Re: [3.3]Projets tortueux et enneigés

Lorsqu'un arbre remua et vint éventrer le Frigo de la cuisine, l'Inuit ne réagit pas. S'il fallait faire quelque chose, ce ne serait sûrement pas lui qui pourrait. Si cet arbre était un danger, alors les autres fuiraient, et il les suivrait. Ne remarquant aucune réaction particulière des autres, il resta immobile, baissant les yeux vers la neige.

Puis ce fut un hurlement de femme qui lui parvint. Même pas curiosité, il ne releva pas la tête. Les autres ne réagissaient pas, encore une fois, il était donc inutile de bouger. Lorsque les gémissements de rages cessèrent, Louison se leva puis revint quelques instants plus tard.

Yrianna qui était arrivée récemment dans le groupe posa quelques questions qu'il entendit sans les écouter.

Louison proposa d'aider les autres, pensant notamment qu'il avait des "trucs". Malheureusement, il n'en avait aucun. Il était sans doute plus résistant que la moyenne des gens au grand froid, mais il n'avait pas vécu suffisamment longtemps pour qu'on lui apprenne ce qui était à l'époque des "trucs de grands".

Nan décida de se rendre au hangar pour aider. Kala ne bougea pas. Il faisait froid, et il était bien, même si ses mains commençaient à le faire souffrir. Des sensations de picotements lui crispaient la mâchoire, comme si on enfonçait de fines aiguilles partout dans ses paumes. Il se frotta le bout du nez d'un revers de main. Bouger ne serait-ce qu'un doigt remuait la peau et il avait l'impression qu'une petite décharge lui remontait le long du bras.

Il savait qu'il serait inutile aux autres sans pouvoir utiliser ses mains. Et il ne tenait pas à se faire soigner immédiatement. Des gens avaient sans doute bien plus besoin de soins divers que lui. Il était juste handicapé, pas entre la vie et la mort. Même s'il en avait été capable, il était probable qu'il ne s'y serait pas rendu non plus, trop abattu.

Après tout, il était arrivé ici uniquement pour soigner son père, et il aurait pu mourir. Sa mère aurait alors été seule, sans fils, veuve. Il avait été comme tant d'autre au cœur de la catastrophe. Il ne devait sa survie qu'au fait qu'il ait été emporté tardivement par l'effondrement.

Louison et Yrianna étaient encore là. Il les sentait, même en fixant la neige. Il n'avait qu'une envie: rester immobile en attendant que le cauchemar passe...

Jade sorti dehors titubant légèrement. Il faisait froid! Très froid même! Surtout lorsque l'on porte des vetements troués. Mais Jade s'en moquait... Ses yeux s'humidifiaient à nouveau, les larmes montaient.

La jeune fille fit encore quelques pas, enveloppant son bassin dans ses bras, elle grelotait légèrement.

*Ou est Lyu?* se dit elle.

A cet instant, l'image du corps du jeune homme étandu sur le lit lui vint à l'esprit. La jeune fille revint une nouvelle fois à la réalité, brutalement. Elle ne pu se retenir cette fois ci, elle se pencha soudainement au dessus d'un des buissons sans feuille et y vida son estomac.

Elle resta quelques instants dans cette position, semblant admirer son oeuvre.

"Alixtide viendra pas chercher ca ici..." Dit elle à elle même, mécaniquement et d'une voix monocorde.

*Lyu...*

La jeune fille se releva doucement. Elle continua sa marche sans but, se frayant un chemin dans la neige. Plusieurs personnes se trouvaient dans le jardin. Elles aussi devaient chercher la solitude.

*Lyu...*

Une nouvelle fois la jeune fille s'éffondra dans la neige. Les larmes demandaient à couler, une fois de plus! Elle se laissa aller dans une crise de pleurs silencieux. Elle esperait que ce soit la derniere...

Suivi de ses deux nuages-civières (et espérons-le, de Jen et Kitty), Sven arriva dans le jardin. Avec tout ça, il réalisa qu'il était toujours en combinaison de neige... Mais bon, à la guerre comme à la guerre, tout le monde n'était pas la princesse de Russie, qui se changeait toutes les demi-heures, la durée de changement étant de 40 minutes, cela lui donnait une vie bien remplie.

Le jardin semblait plutôt triste... En même temps, il y avait de quoi. La vitre cassée dans le bureau était le vestige de tous ces évènements, même si un étage effondré était quand même un peu plus évocateur.

Il frappa dans ses mains pour attirer l'attention des présents.

"Bon, allez, ne restez pas comme ça dans le froid ! Vous allez attraper des engelures aux fesses. J'en ai déjà eu, une fois qu'au pensionnat, ils m'avaient laissé un jour et demi en caleçon dans la neige. C'est très désagréable, parce qu'on ne peut plus s'assoir. Heureusement, j'avais une bouée canard, j'ai pu m'installer dessus."

Il pointa du doigt la cabane de bois fabriquée plus tôt, une éternité avant ? En tout cas, c'était le vestige d'une époque où les choses construites tenaient encore debout, et elle était intacte... Il fit entrer Olivier et Daedalion, et les installa sur les bancs naturels, en position allongée, à l'intérieur. Il glissa tout d'abord au nouveau.

"Je t'avais bien dit que tu finirais par essayer."

Finalement, avisant le tas de pierre laborieusement bâti.

"Jen, fais chauffer ces pierres. Il ne faut pas pousser le sauna à fond... Mais chauffe les bien quand même."

Il s'adressa enfin aux personnes dans le jardin.

"Allez, rentrez là-dedans... Y'a de la place pour tout le monde, Ivy a fait les choses bien. Ivy fait toujours les choses bien d'ailleurs. Fabrisio, Jess, restez pas comme ça... Venez au chaud."

Malgré l'adversité, Sven semblait garder toujours une certaine candeur et motivation. Ainsi que son sens du farfelu.

Yrianna coupa brusquement le communicateur, agacée de l’entendre encore et toujours aboyer et se plaindre en prenant une multitude de voix toutes plus diverses les unes que les autres, si bien qu’il devenait maintenant presque impossible de comprendre le fin mot de l’histoire et de tout ce qu’on essayait de leur dire en une seule et même fois. Certains parlaient de professeur sous contrôle dans la salle des dangers, d’autres encore s’adressaient à la masse mutante pour leur demander de l’aide matériel, sans oublier l’invitation au hangar dont il avait été fait mention à plusieurs reprises dans les propos transmis par les communicateurs.

Bref, c’était la cacophonie générale, et le mutisme que manifestaient les élèves autour d’elle ne faisait qu’aggraver l’énervement qui était en train de se répandre dans l’ensemble du corps de madame mouche, si bien qu’elle craignait déjà une toute nouvelle transformation qui aurait achevé de troubler les mutants autour d’elle.

Elle prit donc une profonde respiration en fermant ses yeux foncés qui la plongèrent dans une noire solitude momentanée, pendant que les autres, autour d’elle, rêvassaient en l’ignorant catégoriquement, ne se donnant même pas le mal de lui parler ou bien de la rassurer, alors qu’évidemment, elle en aurait tellement eu besoin. Lorsque Nan’ s’en alla en demandant aux autres de le suivre jusqu’au hangar, la Russe se sentit soudainement débordée par ses émotions négatives, et elle parvint, de justesse, à retenir les mots qui seraient sortie trop agressivement de sa bouche, mais néanmoins teintés d’une certaine timidité qui ne la quittait plus depuis son arrivée à l’institut…

Et puis Sven arriva dans le jardin en s’approchant d’eux tous dispersés de-ci de-là puisque des élèves avaient jugé bon de se mettre un peu en retrait à quelques mètres du petit comité restreint qui restait, cela dit, aussi muet que les carpes échouées au sol, désespérant pour ce lieu qui les abritait, pour certain sans doute, depuis des années déjà. Bien sûr, Yrianna les comprenait, et elle était encore plus touchée par les pertes humaines, mais elle avait envie de relever la tête et de faire comprendre à tout le monde qu’il fallait maintenant aller de l’avant…

Elle se laissa guider vers le sauna que des élèves s’étaient affairés à construire du mieux qu’ils l’avaient pu, découvrant avec fascination ce petit édifice qui, de l’intérieur, ne semblait finalement pas si petit que ça. Il était clair que rester dans le froid alors qu’elle commençait déjà à grelotter n’était pas la chose à faire et cette invitation tombait donc à pique, de quoi lui remonter un peu le moral donc, mais de si peu alors qu’elle se sentait toujours rejetée…

Il est vrai que tout le monde avait parlé, tout le monde avait proposé une façon de s’en sortir, mais rien jusqu’ici n’avait abouti, chacun ignorant les propositions des autres comme si elle ne méritait même pas que l’on s’y intéressât. Alors, bien assise au chaud, la Russe se décida à ouvrir la bouche, sur un ton doux mais qui sentait le reproche et l’incompréhension. Elle voulait juste que les gens soient attentifs aux autres, et avec elle en particulier.

