Réunion de début de semestre

Cela ne semblait pas si longtemps que cela à Adam, et pourtant, il s'était déjà passé pas mal de choses depuis la dernière fois que tous les élèves avaient été réunis dans l'amphi pour une grande réunion --d'aucuns diraient une grand messe-- de rentrée.

Ou presque... Parce que pour le coup, c'est lui qui était sur le podium, certes avec les autres profs, mais lui qui était au pupitre. Il effleura le micro, provoquant un léger larsen. Ça commençait bien.

Avisant d'un rapide regard circulaire que tout le monde était là... Du moins, c'est ce qu'il semblait. Côté élèves, ok. Côté profs : les trois nouveaux étaient là. Et il manquait Olivier. D'un côté, il comprenait sa décision, mais de l'autre...

Enfin, ne faisons pas attendre les élèves.

"Bonjour à tous. Merci d'être venus pour cette petite réunion de rentrée.

Je n'aurai pas besoin de vous rappeler ce par quoi nous sommes passés il y a deux mois... Cela a été éprouvant pour tout le monde, et a meurtri nos cœurs, et nos bâtiments. D'ailleurs, à ce propos, j'ai le plaisir de vous informer que les nouvelles ailes d'habitation sont livrées, et que c'en est fini du camping !

Quelques élèves ont émis le souhait de ne plus vivre ici, et de retourner dans leurs familles. Fabrisio, Kirsten, Alicia... Leur démarche est compréhensible, dans le climat d'insécurité pour les mutants qui s'ouvrent actuellement.

Vous avez sans doute discuté de tout ceci entre vous ces deux derniers mois, c'est pourquoi je vais vous dire ce que nous savons actuellement, de sorte que vous sachiez à quoi vous attendre."

Toujours commencer par les mauvaises nouvelles : c'était une obsession !

"Nous savons que la Comission Eden, un groupe d'humains extrémistes qui n'ont qu'une obsession : exterminer notre espèce, n'a pas été totalement détruite. Décapitée, elle s'est dispersée, et nous avons probablement à faire face à des actions individuelles.

Nous avons également découvert l'existence de Ganymède. De ce qu'il ressort, il s'agirait d'une association de mutants, même si des humains étaient leurs employés. Les buts qu'ils suivent exactement semblent flous.

La balance de l'opinion publique penche actuellement en notre défaveur, notamment suite aux actions entreprises à Paris et Versailles qui, même si elles s'avéraient parfaitement indispensables ..." Adam s'abstint de regarder Carrie "... Ont eu des effets collatéraux dommageables, et pas seulement pour notre image."

Il s'arrêta un temps, et sourit à l'assemblée, histoire d'alléger un peu l'atmosphère.

"C'est dans cette optique que le Dr. Fleury a décidé de prendre une part plus active au militantisme mutant, en se lançant dans un cycle de conférences internationales, pour expliquer les récents évènements, et plaider notre cause. Nous ne pouvons que lui souhaiter la meilleure réussite, et nous associer à ses objectifs.

Nos objectifs, ici à l'Institut, restent inchangés.

L'Institut représente un lieu de vie pour les mutants, et un lieu de sécurité. Dans cette optique, nous avons recruté trois nouveaux professeurs : Esther Kofman, Paolo Santero, et Vadim Volkov. Je compte sur vous tous pour leur réserver le meilleur accueil. Ils sont au courant des récents évènements, et vont mettre tout leur talent, leurs compétences et leurs spécificités, à votre sécurité, votre apprentissage, et votre épanouissement.
Car c'est ce que nous faisons ici : nous offrons un lieu de vie, où les jeunes mutants peuvent grandir et apprendre à devenir des citoyens du monde responsables, contrôlant leurs pouvoirs, et les exploitant à bon escient."

Il laissa passer quelques instants, le temps que les élèves puissent un peu admirer les nouveaux specimens sur le podium.

"Pour le reste, je m'occuperai de la direction effective de l'institut, en plus de mes cours.

Ceci me permet également de vous informer que, comme toutes les écoles d'Amérique, nous sommes arrivés au changement de semestre. À cette occasion, nous avons décidé de revoir la composition des équipes. L'occasion se présentant, et cela vous permettra aussi de connaître un peu d'autres personnes, et de casser l'idée que nous formons des commandos !"

Il était amusant de voir que, malgré un discours qu'il avait semble-t-il répété, il restait toujours quelques points de spontanéité et d'improvisation dans le comportement d'Adam. Il se racla la gorge

"Je laisse la parole aux nouveaux professeurs, pour leur donner le loisir de se présenter à vous."

