui s'adressait aux deux.

Ça fait longtemps que vous vivez ici, moi je suis arrivée hier."

Louison sourit brièvement à River qui passa près d'eux avant de reporter son attention sur les deux amérindiens. Elle conserva son sourire malgré la situation...

Nan' fut soulagé en entendant la réponse, presque immédiate, de Wind. Elle avait raison, nombreux étaient ceux qui n'avaient pas la chance d'être en vie, ou mieux encore, en santé comme lui. C'était en partie la raison pour laquelle il s'inquiétait de son anti-héros favori. Aussi parce qu'il s'en faisait pour Wind, mais étonnamment, cet argument semblait peser de moins en moins. Comme si cette attaque avait réveillé en lui quelque chose qui le rendait plus affectueux, qui lui permettait d'apprécier le jeune serbe qui, malgré ses grands mots vilains, n'avait pas hésité à s'élancer sur la sentinelle, la veille, pour aider des inconnus et sauver, peut-être, des gens qui ne le considéraient même pas comme des amis.
Parlant d'amis, il vit Jen passer, et entrer à son tour dans la cuisine, mais celle-ci ne sembla pas le voir. Elle avait l'air choquée. Tout le monde l'était plus ou moins. L'algonquin hésita un instant à aller la voir... Quelques minutes auparavant -ou étaient-ce des heures?- ils s'amusaient joyeusement dans la neige, elle lui fabriquant un coeur lumineux.
Mais la réponse de Kala le retint de partir. Il retourna son regard vers lui, un peu plus jovial, et répéta le salut Inuit.

-Lave-toi avec la neige. Il y a souvent des esprits guérisseurs qui s'y cachent...

Le commentaire de départ était banal. L'explication l'était moins, mais on s'habituait à ce genre de réflexions de la part de l'algonquin. Ivy arriva sur ces entre faits, accompagnée de Jess et Laura, les petites charmantes de l'institut. Il répondit au signe de main de Laura en souriant, puis avisa Ivy qu'il venait de voir passer sa coloc.

-Elle vient de passer vers la cuisine.

Il jeta un instant un regard en direction de Laura et Jess, l'une étant en larmes et tentant, de ce que Nan' comprit, de persuader l'autre de partager sa chambre. Ou de partir. L'autochtone n'eut pas le temps de se poser des questions -de toute manière, la réponse aurait été évidente, avec la moitié de l'institut ravagée- que Louison se présenta à son tour. Comme Nan' ne comprit pas le trait d'humour -n'y étant pas habitué-, il se contenta de cligner des yeux avant de répondre.

-Je suis ici depuis 4 ou 5 lunes, je ne sais plus...

Il prit une pause durant laquelle il observait Jess et Laura argumenter, se disant qu'il préférerait qu'elles restent ici, car même si ils ne se côtoyaient pas vraiment, il les aimait bien et appréciait toujours leur présence.

-Je n'ai pas encore été totémisé par contre. J'ai dû partir avant de subir les épreuves...

Le jardin, surtout devant les grilles, se vidait, et bien que Nan' ne se demandait pas, de toute manière, où allait tout ce monde, il était loin de se douter que plusieurs élèves s'affairaient à soigner les blesser, rassembler le matériel et les vivres encore en état, bref étaient en mission survie...

--> le salon

Jessica suivait le mouvement lancé par Ivy, à demi traîner par Laura, sans réfléchir à ce qu'elle faisait. Dans sa tête, le film des dernières minutes repassaient en boucle. Elle voyait son entré dans le salon, le murmure à Fab aussi clair que de l'eau de roche, Olivier, et puis tout le reste. Petit à petit, la scène était tronquée. Il ne resta bientôt que le coup de feu, et le sourire de Myou qui disparaissait dans le sang. Myou... Elle se retourna brusquement, lâchant la main de Laura, ne regardant pas le nouveau cadavre visible. Fab... Il était resté dans le salon, avec elle. Jess sortit son communicateur et l'appela d'une voix peu assurée.

« Fab... Fab t'es où ? On est dans le jardin... Rejoins nous... Restes pas là-bas. »

Elle espérait qu’il réponde à sa demande. Elle voulait réunir l’équipe, du moins ce qu’il en restait... Elle pensait que Sven s’en sortirait quoiqu’il arrive, mais ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. Elle savait que Fab allait bien. Il restait Frank. Sur l’instant, elle ne pensa pas à Kirsten, mais à Léo, et se rappela qu’il n’était plus là. Il avait bien de la chance de n’avoir pas assisté à ce terrifiant spectacle des profs. Où était-il ? Aucune idée. Chez lui. C’est tout. Jess se retourna, pour voir qui était là et en forme, où en tout cas vivant. Les allez et venu étaient nombreuses. Ivy était partie parler à Nan.

Jess se baissa, prit de la neige dans la paume de ses mains, et ne se préoccupa pas plus du froid. Au bout d’un moment, elles étaient assez engourdi pour lui faire mal, mais elle ne dit rien. Au contraire, elle se sentait mieux au contact du froid. Autour d'elle, les gens partaient, et elle se tourna vers le bâtiment, prenant conscience des dégâts provoqués par cet espèce de tremblement de terre qui avait fait vibrer l'institut tout entier sur ses fondations. Une chance pour eux, tout n'était pas détruit, mais il y aurait de sacrés travaux à effectuer. Et c'était la problème. Jess pensait travaux, reconstruction, et recommencement, mais visiblement, Laura pensait plutôt à tout lâcher, à retourner vivre dans un endroit qu'elle considérait comme plus sûr. Elle l'écouta sans l'interrompre, sachant pertinemment que de toute façon, jamais elle ne pourrait quitter ce lieu. Même s'il venait à être totalement détruit, alors il faudrait recommencer. Encore et encore. Sa place était ici.