« Ça ne vous arrive jamais de vous répondre ? Vous restez tous là comme des zombies, on dirait que vous êtes tous mort alors que… Alors que vous venez de survivre à une chose terriblement dangereuse ! Relevez la tête ! On est là, tous ensemble, et on se doit de continuer à se battre pour tous ceux qui y sont restés ! Alors maintenant qu’on est là, à l’abris et au chaud, expliquez-vous un peu sur ce que vous avez vu, ce qu’il s’est passé, parce que je crois pas être la seule à être complètement perdue… »

Yrianna aurait pu s’emporter étant donné l’état interne dans lequel elle se trouvait, mais elle n’en fit rien, se contentant de regarder les gens présents dans le sauna les uns après les autres en attendant qu’ils prennent enfin la parole pour de bon, et qu’ils lui répondent…

Allongé et transporté sur le nuage, Daedalion sortit dans le jardin le cœur léger. L’infirmerie n’était maintenant qu’un lointain et mauvais souvenir, à l’inverse du jardin qui constituait son premier et, il l’espérait, son dernier champ de bataille. C’est donc avec une once de nostalgie qu’il pénétra dans le sauna mutant, lieu qu’il s’était jusqu’alors interdit. Sven le déposa sur l’un des bancs, juste en face d’un inconnu dont l’âge trahissait sa fonction de professeur. Il se redressa péniblement, usa de ses bras et de son buste pour s’asseoir normalement.

« Merci Sven. La manière dont je vois les choses, j’aurais dû accepter dès le départ de tester ton invention. Je voyais le mal partout, mais comparé aux dernières heures, t’es le type le plus décent qu’il m’ait été donné de rencontrer ici. »

Il regarda la petite cabane de bois. Daedalion s’avoua ébahi devant une telle architecture résultant de l’usage presque simpliste du pouvoir d’Ivy. Les deux farfelues n’en imposaient guère, bien au contraire, il était facile de les prendre pour deux clowns aux discours incompréhensibles. Et pourtant, sous leurs airs de farceurs détachés, ils possédaient une maîtrise quasi parfaite de leurs pouvoirs. La maîtrise… Savoir user de son pouvoir avec une précision si exemplaire que l’on ne constitue plus un danger pour son entourage. Soudain, il se souvint de la raison de sa venue ici.

Il secoua sa tête sous l’abondance des pensées contradictoires. D’un côté, il voulait rester, apprendre à maîtriser la foudre, devenir un homme capable d’utiliser sa capacité pour servir la communauté. De l’autre, se disait-il, à quoi bon ? En une seule journée, il avait croisé plus de cadavre qu’un fossoyeur. Des macchabées d’autant plus effrayants qu’il possédait un grand nombre de similitude avec eux. L’âge, la mutanité, les espérances et même le lieu de résidence.

« Faut que je me tire d’ici, pensa-t-il à voix haute, pas la peine de risquer ma vie quotidiennement. »

Il fut tirer de ses songes par le cri de colère d’une jeune inconnue. Les yeux écarquillés, il regarda la demoiselle et écouta les reproches qu’elle adressait à la foule. Il lui semblait évident que de pareilles tirades ne s’adressaient pas à lui, fussent-elles justifiées. Il bouillonna en entendant le discours et les paroles, qu’il jugeait creuses, qui le composait.

« Hey, princesse ! Moi je veux pas savoir ce qu’il s’est passé. À vrai dire, je veux même pas connaître leurs noms. Moins j’en sais, plus je serais en sécurité. Je ne connais pas ceux qui ont clamsé et je m’imagine mal leur apporter la justice qu’il mérite. Tu veux te battre ? C’est ton problème, pas le mien. Je suis pas venu ici pour jouer les paladins, alors emporte ton discours de Marianne ailleurs et ne me casse pas les oreilles. »

Il s’alluma une cigarette.

« Depuis que je suis venu ici, on arrête pas de sous entendre qu’en tant que mutant on se doit de s’entraider, qu’on est dans le même bateau. Ben allez tous au diable, sauf Sven j’lui dois la vie, c’est pas parce qu’on a un point commun que je me soucie de parfaits étrangers. La merde qu’il y a ici, elle n’est pas de mon fait. Ceux qui l’ont remué, ce sont ceux qui logent ici depuis pas mal de temps et qui font parties de ces commandos dont parle la sentinelle. Il est hors de question que je joue les débouches chiottes pour nettoyer la crasse d’inconnus. »

Infirmerie

Jenifer était perdue dans ses pensées, elle avait suivi machinalement le petit convoi spécial jusque dans le jardin. La seule réaction qui montra qu'elle suivait un peu ce qu'il se passait autour d'elle fut un petit sourire en coin quand Sven dit que l'irlandaise électrique faisait toujours bien les choses. Mais alors que le tourbillon dans son bocal faisait toujours rage, Nova fut bientôt perturbée par la discussion des deux "nouveaux". Elle, qui est arrivée dans les premiers au sein de l'Institut Xavier, a eu déjà le temps de s'y faire à ce combat permanent contre les vilains pas beaux qui en veulent aux mutants... comme ça juste parce qu'ils sont mutants. Les portes ouvertes, les exosquelettes, les sentinelles, Liven... Il n'en fallut pas plus pour réveiller l'impulsivité de la brunette new-yorkaise. Avec une rage contrôlée elle répondit au allégations des deux jeunes gens :

- Vous voulez des explications ?! Et bien je vais vous en donner ! Ca ne fait pas si longtemps que vous êtes ici, depuis l'ouverture de l'institut nous nous battons ! Le jour de l'ouverture des machines sont entrées, pilotées par des humains, tirant dans le tas dans le seul but de nous tuer tous ! Et contrairement à ce que certains pensent on a rien demandé à personne si ce n'est vivre ! Pour votre information, il y a cent ans la commission Eden a tué des millions de mutants qui n'avaient eux aussi rien demandé, éradiquant toute cette génération, allant même jusqu'à effacer les mutants de la mémoire des humains et de tous les documents existant ! C'est une chance si le docteur Fleury a retrouvé un récit de cette époque ! Alors avant de parler inutilement, je vous signale que des personnes de l'institut avaient déjà donné leurs vies pour sauver tous les mutants du monde avant aujourd'hui, respectez leur mémoire ! Et il y en aura certainement d'autres, parce que au cas où vous ne vous en douteriez pas, la commission Eden est toujours là, c'est certainement elle qui est derrière l'attaque d'aujourd'hui exécutée par des enfants télépathes kidnappés et branchés à des ordinateur via une prise dans leur tête, et elle ne laissera pas non plus un seul mutant en vie cette fois ci si nous ne les en empêchons pas ! Que ceux qui veulent jouer les autruches le fasse pendant que d'autres donnent leurs vies pour sauver les fesses de ces oiseaux-là ! Pour ma part je ne laisserai pas quelqu'un faire du mal à ceux que j'aime ! Maintenant pardonnez-moi mais j'ai un sauna à faire tourner ! dit-elle, la cigarette de Daedalion fut soudain complètement réduite en cendres et Jen tourna des talons pour se diriger vers les pierres.

L'emportement de Jenifer avait déjà réchauffé l'atmosphère au propre comme au figuré, la cabane s'était légèrement réchauffée. Tendant ses mains, elle eut tôt fait de faire monter la température plus sensiblement, les pierres continuant de rayonner une douce chaleur, il devait faire entre 20 et 25°C suivant l'endroit de la cabane et la proximité des pierres.

Jareld refit le chemin inverse à celui qu'il avait prit pour aller à l'infirmerie déposer Daedalion. Il faisait terriblement froid dehors, et Jareld sentit le contact glaciale du vent sur son visage celui-ci qui comme à son habitude était pâle ne manqua pas cependant de rosir quelque peu.
Jareld se dirigea droit vers le portail où ses valises se trouvaient toujours: il allait enfin pouvoir enfiler un pull. Cette idée le réconforta et Jareld une fois arrivé à son sac, le fouilla un moment et en retira un pull bleu marine qu'il enfila aussitôt. Le froid se fit moins mordant. Il n'avait pas de gants ni de bonnets, Jareld avait espéré en acheter à son arrivée ici, mais il n'en avait pas eu l'occasion, et il ne l'aurait certainement pas avant un moment: c'était certain...
Alors qu'il songeait à tout ce qui s'était passé depuis son arrivée, il entendit des éclats de voix dans une cabane en bois. Légèrement ragaillardi par la faible chaleur que lui conférait son pull, Jareld intrigué s'approcha. Il n'entendait rien distinctement: seulement une voix de femme qui parlait. Jareld curieux de nature, s'avança vers la porte et hésita un instant à l'ouvrir... Etrangement les murs semblaient tièdes et une fumée semblable à un brouillard s'échappait de la cabane par endroit... La cabane semblait comme chauffé de l'intérieur...
Soudain Jareld se décida: il posa ses bagages devant la porte et il l'ouvrit légèrement pour pénétrer dans ce lieu apparament chauffé. Il ressentit une douce sensation de chaleur l'imprégner. Il en fut ravi.
Jareld vit pas mal de monde là-dedans. Il y avait tout d'abord l'antipathique Sven, puis une adolescente du même âge que Jareld, et une autre fille qui semblait occuper à réchauffer cette pièce avec son pouvoir. Mais Jareld vit aussi Daedalion, non sans surprise. Que faisait le paralysé, ici? Avait-il recouvert l'usage de ses membres? Certainement...
C'est donc ça qu'avait décidé Sven... Réchauffer tout le monde dans un sauna... C'était pas une mauvaise idée, mais certainement pas la meilleure, il y avait du monde à soigné à l'Insitut...
Mais l'idée d'un brin de causette dans un endroit calme avec le paralysé et les adolescentes n'était pas pour lui déplaire... En revanche, celle d'être dans la même pièce que Sven ne l'intéressait guère.
Jareld sourit à l'assemblée et s'assit en essayant de parraître le moins impoli possible. Puis Jareld se présenta rapidement:

"Salut! J'ai un peu froid dehors alors je me suis permis d'entrer..." Et enchainant sans attendre Jareld poursuivit:"Je m'apelle Jareld, je suis arrivé pendant l'attaque de l'institut..."