Esther écoutait vaguement les paroles de Adam... Elle était plutôt focalisée sur les élèves. Ils étaient nombreux et si jeunes...

Certes, ce n'était pas son premier poste de professeur... Mais l'enseignement universitaire n'avait rien de commun avec le fait de s'occuper de très jeunes mutants pas forcément concernés par les dires, faites et gestes de leur professeur...

L'ethnopsychologue gardait son attention flottante sur Adam pour vérifier que son tour de parole n'était pas déjà arrivé.

Elle pensait en cet instant même à Robert, à ses travaux sur l'Institut, au fait qu'il n'était plus... Il avait toujours eu le chic pour voir les bons côtés de chaque personne, mais ce n'était pas réellement un homme de terrain ! Maintenant, c'était à son élève, sa protégée, de s'occuper des mutants en détresse...

Esther regarda rapidement Cassandre. C'était elle la psychologue jusqu'à présent. Elle qui recevait les confidences du reste de l'Institut. Et maintenant, Esther allait devoir prendre une part à ce lourd fardeau...

Adam venait de s'arrêter de parler. l'israélienne s'approcha du pupitre et d'une main se saisit du micro. Elle n'avait jamais eu ni la patience ni le talent pour les longs discours mais elle ne pouvait y couper...

"Bonjour à toutes et à tous... Comme l'a dit Adam, je me nomme Esther Kofman. Je travaillais jusqu'à peu avec le Professeur Robert Bateson que certains d'entre vous ont rencontré au sein de la NYC Université..."

Elle marqua une pause. Ca allait être plus dur que prévu. Esther se pinça les lèvres avant de reprendre d'une voix qui se voulait mécanique pour éviter de trembler.

"Je suis diplômée d'ethnopsychologie et à ce titre j'assumerai avec Mademoiselle Deneos le pôle psychologique de l'Institut. Pour compléter rapidement ma biographie et sans rentrer dans les détails, j'ai grandi en Israël avant de m'installer aux États-Unis pour mes études. Enfin, comme vous vous en doutez certainement, je suis aussi une mutante. Je contrôle la température, c'est mon pouvoir".

Esther regarda une dernière fois l'assemblée. Puis ajouta, comme pour se rendre plus humaine, moins factuelle.

"Je vous remercie de m'avoir écoutée. Je laisse donc la parole au prochain intervenant"

Elle était tellement professionnelle qu'elle en avait oublié d'être triste. Tellement professionnelle, qu'elle en avait oublié d'être humaine...

Vadim se tenait debout sur l’estrade, en complet bleu sombre et cravate jaune canari qui faisait ressortir son teint tomate. Les mains jointes derrière le dos, l’air grave et sévère il fixait les gradins de l’amphi, l’oreille tendue vers les paroles d’Adam Zachary. Les problèmes étaient clairement posés : il fallait observer les mouvements des autres organisations pro ou antimutantes, et améliorer la réputation de l’institut dans les médias. Pour ce qui était de la mission interne à l’Institut, elle se résumait à deux mots : éducation et sécurité.

Il hocha la tête, puis se détendit pour se tourner vers Esther, qui entamait sa présentation. La jeune femme égrenait brièvement les faits la concernant comme elle aurait lu la notice de son radio-réveil. L’évocation de Bateson n’était pas pour rien dans cette raideur. Vadim ressentit ce pincement au cœur. Son intervention à lui serait plus encourageante, plus émotionnelle à la manière russe.

Il remplaça Esther au pupitre, mais tordit le micro loin de lui. Il se tapota la poitrine et s’éclaircit la gorge. Il gonfla son large torse et sa voix se fit puissante et caverneuse.

« Bonjour à tous ! Je suis Vadim Vladimirovitch Volkov lieutenant-colonel démissionnaire de l’armée russe. Jusqu’à il y a peu, j’ai découvert notre monde, celui des Mutants. Cela m’a comblé de joie ! Vous me voyez, je suis très différent des humains. J’en vois parmi vous, plus rarement parmi les professeurs… qui sont aussi victimes de la même plaisanterie du destin… Mais nous on ne rit pas tous les jours n’est-ce pas ? »

Dit-il en s’exclamant, visant du regard Mina dans la travée, puis Sahari sur l’estrade, d’un ton de reproche adressé au responsable inconnu de la situation. Puis il fixa de nouveau la salle en reprenant figure grave, fronçant ses sourcils noirs.