La question du matin, elle s'en souvenait. De même que pour les portes ouvertes, ce qui n'était sans doute pas le meilleur souvenir à évoquer, même si Laura ne l'avait certainement pas fait exprès. Ce jour là, elle avait rencontré Myou, et Avatar lui avait sauvé la vie. Elle avait failli terminer en bouilli, écrasé par un pied géant mécanique. Mais au final, elle n'avait pas échappé à son destin, et avait bel et bien terminé en bouilli. Elle eut un frisson, comme pour chasser ses idées noirs. Elle répondit cependant d'une voix lasse, de celle qui ne voulait pas paraître déprimer, qui ne voulait pas montrer ses émotions, mais qui ne parviendraient pas à les dissimuler bien longtemps, à moins de complètement se refermer et de ne plus établir aucun contact.

« Tu crois qu’on serait plus en sécurité chez toi ? Ici il y a... peut-être plus de danger... c’est vrai quoi on réunit plein de mutant au même endroit, normal qu’ils veuillent tous se débarrasser de nous comme pour les portes ouvertes. Pour les profs, j’sais pas. Mais en tout cas c’est pas normal. Et j’ai bien l’intention de savoir ce qu’il s’est passé. Je veux pas fuir, laisser tomber les autres. Et même si je voulais... je peux pas...»

Jess sentit bien que ses paroles risquaient de blesser Laura, de la mettre en colère, de la faire pleurer encore plus. Mais ce n’était pas ce qu’elle voulait. Elle voulait juste que la jeune mutante comprenne son point de vue, qu’elle l’accepte. Même sans le partager. Sans lui laisser le temps de rien dire, Jess la prit dans ses bras, lâchant la neige fondue qu'elle avait dans les mains, pour lui dire à l’oreille quelques mots bien audible.

« Ici, c’est chez moi. Je ne partirais pas. »

C’était peut-être brute comme parole, mais au moins sans équivoque. Jess n’avait pas choisit la voie diplomatique la plus longue, mais la voie la plus simple, ne laissant plus court à la discussion sur le sujet. Jess agissait pour le mieux, tandis qu’elle ne parvenait plus à démêler ses propres pensées. Par dessus son épaule, Jess avait un regard bien vide, sans aucune expression. Laura ne le vit pas, mais Nan qui les observait ne manquerait pas de le remarquer. De nouveau, Jess attendait. Soit que Laura se calme, soit qu’elle la repousse brutalement devant son refus net de rester ici, même dans ces bâtiments en ruine, partiellement détruit et abritant encore un certain nombre de corps sans vie.

Niko resta agenouillé un moment dans la neige, Le monde continuait de s'activé autour de lui. Certains rentraient d'autre sortait par les fenétres de l'institut. beaucoups étaient bléssés, certains était mort et lui il n'avait rien et il n'avait rien fait. Il s'était contenté de courir! C'était la seule chose qu'il faisait bien à part manger.

Mais même la, il n'avait pas été capable de s'approcher de son prof pour le maitrisé. Gelé et tremblant de tout son corps, le gros Mutant se leva doucement attrapa son communicateur et pour envoyer ses excuse à son coloc, mais il se ravisa. Même ça il n'avait pas le courage de le faire.

Puis il se dirigea vers Laura et Jess en trainant ses pieds nus dans la neige. son t-shirt était trempé et encore taché des détrituts de la chambre d'Alix.

Puis il leur demanda sans vraiment attendre la réponse:

-Qu'est-ce qu'on fait maintenant! Quelqu'un a vu Alix ou Gaby?

Puis il saisit son communicateur et envoya un message à son ami.

- Al... t'es où? Au fait désolé pour ta chambre! tu voulais pas l'aérer? Bah là, c'est foutu!

Il fit une petite pause et demanda.

- je peux dormir avec toi ce soir? j'ai un peu les boules!

[

Salon]

Lentement, comme ailleurs, Fabrisio arriva à l'extérieur.
Trainant presque des pieds, les mains dans les poches, l'italien d'habitude si ouvert et souriant n'affichait plus la même joie de vivre. Il sentait que quelque chose avait changé. Etait-ce provisoire ? Permanent ? Il n'en savait rien et à dire vrai, il ne s'en souciait pas.

Il vit le monde présent mais ne se mélanga pas de suite à la foule.
Il préféra un petit coin de pelouse reculé où il s'assit.

"La cuisine ! Elle est dans la cuisine ! C'est génial !" s'exclama Ivy avec un regain de vigueur, comme si c'était la meilleure nouvelle qu'elle ait jamais entendue. C'était peut-être le cas, il aurait fallu vérifier.
L'irlandaise sauta au cou de Nanikana et l'étreignit brièvement. Il fallait qu'elle bouge, qu'elle s'agite futilement le temps que passe cet orage. C'était pourtant horrible de réaliser que la survie de Jenifer lui tenait plus à coeur que la mort de Lyu et Myou. Ca lui avait foutu un coup, c'était certain. Mais elle partageait tout avec sa colocataire depuis son arrivée à l'institut... Tout. Chambre, secrets, rires, repas, missions parfois, temps libres, cours... Les élèves qui ne lui étaient pas proches faisaient partie du décor, des meubles. Une maison c'est mieux avec des meubles, mais sans fondation, meubles ou pas la maison s'écroule, un peu comme les dortoirs de l'institut.
Jenifer faisait partie de ses quelques fondations. Elle était un mur porteur, un pilier central. Quand on avait plus rien d'autre, ce genre de chose devenait essentielle, et Ivy dans un éclair de maturité, s'en rendait compte par la mort de ses camarades... Malgré son indépendance maladive, il y avait bien quelques choses dont elle dépendait. Tout comme elle avait dépendu d'Olivier. Elle ne pourrait plus jamais le regarder de la même manière, pas après ce qu'elle avait vu dans le salon. Elle avait bien souvent pesté à ses réprimandes ou certains de ses choix comme à Génosha, mais c'était tout autre chose cette fois.

La rouquine tourna la tête vers Jessica et Laura qui s'étaient mises à l'écart, avec Niko en arrière-plan, et se précipita vers la porte de la cuisine, loin du corps de Michel qui flirtait avec la neige.