En disant cela Jareld aviat fermé les yeux un moment. Puis il se tourna vers Daedalion et demanda:

"Ca va mieux apprament, ta paralysie?"

Jareld enleva son pull qui désormais, le faisait suer plus qu'autre chose et reconnut le corps d'Olivier Fleury, un des professeurs qu'il avait vu dans la salle des dangers. Il était étendu là, contre le bois de la cabane.
Il s'en détourna et il replia ses genoux vers son corps et posa nochalemment ses bras sur ses genoux. Ca faisait du bien d'être dans un lieu calme et chaud...
Mais était-ce bien raisonnable? Rester ici alors que beaucoup avait besoin d'aide à l'institut...
Jareld s'en soucierait plus tard, il voulait juste rester ici encore un moment, juste un instant...

Louison resta debout pendant que certains partaient et que Kalalli demeurait assis, à même le sol froid. La jeune femme l'observa pendant un instant et cru remarquer qu'il portait une grande attention à ses mains. Celles-ci semblaient fonctionner adéquatement, malgré un léger changement au niveau de leur couleur, sûrement dû au froid. Des bruits de discussion animée leur parvint d'une cabane un peu plus loin. Apparemment, la jeune russe tentait de rallier les étudiants afin d'éviter qu'ils se laissent dériver vers le désespoir. Loutre-Grise eût une courte pensée pour la jeune européenne, qui était arrivée à l'Institut en même temps qu'elle.

Elle tourna ensuite la tête vers le reste de la cour. Elle était presque vide, maintenant désertée de ses occupants. Levant un œil craintif vers l'arbre qui avait bougé un peu plus tôt, elle réalisa qu'ils devaient rejoindre les autres, elle et le jeune inuit. Elle était tentée de rejoindre la cabane, à quelques pas de là, lorsqu'une autre voix se fit entendre, plus forte et déterminée que les deux autres. Ils n'avaient pas besoin d'eux là-bas. Nanikana par contre leur avait demandé de le suivre. Un lien s'était tissé, brièvement, entre les trois autochtones et la jeune métisse ressentait l'appel de ce lien. Elle adressa donc la parole à Kala, tout en lui tendant la main. Sa voix était douce et fatigué.

"Viens, nous n'avons plus rien à faire ici. Les autres ont besoin de notre présence, surtout Nan. Je crois qu'il pourrait profiter de notre support, non? Allez, viens."

Puis elle attendit que l'adolescent qui lui faisait face se lève pour le conduire au hangar, rejoindre l'algonquin. Elle espérait pouvoir suivre les traces dans la neige car elle n'avait aucune idée de l'endroit où il se trouvait...

Sven se sentait nettement mieux dans ce sauna mutant, qui apparemment fonctionnait, dans les limites des capacités de Jen, que dans les pièces froides et inhospitalières des sous-sol de l'institut. Il ne manquait plus qu'Ivy pour voir les miracles de leur nouvelle création...

Comme prévu, une ambiance chaleureuse, vaguement confinée, et surtout, réchauffée, avait permis de redonner un peu le moral aux gens, ce qui était absolument essentiel en ces périodes vachement troublées.

Sven hocha la tête en réponse à Daedalion, puis écouta en se grattant la tête sa diatribe. À peine arrivé et il voulait déjà repartir ? Quelle idée farfelue... C'était bien la peine d'avoir fait tout ce chemin ! Les gens étaient vraiment bizarres parfois, et Jen ne manqua pas de s'emporter, et de lui carboniser sa cigarette. Tant mieux d'ailleurs.

Puis, l'autre de la salle des dangers, Sven avait oublié son nom, si tant est qu'il l'avait su un jour, entra dans le sauna. Le norvégien lui fit signe de s'assoir, il y aurait bien assez de place pour tout le monde, même si deux personnes étaient en position allongée.

Profitant d'un vague instant de silence, Sven reprit la parole.

"Rien de tel qu'un petit sauna pour remettre tout le monde d'accord. Par contre, machin, il faudrait que tu évites de fumer. Cerebra est très chatouilleuse là-dessus, et elle a bien raison. Un sauna, c'est fait pour se décrasser en profondeur, pas pour se remplir les poumons de bitume."

Il étendit légèrement ses jambes.

"Mais il ne faut pas le prendre comme ça non plus... Les professeurs... Non. Je pense que c'est l'institut qui a été attaqué. Par qui ? Je ne sais pas. Pourquoi ? Je ne sais pas non plus, même si en général, on attaque les gens pour leur nuire. Je pense qu'ils sont surtout des victimes. Les profs hein, pas nos assaillants."

Il fit apparaître un nuage sur ses genoux, et le prit dans ses bras, le triturant, comme s'il s'agissait d'une barbe-à-papa.

"Il y a pas mal de blessés à l'infirmerie, et s'apitoyer sur eux ne leur rendra pas la santé. Il faut juste attendre, et puis voilà. D'ailleurs, s'apitoyer ne sert à rien. C'est ce qu'on m'a toujours appris au pensionnat. Les choses arrivent, il faut s'y faire, et réagir positivement."

Il arracha un morceau de nuage, et l'enroula machinalement sur son doigt tout en réfléchissant.

"De ce que j'ai entendu, les dortoirs s'organisent, l'infirmerie est organisée, tout va bien. Maintenant, faut voir les choix qu'on a. Se terrer dans un trou en attendant qu'ils frappent encore plus fort est un mauvais plan. Regardez une taupe par exemple. Constamment dans son trou. Elle ne comprend rien au monde qui l'entoure, et au bout du compte, on cherche à l'exterminer. Mais nous ne sommes pas des taupes."

Il fit une boulette de nuage et l'envoya vers les pierres chaudes, ce qui n'eut absolument aucun effet autre que le comique de la situation.

"J'ai entendu au communicateur qu'Adam et Carrie vont bien aussi. C'est déjà ça. Même s'ils auraient pu nous envoyer une carte postale. Je me demande où ils sont d'ailleurs. Ils pourraient être d'un grand secours. Même si, il est peut-être heureux qu'ils soient loin, parce qu'avoir Adam et Carrie en face de moi... brr... ça me fiche les grouzelan d'avance."

Il envoya son nuage voleter dans la pièce, puis se mit à compter sur ses doigts.

"En tout cas, nous avons plusieurs choses à faire, mais il faut le faire rapidement. Anna et Kitty ont cassé quelque chose, mais les pièces, ça se remplace. Et de toutes façons, ils auront toujours un coup foireux pour nous.
Donc, que faire. Primo, se reposer, parce qu'on en a bien besoin. Deuxio, manger. J'ai faim. Je ferais bien un fondant trois chocolats, mais on a plus de cuisine. Tertio, trouver qui ils sont. Quattro, ou je sais pas après, trouver où ils sont. Cinquo, sauver le monde. Et puis après, se reposer de nouveau, parce qu'on l'aura bien mérité."

Il regarda un instant sa main ouverte, puis se reporta sur Daedalion.

"C'est ça la vie à l'institut. Y'a plein de gens cool, même si certains sont vraiment gravos dans le genre, mais il faut de tout pour faire un monde qu'on me disait au pensionnat. Y'a les profs, ils sont bien. Et on apprend des tas de trucs marrants et intéressants. Bon, l'inconvénient, c'est que des fois, y'a des gens bizarres qui essaient de nous trucider mais ça... bon..."

Il hocha les épaules.

Ça allait vraiment faire du bien que de pouvoir se sécher les vêtements, la peau et les cheveux, car pour le moment, la boule de poil hirsute qu’Yrianna avait l’habitude de porter sur sa tête ressemblait plus à une vieille serpillière trempée et noircie par les saletés depuis trop longtemps amassées, en fait, depuis qu'elle s'était pri un tas d'ordure mural et bien plus qu'un seau d'eau sur la tête et le reste de son corps.

L’adolescente se sentait d'ailleurs un peu coupable d’avoir sali et même abîmé les vêtements de la jeune dompteuse d’animaux, elle qui avait été si gentille avec la nouvelle venue qu’elle était la veille, et qu’elle restait toujours tant elle se sentait encore si distante de ces gens de l’institut qu’elle ne connaissait presque pas. Elle avait envie d’aller vers eux, mais bien souvent ses élans communicatifs se soldaient par un échec plus ou moins cuisant, et le dernier en date, et qui resterait d’ailleurs celui le plus marquant pendant un bon bout de temps car cela ne faisait aucun doute, était la tirade du fumeur exubérant qui s’était empressé d’enfin lui répondre, lui donnant l’impression d’être rabaissée au plus bas.

Ainsi, ses paroles étaient sans fond, elles étaient stupides et complètement déplacées ? Yrianna avait du mal à le croire, et surtout, à accepter ce que ce jeune homme ô combien impétueux s’était permis de dire. La Russe se sentit presque obligée de prendre en pitié cet individu qui n’avait apparemment pas compris grand-chose à ce qu’était ce lieu où, elle en était convaincu, devait se tisser des liens fraternels pour mieux vivre et mieux survivre face aux attaques qui allaient venir encore et toujours les tarauder, si on prenait en compte les informations que venait de communiquer la jeune femme affairée à faire du feu à l’ensemble du groupe présent dans le grand Sauna.