« Pour mon peuple russe, habitué à une histoire cabossée et violente, le destin fait partie de la famille ! Son silence explique tout : les malades, les disparus, les mariés, les enfants, les cornes sur la tête ! Il s’occupe de tout le monde ! Qui peut se monter contre ses décisions ? La vie c’est de continuer. Voilà une réponse utile à une question insoluble. »

Il rassembla ses deux mains devant lui et poursuivit en balayant du regard les élèves. Sa voix rauque baissa encore d'une octave.

« Je voudrais rendre hommage à vos camarades qui sont tombés à vos côtés, lors de l’attaque et des commandos. Après de tels sacrifices, reculer nous est interdit ! Comme l’a dit notre directeur adjoint Zachary les objectifs restent inchangés. Je suis fier et heureux de me joindre à vous pour les réaliser. Croyez-moi, les ennemis vont nous craindre. »

Termina-t-il d’une voix forte et volontaire, sans qu’on sache s’il plaisantait ou non, avant que sa silhouette toute entière n’enfle harmonieusement jusqu’à avoir les genoux au niveau du pupitre.

« Et voilà mon application. Je laisse maintenant la parole. »

Il pencha sa main démesurée sur le frêle micro, le remit doucement en place pour le professeur Santero, et quitta le pupitre en reprenant taille humaine.

Pétrifié semblant un bon adjectif. D’habitude il avait des exercices, une préparation, des élèves plutôt plus âgés que ceux qu’il avait devant lui en cet instant et il n’allait pas avoir la responsabilité de leur vie entre ses mains. Les choses changent diraient certains… Paolo aurait peut-être préféré que non. Il tenta, comme à chaque fois qu’il était tendu, de s’évader un instant dans son imaginaire, se souvenant des grottes splendides qu’il avait déjà visitées, mais lorsque devant les yeux on avait un amphithéâtre rempli de jeunes gens qui n’attendait qu’une chose c’était de savoir qui étaient ces nouveaux visages et ce qu’ils apportaient avec eux, c’était loin d’être un jeu d’enfant.

Esther avait fait sa BA, maintenant c’était au suivant et Vadim montra bien plus d'aisance et presque de l'enthousiasme. Il risquait bien de perdre encore plus ses moyens s’il attendait encore. Aussi Paolo s’avança à la tribune, bougea un peu le micro, et loin de s’imaginer qu’il allait parler aussi fort, il prononça un « Bonjour… » tonitruant suivi d’un magnifique larsen.

Sursautant et l’air gêné, Paolo se ressaisit et reprit en essayant de reprendre son calme :

- Bonjour à tous, je me présente, docteur Paolo Santero, géologue à l’Insitut Géologique du Globe, je suis originaire du Mexique, j’ai passé mes études universitaires à Houston et depuis je travaille plus particulièrement sur les phénomènes sismiques. Je ne vous ferai pas de cours de géologie, rassurez-vous, mais je m’attacherai certainement à vous faire partager mon goût pour l’exploration.

Un instant de silence.

*T’as encore quelque chose à dire ?! Non ?! Ben alors dis-le et laisse ta place bon sang !*

Il termina en tâchant de sourire le plus naturellement possible avec une boule de bowling dans l’estomac :

- Je vous remercie de votre attention, j'espère pouvoir faire plus ample connaissance avec chacun d'entre vous.

Quittant le pupitre, Paolo poussa un profond soupire loin de passer inaperçu. Il n’avait jamais aimé les discours en publique et ce n’était pas encore aujourd’hui qu’il changerait d’avis ! Certaines choses changent… d’autres pas.

Maintenant un peu plus détendu, surtout depuis qu’il savait que les élèves s’étaient tous rendu compte de son manque d’aisance et qu’au moins il n’aurait plus à craindre de perdre toute crédibilité à l’avenir vu qu’il venait déjà de la perdre, Paolo se risqua à regarder plus attentivement les élèves, repérer ceux qu’il avait choisi dans son groupe, et les autres aussi bien entendu.

*Croise pas les bras ça fait trop coincé ! Pas dans les poches ça fait trop détendu… Fait ce que tu peux tant pis…*

Que faire de ses mains… l’éternel problème auquel il n’avait toujours pas trouvé de solution. Pourquoi le monde est-il si cruel ?