Cuisine

Les élèves encore présents dans le jardin virent un arbre s'animer : l'une de ses branche rentra par la porte de la cuisine, et en ressortit avec le frigo tout en arrachant un morceau de mur au passage.

Telle une catapulte, la branche décrivit un arc de cercle harmonieux durant lequel le frigo se vida de ce qui restait à l'intérieur au nez et à la barbe de Niko, son plus fidèle dévot, avant d'être éjecté dans le jardin.
Le frigo fit un vol plané lourd et s'écrasa dans la neige un peu plus loin. Ce nouveau record de lancer devrait sûrement faire pâlir Cid McCoy de honte.

Wind à Nan a écrit:- Jen, Nan, Enzo, Iacobo… qui d’autre est avec vous ? Et comment allez-vous tous ? Enfin Iacobo, je visualise, mais… les autres ? Vous allez bien ?

...puis à Laura a écrit:- Laura ? Est-ce que… tu n’es pas blessée, rassure-moi ?

Laura qui avait stoppé ses larmes durant un instant se remit à pleurer dans les bras de Jessica. Elle la serra fort contre elle. Soit... elle ne voulait pas partir... D'accord. Bien. D'accord. Ainsi elle préférait rester avec "les autres". Tant pis... Elle venait de perdre une amie. Tant pis ! Peut-être même tous. Peut-être même tous était morts, tant pis !!! Puis elle se détacha, puis elle la repoussa violemment, puis elle la regarda sans rien dire. Dans les yeux, comme ça. Maintenant Fab était là, Jess avait Fab, et elle n'avait plus besoin d'elle. Elle ne l'aimait plus. Soit. C'était comme un adieu, quand elle l'avait prise dans ses bras, un geste affectueux qui coupait le lien qui les unissait. C'était pire que si elle était morte, non elle était en vie mais elle ne l'aimait pas. C'était égoïste mais c'était la façon dont elle le ressentit et cela la perturba d'autant plus qu'elle détestait cet égoïsme. Elle serra ses poings, s'empêcha de pleurer, regarda le sol, immobile. Puis elle partit en courant, en pleurant, vers le salon pour revenir à l'intérieur. Elle irait prendre son carnet à dessins et puis elle partirait, plus personne ne voulait d'elle de toute façon. A quoi cela servirait-il qu'elle reste et risque sa vie ?

Elle sursauta et s'arrêta quand elle vit le frigo puis s'apprêta à rentrer, quand elle reçut le message de Wind. Elle voulut s'adosser au mur, mais n'osa pas. Elle soupira... Quelle hypocrite... La grande-soeur à tout le monde ! Elle voulait tellement ne pas faillir à son rôle de protectrice universelle qu'elle allait même jusqu'à demander à tout le monde cas par cas s'ils allaient bien... Sinon pourquoi l'aurait-elle appelée elle ? Elles n'avaient en commun qu'une corvée partagée un jour ! Et c'était avant que Kitty ne devienne la princesse de l'insitut... Elle s'en voulut de penser cela à nouveau... Pourquoi ? Wind allait bien, elle devait être rassurée... Pourtant, elle pestait contre tout le monde ! Elle entra dans le salon en répondant à Wind :

"Ca peut t'faire quoi ? T'façon ouais ça va, j'ai rien. Comment vont... Puis nan laisse tomber !"

Elle envoya son message et se dirigea rapidement vers les chambres, n'ayant qu'une idée en tête avant son départ.

Jardin

Chambres

Message pour Niko le Bullet !

Niko purin, pas grave pour la chambre, on dort ensemble à l'infirmerie ce soir oui pour vieiller les morts. Hé j'y suis et Anna me fait l'infermier. Viens voir comme je m'occupe des autres, et viens me soigner aussi ! Purin tu vas pas croire je suis déguisé comme en docteur Schneider. Apporte tes gâteaux.

Finalement Joachim en eut marre d'être assis comme un idiot, et dans un élan de déprime. Il n'eut ni envie de voir qui avait survécu, était mort, était blessé. Il n'avait pas non plus envie d'aller fouiller les décombres. Par contre il avait froid et besoin de bouger. Il se leva donc de contre l'arbre, regarda les gens qui allaient et venaient alentours de manière aléatoire et assez idiote il fallait le croire. Ou en fait il essayaient juste de trouver d'autres gens. En fait il s'en foutait.

Il prit donc, contre toute attente de la part de qui que ce soit de sensé, la direction du portail et sortit de l'institut. Il avait, heureusement, encore ses économies puisqu'il était parti avec elles à la patinoire.

Centre commercial (ellipse narrative)

Ballade dans le jardin qui atterrit à la piscine

Kala fut rassuré lorsqu'il entendit le salut dans sa langue que Nan avait répété. Même s'il savait parfaitement que l'algonquin ne devait pas connaître la culture des Inuktituts - et c'était d'ailleurs réciproque pour lui envers les Algonquins - il se sentit avec les siens, avec ceux de son peuple.

Lorsque Nan lui proposa de se nettoyer le visage avec de la neige, les yeux de l'Inuit passèrent de la neige à ses mains amochés, et sa mâchoire se crispa en imaginant le contact glacé avec ses plaies. La douleur devrait alors certainement être difficilement tenable, quoi qu'il commençait déjà à souffrir un peu des morsures du froid.

Il écouta ensuite Louison se présenter et faillit sourire lorsqu'elle mit une touche d'humour. C'était une façon amusante de présenter la nécessité qu'il y ait une diversité dans les langues, mais le cœur n'y était malheureusement pas.

Elle demanda depuis combien de temps chacun était là, précisant qu'elle même était là depuis la veille. L'algonquin répondit qu'il était là depuis quelques lunes. "Seulement quelques lunes, donc moins d'une semaine ?" se demanda Kala.

Puis Nan' précisa qu'il n'avait pas été totemisé. Curieux de savoir en quoi cela consistait, il répondit d'abord à la question de Loutre Grise.