D’ailleurs cet élan émotif et convaincu de la chauffeuse ne manqua pas d’interpeller la petite bonne femme qui triturait les petits fils tranchés du petit pull moulant de River. Sur le coup, elle retint même sa respiration alors que l’instant d’avant encore, elle avait eu envie de s’emporter elle aussi sous le coup des paroles horribles d’un nouveau qui avait bien du toupet, et particulièrement mal placé d’ailleurs. Elle aussi était nouvelle, et à aucun moment elle ne pouvait l’oublier, néanmoins, elle croyait fermement en son appartenance à un groupe qui lui ressemblait, et elle avait aussi fermement l’envie de ne pas se laisser faire, de ne pas se laisser mourir.

Elle accueillit le tout nouvel arrivant le plus chaleureusement qu’elle le put, puisque la chaleur commençait à devenir quelques choses de tout naturel et de très agréable en ce lieu de relative tranquillité, en comparaison de ce qu’il s’était passé tout à l’heure. Ça lui faisait beaucoup de bien au moral de ne pas se savoir la plus jeune arrivante à l’intérieur de ces parois boisées, et elle l’invita donc à venir s’installer à ses côtés, car lui au moins, il avait l’air bien plus sympathique. Elle répondit alors en vitesse et d'une petite voix amusée à la question qu’il venait d’adressait à l’antipathique nouveau par un « il est plus paralysé de sa mauvaise langue en tout cas, c'est moi qui te le dis », ,achevant sa gentille petite moquerie par un gentil petit pouffement de rire.

« Au fait, moi c'est Yrianna, ou bien Yriah si tu préfères. Comme ça, les présentations avec moi sont faites !»

Et puis, percevant soudain comme un écho de ses pensées dans les paroles presque enjouée d’un Sven envieux de reprendre du poil de la bête, la mutante ne put s’empêcher de lâcher un « Ouai ! » marquant le soutien total qu’elle octroyait à Sven, le tout renforcé par un implacable sourire déterminé. Elle était tout simplement motivée par ce garçon qui semblait être l’un des seuls à avoir envie de tourner la page et à aller de l’avant.

« Tu m’ôtes les mots de la bouche, monsieur le nuage ! C’est bien de pas être dans la lune justement, il faut garder les pieds sur terre, on est pas seul au monde comme semble le croire certain… Et puis, chacun fait partie de nous, chacun est capable de nous aider et on se doit d’aider en retour, bien qu’il y a des fois où on se demande comment certains peuvent être utile, si ce n’est pour encore plus nous enfoncer. Enfin bref, c’est pas l’heure de ce genre de propos… »

Elle termina là cette agglomération de phrases parfois provocatrices et lança un regard faussement courroucé accompagné d’un tirement de langue de tous les diables à cet individu qu’elle considérait comme profondément égoïste. La mutante était prête à rire à la première occasion qui se présenterait, surtout si ce cher Daedelion se mettait à renchérir une fois de plus pour dire des âneries soixante neuf fois plus grosses que le monde.

« Et donc, qu'est ce qu'on pourrait manger alors ? On irait pas se trouver des biscuits à grignoter dans ce qu'il reste de débrit dans la cuisine ? C'est vrai que j'ai aussi un bon petit creux après tout ça et on a sans doute pas grand chose comme choix... »

L’ignare n’est pas une personne à prendre en pitié, et encore moins d’une quelconque façon haineuse. De tous les trésors qu’un homme se doit de conserver, dans certaines situations du moins, c’est sa faculté à occulter les faits important pour s’octroyer le luxe du choix. Car le savoir est une responsabilité qu’on ne peut, une fois acquis, s’en défaire ou l’ignorer. Daedalion n’était pas dupe, sans pour autant le taxer d’intelligent, il se doutait que quelques choses de louches se cachaient derrière cet assaut. Mais, en ne sachant ni les raisons ou ni les moyens employés, le garçon pouvait se permettre de ne pas prendre part à ce festival de violence en toute-bonne conscience.

Il se gratta l’arrière du crâne, faisant virevolter dans son geste quelques cheveux, et maudit l’échec de sa stratégie. Les gens étaient-ils si égoïste pour passer outre sa demande d’ignorance ? Bien entendu qu’il se sentait attristé par tous ces morts, il allait de soi qu’il souhaitait qu’humain et mutant puissent cohabiter. Mais la tâche lui incombait-elle vraiment ? Il y a de cela quelques secondes, non… Malgré de fortes suspicions concernant les atrocités commises sur les mutants, il ne disposait d’aucunes preuves, d’aucuns témoignages, pour pouvoir partir en croisade. Il pouvait s’échapper de ce lieu en clamant qu’une telle folie ne le concernait pas, que s’ils étaient attaqué, ils possédaient leurs parts de responsabilités. C’est pourquoi, quand dame mouche commença à requérir des explications, il s’insurgea de la sorte. Il pensait, et peut-être à tort, que des personnes de bon sens respecteraient sa volonté et ne s’égosilleraient pas à révéler les plus sombres secrets de cet univers dont il commençait à peine à détester. Car maintenant, il était prisonnier de ses valeurs. Il ne supporterait pas d’agir en toute lâcheté et d’abandonner des enfants utilisés pour nuire aux mutants. Ce droit lui avait été subtilité par Jenifer Watts, mutante au sang chaud.

Sa cigarette fut annihiler et il ne s’en étonna point. Apparemment, détruire la propriété des autres était une coutume de l’institut. Il souffla : « Hé merde » pour s’avouer la responsabilité nouvelle qu’il allait devoir assumer. Il jeta un œil à l’entrée et vit Jareld, son ancien air bag, venir tenir compagnie à ce comité qui, déjà, entretenait de belles relations diplomatiques.

« Ça va mieux, merci, répondit-il, seules mes jambes s’obstinent à faire leurs capricieuses, mais rien que le temps ne sache guérir. Je ne t’ai pas remercié pour avoir amorti ma chute et transporté à l’infirmerie… Alors, merci. »

Sven, quant à lui, jouait avec un nuage, narguant Daedalion avec sa maîtrise parfaite de sa capacité. Il contempla le petit manège avec un regard vide, s’attelant toujours à faire le deuil de son ancienne liberté. Le suédois expliqua le plan qu’il jugeait le plus judicieux, et, si son caractère étrange n’inspirait pas une confiance équivoque dans l’élaboration de stratégies, il suffisait d’avoir combattu avec lui pour comprendre sa lucidité.

« On voit que tu as l’habitude des situations périlleuses. Moi, je suis du genre à me planquer sous la couette en attendant que le téléphone sonne pour pouvoir sortir. »

En repensant à son parcours, il se mit à ricaner d’une façon presque démentielle. Éviter la prison pour rejoindre un champ de bataille, tu parles de tomber de charybde en scylla. Cet Ulysse avait bien plus de ressources que lui. Il s’arrêta, craignant qu’on ne le prenne pour l’un de ces pauvres gars qui rigolent à leurs propres blagues foireuses.

« Je me doute que l’institut doit regorger de personnes sympathiques, continua-t-il toujours à l’intention de Sven, je suppose que le timing ne se prêtait pas au jeu.. En tout cas, ton idée de fondant aux trois chocolats me tente. »

Il tourna son visage pâle vers Jenifer, ses yeux pétillants de la même intensité lorsqu’il s’apprêtait à s’adresser au juge. En tant normal, il encaisse bien les insultes et les reproches, mais celles ci se doivent d’être légitimes. Hors, lorsqu’on le taxe de couard, d’irrespectueux ou encore de personnes froides, il lui arrive de vouloir répondre. Il parla d’une voix calme et moralisatrice.

« Peut-être bien que je suis un lâche. Ces dernières semaines, j’ai constaté à quel point je suis capable de m’avilir pour éviter que l’on me fasse souffrir. Et tu sais quoi, je n’ai guère plus de dignité qu’une girafe face à un hélicoptère. Mais tu n’as pas le droit de me le reprocher, non pas parce qu’on ne se connaît pas, mais parce que je ne peux pas comprendre une situation dont j’ignore même les fondements. Tu m’as trouvé irrespectueux envers ceux qui ont donné leurs vies avant aujourd’hui ? Comment étais-je supposé connaître leur existence ? Tu te bats depuis l’ouverture de cet endroit, ça fait une semaine que je suis au courant de sa fondation ! Tu parles d’une conspiration contre les mutants, ça ne fait qu’environ trois mois que j’en suis un. Je ne peux pas prendre pars à la solution d’un problème si je ne suis pas aux faits de son existence. Arrête donc de sermonner si tu veux passer tes nerfs, fais-le en toute décence. Ne m’use donc pas comme prétexte pour vider ton sac à frustration, surtout quand tu commences par : « vous voulez des explications », je pense m’être montré très clair sur le fait que je n’en désirais aucune. Et n’insulte pas les autruches, ma mère en était une. »

Bien entendu, cette dernière déclaration était fausse. Mais l’usage se voulait plus subtil. Si réellement sa génitrice avait été un volatil, Jenifer aurait insulté quelque chose qui lui était cher sans savoir les dégâts qu’elle causait involontairement sur sa psyché. L’exemple même du reproche qu’elle venait de lui faire, et le garçon prenait plaisir à jouer là-dessus. Il se gratta le front pour enlever quelques gouttes de sueurs.