Comme tous les jours depuis le 19 janvier, depuis qu'elle avait appris la mort de sa cadette, Wind ne portait que du noir. Des choses très simples, qu'elle avait achetées pour l'enterrement tout d'abord, et qu'elle ne concevait plus de ne pas porter. Peut-être que ça ne l'aidait pas à faire complètement son deuil, mais elle n'avait pas vraiment le coeur à porter de la couleur, elle qui ne portait que des couleurs claires et vives à l'origine. Ses cheveux serrés dans un chignon strict, elle avait suivi le mouvement quand on lui avait annoncé que le professeur Zachary remplacerait le Docteur Fleury pour le discours de début de semestre dans l'amphithéâtre. Elle avait été heureuse de les voir revenir, Miss Marcin et lui, après tout ça, elle avait été beaucoup moins ravie d'apprendre encore d'autres décès, d’autres disparitions. Enzo ne reviendrait pas. Le Professeur Layne ne reviendrait pas. Iacobo... avait disparu. Et River... Elle y pensait encore sans cesse, et pourtant, elle n'en montrait rien.

Deux mois s'étaient écoulés. Deux mois pendant lesquels elle avait été bien avare de parole, après la journée où elle avait pleuré toutes les larmes de son corps dans les bras d'Ephram. Il n'y avait tout simplement pas grand chose à dire de plus. Pourtant, plusieurs fois, elle avait hésité à pousser la porte du bureau de Miss Deneos, la psychologue ayant ouvert une cellule psychologique pour soutenir les membres de l'institut. Elle n'avait cependant jamais pu aller jusqu'au bout de la démarche, même alors qu'elle arpentait le couloir y menant : elle était passée devant sans s'arrêter, sans trouver le courage d'y entrer.

Elle s'était installée avec Kitty et Laura, laissant les fillettes décider de leur emplacement, et écoutait distraitement les propos du nouveau directeur. Les réparations de l'institut étaient enfin terminées, une bonne nouvelle qui ne sembla pourtant pas l'émouvoir. Certains élèves étaient retournés chez eux, peu enclins à rester dans un lieu qui avait connu tant de drames, et elle les enviait un peu, quelque part, car elle savait qu’elle n'aurait pas le courage de retourner en Angleterre, de croiser de nouveau le regard de ses parents, de Rain, et de Cloud, après tout ça. Quant à la situation actuelle, elle avait l'impression d'écouter un film d'action dont elle connaîtrait déjà la fin : la Commission Eden et Ganymède étaient à surveiller, bien qu'on n’en sache que peu sur eux... Oui, certes... C'était sans doute nécessaire... Il y aurait sans doute d'autres missions auxquelles il faudrait participer, et quelque part, la perspective l'effrayait. D'autres missions, d'autres morts ? Elle espérait que non, mais ne pouvait s'empêcher d'imaginer Jen, Nan, Iacobo s’il revenait un jour, Joachim, Kitty ou Laura six pieds sous terre...

Et les humains détestaient de plus en plus les mutants. Est-ce que ça signifiait que les autres avaient raison ? Toutes ces belles paroles du cours de Cassandre... est-ce que cet espoir-là était vain ? Le Directeur Fleury semblait songer que non, lui qui était parti militer pour leur cause. Mais elle n'en était plus très sûre... Lorsqu'ils furent cités, elle dirigea son regard vers les trois nouveaux professeurs, sans pourtant vraiment sembler les voir, malgré l'allure pourtant impressionnante du russe. Elle tiqua davantage sur la refonte des épiques clignant deux ou trois fois des yeux en reposant son regard sur le professeur Zachary. Elle ne serait plus avec les autres ? Elle les chercha du regard, dans la salle, comme si cela avait pu les rapprocher d'elle, comme si elle avait pu être certaine, ainsi, qu'ils étaient toujours là, mais l’esprit humain ne voit bien souvent que ce qu’il veut voir, et elle était persuadée de ne pas y trouver le serbe, qu’elle ne repéra donc pas. Son regard passa sur lui pourtant, sans le voir, comme elle était à la recherche de Jen et Nan...

Les nouveaux professeurs prenaient tour à tour la parole, et ses doigts se nouèrent quelque peu sur ses genoux lorsque la femme se présenta comme proche du chercheur, Bateson, qui était venu à l'institut quelques temps auparavant. Elle espérait ne pas être dans son équipe, son ressentiment à l'égard du sociologue et de sa démarche de fichage des mutants de l'institut encore présent dans son esprit. Elle n'était pas plus rassurée par le militaire russe, et espérait ne pas être assignée à lui, autant parce qu'elle était persuadée de n'être d'aucune utilité que parce que leurs parcours la terrorisaient. Le dernier lui semblait plus pacifique, mais elle ne le connaissait guère, et, si elle songeait avec une pointe d'amertume qu'elle ne ferait sans doute plus partie des X-Rays, elle espérait tout de même, à défaut de n’en intégrer aucune ce qui lui semblait à cet instant la meilleur option, ou en tout cas la moins mauvaise, plutôt rejoindre l'équipe d'un des professeurs qu'elle connaissait déjà un peu. Elle aurait préféré, aussi, que les deux fillettes qui l’accompagnaient ne fussent pas citées. Elle ne savait pas encore que rien de tout cela n'allait prendre forme, bien au contraire...