" Ça fait depuis deux jours que je suis là. Je suis venu pour demander de l'aide aux mutants afin que quelqu'un soigne mon père malade. Mais ce serait assez malvenu d'aller demander à Madame Deneos maintenant où ça en est... "

Il baissa les yeux un instant. Egoïstement, il pensa que son père, bien que son état soit stabilisé, n'était pas prêt d'être soigné. Puis il refoula cette pensée. Son père pouvait attendre, alors qu'il y avait certainement plus de blessés graves ici avec les derniers évènements. De plus, la femme serait certainement bien trop occupée pour s'occuper de lui pendant les jours à venir... Après tout, c'était un inconnu. Il rajouta :

" Peut être que Louis pourra faire quelque chose. Il est guérisseur. C'est utile comme pouvoir, surtout en ce moment. Il doit être très occupé! "

Il imaginait son ami courir de partout et soigner un maximum de monde. Repensant aux paroles de Nanikana, il demanda :

" En quoi consistent les épreuves pour être totémisé ? "

Assis dans la neige, Fabrisio semblait insensible au froid.
Il n'en était en fait rien. Mais son état quasi dépressif était tel qu'il ne faisait pas attention aux agressiosn du froid sur lui. Comme ailleurs, il caressait la neige du bout des doigts.

Il ne manqua cependant pas de réagir lorsqu'un arbre, s'animant, rentra dans l'institut et en arracha le frigo. Celui-ci fut alors projeté plus loin dans le jardin. L'italien regarda le spectacle, les yeux grands ouverts.
Mais ce n'est pas pour autant qu'il bougea de sa place

A peine arrivé, que déja Laura s'enfuyait. Niko dévisagea Jessica. il ne la connaissait pas plus que ça, mais elle semblait sympa. Il essaya de se rappelait un moment en quoi consistait son pouvoir, mais il ne parvint pas à s'en rappelait.

Soudain Niko entendit comme un bruit de branche qui craque. Ils se retourna et aperçut une branche bouger et rentrer dans la cuisine. Puis d'un coup, Le gros mutant vit un frigo volant se vider de sa précieuse nourriture en plein vol. Son communicateur se mit à cracher le message de son ami. Bullet allait réponse quand il réalisa d'un coup ce qu'il venait de voir.

Désemparé, il se laissa tombé à genoux dans la neige. Il cercha à dire un mot mais aucuns sons ne sortit de sa bouche. Puis il s'attrapa les cheveux qui avait repris une longueur habituelle et il se mit à pleuré. Soudain un hurlement de béte agonisante sortit de sa gorge.

- NNNNNNNNNNNNOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNN!

Puis partit en courant vers la pauvre machine, sa vie n'avait plus aucuns sens et sous le coups de l'émotion, il ne parvint pas à activé son pouvoir. Il courut en se traînant comme à chaque fois qu'il courait sans super vitesse.

Arrivé au frigo, il s'arréta et constata les dégats. La porte s'était détachée de la machine et gisée à quelques pas de là. Il s'approcha de la coque et put constater que sa froideur protectrice avait disparut pour lasser place à la température ambiante. Bullet constata alors que le groupe frigorique était mort. Le compresseur et le condenseur avait traversés l'arriére du frigo, comme si il avait traversé son propre coeur. Et l'evaporateur était en miette. Niko regarda un moment la marque de la machine et il constata que c'était du haut de gamme

- Pourquoi... pourquoi lui? Il faisait bien son boulot et ne demandait rien à personne. C'est pas juste c'est toujours les meilleur qui partent en premier!

Puis il se demanda si le four marchait toujours. Ne pouvant supporter plus longtemps cette horrible vision, il attrapa la porte et la posa sur le corps du pauvre frigo pour le refermer.

Il garda une demi minute de silence qui lui parut une éternité et envoya un message à Alix la voix rempli d'émotion

- Je suis désolé, j'ai rien pu faire! J'ai été inutil comme d'habitude. il est mort... Mort! Le frigo est mort.Je sais plus ou j'en suis! C'est pas humain de vivre ça! On esten plein cauchemard. Si tu a la possibilité de me rejoindre, je vais au centre commercial... On peut pas survivre comme ça.

Il coupa la communication et envoya un message à tout le monde, on pouvait sentir une sorte de tristesse dans sa voix.

- Si quelqu'un a le permis, retrouvez moi dans vingt minutes devant le centre commercial avec un fourgon ou un camion voir deux avec le coffre ouvert! Laissez tourner le moteur, parce qu'il faudra vite partir! Camille, ton aide sera pas de refus... Rob restes ou tu es, t' es trop le...blessé! Foi de Bullet, il ne sera pas dit que nous mourrions de faim!

Il coupa la communication et réussit à activé son pouvoir, il avait enfin trouvé une raison de vivre.

Toujours gelé et habillé en caleçon, Bullet courut en direction du centre commerciale.

=> centre commerciale

Décombres des chambres, au rez-de-chaussée

La jeune femme sortit de ce qu’il restait d’un institut à moitié dévasté par un terrible tremblement de terre. L’idée que cette catastrophe ait été provoquée par un élève ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Elle était purement et simplement convaincue qu’il s’était tragiquement agi d’un phénomène naturel, tout comme celui qui s’était produit avec la météorite, aux portes de son pays natal, il y a de cela quelques temps déjà.

Ainsi, en toute bonne élève qu’elle avait été chez elle, la petite personne avait bien appris ses cours de géologie et s’attendait donc d’une minute à l’autre à voir apparaître la seconde vague sismique qui survenait toujours plus calmement. C’était donc la raison pour laquelle elle était maintenant toute essoufflée. Traverser tout l’institut en sprintant, avec des émotions qui lui remuait dans tout son intérieur, c’était tout de même quelques choses de relativement éprouvant. C’était d’ailleurs à se demandé comment est-ce qu’elle avait su résister aux terribles pulsions qui avaient pourtant fait rage en son sein, tentant sans relâche de la faire céder à la transformation qui caractérisait son pouvoir de mutante.