« Désolé, c’est juste que j’avais encore la possibilité de reprendre une vie normale sans m’inquiéter de vos gueules. Je ne peux pas imaginer ce que vous avez tous enduré, et pour les sacrifices que vous avez donnés, je vous remercie. J’aurais juste préféré ne pas avoir à en faire autant, je ne peux plus maintenant. »

Il profita de ce moment de répit pour enfin répondre aux plusieurs provocations lancées par la princesse Marianne. Une jeune fille de son âge capable de lui tirer la langue, s’en était presque risible. Il redressa son cou et plongea ses yeux brillants dans ceux de la dompteuse de mouches.

« T’es mignonne, se contenta-t-il de dire, surtout quand tu tires la langue. »

Là encore, il ne le pensait pas vraiment. Non pas qu’elle soit dôté d’un physique disgracieux, mais bon, hein, ce n’était pas exactement un garçon. Il désirait juste la provoquer avec la même bassesse que cette dernière, libre à elle de le croire stupide, mais il n’agissait pas, dans le cas présent du moins, par simple provocation. Il agissait pour son propre bien, qu’on le lui reproche était déjà énervant, qu’on le tourne en dérision s’en était stupide.

Infirmerie

Anna avait ramassé son manteau et son bonnet dans les couloirs des sous sol qu'elle avait abandonné lors de son entrée dans Cérébra, avant de s'emmitoufler dedans et de sortir dans le jardin. Elle ignora superbement les différents élèves qu'elle croisa dans ce qu'il restait de l'institut et posa enfin les pieds dans la neige. Elle prit une profonde inspiration, l'air glacial lui faisant mal aux poumons. Elle n'y prêta pas réellement attention. La jeune femme regarda d'un air absent les différents élèves déjà présent et ce qui ressemblait à un réfrigérateur, une petite cabane d'où sortait un peu de fumé avant d'embrasser entièrement le jardin du regard, la lumière que renvoyait la neige lui faisant un peu mal aux yeux.

Liven, Jim et maintenant Michel. A croire que son équipe était atteinte d'une malédiction. Qui serait le prochain ? Rachel ? Ivy ? Elle ? Ces pensées la firent une fois de plus frémir. L'idée de quitter carrément l'institut se faufilait alors dans son esprit. Après tout, elle contrôlait à présent beaucoup mieux ses pouvoirs. Les développer ne l'intéressait pas. Surtout depuis qu'elle avait vu ce qu'un télépathe pouvait faire à pleine puissance. Elle n'avait pas envie de mourir. Et elle n'avait pas non plus envie de voir son entourage partir les uns après les autres. Alors égoïstement, se dire qu'en quittant l'institut, elle ne verrait rien de tout ça lui permettait d'avoir une porte de sortie.

De toute façon, elle avait promis à Kitty qu'ils retrouveraient le salopard qui avait déclenché tout ça. Et partir sans avoir le fin mot de l'histoire ne lui paraissait pas envisageable.

Ses pas l'avait conduit près de Jade. Jeune fille qui à peine revenu, qui s'était montrée exaltée par toutes ces retrouvailles, venait de perdre la seule personne qui avait certainement plus de valeur à ses yeux que quiconque dans cet institut.

Que faire face à un endeuillé ? Anna n'en savait rien. Elle même était dans ce cas, malgré que contrairement à Jade, ce sentiment de profonde tristesse ne semblait pas vouloir sortir de ses entrailles. La télépathe se contenta de poser son manteau sur les épaules de la jeune fille et de se laisser tomber elle aussi dans la neige. Sa main vint se poser sur les cheveux de Twin alors que son regard se perdit vers le mémorial de l'institut. Une présence, c'est tout ce qu'Anna pouvait lui offrir.

Cela devait faire pret d'une demie heure que Jade était dans la neige. Elle était désormais physiquement fatiguée de pleurer. Elle n'en pouvait tout simplement plus... Le physique n'aidant pas, son moral était au plus bas, elle envisagea grandement de rester la et de laisser les choses se faire, se laisser recouvrir par la neige, laisser le froid l'englober completement jusqu'a ce qu'elle ne ressente plus cette douleur aigue dans sa tete, dans ses entrailles... dans son corps tout entier! Cette douleur semblait vouloir la plonger au plus bas et ne jamais vouloir la quitter. Jade ne voyais donc pour le moment aucune autre solution, ca lui semblait tout simplement devoir se passer comme ca.

Elle entendait autour d'elle des gens marcher, parler, souffrir... Ca ne valait donc pas non plus le coup de se relever! Ses larmes ne coulaient plus, mais probablement parce qu'il n'en restait plus dans son corps. Pourtant l'envie ne la quittait pas....

Des bruits de pas enneigés se rapprochaien d'elle. Probablement son propriétaire allait lui marcher dessus et continuer son chemin. C'était le genre de choses usuel en cas de crise. Bref, Jade s'y attendait! Mais etrangement les pas s'areterent prêt d'elle. Le cerveau de Jade repris du service! Elle se demanda qui ca pouvait etre et ce qu'il voulait. En vérité elle avait un peu peur, elle se demanda meme si un bonhomme avec une faux et un drap noir sur la tete n'allait pas l'emmener...

Elle sentit une chaleur l'envelopper et un pids supplémentaire sur elle. Elle fut tenté de regarder de quoi il s'agissait mais elle se rendit compte que le froid avait bien travaillé et lui avait engourdi les membres. Elle travailla donc sur son corps à essayer de le dégourdir. En attendant, la bonne ame s'installa a coté d'elle et commença a lui caresser les cheveux, silencieusement.

Sans savoir qui était la, Jade souhaita dire ce qu'elle avait sur le coeur.

"Ils avaient dit qu'on seraient en sécurité ici!" Dit elle d'une voix elle meme engourdie.

"Moi je revenais la, après tout ce temps! J'avais envie de revenir, je me suis meme enfuie pour ca! Tout le monde me manquait ici... Lyu me manquait... Et les profs, ils étaient pas comme ca avant, je voulais qu'ils m'aide, qu'on s'en sorte tous! Et la..."

Toujours pas de larmes, tant mieux, ca lui permettrait de continuer. Son corps commençait à se dégourdir. Elle pouvait maintenant esperer pouvoir se retourner, et s'assoir. Ce qu'elle fit, doucement, avec une certaine difficulté. C'est alors qu'elle vit Anna! C'est con mais... la premiere chose que Jade se dit, c'est que la situation lu idonnait l'occasion de discuter avec elle. Elle ne l'avait jamais vraiment fait en fin de compte...

La jeune fille s'emmitouffla dans le manteau généreusement preté. Assise, elle se glissa tout proche d'Anna, presque collée, instinctivment. Elle se dit qu'elles se tiendraient chaud de cette façon. Elle prit ses jambes dans ses bras et continua:

"Tu es la depuis longtemps toi. Est ce que... est ce que ca arrive souvent? Je veux dire... les pertes, les pleurs, la souffrance? Est ce que c'est vraiment ce a quoi on doit s'habituer en étant mutant?"

Jenifer se sentit un peu bête après son emportement. Les premières paroles du nouveau l'avait blessée et par cette blessure s'étaient échappées la douleur, la souffrance, la rage après la dernière attaque directe contre l'institut. Que fallait-il donc pour être tranquille ? S'enterrer loin du Soleil pour être hors de vue et d'atteinte ? Hors d'atteinte... L'attaque était venue de nulle part, certainement de très loin, quelles frontières peuvent bloquer une attaque télépathique ? L'ennemi ne se satisferait pas d'une simple disparition des mutants de la vue, il cherchait bien à les éradiquer totalement, les oblitérer de l'Histoire. La télépathie avait fonctionné une fois, ils remettaient ça sent ans après.

Jen fut un instant perdue par la contre-attaque du jeune garçon, mais il en fallait plus que cela pour mettre à terre la combattante. Elle avait néanmoins retrouvé son calme (relatif) après s'être défoulée sur la cigarette de Daedalion. Aussi c'est avec un ton froid, tranchant particulièrement avec son discours emporté, qu'elle répliqua :

- Mes excuses de t'avoir privé de ta liberté de choisir, mais croyais-tu naïvement l'avoir encore ? Désolé mais c'était nécessaire de te ramener à la réalité aussi dure soit-elle. Certains auront la pudeur de ne pas utiliser le terme mais nous sommes bien en guerre contre une commission occulte qui n'aura de cesse que lorsque le dernier mutant sur cette Terre aura rendu son dernier souffle. Et contrairement à ce que tu crois, tu n'es pas mutant depuis quelques mois mais depuis ta naissance, tu as simplement découvert cela que depuis quelques mois j'en conviens. Mais tu as toujours ta liberté de partir si tu le souhaites, d'autres l'ont déjà fait, mais ce n'est que reculer pour mieux sauter car si personne ne se tient debout pour les arrêter, tu mourras comme tant d'autres et peut-être pas sagement dans ton sommeil mais après une souffrance si longue et atroce que tu aurais préféré te suicider. Si tu trouves que mes mots sont durs à entendre, attends-toi a avoir un choc en te prenant la vérité en plein visage. Eh non, nous ne sommes pas au pays des oursons roses qui font des câlins, il serait temps que tu grandisses mon cher. Et au passage, si tu me trouves antipathique sache que d'une part ça m'est égal, et d'autre part c'est réciproque. dit-elle en fixant le garçon droit dans les yeux.