La mort de Gabriel avait été un véritable drame pour Kitty. La petite fille n'avait jamais cru devoir revivre un tel abandon. Car même si c'était différent de ses parents adoptifs, Kitty avait pris cela comme un abandon. Les deux mois qui s'étaient écoulés avaient été très éprouvant pour la fillette autant physiquement que psychologiquement. Et la petite télépathe n'était pas allée voir Mlle Deneos. Elle lui en avait voulu pendant longtemps pour la mort de River et surtout celle de Gabriel. Car c'était elle qui l'avait envoyé en mission dans l'Oregon. La fillette était persuadée que si son parrain était restée à l'Institut, il serait encore en vie et il aurait aussi protégé River.

Mais le temps aidant un peu, la petite télépathe ne savait pas si elle devait toujours en vouloir à la psychologue. En fait elle hésitait encore à aller voir la jeune femme aveugle. Plusieurs fois elle était passé près du couloir où se trouvaient les bureaux des professeurs. Mais jamais elle ne s'y était engouffré depuis ces deux mois. Passer devant le bureau du professeur Layne aurait réouvert sa blessure déjà fragile. Et ce matin là, ils étaient convoqués dans l'amphithéâtre pour une réunion en vue de la rentrée d'un nouveau semestre. Kitty s'y était rendu accompagné par Laura et Wind. Depuis le drame qu'avait subit l'Institut, la fillette quittait que rarement la jeune femme. Tout comme elle était allée souvent sur la tombe de son parrain et de River. La petite fille s'installa dans un rang au milieux de l'amphithéâtre. Cette réunion lui rappelait son arrivée à l'Institut quelques mois plus tôt. Sauf que maintenant Gabriel n'était plus sur l'estrade avec les autres professeurs tout comme Mr Fleury.

La petite fille écouta avec attention les propos du sous-directeur de l'Institut. Ils allaient enfin pouvoir avoir accès aux chambres. Puis le professeur Zachary entreprit d'expliquer ce qu'il savait. Les nouvelles qu'ils annonçaient n'étaient pas vraiment réjouissantes. Kitty comprenait que des élèves soient rentrés chez eux après l'attaque de l'Institut. Aurait-elle fait pareil si elle avait encore une famille, des parents ? Elle ne savait pas. Mais peut-être qu'elle l'aurait fais aussi. La petite fille prit la main de Wind au fur et à mesure du discours du sous-directeur. La fillette fit la moue quand ce dernier parla de sécurité au sein de l'Institut. Elle doutait encore de la sécurité qu'offrait l'Institut. La petite fille écouta le reste du discours d'Adam d'une oreille distraite. Il parla de nouveaux professeurs qui étaient venus s'ajouter à l'équipe enseignante. Ainsi l'un d'eux allait prendre la place de son parrain dans son bureau. Ca la petite télépathe avait du mal à l'accepter. Elle ne voulait pas que tout change.

Puis les trois professeur prirent la parole en commençant par une jeune femme. Elle se presenta sous le nom d'Esther Koffman et était diplômée d'ethnosociologie. Mais c'était quoi ce truc bizarre ? Elle aurait travaillé avec Bateson. La petite fille se souvenait du vieil homme qui était venu leur poser des questions et demander de remplir un questionnaire. Elle possédait le même pouvoir que Barth. La nouvelle prof faisait une impression bizarre à la fillette. Le ton de sa voix était assez mécanique. La petite fille ne savait pas quoi penser d'elle. Puis se fut un gars tout rouge avec des cornes limés qui prit la parole à la suite de l'israélienne. Il fit un peu peur à la petite télépathe qui serra plus fort la main de Wind. Il se présenta sous le nom de Vadim Vladimirovitch Volkov et était russe. Le professeur impressionnait beaucoup Kitty, surtout quand il se mit à grandir d'un coup. Quand il parla de ceux tombés lors de l'attaque de l'Institut, une larme perla sur une des joue de la fillette. Mais elle se retint de pleurer. Elle ne devait pas pleurer. Son parrain ne l'aurait pas voulu.