Des mouches, c’était bien la dernière chose qu’il aurait fallut en ce terrible moment où les corps inertes étaient découverts, et les blessés, tous escortés à l’infirmerie les uns après les autres. Cela ne faisait même pas encore une journée entière qu’elle était ici, et pourtant, énormément de choses venaient de se produire, et qui la laissait dans l’expectative d’explication la plus totale. Les questions se soulevaient en masse, à commencer par celle de comprendre soudainement la raison pour laquelle seul la moitié de l’institut avait été détruit, et pourquoi est-ce que le reste semblait être resté intacte.

S’approchant à petits pas timide du groupe qui discutait dans le jardin, la mutante reprenait son souffle et essayait tant bien que mal de catalyser ses émotions, et partant de là, son pouvoir. Il fallait qu’elle obtienne des réponses, et elle croyait avoir trouvé des gens capables de lui répondre. Dans le lot, elle reconnaissait le jeune Kalali qui avait pris le temps de déjeuner avec eux dans la chambre de River et Wind. Du reste, ce n’était presque que des visages nouveaux, ou bien tout juste aperçu dans l’institut durant les cours du matin.

« Terrible n’est-ce pas ? Pourquoi les autres ne sortent-ils pas ? N’ont-ils pas peur qu’un second tremblement de terre arrive ? On parle toujours du retour après la tempête quand il s’agit de séisme… »

Elle bégayait un peu en réceptionnant les quelques flashs qui lui embrouillèrent son champ de vision. Elle se revoyait encore, pendouillante au dessus du vide, ou plutôt, au dessus d’une armée de décombres qui semblaient déterminés à l’empaler vivante lors de sa chute, même si ce ne fut, grâce à Dieu, heureusement pas le cas. Belle et bien vivante, Yrianna sourit vaguement, encore trop sous le choc pour pouvoir affirmer n’importe quelle humeur qui aurait été en mesure de la caractériser en temps normal.

« C’est quand même bizarre, je sais pas si vous avez vu l’intérieur, mais les chambres des garçons sont toutes bousillées, et rien du reste… Ca a permis de maîtriser le Richard fou qui se clonait, certes, et pour cela il faut remercier le seigneur. Mais je ne m’explique pas cette drôle de répartition des dégâts… »

Elle se tritura un peu les mains en regardant l’ensemble du gros bâtiment dans toute sa splendeur, contente d’être dehors. Décidemment, cette patinoire, et cette visite du centre ville pour s’acheter de nouveaux vêtements avec River, ce n’était sans doute pas pour aujourd’hui.

Rachel à Niko a écrit:"Les clés sont dans les bureaux des professeurs qui sont verrouillés! Vous ne pourrez jamais prendre une voiture...Tu as combien de nourriture? Je pourrais nous téléporter...Oh et en passant, tu as acheté ca avec quel argent?"

Rachel à tout le monde a écrit:"À propos du message de Niko, je vais y aller. On a pas de voitures de disponibles de toute facon...Si quelqu'un peut venir aider dans le hangar et dans le couloir pour trouver le plus de couvertures, de matelas, de draps, d'oreillers ou n'importe quoi qui aiderait à monter des ltis de camps, ce serait super apprécié!"

[HJ : par lune c'était pleines lunes, ou cycle lunaire, donc environ un mois... Faudra que je fasse un dico Nan'-Français^^
Et pis il fait plus froid dehors que dans le frigo, je ne m'inquièterais pas pour la bouffe, Niko!]

Toujours aussi déphasé par rapport au reste des élèves, qui courraient partout en tentant de se rendre utile, le triotochtone restait assis à discuter dans la neige. Tout en conservant un oeil sur Jess et Laura, Nan' répondit à Kalalli avec un tact qui ne lui était pas naturel, mais un manque d'informations qui le caractérisait parfaitement.

-Louis n'est pas en état.

Il l'avait dit vite, espérant pouvoir passer rapidement à autre chose, et le jeune inuit lui en donna l'occasion en lui posant des questions sur la totémisation. Nan' s'efforça de cacher sa surprise : comment un amérindien pouvait ne pas connaître? Existait-il des peuples chez lesquels la totémisation ne se pratiquait pas?

-Loutre Grise pourra certainement mieux te répondre. Il y a plusieurs épreuves physiques et psychologiques, puis l'épreuve de solitude et enfin on rencontre le cons...

Mais Nan' fut interrompu en plein récit -ce qui est assez rare pour le souligner!- par un arbre qui décida de propulser le réfrigérateur dans la neige et, accessoirement, par l'arrivée d'une jeune fille visiblement en état de choc. Elle parlait d'une deuxième secousse et Nan' se demanda pourquoi Chloé aurait eu envie de récidiver. À ce qu'il savait, elle n'avait pas vraiment un tempérament destructeur! Mettre à terre la moitié de l'institut devrait donc lui suffire, non?
La confirmation que les chambres des garçons étaient effondrées, bien qu'il s'en était douté en voyant l'extérieur de la bâtisse, vint poser à Nan' le besoin de se faire un nouvel attrappeur de rêves, et peut-être de nouvelles raquettes. Probablement que ses statuettes aux esprits aussi avaient soufferts des secousses, mais ça ne le dérangeait pas plus qu'il fallait : il restait zen face à la situation.
Une qui semblait moins zen, c'était Laura, qui repoussa Jess dont le regard vide avait hypnotisé Nan', sans qu'il ne puisse répondre à Yrianna. Sans porter attention à son communicateur qui grésillait comme un sac de maïs soufflé dans les mains de Tim, l'algonquin se leva subitement et alla voir Jess pour savoir ce qui se passait : les deux amies étaient généralement inséparables, lui semblait-il! Évidemment, il écorcha le nom de la petite fille, avec son accent amérindien.

-Gessica, qu'est-ce qui a?

C'était ainsi à l'institut. Dès que l'on s'asseyait pour discuter avec quelqu'un, il se passait quelque chose qui nous empêchait de terminer la conversation normalement. Mais on s'y faisait...