Etait-ce là la goutte d'eau que cette journée de mort ? Nova ne semblait pas prête à compatir à la détresse d'un nouvel arrivant en proie au doute. Tim, leur leader, qui les avait abandonné pour s'entraîner auprès de Garrisson... Gaël, qui n'avait pas supporté leurs combats... aujourd'hui tant de morts innocents... Les plus grands perdants aujourd'hui c'était définitivement eux avec des morts, des blessés, une école en ruine, des professeurs... Elle revit l'image de Luna dans la cuisine, sous le réfrigérateur, et une boule monta dans l'estomac de la jeune yankee. Jenifer se précipita hors de la cabane et ne put retenir ses entrailles de se retourner sur la neige immaculée. Elle tituba avant de s'appuyer contre la maisonnette en bois, prennant une poignée de neige pour se rincer la bouche et éteindre le feu. Elle qui avait regardé cela avec détachement, croyant pouvoir supporter ces images, son corps lui rappelait qu'elle n'était qu'une adolescente embarquée dans un conflit pour sa propre survie, celle de tous ceux qu'elle aime et un nombre incalculable d'inconnus qui n'ont certainement pas la moindre idée du couperet qui attend au-dessus de leurs têtes.

C'est une jeune fille éprouvée tant physiquement que psychologiquement qui ne put que souffler "Je vais pas bien..."

Jareld fut bien accueillit. Une dénomée Yrianna qui se présenta, l'invita à s'asseoir près d'elle. Jareld lui sourit et s'installa à ses cotés tandis qu'elle répondait à sa question, à savoir si Daedalion allait mieux. Elle répondit qu'il se sentait mieux et elle ajouta non sans un sourire, que de ce qui était de sa langue elle n'était pas du tout paralysé. Jareld apprécia la remarque lorsque Daedalion répondit qu'il se sentait bien. Il remercia aussi Jareld pour son aide. Il répondit:

"Tu aurais certainement fait pareil."

Sven parla de contre-attaquer suite à cette attaque de l'institut... De riposter et de ne pas rester ainsi passif face aux évènements. Enfin, il évoqua l'idée de manger. Une action qui n'avait pas eut lieu depuis maintenant 24 heures pour Jareld. Et son ventre gémissait de temps à autre, dans un gargouillement féroce. Il n'aurait pas été contre un bon sandwich...
Alors qu'il songeait à cela Yrianna demanda comment il fallait s'y prendre pour trouver de la nourriture. Et Jareld pensa soudainement qu'il avait ramené des gateaux bien français! Ils se trouvaient dans son sac...
Pas une minute à perdre: Jareld sortit un moment et ramena des paquets de gateaux. Cela ne couperait par leurs faims, mais ça y contriburaient... Il en distribua rapidement, alors que la jeune femme qui utilisait son pouvoir s'emporta, et envoya de cinglantes répliques à Daedalion. Ne comprenant pas tout, car n'ayant pas entendu toute l'altercation entre Jenifer et Daedalion, Jareld l'ignora. Jusqu'à ce que la jeune fille affirme ne pas se sentir bien. En effet, elle n'avait pas l'air au mieux de sa forme... La fatigue, le stress, le manque de nouriture, et l'utilisation de son pouvoir devaient l'affecter. Jareld lui tendit un gateau avant de demander:

"Si les profs ne se réveillent pas très vite, il va falloir en effet organiser quelque chose: une contre-attaque."

Jareld jeta un regard en coin à Sven, il l'avait trouvé convaincant dans son discours, tout à l'heure...

"Je pense qu'au lieu de rester ici à se réchauffer, il faudrait se préparer à riposter contre ces ennemis. Vous avez l'air de savoir qui ça peut être, moi je viens d'arriver, je ne vous serais donc pas d'une grande aide, en ce qui concerne la découverte de l'identité de votre ennemi, mais je pense pouvoir aider d'une façon ou d'une autre..."

Jareld songea à son pouvoir qui pourrrait servir à espionner si le besoin s'en faisait sentir... Mais il ne se sentait pas vraiment d'attaque à ce moment là...
Etrangement, Jareld s'attachait à cet Institut et à ses membres aussi étranges soit-ils. Ils étaient tous dans le même bateau et dans le malheur, tout le monde se rejoignait pour contre-carrer l'ennemi, c'est ce qui incitait Jareld à les aider. Encore fallait-il que l'Institut s'organise pour contre-attaquer...
En outre, il avait espéré trouver en cet école un lieu paisible et il avait hâte qu'elle en redevienne un, et ce n'ets qu'en participant qu'il aiderait cette école à redevenir un havre de paix pour mutants...
Jareld soupira et posa ses paumes contre son front, la fatigue se faisait toujours sentir...

Yrianna était partie dans la cabane. Beaucoup de monde y rentrait d'ailleurs. Loutre-Grise s'était levée et regardait autour d'elle, les gens qui peu à peu disparaissaient.

Finalement, elle lui proposa de rejoindre Nan en lui tendant la main pour l'aider à se relever. L'Inuit sourit. Il lui montra ses deux mains, paumes face à elle. La peau était très abîmée en tout point et on voyait aisément de multiples coupures. Le sang avait séché par endroit, à d'autre les plaies étaient encore ouverte et remuer les doigts séparait les deux bords, laissant un rictus de douleur sur le visage de Kalalli. Pour commenter ce qu'on voyait, il dit :

" Je doute que je puisse réellement être utile à quelqu'un dans cette situation... Je ne peux rien porter ou déplacer... Puis à l'infirmerie, il doit y avoir des blessés plus grave que moi, je veux pas gêner. Je vais pas en mourir..."

Contrairement aux autres, rajouta-t-il pour lui. Il ramena ses mains à lui.

" Je... Je pense que je vais rester par là. "

Seul. Il n'avait aucune envie de l'être, mais il serait certainement plus gêné de regarder les autres faire au hangar, dont la position lui était d'ailleurs totalement inconnue.

" Ou peut être que je vais chercher Louis, voir ce qu'il fait. Je ne l'ai pas revu depuis l'éboulement..."

L'Inuit se releva sans aide, se donnant un peu d'élan pour ne pas avoir à se servir de ses mains, puis fit face à Louison.

" Si tu veux aller au hangar vas-y Loutre-Grise, on se verra plus tard."

Il lui avait lancé un sourire pour lui dire qu'elle n'était pas obligée de rester avec lui si elle préférait aller ailleurs. Kala se tourna vers l'entrée de l'Institut, la même par laquelle il était arrivé quelques jours auparavant.

Sven écouta distraitement les paroles des uns et des autres... Il valait mieux que ça explose. Quand la poussière finirait par retomber, on y verrait plus clair, et toute la suite sera lumineuse. Ou alors, c'était la pluie qui nettoyait, et pas la poussière. Qu'importe.

Sven ramassa Jen avec un nuage et la remit à l'intérieur, la posant sur un banc.

"Hé ! Réveille toi Jen, on a encore besoin de toi pour tenir le sauna au chaud."

Il ouvrit sa combinaison de neige et en sortit le haut du corps, couvert d'un pull en laine jaune poussin avec un superbe élan multicolore dessiné, sans doute acheté dans une boutique de tricot.

"Il est important de nous tenir dans une atmosphère confortable de sorte que nous puissions faire deux choses en même temps."

Il se tourna vers Jareld.

"C'est simple. Nous allons rester ici à nous réchauffer, parce que le sauna a la propriété étonnante de réchauffer automatiquement les gens qui s'y trouvent sans efforts. Et en même temps, voir ce que nous allons faire. Je n'ai pas envie de me préparer à riposter en faisant des pompes dans la neige. Ce n'est pas confortable, c'est froid, c'est mouillé, c'est fatiguant... Ici, on est beaucoup mieux."

Il se tut un instant. S'accordant un moment de réflexion. Ou bien profitait-il de la douce chaleur boisée ? Il semblait endormi. Puis il releva la tête.

"Jen... Il me semble que tu étais là quand ce charmant français avec ses beaux yeux est venu vous parler. Qu'est-ce qu'il a raconté ?"

Jenifer accueillit Sven d'un sourire las mais sincère et se laissa faire lorsque le nuage l'emporta de nouveau dans les murs de la cabane-sauna. Elle lui adressa un "Merci..." éprouvé avant de suivre ses explication, fixa le jeune mutant avec ses yeux verts pétillant d'intelligence. Elle réfléchissait aussi à la suite, avait pensé lancer immédiatement une équipe à la recherche de leurs professeurs et de la base abritant les télépathes, mais devant le désaroi et les stigmates de l'Institut, elle s'était presque résignée, croyant être la seule à se soucier d'une contre-attaque.

Tendant une main vers les pierres pour les réchauffer de temps en temps, elle fixait toujours Sven lorsqu'il parla d'un français aux beaux yeux...

- Gaël. glissa-t-elle à la suite de la mention de cet homme.