Puis ce fut un autre professeur qui prit la parole. Son discours fut plus court que celui des autres. Il allait leur faire partager sont gout pour l'exploration. La petite fille n'avait jamais explorer les tréfonds de la terre à cause de son asthme et se demandait si elle aurait le droit de participer. Maintenant que tous les nouveaux professeurs s'étaient présentés, la petite télépathe attendit la suite des évènements. Elle se demandait si elle et Laura seraient encore dans la même équipe. Elle l'espérait réellement. Et pourquoi pas avec Wind aussi. Ça serait vraiment super car ainsi elle pourrait la protéger comme elle s'était promit de le faire.

Ce fut la mine des plus sombres, quoiqu'elle n'avait pas changé depuis près de deux mois maintenant, que Chris se retrouvait tel une fourmi parmi tant d'autres dans l'amphithéâtre malheureusement bien trop bondé. Punaise, c'est qu'il n'aurait jamais cru qu'il y avait autant de monde dans cet institut... Autant de personnes qui n'étaient pour lui que des étrangers qu'il ne cherchait plus à connaître. Chris s'était depuis un bon bout de temps rendu à l'évidence. Moins il connaîtrait de personnes, mieux ça serait. D'ailleurs existait-il quelqu'un qui puisse le comprendre parmi tous ces mutants ? Il en était venu à penser que cela était plus qu'impossible... Certes, il se doutait bien que certains ne le voyaient plus comme le responsable direct de la mort de River, mais pour lui, cela n'avait pas la moindre importance ce que l'on pensa de lui désormais. Toujours posté non loin de l'entrée, le jeune homme se décida finalement à longer le mur qui entourait la salle pour s'y adosser quelques mètres plus loin, évitant soigneusement tout contact physique avec tierce personne. Il commençait de même à espérer que cette réunion se termine au plus vite, tout cet amas de mutants n'étant vraiment pas pour lui plaîre et se sentant déjà quelque peu oppressé... Laissant voguer sans but son regard noisette sur chacun des professeurs présents sur l'estrade, le jeune homme poussa un profond soupir. Dire qu'il fallait attendre que chacun prenne la parole... Débuta alors le récit d'un homme portant des binocles et qu'il n'avait pas eu l'occasion de croiser avant. Ou peut-être n'y avait-il seulement pas fait attention... Cependant, plus ce dernier s'engonçait dans son récit, plus le regard du jeune homme s'assombrissait et ses poings se crispaient. Bon sang ! Mais s'il n'y avait pas besoin de rappeler ce triste épisode, pourquoi le faisait-il ? Quel besoin en avait-il ?

Et que ne fallait-il entendre... Ganymède, une association de mutants. Une association de salopards oui ! Comment pouvait-on encore appeler ces fumiers 'mutants' ? Seulement il ne fallait pas se leurrer, lui-même ne valait pas mieux. Servir d'arme mortelle pour l'un de ces pourris...

*Non ! Ne surtout plus y penser !*

Le jeune homme secoua légèrement la tête dans l'espoir de couper court à ses pensées trop vagabondes à son goût. Mais le pouvait-il réellement ? Heureusement, une jeune femme venait de prendre la parole et Chris put alors focaliser son attention sur cette dernière pour la scruter avec une certaine circonspection. Alors c'était elle la nouvelle psy ? Elle semblait faire bien plus jeune que son âge... En tous les cas, il ne pouvait nier le fait qu'elle possédait un certain charme. Enfin si l'on exceptait sa manière de s'exprimer... On aurait d'ailleurs plus vite fait de la remplacer par un véritable automate au vu de son discours particulièrement dénué de la moindre once de chaleur. Poussant un léger soupir, le jeune homme se passa nerveusement la main dans les cheveux, signe d'une impatience latente face à sa tirade. Elle contrôlait la température ? Génial et après ? C'était pour entendre toutes ces inepties qu'il se trouvait là ? Amer lui ? Non, à peine ! Il n'avait pas la moindre confiance en ces pseudos professeurs. De plus, comment le pourrait-il ? Si l'une l'avait laissé dans la mouise avec un pouvoir aussi puissant, ne se souciant même pas une seconde de l'éthique, qui lui disait qu'il n'allait pas vivre la même chose avec l'un des autres ? Autant dire qu'il préférait ne même pas connaître le pouvoir des autres ! Cette Sibylle avait réussi l'exploit de le dégoûter du corps professoral et en beauté il fallait dire ! Les traits emprûnts d'une violente amertume, Chris avait maintenant le regard posé sur l'impressionnant ogre rouge. Et ce fut étrangement ce dernier qui réussit à chasser ce sentiment, l'atteignant en plein coeur et laissant désormais Chris en proie à une infinie tristesse suite à ses paroles qui lui semblaient si dures à entendre mais en même temps si pleines de bon sens.