Jess se sentit repoussé, comme elle l'avait prévu. Elle observa Laura s'en aller, ayant toujours son regard vide et inexpressif. Elle ne voulait pas... tan pis. Peut-être qu'elle se reverrait un jour quand même, ou peut-être que Laura réaliserait que la vie était encore meilleur ici qu'à l'extérieur, qu'ils avaient la possibilité d'agir pour faire changer les mentalités, ou peut-être que c'était la dernière fois qu'elle l'avait vu s'éloigner ainsi. Puis elle tourna son regard vers Fabrisio, qui semblait bien mal en point. C'était la mort de Myou qui le touchait autant ? Jess se sentit mal, tout d'un coup, ayant pour la première fois accepter de penser que Myou était bel et bien morte. Mais elle ne dit rien pour autant. Elle tourna son regard vers l'arbre lorsqu'il fit voler le frigo, surprise, malgré un manque évident de réaction. Elle était complètement ailleurs.

Nan la sortit de ses pensées lorsqu'il l'interpella pour lui demander si elle allait bien, tandis que Niko partait en courant vers le cadavre du frigo dont la nourriture se répandait partout. Il leur avait parlé d'ailleurs, mais Jess avait déjà oublié ses paroles. Elle s'en voulu de ne pas avoir répondu à Niko, mais de toute façon, elle n'aurait pu que dire qu'elle ignorait où était ses camarades. Après quelques secondes, elle regarda de nouveau Nan, puis Fab, puis encore Nan. Derrière, en second plan, Kalalli et Yrianna. Elle ne les voyait pas, ils n'attiraient pas son attention. Elle répondit finalement à Nan, après une bonne minute de silence.

« Ça va, j’ai pas à me plaindre comparé à certain. »

Jess semblait croire ce qu’elle disait, et pourtant quelque chose était dérangeant dans sa manière de le dire. Elle était absente, il n’y avait plus rien dans le ton de sa voix, autre que sa voix elle même. Elle entendit Laura dans son communicateur, mais ne répondit pas. Comme tout ce qui venait de l’extérieur en ce moment, ça ne l’atteignait pas. Son regard croisa celui de Nan, mais elle le détourna, de peur peut-être, de honte de ne plus savoir s’ouvrir. Finalement, après tant d’indifférence, elle s’énerva et réagit vivement. S’adressant à ce pauvre Nan alors qu’il n’y était pour rien, elle dit ce qu’elle aurait dit à Laura si elle avait eu le courage de reprendre son communicateur pour que la jeune fille entende son message.

« Et puis j’en ai marre! Elle comprend rien et elle comprendra jamais rien! Ici c’est chez moi, pas toi ?! Elle peut pas comprendre ça, et j’arrive pas à lui expliquer. Je ne partirais pas même si tout ceux que je connais meurt les uns après les autres! Tout ce que j’ai est ici! Et... et... j’suis désolée Nan... »

Elle baissa les bras et se tourna vers Fab. La jeune mutante s’en approcha, s’assit près de lui dans la neige, et passa ses bras autour de son cou. Tournant le regard vers Nan, elle prononça quelques paroles supplémentaires, mais cette fois ci, il n’y avait plus aucune trace de colère, ni aucun reproche. Juste un simple avis.

« Lui, il a plus besoin qu’on lui demande comment il va... »

Jess resta près de Fab, toujours aussi impassible. Elle voulait juste rester avec lui, car il était le seul qui partageait, ici, un tel lien avec Myou, leur amie et coéquipière. Il était le seul...

Toujours assis, Fabrisio entendait les autres jeunes discuter, parfois même violement. Mais les éclats de voix ne parvenaient pas à l'extraire de sa léthargie. Il avait l'esprit ailleurs et il s'en rendait compte. Tout comme il comprenait ce qui s'était passé. Du moins en avait-il un vague souvenir et donc une partielle conscience du résultat.

Sans qu'il ne s'en rende compte, quelqu'un s'était approché de lui et s'était assis à ses côtés. Il tourna légèrement la tête et du coin de l'oeil, il reconnut Jessica, sa jeune coéquipière. Une fois assise à même le sol, aix côté de l'Italien, elle passa ses bras autour du cou de Fabrisio. D'abord surpris du geste, l'Italien ne suquoi dire, et encore moins comment réagir.
Et puis, laissant aller, il apprécia le contact et la chaleur de la fillette.
Il passa à son tour ses bras autour d'elle, la serant comme on sert quelqu'un de proche, avec toute la tendresse possible.
Il ferma alors les yeux et ne bougea plus.

Anna à tous a écrit: Pour ceux qui l'ignoraient encore, les professeurs ne sont plus contrôlés ... Certains s'occupent de les faire sortir de la salle de dangers... Ils devraient nous donner un coup de main ... Normalement..."

"Je vais maintenant m'adresser plus particulièrement aux X-Rays et aux JustiX ... Mr Zachary et Melle Marcin sont vivants. Et je pense qu'ils vont bien ..."

Hangar

Sanglotant le visage déformé par la rage, Georgia avançait d'une manière grotesque dans la neige. Ses côtes et sa cheville donnait un côté comique à une situation qui était sinistre. Elle se sentait très beckettienne à l'instant même. La fille qui se noit dans la flaque d'eau, c'était elle. Et aussi folle qu'elle était, et aussi entière et perturbée et troublée et traumatisée, elle était d'une laideur toute personnelle...

Elle frissonna regardant en avançant les silhouettes diaphanes qu'elle ne pouvait apercevoir que mal, les yeux embués et le regard dans le vague.

Qui étaient ils ? Elle s'en fichait. Elle avait tout essayé. D'être elle même. Ca n'avait pas marché. D'être la chef responsable de son équipe. L'équipe avait été dissoute. Elle s'était faite jeter le matin même pour irresponsabilité. Et tout le monde la prenait pour ce qu'elle était : une pauvre folle.