Lorsque Cloud eut fini, Jen commença à raconter :

- Je ne me souviens plus très bien de son nom de famille, mais il a un frère, Lucas, et tous les deux ont été vu dans l'Oregon par l'équipe emmenée par Cassandre. Ils cherchaient les prises craniennes qui ont surement servi de modèle à celles utilisées pour l'attaque télépathique que nous venons de subir. Gaël a des pouvoirs de guérison, c'est lui qui m'a soigné alors que j'étais gravement brûlée. Son frère semble avoir un pouvoir plus offensif. Il venait nous voir pour nous demander notre aide pour sauver son frère. Lucas était pourchassé, et d'après ce que m'a raconté Anna, il était attaqué par Adam lui aussi contrôlé mentalement dans le but de tuer Lucas. Gaël a vu les enfants télépathes branchés alors que des personnes lui avaient demandé de maintenir en vie une personne avec l'une de ces prises dans la tête. C'est pour ça que j'ai fait le rapprochement entre le comportement des profs et une attaque. Il nous a parlé d'un certains Terry Hunter, papa de nos chers amis Hope et Derek qui ont fait disparaître Adam et le casque d'amplification télépathique à Londre lors de notre mission. Il semble être derrière tout ça mais ce qui est étrange c'est qu'il est censé être anti-mutant, que ses enfants sont des mutants, et utiliser des mutants pour son plan... ou alors c'est pour mieux les détruire au final. Sinon tout ce que je sais sur Adam c'est qu'il était vers le Nord de la Californie. J'ai pensé demander à Rachou, si on l'amène suffisament près d'Adam elle pourrait peut-être nous téléporter à côté de lui...

Cherchant d'autres idées de même qu'elle observait la réaction de l'imprévisible bonhomme-nuage, Nova se dit qu'il était dommage que ses équipiers ne fassent pas partie de ce conseil de guerre. Mais ils avaient certainement fort à faire en ce moment.

Louison fronça les sourcils lorsque le jeune inuit lui exprima son désir de trouver Louis afin de savoir comment il allait. Le garçon lui avait dans un premier temps montré l'étendu des dommages sur la paume de ses mains, rendant celles-ci peu utiles pour le moment. De plus, il était clair qu'il ne voulait pas représenter un fardeau supplémentaire pour les étudiants de l'Institut. Louison le comprenait. Il y avait suffisamment de blessés graves pour garder occupés ceux et celles qui les soignaient. Néanmoins, elle hésitait à laisser l'adolescent seul. Elle ne savait pas ce qui était arrivé au jeune Louis, l'ayant aperçu brièvement tout juste avant l'effondrement du plancher du corridor, elle était sans nouvelle de lui depuis. Du moins, rien qui n'ait attiré son attention. Elle répondit donc au jeune homme qui lui faisait face, d'une voix toujours aussi douce.

"Tu sais, si tu veux trouver Louis, tu devrais demander aux autres. Peut-être que quelqu'un sait où il se trouve, non? Il est sûrement à l'infirmerie à aider les autres à l'aide de son pouvoir. Je vais me rendre au hangar, si tu as besoin de moi, tu peux m'appeler avec ce bidule, d'accord?"

Finit-elle par dire en pointant son oreillette. Elle sourit à l'inuit, en réponse à son sourire, mais aussi pour lui signaler qu'elle serait là s'il avait besoin de quelqu'un, puis se tourna dans la direction qu'avait prise Naninaka quelques instants plus tôt. À pas lents, elle suivit les traces laissées dans la neige par l'algonquin afin de rejoindre les autres.

La jeune femme avait bien d’autre chat à fouetter que de se concentrer sur la réplique de Daedalion, et choisi de prendre cet espèce de faux compliment à la légère, se détournant bien rapidement de ce dernier après lui avoir adressé un large sourire qui témoignait de son indifférence, maintenant que les choses étaient rentrés dans l’ordre entre eux, et qu’il s’était expliqué auprès de Jen aussi. C’était évidemment son droit de vouloir faire l’autruche, et la jeune Russe n’avait effectivement pas compris comme ça au premier abord son désinteret, mais à présent, elle saisissait un peu mieux ses motivations restées veines puisqu’au final il avait reçu bien plus d’information encore que ce qu’il avait sans doute voulut éviter. Et puis, c’était tant pis pour lui, il avait qu’à partir si ça ne lui plaisait pas, Yrianna, elle, avait éprouvé un réel besoin de savoir, et maintenant, elle avait été servi.

Estomaquée par ces découvertes à la fois bouleversantes et écoeurantes à propos des tortures qu’on pouvait faire subir à des jeunes enfants, la jeune femme eut envie d’aller rejoindre la chauffeuse au dehors pour se vider les tripes qu’elle venait frugalement de se remplir en se servant un petit gâteau du paquet que voulait faire partager Jareld. Mais plus décidée à rester immobile qu’à courir au dehors, elle resta finalement bien sagement à sa place alors que les autres sortaient les uns après les autres pour aller s’occuper de la mutante malade au dehors. Elle aussi elle était mal, elle aussi elle avait envie d’agir, mais personne ne semblaient vraiment avoir envi de se soucier d’elle. Alors elle replia un peu ses genoux vers elle, se retranchant dans son jardin intérieur qui était, lui, encore fleuri de toute part, à l’abri des horreurs du monde et du fléau qui semblaient vouloir à tout jamais s’acharner sur le sort des mutants.

Et puis les autres revinrent à nouveau dans la cabane chaude, certains à pied, d’autre sur un beau petit nuage, et les mauvaises nouvelles continuèrent d’affluer de part la bouche de cette malade qui était semblait-il encore bien mal en point à en juger sa mine palote et ses petits yeux néanmoins éclatants, ainsi que de celle de Sven le fabriquant de barbe à papa blanche. Certes, elle ne comprennait pas grand-chose à tout ce que racontait Jen, avec ces histoires de Lucas. D’ailleurs, était-ce le Lucas de l’institut, ce garçon si gentil avec qui elle avait eu le loisir, certes très court, mais tout de même agréable, de converser quelques instants avec lui. Enfin bon, elle garda sa question pour elle-même pour ne pas perturber les gens en pleine réflexion, et s’aventura simplement à suggérer de s’en référer à d’autres plus avisés…

« C’est bien beau tout ça, mais on a le droit de faire les choses comme ça nous même dans cet institut ? Maintenant que les profs ont… »

Elle hésita un instant sur le terme à choisir pour poursuivre parce qu’elle avait du mal à accepter que l’on puisse diriger quelqu’un par lien télépathique. Le monde des mutants la sidérait toujours autant même si elle l’avait bien rapidement adopté dans son cœur.

« …mouai, maintenant qu’ils ont été libéré de l’emprise mentale que des gosses avaient sans doute sur eux, faudrait voir avec eux nan ? C’est avec nos profs qu’on doit mettre au point tout ça, parce qu’on peut décider tout ce qu’on veut mais, c’est une lourde responsabilité, on peut pas se résoudre à mettre un quelconque plan en application sans eux. On est je crois pas trop capable d’être aussi objectif et réfléchi qu’eux, ils ont de l’expérience et, beaucoup beaucoup de vécu d’après ce que je comprends là… Vous vexez pas hein ! »

Elle se tut alors, troublée par ce qu’elle venait de dire. Elle avait tout simplement peur d’avoir mal fait. Ainsi donc, elle attendit en se trouvant là le menton toujours sur ses genoux repliés, complètement gênée. Heureusement, ses nausées étaient sur le point de l’abandonner, et elle porta donc son regard sur une de ses mouches perchées sur l’une de ses mains pour focaliser son attention sur autres choses l’espace de quelques instants, histoire de souffler une fois encore.

Si tant est qu’il possédait une opinion, Daedalion ne pourrait pas la faire partager. Les raisons étaient simples et injustes, mais néanmoins légitime. Pour commencer, il ne comprenait que partiellement l’intégralité des faits qu’on lui exposait. Deuxièmement, en tant que nouveau, son opinion aurait moins d’impact et moins de crédibilité aux yeux « des anciens ». Pour finir, quoiqu’il dise, la naïveté de la populace ne pourrait encaisser la cruauté de ses opinions. Voyant que sa provocation tomba lamentablement à l’eau, il regarda Jen se faire escorter à son tour par un nuage.

Malgré les griefs qu’ils avaient entretenus l’un envers l’autre, Daedalion se reprocha de ne pas pouvoir lui venir en aide. Frustré par l’immobilité constante de ses jambes, il sortit de sa poche un briquet dont il fit danser la flamme pendant une longue minute. Une fois le bout de métal chaud, il l’appliqua sur sa jambe. La douleur fut vive et intense, elle l’agressa terriblement mais il conserva l’objet au contact de sa peau pendant plusieurs secondes. Cette souffrance était sa seule preuve que ses jambes étaient éveillées, l’espoir nouveau qui lui permettrait de ne pas se croire incapacité pour le reste de sa vie.

Après avoir rangé le briquet dans sa poche, il écouta la tirade de la demoiselle. Il n’y comprit pas grand-chose, du moins sur l’explication, mais il ne parvenait pas à comprendre, surtout avec l’enchérissement d’Yrianna, cette foi aveugle envers les professeurs. Comment pouvaient-il espérer combattre en ayant le besoin de regarder par dessus leurs épaules ? S’ils avaient été lobotomisé pour obéir à une quelconque entité, c’était là la preuve de leur dangerosité. Quelques mutants pouvaient tuer tous les étudiants d’une école de surhomme, alors, s’ils venaient encore à perdre leur libre-arbitre en plein combat, les élèves seraient pris entre deux feux. Il apparaissait évident que les méchants ne jugeaient pas légitime de contrôler les élèves, étant donné leurs faiblesses, et ils voulaient supprimer cet atout en combattant aux côtés des professeurs. Il soupira et garda cette pensée pour lui-même. Ne prononçant sur le pitch de Jen’ que cette pertinente constatation.