Les épaules voutées, le regard complètement perdu, le jeune homme ne cessait maintenant de se ressasser les propos de l'ogre rouge, qui, à coup sûr, se démarquait grandement des autres professeurs. C'était étrange, mais Chris ressentait déjà comme un élan de respect envers lui. Toute sa colère, sa rancune... Cela lui semblait tellement vide de sens tout à coup... Oui, il ne pouvait qu'accepter cette destinée et reprendre comme il le pouvait le cours de sa vie...

*Il a cruellement raison... Je ne peux continuer à maudire mon destin. Je dois juste trouver la force de l'accepter*

Et il l'avait ! Il avait bien réussi à surmonter la perte d'un être cher malgré l'immense douleur que cette dernière lui avait procuré. Oui, il atteindrait son but, mais non plus guidé par la rancune, juste pour honorer la mémoire de River, cette jeune fille qui n'avait pas hésité à lui accorder son sourire et sa sollicitude malgré sa froideur apparente. Se servir de sa culpabilité comme d'une force et non s'y noyer plus encore. Fort de cette nouvelle résolution, c'est un regard brillant d'une nouvelle étincelle qu'il posa sur le dernier professeur à se présenter. Et autant avouer que l'attitude du typé latino laissa le jeune homme plutôt perplexe. C'est qu'il semblait plutôt nerveux... L'on ne pouvait pas dire non plus que sa maladresse passait inaperçue... Et bien ! Ca n'était pas comme cela qu'il allait se faire respecter en tout cas. Mais Chris s'en foutait en fait, ça n'était pas son problème après tout que celui-ci se fasse cruellement lyncher par certains élèves en mal de sensations fortes... A dire vrai, le seul qui, pour le jeune homme, valait vraiment le coup de s'y intéresser était le dénommé Vadim, si imposant mais aussi si pertinent dans ses propos...

Cassandre s'était placée à l'extrémité de l'estrade la plus proche de la porte de l'amphi, afin de ne gêner personne. Elle avait pris le temps de se ressaisir avant cette comparution publique. Il fallait qu'elle tienne le coup. Cette rentrée était signe de renouveau, elle se devait de faire de son mieux pour accompagner l'écriture de cette nouvelle page de l'histoire de l'institut.
Comparution était bien le mot. Elle avait l'impression de se trouver devant un peloton d'exécution, comme si tous les regards pointaient hostilement dans sa direction. En vérité, elle aurait été bien incapable de le dire.

Nouveau discours d'Adam. C'était Olivier qui, le semestre précédent, avait inauguré l'année. Tant qu'il lutterait pour les droits mutants dans le monde, ils lutteraient ici au quotidien, seuls.

Les nouveaux professeurs se présentèrent ensuite. Les paroles de Vadim tirèrent un instant Cassandre de ses pensées moroses. Elle tourna légèrement la tête dans sa direction, comme si elle prêtait oreille, bien que ce fût le cas depuis le début. Le raisonnement du Russe, qui traduisait certainement une croyance ancrée dans la tradition, était empreint de fatalisme. Son pouvoir lui avait appris à ne pas croire au destin. Cette entité abstraite n'avait en réalité aucun pouvoir sur le monde. Elle n'était pas une mais multitude. C'était une machine, une locomotive à aiguillage qui pouvait être manoeuvrée, pour peu que l'on dispose du mode d'emploi.
Pourtant... Si la non-voyante ne comprit pas l'allusion aux cornes de Vadim, son pouvoir aurait-il pu prévenir ce genre de choses ? La réponse était évidente. Quoi qu'il arrive, le malheur existerait sur terre. Un décision prise ici pouvait léser quelqu'un à l'autre bout du monde. Elle en était consciente. Pourtant, ce cas de conscience ne semblait pas avoir effleuré les élèves. Comment faire la part des choses ? Comment décider unilatéralement que les choses devaient se passer d'une façon ou d'une autre. Le choix était forcément biaisé. Cassandre avait orienté certaines choses à l'Institut, selon des critères favorables à l'école ou aux mutants. En avait-elle le droit ? Cela dépassait de loin le triste dilemme soulevé par la mort de River.
De l'autre côté, devait-elle abandonner les élèves à leur sort ? Tout ou rien, le problème ne présentait pas de juste milieu. Vadim lui, semblait avoir tranché : pas de solution, donc pas de problème.
Le destin était une béquille, une étiquette posée sur l'innommable, l'absurdité de la condition humaine. Quelque part, elle enviait la légèreté avec laquelle le Russe contournait cet obstacle insurmontable pour elle. Décidemment, ces nouveaux professeurs avaient eux aussi, beaucoup de choses à lui apprendre.
Discrète et silencieuse, la psychologue se contenta d'écouter Vadim, puis Paolo se présenter.