La situation était plus grave que sa propre faillite personnelle. Les souffrances de la collectivité disqualifiaient les siennes. Son témoignage individuel n'intéressait personne. N'avait aucune valeur.

Sauf à ses yeux. Mais c'était qu'elle était trop égoïste pour s'en détourner. Même quand elle avait tenté d'aider, elle n'avait pu s'oublier. Elle n'avait ni le cran de Ken, ni celui de Rachel, ni celui de qui que ce soit. Elle avait voulu être plus forte que tout.

"Plus fort que moi..." lança t'elle dans le vide. "Plus fort que moi et moi je suis folle ET JE VOUS HAIS !" finit elle en hurlant à pleins poumons.

Elle poussa des hurlements de toutes ses forces. Et tant pis pour sa voix. Tant pis pour leurs oreilles. Et tant pis pour tout. Elle ne serait pas comme Blondie. Tant pis.

Quelques pas dans la neige qui recouvrait ses pas. Seule... Déprimée... Perdue... Et au fond elle s'en foutait des morts de l'Institut & de ses blessures & de leurs souffrances & plus rien n'avait d'importance maintenant qu'elle avait passé les limites de ce qu'elle pouvait supporter...

Sanglotant encore quelques instants, elle finit par tomber à genoux dans la neige. C'était l'heure. Et le lieu. Et la fin était proche. Et tant pis.

Elle fit glisser hors de son pantalon le couteau qu'elle avait dérobé dans la cuisine. Pensait elle au moment de s'en saisir à ce qu'elle en ferait in fine ? Surement pas, mais la destinée est écrasante et ses frêles épaules n'en pouvaient plus.

Elle considéra l'objet quelques instants. Comment s'y prendre ? Son coeur battait à cent à l'heure. Martyrosaure, tu es vraiment sans émotion. Elle laissa le couteau quelques instants de côté. Puis prit son communicateur, la gorge nouée :

"Camille, je t'aimais bien"

Puis :

"Laura, je ne suis pas une héroïne"

Et :

"River, je ne te hais point"

Mais aussi :

"Jade, je dirai à Lyu que tout va bien"

Enfin, elle en eut marre des adieux et vira la machine dans la neige. Tant pis pour les autres, elle ne serait plus là pour constater leur désarroi d'avoir été oublié pour la cérémonie des aux revoirs...

Elle reprit le couteau rapidement et l'approcha de son visage offert. Mais elle hésita la lame sur sa peau. Etait elle vraiment sure ? Ses larmes se firent moins prolixes, plus hésitantes...

Parce que : la neige c'est bien / et aussi faire des bêtises avec Ivy / et lacer les chaussures des autres / et manger des pommes en charriant les Justix / et embrasser quelqu'un pour la première fois / et la pluie / et toutes les petites choses qui font que...

En plus ça faisait mal. La joue coupée, le sang coulant à petites gouttes, Georgia se sentit stupide. Elle lança le couteau dans la neige et alla chercher son communicateur. Elle le fourgua dans sa poche. Tremblante. Se leva. Enleva la neige de ses genoux. Et repartit clopinante, un peu honteuse mais terriblement heureuse d'avoir pu vider son sac entre elle même et elle même...

Elle aimerait bien en parler à Cassandre. Mais les choses s'annonçaient plus compliquées que prévues... Alors, elle fila à travers les couloirs de l'Institut pour aller chercher de quoi se rendre à nouveau utile...

Martyrosaure va !

La haine de soi est très mauvaise conseillère...

Dans l'Institut

Message aux Nexus: ici Kirsten, comment allez vous? Y'a-t-il des blessés? Je me dirige vers le hangar, si vous avez besoin faites moi signe!

Louison écouta les réponses des deux garçons avec le plus d'attention possible. Kala était noveau, comme elle, tandis que Nan vivait à l'Institut depuis un certains temps. Le jeune homme ajouta qu'il n'avait pas été totemisé et la jeune femme fronça les sourcils. Cette pratique n'était plus célébrée dans sa tribu depuis plusieurs années, ce qui la fit réfléchir. Celle que tout le monde surnommait Loutre-Grise, n'avait jamais eût à subir les différentes épreuves afin de trouver son totem. En fait, Loutre n'était pas vraiment son totem, mais plutôt un modèle, une façon de voir les chose et de la caractériser elle. À travers différentes légendes qu'on lui avait racontées, elle connaissait grossièrement les différentes épreuves. Elle savait surtout qu'il fallait jeûner pendant plusieurs jours avant de recevoir l'appel. Nan suggéra qu'elle pourrait expliquer le tout au jeune inuit et elle n'eût pas le temps de lui répondre qu'elle préférait qu'il en parle lui, que son récit serait beaucoup plus proche de la réalité que le sien, car ils furent tous interrompus. Un arbre passa le bras au travers de la fenêtre de la cuisine, en arracha le réfrigérateur pour le lancer un peu plus loin sur la neige!

La mâchoire de Louison se décrocha et elle recula de quelques pas sur le sol, surprise et apeurée à l'idée qu'il s'agissait d'une nouvelle attaque. Elle regarda pendant un instant de tous bords tous côtés, s'apprêta à prévenir les autres lorsque l'arbre s'étant immobilisé, tous les jeunes présents dans la cour cessèrent de lui porter attention.

*Étrange, personne ne réagit...*

Encore plus étrange fût la réaction de certains concernant l'appareil électro-ménager et son contenu. Un arbre venait de prendre vie pour se mettre au lancer du poids, mais la perte d'un peu de nourriture semblait plus importante.