« Un français avec de beaux yeux… Dire que j’ai loupé cela. »

Anna tressaillit légèrement lorsqu'elle entendit la voix de Jade, aussi faible soit elle. Elle ne s'attendait pas à ce que la jeune fille parle et à vrai dire, elle aurait préféré qu'elle ne le fasse pas. La douleur qui s'était calmée jusqu'ici, venait de reprendre du poil de la bête lorsqu'elle apprit la mort de son coéquipier. Alors le relatif silence du jardin l'apaisait et c'était tout ce qu'elle souhaitait. Malgré tout, elle ne pouvait reprocher à Jade de vouloir s'exprimer sur ce qu'elle ressentait.

Anna se contenta d'écouter, les yeux toujours perdus dans le vide. Pourquoi il avait fallu qu'elle revienne ? L'envie de revoir ces anciens amis était légitime, mais avait elle pensé a tout ce qui impliquait d'être mutant a l'institut ? Elle se demanda alors ce qu'elle ressentirait si elle même quittait l'institut. Du soulagement peut être ... Et au bout du compte, aurait elle aussi la nostalgie des lieux ? Actuellement, la télépathe était tellement confuse qu'elle ne saurait répondre. Mais elle était plutôt impressionnée par la décision de Jade de, comme elle prétendais, s'enfuir de là où elle était pour revenir ici.

Elle sentit le corps de Twin bouger et venir se coller à elle. Le froid commençait à ramper le long de ses doigts. Déjà ses jambes qui trempaient dans la neige, étaient gelées. Le pull qu'elle portait n'allait pas pouvoir faire écran face au froid bien longtemps. Elle oublia cependant ces petites morsures après la question de Jade. Si c'était habituel ? Anna baissa la tête.

"Je crains que oui ... Dit elle, alors que la boule dans sa gorge refaisait surface. Je ne sais pas si tous les mutants en passent par là, mais une chose est sur. Si tu fais partie de l'institut, tu ne pourras pas y échapper."

Que ce serait il passé si elle n'avait pas rejoins l'institut ? Si elle était restée en France, à mener une vie aussi normale que possible ? S'en serait elle mieux sorti qu'ici ou pas ? Après tout, elle n'était pas si malheureuse, avant. Peut être un peu isolée et un peu confuse, mais elle ne se souvient pas avoir ressentie une telle souffrance un jour. Serait elle capable de revenir à cette vie 'normale' après tout ce qu'elle avait vécu ?

"On ne s'y habitue pas et je n'ai pas envie de m'y habituer ... Ca serait vraiment ... Horrible."

Tout le monde s'imagine que l'institut est un bel endroit, parfait pour apprendre à contrôler ses pouvoirs et rencontrer d'autres mutants. C'est vrai, mais on ne crois pas une seule seconde que le ciel peut vous tomber sur la tête a tout moment. Alors la désillusion et la souffrance est d'autant plus forte.

Le corps d'Anna commençait à être secoué par des frissons. Elle n'aurait su dire si c'était de fatigue, d'angoisse, le contre coup de ce qu'elle venait de vivre qui lui retombait dessus ou si elle avait vraiment froid. Elle aurait préféré que ca lui engourdisse le cerveau plutôt que le corps.

"Viens, on va se mettre au chaud. Je ne sais pas pour toi. Mais moi j'ai envie de trouver celui qui est la cause de tout ça et de lui faire payer. C'est pas en restant congeler ici qu'on y arrivera ..." Dit elle alors qu'elle se levait assez difficilement.

Et après ? Que ferait elle ? Quitterait elle l'institut ? En tout cas, l'idée s'était bien installée dans son esprit. Se retournant vers l'institut, la cabane lui paraissait un endroit moins glauque que le bâtiment délabré qui se présentait à ses yeux.

En retrait, toujours assis sur le sol, Fabrisio ne perdait rien de la discussion autour de lui. Plus il les regardait et les voyait, et plus il se sentait mal à l'aise. Voyant ces jeunes encore sourire, il ne pouvait s'empêcher de culpabiliser de réagir comme lui le faisait. Etaient-ils insensibles ? Non, c'était autre chose. La vie devait continuer. Il y avait très certainement mieux à faire que de se morfondre dans son coin.
Il repoussa lentement Jess, se dégageant ainsi de son étreinte.

- Ca va aller, dit-il à sa coéquipière.

Il se releva, étira un peu ses muscles un peu engourdi.
Il regarda les quelques jeunes présents puis se rapprocha d'eux.

(Cuisine)

Combien de temps s'était-il écoulé ? Elle aurait été bien incapable de le dire. Mais la température froide qui lui glaçait le visage finit par réveiller Chloé. Elle émergea lentement, l'esprit encore embrumé. En un instant, tous les évènements lui revinrent en tête, chassant l'état comateux dans lequel elle se trouvait.

Avait-elle rêvé ? Est-ce que tout cela n'avait été qu'un simple cauchemar ? Elle l'aurait tellement voulu. Mais l'odeur du sang et de la mort qui flottait dans l'air lui confirmèrent le contraire. La vision apocalyptique de l'Institut à moitié détruit n'arrangea pas la situation. Car Chloé avait parfaitement conscience d'en être la responsable...

Elle se releva péniblement. Ce qui ne fut pas une mince affaire, la neige ayant déjà commencé à engourdir tous ses membres. Des échos de voix lui parvenaient faiblement. A l'intérieur du bâtiment. Il y avait encore du monde. Et dans le jardin aussi. Les rescapés...

Chloé ne put s'empêcher de penser qu'elle ne pourrait plus jamais les regarder en face. Combien en avait-elle tué ? Cette question la hantait. Et les Richard, avaient-ils été maîtrisés finalement ? Et les autres professeurs ?

Tant de questions. Sa tête lui tournait.

Soudain, son communicateur s'alluma, libérant un flot d'informations sur les derniers évènements. Chloé n'en retenu que quelques bribes. Les profs avaient été contrôlés et Lyu était mort. Lyu... Etait-il dans le couloir aussi ? Etait-ce elle qui l'avait tué ? Elle ne savait même plus...

Les voix qui lui parvenaient se firent plus fortes. Le ton montait parmi les rescapés, chacun-dans son bon droit- se demandant ce qu'il s'était passé. Elle vit Sven les inviter à entrer dans une cabane pour se mettre au chaud. La proposition étant tentante pour Chloé. L'Institut menacait de s'écrouler, pas question d'y retourner. Même si une petite voix dans sa tête lui disait le contraire. La moindre des choses aurait été d'aller chercher les corps de ses victimes. Mais Chloé n'en n'avait tout simplement pas la force, ni le courage. Il lui en faudrait pourtant pour affronter le regard des autres.

Lentement, à la vitesse que lui permettait ses jambes complètement gelées en fait, Chloé se dirigea vers la cabane. Arrivée devant, une douce vague de chaleur lui réchauffa légèrement les joues. Elle entra, hésitante. L'idée de faire demi-tour lui traversa l'esprit mais elle se retint. Elle inspira et murmura, en évitant soigneusement le regard de ses camarades :

"Je suis désolée...vraiment désolée... C'est...c'est..."

Mais elle n'arriva pas à continuer. Elle fondit en larmes et s'écroula au sol.

Sven répondit judicieusement à la remarque de Jareld, qui avait pensé qu'il serait mieux d'aller dans un bâtiment, préparé une contre-attaque, et non la préparer dans un sauna... Jareld songea que les gens comme Sven devait avoir une approche assez étrange des problèmes... Enfin!
Jareld se redressa et écouta la réponse de Jen à la question de Sven. Jareld ne comprenait pas tout, malgré le fait que son attention soit totalement tournée vers le discours de la jeune femme qui semblait s'être un peu remise. Jareld se contenterait d'aider en éxécutant les ordres pour le moment, car il ne comprenait pas grands-choses... Jareld songea à demander un résumé de la situation à Sven ou Jen, mais il lui semblait qu'il les embêterait plus qu'autre choses...
Jareld s'obstina donc à garder la bouche fermée, tandis que Jen continuait de parler du français. A la fin de son récit, Jareld observa les autres pour savoir s'il était le seul à ne rien comprendre, il comprit vite que ses compagons ne semblaient pas trop suivre la conversation alors Jareld finit par demander:

"Je suis désolé de vous interrompre, mais est-ce que vous pourriez résumer un peu la situation?"

Le ton était poli, et l'on distinguait le désir de satisfaire sa curiosité. A peine avait-il finis de le demander qu'une jeune fille aux cheveux roux déboula dans la cabane, elle prononça des excuses avant de s'écrouler au sol.
Nouvelle question pour Jareld, qu'était cettte jeune fille rousse, et pourquoi était-elle désolé?
Jareld se dirigea vers elle et la souleva maladroitement, avant de la poser assise contre un des bancs. Elle s'était évanouie... Jareld hésitait à la réveiller, elle semblait tellement désespérée que ce n'était peut-être pas la meilleur solution. Peut-être fallait-il la laisser dormir... Qu'elle se repose et elle rendra des comptes après... Une fille comme elle ne pouvait pas être bien méchante si elle s'excusait d'une manière aussi...désespérée...
Jareld laissa donc la jeune femme ainsi le dos contre le mur, et ramena de nouveau ses jambes contre son corps. Se créant de nouveau un cocon: c'est vrai qu'on était bien dans ce sauna, mieux qu'ailleur dans cet insitut en tout cas... C'était certain...
Jareld ferma les yeux et pensa encore à cette journée encore longue qui les attendaient tous...