Niko fut surpris en voyant qu'ils avaient de nouveaux profs, il se doutait bien qu'il fallait remplacer Mr Malone et Mr Layne, mais il n'avait pas pensait que ça se ferait si vite.

Gabriel...Niko eut une pensé triste pour lui, les dernières choses qu'ils avaient vraiment échangés étaient un coup de tête et une série de coups de poings ratés parce que son pouvoir s'arrétait dés qu'il s'énervait un peu. Pourtant il aurait aimé lui dire à quel point il était fier d'être un Atom'X. D'ailleurs de son équipe, il ne restait que lui, Angel, Gaby et Alicia et il ne voulait pas les perdre comme River. pour lui il serait toujours un orange. il n'avait jamais su qui devait remplacer Akira.

Il écouta un peu ce que disait Mr Sacchary qui leur annonça que le directeur serait absent pendant un moment. Niko ne put alors que pensait à son attitude lors du sauvetage des enfants à Paris.

Bullet sentit son ventre gargouillé. Relachant totalement son attention, il fouilla dans sa poche de pantalon. Le gros mutant en sortit une poignée de chips qu'il commença à mâcher en éssayant de faire le moins de bruit possible. Puis soudain ce fut la phrase assasine "refonte des équipes". Niko resta un moment sans bouger, un bout de chips dans le coin de la lèvre. Il se tourna alors en direction de ses deux coéquipiers présents.

Depuis la mort du professeur Layne, l'équipe était privé de son noyau... et à present lui, Gaby et Angel étaient juste des éléctrons libres. Puis une pensée lui prit comme quoi il pourrait se retrouver avec Alix. Cette pensée le reconforta un moment. Mais il se dit que quelque soit la composition de son équipe, il la détesterait et il le leur ferait comprendre.

Les nouveaux profs se présentairent. Niko croisa les doigt pour ne pas se retrouver avec l'un d'entre d'eux. Il espérait avoir Carrie car elle pouvait l'aider à progrésser et lui apprendre a voler malgrés son mal de l'air. En plus, le grand rouge lui paraissait bizarre, son accent russe était bizarre, sa peau rouge était bizarre, sa calvitite était bizarre! Bref il était bizarre!

Quand les présentations furent faite, Niko observa les autre éléves. Chacun semblait cogité, mais personne n'osait parlait... Niko était furieux à l'idée de se séparert de ses collégues d'un geste décidé, il leva la main pour prendre la parole attendit qu'on la lui accorde et demanda d'une voix qu'il éssayait de faire paraître calme.

- Qu... Quand vous dites "refonte des équipes"... Ca veut dire quoi exactement? tout le monde sera séparait ou alors... et les Atom'x? On devient quoi nous? Qui s'occupera de notre équipe?

Adam s'était tranquillement installé dans une chaise de l'estrade, pour que les collègues se présentent. C'était beaucoup plus agréable de la sorte. De ne pas être l'orateur principal.

Une fois les quelques discours terminés, il se tourna vers les autres profs... Au cas où ils aient quelque chose à ajouter. Mais déjà, Niko et Camille essayaient d'attirer son attention. Il commença par répondre à Niko.

"Les atom'x n'existent malheureusement plus... De même que toutes les équipes telles qu'elles étaient constituées jusque là. Les nouvelles équipes vont être appelées."

Il se tourna ensuite vers Camille, un énigmatique sourire sur le visage. Il n'était pas là, au moment des faits... Peut-être était-ce heureux, sans quoi la bretonne aurait eu droit à une punition express ? Il valait mieux qu'elle n'y réfléchisse pas trop.

"Ne t'inquiète pas Camille... L'institut a une assez bonne mémoire."

Il retourna alors au pupitre, et activa un projecteur qui afficha les compositions des nouvelles équipes.

"Voilà à quelle sauce vous serez mangés à partir d'aujourd'hui.

Filez vous amuser un peu cet après-midi. Et venez nous trouver s'il y a des soucis."

Ce serait toujours plus agréable en entretien un peu moins formel.