*Ils sont sûrement habitués à ce genre de chose...*

Louison revint auprès des garçons en marchant à quatre pattes dans la neige. Son corps modifia instinctivement la composition de ses deux mains, ce qui lui permis d'éviter d'avoir froid à celle-ci. Sans s'en rendre compte, la jeune femme venait de se servir de son don, pour une seconde fois dans la même journée. Nan s'adressa à une fille plus jeune qu'elle qui semblait aussi déstabilisée qu'eux. En fait, en regardant autour d'elle, Louison compris que tout le monde l'était et que, même si certains s'activaient pour mettre de l'ordre dans la situation, sans toutefois mettre de l'ordre dans les esprits égarés des jeunes de l'Institut, rien n'allait. Georgia, la jeune femme qui lui avait fait des avances un peu plus tôt s'arrêta non loin d'où ils se trouvaient. Elle sortit un poignard effilé et, à genou, se coupa la joue. Avant que Loutre-Grise ne puisse réagir, elle repartit vers l'intérieur, hurlant sa haine au monde. Elle avait peut-être voulu s'enlever la vie? On était-ce un rituel afin de se donner le courage nécessaire pour affronter la situation? La métisse n'en savait rien. Ce qu'elle savait par exemple, c'était qu'un autre pourrait avoir la même idée et que la présence du poignard pourrait faciliter certaines choses. Louison se leva, s'excusa d'un geste de la tête auprès des autres et alla retrouver le poignard que Georgia venait de jeter dans la neige. Elle le glissa à sa ceinture en attendant de lui trouver un meilleur endroit. Elle revint ensuite auprès des autres et, toujours debout, leur adressa la parole.

"Vous ne croyez pas qu'on devrait faire quelque chose pour aider les autres, non? Toi Kala, tu es habitué à vivre dans de pires conditions que celles qu'on a ici, tu dois avoir des trucs, non? J'aimerais bien qu'on reste ensemble, mais je vois que les autres ont besoin de notre aide et je pense qu'on devrait tout d'abord trouver un endroit où se réfugier. Il y a un hangar? C'est une bonne idée, il doit y avoir assez de place pour tout le monde. Je pense qu'on devrait faire entrer les autres, regrouper tout ce beau monde et prendre des décisions en groupe, pas chacun de son côté. Là encore, nous savons tous les trois ce qu'il faut faire pour que ça fonctionne, non? Toi Nan, tu pourrais expliquer aux autres comment bien parler ensemble pour trouver des solutions."

Puis elle se tût. Elle n'avait pas parlé autant depuis un bon moment, depuis qu'elle avait quitté la ville de son père pour venir ici et elle était essoufflée. Elle ne voulait rien imposer aux autres, elle était nouvelle après tout et si les autres voulaient demeurer à l'extérieur pour continuer à discuter, elle resterait auprès d'eux. Elle avait besoin d'eux, elle avait besoin d'amis et la présence des autres autochtones lui était rassurante...

Rachel à l'Institut a écrit:"Avis à tous les membres de l'Institut. Si vous trouvez des coussins, des matelas, des oreillers, n'importe quoi de mou et confortable (sauf Niko), amenez le moi dans le hangar!

Nan' hocha la tête à la réponse de Jess : elle avait raison, mais il préféra tout de même ne pas les déranger, ne sachant pas trop quoi dire à Fab ou comment le sortir de sa léthargie. Et puis, Jess semblait avoir trouvé, elle. Il les laissa donc tranquille et retourna vers Louison, Kala et Yrianna, mais s'arrêtant en voyant quelqu'un hurler comme un possédé. Il ne reconnut ni la silhouette, ni la voix, ni la démarche. Rien. Et puis, elle était loin et il neigeait toujours...
Intrigué, l'algonquin observa la personne repartir, apparemment plus calme, et passer près du petit groupe assis pour entrer dans la cuisine.
À peine de retour (en même temps, il n'était pas parti pour le Pérou!) que Louison leur proposait d'aider les autres. À quoi? Ce ne fut qu'alors que Nan' se dit qu'il faudrait peut-être soigner les blessés et trouver un endroit thermostaté pour dormir (non mais ces blancs, quelles mauviettes). Et elle voulait qu'il parle à tout le monde. C'était bien la pire tâche à lui confier...
Notre autochtone détourna donc la tête, les yeux dans le vide, toujours debout, pour chercher quoi dire, et tomba directement sur le frigo éventré et renversé. Il jeta un coup d'oeil à l'arbre, qui malgré les mouvements ordonnés par Ivy, était retourné à sa place. Comme des mauvais herbes dans le potager d'une jardinière le moindrement lunatique. Ils repoussaient toujours, les mauvaises herbes, jusqu'à ce qu'on leur arrache la racine où qu'on les brûle. Anna leur envoya le message que les profs étaient dépossédés et deux neurones de Nan' se touchèrent alors, son inconscient songeant à l'attaque des profs alors que son conscient tentait de passer des mauvaises herbes aux profs. On leur avait arraché la terrible emprise. Mais la racine? Ne fallait-il pas aussi retirer la racine, ou comme les blancs disaient "prendre le mal à la racine". La mauvaise herbe risquait-elle de repousser dans les profs, qui les réattaqueraient alors? Et la neige qui tombait de plus en plus fort était-elle un avertissement des esprits à ce sujet?
Il ouvrit alors son communicateur, voulant faire part de ses craintes au reste du groupe, et déclara :

-Je ne suis pas certain que ça ne peut plus recommencer, qu'ils ne se feront pas posséder leur esprit une nouvelle fois? Il faudrait...

Mais son communicateur coupa. Il l'agita mais rien n'y fit : il avait manqué de piles! Et avec tout ça, il en avait oublié la nouvelle -pourtant fort réjouissante- que Anna leur avait annoncée! Il ne se demandait donc pas ce que Adam faisait en californie (sûrement pas du surf)...
Nan' se décida à suivre l'idée de Louison, et Rachel leur avait indiqué un ralliement dans le hangar. Nan' fit signe aux autres de le suivre, ne jetant qu'un coup d'oeil, avec un pincement au coeur, à Fabrisio et Jessica, qui ne semblaient pas avoir suivi leur échange.

-Ça a coupé. Il faudrait vérifier que nous sommes réellement hors de danger... Venez au hangar.

Et il se mit à courir au milieu de la poudreuse, passant près du corps d'Alexander sans le voir.

Hangar